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[RP] Il lupo e l'uccellino*.

Stclm
    En ce début d’été, les rebondissements s’enchaînaient pour la châtaigne. Ca avait commencé doucement, avec une “petite” révolte à Bourganeuf. Quoi de plus banal, qui plus sûrement peut pousser les fossiles à sortir de chez eux ? Si elle partageait cette capacité à s’enterrer dans son milieu, à se faire oublier et à en revenir sans que les saisons ne paraissent avoir d’emprise sur elle, on ne pouvait pas dire pour autant que Maëlys faisait partie des "vieux". Après tout, la veille, elle avait eu 24 ans. Ca s’était fait très secrètement. Thibault avait apposé sa signature -réalisée à la va vite- à côté des mots d’Ange, plus délicate mais toujours assez redondante. Hormis cette fratrie qui s’était sûrement sentie l’obligation de lui adresser quelques voeux, elle avait aussi reçu une autre missive en provenance de son village natal. A la différence d’un parrain quelque peu évaporé ou trop pris par ses responsabilités, la tata Merwyn avait pris le temps de rédiger une missive qu’elle conserverait précieusement.

    Voici donc que fraîchement arrivée de Rochechouart -la veille en fait- Maëlys classait sa correspondance en se promettant d’y répondre plus tard. Mais avant de s’investir dans cette tâche, il y avait une urgence qui recquérait son entière attention. Jagan lui avait appris qu’une jeune fille se trouvait actuellement fort souffrante. Elle avait eu peu d’informations. Sans doute que l’homme du nord n'en disposait pas lui-même dans la totalité. Il y avait une histoire d’infection ; elle savait que cela touchait les mains et que c’était suffisamment grave pour qu’il ait accepté l’aide qu’elle avait pu lui proposer, elle qui étudiait encore et pas les matières les plus spécialisées. C’est dans ces conditions peu communes que la châtaigne se pointa donc devant Il lupo e l’uccellino.

    Sa frimousse était résolue, ses yeux pointés sur leur cible. Elle franchit la porte de l’auberge et se faufila à l’intérieur tel un courant d’air. De fait, par son petit gabarit, elle ne prenait guère plus de place. Puis voici qu’elle se tenait plantée devant le comptoir, dressant ses quatre pieds de haut dans leur port orgueilleux. Elle était drapée de sa houppelande écarlate, sur laquelle elle avait revêtu un tablier d’une blancheur immaculée et contre sa hanche pesait une escarcelle aujourd’hui plus lourdement lestée qu’à l’habitude. Les plumes et l’encre avaient été repoussées pour accueillir à leurs côtés d’autres flacons. Pêle-mêle se trouvaient là du miel et du vinaigre, ainsi que sous plusieurs formats ail, sauge, citron, thym et romarin ou encore du saule ; mais aussi une préparation de mandragore, qu’elle n’avait pas étiquetée, assortie de deux éponges dont elle espérait ne pas avoir à se servir. Il y avait des produits dont l’usage était particulièrement mal vu et elle ne souhaitait pas être accusée de sorcellerie. C’eut été un comble, puisqu’elle avait connu les éponges soporifiques par sa mère, qui elle-même l’avait appris auprès de barbiers exerçant au sein de la COLM… Ah les institutions officielles ! Comme quoi, la déontologie était bien quelque chose qui fluctuait au gré des époques.

    Tout ça pour dire...


      - Fanette ? Jagan ? C'est... Un temps. Mon dieu, que dire ? Que faire ? Elle ne connaissait pas même le nom de la malade. Il avait juste insisté sur le fait qu'elle était jeune... et mal en point. Alors, comment s'annoncer ? C'est Maëlys, finit-elle par lâcher d'une voix presque contrite.

    Mais aussitôt et avant même que quelqu'un ne l'oriente, elle se reprenait. Allons bon Saint Clément, pas question que l'on te trouve avec les épaules basses et la mine défaite !

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Fanette_
La fauvette abandonna un instant le chevet de Nébi pour revenir vers la salle commune, d'où elle entendait appeler. Son visage s'éclaira d'un sourire las en reconnaissant Maelys. Elle allait lui dire qu'à cette heure-ci, elle ne pouvait pas la servir, mais la jeune femme annonça la raison de sa venue.
Fanette l'invita alors à la suivre dans l'enfilade des pièces jusqu'à l'introduire à son tour dans la chambre où s'affairait déjà le médecin.
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Jagan_hallvararson
Jag observait la jeune blonde se tortiller, elle semblait réagir ! Un peu désolé d’avoir déjà cloué son bec avec ce bois et ce cuir il la délivra et se pencha pour écouter. D’un geste d’un seul, la jeunette fit voler son masque et il observa démasqué et stupéfait une lueur de flamme dans sa pupille. Elle se redressa, mais il semblait que son corps avait une gêne dans le buste. Le Médecin percevait une raideur, un mouvement peu naturel. Il la plaqua sur le lit et c’est là qu’il entendit sa voie.

"- Jagan... peur, ventre"

Aussi surpris qu’inquiet il tenta de lui parler :

- Nebu, reste avec nous ! Il y a Fanette et j’ai demandé à Coniglietto et Maelys de venir m’aider.

C’est à ce moment qu’ils entrèrent dans la pièce. Fanette et Coniglietto lui amenèrent un panier contenant l’ensemble du matériel. Il sourit à Maelys, heureux d’être soutenu par une personne de plus. Ce cas lui semblait extrêmement difficile. C’était peut-être parce qu’il la connaissait, ainsi que Fanette. C’est une chose de soigner un inconnu, s’en est une autre très tragique de soigner un être cher.

- Merci Fanette ! Occupons-nous vite d’elle !

Il se tourna vers Maelys et lui décrivit l’état de Nebu :

- Nebulae semble avoir une infection, vous voyez ses mains ? Cependant je remarque une raideur, dans le bas ventre et elle le dit elle-même !

Il reprit

- Elle a ingéré de l’opium, ça lui fait autant de bien que ça ne la fait délirer… Venez vite m’aider à la plaquer !

Il se leva et arracha les habits de Nebu. Il voulait en avoir le cœur net et au diable sa pudeur !
Il aperçut vers l’aine un gonflement et palpa. Du pue sortit aussitôt, sans aucun doute l’origine de l’infection. La cavité infectée s’était percé depuis plusieurs jours déjà et il était temps de s’en occuper !

Il regarda Coniglietto, lui demanda de l’aide :



-Coni, veux tu aller mettre une lame au feu ? On va devoir cautériser….

Il demanda ensuite à Maelys :


- Mae, vous la plaquez bien, hein ?! Apellez donc le Messire, qu’il vienne nous aider ! Remettez lui le bois et le cuir qu’elle évite de se couper la langue !

Il mit de l’alcool en abondance, afin que les flux infectés sortent. La blessure provenait d’une lame et il fallait vérifier qu’aucun fragment ne se trouvait à l’intérieur. Il saisit un ustensile et entra dans la plaie. Il palpait en même temps et tomba sur le responsable de son état : le bout d’un poignard qui était planté dans ses chairs. Sans perdre de temps il fit signe à Mae de lui donner une lame fine de sa sacoche, pas le temps de la chauffer il fallait abréger ses souffrances maintenant.
Il ouvrit, c’était sanglant et il n’osait regarder ni Fanette, ni les autres. Et si cela ratait ?
Epongeant le sang il trifouilla pour trouver le bout de lame et l’enleva avec précaution.
Il fit signe à Mae de verser l’alcool, vit Coni revenir avec la lame brulante. Il fit signe à Coni de plaquer le fer sur la plaie. L’odeur de la chair brulée emplit la chambre et la petite beugla de toute ses forces… Elle finit par retomber inerte sur le lit, la douleur l’ayant probablement fait chavirer.


- Bien, plus qu’à appliquer du miel, de la sauge et un bandage… Vous vous occ14pez de ses mains Mae ?


Il prit soin de prendre des tissus sains et commença a faire le bandage pour l’aine.
Stclm
    A peine Fanette aperçue qu'elle l'entraînait déjà à sa suite. Maëlys ne se le fit pas dire deux fois. Hâtant le pas, elle traversait les portes à la suite de la fauvette, découvrant des lieux qu'elle n'avait jamais explorés encore. Une fois dans la place, elle constata qu'il y avait du monde. Vraiment, beaucoup de monde. Un moment, encore à l'entrée de la pièce, la jeune fille se demanda si elle devait prendre la peine de saluer chacun, de se présenter, de mondainer... mondaniser... monda... Ce n'était pas l'heure des mondanités ! D'ailleurs, Jagan l'avait déjà repérée. Lisait-elle du soulagement dans les yeux du médicastre ? L'état de la jeune fille semblait déjà peu enviable et l'inquiétude du viking n'était pas pour la rassurer. Mais puisqu'il partageait avec la châtaigne ses observations de l'affection présentée, cela la tira de son état de confusion. Oh oui, elle les voyait bien ces mains.

      - Bon sang, ces plaies...

    Les adjectifs se bousculaient derrière ses lèvres, sans qu'aucun pourtant ne réussisse à les franchir. Ses doigts agiles décrochèrent en hâte la fibule ouvragée qui retenait la cape battant son dos. L'étoffe termina bazardée, à la hâte, en travers du premier support qui voulut bien se précipiter à sa rencontre. Chaise, fauteuil, commode, peu importait. Quelques pas précipités portaient déjà la jeune fille au chevet de Nebulae, dont elle ne s'inquiéta à aucun moment d'une quelconque contagion. Jagan lui avait glissé que ça ne l'était pas et -en effet- il paraissait bien plus probable que l'état résulte d'une blessure... ou de blessures multiples. Maëlys déposa une main fraîche sur l'épaule de la malade que le médecin déshabillait avec une délicatesse toute masculine. Le contact se voulait apaisant, mais se tenait prêt à se durcir au cas où il faudrait contenir un accès délirant de folie. Elle se présenta, cherchant à attirer l'attention de la patiente pendant qu'il donnait les premières consignes : des mots qui hérissaient le poil de l'échine bourganiaude. Ca n'allait pas être agréable. Du tout.

      - Bonjour, damoiselle. Je me nomme Maëlys de Saint Clément et je vais assister votre médicastre aujourd'hui.

    Ayant remarqué la forte fièvre de Nebulae et n'ayant pas détecté d'autres lésions importantes sur son buste, Maëlys s'attacha à sauvegarder un peu de la pudeur de l'adolescente -qui ne l'était plus vraiment, à vrai dire- mais aussi sa chaleur corporelle. Elle tira donc un drap en travers de ses épaules, couvrant le buste et la partie supérieure de l'abdomen, mais laissant découverte son aine. Un coup d'oeil encore en direction du second homme l'invita à venir lui prêter main forte. Si cela ne faisait pas partie des soins donnés à proprement parler, Saint Clément s'attachait pour autant à bercer la patiente de mots prononcés calmement. Façon de respecter ce qu'elle endurait, mais aussi et surtout, elle espérait, d'en détourner un peu son attention.

      - Les choses vont devenir plus sérieuses. Que dites-vous de mordre dans ceci ? Je vais rester à côté de vous tout au long de cette épreuve. C'est un mauvais moment à passer, mais nous allons nous y frotter tous ensemble.

    Elle présentait la pièce de bois doublée de cuir devant la bouche de la demoiselle. Mais à la vérité, quoique question était posée, elle le lui mettrait d'autorité entre les dents s'il le fallait. Ca allait être horrible. Commençant crescendo avec l'alcool brûlant, puis la Foir'fouille dans les plaies. Maëlys ne fit pas dans la dentelle. Vu son petit gabarit -4 pieds et demi de haut*- elle appuyait carrément ses deux genoux sur la couche pour retenir de tout son poids le drap tendu. Les mains plaquant les épaules ainsi que réclamé.

    Ensuite vint le moment de l'incision et la bourganiaude se pencha pour tendre la lame à Jagan, avant de reporter son poids vers le haut de l'anatomie martyrisée. Voilà, elle le voyait trouver le corps étranger responsable du mal. Il fut bientôt extirpé du ventre dont il avait voulu prendre possession. Ironie du sort, si quelques jours plus tard elle manquerait défaillir en imaginant simplement son amie Vittorina aux mains ensanglantées, le caractère boucher de l'intervention chirurgicale du jour ne remua pas son estomac. Elle prenait de la distance sur le physique, préférant se torturer par l'imagination... comme bien des femmes. Un instant plus tard, elle appliquait une rasade d'alcool sur la blessure, avant de l'éponger aussi délicatement que possible à l'aide d'un linge propre.

    Et la lame brûlante d'enfin se présenter. Magistral bouquet final. Invocation ultime de la douleur. Les phalanges de la châtaigne blanchirent pour maintenir leur prise sur le corps féminin, puis de le relâcher à mesure que le moment se faisait passé, avec un brin de décalage. Là, maintenant que Nebulae était calme, elle débarrassa sa mâchoire du mordoir et lui épongea le visage des perles de sueur qui y avaient trouvé le chemin. Imaginer la souffrance endurée lui donnait quelques frissons, mais ses gestes restaient calmes et correctement orientés. Une compresse fraîche fut déposée sur le front de la jeune fille.


      - Là... L'opération est terminée. Tout ira pour le mieux maintenant...

    Quoiqu'elle n'en eut aucune certitude ! Elle inclina la tête en direction du blond qui distribuait les consignes suivantes.

    - Vous vous occupez de ses mains Mae ?

      - Mais certainement, Jag.

    Elle ne se permettait guère de familiarité habituellement. Alors un surnom ? Ca sonnait bizarrement dans sa bouche. L'occasion la poussait toutefois à aller au plus court. L'étreinte sur le corps enfin se desserra tout à fait et elle libéra les mains rougies de la malade. Sur les lésions, elle appliqua patiemment une décoction de sauge pour ses propriétés anti-septiques. Le miel viendrait recouvrir par la suite les zones lésées, en un film protecteur, mais aussi favorable pour la cicatrisation.


*4 pieds et demi équivalent à environ 1m40

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Nebulae_d_aulne


Les champs de fleurs, l’herbe grasse, le bruissement des feuilles dans les arbres, toutes ces senteurs s’évaporent dans la lumière d’or, il ne reste plus que le blanc, un paradis blanc.

Le blanc se fane comme fleur sous un trop fort été, de gris, de brun, de flamme et de voix il s’emplit, la petite fenêtre me brûle les yeux, j’ai tellement soif, je regarde autour de moi, Jagan, mes vêtements...

Je veux me crisper mais rien n’y fait, je dois être forte, je ferme les yeux et souffle, je les rouvre, une femme me parle doucement tout en gardant distance, Jagan n’est qu’une ombre blanche au bord vert, mes yeux brillent de malaise.

J’essaye de sourire, je n’ai point la force, je ne sens plus rien, mon corps n’est plus qu’un poids mort qui attend sa sentence, je trouve la force d’ouvrir la bouche, le goût du cuir me révulse, je sombre dans les ténèbres.

Une odeur forte me brûlent les poumons et me sortent de mes ténèbres, j’ai tellement froid, Père Baptiste, je voulais rester finalement...

Non j’ai promis de protéger, mes yeux se mettent à pleurer, j’ai jamais été brûler de la sorte, ça rentre en mois, ça brûlent, mes yeux pleurent, je ne peux les arrêter, je gémis malgré moi.

L’éclat des yeux de Jagan et de cette femme qui pèse de tout mon poids sur mon corps, maman serais tu revenues? J’ai envie de vomir, je n’en peux plus, j’ai toujours été sage, je voulais juste dessiner et être calme et normale, je le fais pas exprès.

«J’essaye fort...»

Mon cœur me fait mal, il s’arrête, les ombres lumineuse ne sont plus qu’un épais ténèbre ou un ver me dévore les entrailles, ma poitrine me fait tellement mal, je ne peux plus respirer.

«Tout va bien se passer mon petit ange»

«J’ai mal....»

«Pardon...»


Une main chaude me caresse à travers les ténèbres puis m’invite à partir, à m’élever, à me libérer de cette matière qui me fait tant souffrir.

Malgré mon corps qui me supplie de céder, j’arrive à faire non non...

«J’ai promis...»
«Je veux voir le monde...»
«Je t’ai promis...»
«J’aimerais être aimée...»


Ma poitrine se déchire, mes entrailles se consument, la main disparaît dans un sourire bienveillant, me remerciant d’avoir fait le bon choix. Mon corps se relevé un peu malgré la pression de la dame, elle a les cheveux brun, je crois, Jagan semble triste, ça sent mauvais.

Je fais tout pour ne pas hurler, pour ne pas crier, mais je ne peux retenir des gémissements et les larmes qui coulent abondamment, cette odeur de corps brûlé...
L’enfer dans mes entrailles.

«Pardon...» (inaudible, complètement broyé)

Je finis par céder, je n’ai plus assez de force, j’aurais aimé être chevalière, je dois être forte...

Malgré la douleur,

Malgré l’humiliation,

Malgré cette odeur de mort,

Je m’endors, à la recherche de ce soleil d’or, pour m’y reposer à l’ombre d’un instant.

Blanc comme un lis, le corps de Nébulae ne bouge plus malgré les soins, la douleurs, les va et vient, elle semble tellement paisible, celle qui vient de traverser l’enfer.


Weird Fishes / Arpeggi
(Poissons Etranges / Arpège)

In the deepest ocean
Dans le plus profond océan
Bottom of the sea
Au fond de la mer
Your eyes
Tes yeux
They turn me
Se tournent vers moi
Why should I stay here ?
Pourquoi devrai-je rester ici ?
Why should I stay ?
Pourquoi devrai-je rester ?

I'd be crazy not to follow
Je serai fou de ne pas suivre
Follow where you lead
Suivre là où tu me mènes

Your eyes
Tes yeux
They turn me
Se tournent vers moi
Turn me on to phantoms
Me changent en fantôme

I follow to the edge of the earth
Je te suis jusqu'au bout du monde
And fall off
Et tombe

Everybody leaves
Tout le monde s'en va
If they get the chance
Si ils en saisissent la chance
And this is my chance
Et ceci est ma chance

I get eaten by the worms
Je suis devoré par les vers
And weird fishes
Et d'étranges poissons
Get towed by the worms
Saisis par les vers

And weird fishes
Et d'étranges poissons

I'll hit the bottom
Je vais heurter le fond
Hit the bottom and escape
Heurter le fond et m'échapper

I'll hit the bottom
Je vais heurter le fond
Hit the bottom and escape
Heurter le fond et m'échapper
Escape
M'échapper
Radiohead
Nebulae_d_aulne
Nuit du 19 Juillet, à l’aube du 20 Juillet,





« Nébulae, mon petit ange que dirais-tu de te promener ? »

« Mais j’ai mal… »

« Voyons, tu ne veux plus voir le monde ? »

« Siiiiiiiiiiii »

« Je suis là avec toi… »


Le rêve d’or se termine dans la chambre, toujours la même chambre, ça ne sent plus mauvais, ça sent les fleurs, le lit est confortable et je ne suis plus toute mouillée. Je cligne des yeux très très fort avant de porter mes mains à mon visage, avec crainte.

« Ouiiii…. »
« Toutes mes mains sont là… »


Une toux sèche met un coup à mon élan, broyant à chaque saccade le bas de mon ventre, mes yeux pleurent, je n’y peux rien…

« Fanette ? »

Ma voix est trop faible, trop sèche, je m’amuse de pouvoir bouger chacun de mes doigts emmaillotés dans de grande bande qui sentent bon la violette. Je veux voir Fanette, je vais lui dire que je vais bien, que j’ai juste dormi une journée, j’espère qu’elle ne s’en fait pas.

Une journée ? Nébulae a beaucoup dormi !

Je me redresse avec lenteur, malgré moi, contre moi, je ne peux pas bouger vite, ça fait trop mal de bouger vite et y a tous ces petits points blancs devant mes yeux, mais je suis assise… J’ai l’impression que ça fait une éternité, j’espère que je pourrais vite dessiner, ça me manque, j’aimerais dessiner mes rêves avant qu’ils ne s’évanouissent.

Il y a du bruit, au bout du couloir, au bout des pièces qui se dessinent dans la pénombre, il y a du bruit, je suis dans la taverne à Fanette, je suis heureuse, on est bien rentré, j’ai dormi combien de temps ?

Pourquoi Jagan m’a brulé ? Il a fait ça ? C’était qui la brune, whaaaaaaaaaaaaaa tant de question en même temps, j’essaye de me lever, mes jambes sont lâches, la douleur bien présente mais…
Je suis debout, c’est tout ce qui compte, j’essaye de mettre un pied devant l’autre, mais j’ai oublié comment on fait…

« Non non, petit pied, voilaaa… »

Une chaise me porte secours, puis un chambrant de porte, une autre chaise, un meuble…

« Ouiiii Nébulae marche, oui oui… »

Je ne peux m’empêcher de tousser, j’ai tellement soif, des larmes coulent de mes yeux, la douleur est encore vive, j’ai mal, j’ai tellement mal… Mais je ne sens plus le liquide chaud, ni la fièvre, mes mains sont mieux aussi, je vais guérir… »

« Oui oui oui… »

Je tends les bras de part et d’autre de mon corps, prêt à agripper tout ce qui passe et lentement, je traverse la dernière pièce avant la lumière, espérant ne pas choir, espérant que ce soit Fanette, Tyrrael, Pierre, Carla, tout le monde, je ris, faiblement, je suis heureuse. Je marche maladroitement, j’aimerais tant courir, ça fait mal, c’est long, la lumière…

La lumière me brûle les yeux qui se mettent à pleurer d’avantage, aveuglée, je titube et m’effondre en me rattrapant à quelque chose…
Quelqu’un…

Je serre avec mes dernières forces la personne que je ne peux reconnaître…

« C’est Nébu… »
Fanette_
Et ce quelqu'un, c'était Tyrraell. Déjà, il traversait en sens inverse l'enfilade des pièces pour ramener la jeune fille dans son lit. Fanette suivit le mouvement, talonnée par trois bambins. Elle déposa Stella dans le berceau de l'alcôve et, une fois la jeune fille installée, vint s'asseoir sur le rebord du matelas. Délicatement, elle plaça des coussins dans son dos pour la redresser, puis, s'éloigna, juste le temps de puiser un gobelet d'eau fraîche dans le seau qu'elle additionna d'un peu de vin.

- Bois ça Nébi.

D'un geste tendre, elle écarta les mèches claires collées au front de la malade.

- Tu me sembles bien fatiguée encore, il n'est pas raisonnable de te lever encore tu sais. D'autant que demain, il te faudra être en forme.

Elle lui glissa un sourire qu'elle voulait assuré, elle qui avait en l'instant, tant de doutes.

- Demain, je vais épouser Tyrraell Nébi, et j'aimerais que tu sois là, tu veux ? Si tu es faible encore, on t'installera dans des coussins.

Elle reposa le gobelet d'argile sur la table à côté d'elle pour prendre la main de la jeune fille dans la sienne. Son regard d'égara un instant sur les bandages, elle lui releva un sourire, rassurée malgré tout de la voir sortie des limbes de la fièvre.
_________________
Stclm
      [25 Juillet, fin d'après-midi]



      - Ha bon ? Il n'est pas passé ?

    Maëlys n'avait pas voulu s'imposer. Elle pensait que la jeune fille, une fois convalescente, apprécierait de trouver la compagnie de ses proches plutôt que celle d'une médicastre en formation qui n'avait joué dans son opération qu'un maigre rôle d'assistance. Pourtant, Fanette lui apprenait que Jagan n'avait pas eu l'occasion de passer aujourd'hui pour vérifier la cicatrisation des plaies de leur patiente. Voici que la châtaigne bourganiaude se trouvait là, étant passée pour une toute autre raison au lupo et l'uccelino. Elle n'hésita pas longtemps. Puisque Nebulae avait besoin de soins quotidiens, elle se porta volontaire. Quelques pièces plus loin, elle put retrouver la jeune fille aux mains encore emmitouflées. Etait-elle consciente ou non ? Couchée sur le lit, elle semblait se reposer. Ainsi, Saint Clément s'assit à côté d'elle avec la plus grande délicatesse, ne souhaitant pas la brusquer.

      - Bonjour, damoiselle Nebulae. Je viens constater l'état de vos blessures.

    C'était peut-être idiot, mais elle n'avait pas pris la peine de se présenter à nouveau. Pourtant, sa jeune malade et elle ne se connaissaient pas. Les mots prononcés quelques jours plus tôt au cours de l'opération n'avaient peut-être pas été mémorisés... pas même peut-être compris. Elle n'avait cependant pas d'inquiétude et intreprit tranquillement de dérouler les bandages pour en libérer les doigts, probablement rendus engourdis par les longues périodes d'enrubannage entre chaque soin.

      - Fanette m'a indiqué qu'elle traitait vos plaies avec du thym. C'est très bien, pour éviter à l'infection de revenir. Je lui ai aussi conseillé la sauge, qui possède également des propriétés assainissantes.

    Du bout de ses phalanges, Maëlys examina les plaies désormais à nu : le sens tactile pour vérifier une potentielle élévation de la température corporelle. La vue utilisée pour remarquer une éventuelle rougeur anormale. Les billes de noisette scrutaient avec attention chaque bordure de la peau lacérée, en passe de cicatrisation. Quant à l'odorat, il ne parvenait heureusement à son nez ce jour que les effluves naturelles d'une journée chaleureuse. De la transpiration, peut-être, c'était normal en cette saison ; mais il ne lui paraissait plus détecter aucune senteur de chair pourrissante. Ca semblait bien se présenter. Elle tamponna délicatement les zones esquintées avec la décoction de thym proposée, puis les badigeonna d'un onguent cicatrisant contenant de la sauge et du calendula pour éviter que la peau ne commence à tirer jusqu'à démanger. Ainsi protégée, la chair à nue se refermerait lentement et les traces seraient minimisées.

      - C'est une grosse intervention que vous avez eu là. Ne forcez pas. Il va falloir un peu de temps pour vous remettre.

    Qui était-elle pour lui faire la morale ? Elle aurait pu lui lancer à la figure qu'elle n'avait pas été loin de perdre ses deux mains. Elle aurait pu la questionner sur la façon dont elle s'était retrouvée dans une si fâcheuse situation. Or, quoique terriblement curieuse, Maëlys savait aussi se faire discrète lorsqu'il le fallait. C'était le cas avec ses patients. Nebulae était entière, en vie et avait seulement besoin de repos, désormais. Alors tout allait pour le mieux.

_________________
Nebulae_d_aulne


Une vibration me tire de mon sommeil, j’ai les cheveux tout collé sur le visage, je les dégage maladroitement et ouvre tant bien que mal mes yeux tout fatigués. D’une voix claire, à peine fatiguée, heureuse d’une nouvelle journée qui commence…

« Coucou Fanette !!! »

Je ris, un peu douloureusement, en détaillant la dame qui me contemple de mes grands yeux pas pareils…

« Vous n’êtes pas Fanette ! »

Je fais non non de la tête pour appuyer mes propos et de vie retrouvée.

« Coucou… »
« Maelys, c’est ça ? dit ? C’est Maelys »


Je grimace de douleur, ça arrive chaque fois que je veux bouger, mais ça va mieux chaque jour, chaque jour de prie le très haut de remercier Jagan, Maelys, la jeune femme qui l’accompagnait, ma jolie Fanette, son amoureux, son papa et toutes les personnes qui m’ont aidée.

« J’ai eu très peur dit… »
« Ça fait plus mal que quand j’ai mal au ventre… ça arrive souvent tu sais, toi aussi ? »
« J’ai été courageuse ? »
« Je serais toujours jolie dit ? »
« Et…. »
« Ouiiiii merciiii ! »


Je manque de souffle et j’ai mal dès que je deviens un peu nerveuse ça lance dans tout mon corps, ce n’est pas bien, non, non… Mais, je m’ennuie, je m’ennuie terriblement, j’ai envie de sauter du lit et de courir partout et puis je suis toute contente d’avoir de la visite, si fort que j’en oublie tout. Toute sourire, en chantonnant, je pose mes questions à ma docteur.

« Fanette elle vient me voir très souvent alors qu’elle a beaucoup de travaille tu sais et un joli amoureux, puis elle essaye de prendre soin de moi… »
« Tu veux bien lui dire que ce n’est pas sa faute, car ce n’est pas faute si j’ai été malade… »

« Nébulae est heureuse, je voudrais marcher et dessiner, tu crois que je peux ? »
Fanette_
Auberge du loup, appartement privé, le 5 août 1467 au matin


Milo était assis dans le berceau de châtaignier. Ses petites mains potelées suivaient le dessin des larges feuilles d'acanthe et des fines libellules. Stella ne perdait pas des yeux son grand frère, poussant des petits cris aigus en agitant ses bras. Le bambin alors écrasait à sa joue un baiser maladroit puis, reprenait l'histoire qu'il lui contait, dans ce langage compréhensible d'eux seuls. Par-delà les croisées grandes ouvertes, on pouvait apercevoir la jument paître dans le pâturage, à côté d'une parcelle de maïs presque à maturité. Fanette secouait les draps qu'elle venait de lever du grand lit. Nébulae, installée dans le fauteuil avait accroché son regard dépareillé à chacun des gestes de la fauvette.

- J'ai refait pour toi la chambre que tu avais avant notre départ, ainsi tu auras la même vue. Ça ira Nébi ?

Le sourire solaire de la jeune fille avait valeur de oui, assurément. Et il s'étira plus encore quand elle vit entrer Tyrraell. Fanette se tourna vers lui, presque surprise de le voir débouler à cette heure dans cette pièce puis se ravisa. A présent que la jeune Flamande allait suffisamment bien pour réintégrer l'étage, cette chambre serait celle de l'ébène autant que de l'albâtre. Elle glissa un regard vers nébulae, puis, s'attarda sur la silhouette de son nouvel époux, qui remisait ses armes dans le coffre où jadis, Roman rangeait les siennes. Un voile de mélancolie sembla ternir l'or qui pailletait ses prunelles, ou bien était-ce de l'embarras ?
Elle franchit d'un pas léger la distance qui la séparait de l'Africain et, d'un geste à peine hésitant, noua ses doigts autour de son poignet. Elle s'assura de baisser d'un ton avant de livrer un aveu presque honteusement.

- Je ne pourrais pas dormir dans ce lit avec toi Bali.

Ses yeux se détournaient des siens, effleurant les contours du matelas de laine posé sur un cadre de bois qui faisait office de sommier. Elle ajouta, à voix bien plus basse encore.

- Roman m'a aimé dans ce lit, je ne crois pas que je saurais m'y donner à un autre, fut-il mon époux.

A vrai dire, ils s'étaient aimés un peu partout dans cette maison, si ce n'est à l'étage, mais chaque pièce du rez-de-chaussée, de la salle commune au bureau, de l'office à la chambre, gardait le secret de leurs étreintes. Tyrraell avait accepté son attachement à cette auberge qui avait vu naître ses enfants et qui portait le nom du conte qu'elle avait écrit pour son fils. Il était une autre raison qu'elle n'avait pas osé lui avouer, c'est qu'elle était aussi l'écrin de tendres instants qu'elle avait partagé avec l'assassin Corleone, dont, malgré tout, elle ne savait pas se défaire pleinement. Il l'avait assuré ne pas vouloir vivre ailleurs qu'à cet endroit puisqu'elle ne pouvait imaginer s'en séparer, mais il avait promis aussi qu'ils effaceraient dans chaque pièce le souvenir de l'Italien.
L'Abyssinien l'avait enveloppé d'un regard compréhensif, comme si l'idée de la faire sienne dans le lit d'un autre ne le séduisait guère plus qu'elle. Son visage s'était adouci d'une expression presque rieuse, quand il la repoussa doucement vers l'autre coin de la chambre après avoir pris un baiser à ses lèvres.

- Ce détail sera vite réglé.

L’œil canaille et la place libre, il s'était chargé du matelas et du cadre de lit, avec autant d'aisance que s'il s'agissait d'un sac de farine et l'avait monté à l'étage. Il était réapparu un peu plus tard encombré de l'un des lits des chambres réservées aux voyageurs. Nébulae s'était mise à applaudir, arrachant Milo à ses conversations enfantines. Il s'était dressé dans le lit, ses petites mains imitant celle de la jeune fille. Alors, le colosse un peu crâneur en avait rajouté, jouant de ses muscles pour épater le bambin. Il s'était déchargé de son fardeau pour soulever son épouse avec la même facilité, et l'avait faite tourner un instant dans les airs sous les yeux de son fils. L'enfançon avait partagé avec sa mère le même éclat de rire, bientôt rejoint par celui de la jeune Flamande et de Tyrraell.

Si la mémoire du Florentin hantait encore les murs de l'auberge, à ce moment précis, plus personne ne songeait à lui, pas même Fanette.
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Nebulae
Le 05 Août

Tout est paisible aujourd’hui, je peux me déplacer librement à travers la taverne, j’aimerais que Fanette me laisse l’aider mais ni elle ni mon corps ne sont d’accord, non non non! Installée dans un fauteuil proche de la fenêtre je regarde Fanette s’affairer à refaire les lits de la Taverne.

La question me surprend et me fait rire de bonheur, je suis heureuse, même dans l’étable avec Siena je serais heureuse de pouvoir rester auprès d’eux. Mon sourire s’étend, solairement, je radie de joie malgré la fatigue.

«J’aime bien être en hauteur, tu sais?»

«Oui oui...»


Oh le guerrier éprit de ma jolie Fauvette vient d’arriver, je le détaille longuement s’affairant à ranger toutes ces choses qui me font peurs, jusqu’à se qu’il pose son regard sur son épouse. Ces yeux la, cette force tranquille, toutes ces choses terribles et pourtant des yeux si attentionnés...

Est-ce l’amour?

Je ne sais pas, non non...

«Whaaaaaaa»

Et voila que le lit et le matelas s’envolent à l’étage comme s’ils ne pesaient rien dans les bras de Tyrraell... Je veux être forte, je veux pouvoir protéger, je veux retrouver ma légèreté, pour galoper avec le vent.

«Ouiiii...»

Le revoilà qui revient avec un autre lit, tout aussi facilement, je suis admirative, whaaaaa, moi aussi je peux faire ça...

Non, non, non, Nébulae est encore trop fatiguée, mais un jour...

Ils sont si beaux tous les deux, le lit est déjà oublié, ils rient de bonheur tournoyant dans les airs, je ris avec eux, j’aimerais tournoyer dans les airs comme ma jolie Fanette.

Jolie, jolis, ils sont jolis, je détaille mes mains bandées, remerciant le Très Haut d’être en vie, lui demandant de me laisser dessiner, je ne pourrais pas me souvenir de tout.

Merci
Fanette_
Le 7 août 1467, chambre de Nébulae


Le bambin courait dans le couloir, Fanette suivait, le panier de Stella dans une main, et sur l'autre bras, une robe.

- Non Gattino mio, pas celle-là ! C'est celle de Valyrian.

Fanette riait, en regardant son fils cogner à toutes les portes.

- Oui, voilà, celle-ci, c'est celle de Nébi. Frappe !

Et le gamin tambourinait de ses deux petits poings contre le bois sombre de la porte.

- Biiii Biiii !

La voix joyeuse du petit tourbillon blond donna l'autorisation d'entrer, alors, Fanette poussa la porte, laissant passer en premier l'enfançon qui courut saluer la jeune fille, babillant sans doute quelques explications qui échappaient aux adultes. La fauvette suivait, large sourire aux lèvres, et se déchargea du panier qu'elle posa sur le lit, et de la robe juste à côté.

- Nous avions dit que tu mettrais une jolie robe tout à l'heure non ?

Elle la considéra un instant, guettant sa réaction en s'appliquant à étaler au mieux le vêtement sur le lit pour qu'elle le voit bien.

- Elle te plaît Nébi ? Tu sais, c'est la première jolie robe qu'on m'ait offerte. Elle est toute en soie de Venise, c'est un noble sire qui l'a faite tailler dans les plus riches étoffes pour sa sœur qu'il aimait beaucoup. Je la portais la toute première fois que j'ai dansé, et aussi quand je me suis mariée avec le papa de Milo et de Stella.

Elle s'interrompit en s'asseyant sur le rebord du lit. Un voile de mélancolie vint ternir un instant son regard.

- Je ne crois pas que je pourrais la porter encore à présent, mais, elle a de la valeur pour moi, pour d'autres raisons que celles qui l'a rattachent à Roman. Ça me ferait plaisir de te voir dedans. Je t'aide à la passer ?
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Milo_amalio
Milo écrase un baiser humide à la joue de la jeune fille qui se penche vers lui, puis, il se hisse sur le lit, et observe sa mère et la jeune blonde, assis à côté de sa sœur. Les mains dans le panier, il fait tinter la clochette accrochée à l'anse de rotin. Le bébé pousse immédiatement de petits cris aigus en agitant ses bras, ce qui fait rire l'enfançon. Si des dormeurs s'attardent encore à la sieste dans les chambres voisines, tant pis pour eux, l'enthousiasme de Nébulae est largement partagé par deux enfants visiblement heureux de vivre.

Milo se glisse de nouveau du matelas pour retrouver le plancher, puis, vient chercher la main de la Flamande. Il ne sait pas que c'est dans cette jolie robe habillée d'une délicate dentelle que sa mère a séduit son père, un soir de danse, dans une auberge de Thouars. Mais sa mère la regarde avec tendresse, et la petite blonde avec admiration, c'est qu'elle doit être importante. Il ne sait rien bien sûr de ce que cela signifie vraiment, mais leur intérêt suffit à éveiller le sien, alors, il veut lui aussi montrer le vêtement à Nébi, et sans lâcher sa main, il la tire vers le lit, et de sa petite menotte libre, il saisit l'étoffe précieuse, la froisse un peu entre ses doigts encore potelés, et relève son regard de lichen vers la blondinette.

- Biii !
Nebulae
Accoudée sur la petite de ma chambrée, je griffonne distraitement, perdant souvent mon regard en direction des verts pâturages qui s’étendent au bord de l’horizon.
Sur le vélin trop petit quelques dessins s’empilent, une taverne, le port de Bordeau, les falaises de Blaye, même une vue imagée de du troubadour et de son amoureuse.

Des petits pas s’affolent dans le couloir, je me lève toute sourire, ils sont suivis de pas plus lents agrémentés de rire qui échauffent mon cœur. Je reconnais les voix ce sont celles de ma jolie Fanette et de son trop joli petit Milo…

Il aura beaucoup d'amoureuse, Nébulae le sait.

Je me lève tout aussi précipitamment que douloureusement, humidifiant mes yeux d’une douleur qui ne veut cesser. Plus lentement, posément, je lave mes mains tout doucement pour qu’il n’y ait plus de fusains avant puis répond des plus heureuse.

« Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii »

Fanette m’a promis de me laisser enfiler sa plus jolie robe…
Elle est là, oui oui oui...
Je suis trop heureuse, oui oui, j’aime beaucoup ma Fanette, ma famille de cœur.

« Entrez, oui oui oui »

Je m’agenouille malgré la douleur accueille tendrement l’enfant qui vient mouiller ma joue d’un doux baiser humide. Je lui rends affectueusement son bisous laissant Fanette poser le panier de la Stella toute mimi et la robe qui…..

« Coucou Milo, je suis contente que tu sois lààààààààà »

Je me redresse lentement redoublant d’effort pour ne plus prêter attention à mon ventre et offrir un doux bisous à ma petite Stella puis une longue étreinte à Fanette…

« Oui oui,… »

Mes yeux se posent sur la robe, elle est…

« whaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa »

Je n’ose pas la toucher, elle semble si précieuse, elle semble si douce, si confortable et gracieuse, j’aurais tant aimé voir Fanette dedans, pouvoir la dessiner, oh ouiiiii et avec ses cheveux tout doré comme au mariage…

La petite main de Milo me sort tendrement de ma contemplation… Mes doigts effleurent les riches tissus, elle est plus douce que dans mes yeux… Elle est d’une douceur orangée, un couché de soleil de soie et de fleur dont les fils dorés rappellent la chaleur du soleil qui l’a fait naitre…

« Whaaa… oooooh»

Mes yeux brillent de miles bonheurs, de joies, d’excitation…

« Tu as vu Milo comme elle est jolie la robe… je n’ai jamais vu ça »

Ma tête imprime la négation…[/color][/b]

« Non, non, non »

Malgré la gêne, je trépigne, je sautille presque dans ma chambrée, je finis par m’assoir à côté de Fanette et la serre tout contre moi.

« Oh elle magnifique, j’ai peur de la casser… »
« Mais j’ai envie, oui oui oui »
« Si ça te fait sourire autant que je suis heureuse ? »


Fanette acquiesce et lentement je commence à me déshabiller en chantonnant, trépignant d’impatience, maladroite, cherchant encore comme bouger avec cette blessure… Je suis presque toute nue, les rayons du soleil caressent ma peau toute blanche comme les Lys. Mes mes doigts le long de ma poitrine, de mes côtes pour s’arrêter sur les bandes qui soutiennent encore l’aine meurtrie.

« Comment on met une si jolie robe, diiiit ? »
Fanette_
Fanette la regarde faire, une lueur amusée dans le regard. Nébulae est l'enthousiasme personnifié. Rien des épreuves qu'elle a pu subir, jusqu'à cette fièvre et ces douleurs qui ont manqué de l'emporter, ne semble entamer son énergie. L'amour qu'elle a de la vie est sans nul doute son bien le plus précieux, et ce qui la rend si différente, quand les idiots ne voient en elle qu'une fille étrange et agitée, aux yeux dépareillés.

- Rien de plus simple, il te suffit de lever les bras. Tu ne vas pas l’abîmer Nébi, ne t'inquiète pas, aussi longtemps que tu n'auras pas l'idée de grimper aux arbres avec.

L'Angevine laissa échapper un léger rire. Grimper aux arbres, c'était son plaisir à elle, elle ignorait si c'était aussi celui de Nébi. Un jour, elle apprendrait à Milo et Stella à le faire. Quoi de plus plaisait que de regarder le monde d'en haut, perché sur une branche. Peut-être ne la surnommait-on pas fauvette pour rien. Elle saisit délicatement le vêtement pour le laisser glisser par le haut sur le corps de la Flamande. Puis, elle avisa le bambin qui regardait avec attention.

- Guardami* Milo, fait comme moi.

Prenant soin de décomposer ses gestes, elle saisit le bout de la manche et s'efforça de faire retomber joliment la partie qui s'évasait sur les plis de la jupe. Elle regarda ensuite l'enfançon l'imiter sans doute un peu maladroitement. Un sourire étira pensif étira ses lèvres. Elle se souvint, aux premiers temps de ses amours avec Roman, quand il lui avait confié avoir été élevé avec ses cousines, et avoir participé si souvent à leurs séances d'habillage qu'il saurait parfaitement l'aider à revêtir de belles toilettes.

- Tourne-toi Nébi, et retient ta chevelure au-dessus de ta tête. Je vais lacer le bustier.

Le long ruban de soie doré se croisait dans les passes. Elle les resserra une à une en commençant par le bas, pour finir par une ganse dont le flot retombait gracieusement entre les omoplates de la jeune fille. Elle s'écarta un peu, puis admira l'effet de cette robe sur la blondinette. Une bouffée de nostalgie s'invita à ses cils, tandis qu'elle se rasseyait sur le lit en lui souriant. Elle attira contre elle le bambin qui dévisageait Nébi avec de grands yeux admiratifs.

- Tu as vu Milo comme elle est jolie ?

Elle fit signe à Nébulae de tourner sur elle-même, et applaudit avec son fils pour marquer son approbation.

- Je vais te raconter l'histoire de cette robe Nébi.

Elle l'invita à s'asseoir avec eux sur le lit, puis cala son dos contre le mur et entama l'histoire de la jolie robe de dentelle orangée.

- J'avais seize ans, tout comme toi, et je remontais vers Limoges, avec les Gitans de la Kumpania. C'était un si merveilleux voyage, et lors d'une étape à Clermont, un bal était donné. Jack, un vagabond qui voyageait avec nous m'y avait invitée. Mais, je lui disais que je n'avais aucune robe à me mettre, tu sais, je n'étais rien de plus que lui à cette époque. Mes seules richesses tenaient dans ma besace. Un noble sire nous écoutais, et il m'a affirmé avoir une robe pour moi. J'ai refusé d'abord. Je ne crois pas que les gens puissent être généreux comme ça, sans espérer une contrepartie. Mais il insistait, prétendant que sa robe m'irait bien mieux qu'à lui. Il a été la chercher et, oh Nébi, jamais je n'avais vu plus jolie robe que celle-ci, que tu portes aujourd'hui. Il a ôté sa chemise et il a tenté de la passer pour bien me convaincre qu'il avait raison. Evidemment, il s'est coincé dedans. Comme je refusais toujours, il m'a assuré qu'il ne me la donnerait pas, mais qu'il la reprendrait ensuite, après le bal, car elle lui était précieuse. Il destinait cette robe à sa jeune sœur, chère à son cœur, et avec laquelle il était, à son grand regret, brouillé. J'ai fini par accepter, justement parce que ce n'était qu'un prêt. L'après-midi du bal, je l'ai laissé m'accompagner dans le quartier des artisans pour trouver de jolis soliers à porter avec.

Elle allongea ses jambes, et pointa du menton ses pieds. Le fil de lin qui traçait d’élégantes arabesques s'était un peu foncé avec le temps, mais il ajoutait encore une touche raffinée au cuir fauve des petites chausses.

- Je n'ai jamais dansé ce soir-là, enfin, ça c'est une autre histoire. Au soir, après le bal, quand j'ai voulu rendre la robe, le noble sire avait disparu. Ce n'est que plus tard, quelques semaines après cela, que j'ai reçu un courrier de lui. Il était si triste Nébi, car sa sœur bien-aimée venait de mourir sans qu'il ait pu la revoir, ni lui offrir la robe que je conservais précieusement. Alors, il me demandait de bien vouloir la garder. Et de la porter de temps en temps pour faire honneur au souvenir de cette jeune fille que je lui rappelais sans doute, et qu'il aimait tant. Je crois bien avoir pleuré ce jour-là, de chagrin et de bonheur mêlé. Il aurait pu choisir de reprendre sa robe, comme l'ultime souvenir qu'il lui restait d'elle, mais il a préféré transformer sa douleur en un acte généreux, pour qu'elle puisse encore vivre un peu, même loin de lui. Je crois que c'est ainsi qu'il est devenu mon ami.

Elle dissimula un soupir dans un sourire. Rohnan avait été un ami discret, et bien présent pourtant dans les moments difficiles de sa vie. Il était souffrant la dernière fois qu'elle l'avait vu, à Toulouse, en décembre 65, et il s'inquiétait encore de ne pas transmettre ses miasmes au petit loir qu'elle portait. Roman s'était relevé de la même fièvre pour se porter à son secours, quand le Normand l'avait emmenée contre son gré, mais il n'avait pas su lui dire ce qu'il était advenu du Von Frayner. Ses courriers étaient restés sans réponses, tout comme ceux qu'elle avait adressés à Mariette. Bien souvent elle s'était demandé s'il était mort, se refusant à cette idée quand elle était pourtant la seule valable pour expliquer son silence.

* Regarde-moi

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