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[RP] Il lupo e l'uccellino*.

Feve
Recroquevillée entre deux caisses de bois, ses fins bras entourant ses genoux, Fève tentait de se faire la plus petite possible tandis qu'elle tentait de reprendre son souffle. Elle avait beau être en forme et rapide, elle avait besoin de repos à ce moment-là. Hé. Elle venait quand même de tenter de semer un gros vilain pas beau et ce, à travers la moitié de Limoges. Peu importe le bruit qu'elle avait fait ou l'attention qu'elle avait su provoquer un peu partout dans la ville, le grand maniaque s'était entêté à la poursuivre et c'était à présent à bout de souffle qu'elle n'avait plus d'autres choix que de se reposer.  Sa respiration était saccadée et son organe cardiaque battait tellement la chamade qu'elle pouvait entendre chacun de ses battements de cœur résonner dans sa tête.

Ce fut sans doute la raison pour laquelle elle ne l'entendit jamais les chats qui se battaient un peu plus loin ou le vent qui sifflait dans cette sombre ruelle où elle avait tenté de trouver refuge ou encore, les bruits des pas provoqués par celui qui se rapprocha lentement d'elle. Ce ne fut que bien trop tard qu'elle réalisa qu'il était là, lorsqu'il envoya valser plus loin la caisse qui se trouvait au-dessus d'elle d'un coup de bras rageur et qu'elle se retrouva d'un seul coup, étampée contre le mur. 

Instinctivement elle tenta de crier, mais son cri fut étouffé par la main qui vint se plaquer contre son visage. Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! Le gros vilain allait la tuer ! Puis, il la fusillait si sévèrement du regard, qu'importe ce qu'il pouvait bien dire, elle en était convaincue : elle allait crever et finir dans son petit déjeuner ! Pis merde ! C'était bien ce qu'il venait de dire, en plus ? 

En pleine panique, la rouquine lui mordit soudainement la main de toutes ses forces dans une tentative désespérée pour se sortir de là. Elles avaient beau être toutes petites, ses quenottes étaient très affutées et donc, le grand relâcha temporairement son emprise ce qui lui permit de lui asséner un bon coup de pied dans l'arbre à graines. 

- Haaaaaaaaaaaa ! 

Qu'elle cria tandis qu'il s'écroula par terre. Les hommes ont beau être grands et forts, ils deviennent tous faibles quand on les frappe là et la fillette qui en avait bien conscience, n'éprouvait pas la moindre hésitation à se servir de cette faiblesse contre eux. Ni une, ni deux, voilà qu'elle était repartie en courant, en criant à tout va. 

- AU ENVOLEUR, AU ENVOLEUR, AU ENVOLEUR ! 


Et les deux gardes qui passaient par là, ne manquèrent pas d'assister ébahis à cette scène, la bouche grande ouverte. L'un deux tenta de rattraper Fève, mais celle-ci prit davantage peur en pleine crise de panique.  

- AU ENVOLEUR, AU ENVOLEUR, AU ENVOLEUR ! 

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    En indigo, c'est Alice. - En olive, c'est Fève : "Mais.. Maman, j'ressemble pas à ça !"
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Hecthor.
Mon attention se portait sans cesse vers le bout de la ruelle. Je calmais ma respiration tout en tentant de contrôler l'asticot qui ne cessait de gigoter. Pour sûr, après ce soir il faudra encore moins me parler de gosses ! Il s'agissait juste d'attendre qu'ils partent et ensuite je me tire loin d'ici. J'entends le bruit s'éloigner, je lâchais un soupire de soulagement quand elle eut la magnifique présence d'esprit de planter des crocs dans ma main. Je l'agitais avec vivacité en tentant de faire le moins de bruit possible mais la peste savait taper où ça faisait mal. Alors je pliais genou, non pas pour faire ma demande non, mais pour endurer la sensation de mes globes qui remontaient douloureusement dans mon ventre. Souffle coupé, subissant la torsion de douleur qui remuait mes tripes, je crachais des jurons à l'égard de ce petit démon.

Elle se mit à crier,ENCORE et alors je regrettais de ne pas l'avoir bâillonnée. En m'appuyant sur le tas de caisse, je me redressais laborieusement tandis que la nausée vint m'assaillir. Elle ne m'avait pas loupé. Claudiquant vers l'autre bout de la rue, appuyé comme un ivrogne contre le mur, j'entendais le son de mon funeste destin se profiler. Les gardes ne prirent pas beaucoup de temps à me rattraper. Lorsque l'un d'eux m'attrapa par l'épaule et me fit pivoter brusquement, la nausée s'intensifia et je deversais sur lui le contenu de mes tripes. Mes yeux injectés de sang se relevèrent vers eux, ma capuche tomba en arrière, et je devinais qu'ils n'étaient pas contents (sans blague) :


- Fernand, mon bon vieux Fernand, copain de muraille. Ça baigne ? J'ai encore trop bu comme tu peux le voir.
-La fille vient de sortir de cette rue en gueulant, qu'est ce que tu lui as fait ?
-La fille, quelle fille ? J'ai pas réussi à emballer qui que ce soit ce soir...pas de bol...
-Tu vas passer la nuit aux cachots ça va te détendre.
- Fernand voyons...on se connait non ?


Non. Il fallait que ça tombe sur ce garde. Il ne pouvait déjà pas me pifer mais ce soir, j'étais la cerise sur le gâteau de son mépris. La situation était certes des plus ambiguë je le concède, mais il lui en aurait fallut moins que ça pour avoir le plaisir de me faire passer une nuit au trou. Soirée de merde.

Accompagné de mon escorte personnelle, je croisais à nouveau la rouquine survoltée. Je la fixais du regard comme si c'était un démon...non c'était un démon !

J'atterris lourdement dans une marre de boue nauséabonde, derrière les barreaux. Ma tête se cogna contre le mur et une matière visqueuse s'englua dans ma tignasse dorée. J'arriverais jamais à fermer l'oeil de la nuit. Dans ma misère, je n'aurais même pas une goute d'alcool pour agrémenter ma petite sauterie en prison. Cette dernière était étrangement vide. Joignant l'utile à l'agréable, j'en profitais pour saisir les conversations des gardes aux changements de poste voir même de déceler dans l'obscurité un visage qui ressemblerait au portrait du mari de Kachina mais cette recherche se soldera par un échec. La nuit va être longue.
--Fanette_loiselier
– Mais tudieu ! y vont m’réveiller le peu de pensionnaires qui m’reste à gueuler comme ça !

La brune claque la porte du bureau et attrape au passage un torchon dans la réserve, utile pour filer des coups aux importuns. Elle fait irruption dans la salle commune, juste à temps pour voir filer la gamine poursuivie par un moustachu. Epaules haussées en soupirant, c’est qu’elle a d’autres chats à fouetter avec la disparition de la tenancière. Ça devient récurent cette histoire de disparition. Elle a bien entendu causer déjà d’un pensionnaire de l’auberge qui s’est évaporé, et se demande qui sera le prochain. Puis la Fanette, ce n’est pas trop son genre de filer comme ça, sans avertir. Mahaut ne peut pas se plaindre. L’arrangement trouvé avec elle ne lui a jamais été défavorable. Et quand les recettes sont maigres, il lui reste toujours la vente des récoltes des parcelles de terres arables rattachées à la bâtisse. Même une fois payés les journaliers qu’elle embauche au nom de la Loiselier, ça lui rapporte un pécule non négligeable.

Il n’empêche que la Brune n’a pas envie qu’on l’accuse de profiter de la situation. Qui oserait d’ailleurs le penser ? Elle rend service, fait ce qui a toujours été convenu avec Fanette. Elle s’est quand même souciée de savoir si elle pouvait apprendre quelque chose. Pas que la blondinette compte parmi ses amies proches mais quand même, d’une certaine manière, elles sont liées, au moins par les affaires. Elle a interrogé les habitués du lieu, les amis, même le bourgmestre.

– Oui, j'ai ouï dire qu'elle a disparu mais elle doit pas être bien loin, avait affirmé ce dernier, un brin condescendant. Comme toutes les gonzesses, elle sera sûrement partie r'joindre un amant au hasard d'une route, ou bien elle s'est volatilisée parc'qu'elle sait pas c'qu'elle veut. C'est tellement féminin d'pas savoir ce qu'on veut. Mais vous inquiétez pas, j'ai dépêché la milice pour partir à sa recherche des fois qu'elle aurait vraiment disparue à l'insu d'son plein gré.

C'est ça oui, il la prenait vraiment pour une buse lui. Si c'est la même milice qui est sur les traces du premier pensionnaire disparu, ils allaient encore attendre longtemps. Si ça se trouve, c'est juste un coup pour nuire à la concurrence que le Lupo fait à la taverne municipale. Malgré tout, un début de piste pourrait conduire en Franche-Comté, c’est que même le gars de Fanette n’en démordait pas. Il affirmait un peu amer qu’elle était partie rejoindre son noir là-bas, et que deux hommes de son entourage l’avaient rejoint avec son gosse. Mais le gosse justement, c’est bien lui qui faisait nœud dans cette histoire. Ursicin avait bien dit qu’elle ne serait pas partie de son plein gré en le laissant ici. Puis, le grand Nordique était revenu mener l’enquête lui aussi, inquiet de ne savoir où la trouver.

Mahaut ne sait pas trop que penser. Si ça se trouve, l’Angevine est morte noyée, et le fleuve abandonnera sa dépouille gorgée d’eau quelques lieues en aval. Peut-être pourrait-elle vivre du Lupo jusqu’à la majorité du petit héritier. Elle chasse cette pensée en prenant une longue inspiration. Pour le moment, on ne sait rien.

Quelques godets traînent, elle les ramasse et passe un coup de chiffon sur le bois sombre des tables, avant de retourner dans les appartements de la tenancière. Elle a une idée, une idée indiscrète mais une idée quand même. Faute de savoir où faire suivre la lettre reçue au matin de la disparition de la fauvette, elle l’a rangé dans le tiroir du bureau. Elle la ressort, et près de la flamme usée d’une chandelle, la lit, et farfouille finalement à la recherche du nécessaire d'écriture. Que risque-t-elle à se renseigner d'un ou deux courriers ?

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Eirik_gjermund


Eirik avait accompagné les deux hommes et le gamin jusqu'aux limites de la ville. Pourquoi ? Il savait Milo en sécurité. Un dernier baiser au petit, un salut aux gars, et Eirik avait fait demi-tour, sur Hunt. Hund sur ses talons.

Il régnait à Limoges une grande confusion. Pourquoi ? Fanette !
Eirik la savait très populaire, partout où elle passait. Elle se faisait toujours des amis. Et parfois, des ennemis. Mais les plus redoutables venaient de son passé.

Tout Limoges causait de l'absence de Fanny ! Eirik n'en revenait pas. Un soir, quelqu'un en taverne avait changé de sujet. On lui répondit un : "bon, en on revient à Fanette, elle est où ? ".
C'était dingue. Mais ça passerait... Si la Fauvette ne se montrait plus, savoir où elle était ne serai pas le tout premier ragot en vogue.
Les fois où Eirik sortait des bois, on lui posait des questions. S'il disait n'avoir aucune idée de l'endroit où était sa protégée, ça pourrait la mettre en péril. Dire qu'il savait où elle était... Ce serai un secret.

Qu'Eirik sache ou ne sache pas, il n'en dirait rien.

Sans Fanette et sans Milo, la vie à Limoges était très différente ! Hund n'avait plus besoin de faire le plantain derrière le comptoir et Eirik pouvait dormir dehors à loisir.
Le Nordique avait dit à Mahaut que si toutes les chambres étaient occupées, qu'elle donne la sienne.
Eirik était un homme organisé. Parfois. Sa chambre, où il dormait deux ou trois fois par semaine, était très propre et rangée.

Avec chien et cheval, le Blond dormait dans la forêt. Il s'y sentait libre ! Et ça fleurait bon. Comme l'odeur de graillon accrochée aux basques de Mahaut.
Le gentille et généreuse tavernière avait la faveur d'Eirik... Certes, elle n'était pas belle. Pas moche non plus. Et ce n'était plus une gamine.
Eirik songea en souriant à une missive envoyée par un jeune-homme. Il aurait pu être son père. Eirik l'avait vu dans une taverne, mais il ne savait plus trop... Le petit jeune-homme se souvenait de lui et du nom de ses bêtes ! Eirik s'était poliment gratté une couille et le jeunet avait fait une remarque qu'Eirik avait oublié.
Le presque quadragénaire avait une touche. Le ventre grassouillet de Mahaut avait largement plus ses faveurs qu'un torse dur. Sans parler du reste... Oui, "le reste", là, en bas ! Ben oui.
Eirik avait répondu cordialement au courrier. Evidemment, il n'y aurait pas de suites autre qu'amicales.

Chez lui, ces "gens" avaient la vie dure. Contrairement aux pays Méditerranéens, le Nord était plus sauvage et moins conciliant. Deux hommes ensemble ? Deux femmes ensemble ? C'était tabou. Il fallait vivre dans le secret. Sinon.. déshonneur.
Comme en Moyen-Orient où en Afrique. Les pays occidentaux étaient plus libérés.


Eirik avait enfin réussi à tisser quelques liens, ici. Mais certains étaient partis... Laissant le Lupo vide de leur présence.

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Sa langue natale
--Mahaut.belon
    Limoges, 8 août 1469

Eirik proposa de laisser sa chambre, mais il pouvait bien dormir où il voulait, Mahaut pouvait malgré tout encore lui garder la une, au cas où. Les pensionnaires ne se bousculaient pas. Elle s'était fait une raison. Elle avait beau, contrairement à Fanette, être native de Limoges, elle n'était pas aussi douée qu'elle pour attirer le client.
Pour l'heure, ce n'est vraiment pas ce qui importait. Elle profita d'un moment où le grand Nordique venait prendre son repas, arrosé d'une chope de bière.

– Eirik, tu connais un Zentafi Al Kufa ?

Mahaut avait parfois le tutoiement facile. Cet homme-là, dont elle venait d'éveiller l'attention en prononçant ce nom aux sonorités exotiques, elle l'appréciait. Il semblait un peu sauvage de prime abord mais, elle pressentait qu'on pouvait lui faire confiance. Il semblait droit et direct. Elle aimait ça.

– Il est en route pour Limoges. J'ai trouvé un courrier de lui, arrivé au jour de la disparition de Fanette, alors, je l'ai lu et j'ai répondu.

Tout en l'informant de l'échange épistolaire avec l'étranger, elle attrapa un pichet de bière et une chope propre qu'elle posa sur la table où il achevait son repas. Il n'y avait personne, elle pouvait bien s'offrir une pause. Elle remplit de nouveau le godet presque vide du Nordique et se versa une dose de liquide ambré et mousseux avant de s'asseoir en face de lui. Léger sourire offert en portant la boisson à ses lèvres, avant de reprendre la parole :

– Tu vas faire quoi si on la retrouve jamais ?

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Eirik_gjermund


Parfois, Eirik "zonait" au Lupo, sans rien faire. Juste boire quelques chopes et voir le temps passer. Ne rien faire, c'était bien aussi. Eirik n'était pas un excité qui devait toujours s'occuper. Non, lui... Eh bien il aimait contempler les alentours. La nature comme les gens. Alors il ne faisait pas "rien", du coup.

Mahaut vint à sa table. La serveuse-gérante avait eu le courage d'accepter le chien-ours derrière son comptoir, prenant son courage à deux mains. Eirik ne l'avait pas oublié.


Eirik, tu connais un Zentafi Al Kufa ?
Oui.

Eirik se souvenait bien du Noir et du rire de Fanny lorsqu'elle était à ses côtés.
Il est en route pour Limoges. J'ai trouvé un courrier de lui, arrivé au jour de la disparition de Fanette, alors, je l'ai lu et j'ai répondu.
C'était assez étonnant, mais Mahaut avait bien fait, en fin de compte. Elle s'assit et se servit une bière qu'elle sirotait. Et rerempli la chope du Bourru.
Tack.
Ca signifiait "merci" et ça se prononçait plus "toc" que "tac". Fanette comme Mahaut en avaient maintenant l'habitude.

Tu vas faire quoi si on la retrouve jamais ? Demanda Mahaut avec son petit accent paysan.
Eirik leva le nez de sa chope et ses yeux couleur crevasse de glace rencontrèrent ceux de la gérante.
Non, vraiment... Ce n'était pas un canon de beauté. Eirik n'était pas un coureur de jupons. Mais il n'avait aucun mal à se trouver une femelle en quête d'exotisme, tremblante et ravie de se lever "un barbare". Les jolis discours étaient inutiles.
Même sans barbe et les cheveux coupés, Eirik serai bel homme. Il avait un joli visage, viril, la mâchoire carrée, le nez volontaire, les yeux malins. Malins mais blasés...

Il regarda Mahaut. Le tutoiement direct convenait tout à fait à Eirik.

J'aime bien cette ville mais c'est celle de Fanette, pas la mienne. Si elle ne revenait pas...
Eirik n'y croyait pas une seule seconde.
... je te laisserais une adresse pour me joindre, au cas où elle ou toi auraient besoin de moi.
Eirik était le protecteur de Milo et Fanette après tout. Elle avait très bien su le joindre lorsqu'elle avait eu besoin d'être rassurée.
J'irais vers les Alpes, au nord-est d'ici. Je profiterais du climat...
Et là... Eirik sourit. Pas un grand sourire, non, juste l'étirement de commissures, qui ne dévoilait pas sa dentition - pourtant fort acceptable. C'était Milo qui lui avait appris à sourire. Le petit gamin ne comprenait pas son éternelle mine renfrognée et il prenait cette expression pour lui, croyant Eirik en colère. L'enfant avait enseigné à l'homme l'expression universelle des émotions positives.

Le monde continue de tourner. Toi, tu feras comme tu as très souvent fait je suppose. Même s'il n'y a pas grand monde, tu tiens bien la maison.
Tu as des enfants ?

Et le voilà qui taillait le bout d'gras ! Mais non, pas Mahaut, la discussion !
La plantureuse femme avait le physique d'une maman. Une opulente poitrine pâle, des hanches épanouies et assez de gras pour nourrir sans mal un bébé dans son ventre.
Eirik termina sa chope et se laissa resservir sans rechigner.

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Sa langue natale
--Mahaut.belon
La tavernière écoutait parler le Nordique, un fin sourire aux lèvres. Cet homme, plutôt séduisant, était un mystère. Il semblait ne jamais se départir de son sang-froid. Si la Fanette avait été une de ses proches, Mahaut aurait été aux quatre-cents coups, mais lui affichait une certitude tranquille, comme si elle était simplement partie en voyage, ou si on allait la retrouver au lendemain.

Elle se contenta du oui, comme réponse au sujet de Zentafi al Kufa, mais crut bon malgré tout de préciser que l’homme, dans le courrier qu’il avait envoyé en retour, semblait inquiet. Puis la discussion prit un tour moins formel.

– Des enfants ! Grand Dieu non ! s’exclama-t-elle en riant. Pas que je les aime pas hein, mais il faudrait pour ça que je supporte un homme. Regarde-moi, j’gagne ici de quoi vivre. Quand Fanette revient, j’trouve toujours à m’faire embaucher aux champs ou chez les teinturiers en face. Pourquoi j’me coltinerais un homme qui me dicterait ma conduite, surveillerait mes fréquentations, et me garderait chez lui à torcher ses mioches pendant qu’il se taperait des plus girondes que moi ?

Elle reposa sa chope et défia Eirik d’un regard assuré.

– Des hommes, j’en trouve qu’quefois pour m’tenir compagnie. J’apprécie, du moment qu’ils ont pas l’idée d’vouloir m’épousailler après.

Son père, quelques années plus tôt avait bien essayé de la marier, mais le prétendant, un gentil p’tit gars qui pesait moins lourd qu’elle, l’avait laissé de marbre, trop timide, trop chétif, trop rouquin, et surtout, pas assez entreprenant. Elle s’était débrouillée pour décourager celui-là, et toutes les recrues suivantes du paternel, si bien que, les années passant, le fourbisseur s’était résigné à la voir rester vieille fille.

Mahaut sourit à Eirik, découvrant une denture blanche qui aurait été parfaite s’il ne lui manquait pas un croc à l’étage supérieur.

– Et toi mon gars, t’en as des enfants, et une blonde quelque part ?

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Eirik_gjermund


Inquiet ? Pas inquiet ? Les deux.
Eirik menait son enquête discrètement.

La conversation se fit plus badine, dirigée par le Nordique.
Mahaut réagi vivement à sa question en mettant à l'honneur sa liberté et son indépendance.

... Des hommes, j’en trouve qu’quefois pour m’tenir compagnie. J’apprécie, du moment qu’ils ont pas l’idée d’vouloir m’épousailler après.
Eirik sourit, plus franchement que d'habitude. Une telle femme, c'était rare ! Libre et libérée. Une qui ne cherche pas le grand Amour où une bourse généreuse.
Eirik n'était jamais tombé sur une vénale. Forcément. Avec son apparence, on l'imaginait mal vivre dans un joli manoir ! Quant aux transies d'amour... Oui, quelques fois. Rarement. Son côté ours éloignait souvent ces femmes romantiques.
En amour, Eirik savait se montrer doux, tendre, attentionné. Mais il évitait. Histoire qu'on veuille pas le garder. Son besoin de tendresse humaine étant extrêmement proche de zéro, tout allait bien.


Et toi mon gars, t’en as des enfants, et une blonde quelque part ?
"Mon gars". Pas de chichis !
Grmpf. Ja. "Et barn". Je veux dire, oui, un. De connu. Il est largement en âge d'être père.
Sinon j'ai bien du en engrosser plusieurs, mais comment savoir ? J'ai voyagé et couru la gueuse. Plus jeune.

Ca remontait à si loin, lui semblait-il... Ses vingt ans... Comme une éternité !
Il but plusieurs gorgées.

Nei, pas de blonde. Je préfère les brunes. Moi non plus je ne veux pas m'encombrer d'une femme qui piaille à longueur de journée, qui m'emmerdera quand je bois, qui voudra se marier, avoir un gosse duquel je devrais m'occuper...
Toi et moi, on préfère la liberté.

Peut-être qu'un jour, Mahaut et lui seraient libres ensemble, une ou deux nuits...

Une jouvencelle, c'est beau. Ferme, frais, neuf. Et c'est tout. Des rêves plein la tête et un corps dont elles ne savaient pas encore se servir...
Eirik préférait les femmes d'expérience. Peut-être moins jolies, moins jeunes, moins fermes. Mais largement plus savantes des jeux de l'amour !
Pourquoi pensait-il à tout ça, d'un coup ?! "Un coup". Son dernier remontait à plusieurs mois. La qualité, la qualité ! Pas la quantité.
Eirik aurait ses quarante ans avant l'hiver.
Son fils, son seul bâtard connu, il l'avait conçu lorsqu'il avait quinze ou seize ans à peine. Alors il pouvait largement être grand-père. Ce qui ne lui posait aucun problème. La vieillesse ne lui faisait pas peur. Lorsqu'elle arriverait, Hund sera mort. Pour Hunt, il ne savait pas. La bête n'était plus toute jeune...
Eirik s'imaginait vivre en solitaire dans les montagnes. Ou retourner chez lui pour mourir. Revoir sa famille, sa sœur. Jouer avec les petits-enfants de celle-ci... Oui...
Mais ce n'était pas le moment ! Là, Eirik débordait de la fougue de ses presque quarante ans !

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Sa langue natale
--Mahaut.belon
– Pour sûr qu'on la préfère !

Mahaut attrapa le pichet de bière et compléta le niveau dans les chopes, puis elle leva la sienne pour inviter le Nordique à trinquer.

– A notre liberté !

Elle éclata d'un rire franc et joyeux, avant de porter à sa bouche le liquide ambré. Elle en but la moitié de la chope et essuya la mousse qui ourlait ses lèvres d'un revers de main.

A ce moment-là, un petit groupe fit une irruption bruyante dans la salle commune et s'installa quelques tables plus loin. La brune se releva, balança une tape amicale sur l'épaule du Blond.

– Les affaires reprennent, tu m'excuses Eirik !

Et, le gratifiant d'un clin d’œil, elle s'avança vers ses clients.

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--Mahaut.belon
    Août 1469

Le Lupo n'était pas l'établissement le plus distingué de Limoges. De là à accueillir ce genre de clientèle, il y avait une marge. Raymond, crasseux, pieds-nus, poussa toutefois la porte sans la moindre gêne.

La salle était vide. Il était encore tôt. C'était une bonne affaire, parce que la dégaine du jeune homme aurait eu de quoi faire tiquer. D'ailleurs, Mahaut tiqua. Petit, trapu, les cheveux taillés à la diable, les joues rongées par l’acné, les vêtements roides de crasse, les ongles en deuil et les pieds... Il allait laisser des traces sur son plancher, c'était sûr.

– Vous faut quelque chose, demanda la brune en avisant le jeune homme d’un air circonspect.

Celui-là, elle ne l’avait jamais vu encore, il avait plus l’air d’un pauvre hère que d’un voyageur. Néanmoins, fidèle aux habitudes de la maison, instaurées par la fauvette, elle emplit un godet de vin et vint le poser sur la table la plus proche de lui.

– Bienvenu au Lupo !

Bon, un verre de pinard. C’était déjà ça! Raymond le but d’un trait avant que la tenancière ne change d’avis. Puis, avant d’être renvoyé dehors, il tendit la paire de chausses qu’il tenait à la main. De bien petites chausses dans ses grosses paluches.

– Ouais… C’est que… L’aut’jour, j’étais sur la rive à ramasser mes anguilles… Pis j’ai trouvé ça. Sur le coup, j’me suis dit j’vais les garder, mais ça fait à personne de la famille...

Mahaut fronça les sourcils en récupérant les groles.

– Puis, subitement vous vous êtes dit que c’était les miennes ?

Elle les examina d’un peu plus près, trop petites pour y entrer ses pieds, c’était sûr. Etaient-elles à la fauvette ? La taille pouvait correspondre, ça semblait pas bien grand pour appartenir à une demi-portion comme elle. C’est que la Mahaut n’avait jamais reluqué les arpions de sa patronne.

– Où qu’vous dites que vous les avez trouvées ?
–Bah j’vais vous raconter toute l’histoire que vous allez en avoir les ch’veux dressés sur la tête.

Il ménageait ses effets, le Raymond. Il s’était laissé dire qu’il y avait une récompense à la clef. Avec les chausses comme preuve, il était un témoin fiable. Histoire de gagner du temps, de faire monter la tension, il se gratta la joue, accrochant au passage une croûte et étalant un peu de sang qu’il essuya de sa manche.
De circonspecte, Mahaut devenait suspicieuse.

– M’enfin causez oui, vous savez quelque chose sur la disparition de l’aubergiste, ou bien ce sont les chausses de la rousse que cherche Kachina ?
– Qui c’est Kachina ? Nan, nan, la femme c’était une blonde comme celle qu’on cherche ici, la mère elle m’a dit qu’y’avait des portraits et tout.

Mahaut avait appris ça récemment. Des avis de recherche avaient été diffusés à toutes les prévôtés du royaume. Elle avait entendu des clients en causer la veille. Elle planta un regard peu amène dans celui du jeune homme.

– Comment vous savez qu’ils sont à une femme blonde, vous l’avez vu ? Vous avez quelque chose à voir avec sa disparition vous ?
– Bah non, mais j’ai tout vu ! Comme je vous vois ! Les chausses, j’suis allé les ramasser après, pas fou !

Voyant l’impatience de la femme, il prit le ton de celui qui essaye de raconter et se fait sans cesse interrompre.

– Comme j’disais, l’aut’jour, je m’en vas ramasser des anguilles. À la rivière, hein, forcément. Là-bas où y’a le p’tit bosquet d’saules. C’est un bon coin parce que on peut y poser les collets aussi. Et pendant qu’on attend que ça se passe, on peut essayer d’avoir les oiseaux à la fronde. Y’en a toujours des tas dans le hêtre… Pis c’est un endroit bizarre, l’autre jour, des pièces d’or, que j’y ai trouvées !

La brune écarquilla les yeux de surprise. Un témoin, mais bon sang, il ne se manifestait que maintenant ce crétin ! Puis des petits bouquets de saules, y’en avait pléthore le long de la Vienne, cependant, elle avait sa petite idée. La Fanette, chaque matin, elle allait rendre visite à sa fille, enterrée sous un jeune hêtre.

– M’enfin ! Vous pouviez pas l’dire plus tôt hein !

– Mais c’est que j’savais point, moué! Pis j’avais la frousse !

– Bon ben maintenant que vous savez, vous allez filer voir le bourgmestre et le prévôt et leur raconter cette histoire, et dire aussi ce qui s’est passé, parce que là, à part me causer d’vos anguilles, j’sais toujours pas, elle s’est noyée la Fanette, ou bien … quoi ?

Raymond prit alors l’air grave et mystérieux tandis que Mahaut rongeait son frein en attendant qu’il cause.

– J’sais pas c’qu’elle a fait, cette femme, mais j’ai vu l’Sans-Nom l’amener en Enfer. Comme j’vous vois! Avec des démons en forme de loup qu’avaient les yeux blancs comme la lune. Elle a bien essayé de se sauver, mais l’Sans-Nom il l’a rattrapée pis remis dans la charrette. J’crois bien qu’elle s’est cassé d’quoi en sautant, parce que j’ai entendu le bruit jusque dans mon bosquet !

De nouveau, les sourcils bruns se soulevèrent de surprise. Des loups, l’sans-Nom, c’était quoi cette histoire ?

– Bon, vous allez voir le Bourgmestre et le Prévôt, et moi j’vais écrire à c’lui qui la cherche. Et … Et allez-y hein, sinon c’est moi qui vous r’trouve et qui vous ramène au sans-Nom !
– Bah, sûr, mais, c’est que… C’est de l’information, hein ? Pis j’ai ramené les chausses...

Elle y consentit en lui rendant lesdites chausses.

– T’nez, s’ils veulent une preuve.
– Ouais, ouais… Mais c’est quand même mon âme éternelle qu’est en jeu, hein ? J’ai pris des risques…

Il tournait autour du pot, mais… Quoi ? Elle était bouchée la tavernière ? Pour quelques pièces, il décampait. Sinon, elle aurait aussi pu lui laisser un tonnelet de vin, quelque chose, n’importe quoi… C’est bien la peine de se casser le tronc à rendre service, tiens !

– Dites, ça vous l’direz au Prévôt, j’ai rien à voir là d’dans moi. Mais merci d’être passé.

Pour la peine, elle remplit de nouveau son godet de vin, en espérant qu’il n’en réclame pas un troisième, fallait pas pousser quand même. Raymond vida le godet et tourna les talons d’un air morose. Voilà ! Ces bourgeois, tout leur était dû ! Il avait pensé se faire assez d’argent pour glandouiller le reste de l’été, mais non. Deux godets de picrate et c’était marre. Et en plus, aller voir le maire ! Le prévôt ! Ben oui, toué ! La bonne idée pour un braconnier ! Pour se venger, une fois dehors, il se moucha dans ses doigts et passa la main sur la porte.


Ecrit à quatre mains, Raymond Moreau & Mauhaut Belon
Artemon
Foutredieu, elle pouvait pas ouvrir une taverne dans le centre du bourg, comme tout l'monde non ?

Je peste, trimballant ma hache et mon baluchon. C'est qu'elle est au diable vauvert la bicoque de la demi-portion. Je ris tout seul en marchant le long du chemin. Dois-je croire les deux voyageurs sympathiques que je viens de rencontrer. L'idée que la Fanette ait pu se taper un type et le plaquer pour s'en payer un autre est tellement loin de l'image de la prude jeune femme qu'elle nous a toujours donné d'elle. Elle me doit une explication là, et rien qu'à l'idée de la voir mal à l'aise, je me marre encore une fois.

Enfin, j'aperçois la barraque. Le loup et l'oiseau sur l'enseigne ne laisse aucun doute. Je souris comme le grand con que je suis en passant la porte. C'est que j'suis content de la revoir la p'tite. Mes grandes guiboles me portent direct au comptoir, le plat de ma main y claque, guettant la réserve d'où j'entends du bruit.


Ohé Tavernière ! Sors donc de là et viens embrasser un vieil ami ! Puis sers lui à boire tant que t'y es !
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Merci jd Amarante.
--Mahaut.belon
Mahaut se précipita derrière son comptoir, sourire affable arrimé à ses lipes.

– Vous servir à boire, bien sûr, répondit-elle en attrapant le pichet. mais pour le reste, on s'connaît ? Ce serait pas plutôt la Fanette que vous voulez voir ?

Evidemment que c'est d'elle que le barbu, pas si mal fait, cause. Puisqu'il se présente comme un vieil ami, la brune se présente, et obtient le nom du type en retour. Elle s'extasie d'un large sourire, c'est qu'elle en a entendu causé du barde et de la turlute, en long, en large et en travers. Bon, celui-là, à l'entendre, c'est pas le musicien c'est l'autre, mais c'est du pareil au même. La Limougeaude a même longtemps espéré que sa patronne accepte l'embauche, au moins, son avenir à elle était assuré ici, pour la remplacer à demeure. Du coup, elle se fait plus bavarde encore.

– C'est qu'elle a disparu la Fanette, ça va faire presque un mois, vous l'saviez pas ?

Elle observe sa réaction de surprise et lui tend une bafouille qu'un homme avait portée quelques jours plus tôt et qui levait le voile sur l'endroit où se trouvait la jeune mère, et l'identité de celui qui l'avait enlevé. Elle laissait supposer qu'une autre jeune femme était avec elle, probablement sa frangine qu'on avait pas revu non plus.

– Muret, vous l'connaissez vous ?

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Artemon
Je soupire en détaillant la lettre. Visiblement, l'amoureux transi qui cherche à oublier la demi-portion dans l'opium se fout de doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate.

L'acrobate si on en croit le papelard n'est pas partie s'en taper un autre, on ne lui a visiblement pas demandé son avis. Me v'là bien emmerdé. J'entends déjà le barde rire en apprenant que j'vais aller sauver la veuve et l'orphelin ... enfin dans son cas, la mère et ... bah non, l'mioche n'aurait pas été enlevé en même temps qu'elle, si j'en crois les détails que Mahaut m'donne à la suite. Etrange, c'est que j'voyais déjà mal la pâlotte plaquer un type pour un autre, même si l'idée me fait marrer, mais partir sans son gosse, ça, suffit de l'avoir fréquenter quelques semaines comme nous tous, pour savoir que c'est tout bonnement impossible.


Bon Mahaut, qui est au courant pour Muret, faut aller taper sur ce Baal, c'est ça ?

Dans quoi j'vais m'fourrer encore moi, mais bon, pas possible d'envisager de laisser cette petite donzelle qui nous a chouchouté tout le temps de notre séjour chez elle, se faire embarquer comme ça ... merde ! Comment j'peux encore la convaincre de venir bosser à la turlute si je me la fais souffler sous le nez moi !
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Merci jd Amarante.
--Mahaut.belon
Mahaut dévisage l'homme, un peu amusée. Il est enthousiaste, elle pourrait presque penser que l'idée d'aller taper du vilain l'amuse. Elle ne le détrompe pas, pas plus qu'elle ne l'y encourage. C'est que la Brune n'est pas vraiment décidée sur son avis. La partie amicale de sa personne espère sincèrement que la Fanette va s'en sortir, et son côté un peu plus égoïste apprécie de gérer l'auberge, qui lui fournit un travail plus agréable, même s'il est tout aussi dur, que d'aller s'échiner chaque jour aux champs.

– A vot' guise. Mais il y a déjà au moins deux hommes qui sont partis là-bas. Un grand Nordique guère commode, et un autre que j'connais pas, un noir j'crois.

Elle avait précisé ce détail, allez savoir pourquoi. Peut-être parce qu'elle n'avait guère voyagé dans ses presque trente ans d'existence et que des hommes à la peau sombre, ça courait pas les rues. Elle n'était pas sûr que ce Zen qui lui avait écrit le soit en vérité, elle l'avait entendu dire … par qui ? Elle ne s'en souvenait plus … peu importait.

Elle planta son regard dans celui du barbu et haussa les épaules.

– Peut-être bien que l'temps qu'vous alliez là-bas, ils s'ront revenus … ou bien, ils s'ront tous morts.

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Artemon
J'attrape ma carte et rapidement, étudie les routes. Mouais, quelques jours pas plus pour Muret, mais vrai que s'il y a déjà du monde, à quoi bon. Mais le visage mutilé de la petite Kacis me hante encore, même si j'en cause jamais plus, tout comme celui de ma mère et de ma soeurette. Quel type je serais à fermer les yeux comme les types d'ici, hallucinants !

Bon écoute ma jolie, si t'as des nouvelles et qu'elle est tirée d'affaire, surtout, tu m'envoies un pigeon, j'ferai demi tour. En attendant, trouve moi un pieu, j'partirai demain.
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Merci jd Amarante.
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