Jo_anne
[Fin avril 1466]
De drôles de soirées, elle en avait passé un certain nombre la gitane. Des émouvantes aussi. Des alcoolisées on n'en parle même pas. Des surprenantes également. Mais pour autant qu'elle s'en souvienne, elle n'avait jamais vécue soirée qui fût tout ceci à la fois, et bien plus encore. Non mais sans rire, il allait la tuer...
[Mais revenons un peu en arrière]
L'aveugle vagabonde avait encore disparu durant de longs mois. De raisons, elle ne saurait en donner. Elle fuyait toujours quand elle sentait qu'elle pourrait rester au même endroit bien trop longtemps. Pourtant, chaque fois qu'elle avait fui, elle avait fini par revenir, porter par le besoin de revoir quelqu'un. Ce fût souvent Sulfura ou Eleus, parfois Anna... Cette fois-ci, ce fût Amalio Corleone. Pourquoi ? Bien des gens se posaient la question. Et sa réponse les laissait tous plus sceptiques les uns que les autres.
Amalio Corleone. 23 ans que ça durait...
- Tu parles, j'sais bien que t'es pas venue pour moi, t'passais là par hasard !
- Par hasard ça veut pas dire que j'te cherchais pas
Quand, la solitude aidant, elle remarqua que ses pensées voguaient toujours près d'un trio d'Italiens. Elle avait fini par accepter le fait qu'ils lui manquaient quand, tandis qu'elle se faisait draguer par un jeune mercenaire espagnol, très certainement séduisant vu son assurance, elle avait rétorqué qu'elle était déjà prise. Son dernier amant hantait probablement un peu trop les pensées Joannesque. Aussi avait-elle repris la route. Et quand le hasard l'eût déposé à Limoges, ses pensées incessantes et souvenirs obnubilant avait pu laissé place à une douce réalité.
- tu m'as manqué. avait-il murmuré le premier soir
- on devient sentimental ? ... toi aussi, Am'... tu m'as manqué.
Ils avaient été heureux de se retrouver. En témoignaient les baisers volés. Ceux qui avaient fait fuir le fils aîné, mal à l'aise. La gitane retrouvait le sourire. Et d'après les dires de son fils, le Padre également...
Cela faisait 23 ans qu'ils jouaient au jeu du chat et de la souris. Il se cherchaient, se trouvaient, et reprenaient leur chemin. On n'attache pas un courant d'air. Alors deux courants d'air... Néanmoins, l'Italienne se sentait bien auprès du Corleone. Elle ne pouvait plus nier ses sentiments. Elle l'aimait et cela se voyait. Cela s'entendait quand elle parlait de lui. Elle avait juste beaucoup de mal à l'admettre. Pour plusieurs raisons...
D'abord, la réputation d'Amalio Corleone n'était pas vaine. Si elle lui plaisait, elle savait également que bien d'autres lui avaient plu également. Elle avait longtemps été persuadée que se laisser attraper serait le point de départ de son désintérêt. Puisqu'il pouvait avoir toutes les femmes qu'il voulait, ce qu'il voulait c'était surement celles qu'il ne pouvait pas avoir. Comme tout être censé. Et vu qu'elle aimait bien jouer au chat et à la souris... Elle avait joué.
Ensuite, parce qu'elle avait été mariée. Très jeune. A un homme merveilleux qu'elle avait aimé de toute son âme. Depuis lui, elle n'avait jamais vraiment voulu se laisser attraper. Elle avait toujours clamé qu'il était son véritable amour. Elle commençait à croire qu'il était simplement son premier amour. Après tout...
- Jo ma belle, veux-tu rentrer avec moi ?
-oui, s'il te plaît
- Il est bien assez tard pour ma vieille carcasse
- j'vais pas laisser ta vieille carcasse partir seule... après on s'perd pendant des mois.
- Alors m'perds pas tout d'suite, ça me ferait plaisir.
Après tout, il était son amant depuis des années. L'un des meilleurs - ne lui donnez pas la grosse tête tout de suite. Son amant, et son ami aussi. Elle n'avait jamais eu à lui mentir, ni à lui promettre quoi que ce soit. Elle adorait le faire râler. Et elle passait toujours d'agréable moment à ses côtés.
Après tout, ils s'étaient perdus de vue à plusieurs reprises. Et ils s'étaient toujours retrouvés. Pleinement. Avec plaisir.
Après tout, il lui avait donné deux beaux enfants, certes un peu cinglés, mais tout de même...
Après tout, il était resté auprès d'elle, malgré son handicap, il l'avait aidée, il l'avait protégée, il l'avait fait rire... Il lui avait fait oublier ses malheurs.
Après tout, 23 ans en pointillé... 23 longues années. Et il y avait toujours autant de plaisir à être auprès de lui, autant de désir, autant d'amusement et de taquinerie. C'était peut-être ça finalement....
La seule femme du monde pour qui le patriarche Corleone est un homme fidèle. Que va devenir ma réputation?...
Amalio murmure, aussi légèrement qu'un souffle : "je crois bien que c'est parce que j'suis heureux avec toi."
[Limoges, 27 avril 1466]
Elle savait qu'il l'aimait, mais elle n'aurait jamais pensé, jamais imaginé, jamais espéré en arriver là. Attendre ça. Elle l'avait toujours pris en riant. Quelques jours plus tôt, elle se souvenait parfaitement de ses mots...
fais-moi penser à te présenter comme ma femme, un de ces jours avait-il lâché comme si de rien n'était. Elle avait agité sa main devant lui, arguant que pas de bague, pas de femme...
Et la voilà ce soir, en compagnie de l'amusante danoise, à deviser sur la fatigue de celle-ci quand le dit homme entre, l'embrasse et ...
Nan, c'est dingue, elle ne s'en est toujours pas remise.
Amalio Corleone lui a passé la bague au doigt. LA bague AU doigt. Le bon, vous savez, l'annuaire. Une babiole en argent, gravé... Et venant de lui, comme ça au milieu d'une taverne, entre inconnues et récentes rencontres, elle en avait été toute émue... Il avait réussi à lui clouer le bec. Et double exploit, à couper le sifflet de la danoise par la même occasion. Régulièrement, elle faisait tourner la bague autour de son doigt, pour s'assurer qu'elle n'avait pas rêvé.
Joanne n'avait jamais été romantique pour deux sous. Pourtant ce soir là, elle avait un sourire idiot sur le visage, une bague à l'annuaire, et un vieil acariâtre dont elle était folle à son bras. Et rien ne pouvait la rendre plus heureuse. Amalio Corleone lui avait passé la bague doigt...
L'avantage avec moi, c'est que je ne te vois pas vieillir; Pour moi t'es toujours aussi jeune!
Et il le resterait longtemps encore. Par contre elle, s'il continuait comme cela, il la ferait mourir d'une crise cardiaque avant d'arriver à l'été... !
De drôles de soirées, elle en avait passé un certain nombre la gitane. Des émouvantes aussi. Des alcoolisées on n'en parle même pas. Des surprenantes également. Mais pour autant qu'elle s'en souvienne, elle n'avait jamais vécue soirée qui fût tout ceci à la fois, et bien plus encore. Non mais sans rire, il allait la tuer...
[Mais revenons un peu en arrière]
L'aveugle vagabonde avait encore disparu durant de longs mois. De raisons, elle ne saurait en donner. Elle fuyait toujours quand elle sentait qu'elle pourrait rester au même endroit bien trop longtemps. Pourtant, chaque fois qu'elle avait fui, elle avait fini par revenir, porter par le besoin de revoir quelqu'un. Ce fût souvent Sulfura ou Eleus, parfois Anna... Cette fois-ci, ce fût Amalio Corleone. Pourquoi ? Bien des gens se posaient la question. Et sa réponse les laissait tous plus sceptiques les uns que les autres.
Amalio Corleone. 23 ans que ça durait...
- Tu parles, j'sais bien que t'es pas venue pour moi, t'passais là par hasard !
- Par hasard ça veut pas dire que j'te cherchais pas
- Malgré tous mes démons, et les menottes que j'ai au bras,
Si je te quitte pour de bon, le lendemain, je cours vers toi.
Le reste, on en reparlera
Quand, la solitude aidant, elle remarqua que ses pensées voguaient toujours près d'un trio d'Italiens. Elle avait fini par accepter le fait qu'ils lui manquaient quand, tandis qu'elle se faisait draguer par un jeune mercenaire espagnol, très certainement séduisant vu son assurance, elle avait rétorqué qu'elle était déjà prise. Son dernier amant hantait probablement un peu trop les pensées Joannesque. Aussi avait-elle repris la route. Et quand le hasard l'eût déposé à Limoges, ses pensées incessantes et souvenirs obnubilant avait pu laissé place à une douce réalité.
- tu m'as manqué. avait-il murmuré le premier soir
- on devient sentimental ? ... toi aussi, Am'... tu m'as manqué.
Ils avaient été heureux de se retrouver. En témoignaient les baisers volés. Ceux qui avaient fait fuir le fils aîné, mal à l'aise. La gitane retrouvait le sourire. Et d'après les dires de son fils, le Padre également...
- C'est un peu une déclaration même si je sais que tu n'es pas
Le remède ni la solution, tu n'es qu'une atèle à mon bras
Ce petit rien qui nous lie aux autres quand ça ne va pas
Un ultime langage de survie qui remet le monde à l'endroit
Cela faisait 23 ans qu'ils jouaient au jeu du chat et de la souris. Il se cherchaient, se trouvaient, et reprenaient leur chemin. On n'attache pas un courant d'air. Alors deux courants d'air... Néanmoins, l'Italienne se sentait bien auprès du Corleone. Elle ne pouvait plus nier ses sentiments. Elle l'aimait et cela se voyait. Cela s'entendait quand elle parlait de lui. Elle avait juste beaucoup de mal à l'admettre. Pour plusieurs raisons...
D'abord, la réputation d'Amalio Corleone n'était pas vaine. Si elle lui plaisait, elle savait également que bien d'autres lui avaient plu également. Elle avait longtemps été persuadée que se laisser attraper serait le point de départ de son désintérêt. Puisqu'il pouvait avoir toutes les femmes qu'il voulait, ce qu'il voulait c'était surement celles qu'il ne pouvait pas avoir. Comme tout être censé. Et vu qu'elle aimait bien jouer au chat et à la souris... Elle avait joué.
Ensuite, parce qu'elle avait été mariée. Très jeune. A un homme merveilleux qu'elle avait aimé de toute son âme. Depuis lui, elle n'avait jamais vraiment voulu se laisser attraper. Elle avait toujours clamé qu'il était son véritable amour. Elle commençait à croire qu'il était simplement son premier amour. Après tout...
- Jo ma belle, veux-tu rentrer avec moi ?
-oui, s'il te plaît
- Il est bien assez tard pour ma vieille carcasse
- j'vais pas laisser ta vieille carcasse partir seule... après on s'perd pendant des mois.
- Alors m'perds pas tout d'suite, ça me ferait plaisir.
Après tout, il était son amant depuis des années. L'un des meilleurs - ne lui donnez pas la grosse tête tout de suite. Son amant, et son ami aussi. Elle n'avait jamais eu à lui mentir, ni à lui promettre quoi que ce soit. Elle adorait le faire râler. Et elle passait toujours d'agréable moment à ses côtés.
Après tout, ils s'étaient perdus de vue à plusieurs reprises. Et ils s'étaient toujours retrouvés. Pleinement. Avec plaisir.
Après tout, il lui avait donné deux beaux enfants, certes un peu cinglés, mais tout de même...
Après tout, il était resté auprès d'elle, malgré son handicap, il l'avait aidée, il l'avait protégée, il l'avait fait rire... Il lui avait fait oublier ses malheurs.
Après tout, 23 ans en pointillé... 23 longues années. Et il y avait toujours autant de plaisir à être auprès de lui, autant de désir, autant d'amusement et de taquinerie. C'était peut-être ça finalement....
La seule femme du monde pour qui le patriarche Corleone est un homme fidèle. Que va devenir ma réputation?...
Amalio murmure, aussi légèrement qu'un souffle : "je crois bien que c'est parce que j'suis heureux avec toi."
- C'est un peu une déclaration, que je te fais
Car il est temps, je crois...
Pour vivre avec toi, Tu es mon chez moi
Mon premier et mon second choix
Mon rêve absolu qui ne tarit pas
[Limoges, 27 avril 1466]
Elle savait qu'il l'aimait, mais elle n'aurait jamais pensé, jamais imaginé, jamais espéré en arriver là. Attendre ça. Elle l'avait toujours pris en riant. Quelques jours plus tôt, elle se souvenait parfaitement de ses mots...
fais-moi penser à te présenter comme ma femme, un de ces jours avait-il lâché comme si de rien n'était. Elle avait agité sa main devant lui, arguant que pas de bague, pas de femme...
Et la voilà ce soir, en compagnie de l'amusante danoise, à deviser sur la fatigue de celle-ci quand le dit homme entre, l'embrasse et ...
Nan, c'est dingue, elle ne s'en est toujours pas remise.
Amalio Corleone lui a passé la bague au doigt. LA bague AU doigt. Le bon, vous savez, l'annuaire. Une babiole en argent, gravé... Et venant de lui, comme ça au milieu d'une taverne, entre inconnues et récentes rencontres, elle en avait été toute émue... Il avait réussi à lui clouer le bec. Et double exploit, à couper le sifflet de la danoise par la même occasion. Régulièrement, elle faisait tourner la bague autour de son doigt, pour s'assurer qu'elle n'avait pas rêvé.
Joanne n'avait jamais été romantique pour deux sous. Pourtant ce soir là, elle avait un sourire idiot sur le visage, une bague à l'annuaire, et un vieil acariâtre dont elle était folle à son bras. Et rien ne pouvait la rendre plus heureuse. Amalio Corleone lui avait passé la bague doigt...
L'avantage avec moi, c'est que je ne te vois pas vieillir; Pour moi t'es toujours aussi jeune!
Et il le resterait longtemps encore. Par contre elle, s'il continuait comme cela, il la ferait mourir d'une crise cardiaque avant d'arriver à l'été... !
La Déclaration, Debout sur le Zinc