--Fanette_loiselier
- Frontière du Limousin, 24 mai 1469
Comment diable ces petits volatiles pouvaient trouver leurs destinataires ? C'était un mystère que Fanette ne s'était jamais expliqué. Quoi qu'il en soit, elle avait reçu le pli de Mahaut, mais l'orfèvre dont la brune lui causait était pour elle un parfait inconnu. Limoges était à portée de pas, elle aurait bien le temps de s'occuper de cela en revenant
En revenant
Les lèvres angevines étirèrent un sourire rêveur au souvenir de sa maison, et de tout ce qu'elle y aimait. Il lui suffisait de fermer les yeux pour sentir encore l'odeur de bois ciré, celui de la cheminée qui refoulait les jours de vent, le parfum de la soupe qui mijotait dans l'âtre, ou celui plus chaud et plus boisé de la cannelle qu'elle râpait dans le lait chaud.
Elle pouvait toujours entendre le bourdonnement assourdi des discussions qui lui parvenait de la salle commune quand elle avait à faire dans la pièce voisine. Elle sentait encore sous ses doigts la douceur de l'étal de bois. Elle en connaissait par cur chaque défaut, chaque anfractuosité.
Chaque instant qu'elle avait vécu au Lupo sonnait comme un rire au fond de sa mémoire, les pas précipités, les danses, les jeux, les naissances, l'amour, tout avait encore cette saveur du bonheur, comme si cette année passée au loin, quand sa maison lui avait tant manquée, avait effacé les larmes et les drames qui s'y étaient succédés jusqu'à la contraindre à l'exil.
L'Angevine savait bien qu'en revenant, elle se trouverait confrontée à tous ces souvenirs houleux. Il lui tardait de retrouver Stella, de lui conter toute une année loin d'elle, même si, en allant s'asseoir à côté de sa petite tombe, aussi bucolique soit-elle, la joie d'être de nouveau près d'elle ne pourrait effacer la douleur de l'avoir perdue. Mais elle avait le temps. Pour le moment, elle voulait uniquement savourer le plaisir et le soulagement de revoir ces reliefs tant aimés sans que rien ni personne ne gâche son plaisir de rentrer enfin chez elle.
Mauhaut,
Nous verrons que ce l'on peut faire pour cet Andrea Beaumanoire à mon retour, avant la fin de la semaine. Il faudra préparer trois chambres, mais rien ne presse, je pourrais t'y aider à mon arrivée.
A très vite.
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