Stclm
- En ce début dété, les rebondissements senchaînaient pour la châtaigne. Ca avait commencé doucement, avec une petite révolte à Bourganeuf. Quoi de plus banal, qui plus sûrement peut pousser les fossiles à sortir de chez eux ? Si elle partageait cette capacité à senterrer dans son milieu, à se faire oublier et à en revenir sans que les saisons ne paraissent avoir demprise sur elle, on ne pouvait pas dire pour autant que Maëlys faisait partie des "vieux". Après tout, la veille, elle avait eu 24 ans. Ca sétait fait très secrètement. Thibault avait apposé sa signature -réalisée à la va vite- à côté des mots dAnge, plus délicate mais toujours assez redondante. Hormis cette fratrie qui sétait sûrement sentie lobligation de lui adresser quelques voeux, elle avait aussi reçu une autre missive en provenance de son village natal. A la différence dun parrain quelque peu évaporé ou trop pris par ses responsabilités, la tata Merwyn avait pris le temps de rédiger une missive quelle conserverait précieusement.
Voici donc que fraîchement arrivée de Rochechouart -la veille en fait- Maëlys classait sa correspondance en se promettant dy répondre plus tard. Mais avant de sinvestir dans cette tâche, il y avait une urgence qui recquérait son entière attention. Jagan lui avait appris quune jeune fille se trouvait actuellement fort souffrante. Elle avait eu peu dinformations. Sans doute que lhomme du nord n'en disposait pas lui-même dans la totalité. Il y avait une histoire dinfection ; elle savait que cela touchait les mains et que cétait suffisamment grave pour quil ait accepté laide quelle avait pu lui proposer, elle qui étudiait encore et pas les matières les plus spécialisées. Cest dans ces conditions peu communes que la châtaigne se pointa donc devant Il lupo e luccellino.
Sa frimousse était résolue, ses yeux pointés sur leur cible. Elle franchit la porte de lauberge et se faufila à lintérieur tel un courant dair. De fait, par son petit gabarit, elle ne prenait guère plus de place. Puis voici quelle se tenait plantée devant le comptoir, dressant ses quatre pieds de haut dans leur port orgueilleux. Elle était drapée de sa houppelande écarlate, sur laquelle elle avait revêtu un tablier dune blancheur immaculée et contre sa hanche pesait une escarcelle aujourdhui plus lourdement lestée quà lhabitude. Les plumes et lencre avaient été repoussées pour accueillir à leurs côtés dautres flacons. Pêle-mêle se trouvaient là du miel et du vinaigre, ainsi que sous plusieurs formats ail, sauge, citron, thym et romarin ou encore du saule ; mais aussi une préparation de mandragore, quelle navait pas étiquetée, assortie de deux éponges dont elle espérait ne pas avoir à se servir. Il y avait des produits dont lusage était particulièrement mal vu et elle ne souhaitait pas être accusée de sorcellerie. Ceut été un comble, puisquelle avait connu les éponges soporifiques par sa mère, qui elle-même lavait appris auprès de barbiers exerçant au sein de la COLM Ah les institutions officielles ! Comme quoi, la déontologie était bien quelque chose qui fluctuait au gré des époques.
Tout ça pour dire...
- - Fanette ? Jagan ? C'est... Un temps. Mon dieu, que dire ? Que faire ? Elle ne connaissait pas même le nom de la malade. Il avait juste insisté sur le fait qu'elle était jeune... et mal en point. Alors, comment s'annoncer ? C'est Maëlys, finit-elle par lâcher d'une voix presque contrite.
Mais aussitôt et avant même que quelqu'un ne l'oriente, elle se reprenait. Allons bon Saint Clément, pas question que l'on te trouve avec les épaules basses et la mine défaite !
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