Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 16, 17, 18, 19, 20   >   >>

[RP] Il lupo e l'uccellino*.

Fanette_
[Aux aurores, alors que tout le monde dort encore ... ou presque]

Fanette avait croisé une rousse qui descendait vers la Porte-Panet toute proche, bousculant dans son empressement quelques apprentis teinturiers qui remontaient vers les ateliers, les bras chargés de grandes pièces d’étoffe encore dégoulinante d’eau. Elle n’avait pas prêté cas au visage de la femme, mais s’était amusée des récriminations fleuries des garçons.

– Mince !

Le seau empli à ras bord laissa échapper un peu d’eau qui trempa le bas des jupes de l’aubergiste quand elle s’appliqua à ouvrir sa porte avec le coude. Elle la claqua derrière elle avec le pied pour aller déposer dans la réserve le chargement qui entamait ses mains. C’était le dernier de la longue série allers-retours du matin, jusqu’à la fontaine du Père-Peigne. Bo la précéda joyeusement. Le ratier fureta dans la salle avant de revenir vers elle, remuant frénétiquement la queue, tête haute, un butin dépassant à moitié de sa gueule. Elle l'attira, tapotant sa cuisse du plat de la main et s’agenouilla pour prendre ce qu’il tenait entre ses dents. Une petite moue de dégoût chiffonna ses traits quand elle balançait au-dehors le cadavre déjà rigide d’une souris, sous l’air offusqué du chien.

Elle s’activa près du feu, remuant les braises sous le brouet qui mijotait déjà depuis son réveil, puis se servit un gobelet d’eau tiède dans lequel elle jeta quelques feuilles de menthe et de verveine. Elle méritait bien une pause, pour s’être levée déjà bien avant les laudes. Les doigts enroulés à son godet de tisane, elle s’installa près du comptoir, inspirant doucement les effluves parfumés qui s’ajoutaient à celles qui flottaient encore dans la pièce depuis le soir précédent. Elle sourit au souvenir de cette horrible journée qui s’était achevée dans les senteurs fraîches et vertes, légèrement poivrées et entêtantes, du bouquet que le Breton lui avait ramené. Au soir, très légèrement vêtue, elle l’avait défié d’un air mutin, en laissant tomber dans l’eau tiède du cuvier les longues feuilles vert sombre qu’il avait cueillies pour elle. Elle rougit sans doute légèrement de ce qui s’était passé ensuite, mais peu importait, personne n’était là pour la voir.

Une lettre posée sur le comptoir accrocha son regard, la ramenant à la réalité de l’instant. Elle posa le gobelet d’argile sur la table et s’approcha pour s’en saisir. A lire à Kachina de Lisreux, la phrase se détachait en belles lettres noires sur le parchemin roulé. Ses sourcils se froncèrent. Elle jeta un regard autour d’elle, balayant la salle pourtant vide et silencieuse. Evidemment, elle songea immédiatement qu’il y avait un lien avec la disparition d’Alan. Qu’aurait-il bien pu révéler d’autre ? La brune était ici en voyage d’agrément, et non occupée par quelque affaire. Elle hésita, suivant des yeux les déliés de l’écriture. Et si le pli était porteur d’une mauvaise nouvelle, s’il confirmait la mort du Poitevin, devrait-on laisser son épouse déjà éprouvée découvrir la nouvelle dans l’y préparer ? Elle ne savait se résoudre cependant à le lire à sa place, peu coutumière de telles indiscrétions.

Alors, elle traversa la réserve, poussa la porte du bureau au milieu duquel trônait encore le baquet qui d’ordinaire trouvait sa place à la chambre et pénétra dans la dernière pièce, encore abritée de pénombre par les volets clos. Doucement, pour ne pas éveiller son fils qui dormait encore, elle s’approcha du grand lit, et vint s’asseoir sur le bord du matelas. Sa main caressa avec douceur la joue piquée de barbe de l’homme qui y dormait. Elle se pencha sur lui, l’effleurant de ses lèvres avant de murmurer :

– Ussar, s’il te plaît, réveille-toi.

Dans sa dextre, elle tenait toujours cette lettre qui ne lui était pas destinée mais dont elle espérait qu’il saurait quoi faire, la donner, ou la lire avant sa sœur et aviser ensuite.
_________________
Mortsubite
Encore ensommeillé, entre songes et picotements de rai de soleil, qui renfrognent mes yeux, son parfum.
Les racines d'Iris, des senteurs de violette, ma messagère des dieux, mon arc-en-ciel.

hummm.... toi! Machinalement et comme depuis plusieurs jours maintenant, je l'attire à moi pour la faire réintégrer cette couche, que d'après moi, elle n'aurait jamais dû quitter. Enfin... te revoilà! Regard qui se réveille, se révèle et s'illumine alors en redécouvrant sa féminité acérée.

Fauvette qui a vite fait de se faire rouler, non pas dans la farine, quoi que pour un ancien boulanger, ma foi, cela aurait été fort possible, mais sur le matelas de lin fourré de plumes, de son hôte et maîtresse.
Je devrais t'interdire d'abandonner cette couche... tu sais ça? Je lui souris, ma tête déjà débordante de tout un tas de mauvaises intentions à son encontre, quand je perçois une lueur d'inquiétude dans ses noisettes d'habitude pailletées de malice.

Elle me tend alors le pli sur lequel le nom de ma soeur y figure. Putain de bordel de merde!
Ni une, ni deux, je me redresse sur le lit et me saisis de ce dernier. Je ne m'encombre pas en précautions pour l'ouvrir, arrachant d'ailleurs au passage et dans mon empressement, un morceau du parchemin.
Lecture en diagonale de ce dernier, comme si nous étions à la seconde, et c'est finalement un sentiment de soulagement qui me gagne.
Il est en vie Fanette! Alan est en vie!
Seconde lecture à voix haute de la missive pour ma blonde et second effet kiss cool.



Inutile d'espèrer qu'il te revienne !
Il t'oublie dans les bras d'une autre.
Tu croyais quoi ? le garder toute la vie à toi ?
Il s'est lassé ma pauvre.
Dis toi que tout est fini.
Tu t'épargneras bien des tourments.
Retourne donc en Provence.


Et merde... qu'est ce qu'on va lui dire?
_________________


La bave du crapaud atteint toujours les blanches colombes...
Kachina
[Au même endroit. Mais à l'étage. Un peu après les aurores]

Elle ouvre les yeux et les referme aussitôt. Elle ne supporte pas la lumière qui éclaire la chambre au petit jour. Un gémissement sourd qui ressemble à un petit miaulement plaintif s'échappe de sa bouche, alors qu'elle se recroqueville sur son lit.
Dormir encore..... Trop mal à la tête. Quel jour on est ? En quelle année ? Il va faire beau. Mais pas de suite.........Là, juste là, dormir encore.......
Alan......... Où est Alan....

Alan....... La conscience lui revient et comme chaque matin, son ventre se noue. Elle garde les yeux fermés, se retourne sur le dos et gémit encore en portant la main à son front.
Elle se souvient... De tout. Et aussi d'avoir bien trop bu la veille.
Elle se rappelle vaguement avoir juste eu - en rejoignant sa chambre tard dans la nuit - la force de retirer sa robe qui doit trainer sur le dossier d'une chaise quelque part. Mais elle se revoit encore tirer de sa besace la flasque de liqueur épicée offerte par Fanette pour la déboucher et la porter en bouche.
A quel moment s'est elle écroulée sur sa couche ? Elle n'en sait rien.

" J'ai juste besoin de dormir cette nuit. " C'est ce qu'elle avait confié à l'Oiselle quand celle-ci lui avait glissée dans la main l'alcool censé lui endormir les sens et noyer toutes ces pensées grises qui tournaient en boucle dans sa tête.

Elle a dormi au final. Mais ce matin un mal de crâne terrible lui fait payer les excès de la veille. Elle songe à Hechtor qui n'était pas mieux loti qu'elle à la fin de la soirée. Elle songe encore à ce délire avec Elvy. A deux, elles ont refait le monde.... Du moins LEUR monde d'avant quand elle tranchaient les cordons d'une bourse aussi vite qu'elle crochetaient la serrure d'une porte de mairie pour en vider les coffres. Elle n'a pas oublié la tristesse au fond des yeux de Fanette évoquant une dispute avec sa soeur, ou le désarroi de l'Oiselle à l'évocation de ce moine là bas quelque part en FC qui a dû réveiller en elle ces vestiges d'un passé proche encore.
Elle a encore en tête l'image d'Hillel dansant avec une bouteille de vin sur la tête et même si elle a apprécié de voir le jeune homme faire preuve d'un peu de gaieté, ça lui arrache encore un nouveau soupir à l'idée de la moindre évocation de tout ce qui peut toucher à l'alcool en cette aube de fin juillet.

Elle ouvre les yeux, repousse le drap qui s'est emmêlé autour d'elle, s'en débarrasse pour enfin poser pieds à terre. Elle grimace en croisant son reflet dans la glace. Tignasse emmêlée qui lui donne l'air d'une sauvageonne échappée d'une rixe dans les bas fonds. Teint pâle et regard encore quelque peu vitreux des abus d'alcool......visage las et creusé... Elle ne mange pas assez...
Elle affronte crânement son double dans le miroir et jure qu'on ne lui prendra plus en pointant son image de l'index : Toi.....ma Belle, c'est camomille, verveine et jus de sureau ce jour ! fini les bêtises !. Elle n'a pas envie, ne permettra plus que l'alcool ou la moindre drogue lui vole sa douleur. Ce chagrin-là, c'est encore un peu de Lui.

Elle verse un peu d'eau à l'aide de la cruche dans la cuvette, se rafraichit, tente de retrouver une figure humaine. Eau fraiche sur sa nuque, qui vient ensuite calmer la douleur à son front... D'un geste , de la pointe des orteils, elle envoie valser son jupon oublié sur le plancher. Et c'est une nouvelle plainte sourde qu'elle laisse échapper quand elle se penche pour fouiller dans sa malle à la recherche de vêtements propres.

La robe de cotonnade légère de couleurs vives est fraiche à sa peau, et elle offre au miroir enfin son premier sourire du jour, alors qu'elle s'affaire à la lacer sur le côté. Sourire un peu forcé mais qui dit qu'elle ne cèdera pas encore au chagrin. Aujourd'hui encore, elle continuera à arpenter chemins, et ruelles... Elle ira demander au maire qu'il lui ouvre l'accès aux geôles et si elle y découvre un Pirate mis aux fers au fond d'un cachot, foi de Kachi, Limoges prendra cher.

Elle démêle ses cheveux , les enroule à la hâte en un chignon calé bas sur sa nuque dans lequel elle glisse quelques épingles. Par la fenêtre ouverte, lui parviennent les bruits de la ville. Des bribes de conversation dans la ruelle, le chant des oiseaux, le grincement des roues d'un char à boeufs qui transporte des fûts de bière. La vie ordinaire dans une contrée ma foi paisible.

Mais un regard sur le lit défait, dans lequel elle a dormi seule lui serre la gorge autant que le coeur. Elle ne sait plus faire sans Lui. Elle ne sait plus. Elle songe un instant à se vautrer à nouveau au milieu des draps et à pleurer tout son saoul. Déverser ce trop plein de manque, maudire dieu et les hommes, s'épuiser de sanglots. Au lieu de ça, elle plonge le museau dans cette chemise d'homme qui porte encore son odeur et la respire comme une câmée, les yeux fermés, laissant venir en elle les images d'un bonheur passé. Entendre encore une fois résonner son rire d'homme comblé...... Qu'il siffle encore pour elle cette chanson de leur début. Que ses bras viennent s'enrouler à sa taille et son menton se caler à son épaule. Son souffle chaud sur sa nuque.........

Bordel.......Alan....... Alan !!!!!
Qu'est ce que je fais de moi... Sans Toi !


Bien sûr les gens pour parler
Et puis mon temps pour couler
Et puis ce matin, ce réveil
Et toi qui n'es plus là

Qu'est-ce que j'fais de moi ?
Trouve-moi des mots que je comprenne
Trouve-moi du temps pour que j'apprenne
A vivre comme ça
Qu'est-ce que j'fais de moi ?
Trouve-moi des notes quoi qu'il advienne
Maintenant que je suis seule sur scène
Que je dérive... sans toi*


Mais elle n'est pas de ceux qui se rendent au malheur. Et puis elle croit..... Il y a au plus profond d'elle cet espoir qu'Il lui reviendra.

    𝓐𝓵𝓪𝓷 : Houbi si un truc pareil nous arrivait
    Je fais serment de te retrouver
    Quoiqu'il ait pu se passer pendant notre séparation
    𝓚𝓪𝓬𝓱𝓲𝓷𝓪 : Il faudrait que l'autre survive au départ déjà Alan
    𝓐𝓵𝓪𝓷 : Vrai Houbi ! Mais tu me survivrais je le veux !


Alors elle redresse le menton, inspire une grande goulée d'air frais. Allez, Kachi......Avance.....

Elle enfile ses chausses à la hâte, claque la porte derrière elle, et descend les marches pour rejoindre la grand'salle...et s'installer à une table. Elle a juste besoin d'un grand verre d'eau fraiche... du sourire de Fanette........de ceux qui réconfortent et disent que tout ira bien.
Et qu'une bonne âme lui apporte une bonne nouvelle. Par le Diable .........Oui !!!


Je volerai tes odeurs sur des linges froissés
Je f'rai la guerre aux tiroirs, pour un mot oublié
Je finirai les bouteilles que ta bouche a touchées
Et je f'rai semblant de rien quand on m'en parlera

Qu'est-ce que j'fais de moi ?
Trouve-moi des mots que je comprenne
Trouve-moi du temps pour que j'apprenne
A vivre comme ça*


https://www.youtube.com/watch?v=Oa0iPTOv3jA

_________________
Fanette_
– Qu'est-ce qu'on va lui dire ? Mais Ussar enfin, c'est ça qu'on va lui dire, c'est qu'il est en vie !

Elle reprend le pli, l'inclina vers le jour qui perçait entre les lattes du volet et le relut encore.

– On ne peut pas croire un traître mot de ce qui est écrit, ça n'aurait aucun sens non ? S'il était parti pour une autre, en admettant qu'il ait le souhait de le faire sans rien dire, il aurait emporté ses affaires. Rien n'est vrai là-dedans n'est-ce pas ? Ça n'aurait aucun sens. Il est vivant, et l'auteur de ce pli veut juste faire souffrir un peu plus Kachina.

Elle réfléchissait tout haut. Les rouages se remettaient en marche, comme trois ans plus tôt, quand elle cherchait dans chaque détail les indices qui, dix mois durant, l'avaient menée sur les routes du royaume à la recherche de son fils.

– La personne qui a écrit ça sait forcément quelque chose. Elle veut se venger, ou bien elle est jalouse. Si on la trouvait, c'est ça qu'il faut faire Ussar, la trouver et la forcer à dire ce qu'elle sait.

Elle lui sourit, confiante comme elle l'était rarement, et emportée par le soulagement du Breton, elle lâcha le pli pour le repousser sur le matelas, relevant ses jupes pour mieux l'emprisonner entre ses cuisses. L’œil mutin, elle le toisa avant de fondre sur sa bouche, mains glissant à sa peau, audacieuses et entreprenantes. Pas trop longuement cependant, parce que, loin de vouloir les laisser à leur débauche, l'enfant réveillé par le remue-ménage quitta son lit pour gambiller vers eux et leur énoncer fièrement une vérité dont ils se seraient bien passés.

– Milo est debout !
_________________
Mortsubite
Tignasse du p'tiot que j'ébouriffe avant de lui céder ma place auprès de sa mère.

- Et Sub va de ce pas rassurer sa soeur! Bonne journée à tous les deux!


Clin d'oeil claqué à la hâte tout en enfilant mes bottes. Besace récupérée dans la foulée et porte à peine retenue pour ne pas l'entendre faire trembler les murs.

Marches qui mènent à la chambrée numéro 6 montées quatre à quatre, mais la belle doit déjà continuer ses recherches. Je pars donc à sa rencontre. Je descends pour une énième fois la rue Coupe Gorge, rien. La place du marché commence à s'animer, mais là encore chou blanc. La journée se poursuit et toujours aucune nouvelle.

Finalement et après moultes rebondissements, je décide de lui écrire.




Ma soeur,

Finalement je pense que toutes ces altercations ne vont plus avoir lieu. Fanette a reçu des nouvelles de l'Ulyss qu'elle attendait.
Pénélope a donc retrouvé le sourire et les prises de gueules avec ses proches pour le coup n'ont plus lieu d être.
Je te la fais courte hum... Je l ai poussée vers son peut être re futur.
Perso, je rentre pas là dedans. Trop d'emmerdes pue la merde!

Je t'aime et j'ai une piste pour Alan.

Il est en vie. Fanette a récupéré une lettre à ton nom déposée au Lupo. Je me suis permis de la lire. Une folle y écrit qu'il faut que tu te fasses une raison. Que notre Alan est heureux dans ses bras et que tu dois reprendre la route pour Marseille. Noméo! Elle nous prend pour des buses cette greluche?

D'après Fanette, la suspecte ayant déposée la lettre serait rousse et se serait dirigée vers le sous bois. Je vais donc payer un petit gosse des rues qui fera style d'avoir perdu son chat en toquant à toutes les portes. Posté plus loin j'espère à un moment donné, tomber sur une rousse. Il sera temps alors d'étudier ses habitudes et autres bizarreries. En espérant qu'elle nous conduise à lui.

Si tu as une meilleure idée... je prends!

Je t'aime ma soeur.

Il est vivant!!!!!!
_________________


La bave du crapaud atteint toujours les blanches colombes...
--Fanette_loiselier

    Au soir, avant qu'après moultes rebondissements, Sub se décide à écrire à sa sœur.

Morsubite a écrit:


    Ma messagère des dieux,

    Te voilà affublée d'un titre plus que pompeux, mais tu t'en prendras à l'apothicaire des arcades, s'il ne te convient pas.
    Parait que les iris, celles qui m'enivrent depuis notre première rencontre, ne seraient autres que la personnification de l'arc-en-ciel, rien que cela!
    Des messagères des dieux, si ça n'est pas une invitation aux voyage, ça!

    Je te dévoile ici mon côté méfiant, celui qui est quand même allé se renseigner sur les effets de tes effluves. Après tout, il fallait bien que je trouve explication sur le fait d'être tombé sous le joug d'une toute jeune femme réservée, non?
    Enfin, en attendant, je ne suis pas plus avancé. D'après lui, ses racines n'entrent dans aucune confection de philtres d'amour connus.
    Pour tout te dire, il s'est juste foutu de moi en me disant qu'au pire, l'iris tantôt en bourgeon et tantôt éclose, pouvait m'évoquer la vulve féminine et ainsi développer chez moi cette irrésistible et inconditionnelle envie de venir y butiner ton miel.

    Pas que chercher une forme de raison dans l'irraisonnable par nature du sentiment amoureux puisse être un minimum censé, mais tout comme toi, il m'arrive parfois de me poser des questions. Encore plus quand tu les suscites chez moi. Ton courrier les a soulevées.
    Pourquoi toi, encore toi et toujours toi depuis des semaines? Et toujours ce même bruissement de mes trippes avant de te retrouver? J'en ai franchement aucune idée.

    Tu es patiente, compréhensive, attentive à tous et précisément à moi. Tu ne me brusques pas, n'exiges rien de moi. Les jours se suivent sans promesse, sans pression, avec une envie de toi dévorante. Je veux tout savoir de toi, tout connaître. De tes expériences passées à tes espoirs à venir. De ton petit cheval des mers à ton grain de beauté sous ton sein droit. De tes peurs à tes doutes en passant par tes joies. Tes enfants. Ton goût de la vie, de l'amour. Ton impudence poussée à son paroxysme. Ton côté sombre, le révéler, te le faire aimer jusqu'à t'en rendre fière.

    Tout comme toi, je ne sais pas si je t'aime, mais j'aime être avec toi. Regarder, sentir, caresser, jouer et défier ton corps comme ton âme. Tu gagnes chaque jour un peu plus encore ma confiance. Ne la déçois pas.
    Comme toi, je peux tout donner, mais je peux également tout reprendre sans aucune retenue.

    Que les jours se suivent et continuent de se ressembler, c'est ce que l'on peut se souhaiter, non?

    Ton Ussar



– Il y a une chose que je voulais te dire, ce jourd'hui, une chose que j'ai apprise hier ...

Fanette hésitait.

– Puis, j'ai lu ta lettre...
– Dis-moi.
– J'ai peur maintenant Ussar … j'ai peur parce que je ne veux pas que ça change quelque chose.

Comment était-on passé dans la même journée de "ma messagère des Dieux", à "si j’étais toi, je prendrais mon petit baluchon et je retournerais à Saint-Claude" ? C’était fait ; Sub lui avait tout repris, en l’espace de quelques instants, parce qu’il réclamait toujours la franchise et l’honnêteté et que, du reste, elle ne savait pas faire autrement.

Elle s’était troublée quelques jours plus tôt, quand on lui avait parlé de Dole et des Sables mouvants, et plus encore l’avant-veille quand le voyageur était venu lui rapporter les renseignements qu’il avait, à sa demande, glanés auprès de connaissances restées là-bas. Un lien avait été fait avec l’auberge et Laylaa, par le biais d’un moine qui la cherchait. Laylaa, c’était elle, ce prénom qui ne sonnait qu’aux lèvres du Nubien, ce lien particulier dont aucun autre n’usait. C’était aussi le prénom qu’il avait inscrit sur le panneau des Sables Mouvants, et qui était resté en place même après son départ. Là-bas, en Empire, un moine détenait des clefs qu’elle n’avait jamais trouvées, en dépit de ses recherches et de ses espérances. Pourquoi n’était-il jamais revenu, alors que l’armée dans laquelle il s’était engagé n’avait pas livré de combat ? Etait-il mort comme l’avait prétendu un marchand ambulant ? Etait-il vraiment tombé malade comme l’affirmait un soldat ? Avait-il simplement revu ses projets sans elle ? Elle voulait connaître la vérité, même si elle l’appréhendait.

Sans doute Sub avait-il été trop souvent trahi pour comprendre cela. Il avait décidé qu’elle choisirait cet autre, sans même lui donner une chance de le choisir lui, si tant est qu’elle ait à faire un tel choix.

– C'est peut-être un grand bonheur qui va s'offrir à toi cet été.
– Et toi ?
– Moi ?
– Je ne peux pas... Tu m'as réveillée Ussar, je ne veux pas perdre ça.

Quelques instants plus tôt ils échauffaient leurs sens en indécentes caresses, et l'instant d'après, parce qu'elle avait cru pouvoir lui confier ses craintes comme il le demandait, la porte s’était refermée sur lui, dans un claquement sec. Elle était restée hébétée, assise sur le bureau, jupes relevées sur ses cuisses, comme il l’avait laissée. Elle n’avait pas bougé d’un pouce, pas même pour essuyer les larmes qui roulaient à ses joues. Elle avait attendu que s’estompent les bruits du soir dans la salle commune, pour aller barricader la porte et ranger après le dernier client. Puis, elle était retournée à la chambre, se recroqueviller dans les senteurs de menthe poivrée dont les draps embaumaient encore depuis la veille.

    31 juillet 1469, au matin

Elle s'était levée avant les laudes, les yeux rougis autant de chagrin, de doute, que de manque de sommeil. Les corvées acquittées, elle était allée voir les quelques artisans des arcades, dont le volet était déjà ouvert, mais aucun n'avait prêté attention à la porte du Lupo. Elle, ou le Breton y reviendrait plus tard. Milo était parti assez tôt lui aussi, sous la bonne garde du Comtois qui l'emmenait avec ses enfants couper du bois en forêt.

Fanette irait se consoler à la compagnie mélancolique de sa fille. Pour l'heure, elle venait de glisser un pli sous la porte de la chambre six. Elle ignorait encore que quand le clocher tinterait sexte, elle ne serait pas rentrée.




Kachi,

Hier soir, ton frère et moi avons envisagé un plan concernant Alan. Je crois hélas qu'il ne tiendra plus, ou du moins pas avec moi. Néanmoins, je veux continuer à me rendre utile. Hier au matin, en revenant de ma corvée d'eau, une femme descendait la rue en direction de la Porte-Panet. Elle a bousculé un groupe d'apprentis teinturiers. Je n'y avais pas prêté attention mais c'est en discutant avec Sub que je m'en suis souvenu. Si c'était elle qui avait déposé ce mot chez moi au matin, ça vaut le coup de vérifier. Si c'était elle et que nous puissions la retrouver, elle sait sûrement quelque chose Kachi, au-delà du ramassis de mensonges qu'elle a écrit. Ce matin, de bonne heure, j'ai fait le tour des échoppes installées sous les arcades devant le lupo. Dès fois que quelqu'un ait pu voir qui était entré chez moi moi pendant que je charriais mes seaux d'eau. Deux des boutiques, celle de l'herboriste et celle du tisserand avaient encore les volets clos. Je tâcherais d'y retourner dans la journée, mais en attendant, personne, de ceux que j'ai interrogés au matin, n'a rien vu.

Kachi, j'ai l'espoir malgré tout, pour toi, parce que, si ténu soit-il, c'est un début de piste.


L'écriture devint un peu plus hésitante.




Ton frère a finalement décidé de repartir à d'autres découvertes. Tu n'as sûrement pas la tête à cela, mais, tu l'apprendras, et moi, j'ai besoin d'en parler. Et je ne saurais pas le faire à une autre que toi. Parce que je sais que toi au moins, tu ne me diras pas, je t'avais prévenue et que tu sauras qu'il ne voudrait pas de ce chagrin qui me serre le cœur depuis hier soir.
Je sais ce que tu m'as dit, sur ces femmes qui se sont jouées de lui, sur les souffrances qu'il avait connu, au point d'en être devenu méfiant. Je crois que c'est précisément de cela dont il s'agit. Je lui ai avoué ce que m'a appris le sieur Hecthor et qui fait lien avec moi. Je n'imaginais pas le lui cacher. Qu'aurait-il dit s'il l'avait appris d'une autre bouche que la mienne, alors qu'il ne fait que me parler de franchise et d'honnêteté ? Il voulait tout connaître de mes peurs, de mes doutes. Cette information m'a troublée, et m'a perdue.

Il a eu peur, j'en suis sûre. Il a préféré céder sa place, avant que je prenne l'initiative de la lui faire céder. Que sait-il de mes sentiments ? J'ai compris les siens. Il m'a écrit hier la plus jolie lettre que j'avais jamais reçue, emplie de tendresse, d'exploration, d'inconvenance, d'humour, toutes ces choses utiles à cacher l'attachement et les craintes pudiquement dévoilées entre les lignes. Je ne voulais rien perdre de tout cela. Je ne voulais pas le blesser, je voulais juste être honnête. Je ne sais même pas si Zentafi est en vie, et quand bien même le serait-il ? J'ignore encore ce que je veux. Comment pourrais-je retourner là-bas près de lui en occultant tout ce que ton frère m'a donné ? Comment pourrais-je faire comme si je n'avais jamais rien ressenti toutes ces semaines où je n'ai fait que guetter les contours de sa silhouette dans l'encadrement de la porte, où je n'ai fait qu'attendre ce moment où nos corps savaient mieux se parler que nos mots.

Ma sœur pourra se réjouir, je vais redevenir cette fille mélancolique, accrochée à son passé. Sub à raison, au moins, cette histoire ravira bien du monde, sauf nous.

J'espère te voir tout à l'heure, et j'espère que d'ici là, j'aurais eu d'autres nouvelles des artisans sous les arcades.
Ne perds pas courage.

Milo..amalio
    Fin d'après-midi, ce même jour.

Quand Kalan poussa la porte du Lupo, le gamin se faufila pour le précéder, traînant derrière lui un petit fagot de bois qu'il n'avait plus la force de porter. Il s'était râpé les mains en tombant. Il avait ravalé ses larmes en voyant Ysel cavaler vers lui, mais à l'instant, il commençait à fatiguer, et ses paumes éraflées le brûlaient un peu. Il abandonna son chargement au milieu de la salle, gambillant vers la réserve pour trouver sa mère.

– Mamma !

Puisqu'elle n'y était pas, il poursuivit, poussant bruyamment la porte du bureau, et à l'enfilade, celle de la chambre, sans plus de succès.

– Mamma !

Il s'immobilisa, fronçant les sourcils dans cette petite moue qu'il tenait de sa mère, et balaya la pièce de son regard de lichen. L'enfant volontaire et un peu fier redevint l'espace d'un instant un petit garçon âgé d'à peine plus de trois ans. Il récupéra dans son lit le chiot de chiffon que lui avait confectionné Lobelia et le calant tout contre lui en portant son pouce à sa bouche, repartit plus lentement vers la salle commune. Il avisa l'adulte, vint glisser sa petite menotte dans la grosse paluche avec l'espoir de l'entraîner d'où il venait en relevant vers lui des yeux emplis de fatigue et d'incompréhension.

– Elle est où Mamma ?

__________________
Kalan
C’était une Fanette à la mine chiffonnée qui lui avait remis Milo ce matin-là. Il n’avait fait aucun commentaire, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait de ses nuits.
Ils avaient donc passé la journée au bois, lui et les quatre mioches. Ils étaient rentrés passablement épuisés après avoir pris le temps d’avaler préalablement le repas du soir, quelques tartines de fromage, une rasade d’eau rougie et des fruits.

Milo était arrivé tout excité au Lupo, fatigué mais impatient de raconter sa journée.

Mamma !

L’appel était resté sans réponse, le gamin avait couru vers la chambre qu’il occupait avec sa mère pour en revenir dépité, serrant contre lui un petit amas de chiffon.
Kalan fronça les sourcils, récupéra la menotte dans sa grande main calleuse et entraîna le gosse dans la chambrette qu’il occupait où il entreprit de le débarbouiller sommairement avant de le confier aux plus grands et de redescendre voir s'il retrouvait Fanette.


Bordel, elle est où la blondasse ?


En bas, un groupuscule s'était formé et ça discutait ferme. Il comprit que Fanette n’était pas rentrée. Chacun y allait de ses supputations. Etait-elle partie ? De son plein gré ? Avec qui ?
Etait-elle allée pleurer dans un coin ?
On envisagea même qu'elle était repartie à Saint-Claude. Kalan en doutait, il s'abstint de dire qu'elle avait plus ou moins évoqué un retour vers la Franche-Comté et qu'il était fort peu probable qu'elle lui ait proposé l'éventualité de ce voyage si sa décision avait déjà été prise de s'y rendre sans en avertir personne.
Et puis, elle ne serait jamais partie sans son fils, cette possibilité paraissait tout à fait inenvisageable à l'assemblée présente.

Kalan se sentait peu concerné par tout ce remue-ménage, lui importait seulement le fait qu’on l’avait pris pour un con en lui confiant un gamin que personne ne récupérait à l'arrivée. Il tenait juste à savoir quoi faire du môme.
Ainsi se discutait l’avenir immédiat de Milo quand il fit son apparition au milieu du groupe d’adultes survoltés. Tandis que Kachina se défilait, Eirik et Ursicin se proposèrent à s’occuper du garçonnet.
Lui-même n’y était pas opposé, un gamin de plus ou de moins… et il demanda à Milo où il désirait aller jusqu'au retour de sa mère. Mais le gosse, tétanisé ou mort de fatigue, ne répondit pas.
Quand il insinua que s’il prenait le petit avec lui, il le garderait défintivement, Ursicin prit la décision d’emmener l’enfant.

[La scène ne s'est en fait pas déroulée au Lupo, mais il est plus vraisemblable que ce soit là que le gamin les rejoigne]
Kachina


Ton frère a finalement décidé de repartir à d'autres découvertes. Tu n'as sûrement pas la tête à cela, mais, tu l'apprendras, et moi, j'ai besoin d'en parler


Quand elle avait trouvé ce mot de Fanette, suite à celui de Sub, elle avait vite compris que les bonnes nouvelles , ce ne serait pas encore pour maintenant.
Encore sous le coup de cette information que son Frère lui avait communiquée à propos d'Alan l'oubliant dans les bras d'une autre et d'une rousse s'invitant dans l'histoire, elle peinait à discipliner ses idées. D'autant plus que Sub évoquait une couille dans le potage entre lui et la belle du Lupo. Deux couilles même pour être précis .. s'il s'agissait de cet homme évoqué à leur arrivée par Fanette.

Ce mal de tête lancinant issu des abus de la veille ne lui laissait aucun répit, la gardant dans des brumes d'incertitudes et de questions sans réponse.


Mais une chose était claire néanmoins : Sub n'avait nulle envie d'autres à découvrir. Elle l'avait vu tellement heureux ces derniers jours. Malgré......... malgré l'entourage de Fanette qui ne voyait en lui qu'un gêneur perturbant leur petite vie tranquille. Bien que chacun y aille de ses paris quand à l'avenir de ce couple et que le Frère subisse moultes remarques assassines. Ces prévisions sur l'avenir n'emmenaient pas le couple à fêter ses noces d'or, loin de là.
Mais elle savait que parfois les amis, même s'ils nous connaissent et nous aiment, se gourent...et comment....

Ils s'aiment et la traversée
Durera toute une année
Ils vaincront les maléfices
Jusqu'en 70*


Combien des siens avaient misé sur une simple aventure quand elle avait cèdé à Alan cet automne-là....... il y aura bientôt 4 ans de ça ?


Elle avait vu Fanette troublée la veille à l'évocation de ce moine qui cherchait une certaine Layla là bas en FC. Layla comme elle l'avait appris de la bouche de l'Oiselle était le surnom que lui donnait ce Zen qu'elle attendait à leur arrivée. Au point que Sub lui avait refilée ce surnom de Pénélope qu'Alan avait attribué à une Kachi en attente de Fez aux premiers temps de leur rencontre à Marseille.
Mais elle n'avait pas vraiment eu peur que ce revenant ne vienne gâcher ce lien entre Fanette et Sub. Chose étonnante mais pourtant courante dans nos royaumes , l'homme semblait avoir retrouvé son souffle quand celle qu'il avait abandonnée retrouvait elle le bonheur....
Mais elle n'avait cependant pas vu venir l'orage que cette situation provoquerait. Il suffisait de voir les regards que la belle tavernière offrait à Sub dès qu'il passait la porte, sa façon de se couler contre lui pour réclamer ses caresses et ses baisers, pour comprendre que ces deux-là semblaient s'être trouvés et bien trouvés. Et au cours d'une soirée récente, où elle s'était trouvée seule avec la jeune femme, celle-ci lui avait confié son attachement passionné au Crapaud.


Donc, elle restait sceptique sur le fait que Sub se soit lassé. Tout comme elle ne pouvait imaginer vraiment que Fanette ait couru retrouver l'amant passé en laissant là son minot.
Et tout se mélangeait à présent dans sa tête. Elle avait passé la journée à poursuivre ses recherches d'Alan, tout en épiant la moindre silhouette féminine et gracile qui aurait ressemblé à Fanette. Mais elle n'avait jamais pu croiser l'Oiselle qui avait évoqué ce besoin de lui parler.


C'est au soir qu'en compagnie d'un Sub dépité, dégouté, résigné qui semblait s'être pris un gros coup sur la tête, qu'elle avait vu surgir Kalan et le petit. Elle avait décliné la proposition de garder l'enfant. Kalan n'avait qu'à assumer bon sang. Elle n'était pas en étât de lire une histoire de conte de fées à un petiot qui réclamerait sa mère pour l'endormir.
Et surtout, elle voulait rester libre de ses mouvements pour suivre la moindre piste concernant Alan. Et puis Ursi, Eirick qui les avaient rejoints s'étaient vite proposés.

Elle, elle tournait le tout en boucle dans sa tête, tentait de démêler le fil de l'histoire. Elle avait simplement mordillé sa lèvre inférieure pour ne pas en rajouter quand Ursi avait déjà considéré comme affaire classée l'histoire Sub/Fanette avec une réflexion du genre : On savait bien que ça ne durerait pas entre Sub et Fanette. Sa gorge s'était nouée quand elle avait vu Sub sortir de ses gonds, et qu'elle avait trop bien perçu tout ce qu'il pouvait ressentir à cet instant. Qui - à part elle - parmi les présents avait entendu le chagrin sous les mots ? Elle n'aurait parié sur aucun de ceux-là .

Elle aimait son frère et si à chaque nouvelle donzelle roucoulant autour du Crapaud, elle avait tendance à penser : Voilà revenir les emmerdes........ Elle avait pour une fois pensé que cette femme-là avait de quoi garder longtemps émerveillé celui-ci.

Elle avait vu avec un plaisir non feint, une Fanette semblant folle amoureuse, bravant son entourage, défendant telle une chatte sortant ses griffes son bonheur nouveau, tout en laissant se dévoiler enfin une sensualité qui lui allait si bien contre la peau du Frère.
C'était tout bonnement impossible que ces deux-là s'oublient aussi vite.....Bordel, non !!!
Elle voulait pour l'instant simplement oublier le regard désabusé de Sub quand il lui avait confié au début de la soirée en des termes bien plus crus quelque chose du genre : "J'étais entre ses cuisses à venir en elle quand elle m'a parlé de l'autre.. t'imagines ? "

Et puis Alan.... Cette rousse..... S'il était vivant.. Pourquoi la rousse s'acharnait sur elle ? Pourquoi il ne donnait pas signe de vie ? Pourquoi il ne la rassurait pas ? Pourquoi il ne lui revenait pas ? Besoin de Lui. Envie de Lui. Manque atroce et dévorant de Lui. Lui qui aurait su bien mieux qu'elle, quoi dire, quoi faire...pour aider Sub.

Elle avait fait passer la flasque de cognac de mains en mains. Autant après tout soigner le mal par le mal. Un disparu c'était déjà beaucoup. Deux......bonjour les dégâts.

Faites vos jeux, rien ne va plus... C'est ainsi qu'elle aurait pu qualifier ce dernier jour du mois de juillet en cette année de grâce 1469. Année érotique......tu parles...blaireau....

Et Fanette ? Où était-elle ? Elle relisait sa missive, regard songeur :




Parce que je sais, que toi au moins, tu ne me diras pas je t'avais prévenue


    Non. Parce que moi, je croyais si fort à une belle histoire. Je savais à quel point, il en avait besoin mon Frère.... Et toi aussi ma belle. Toi aussi. Et Dieu sait comme elle aurait pu être belle. Dieu ou le Diable.....


*https://www.youtube.com/watch?v=0HhitAUML4A

_________________
Roman.

    Taverne Municipale de Limoges, le premier jour d'août.


- Ha, Roman, vous tombez bien !

Au milieu de la taverne où se trouvaient Astoria, Rolin et Hillel, Vera apostropha l'Italien dès son entrée pour lui déclarer sans préambule :

- Fanette a disparu.
- J'en ai rien à foutre.


Réponse claire et concise, sans sourciller. Mais Vera, sans s'émouvoir de cette déclaration, continua :

- Elle a laissé Milo ici.

Voilà qui était plus inhabituel. Roman s'enquit donc de son fils : où était-il, et avec qui ? On lui apprit que Milo était avec Ursicin, qui s'était proposé pour le garder, mais que cela ne pouvait être à long terme. Vera manœuvra, comme à son habitude, pour arriver à ses fins, et Roman ne lui fit aucune difficulté, étant lui-même convaincu de la nécessité de cette décision :

- Bien, dans ce cas, je récupèrerai Milo. Mais sachez que je pars demain soir pour Marseille. Si Fanette n'a pas réapparu d'ici-là, j'emmènerai le petit, mais attention : qu'elle n'aille pas encore crier sur tous les toits que j'enlève notre fils ! Vous en serez les témoins, vous tous. Vera, vous viendrez avec moi pour aller chercher Milo chez cet homme, qu'il n'y ait pas d'embrouilles.
_________________
Milo..amalio
La nuit s'était avérée éprouvante pour Milo. La veille, il s'était endormi, vaincu par la fatigue, non dans son lit, mais à l'étage, dans la chambre numéro trois, celle qu'occupaient Kalan et sa petite famille depuis l'arrivée à Limoges. Le Comtois l'y avait laissé à la nuit, avec ses propres enfants, pour redescendre voir de quoi il en retournait dans la salle commune. Mais c'était sans compter sur le mini Corleone. Un peu perdu, il s'était éveillé plus tard. Ne reconnaissant rien dans l'obscurité de la pièce, il s'était faufilé au-dehors. Il avait emprunté les escaliers sombres jusqu'à la salle commune, les yeux encore ensommeillés et le minois inquiet. Comme souvent lorsqu'Eirik était présent, c'est vers lui qu'il se dirigea spontanément. Hormis les deux ou trois mois à l'hiver où le Nordique était retourné auprès des siens, l'homme et l'enfant se côtoyaient quasi-quotidiennement depuis plus d'un an à présent.

Pourtant, on ne l'avait pas fait remonter à la chambre. Au lieu de ça, Ursicin l'avait emmitouflé dans une couverture et l'avait ramené chez lui. L'homme était bienveillant, et il avait fait grandement partie de la vie de sa mère, mais Milo ne le connaissait guère finalement. Ces dernières semaines, en plus d'Eirik, il voyait bien plus souvent Hillel ou Kalan. Il avait eu du mal à s'endormir, et son sommeil s'était entrecoupé de réveils en pleurs. Il appelait sa mère, et quand il comprenait qu'elle n'allait pas venir, c'est la petite Ysel qu'il réclamait.

Ursicin, impuissant, avait fait patienter l'enfant, le berçant en lui promettant qu'au lendemain, il l’emmènerait voir les enfants de Kalan. Il avait tenu promesse. Au matin, il avait fait le chemin en sens inverse, pour accorder au bambin quelques heures à jouer avec les enfants du Comtois, avant de le ramener chez lui au milieu de la relevée.

L'enfant n'avait pas conscience de tout ce qui se tramait autour de lui, les inquiétudes de son père, autant que celle des amis de sa mère. Mais Hillel était venu s'entretenir avec le marin, chargeant Milo d'amuser Levanah qui babillait dans son panier. L'enfant s'était exécuté fièrement, prenant des airs de grand frère pour faire sourire le nourrisson. Il n'avait rien perçu du visage grave des deux adultes qui se posait parfois sur lui, mais quand Hillel s'était accroupi à sa hauteur, affichant un large sourire pour lui dire qu'il avait une surprise pour lui, le regard du garçonnet s'était éclairé.

– Où on va ?

L'air mystérieux du charpentier maintenait l'enfant dans un état d'excitation qui lui avait fait oublier pour le moment la disparition de sa mère. C'est vers le Lupo que l'homme l'avait conduit.

– Kum mit mir, meyn ingel*, tu prends les choses tu veux, ya ? Ce qui est important, ya ?

L'enfant était confiant. Dans la chambre de sa mère, Hillel fouillait dans les coffres pour prendre quelques vêtements, tandis que Milo s'était emparé de son sac de toile contenant ses figurines de bois et avait ramassé son Bo de chiffon. Le ratier le suivait pas à pas, en remuant la queue.

– Bo vient !

Milo ne doutait pas qu'il puisse partir avec les deux versions de Bo, celle inanimée avec qui il s'endormait au soir, et le petit chien de chair et d'os qui était devenu son copain de jeu quand il n'y avait plus d'enfants pour jouer avec lui. Peu après, Hillel et l'enfant quittaient discrètement l'auberge du loup.

* Viens avec moi mon petit gars.
Ecrit avec la participation de JD Hillel
Roman.

    Un peu plus tard :


L'un des hommes de Roman se présenta à la Florentine, le souffle court après s'être hâté :

- Signore... J'étais de garde pour surveiller l'auberge du Lupo. Votre fils est parti avec le dénommé Hillel. Ils ont pris... quelques possessions du garçon, signore. Comme s'ils allaient quitter la ville. J'ai hésité entre les suivre et vous prévenir tout de suite... Je ne sais pas où ils sont allés.

À ces mots, Roman ressentit une nouvelle inquiétude. Hillel savait que Roman allait venir chercher Milo d'ici le lendemain... avait-il donc décidé de partir avec le garçon avant qu'il ne soit récupéré par son père ? Ou l'avait-il seulement emmené chez lui, ou ailleurs, pour la fin de la journée, ou la nuit, pour soulager celui qui l'avait d'abord pris en charge en plus de ses propres enfants ? En tout cas, cela avait été sans le prévenir... alors qu'Hillel était présent dans la taverne municipal au moment où Roman avait parlé de récupérer Milo si c'était nécessaire. Le Florentin pesta, referma d'un geste rageur le livre d'anatomie qu'il étudiait, et sortit d'un pas vif à la recherche de son fils, prenant la direction du Lupo pour commencer.

~

Les heures qui suivirent mirent les nerfs de Roman à rude épreuve. Il chercha Milo dans Limoges et le fit chercher par ses hommes, puis interrogea quelques personnes qu'il vit dans les auberges et tavernes de la ville. Il n'aperçut ni Hillel ni Milo, et ni lui ni ses hommes ne pouvaient pénétrer dans les maisons privées.

La seule chose qui parvint à le rassurer fut que Vera, tout d'abord, puis Kachina et Sub, et enfin Eirik, qui était un proche de Fanette, lui assurèrent qu'Hillel était quelqu'un en qui l'on pouvait avoir confiance pour s'occuper de Milo.

À la nuit tombée, Roman finit par accepter de se laissa convaincre, à contrecœur, de laisser son fils avec cet homme que lui ne connaissait guère. Seule la tranquille certitude d'Eirik avait eut raison de son inquiétude, du moins en partie.

_________________
Feve
[(...) j'ai jamais touché à mes filles, excepté une fois au chalet.]


Hecthor. entre d'un pas décidé et s'affale sur une chaise et se redresse en apercevant la gamine.

HECTHOR. : Bonsoir

Des pellures sont dispersés ici et là, sur la table, la petiote mange une orange lorsque soudainement, un grand entre.

FEVE : Bonsoir.
HECTHOR. : Hmm que fais tu seule ici ?
FEVE : Je mange mon orange.

Feve fronce les sourcils tandis qu'Hecthor. l'avise d'un regard circonspect.


FÈVE : Je suis pas à enlever !

HECTHOR. : Non mais...je ne veux pas t'enlever. Fin tout dépend de ta valeur

Feve le dit bien et haut fort en mode : j'te préviens !
Hecthor. étire un sourire mi figue mi raison mi orange du coup

HECTHOR. : Je me demandais juste ce que tous une gamine seule, a l'heure la, en Taverne

Feve le froisse davantage. P'tain, c'est mal partie pour la petiote qui n'est pas visiblement une gueuse, ou fille de gueuse, mais plutôt la fille d'une ancienne reyne à en juger par ses vêtements.

FÈVE : J'attendais Fanette !
HECTHOR. : Fanette ça fait plusieurs jours qu'elle est portée disparue
HECTHOR. : Tu peux l'attendre longtemps

Hecthor. croise les bras et s'adosse contre le dossier de sa chaise

Hecthor. détaille du regard la jeune fille et surtout son accoutrement.
Feve s'excite subitement sur sa chaise, fronçant les sourcils, jusqu'à ce qu'elle entende sa défense.


HECTHOR. : Et oh je l'ai pas enlevée
HECTHOR. : Sinon je ne serais plus ici hm ?

Hecthor. ricane doucement. Non pas du genre Protecteur à protéger les jeunes filles

FÈVE : Mmm.. Haaa..
HECTHOR. : Non mais je maintiens, je ne comprends pas ce que tu fous ici
HECTHOR. : Tu as fugué ?
FÈVE : Noon ! Je l'attendais, et je rentre !

Feve s'essuie le nez du revers de la main, et se jette en bas de sa chaise avec une orange à demi-mangé dans les mains.

HECTHOR. : Seule dans la nuit ?

Hecthor. la fixe d'un regard stoïque

FÈVE : J'suis pas seule ! Il y a.. euh... Euh.. Euh... Sieg !
HECTHOR. : Je ne vois personne

Feve ment éhontement, et très mal, en semi-panique tandis que son petit coeur s'affole pour un rien après avoir vécu un nombre ridicule de tentative d'enlevements.
Hecthor. étire un étrange sourire.


FÈVE : Il est là ! Vous le voyez juste pas !

HECTHOR. : Hmm
HECTHOR. : Tu trembles comme une feuille. Je ne vais pas te bouffer

Feve s'emballe davantage face à ce effrayant petit sourire étrange et dans la panique, lui balance son orange à la figure. (ou du moins, elle tente)

FEVE : TIENS ! MANGE CA !

Hecthor. dévie l'orange d'un revers de main et fronce les sourcils
Feve crie alors.

FÈVE : AHHHHHH !! !
HECTHOR. : Raah tais toi où je te baillonne

Feve décole comme une petite fusée en criant cette fois-ci : AU VIOLEUR ! EUHH... ! AU ENVOLEUR !
Hecthor. lève les yeux au ciel


HECTHOR. : Calme toi où je m'énerve
FÈVE : AU ENVOLEUR ! AU ENVOLEUR ! AU ENVOLEUR !


Feve répète-t-elle tandis qu'elle traverse la porte, puis s'éloigne de la taverne dans les rues de Limoges... !

HECTHOR. :Bordel de merde je vais avoir des ennuis avec cette foutue gamine...

[À suivre]
_________________
    En indigo, c'est Alice. - En olive, c'est Fève : "Mais.. Maman, j'ressemble pas à ça !"
_________________
Feve
FÈVE : AU ENVOLEUR ! AU ENVOLEUR ! AU ENVOLEUR !

Qu'elle criait à tout va, tout en dévalant les rues et les ruelles de la capitale de la limousine. Cela avait beau ne pas être un véritable mot, mais la gamine le criait avec une telle intensité qu'on pouvait facilement comprendre ce qu'elle voulait dire : qu'il y avait un gros vilain qui lui courait après et qu'il voulait soit l'enlever ou la violer. Et qui sait, peut-être les deux ? 

Au tournant d'un croisement de rue, la petiote se tourna brièvement pour voir s'il la suivait toujours, et en constatant qu'il était toujours là, la fillette émit un petit cri strident, aigu et intense.  Le méchant loup allait la manger !

FEVE : AAAAAAAAAAAAAAAH !

Qu'elle cria avant de redoubler d'ardeur et d'ajouter une nouvelle fois plus fort encore.

 
FEVE : AU ENVOLEUR ! AU ENVOLEUR ! 

En pleine panique, la petite n'attendit pas qu'on vienne à son aide, et s'empressa de s'enfoncer dans une ruelle sombre et étroite où elle espérait pouvoir trouver refuge. Ni une, ni deux, elle vint se cacher derrière un tas de caisses qui trainaient paresseusement là. Il n'y avait pas à dire la petite sauvageonne qui rêvait de devenir la plus grande brigande de France, n'était plus. Y aurait-il un preux chevalier qui viendrait sauver cette petite fille de princesse qui ne s'assumait pas ?
_________________
    En indigo, c'est Alice. - En olive, c'est Fève : "Mais.. Maman, j'ressemble pas à ça !"
_________________
Hecthor.
Me voilà dans la rue en pleine nuit. Le vent tiède battait les pans de ma capuche tirée sur ma tignasse dorée. Une pensée me vint brusquement, celle de kachina l'autre matin, rapellant que certaines parties de moi tendaient d'elles même vers la lumière. La lumière ce soir il fallait l'éteindre, tout comme tout autre signe voyant. Je devais me fondre dans le manteau de la nuit et pour cause, je devais mettre la main sur cette gamine.

J'étais pourtant venu pour boire une chope après avoir passé une journée épuisante en forêt. À ma grande surprise ce soir là, une gamine était assise là, toute seule, en train de grignoter son orange. Je l'avais donc interrogée sur sa présence solitaire et tardive vu son jeune âge et à mesure que mes interrogations prirent forme, la panique de la petite grandit. Certes, je n'ai pas forcément cherché à la rassurer et après tout j'en avais que faire mais voilà qu'elle prit les jambes à son cou en braillant à tout va dans les rues.

Mué d'exaspération, je me dirigeais au son de sa voix. La traque était aussi aisé que de chasser un sanglier dans un manoir de porcelaine. Mes inquiétudes allaient vers les gardes. S'ils me chopaient près de la fille je risquais de sérieux ennuis alors j'envisageais de tourner les talons et d'aller rencontrer mon lit. Cependant, une pensée figea mes bottes sur les pavés. J'avais déjà pris quelques tours de gardes à Limoges et certains connaissaient mon visage. Des moustachus blonds je n'en avais pas vu des masses sur les remparts donc une simple description de la petite suffirait à retourner la situation et le chasseur deviendrait la proie.

Grinçant des dents, des jurons qui tâcheraient la soutane du pape franchirent la barrière de mes levres. Je me remis en quête de la braillarde. Les sons s'étaient étouffés près d'une ruelle qui bifurquait sur ma gauche. Je m'immobilisai quelques instants, balayais du regard la zone autour de moi. Quelques cris de chats qui se livraient bataille, un ronflement lointain qu'on percevait derrière un volet ouvert, le vent qui battait sur l'enseigne d'une échoppe, le grincement lugubre des arbres qui longeaient la Vienne mais pas âme qui vive.

Un rayon de lune s'engouffra dans la ruelle, perçant les nuages clairsemés du ciel et j'aperçus un pan de robe dépasser d'un tas de caisse. Je me faufilais à mon tour en silence et une fois à sa portée, je degageais la caisse du haut d'un coup de bras rageur. Je voulais aller au lit et j'en avais ras le bol. Alors, envisageant un nouveau cri qui percerait la sérénité nocturne je plaquais ma main sur sa bouche en la coinçant contre le mur :


- Écoute, je veux aller me coucher et tu commences à m'emmerder sévèrement. Alors tu arrêtes tes conneries et on rentre chacun de nos côtés. Si tu brailles encore une fois tu seras l'ingrédient manquant à mon petit déjeuner c'est clair ?

Mes yeux durent la trancher du regard. Ouais j'étais en colère. Non ça n'était pas dans mes habitudes d'être horrible avec une gosse mais là j'en avais ras le bol. Au loin, le son métallique des bottes claquait sur les pavés de manière bien trop agitée. Putain il ne manquait plus que ça. Le piège se referme.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 16, 17, 18, 19, 20   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)