Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 11, 12, 13, ..., 18, 19, 20   >   >>

[RP] Il lupo e l'uccellino*.

Nebulae
J’ai toujours rêvé d’avoir une famille, des amis, une sœur, pas que je suis vraiment seule car Père Baptiste, maman et le Très Haut sont toujours là pour m’écouter mais depuis qu’il est au paradis je manquais de ça… Ce besoin d’être acceptée pour ce que je suis sans plans ou autres arrières pensées, pas juste parce que l’on me trouve jolie, pas rejetée car l’on me trouve affreuse et différente pour moi…

Je lève les bras, je laisse filer les riches étoffes, je ne savais pas qu’il y avait des tissus aussi doux, aussi léger, elle me chatouille, je frémis, me tortille, sans peur sans crainte, j’ai confiance, elle ne me veut que du bien.

Il y a eu des horreurs dans sa vie, des choses que seuls ses yeux me révèlent quand elle s’égare, quand parfois je la sens hésitante ou quand la juge ou son gentil guerrier sur des choses qui ne regarde personne. Fanette est l’une de ses belles et gentilles personnes, qui comme Père Baptiste, ne fréquentent pas l’église, Doute du Très Haut car ils ont vu ce que ses faux représentant ont fait de lui.

Derrière ses yeux si doux, cette silhouette douce, rafinée et si fragile il y a une femme d’une force et d’une sensibilité incroyable, elle n’a pas à rougir de son fort guerrier car ils se valent bien plus que ce que l’on ne le voit avec les yeux.
C’est ma sœur de cœur et même si souvent encore j’envie Milo et Stella, je suis heureuse de les voir, de les savoir avec elle car il n’y a pas beaucoup de maman aussi attentionnée et dévouée que ma petite Fauvette.

Un ange, ma sœur, comme moi Père Baptiste, merci tous de m’avoir les rencontrer.

Je ris, je sors de mes pensées, je suis presque toute vêtue, je tape doucement dans mes mains en riant…

« Tu me chatouilles »
« Me tourner, comme ça ? »


Je me tourne en chantonnant, oubliant presque la gêne de l’opération, si douloureuse, si peu importante, si futile face aux bonheurs, face à Fanette qui me rend heureuse.

Finalement nouée, je laisse retomber mes cheveux en vrac alors que mon corps peine un peu à s’accommoder d’autant de restriction qui…

« ooooohhhh »

Je me regarde, détaille autant que je peux avant de tourner sur moi-même, faisant fit de la douleur, je n’ai jamais vu robe si belle, je n’ai jamais eu cette sensation de légèreté, de douceur, mes yeux se chargent en larme que je ne peux retenir alors que mes doigts caresse la riche robe qui épouse les courbes de mon corps que j’accepte enfin.

« Merci Fanette »
« Oui oui oui oui »
« Jolie, jolie… »


Spontanément je l’enlace, les joues encore humides, je m’écarte à nouveau pour tournoyer en riant…

« Une histoire ? »
« Ouiiii »


Je la rejoins maladroitement mal habituée à être une femme dans une trop riche robe, lentement je me calle à côté d’elle toute sourire et ne perd pas un mot de sa bouleversante histoire, seule mes mains qui se cherchent trahissent encore le feu qui bouillonne en moi.

« C’est si… triste et beau à la fois, transformer un drame en geste d’une grande beauté »
« oui oui »
« Sa sœur doit être fière de son geste mais c’est triste qu’ils ne se soient pas vus… »


Je suis perdue entre joie et peine pour cette homme que je ne connais qu’à travers Fanette…
Je me redresse, tournant sur moi-même pour essayer de me voir, m’arrêtant fort embêtée…

« Je suis peux être… »
« Aussi belle que toi pour la porter…, ton ami ne serais pas fâché dit ? »


Je souris à nouveau solaire

« Tu es vraiment une belle personne Fanette, tu t'en rends sans doute pas compte à quel point »

Je fais non non de la tête en riant, heureuse

« On ira voir ton ami?»
Fanette_
Fanette souriait, et pourtant, l'émotion était plus forte, se répandant en paillettes d'or dans son regard de noisette. Voir de nouveau les étoffes précieuses doublées de la délicate dentelle reprendre vie, c'était tout à la fois une bouffée de souvenirs merveilleux, et devenus si tristes. Elle se souvint des mots de Rohnan : « faire honneur à la mémoire de sa jeune sœur en portant le vêtement. ». Nébulae lui faisait honneur, radieuse, souriante, émerveillée. A n'en pas douter, le jeune noble aurait apprécié de la voir lui aussi, comme la fauvette l'admirait à cet instant. Sa voix pourtant se teinta de mélancolie, quand la Flamande évoqua une possible visite au Von Frayner.

- J'aimerais tant Nébi. Il m'était devenu un ami précieux tu sais. Je vais lui écrire, c'est promis, et j'écrirais aussi à la femme qu'il emploie. Mais, j'ai peur qu'il ne soit plus de ce monde tu sais. Dans le dernier courrier qu'il m'a écrit, il préférait se garder loin de moi, de peur de me contaminer. Nous étions en voyage avec Roman et lui, et tous les deux avaient attrapé une très vilaine fièvre, et moi, j'étais grosse de Milo à cette époque. On m'a contraint à quitter la ville où nous faisions étape. Après cela, jamais plus je n'ai réussi à avoir de ses nouvelles.


_________________
Nebulae
Plus à l’aise dans la robe, je m’essaye à marcher comme une noble dans ma jolie chambre, dans cette belle taverne aux côtés de ma sœur de cœur. Je ris, je chante, j’en ai les larmes aux yeux tellement je suis heureuse, oui oui, jamais Nébulae c’est autant amusée...

Je me pose toute sourire devant Fanette, me penchant à son hauteur, oubliant la douleur, c’est pas grave, je suis tellement heureuse, je n’ai plus à me battre pour manger, je peux juste vivre entourée de personnes qui m’aiment.

«Tu lui écris, dit, il est peut être pas mort, j’ai bien survécu moi...»

«Oui, oui, Nébulae est vivante!»

«Il y a beaucoup de raisons pour pas répondre que celle d’être au paradis tu sais...»


Je me rassois maladroitement à côté de Fanette, détaillant ses boucles de mes grands yeux, souriante solaire, comme toujours, je ne peux empêcher mes yeux d’afficher toutes les émotions qui bouillonnent dans mon être.

«Nébulae sera là...»

La tristesse, je ne veux pas que les amis de Fanette soient malades ou pire, non c’est tellement triste ma petite fauvette céleste ne doit pas vivre cela.

«Et on portera la robe pour faire sourire la petite soeur au paradis céleste, je demanderais à Père Baptiste d’aller lui faire un calin»

«Oui oui...»

Je me relève toute vaillante...

«Je peux aller voir Tyrrael dit, je peux lui montrer?»

Milo s’agite dans le lit, se redressant avec agilité sur ses deux petites jambes.

«Tu m’aides à descendre les escaliers, dit, joli Milo, je voudrais pas tomber.»

«Je ne suis pas une princesse, je sais pas marcher avec une si jolie robe...»

«Oui oui, viens mon petit Milo»


Riant en cascade cristalline, j’entraîne mon petit chevalier jusqu’au bureau que Tyrrael ne quitte que pour travailler dehors ou prendre soin de Fanette...
Milo_amalio
Milo regarde Nébulae et son enthousiasme semble contagieux. Debout sur le lit, il tourne tout comme elle en chantant et quand sa mère l'attrape pour faire claquer des bises sonores sur son ventre, il éclate de rire. Puis, la jeune fille lui tend la main. Tout sourire, il se laisse glisser du lit pour la saisir. Il est encore si jeune mais, rien ne lui échappe, et s'il ne prononce encore que quelques mots, il les comprend tous, ou presque tous, quand on lui fait des phrases simples. Tyrrael est gentil avec lui, il le porte sur ses épaules, et il est alors aussi grand que quand son padrino l'emmène promener sur son cheval.
Il regarde Fanette qui consent d'un signe de tête, assorti de ce sourire qu'il connaît si bien. Alors, il tire Nébulae vers la porte, de toute la force de sa petite main accrochée à la sienne.

- Sì, Bali !

Et sa mère éclate de rire. Il s'arrête, surpris, heureux, déterminé, et relève ses grands yeux de lichen vers Nébi avant de les laisser glisser dans le regard amusé de la fauvette.

- Sì, Bali. Enfin, ce n'est pas précisément Bali pour toi, mais ça ira j'crois.

Tyrraell est bien trop compliqué encore à prononcer, et puisque sa mère l'appelle Bali, l'enfant va au plus court, il sera Bali pour lui aussi. Peu importe ce que ça peut bien vouloir dire dans la langue de l'Abyssinien. Et de nouveau il tire en riant sur la main de Nébulae, et l'entraîne vers la porte, ne laissant derrière eux que l'éclat joyeux de leurs deux rires mélangés qui dégringole l'escalier.
_________________
Fanette_
30 septembre 1467


Le soleil était déjà haut quand Limoges se dévoila enfin, au détour du chemin. La fauvette la trouvait toujours aussi belle, alanguie le long des eaux tranquilles de la Vienne. C'était une belle journée d'automne, fraîche mais ensoleillée. Les silhouettes des deux clochers s'affrontaient encore, dominant largement les nombreux toits de lauzes.

- Milo regarde, nous sommes à la maison, on va voir Nonna.
- Nonna ?
- Si, tua Nonna. E cosa fa tua nonna* ?

Fanette attrapa son fils et s'empressa de l'embrasser, faisant claquer de sonores baisers à ses joues, son front, ses mains, lui chatouillant le cou et le ventre de concert.

- Baci dappertutto* !

Le bambin éclata de rire, hurlait après sa nonna et tentant d'échapper à sa mère qui riait sans doute aussi fort que lui. Nébulae se joignit bien volontiers aux jeux, tant et si bien qu'ils finirent tous les trois par réveiller la piccolina.

Les chevaux alertés par le vacarme à l'arrière de la charrette adoptèrent le trot, secouant plus encore les passagers déjà dissipés, et finalement, la cité fut rapidement gagnée. Fanette enjamba le dosseret du siège du meneur pour aller s'asseoir à côté de Yoln. Elle lui indiqua le chemin, le long du ruisseau de l'Enjoumar jusqu'à la porte du chêne. A partir de là, il fallait être habile pour mener l'attelage dans les rues passablement encombrées d'une pleine matinée.

Les chevaux dételés et pansés, furent libérer dans le pâturage, pour le plus grand bonheur du bambin qui les regardait se rouler dans l'herbe en tapant dans ses mains. Après quoi, Yoln se chargea des bagages, aidé de Nébi, et ils emboîtèrent le pas de Fanette, qui portait les enfants. Elle les entraîna à l'intérieur.

Tout semblait propre et impeccablement rangé. Elle étira un sourire. Joanne et Mahaut s'étaient vraiment bien occupées durant son absence, et la faible fréquentation de l'établissement avait sans doute aidé les deux femmes à tout maintenir en ordre. Elle laissa Milo glisser au sol, et posa le panier, pour prendre contre elle la piccolina qui s'agitait.

- Nébi, tu pourras reprendre la même chambre. Yoln, suivez-moi, je vais vous installer.

Elle emboîta le pas de Milo qui déjà, se précipitait pour escalader les marches qui menaient à l'étage. Sur le palier, elle le laissa gambader, et de sa main libre, récupéra dans le meuble de bois sombre coincé entre deux portes des draps de lin qui embaumaient encore des parfums d’herbe sur laquelle ils avaient séché. Nébulae affichait un sourire radieux en passant le seuil de ce qui était presque devenu son domaine. Sur les murs de la pièce qu'elle occupait avant leur départ, restaient encore accrochés de nombreux dessins. Fanette lui tendit les draps et en reprit d’autres, avant de montrer sa chambre à Yoln. Le lit aurait pu être fait plus rapidement si le mini-Corleone ne s’évertuait pas à sauter sur le matelas d’étoupe en riant, à chaque fois que sa mère tendait le drap. Yoln observait la scène d’un œil amusé, ne manquant pas d’encourager le bambin. Finalement, le bruit ameuta une voisine de chambre et c’est une Joanne surprise qui passa le nez par la porte entrebâillée.

- C’è molto rumore qui* !
- Nonna ! Nonna ! Nonna !

Milo, plus bruyant que jamais, criait en se précipitant vers elle, arrachant un rire à sa mère qui s’empressa de la diversion pour achever de préparer la chambre. Après quoi, présentation rapidement faites, elle laissa à Yoln le soin de s’installer et se reposer et, nouant son bras autour de celui de sa belle-mère, elles regagnèrent la salle commune avec les enfants.

Si Fanette se réjouit de revoir la Medici, pour laquelle elle conservait toute sa tendresse en dépit de la fin malheureuse de son premier mariage, elle dû s’accommoder d’autres nouvelles moins agréables. Les recettes de l’auberge étaient en berne. Tout le temps de son absence, rares avaient été les clients de la taverne, et plus encore ceux qui avaient loué des chambres. Certains jours même, les frais engagés pour la préparation des repas n’avaient pas été remboursés et les restes de soupes distribués aux deux poules et à la cane de Milo. Les maigres économies avaient été investies dans l’achat des vivres et le salaire des journaliers pour la moisson. La récolte n’avait pas encore trouvé preneur et il fallait espérer que le blé ne moisisse pas. Mais à cela, Joanne ajouta une information qui inquiéta bien davantage la fauvette. Un homme était arrivé quelques jours plus tôt et s’était approprié les appartements du rez-de-chaussée. La Florentine, sa canne devant elle, serait volontiers aller lui botter le train si la jeune Mahaut ne l’avait retenue. Elle lui avait expliqué qu’il était légitime à faire comme chez lui, puisqu’il l’était depuis qu’il avait épousé la conteuse. Après ça, Joanne n’avait jamais trouvé le temps de s’entretenir avec l’Africain.
Elle sentit assurément le trouble qui s’empara de sa belle-fille et le rapprocha immédiatement du dernier courrier qu’elle lui avait fait parvenir quelques jours plus tôt. Elle s’empressa de lui préciser que Tyrraell avait quitté l’auberge un peu plus tôt pour ses occupations de la journée, et eut la délicatesse de ne pas retenir la jeune mère quand elle se leva un peu précipitamment pour prendre congé.

Fanette devait se reposer, s’occuper de ses enfants, de l’auberge et surtout, se préparer à affronter l’époux qu’elle avait fui seize jours plus tôt.


* Oui, ta grand-mère. Et qu'est-ce que fait ta grand-mère ?
* Des bisous partout !
* Il y a bien du bruit par ici !

_________________
Arsene.b
      [ 1 Octobre 1467 ]


    Installé au creux d'un lit qu'on pouvait qualifier de confortable, quand bien même la chambrée était modeste, le regard clair parcourait une fois de plus les lignes du vélin qu'il tenait entre ses doigts levé devant son visage. Chaque mot écrit respirer l'amour maternel. Lorsque Fanette lui avait prêté son carnet pour qu'il puisse en lire son conte, il y avait trouvé d'autres feuillets, d'autres écrits. En parcourant le premier, il avait saisi l'importance de ces missives, adressée à son fils. Étrangement, il les avait tous parcouru, prenant conscience qu'elle lui avait alors confié un bien précieux et personnel. Et il avait osé, mu par l'envie de pouvoir la relire plus tard, prélevé l'une de ces lettres. Et la relecture était venue. Il en parcourait les lignes encore et encore avant de laisser le vélin venir se poser contre son torse. Au travers des mots de la Fanette, touchante soi disant en passant, c'était l'image de sa mère qu'il essayait de dessiner. Elle était morte, bien trop tôt, ne laissant à ses fils qu'une image floue d'elle, mais le souvenir de bras tendres et aimant. Elle avait laissé l'empreinte de son amour d'eux bien que les souvenirs des gamins qu'ils étaient, avait fini par s'estomper en grandissant. Ils étaient si jeunes.

    Immanquablement il en vient à se demander si sa mère avait été à l'image de celle qu'il avait découvert comme tenancière de cette auberge. Quand bien même il n'était pas permis d'en douter, pour ce qu'on en voyait et ce qu'il avait pu en lire, Fanette était une mère qui tenait à ses enfants comme on tenait à la prunelle de ses yeux. La vieille Marion, gouvernante chez son géniteur leur disait souvent que leur mère les avait souvent défendu face à un père sévère depuis leur plus tendre enfance, mais rien n'était assez pour se reformer des souvenirs de cette femme disparue. Un soupire passa la barrière de ses lèvres après s'être redressé. Dante le traiterait d'idiot de s'attarder sur ce passé lointain, et à raison. Mais dans ses moments de solitudes, il lui arrivait souvent de s’abîmer dans l'établissement d’hypothèses quant à la façon dont leur vie aurait pu se dérouler, si elle avait été là pour braver l'autorité du père. Enfin peu importe, rien ne changerait à présent, et leur père continuait à leur offrir tourments dés que l'occasion se présenter. Au final ce voyage était le bienvenu !

    L'homme quitta le lit pour aller ranger le vélin dans son coffret de bois dont il scella le contenu à l'aide d'une clé. Il songerait à lui rendre si d'aventures elle ne venait pas avec eux en Bretagne. Oh non pas qu'il renonçait à la convaincre, mais il entendait bien que c'était peut être pas forcement de son gout ou celui de cet époux qu'elle évoque comme si un poison lui piquait la langage parfois, d'une crainte silencieuse. Le coffret caché avec soin sous une planche descellé avec soin, il achèvera de préparer sa mise. Il avait à parler avec Dante qui se trouvait dans la pièce d'à côté. Un projet nocturne sur les toits de Limoges. Ce soir il s'amuserait dans une nouvelle ronde de milicien, pour le repérage final. Après quoi, ils iraient se dégourdir les jambes et les mains ! Après avoir vérifié sa tenue dans le petit miroir sur le mur, il afficha un air satisfait, tirant un peu sur son veston pour aller ouvrir la porte derrière laquelle... surprise !
Fanette_
5 octobre 1467, bien après complies

- Et si je les laissais à Fanette cette nuit ?

La question était adressée à Volkmar, mais la fauvette, tendrement occupée à bercer le sommeil de la jolie Moïra, releva le nez, affichant son plus beau sourire à Tigist, pour achever de la convaincre.

- Oh tu peux oui, tu sais qu'ils sont toujours les bienvenus ici, et Milo serait heureux à son réveil d'avoir ses cousins.

L'Abyssinienne sourit, amusée.

- Elle va finir par me les voler sur un malentendu.
- Sur un malentendu ? Sur un plan machiavélique où tu n'auras rien vu venir oui !

L'éclat de rire des deux jeunes femmes, amplifié de celui du moustachu, ne parvint même pas à réveiller les enfants. Et quelques instants plus tard, si Stella dormait toujours au berceau de châtaignier, les deux petits métis étaient couchés près de Milo, dans le grand lit de la fauvette. L'époux n'aurait plus qu'à se tenir tranquille quand il viendrait rejoindre sa femme entre les draps.


6 octobre 1467

Le soleil filtrait à travers le battant de bois qui occultait la fenêtre, et déjà, c'était l'effervescence dans la chambre. Debout sur le lit, Ménélik sautait à pieds joints en jetant un coussin sur son petit cousin. Milo tentait maladroitement de l'imiter, et c'était à qui rirait le plus fort. Moïra suivait Fanette, attentive aux soins donnés à Stella. Elle passait déjà tendrement sa petite main au front du nourrisson, et s'extasiait quand la piccolina lui rendait un sourire.
Tierce sonnait à peine quand la joyeuse troupe investit la salle commune. Le chien s'était joint aux jeux des trois enfants, stimulant plus encore leurs cris. Heureusement qu'aucun client à cette heure, ne s'était installé pour un repas au calme. Fanette jeta un regard inquiet sur l'escalier, en se demandant s'il restait quelque pensionnaire à l'étage, qui se serait attardés dans leur lit. Elle déposa Stella dans le panier et entreprit de couvrir les bambins qui couraient autour d'elle.
Sur l'étal, une jatte attendait, emplie des reliefs du repas de la veille. La jeune mère s'en saisit puis, se baissa à la hauteur des enfants.

- On va aller porter ça aux poules et à Ahana. Quelqu'un veut m'aider ?

Les deux garçons s'étaient précipités, tendant leurs petites mains, quand Moïra s'était avancée vers le panier de sa petite cousine, et cherchait à le soulever. La fauvette laissa la jatte à Ménelik, et se porta au secours de sa petite sœur.

- Oh, ça Princesse, c'est moi qui vais le prendre, mais tout à l'heure si tu veux, on s'installera dans l'herbe et je te donnerais Stella.

La fillette, âgée de seulement quatre mois de plus que Milo acquiesça vivement, un radieux sourire aux lèvres, visiblement très fière. La jeune mère se tourna vers son fils.

- Tu leur montres le chemin Milo ? On va leur montrer Siena et ta cane ?

Elle remonta la couverture sur la petite Stella, puis invita les trois enfants à la suivre. La volaille et la jument se trouvaient dans le pâturage à l'arrière de la bâtisse, sous les fenêtres des chambres. La campagne était encore humide de rosée, mais la matinée promettait d'être ensoleillée. Tout ce petit monde s'égaya au grand air, faisant fuir la volaille à grand renfort de battements d'ailes. Ils furent bientôt rejoints par Rosalyne et Gouttelette et rapidement, les bambins ne savaient plus où donner de la tête entre câlins, chatouilles et courses-poursuites. Fanette souriait. Si l'avenir parfois semblait s'assombrir de nouveau, elle puisait son bonheur aux rires des enfants.
_________________
Gouttelette
Tap, tap, tchit tchiiiiitttt TAP Poum.


Et une petite femme blonde s'éveille par ces petits bruits sourds au rez-de chaussé.



Gniaaaaaaaarffff.

Elle s'étire vigoureusement, les petits petons en bas doivent certainement s'unir pour jouer la farandole!!! Un œil s'ouvre, puis un autre et elle baille à s'en décrocher la mâchoire.

Des petiots!!! Vite goutte enfile ses vêtements puis va rejoindre la maisonnée pour partager avec eux des moments de pure tendresse et d'amour. C'est que les enfants, pour la jeunette, ça la connait. Un pain par-ci, du beurre par là. Une bonne confiture maison de mirabelle et bien sur le lait chaud!! Ils ne manquent de rien ces enfants. Fantou s'affaire aussi en cuisine pour fournir toutes ces victuailles.

C'est la taverne du bonheur.
Fanette_
8 octobre 1467


- Viens là Milo. Mi aiuti* ?

Fanette s'accroupit à la hauteur de son fils et lui tendit un linge dans lequel elle venait d'emballer des bâtons de cannelle achetés un peu plus tôt au marché.

- Tu portes ça dans la chambre, tu veux bien ?

Le bambin récupéra le chargement léger, fier comme Artaban et se précipita vers les pièces voisines. Sa mère lui emboîta le pas, après avoir balayé d'un regard la salle commune. D'une main, elle maintenait sur sa hanche le panier de Stella, de l'autre, elle emportait, coincé comme elle pouvait sur son bras un flacon de fleur d'oranger et un petit pot d'argile contenant du miel. Depuis la dernière lettre d'Arsène, annonçant le départ d'ici deux jours c'était l'effervescence. L'impatience fébrile de ce voyage promis dans ces paysages bretons qu'elle aimait tout particulièrement suffisait à lui faire oublier qu'il était une autre raison pour laquelle elle avait besoin de fuir au plus vite Limoges, où on saurait à coup sûr la trouver, si une suite était donnée à la plainte déposée contre elle à Alençon. Elle chassa de son esprit cette dernière pensée, préférant imaginer déjà le bonheur qu'elle aurait à renouer avec les sentiers mystérieux de Brocéliande, les côtes sauvages déchiquetées par les brisants, ou les chemins sablonneux des landes tapissées d'ajoncs et de bruyères.

Milo venait de déposer son fardeau sur le lit, et revient en courant saluer sa petite sœur quand elle posa le panier au sol, puis il sembla attendre. Fanette éclata de rire et le souleva de terre pour le faire tourner dans les airs, en ne manquant pas de provoquer le même rire joyeux chez l'enfançon.

- Oh ! Tu veux encore m'aider gattino mio ?

Elle le reposa au sol, à côté du nourrisson.

- Chante pour Stellina mon amour, pendant que je prépare nos affaires.

Elle entama la comptine que Joanne lui avait apprise pour la piccolina, largement aidé d'un mini-Corleone brayant à tue-tête et d'un bébé qui s'agitait en poussant de petits cris aigus. Avec pareils troubadours, c'était sûr, on devait les entendre jusqu'à l'étage. Petit à petit, le linge était trié et elle empilait sur le fauteuil les vêtements qu'elle emporterait pour eux trois et une conséquente pile de langes. Le sourire vissé aux lèvres, les yeux pétillants de ce bonheur partagé avec les deux bambins, elle s'agitait dans la chambre, ajoutant un peigne par-ci, la poudre de racine d'iris, quatre couvertures encore …

Quand Tyrraell fit irruption dans la pièce, ameuté par le tintamarre, il la poussa contre le mur, un sourire amusé barrant son visage balafré.

- C'est l'idée de t'éloigner encore de moi qui te mets de si bonne humeur, demanda-t-il narquoisement ?

La question fit mouche, car ses joues s'empourprèrent. Noisettes glissèrent dans le regard de nuit de son époux, et ses traits imprimèrent une petite moue. Pourquoi était-elle si heureuse, quand, deux jours plus tôt d'inquiétantes nouvelles lui étaient venues d'Alençon ? Depuis son retour, l'Abyssinien s'employait à faire plus attention à elle, il ne haussait pas la voix, ne s'agaçait plus. S'il était toujours très entreprenant, il restait attentif à son plaisir autant qu'au sien. Et par-dessus tout, il l'avait autorisé à ce voyage, quand bien même elle s'absenterait plusieurs semaines durant. Peut-être pour le salaire qui ne se refusait pas, ou plus probablement pour lui faire plaisir, il avait accepté si facilement qu'elle s'en sentait un peu coupable. Elle avait pris la décision de le pardonner, et de reprendre avec lui leur vie avant que cette garce de Lucile ne s'immisce entre eux, et la voilà qui partait déjà, à peine revenue. S'énonçant en elle-même ce fait, elle lui fut soudain reconnaissante de son autorisation. Son regard se teinta de tendresse. Pour autant, elle n'avait pas su encore, en si peu de temps, renouer à la confiance qu'elle lui avait accordée avant. Elle se gardait à présent d'espérer trop loin devant, attendant de voir si l'avenir confirmerait les douces paroles qu'il lui avait renouvelées, même si elle devait convenir que, jusque-là, il s'y était tenu. La main pâle vint envelopper la joue sombre et elle lui sourit. Il cueillit ses lèvres, se faisant un peu plus pressant, mais Milo se précipita en riant, enroulant ses bras aux jambes de l'Africain pour l'écarter de sa mère.

- Baliiiii !

Sa manœuvre de diversion eut l'effet escompté, et Tyrraell se tourna vers le bambin qui leva les bras vers lui. La demande était claire. L'ébène arracha le petit du sol et le jucha sur ses épaules. Il caracolait sur place, pour le plus grand plaisir de l'enfant qui riait aux éclats. Et si le bonheur du mini-Corleone continuait d'ameuter toute l'auberge, ce furent bientôt les pleurs d'un nourrisson affamé qui vinrent les couvrir.

Fanette abandonna les préparatifs du voyage pour donner à Stella ce qu'elle réclamait à grands cris. Elle s'était installée sur le lit, adossée au mur. La piccolina cessa immédiatement de pleurer pour téter goulûment. La fauvette l'observa un moment, caressant d'un index sa petite joue de velours, avant de glisser un regard sur son fils, chevauchant toujours les épaules de l'époux. Elle étira un sourire un peu mélancolique sur ce qui aurait pu être son bonheur, s'il ne s'était teinté d'une défiance qu'elle ne parvenait à oublier.


* tu m'aides

_________________
Thibault_


    On arrive de làààààà.

    Saint Clément frère, une blondine adolescente en travers de l'épaule gauche, se pointa sans tarder à l'établissement limougeaud désigné à son prochain rendez-vous (comprendre "au fils d'Hallvar qui avait décidé de le faire poireauter"). Ancolia avait fini par se calmer et Thibault laissa échapper un petit rire, franchissant les derniers pas qui le séparait du battant marquant l'entrée, plus communément nommée "porte".

      - La promenade est-elle à votre goût, damoiselle ?

    Vrai qu'elle avait là l'occasion rêvée d'observer la chute de reins du châtain peu complexé. Ca et ce qui s'agitait en dessous à chaque pas qui les rapprochait du repaire chaleureux. Le loup et le petit oiseau, douce ironie pour la jeune fille qui n'avait pas vraiment choisi d'abandonner son protecteur et mentor. En entrant, Thibault s'assura qu'elle ne se cognerait pas la tête dans l'encadrement de la porte. Pour cela, il passa sa main libre en son dos et la posa dans les cheveux d'Ancolia. Nul mot pour expliquer cela, tout l'attention était dans le geste.

    Puis une fois à l'intérieur de la salle commune, il bascula à nouveau la demoiselle pour la porter dans ses bras. Le sourire adressé, maintenant qu'elle pouvait l'observer face à face, se faisait plus doux. Il se voulait résolument rassurant. Il n'allait pas la manger. Du moins... Bon ! On verrait ! Et enfin, choisissant une table non loin de la cheminée, Saint Clément la déposa, assise, sur le meuble. De deux doigts de la dextre, il vint replacer une mèche de cheveux de l'adolescente derrière son oreille.


      - Navré. Je n'ai plus pensé que vous n'étiez pas habillée pour sortir ainsi en plein hiver. Ca va aller ?

    Thibault leva une main en direction du comptoir pour réclamer deux godets de vin chaud et prévenir qu'un fût devrait sans doute être mis en perce lorsque le viking débarquerait.


_________________
Ancolia
    Ce n'était pas la première fois qu'elle sentait que les hommes lui couraient après. Malgré son jeune âge, elle avait au moins cet avantage d'être moins fripée que la plupart des limousines. Politiquement incorrect? Vrai pourtant. Ballottée sur les épaules de l'homme elle avait eu droit à des regards outrés qui lui avaient intimé de ne pas rajouter à l'étrangeté de cette situation.

      - La promenade est-elle à votre goût, damoiselle ?


    Pas franchement sur de savoir quoi répondre, elle laissa son inconscient faire quelques lapsus, parlant de cette chute de reins:

    - Oui, très belle... Mais... Dites, vous m'emmenez où dites, hein? J'ai pas sommeil moi...

    Bougre d'idiote, s'il y avait bien une tournure de phrase ou un lexique sémantique a utiliser c'était bien de celui-ci. C'est qu'elle ignorait encore beaucoup de choses du jeu des mots et de la vie. L'atmosphère se réchauffant peu à peu et de l’attentionnel geste du Saint Clément elle avait compris qu'elle avait failli se payer une porte. Elle était visiblement, depuis les épaules et toujours attirée par cette chute de reins, rentré dans une taverne.

_________________
Mahaut, incarné par Stella_lucia
Vin chaud, vin chaud ... faut pas que je me loupe, ça fait des lustres que personne pousse la porte de l'auberge, la Fanette finira par plus avoir les moyens de me payer si ça continue. J'verse un peu d'vin que j'fais chauffer au feu, et j'le coupe d'un peu d'eau. Du miel, m'faut du miel. Et hop, deux belles cuillères. Pi, j'ai quoi comme épices moi ... j'fouille derrière le comptoir, cannelle, v'là, ça c'est bien, cannelle, j'en râpe un peu, pi quoi d'autres ? Girofle ... hum ... oui ... et, gingembre. J'fouille dans les pots ... Mince, me semblait qu'il en restait ... Rhaaaa ... non ... Ah! Badiane oui, c'est bien ça, et de la muscade, parfait !
J'me retourne, c'est chaud, j'agrémente des épices rassemblées et je verse le tout dans deux gobelets d'argile. Puis, affichant mon plus beau sourire, j'apporte les boissons aux clients.

– Et voilà, ça f'ra un écu et soixante dix deniers. Vous aurez b'soin d'une chambre aussi ?


Jagan_hallvararson
Encore une histoire d'Ornithe et de loup.


    Babines baveuses d'une rage certaine, le Doc était bien décidé à récupérer son apprentie. D’un pas sûr et à grandes enjambées, il faisait claquer son bâton un peu sèchement sur le pavement, faisant ainsi s’écarter les passants. Les fioles ne se remplissaient plus tout comme le cabinet médical. Résoudre cette question épineuse et vite!
    Bien sûr, l'Il lupo; Thibault savait surement ce qu'il s'y était passé. Il se rappelait des pièces en enfilade et de la chambre où Nebulae délirait dans les limbes. La douleur aussi et le visage torturé de cette gamine qu'il avait fini par grandement apprécier – la petite, pas sa douleur ni la torture. Bon con, il avait voyagé jusqu'en Touraine pour soigner la jeune fille et son compagnon. Et du départ au retour, il y avait eu un sale tour. Un mauvais choix donc. L'établissement était une sorte de rappel d'événements douloureux dont il se serait bien passé en ces temps.


    Pas du tout à pas de loup, il poussa la porte de l'Il lupo i l'uccelino.
    Saint Clément ne devait apparemment pas savoir à quoi servaient les chaises disposées un peu partout. Ancolia était en effet posée sur un meuble, comme l'on poserait un vulgaire vase. Erf! Et il y avait une servante qui parlait de nuitée. Nuitée !

    D'un regard noir à la serveuse, qui ne faisait au final que son travail, puis s'approchant de Thibault tout en fulminant de rage:


    - Je peux savoir ce que vous fichez Saint Clément ! Vous avez pour plan de marier mon assistante ! Manquait plus que ça…

    D’un sursaut dès les premiers mots du viking, Ancolia se décomposa à la vue de son patron. Elle se serait bien époumoné, car il avait un air de loup enragé: d’un de ceux que l’on a blessé mais qui refusent de crever. Il la vit plutôt glisser lentement un regard terrorisé vers son geôlier, qui était devenu en l’espace d’un instant son protecteur. C’est ce qu’on appelait le « syndrome de Stockholm » et il serait là bien osé de faire un quelconque rapprochement avec les origines norroises du Médecin. Mais le blond semblait bien plus dangereux que Thibault au final. Lui qui avait pris soin de ne pas l’assommer en rentrant.

_________________
Thibault_




    L’auberge de Fanette était un petit havre de la cité. S’il elle n’était “que” l’une des nombreuses tavernes de Limoges, la capitale étant en effet réputé pour son nombre exhorbitant d’établissements, celle-ci tirait son épingle du jeu par une propreté exemplaire, une position remarquable dans une artère fréquentée, ainsi que la possibilité de trouver ici, tout au long du jour, une pitance de qualité et en suffisance. Preuve en était ? Alors que la propriétaire n’avait pas été vue en ville depuis des semaines déjà, il était encore possible de s'y restaurer. Mieux : celle qui avait pris le relai pour servir les clients du commerce se démenait pour leur trouver ce qu’ils réclamaient. C’est donc avec un large sourire que Saint Clément l’accueillit, alors qu’elle se pointait avec deux gobelets pleins… jusqu’à la chute, inattendue mais très amusante. Les yeux du jeune homme se mirent à briller en mille éclats d’une malice qu’il partageait avec sa soeur, aussitôt que l’occasion faisait le laron.

      - Une chambre ? Ca, c'est à la demoiselle d'en décider !

    Evidemment, cela serait resté sans conséquence -hormis bien sur l’éventuelle perte de la vertu de la jeune fille- si le médicastre n’avait pas choisi ce moment précis pour entrer.
    Evidemment, cela l’avait mis plus en rogne encore -si toutefois c’était toujours possible- qu’il ne l’était déjà en arrivant.
    Evidemment, cela fit redescendre légèrement les pommettes de Thibault, qui quoiqu’il ne se fit pas aussitôt d'un sérieux à l’outrance, perdit déjà son air facétieux.
    Nul, vraiment, ne ressentait le besoin d’agacer davantage le viking.


      - Prenez, mignonne. Ca vous réchauffera, s’exclama finalement le châtain à l’adresse d’Ancolia, tandis que de doigts fouineurs il tirait de sa poche trois écus plutôt ronds pour l’époque. Il les remit dans la main de Mahaut.
      Merci bien. Amenez donc un godet de ce qu'il voudra à mon ami qui parle fort, voulez-vous ? Et gardez la monnaie... pour le service à table.

    Donc, Thibault désigna le personnel à Jagan d’un geste large de la main, l’invitant à commander ce qu’il souhaiterait. Plus jeune des deux, à aucun moment, ne se départit de son assurance appréciable, qui sentait bon le calme au milieu de la tourmente sentimentale de tant d’autres (de tous les autres ?). En bref, éducation militaire oblige, bien rares étaient les occasions qui pouvaient le faire paniquer et certainement pas le spectre d’une baston qui se révélait toujours, pour lui, plus excitante qu’inquiétante. La perspective d’échouer à protéger quelqu’un, cela en revanche, l’embêtait beaucoup plus.

    Aussi Saint Clément se plaça t-il tout naturellement en appui contre la table ronde, toujours debout mais pieds se croisant avec nonchalance pour évoquer la confiance qu’il avait en Jagan. Non, il ne le voyait vraiment pas lui sauter dessus. Donc il était subtilement placé tout juste en avant de sa monnaie d’échange, prêt à intercepter le blond s’il venait à se montrer violent ; mais en fait assis à côté d'elle, lui tournant juste légèrement le dos.


      - Je ne compte pas marier votre assistante, tranquillisez-vous, mon vieux. Et à mi-voix. Enfin, si elle est tentée par la perspective d'être déniaisée, évidemment, c'est une autre histoire... haem bref. Puis reprenant à haute voix. Alors, bon ! Votre journée semble être déjà un calvaire et bien sur je suis là pour en rajouter une couche. J'en viens au fait ou un verre d'abord ?

    Le tout en réalisant le petit exploit de continuer à afficher son sourire calme. Thibault avait la conscience tranquille.

_________________
Nulle défaite, quand on se bat avec honneur.
Jagan_hallvararson
Choisir un alcool. Si tant est qu'il y ait de quoi piquer un gosier expérimenté. Répondant à l'invitation de Saint Clément, qui savait fort bien l'amadouer par le vice, il demanda un de ces whiskys qu'Aby lui avait fait découvrir et qui aux yeux du Doc valait bien le goût enflammé d'une lampée d'aquavit. Si il avait tendance à être furieux et acide, il en arrivait rarement aux mains. Tout et son contraire, voilà comment il était possible de se représenter l'humeur parfois douce, virevoltante ou sombre -souvent surjouée- du fils d'Hallvar.

A Thibault, tension retombant peu à peu:

    - Je me méfie de vous... Vous avez beau avoir des manières plus respectables et honorables que votre soeur... C'est pas bien dur vous allez me dire... - marmonna-t-il, avec une certaine injustice avant de reprendre:MAIS, ce que je vois là c'est mon apprentie en repos forcé... et un chiffre d'affaire en baisse pour la journée!

D'un soupir, se calmant un peu puisque Thibault devait bien avoir une raison d'agir ainsi; il tira une chaise et s'installa à sa gauche. Son regard ébène observait Ancolia qui se cachait dans l'ombre d’Héphaïstos. Le Médecin avait probablement déjà gagné la course en ce qui concernait l'"abattage de tonnelets". S'il n'était pas violent, il y avait cependant le risque de se prendre un taquet de bâton sur le sommet du front. Ça remettait les idées en place selon lui.

    - Mais encore heureux, Thibault. D'ailleurs, oui ma journée est visiblement pire que la vôtre... Alors venez-en au fait.
    Hors de question que vous la déniaisez de plus! M'enfin... Un peu de respect Saint Clément. Vous feriez bien de ressembler à votre soeur sur le point de la chasteté.

    Dois-je me passer d'une apprentie si douée ? Ou vous me dites ce que vous attendez de moi et Anco peut filer au laboratoire?

Regard triste de la gosse:
    - Vous passer de... Mais... Mestre Jagan, et les potions hein? Il y a tellement de fioles à faire... C'est déjà compliqué à deux dites? Non? - quel professionnalisme cette petiote...


Il fallait dire qu'il n'avait jamais vraiment penser un jour à lui trouver remplaçante. La petite était un peu cette soeur qu'il avait eu et qui lui avait été enlevée par le passé. Cela expliquait probablement son attitude trop protectrice. Elle n'y était pour rien, cela faisait également partie du protocole de formation. De nombreuses conditions, notamment pour la récolte des simples et la synthèse des potions, impliquaient une pureté absolue pendant l'apprentissage: de l'esprit, comme du corps. Du moins, au moins jusqu'à ce que les espèces à caractère aphrodisiaque ou hallucinogène soient connues et leurs effets maîtrisés. Avisant le clémentin il prit une gorgée tout en se demandant quel genre de situation pouvait bien forcer le forgeron de Bourganeuf à venir jusqu'ici. Quel genre d'histoire rocambolesque pouvait bien justifier un tel rapt? Peut-être était-ce l'ennui et le silence qui régnaient sur Bourganeuf? Il pressentait qu'il allait une nouvelle fois devoir rendre service.
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 11, 12, 13, ..., 18, 19, 20   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)