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[RP] Il lupo e l'uccellino*.

Amarante.
Cela faisait combien de temps que les samedi Contes et Légendes, n'existaient plus ? Une année ? Peut-être plus ? Elle ne se souvenait plus vraiment ... Décidé un peu à la dernière minute, la Bretonne avait envoyé son équipe de choc, comme à son habitude, le couple le plus mignon de tout Limoges, à savoir la douce Léonie et son petit protégé Kieran ... Elle adorait ses enfants, qui n'en étaient plus vraiment et qui l'aidait beaucoup ...

Pour l'heure, il était temps de se rendre en lieu et place de la dite soirée. Elle avait habillé Catherine et tenait sa petite main dans la sienne, alors que l'enfant et la brune, marchait doucement dans la rue. Une fois devant la taverne de sa filleule, elle poussa la porte et remarqua de suite le changement qui s'était opéré dans la pièce.

Quelques personnes étaient déjà là et elle les salua d'un signe de tête poli pour ceux qu'elle ne connaissait pas, quand Fanette et Dom, ils eurent droit à un ...


Bonsoir Fanette, bonsoir Dom ...

Puis, elle prit place tranquillement, laissant Catherine s'installer sur ses genoux ...
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Domdom
La taverne commençait à se remplir au gré des arrivées.
Familles, groupes, individus isolés, chacun avait répondu à l'appel, dans l'espoir de passer une bonne soirée, de s'évader un peu des soucis du quotidien.

Les deux acolytes les accueillaient, sourire aux lèvres, expliquant ici où là comment se déroulerait l'évènement.
Domdom répondit chaleureusement au salut d'Amarante , qui venait d'arriver, accompagnée de son pitchoun et de deux adultes.

Le provençal observait Fanette, sa consœur, passer de groupe en groupe,avec naturel, verre en main, ayant toujours un mot gentil pour chacun.
Quoi de plus normal, finalement ? Elle était l'hôtesse, ici et elle connaissait quasiment tout le monde.

Domdom espérait que ses deux amazones et ses quelques connaissances passeraient assister à la contée.

Comme à chaque fois qu'il contait devant une assemblée de cette importance, le barbu marseillais ressentait une sorte de boule dans l'estomac, qui s'évaporerait très vite.

Mais en attendant, il fallait bien admettre que c'était le brouhaha des diverses conversations, des piaillements des gamins, des bruits de chope qu'on choque, qui régnait en maître absolu.

Mais Domdom savait d'expérience que ce capharnaüm mourrait dès que les voix des deux conteurs se feraient plus fortes.

A un moment donné, presque par miracle, le bruit ambiant retomba quelque peu, malgré les arrivées qui continuaient de s'échelonner.

Les deux animateurs en profitèrent pour capter l'attention de l'assemblée.
Ce fut le grand brun, après un regard de connivence avec sa collègue, qui prit la parole en premier,en s'éclaircissant la voix :



Bonsoir à vous.
Merci d’être venus nombreux à cette animation.
Pour ceux qui ne me connaîtraient pas, je me présente : Je m’appelle Dom et je suis conteur
Enfin…Passeur d’histoires , plus exactement.
J’y tiens , car pour moi , un conte est plus qu'une histoire racontée, mais un temps de partage et de transmission entre nous tous
Ce soir, avec la maîtresse des lieux, ici présente, nous allons vous proposer une soirée en binôme, où chacun contera à tour de rôle une de ses créations


Puis, balayant l'auditoire d'un regard panoramique, il ajouta, sourire aux lèvres :


Et si l'un ou l'une d'entre vous se sent des talents de conteur , surtout qu'il n'hésite pas à se manifester
Ce sera avec joie que nous l'écouterons, à notre tour



Le temps d’attendre que l’auditoire ne fasse encore plus attentif, et le conteur commençait à poser sa voix, puissante et limpide , au milieu de cette taverne bondée:


Dans une contrée pas si lointaine d’ici , vivait un seigneur qui régnait de façon cruelle et tyrannique sur ses sujets.
Quiconque lui désobéissait ou ne lui plaisait pas, se retrouvait en prison, ou pire, la tête tranchée.
Un jour, un de ses espions lui rapporta que dans un village reculé, une femme apprenait à lire et à écrire aux enfants.
Le despote , qui avait formellement interdit cela , décida d’en faire un châtiment exemplaire.
Il rassembla son peuple et se fit amener la fautive . ..


Voilà ! La soirée contes était lancée, cependant la boule que le passeur d 'histoires avait dans l'estomac mettait un peu trop de temps à s’estomper.
Kiernan.
Un coup de rhum, non deux ! Et puis non ! Trois finalement et une bouteille en réserve. C'est ainsi que Kiernan aime entendre les histoires de son conteur d'amant. Bien entourée... de picole ! Bien chargée et incapable de mettre la main sur une Jade sans doute en vadrouille dans quelques boutiques de vêtements. Elle l'aurait bien accompagnée mais non... la brune avait trop à faire dans l'après midi. Dormir, se reposer, paresser au soleil comme un lézard qui s'en gorge pour se mouvoir. Il lui faut au moins ça pour entretenir la dorure halée de sa peau, quelque chose qui lui donne ce côté exotique que ses origines n'ont pourtant pas. A vrai dire... elle est originaire d'où ? Elle même ne le sait pas. Du bateau paternel, c'est sans doute la meilleure réponse qu'elle puisse donner si on le lui demande.

Armée de suffisamment de munitions pour tenir ce qu'elle estime être un siège, la pirate se dirige vers la taverne pour l'histoire du soir et sans doute plus encore pour s'inspirer des mots du conteur pour mieux s'en donner la vigueur des "after" qu'elle prévoit. Un coup de pied dans la porte pour l'ouvrir - elle ne pourrait pas mieux faire avec les bras aussi chargés - et entre dans la caverne aux histoires. Déjà du monde, trop de monde. Elle comprend ce que disait Xandrya tout à l'heur Trop... ça donne cette lourdeur à l'air qu'elle connait pourtant bien depuis sa plus tendre enfance. Grandir au milieu d'une vingtaine d'hommes... autant dire que les soirées étaient à la débauche de chansons paillardes, aux rires et à cette odeur de musc masculin que Kiernan identifie à la testostérone. Ici, il y a de tout et elle se fraye un passage vers le comptoir près duquel elle devine le conteur. Un sourire en coin, quelque chose d'un brin narquois, puis elle s'installe l'air de rien, le plus loin possible des autres. Non c'est pas du dédain, juste qu'elle aime avoir une vision d'ensemble et ses bouteilles bien cachées.
Fanette_
Fanette avait tout juste eu le temps de s'occuper des enfants. Milo s'était endormi dans le lit de sa mère, comme chaque soir, et, dans le calme de la chambre, elle berçait une Stella repue de lait pour la rendormir. Elle l'avait ensuite délicatement allongé dans le panier, puis avait tendrement remonté la couverture sur elle avant de regagner la salle commune. Elle déposa sa fille sur une table qu'elle avait pris soin de faire disposer non loin du comptoir, puis, alla accueillir les convives qui, petit à petit, emplissaient la taverne.

Quand tous les sièges ou presque étaient occupés, Fanette balaya l'assemblée du regard, et rejoignit Dom, au centre des tables. Elle frappa dans ses mains, puis releva un regard vers le Provençal, l'incitant d'un regard à prendre la parole. Elle l'écoutait, acquiesçant à certains de ses mots. Quand il commença à conter, elle accrocha le regard de son père, venu s'installer à côté du panier de Stella, et s'empressa de les rejoindre. Assise auprès de lui, elle pouvait profiter de la veillée.
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Jademance
Fourbue d’avoir arpenté la place des marchands, pour garnir son enième pied-à-terre, depuis leur arrivée, elle s’était affalée sur le plumard, tous froufrous débridés. Et le bourdonnement de la Capitale limousaine, s’introduisant par les meneaux entrebâillés eut raison de la gasconne aux goûts ostentatoires, qui s’assoupit dans un soupire bouche béante à s’en décrocher la mâchoire.

Un bruit de verre qui se fracasse contre la pierre la sortit de son évanouissement. L’image d’une pirate tailladée fut le premier instantané à s’imprimer dans son imagination. Ce qui la fit bondir du moelleux de son alcôve. La pénombre baignait déjà la ville, lui rapelant qu’elle ne voulait manquer pour rien au monde cette soirée de contes, dont elle est si friande. Ni une, ni deux, elle troqua ses apparats endimanchés, pour une sobre, mais de bonne couture, tunique découpée judicieusement à la taille par une fine ceinture de soie.

Hâtant le pas jusqu’au dit lieu, elle s’arrêta net devant la porte, sur laquelle elle ne pu s’empêcher de glisser sa main en esquissant un fin sourire avant d’y coller une oreille attentive. La voix du conteur coulait déjà le préambule d’une première scénette. Se voulant des plus discrètes, elle tira le chevillette, prenant grand soin de ne pas faire choir la bobinette. Le grincement de la porte trahit cependant son arrivée, lui insufflant du regret. Encore fallait-il qu’elle referme cette foutue porte en perte de lubrifiant. Par un pur hasard, sa bienveillante étoile vint à sa rescousse quand un homme déjà bien imbibé lui emboîta le pas. Elle profita de l’intrusion tonitruante pour s’éclipser dans la masse déjà bien foulée. Trouvant un espace lui offrant une trouée sur le barbu volubile, elle y pris place puis se noya rapidement dans «l’assemblée du souverain persécuteur, qui s’apprêtait à enseigner à ses ouailles à distinguer le bien du mal ».
Domdom

L'assemblée était silencieuse, mis à part le léger bruit de chuintement de la porte d'entrée s'ouvrant sur les silhouettes de quelques retardataires, ou des pleurs de bébés vite étouffés par une douce main maternelle.
D’un regard circulaire, le grand brun balayait son auditoire, réuni en un large demi cercle , lui faisant face, alors qu'il se tenait lui même devant le comptoir.
Il accrocha celui de Fanette, lui offrant un sourire tout autant discret que ravi de voir autant de monde à leur animation, celui de Kiernan, sa flibustière, avec son éternelle bouteille en main, puis également celui de Jade, qu'il pouvait apercevoir, au fond, et qui semblait l'écouter avec une certaine solennité.
Passée la petite appréhension de départ, le conteur déroulait maintenant sa narration de sa voix souple et cristalline, comme une fileuse, dévide sa quenouille:

C’était une vieille femme, au visage ridé , dans lequel brillaient deux grands yeux d'un noir profond.

Le seigneur l’interpella , d’un ton cassant :
« Alors , misérable vieillarde , tu oses prétendre détenir le savoir et, pire encore, le transmettre ? »

La femme répondit :
« Oh non …Ce que je sais n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de toutes les connaissances »

Le baron la regarda de ses petits yeux cruels :
« Je vais te poser une question et si tu es incapable d'y répondre, je te ferai trancher la tête , comme à mon habitude ... »
« Et puis je couperai la tête de tous ces jeunes enfants à qui tu prétendais apprendre à lire et écrire »

Avec une pince, il prit une braise rougeoyante dans l’âtre et la jeta dans une cruche remplie d'eau : PSSCHHHHHHHIITTTTTT !!!
« Alors , dis moi vieillarde ridicule, toi qui sais tout… »
« Qui de la braise ou de l'eau a fait ce « pshittt » que tu viens d'entendre ? »



Petite respiration de Domdom, toujours à ce moment précis de l’histoire, juste pour saisir l’effet sur son auditoire de ce premier coup de théâtre.
Domdom
Souvent, lors d'une veillée aux contes, le premier conte sert à prendre ses repères, jauger son public, installer une ambiance et ajuster sa voix.
Cette histoire de la vieille femme courageuse, si universelle, était l'introduction idéale d'une soirée bien réussie.
Scrutant les visages de son auditoire, le barbu olivophile remarqua l'absence de quelques personnes qu'il aurait pourtant aimé retrouver icelieu.
Mais qu'importe ! La soirée tenait toutes ses promesses quand même.

La petite pause avait eu l’effet voulu : la majorité des auditeurs semblait comme suspendus lèvres du passeur d'histoires, impatients de savoir comment la vieille femme allait se sortir du piège tendu par le cruel seigneur.
Aussi, l'encapuché enchaîna –t-il , un sourire empreint de mystère aux lèvres :


La femme répondit , après un temps de réflexion :
« Je suppose…A la fois, la braise et l'eau .... »
« Oui, mais dans quelle proportion exacte d'intensité ? » , ricana le despote.

La vieille femme ne savait quoi répondre.
Mais la pensée que des enfants innocents allaient avoir la tête coupée , la révolta.

Elle s’approcha alors et s’inclina lentement devant son maître.
Puis, rassemblant son courage , sa haine de l’injustice et de l’obscurantisme , elle leva le bras en sa direction

Sa main , avec toute la force de sa colère , vint frapper la joue du seigneur en un « CLAC !» sonore.


Nouveau coup de théâtre dans l’histoire, salué par un « Ohhhh !! » , quasi général de l’assistance.
Immobile comme une statue , la silhouette se détachant en clair obscur inversé devant le brasier qui semblait l’envelopper d’un halo lumineux ,le grand brun passait de visage en visage , jouissant intérieurement de l’étonnement qu’il pouvait y lire.
Amarante.
La brune écoutait l'histoire, un petit sourire étirant ses lèvres. Catherine toujours installée sur ses genoux, elle expliquait avec des mots différents de l'histoire qui était contée ... Puis ajouté au creux de l'oreille de la petite quelques mots ...

À ton avis Catherine qui du Seigneur ou de la ville femme a eu le plus mal ? Tu vois, c'est la réponse de la vieille dame à la question posée ... Et je pense que c'est difficile à dire, mais la vieille dame a eu le courage de l'affronter pour protéger ce qui lui est cher ...

Elle déposa un petit baiser sur le front de la petite qu'elle tenait bien lovée contre elle ...

Écoutons la suite, pour savoir si je vois juste ...
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Domdom
Une fois encore , la magie du conte opérait.
Un lien invisible, à la fois ténu et solide s’était créé entre le passeur d’histoires et son public.
Un conte n’est jamais un monologue, mais un véritable échange entre les deux parties.
Dom aimait par-dessus tout aller chercher l’impact de ses mots ,les émotions cachées, dans le regard ou les gestes de ceux qui l’écoutaient avec autant d’attention.

Mains croisées dans le dos, le conteur marchait d’un pas mesuré , le long du comptoir de la taverne , martelant bien chaque mot important de sa voix chaude , musicale et portant loin :


Et c’est d’un calme empreint d’une grande dignité que la veille femme interpela le despote :

« Qui de ma main ou de votre joue a fait ce "clac !" que vous venez d'entendre ? »
« Et surtout dans quelle proportion exacte d'intensité ? »

Le tyran resta un long moment interdit , se frottant la joue.
Il avait l'air si ahuri que le peuple éclata de rire, d'un rire d'une telle ardeur, d'une telle ampleur qu'il le délivra de sa peur.

La foule se jeta alors sur les gardes , le despote et ses sbires , qui furent de suite conduits dans les geôles du château.

Depuis , dans cette contrée , on apprend aux enfants à lire et à écrire.
Mais aussi, et surtout, que la colère et le rire sont les armes du peuple


Des cris vite étouffés ,de satisfaction, de bonheur ou d’étonnement, fusèrent de la foule , lorsque le conteur se tut.
Et puis soudain, le silence, presque total.
Un long silence accompagnant toujours la fin d’une magnifique histoire parce qu’il est des instants magiques et éternels que l’on ne se donne pas le droit de souiller par des paroles.

Puis Domdom grimpa sur le dessus du comptoir pour s'y asseoir, jambes ballantes dans le vide, attendant les premières réactions , noyant un regard flou dans son auditoire qui ne tarderait pas à rendre son verdict.
Il rêvait d'un bon verre d'olivette, et même de plusieurs, car tout le monde sait bien que conter donne soif.
.
Xandrya


    Limoges, uhm... foutue citée dans laquelle elle trouvait que sa silhouette avait un peu trop trainée, et un courrier reçu la veille sonnerait le départ sous peu, mais pour l'heure... une rencontre fortuite avec une vieille connaissance dans la journée l'avait poussé à rejoindre la taverne de la gamine blonde avec sa marmaille. Fanette de ce qu'elle avait appris ce midi par le conteur, mais pour ce qu'elle s'en contrefoutait du blase de l'épousé Corléone... fin... de ce qu'elle disait.
    Toujours est-il que la démarche légèrement boiteuse de la rouquine se pointa vers "l'oiseau et le loup" ou l'inverse, quelle importance, pour trouver porte ouverte et déjà de la populasse... un léger plissement de nez animant d'ailleurs la peau pâle de la rouge.... trop de monde à son goût au demeurant, le pas fût tout de même fait pour entrer quand les dernières bribes d'une histoire qui ne lui était pas inconnue sonnèrent dans l'auberge.

    Un pas, ce serait tout, le dos de l'incendiaire se cala contre le mur à proximité de la porte, pied gauche venant s'y poser aussi en repliant ses bras sous poitrine, et les iris azurées se mirent à détailler chacune des personnes en présence sous couvert de sa capuche, léger mouvement de tête saluant la jeune mère déjà croisée, la pirate planquée dans son coin avec un léger rictus amusé et bien sur, le conteur, qui venait d'achever sa tirade narrative, son histoire moralisante ou non, elle ne se souvenait plus vraiment.

    Non... pas de celle-ci, mais il en était une qu'il lui avait conté, dont le souvenir restait gravé, tout comme le moment partagé : celle d'un enfant de lune.
    Lui ne saurait jamais pourquoi celle-ci et pas une autre, ni combien elle avait apprécié l'entendre, ni même que ce jour là il avait touché au delà du spadassin.
    Le pouvoir des mots, des passeurs d'histoire et autres narrateurs est d'une infinie puissance, les quelques badauds qu'elle observait du coin de l'oeil en avait-il la moindre conscience ?
    Rien n'était moins certain, et pourtant...

    Le silence qui venait de s'abattre sur l'assemblée au terme de l'histoire en était un exemple probant, et un rictus mesquin se dessina sur les lippes scindées de métal de la flamboyante en voyant le provençal attendre les premiers "ouh" et "ah "et "han" de l'auditoire.
    Et vous qu'en pensez-vous ?
    Quelle est la morale de ce conte ?
    Uhm ?
    Sortez vos parchemins et vos plumes, vous avez une heure.


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Fanette_
Quand le Provençal reprit place sur le comptoir, laissant à l'assemblée le temps d'échanger sur la fin de l'histoire, Fanette chargea dans son plateau des verres d'olivette et des gobelets de lait parfumés de cannelle et de miel. Elle les présenta à chacun, prenant soin de commencer par le conteur.

Les chuchotis commencèrent à s'apaiser, alors la jeune mère coula un regard tendre vers son père, se pencha au-dessus du panier, tendit l'oreille vers les pièces adjacentes, où Milo devait déjà s'enfoncer dans quelque songe. Puis, elle vint à son tour se placer devant le comptoir, sans doute un peu intimidée. Les contes qu'elle écrivait étaient bien différents de ceux de Dom, pour ceux qu'elle avait entendus. Les siens lui étaient soufflés par les gens qu'elle croisait, auxquels le plus souvent, elle s'était attaché. Ils n'étaient rien d'autre que de petites tranches de vie, et on ne pouvait en tirer aucune morale, même si parfois, ils abordaient les thèmes du courage, ou de l'amitié. L'amitié justement, elle chercha Ursicin du regard. Puisqu'il ne connaissait pas l'histoire du manteau, et qu'il avait fait la connaissance de Nannou et Mortemer, qui y trouvaient place, c'est par celle-ci qu'elle commencerait.

Un peu mal à l'aise sous les regards qui convergeaient vers elle, elle s'éclaircit la voix, lissa machinalement les plis de sa jupe, et commença, d'une voix qui s'affirma au fur et à mesure que s'écoulaient les mots.

- Il furetait le nez au sol, à la recherche d'un rat, du reste d'un repas, ou d'une jolie chienne à qui conter fleurette. C'était un chien courant, pas courant du tout. On le disait ami de deux ou trois lièvres et de quelques lapins. Mais surtout, c'était l'ami d'un homme qu'il avait délaissé, juste le temps de quelque chasse. Sa curiosité aiguisée le mena sous cette porte cochère, où était garée une charrette. Et la truffe intrépide se posa sur le manteau abandonné aux pavés. Qui sait depuis combien de temps, il était là, dissimulé aux regards, abrité de la carriole où quelqu'un l'avait laissé.
Le chien ne réfléchit pas longtemps car il aimait l'homme, et l'homme n'avait plus de maison, il vivait sous un pont. Six mois déjà, et l'hiver était arrivé, six mois qu'il avait délaissé le confort d'un toit, depuis que sa belle histoire s'était achevée, depuis qu'elle l'avait laissé, après plusieurs années d'un amour sans ombre. Oh ! Il n'était pas malheureux l'homme, c'était un optimiste. Quand on lui demandait pourquoi les histoires d'amour s'achevaient, il répondait toujours," pour que d'autres puissent naître !"


Elle étira un sourire, se souvenant comme si c'était hier, ce soir où Jack, un peu frondeur et parfaitement sûr de lui, l'affirmait. Combien de rire avaient-ils partagé ensuite, dans ce voyage où ils avaient accompagné les Gitans jusqu'à leur fief Auvergnat. Elle croisa le regard de son père, et poursuivit.

- N'empêche qu'il dormait dehors et que dehors, il y avait de la neige. Alors le chien qui aimait l'homme fidèlement, saisit le manteau dans sa gueule, et l'emporta vers son ami.
Et le manteau, une manche coincée dans la gueule de ce chien pas courant qui courait vers un pont, s'enroula autour de son porteur, pour ne pas se mouiller en traînant dans le froid humide des chemins. L'homme sourit en voyant son compagnon ainsi attifé. Pour cette nuit au moins, cadeau providentiel, ils n'auraient pas froid l'un et l'autre. Il passa le manteau et en souleva un pan pour serrer le chien contre lui, bien à l'abri de l'épaisse toile de laine. Le manteau, pas ingrat d'avoir été arraché au pavé se referma sur le sommeil des deux amis, les enveloppant d'une chaleur bienfaisante.

L'un et l'autre s'éveillèrent plus tard, reposé et sans qu'aucun frisson ne soit venu contrarier leurs rêves. Alors, chien et homme se mirent en quête d'un repas, ou d'un rayon de soleil pour passer la journée. L'aube était glaciale, et les poches du manteau étaient larges et amples, comme pour inviter à y plonger les mains pour se les réchauffer. Les poings serrés pouvaient se dénouer dans la tiédeur du manteau, et les doigts heurtèrent un objet. Ne parvenant à en deviner la nature, il le sortit pour l'examiner de plus près.


Elle laissa planer un instant de silence, permettant à l'assemblée d'imaginer la teneur de l'objet que Jack le Vagabond, et Bouboule le chien allait bien pouvoir trouver au fond des poches du manteau.
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Fanette_
La fauvette balaya de nouveau l'assemblée d'un regard, s'attardant à son père, et au panier où dormait sa dernière-née. Puis, après avoir rapidement trempé ses lèvres au liquide brûlant et parfumé d'une infusion, elle reprit le cours de son récit.

- Quelle ne fut pas sa surprise en trouvant une miniature, pas plus grande qu'un mouchoir, si délicatement peinte que l'artiste n'avait dû utiliser qu'un pinceau à un seul poil. Le chien interloqué de voir son ami se pencher sur le petit tableau vint à son tour le détailler de ses grands yeux bruns. C'était un paysage, fait de grands rochers gris savamment assemblés dans une belle sommière. Et au milieu d'eux, une femme semblait danser. Sa longue chevelure oscillait entre le doré et le roux. Non loin, dans ce paysage sauvage au ciel tourmenté, un arbre avait une forme particulière. Mais à y regarder de plus près, seule la viole était de bois, car c'était un homme, et ses doigts animaient l'instrument pour faire danser la gracieuse qu'il couvait du regard.

Elle sourit en se remémorant la surprise de Nannou, quand elle avait reconnu le tableau accroché sur un mur de leur vieux moulin de Nevers.

- L'homme se retourna vers son chien. "Je crois que tu as pris le manteau d'un troubadour heureux ! Et comment ses doigts pourraient encore courir sur l'instrument s'ils sont perclus de froid ?" C'est ainsi que l'homme et le chien, persuadés qu'il leur fallait abandonner le confort du manteau pour le rendre à son propriétaire, s'éloignèrent de leur pont pour rechercher les troubadours.
Et les jours passaient, la neige tombait, mais le manteau emplissait son office, abritant du froid l'homme, et parfois son chien quand tous deux épuisés, s'asseyaient pour se reposer un instant. Croyez-vous que le manteau ait pu guider leurs pas ?


Une fois de plus, elle s'interrompit un bref instant pour laisser à chacun le temps d'imaginer sa réponse, qu'il soit terre-à-terre ou doux rêveur.

- Bien sûr que non ! Il aurait fallu pour cela qu'il soit doué d'une vie propre, et tout le monde sait bien que cela ne se peut.

Qui aurait pu penser que la conteuse n'était pas prompte à la contemplation et aux rêvasseries ? Elle qui passait le plus souvent pour une naïve. Son regard se fit plus rieur quand elle poursuivit.

- Et pourtant, à chaque croisement, à chaque fourche, quand un nouveau sentier venait couper la route, le manteau se faisait plus pressant, semblant le pousser dans une direction plutôt qu'une autre. Parfois, sa manche s'accrochait à une branche, découvrant une sente étroite dans laquelle le chien s'engageait, devançant son ami à deux pattes. Et c'est ainsi qu'un soir d'une longue route, le chien et l'homme aperçurent un feu de camp, et à bien tendre l'oreille, on entendait de la musique. Une viole, répondait à une flûte, et, ce ne pouvait être possible peut-être mais homme et chien auraient juré entendre quelques rossignols mêler leurs doux chants à la mélodie.

L'homme s'avança, le manteau toujours serré sur ses épaules, la miniature à la main, et son chien sur les talons. Nombreux étaient ceux-là, assis autour du feu, à rire et à manger. En vérité, il y avait ici toute une compagnie de Gitans, mais le chien ne s'y trompa pas, et d'un joyeux bond, il alla s’asseoir sans aucune hésitation, auprès de la flûtiste, et elle ressemblait trait pour trait à la danseuse de la miniature. A ses côtés se tenait le joueur de viole. Notre vagabond arbora un large sourire en se dirigeant vers eux. Il déposa le tableau de poche dans les mains de la jeune femme et répondit à l'invitation des Gitans pour prendre place à son tour auprès des flammes. La chaleur l'enveloppa immédiatement, celle du feu de camp bien sûr, mais aussi, celle des sourires, du partage et des bons moments.

L'homme et le chien n'avaient plus du tout froid, et surtout, ils n'étaient plus seuls. Peut-être même oublieraient-ils un moment leur pont, pour suivre les Gitans sur les chemins, et partager avec eux la vie de bohème. Alors, sans que l'homme n'y prenne garde, le manteau glissa de ses épaules, abandonnant là celui qui n'avait plus froid. Et au matin, quand l'homme et le chien étaient repartis, accompagnant les Gitans et les troubadours, le cœur gonflé de l'amitié offerte, le manteau resta là, roulé en boule, sur une pierre plate, guettant un nouveau porteur.


Fanette laissa tomber sa voix sur le point final, vagabondant un instant à quelque feu de camp, aux contes et aux chants, en souriant un brin rêveuse.
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Ursicin
L’hésitation est l’une de mes compagnes, tout comme mes peurs, elle se nourrit de ma mémoire si fragile et des démons tapis dans mes ombres. C’est donc après une longue hésitation et rassuré par ma bien aimée qui me fait le grand plaisir de m’accompagner bien qu’entre elle est Fanette rien ne soit facile.

C’est donc avec une relative discrétion que nous descendu nous installer près du feu, juste avant que Dom, le conteur, ne commence à narrer son histoire. Mon aimée bien blottie contre moi, attentif au récit de Dom et à son jeu de scène, mon esprit ne cesse d’osciller avec crainte entre imaginaire et réalité, entre mon aimée et cette étrange dame, entre la foule et ce tyran caricaturé avec splendeur.

Mon bras s’enroule plus amoureusement autour de ma Mély que je serre un peu plus contre moi, sa chaleur et sa douceur me réconforte. Elle est dans mon monde souvent plongé dans les obsidiennes d’un enfer sans nom, est comme un phare qui me ramène toujours en des eaux plus clémentes. Elle est mon plus beau trésor.

Rassuré, apaisé, je me replonge dans le discours de Dom qui se termine avec la plus belle approbation qu’un conteur peu avoir, une armée d’yeux grands ouverts brillant de rêves et d’admiration. Je souris à mon aimée pour voir ce qu’elle pensait de cette histoire fort simple mais très efficace, rare sont les discours complexes qui fascine, l’art est dans la simplicité.

En murmure : « Tu es bien installée?»

En murmure, plus discret, limite charnel, « je t’aime, ma désirée » sur le même timbre, toujours « la soirée aurait été bien fade sans tes beaux yeux pour l'éclairer »

Je souris à Fanette qui nous tend le plateau de liqueur et en prend deux dont je m’empresse de partager avec mon épouse.

« Un grand merci pour l’invitation… »

Elle ne reste pas, elle fait le service dans le léger bourdonnement qui grandit en amusant brouhaha de commentaire élogieux sur le conteur, son histoire et peut être un peu trop sur la boisson à l’Olive. Le calme revint quand Fanette se positionne un peu, il me semble, nerveuse devant le comptoir. La foule la fixe avec une instance admirative que j’imagine assez pesante pour mon amie, elle balaye la salle de ses grands yeux s’attarde sur ses enfants et son père puis sur moi, étrangement.

L’histoire est emplie de poésie et d’une magique langoureuse cachée derrière chaque mot, derrière chaque sourire et petite intonation qui ponctuent le discours. La petite pause admirative est même un élément clé de cette histoire pleine de bon sentiment qui sait tant fasciner mon cœur et mon âme. C’est sans doute une des clés de notre amitié, cet amour de choses naïvement belle qui allège par leur récit le poids d’une réalité trop cruelle pour les êtres trop éthérés.

Profitant de l’intimité d’une foule qui n’a plus d’yeux et d’admiration que pour Fanette, j’offre un doux baiser amoureux à ma belle céleste. Heureux de mon méfait, je lui souris en grand, fort ravi de cette soirée qui s’annonce captivante et reposante.
--Fanette_loiselier
Le 24 juin 1467


Si la salle commune avait toujours cette petite odeur de soupe, mêlée du fumet âcre des chandelles de suif, ses appartements avaient le parfum des habitudes et de la sécurité. Fanette aimait voyager, mais ce jourd'hui, elle était heureuse d'être rendue chez elle. Rien n'avait bougé, comme si les murs l'avaient attendue. Ursicin s'était bien occupé de l'auberge, jusqu'à son départ. Le toit pourrait affronter les pluies d'automne sans crainte de nouvelles fuites, et il avait également réparé les quelques tables et chaises bancales.

Milo cavalait entre le bureau et la chambre, tantôt poursuivant le chien, tantôt tentant de lui échapper. Stella babillait dans son panier, pendant que sa mère faisait les comptes. La recette semblait bien maigre pour un peu plus d'un mois. Son père devait en vérifier le montant avec elle. En attendant, installée au bureau de Roman, elle notait sur un parchemin la liste de ses dettes, deux fûts de bière qu'elle s'était engagée à racheter à Niki, le salaire de la fille du fourbisseur, pour avoir tenu boutique chaque soir, la paye des journaliers qui s'étaient occupés des cultures, et les taxes, avec les pénalités éventuelles. Elle ne savait pas bien encore si le bourgmestre comptait vraiment l'en dispenser totalement ou seulement en partie. Sa première missive du jour fut pour lui.





De Fanette Loiselier
au Sieur Gueldnard du Saint des Saints

Sieur Bourgmestre,

Je suis arrivée du matin, alors, comme promis, je reprends contact avec vous au sujet des impôts. J'ai quelques sacs de blé à vendre, sitôt qu'ils auront trouvé preneur, je pourrais m'acquitter de la taxe foncière, mais, pouvez-vous me dire ce qu'il en est pour les pénalités ?

Bien à vous
Fanette
Isombare
J' était arriver là par Hazard, le jour ou je passa la porte de Limoge il faisait chaud, Je voulait un petit coin tranquille pour me reposer et boire quelque chose de frais. Apres avoir fait plusieurs taverne, des bruyantes, des ou des gens jouaient au cartes, des ou des couples s'ébattaient, je trouva cette petite taverne sans aucune prétention en redescendant vers la porte de la ville.

Là, une jolie tavernière m'accueil avec le sourire, quel plaisir d'être reçu ainsi.

Elle était accroupie et jouait avec un bambin de guerre plus d'un an. un chien les regardait et dans un panier une grignette de quelques semaines dormait.

Elle lâcha tout pour m'accueillir et me servir. Puis nous discutâmes de chose et d'autres, mais plus de voyage mais pour elle, surtout de rêve de voyage.

Quand je lui racontais les paysages rencontrés, ces yeux pétillait de joie telle une enfant a qui on parle de noël, elle s'imaginais y être. Un spectacle si radieux que j'avais envie de voyager avec elle pour la voir heureuse et pétillante de joie découvrant chaque coin de nature.

A force de discutions je pris une chambre pour la nuit. Oh mes projet n'était pas de rester , non mais me sentant fort bien me voila maintenant promus comme tavernier le temps des vacances de cette femme, faute de pouvoir l'accompagner et de profiter du spectacle que j'espérait. Mais le plaisir de lui permettre d'être sereine en ce qui concerne sa taverne le temps de l'été, lui permettant de s'émerveiller devant les paysages de l'océan et des campagnes de notre beaux pays me réjouis.

Son nom? Fanette ! Jolie n'est ce pas?

je ne sait quand elle partira mais ce n'est plus qu'une question d'heures, de minutes même.
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