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[RP] Il lupo e l'uccellino*.

Fanette_
le 30 juin 1467


Milo endormi, Fanette avait quitté la chambre à pas de loup, ramenant dans la salle commune le panier où Stella peinait à trouver le sommeil. Elle s'était glissée derrière son comptoir, prête à verser la bière, ou le vin ramené de Bourgogne aux quelques convives qui poussaient la porte. Les conversations étaient légères, quelques rires fusaient parfois. Dans le fond, un vieil ivrogne s'était endormi sur une table. La fauvette écoutait distraitement, gardant un œil sur les mains qui la hélait, prompt à servir ses clients, mais le reste du temps, elle berçait doucement la dernière-née en lui susurrant une berceuse pour l'endormir.

Les chandelles s'étaient consumées, et vigiles venaient de sonner quand la porte s'ouvrit sur une silhouette que la cabaretière n'avait plus vue depuis plusieurs mois, et pour tout dire, elle ne s'en portait pas plus mal. Lucus, sa grande taille, ses boucles blondes, son accent normand, sa dégaine nonchalante, et cet air niais qu'il savait mettre dans son sourire pour venir provoquer avec l'air de pas y toucher.
Fanette souffla en se ratatinant dans sa chaise, ignorant le blond jusqu'à ce qu'il finisse par lui adresser la parole.

- Bon Fanette, t'as croisé Zilo dans les Flandres ?
- Ben non, ce pleutre a eu peur de s'faire casser les dents.
- Il viendra te revoir ici alors, je vais le motiver.

Bon, c'était clair, la fauvette se contenait. La dernière fois qu'elle avait vu Lucus entrer chez elle, il ne s'était pas passé moins d'un quart d'heure, avant qu'on lui place une hache dans les mains, et qu'elle la brandisse au-dessus de sa tête face au Normand. Evidemment, elle ne l'aurait sans doute pas abaissé sur son crâne, mais, vu le poids de l'outil et le gabarit de la jeune femme, l'homme n'était pas à l'abri de se faire trancher en deux, par inadvertance. Janis, son tavernier de l'époque, un jeune Angevin ô combien efficace et mal aimable lui avait sauvé la mise en le collant dehors à grands coups de tisonnier.

Non vraiment, la fauvette se contenait, mais, elle offrit un minois un peu perplexe à la suite de la discussion. Lucus savait beaucoup de choses, bien trop en vérité. Il savait qu'elle partait à Bordeaux, et qu'elle devait revenir après.

Ambroise se tendait un peu, au fur et à mesure que la blondine se ratatinait. Ninon avait ouvert le pan de sa cotte, découvrant ainsi l'étui où était glissé un couteau.

- Et comment vous savez ça vous ?
- Mon petit doigt m'a dit.
- Et qui donc l'a dit à votre petit doigt ?
- Mon oreille quand je l'ai grattée.

Elle esquissa un sourire.

- Oh, méfiez-vous alors, il se pourrait que votre oreille finisse dans mon bocal de saumure, avec celle de votre pote.

La discussion s'était poursuivie, Ninon et Ambroise, tour à tour s'y étaient mêlé, prenant la défense de la cabaretière, jusqu'à ce que l'homme déguerpisse. De tous les abrutis et les dingues à qui Fanette avait eu affaire, les deux Normands n'étaient pas ceux qui l'effrayaient le plus. Malgré tout, elle devrait s'entretenir avec son père. Elle espérait bien que ce soit lui et Carla qui se soient montré trop bavards quand le blond était passé les voir. Apprendre qu'il se soit renseigné sciemment pour connaître l'emploi du temps de la fauvette dans les prochains jours seraient bien plus inquiétant.
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Evan_lessage
apres maintes recherche pour trouver dame Fanette on me donna le nom de cette taverne.

Je m'y rends rapidement, je m'arrête devant la porte observe les lieux sans la moindre réminiscence d'un quelqu'onque souvenir. je pousse la porte et entre, m'arête sur le pas et pas même un parfum , pas même un bruit ou la taverne elle même n'était dans mes souvenir.
Une tavernière s'affairait derrière le comptoir, elle était brune et ne ressemble pas à la description que venait de me faire une femme.

Bonjour excusez moi je cherche Dame Fanette, sauriez vous ou je pourrais la trouvez?


La femme répond très agréablement:

Elle est en voyage actuellement je la remplace mais elle ne saurait tardez c'est une questions de jours, d'heures même


Je vais l'attendre serait-il possible d'avoir une chambre?


j'ai observer de partout histoire de voir si jamais un souvenir me revenais mais rien. dans ma chambre je sent les draps sans succès hélas.
Mais comment vais je savoir qui j'était ce maudit brigands ma pas loupé je me rappel même pas de mon nom et ce que ma écrit a la hâte Dame Fanette ne me convenait point, elle me parlait de chemise et bas jaune alors que je porte chemise et bas Bleu. Il me fallait donc venir ici et voir cette femme qui avait l'air de pas apprécier ce Clément mais serait ce moi ?
toute la journée j'ai arpenter les rue de Limoge et pour moi cette ville m'était totalement inconnue.

Vais je la reconnaitre? quelle relation j'avais avec elle pourquoi cette froideur avec moi dans sa lettre?
Tant de questions restant sans réponses j'espère vraiment qu'elle m'en donneras.
Fanette_
Le 13 juillet 1467


L'or des premières heures du jour se glissait doucement aux lauzes des toitures, et s'accrochaient aux deux clochers de la ville. L'arrivée à Limoges s'était faite dans le silence. Au charriot, les enfants dormaient encore, et à quelques coudées, Nébulae se débattait dans les limbes d'un sommeil agité. Fanette s'approcha et posa délicatement une main au front perlé de sueur de la jeune fille, tandis que son regard s'attardait aux paumes gonflées de plaies violacées et purulentes. Elle releva un minois inquiet vers ses compagnons de route.

- Elle est brûlante.

L'attelage longeait les remparts pour passer la Porte-Panet, qui permettait d'accéder plus directement al lupo sans avoir à traverser toute la ville sûrement déjà animée. Siena connaissait l'impasse herbeuse qui reliait la rue de l'auberge aux terrains derrière la bâtisse. Elle s'y engagea d'un pas franc. La tête haute, les oreilles pointées vers son pâturage. Ses naseaux vibraient bruyamment de l'impatience d'aller plonger bientôt son nez dans l'herbe grasse.
L'inquiétude pour leur jeune compagne de voyage s'était propagée à l'ensemble du groupe. Pierre se hâta de dételer la jument et se proposa, avec Carla qui connaissait la ville mieux que lui, d'aller quérir un médecin. Fanette attrapa ses enfants, tant bien que mal, et précéda Tyrraell dans l'ombre fraîche des murs. L'Abyssinien s'était chargé du corps faible de la blondinette. Son regard dépareillé ne brûlait plus que d'un faible éclat, et son teint semblait plus pâle encore.

La salle commune était vide, et empesée des odeurs de soupe, d'alcool et des chandelles de suif de la veille. Elle s'engagea sous l'arche qui ouvrait le mur à côté du comptoir sur une pièce qui servait de cuisine et d'office, puis poussa la porte du fond et invita le sombre à la suivre dans ses appartements. Elle traversa le bureau pour gagner la grande chambre percée de deux hautes fenêtres, déposa sa fille au berceau installé dans l'alcôve et laissa courir le mini Corleone au sol. Un grand lit était appuyé au mur opposé. Elle avait pris soin de le refaire avec des draps propres avant son départ. Elle s'en approcha pour l'ouvrir, et se retourna vers Tyrraell.

- Posez-la. Je m'installerai à l'étage le temps qu'elle aille mieux. Il sera plus simple de la surveiller la journée si elle est en bas.

Il allongea la jeune fille sur le lit avec une délicatesse qui contrastait avec son imposante silhouette. Sitôt fait, la fauvette le remercia, mais le poussa néanmoins dehors, après avoir récupéré à l'office l'un des seaux d'eau froide que Mahaut avait sans doute pris soin la veille d'entreposer pour les besoins du lendemain.

Elle le posa près du lit et extirpa d'un coffre une chainse de lin légère, puis revint s'asseoir au bord du matelas pour aider Nébulae à se redresser un peu. Patiemment, prenant soin de ne pas rouvrir plus encore les entailles à ses mains, elle l'aida à se défaire de ses vêtements, et avec douceur, tamponna sa peau souillée d'une sueur acide avec un linge imbibé d'eau fraîche. Puis, tout aussi précautionneusement, elle l'aida à enfiler la chainse, encore tissée des parfums de l'herbe sur laquelle elle avait séché.
Quand ce fut fait, elle l'installa confortablement dans quelques coussins, en s'efforçant de masquer son inquiétude.

- Ça va aller Nébi, mon père est parti chercher un médecin. Repose-toi, je vais te préparer un bouillon, tu dois boire, et une décoction de thym pour nettoyer tes plaies.

Elle lui offrit un sourire rassurant, avant de quitter de nouveau la pièce avec ses enfants.

- Je serai juste à côté, tu peux m'appeler si tu as besoin.
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Nébulae, incarné par Fanette


Le clocher de l’Abbaye semblait supporter un ciel si gris que même la nature semblait en deuil, face à la grande porte, trois hommes en bure sombre et une fillette dont la robe rouge et les cheveux blond ange dépassent de son épaisse cape verte. Le triste glissement d’une embarcation sur la Samber qui s’écoule au pied de l’Abbaye pourrait faire croire qu’ils attendent le passeur d’âme pour ce petit ange parti trop tôt.

La pluie commença à tomber mollement arrachant quelques soupirs aux deux hommes en retrait, le plus vieux d’entre eux, me fixe de ses yeux bruns d’une bienveillance insondable.

« Je…. »

Main glacée s’agrippe à sa bure comme pour rechercher secours, sa main épaisse, celle d’un homme musclé, d’une de ses personnes qui ne s’est pas toujours tourné vers la fois et qui sans nul doute a déjà vécu mille enfers, me caresse la joue…

« J’ai peur, oui, oui… »

Il s’agenouille pour être à ma hauteur, les deux frères ricanes derrière moi, ils sont terribles mais pas autant ce que je vais vivre, je ne veux pas y aller mais…

« Mon petit Ange, tu m’as dit qu’ils étaient doux avec toi, qu’ils avaient prit soin de tes jolis yeux… »

Je ne peux que hocher et le soutenir d’un oui, oui, mais je ne veux pas y aller, je ne veux pas non plus lui faire la honte de lui avoir menti, je ne veux qu’il ait à se justifier toujours de ma présence.

Il m’embrasse sur le front, je me serre tout contre lui, il soupire, je ris de le sentir contre moi…

Mon sang se glace, mes vêtements tombent, Fanette me regarde, ce n’est qu’un rêve, je ne sais où je suis, j’ai froid, ma peau me brûle. Ça sent les fleurs, il pleut sur ma cape verte, elle ne tient pas l’eau ma robe va être tachée, je vais être grondée.

La douce main de Fanette se porte à nouveau sur mon visage, elle l’éponge d’un doux tissu qui sent bon le frais, d’une main tremblante, je m’agrippe à sa main.

« Je… je vais bien Fanette… »

« J’ai… j’ai peur »


Ma tête fait compulsivement non non quand la calèche à l’or et au rouge terribles s’arrête avec fracas devant nous.

« Ne me laisse pas… »


La soupe me fait plaisir, elle bonne, Fanette est toujours là, les cheveux sombres aussi, je ne veux pas y aller…

La porte s’ouvre, tout est d’or, de vert et de rouge, c’est riche, c’est opulent à vous en donner la nausée, j’y monte à contre cœur, j’ai mal dedans, j’ai envie de sauter, de courir, de fuir loin mais je ne peux pas, j’ai promis.

« Tu m’accompagnes dit ? »

« Bien sur mon petit ange »
Dit-il en se serrant contre moi dans la calèche.
Fanette_
Fanette s'affairait au chevet de la jeune fille. Tard dans la soirée, Jagan lui avait fait parvenir de la liqueur d'opium, et des conseils sur la façon de l'administrer. La jeune femme s'était appliqué à faire ingurgiter le quart de la dose à la blondinette, puis, à la rafraîchir, comme l'indiquait le médecin.
Nébulae délirait. Le front toujours perlé de sueur, son regard dépareillé s'accrochait parfois à celui de la fauvette, mais pourtant, il semblait toujours désespérément vide, comme si toute l'âme de la jeune fille s'en était allée ailleurs.

- Nébi, Nébi écoute-moi, ça va aller. Jagan sera là bientôt, demain matin peut-être, et il vient pour te soigner.

Elle lui souriait, qu'importe que la jeune fille allongée sur le matelas, en proie à la fièvre et à l'infection ne la voit pas. Elle souriait pour ne pas pleurer, pour ne pas montrer son inquiétude, si, du fond de ses limbes, Nébulae pouvait la saisir.
Elle rapprocha le fauteuil du lit, et s'y installa. Pour cette nuit, elle la veillerait, et sans doute encore toute la matinée, jusqu'à l'arrivée du médecin.
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Nebulae_d_aulne


Là où conflue Samber et Eau D’Heure, il se dresse une noble bâtisse dont la beauté semble fanée par les tristes bruines et épais nuages qui semblent avoir condamner à la réclusion ces terres jadis fertiles.

La calèche s’y arrête précipitamment, la porte s’ouvrit sans bruit et sans qu’un moindre son puisse sortir de ma bouche, je me débattais de ces deux horreurs sans noms, ces visages sans cheveux, sans bouches, vivant que par deux lugubres charbons brillant et des rides épaisse sur le front.

Fanette se tient devant moi, mais je n’ai pas la force de rester éveillée, j’ai tellement froid, ma peau brule tant, mon cœur se serait-il mit à battre dans mes main.

«Papa Fanette...»

«Je ne veux pas perdre mes mains...»


Dans le château je suis aspirée, rien ne peut me retenir, je suis seule dans un couloir sombre, suivie par un chat sans peau, sans chair, sans yeux que d’os et de sombre éther, j’ai peur, ma robe aussi violette que les marques sur mes mains et mes épaules est abîmée et le chat.

«Non, non...»

«Laissez moi....»
«Fanette.......»
«Maman....»
«Pierre...»


Le vase brisa sous le regard satisfait du chat, les cris fusent, je n’ai plus force, j’ouvre grand les yeux.

Je serre fort Fanette, sa peau si fraîche, son doux parfum de fleur me fait faiblement sourire, elle me caresse le visage, je peux sentir un linge légèrement humide parcourir mon corps.

Je n’ai la force de lutter, j’ai peur, je veux plus dormir, une gêne quand elle remonte le long de mes jambes mais j’ai moins froid, moins chaud...

Les visages affreux m’entraine dans la sombre demeure, jusqu’au plus profond, je n’ai de voix, je veux vomir cette d’odeur de souffre, de cendre et d’humidité sombre dans la quelle je suis enfermée.

La main douce de Fanette me caresse à nouveau le visage, je n’ai plus de force, j’ai peur, je laisse tomber mon visage espérant qu’elle me serre un peu contre elle. Une boisson forte qui me fait tousser, elle est affreuse mais elle me sert contre elle alors j’essaye de tout avaler même si mon corps semble lutter malgré moi...

«Désolée...»
«Soit pas fâchée....»


Mes bras s’enroulent autour d’elle alors que je m’effondre, ne pouvant plus lutter face à mon triste rêve...

«...»
Fanette_
Le 16 juillet 1467

Derrière le battant de bois, mâtines chassaient doucement les ténèbres de la nuit, mais dans l'air saturé des parfums de simples et de fièvre, l'angoisse s'accrochait encore au faible halo d'une flamme que Fanette avait pris soin de garder allumé toute la nuit. Trois jours déjà que la fièvre de Nébulae ne voulait pas baisser. Les forces de la jeune fille semblaient décroître, et elle espérait que le médecin, dépêché d'une ville voisine ne tarderait plus. La liqueur d'opium n'avait sur les délires qui perlaient son front de sueur qu'un effet passager, la plongeant de trop courtes heures dans un sommeil apaisé, avant de rendre son corps à la lutte, et son esprit aux cauchemars.

La jeune fille avait noué ses bras au cou de la fauvette, s'agrippant l'espace d'un instant à des sensations rassurantes, avant de retomber inerte sur le matelas de laine, abandonnée au repos artificiel des dernières gouttes de drogue.

Fanette reposa le flacon vide sur la table où s'entassaient cuvette, linge, tisane froide, et plusieurs sachets de simples. Les traits tirés de fatigue et d'inquiétude, elle se pencha sur le berceau de châtaignier où Stella dormait encore d'un souffle paisible et régulier. Elle se rallongea sur la paillasse, jetée la veille et dans l'urgence à un coin de la chambre, et étendit son bras sur ses trois enfants encore abandonnés à un sommeil tranquille. Malgré les circonstances, Menelik et Moira s'étaient montré si calmes dans cette épreuve. Entourés de visages inconnus, ils avaient offert le même silence digne et observateur que Milo aux premières heures de son retour. Fanette se rallongea près d'eux, et étendit un bras protecteur et affectueux sur leurs rêves. Bien incapables de céder encore à la somnolence, ses yeux balayèrent la pièce, y croisant l'éclat sombre du regard de Tyrraell, veillant sur eux, comme il l'avait promis. Elle s'efforça de fermer ses paupières sur ses prunelles brûlantes de fatigue, en tentant d'échapper aux mille questions que l'ébène provoquait sous ses boucles indociles.
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Jagan_hallvararson
Il était tôt, très tôt.
L’aube pointait à peine et Limoge apparaissait déjà fumante et bruyante au loin. Les deux clochers se dessinaient et il fût soulagé de voir qu’ils étaient bientôt arrivés.
Cela faisait quelques heures qu’il chevauchait avec Coniglietto. Jamais Limoges n’avait semblé aussi proche de Bourganeuf, l’urgence de la situation nécessitant un voyage des plus rapide.

Il espérait n’avoir rien oublié. Dans la précipitation il s’était appliqué à fabriquer des potions de diverses simples mais surtout l’une de ses plus fortes recettes de mixture de pavot blanc.
Il avait aussi préparé son matériel chirurgical, l’alcool et les bandages étaient disponibles chez Fanette. En tant que Médecin, ce qui lui avait décrit Fanette l’inquiétait tout particulièrement.
Il avait souvent eu à faire à des infections, qui avec le temps rongent le corps du malade. La seule solution était alors de couper, pour empêcher le mal de prendre la vie du patient.

Il le savait.

Cela faisait trois jours environ qu’elle était atteinte. Ces craintes étaient d’autant plus vives qu’il avait une sainte horreur d’en arriver à cette extrémité.


Perdu dans ses pensées, il ne vit pas la branche de chêne en travers du chemin. Le cheval, qui devait manifestement bien savoir que cela ne concernait que ses passagers, ne s’était pas donné la peine de s’écarter.
La branche lui fouetta vivement le visage et il manqua de perdre son assiette. Aidé par Coniglietto, il parvint à se redresser et à maintenir une course à vive allure.

C’était un rappel, il devait rester concentrer car l’erreur pouvait être fatale et lourde de conséquences.

Il arrivèrent à la Porte-Panet et il fit signe au garde de s’en écarter. La vue du cheval lancé au galop et prêt à franchir leur ligne eut probablement l’effet escompté et ils s’écartèrent un peu en désordre, l’un d’eux finissant même par trébucher et lâcher ses armes. Fanette lui avait dit que par cette porte la taverne était accessible facilement, il trouva vite l’impasse et l’Il Lupo.

Il mit pied à terre, aida Coniglietto à descendre et saisit sa sacoche.
Il se tourna vers elle.


-Tu es prête ? Tu voulais bien m’aider non ?

Il soupira

-Ce sera ta première leçon.
Allons, pressons! On s’occupera de ton cheval plus tard.


Il retînt son souffle et poussa la porte, entraînant Coniglietto dans l’Il Lupo. Nero ?

Il n’y avait personne. Pas vraiment étonnant en cette heure matinale. Même lui n’aurait pas idée d’aller boire une chope à cette heure. Çà sentait la suif et l’alcool froid, la taverne n’était visiblement pas utilisé depuis plusieurs jours. Il avança dans la salle commune, prit la direction du comptoir et toqua sur celui-ci.

Pas de réponse.

Il jeta un œil à l’arche juste à coté et s’y engagea. Une faible lueur s’échappait de la porte et il toqua avec insistance.


-Fanette ! Fanette, où êtes-vous ? C’est Jagan !

Jag attendit une réponse et se tenait prêt à enfoncer la porte. Manquerait plus que ça soit une épidémie d’une nouvelle maladie inconnue et qu’ils soient tous tombé malade là-dedans…
Nebulae_d_aulne


Il fait noir, il fait tout noir j’ai peur, les ombres me caresse, je ne peux toujours pas hurler, je ne peux pas bouger, il fait trop petit, trop sombre trop humide. J’ai tellement froid, ma peau me brule, des braises dansent au loin, je suis tétanisée.

La porte cogne, la porte cogne vraiment fort, j’en sursaute à me cogner la tête dans le trou que je suis enfermée, je ne voulais pas abimer les jolis vêtements, j’ai pas cassé le vase, non, non, je vous en supplie.

C’est pas Nébulae mais aucun son ne sort de ma bouche, pas même un bruit, pas même mon souffle, je vais…

Une sourde lueur me brule les yeux, je hurle, mes tympans me font mal, ils sont trois, ils descendent, les yeux sont des braises, il y a un homme en cape, c’est un serpent, il siffle j’ai peur. Le sol est trop dur, je ne peux pas le gratter, je m’y brise les ongles, ma peau se déchirent sur les barreaux, je ne peux rien je suis piégée, j’ai si peur…

Tétanisée brulante, un gémissement de bête effrayée fini par s’échapper de ma bouche quand l’homme serpent en roule sa main en m’extirpant violement de cette oubliette, ses yeux son deux braises brulantes, il tient un couteau dans son autre main qu’il agite avec fierté.

« N’est-ce point trop ? »

« Une héritière se doit d’être fidèle, sage, soumise »

« Je vais extraire le mal de ton corps, je vais te purifier ! »

La lueur franche disparait, il ne reste plus que l’enfer des braises crépitante tout autour de moi, je n’ai plus de vêtements, j’ai tellement froid, les six braises ardentes me dévorent du regard, cela sent tellement mauvais, mieux yeux me brulent, mes paupières vont finir par arracher mes yeux.

Je voudrais tant pleurer, maman…

« Elle a les yeux du démon, je peux… »
« Faites ce pourquoi on vous a payé, pas plus… »
« Docteur ! »



« Votre argent et votre prestige, son vos ordres »

Les monstres sans visages vocifèrent autour de moi alors que l’homme serpent s’amuse à me faire peur avec sa lame tout près de mon ventre, avant de s’écarter pour la noyer dans le seau de braise.


« Elle sera docile »

« Tu nous remercieras»

Je me débats, mais je n'ai plus la force, ils sont trop fort,

nooooooooooooooooooon, noooooooooooooon

« Tyrraell… »
« Pierre… »
« … Père »


Des chaudes larmes s’écoulent de ses yeux éteints, son corps remue sous la douleur, la fièvre et le cauchemar de ce terrible souvenir, sa main la plus valide, se perd à serrer la gauche de son aine alors qu’elle se roule en boule, grelotante, plus pale qu’une aurore gelée.
Fanette_
Fanette se releva précipitamment en entendant appeler. L'Abyssinien prompt à réagir, bondit sur ses pieds.

- Il y quelqu'un à la porte du bureau, souffla-t-elle à l'homme qui déjà, s'était emparé de sa lame.

Il clencha délicatement la porte et se faufila dans la pièce adjacente, Fanette sur ses talons. A la porte opposée, les coups se faisaient insistants et la voix ne lui laissa aucun doute. Elle laissa échapper un soupir de soulagement en passant devant la haute silhouette qui la précédait.

- C'est bon Tyrraell, c'est Jagan, c'est le médecin, pour Nébulae.

Elle se précipita pour lui ouvrir la porte, et le salua vivement, offrant le même sourire à son assistante. Les remerciements seraient pour plus tard, et l'inquiétude pour la jeune fille soumise à la fièvre et à l'infection ne faisait que s'accroître à chaque instant passé. La fauvette les invita à traverser le bureau pour gagner la chambre encore plongée dans l'obscurité. Chuchotant, de crainte de réveiller en sursaut les héritiers Corleone, elle lui indiqua le grand lit où la flamande se débattait avec un drap trempé de sueur.

- Je vais vous faire du jour Jagan.

Elle retira un à un les volets de bois qui occultaient les fenêtres. Le jour levant s'écoula, blafard, se heurtant à la paillasse jetée au sol pour se répandre dans la pièce. La fauvette se baissa à hauteur des enfants, et doucement, les réveilla. Leurs grands yeux papillotaient encore de rêves que leur mère occupait. Si une larme s'invita à leurs cils, ou roula à une joue, aucun son ne franchit la barrière de leurs lèvres. La jeune mère pensa aux paroles de Joanne, quand on lui avait rendu Milo. Elle réconforta leur silence de sourires tendres et de gestes chaleureux, puis, avec l'aide de Tyrraell, les entraîna dans la pièce voisine.

- Jagan, faites-moi savoir si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serai à côté.
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Coniglietto
Le séjour à Bourganeuf était désormais fini, le calme de la ville m'avait laissée seule avec Jagan mais cela ne me dérangeait pas, j'aimais passer du temps avec lui. J'avais eu le temps de m'occuper de mes affaires qui attendaient et le moment de partir était là. L'aurore ne faisait que pointer le bout de son nez quand il fallut partir et, étant pressé, il avait décidé de repartir au galop. C'était la première fois de ma vie que je montais à cheval, du moins depuis février. Mon corps, lui, semblait se souvenir de ce que cela faisait d'être sur cet animal. Je me tenais fermement à lui pour ne pas tomber, même si au final il s'est avéré que ce soit moi qui doive le retenir pour ne pas qu'il tombe. A vrai dire je manquai moi même de tomber, ce n'était pas avec mes petits bras que j'arrivais aisément à retenir un géant. Pour ne pas charger le cheval je n'avais pris que le strict minimum, de toute manière ce n'était pas comme si je possédais grand chose, mis à part tous ces objets brillants que je transporte continuellement dans mon sac.

Monter sur le cheval était une chose, mais en redescendre... Heureusement qu'il m'avait aidée car je manquai facilement de tomber.

-Tu es prête ? Tu voulais bien m’aider non ?
- Si, pronta!
-Ce sera ta première leçon.
Allons, pressons! On s’occupera de ton cheval plus tard.


Je souriais et le suivais. Je n'avais aucune idée de comment j'allais réagir en voyant la fille malade, mais je comptais me faire forte et faire comme si de rien était. Ce qui allait être compliqué en étant aussi peureuse... J'avais beau dire n'avoir peur de rien, c'était bien évidemment faux. Je me demandais si quelqu'un de plus peureux que moi existait.

Après qu'il ait tambouriné à la porte, une femme ouvrit. Je l'observais et lui rendis son sourire avant de suivre sagement les deux. Le noir ne facilitait pas ma progression et je me cognais plusieurs fois jusqu'à ce que la femme, probablement la Fanette dont m'avait parlé Jagan, ne fasse de la lumière. Suite à ce passage dans le noir, je plissais les yeux sous la lumière qui m'aveuglait désormais.

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Jagan_hallvararson
Il frappait avec force sur la porte. Dans sa poitrine, essoufflée par l’inquiétude et l’intensité du voyage, son cœur battait tout aussi fort. Il connaissait les limbes, pour y avoir séjourné pendant de longues semaines. Les délires fumants, les visions transcendantes : comme un autre aspect d’une réalité qu’il n’est possible de voir qu’avant la mort. Inquiet car Nebulae, même s’il l’avait rencontré récemment, était importante pour lui. Il ne savait expliquer ce sentiment, ce besoin de protection qui subitement l’avait poussé à quitter Bourganeuf.

Fanette finit par ouvrir la porte. Sa mine blafarde ne laissait présager rien de bon. Elle était visiblement morte d’inquiétude. Un homme plus grand que lui se tenait derrière elle, il rangeait dans son fourreau une dague tranchante. Il était comme Tigist, une peau noire d’ébène. La maison semblait bien protégée en tout cas ! Il était soulagé de voir qu’ils se portaient bien, qu’il ne s’agissait donc pas d’une nouvelle maladie. Après des salutations rapides et les présentations avec Coniglietto ils se dirigèrent vers la chambre. Heureusement que Coni était là, il allait bien avoir besoin de son aide au niveau médical.


« Elle était visiblement Italienne et les Médecins italiens étaient très renommés et avaient énormément de connaissances. » Il ne voyait pas d’autre explication au génie de la jeune femme en ce qui concernait la Médecine.


Après les avoir salués, il suivit Fanette jusqu’à la chambre. La lumière entra dans l’atmosphère viciée de la chambre. Elle était là, allongée sur un lit de draps blancs trempés de la sueur, de l’essence du mal et du déséquilibre des humeurs.


-Merci Fanette et désolé de déranger les enfants en cette heure si matinale... Je vais avoir besoin de quelques fournitures: linges propres, eau chaude et alcool.


Il fit signe à Coniglietto d’accompagner Fanette et de découper des bandes de tissus pour les bandages. Il lui rappela d’aller les mettre près du feu pendant quelques temps, afin que le tissu ne contienne aucun mal caché.
Ce faisant, il évitait à la jeune Coniglietto les premiers instants de contact avec le patient. Il pourrait alors voir ce dont il s’agissait et vérifier que rester dans la pièce ne représentait aucun risque pour les autres.
Il sorti un masque d’un sac de chanvre. Il lui avait été donné par un Médecin de Lyon et il l’utilisait à chaque début d’osculation. Il prit un peu de thym, de menthe, de la mélisse et du camphre qu’il vint bourrer en boule au fond du long nez.

Il mit le masque et des gants en cuir et s’approcha de Nebulae.





- Nebu ? C’est Jagan, tu m’entends ? Je suis là pour t’aider !


Sans réponse de sa part, il soupira et commença à l’examiner. Il massa une de ses tempes dans un premier temps et descendit vers son cou pour voir si il était enflé. Elle était trempée, son visage brulait de mille feux et au travers du cuir il sentait une chaleur intense émaner de la jeune fille.

Il marqua une pause, étourdi par les vapeurs des drogues qu’il avait fourré dans son masque. Il mit un peu d’ordre dans son esprit. Il se leva et prit une fiole dans sa sacoche. Le pavot blanc devait lui être administré avant qu’il puisse regarder ses mains. Il retourna vers Nebulae et lui fit avaler la potion. C’était une dose de cheval, elle ne devrait pas bouger. Du moins c’est ce qu’il pensait. Par précaution il lui mit un bout de manche qu’il avait entouré de cuir dans sa bouche, mieux valait déjà préserver l’usage de sa langue.

Il enleva délicatement les bandages humides et puants.



-Pouarff !, lança t-il.


Malgré les odeurs fortes des drogues de son masque il sentait cette odeur et savait à quoi s’attendre.
Peu de gens savait que l’eau était le mal incarné. En cette époque, l’ensemble des Médecins étaient d’accord sur le fait que « l’eau c’est bien mais pas trop non plus » ! En vérité il était possible de tomber malade avec une eau contaminée, des blessures laissées trop humides pouvaient se transformer en gangrène rapidement. C’était ce qu’il se passait ici… En tout cas ça n’arrangeait rien. Il prit sur lui, bien conscient que Fanette avait fait son possible et qu’au final c’était sa faute si personne n’était parti à la recherche de la jeune blonde après sa fuite.

Il observa les mains sans bandages et attendit le retour de Fanette et Coniglietto pour procéder aux premiers soins.
Nebulae_d_aulne


Hello I walk into
Empty hallways tell me
Not to hurry

Caution sends the signal not to
Look around the bend and single
Out the shadows whisper through the Twisted corners
Waiting silently for hours
Watching every move that shiver
Eyes that glitter

Wait, I'm waiting
Say you'll save me
Where's your heart that beats for me
Watching closely
Eyes that pierce me

Where's my heart that beats for you

Love uuuhh
Love uuuhh
Wait, I'm waiting
Say you'll save me
Where's your heart that beats for me
Watching closely

Eyes that pierce me
Wheres my heart that beats for you
Love uuuhh
Love uuuhh

Sleepless Lullaby
Bright September





Je ne peux plus bouger, je ne peux plus parler, ma bouche est comme tétanisée, je ne peux plus l’ouvrir, je ne peux plus serrer les dents, je n’arrive plus à respirer. Je fixe de mes grands yeux dépareillés, vidés de leur âme, emplit de terreur, la scène impuissante.

Des spasmes désespérés essayent de libérer les mains de la jeune fille alors que ses jambes se débattent mollement dans le vide, le manque de nourriture, la soif, la fatigue, la peur, elle se sent partir. Jamais elle n’a eu aussi peur, jamais le corps de cette petit enfant trop maigre mais toujours plein de vie et de joie n’a ressemblé autant qu’à un cadavre, une sacrifiée à la folie des hommes.

Mon corps trésaille quand l’eau et le métal brûlant entre en contact dans un nuage de vapeur acre, mes les mains qui me retiennent se font lâche, dans un dernier espoir j’essaye de bondir.

Raccrochée à la réalité, sous la douleur de mon ventre, irritée par les boisons qui me brûlent, brûlante comme l’enfer, les yeux plus froid que la mort, le teint bleuit par le manque d’air. Je bondis en direction de la bête pour la briser comme Père Baptiste m’a apprit pour me défendre, le masque cède, l’horreur brise la poche douleur au bas de mon ventre, l’épais liquide s’écoule nauséabonde, je m’effondre d’horreur, de douleur et d’apaisement de sentir cette douleur métallique quitter enfin mon aine.

«Jagan... peur, ventre»

Je pleure comme dernier effort.

Une claque violente me fait retomber sur la planche de bois, les mains me retiennent à nouveau, la lame est encore fumante, il se glisse entre mes cuisse sans force, je peux sentir la pointe...

«Pardon...»

Une douce chaleur envahi mon épaule, la pièce semble s’éclairer d’une lumière dorée, l’homme serpent s’effondre alors que deux traits s’enfonce l’un dans son bras, l’autre dans sa nuque, mes liens se relâche, la lame se brise, s’enfonçant en éclatant dans mon aine.

Mon corps trésaille de douleur, je le sens se vider, je n’ai aucune douleur, il n’y plus qu’un ciel d’or, je me repose maintenant dans un doux pâturages emplit de fleurs et de voluptés. Le soleil radieux chasses toutes mes peurs, je me sens si légère apaisée, au loin, je peux les voir, Père Baptiste et son ami de la Sainte Inquisition Marc sont là, ils sont venus pour moi comme à leur jeune temps où ils sauvaient la veuf et l’orphelin.

«Bonjour mon petit Ange...»

«Que fais tu donc ici?»


Je bondis pour chercher la voix si singulière, celle de, non ce n’est pas possible.

Des larmes chaudes s’écoulent de mes yeux, j’essuie les larmes de mains qui ne portent que l’ombre des cicatrices expurgées du mal qui deviendront de jolies rivières roses sur une peau de satin.

«Tu t’en souviens comme si c’était hier, comme si tu pouvais oublier une chose gravée dans ta chaire»

«Et pourtant dis moi petit Ange, quel sentiment en as tu...»



«J’ai eu très peur mais...»
«Je ne t’en ai jamais voulu, tu es venue me sauver...»

«Oui oui»


Je tape dans mes mains

«Nébulae est heureuse, j’aimerais que Fanette soit là...»

«Et eux...»

La lumière se matérialise et Père Baptiste apparaît, vêtu de sa longue toge blanche des sages, la même que son ami Marc arborait fièrement, même au combat.

«Ils m’ont fait très peur, j’ai cru qu’il allaient...»

«Non, non»

«Mais Marc a bien fait de pas les torturer comme il voulait»

«Le Très Haut, il a pas dit ça, il peut lui juger mais pas nous...»

«Nous on peut offrir une chance de se racheter...»

«Même s’il l’avait fait, j’aurais été malade quand même»


Mes yeux pleurent chaudement, je ne sais pas si je peux mais j’étreins la lumière matérialisée.

«Tu es devenue une bien jolie jeune femme, toute emplie de cette énergie sacrée et de cette innocence stellaire.»

Vient, je t’emmène te reposer...

«J’aimerais tant voir maman, dit...»

«Elle n’a cessé de frémir m’est n’est pas encore prête...»

«Je comprends pas, elle m’aime pas, je veux tellement, s’il te plait»

«Nul ne peut forcer les choses, elle est là croit moi, il est juste trop tôt et le temps te manque ici, reposes toi...»


«Promis?»

«Biensur Nébulae»

«Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii............»

Dans un sommeil d’or et de fleurs, je m’enfonce...

«Reposes toi, car tu as encore toute la vie à croquer de tes yeux, de tes dessins, voir le monde, comme tu t'es promis, nous y veillerons. »
Fanette_
Fanette devait aider la jeune assistante à rassembler et préparer tout le matériel nécessaire pour les soins de Nébulae. Elle était préoccupée pour les enfants de Tigist et Gabriele. Les pauvres se réveillaient au milieu d'étrangers, dans une maison inconnue, où elle venait de les arracher au sommeil. Milo la regardait un peu hagard, mais l'Abyssinien, soulevant affectueusement les deux petits métis, offrit à la fauvette un sourire rassurant.

Elle se fit violence pour abandonner les enfants, et entraîna la jeune fille à l'étage. Dans la grande armoire du palier, des piles de draps de toile grossière ou de lin étaient rangées côte à côte. Elle en saisit une, et se chargea d'une autre, avant de redescendre dans la pièce qui tenait lieu d'office et de cuisine. Eté comme hiver, un feu brûlait dans l'âtre. Il était indispensable pour préparer les repas, faire chauffer l'eau, où, dans le cas présent, chasser des fibres les maux qui pourraient s'y cacher. Elles s'attelèrent à préparer les bandes demandées par Jagan, puis Fanette les déposa dans un panier, et laissa à Coniglietto le soin de se charger des draps non déchirés. A la suite de quoi, elle invita la jeune fille à la suivre de nouveau dans l'enfilade de pièces jusqu'à la chambre où Jagan s'affairait au chevet de Nébi.

Elle déposa les affaires sur la petite table tout près du lit, et récupéra dans un pli de sa jupe le rubis que lui avait donné Faust quelques mois plus tôt. Discrètement, elle le glissa sous le matelas de laine. Elle ignorait s'il serait efficace mais quand l'ancien évêque lui avait donné, il l'avait assuré que si elle dormait avec, il éloignerait d'elle les charmognes, et Nébulae avait bien besoin d'être protégée. Elle avait hésité, ne sachant à qui, de la jeune fille ou de Menelik et Moira, il serait le plus utile, mais pour les petits Corleone, elle avait finalement choisi de placer le beryl sous leurs couches. Le talisman, remit par le même homme, avait pour vertu de protéger les enfants lors de la naissance, elle espérait qu'il opérerait encore pour leurs jeunes années.

Elle s'écarta du lit, puis observa l'homme de science, attendant de savoir si elle pouvait encore être utile.
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Coniglietto
Sans faire d'histoires, et dès que mes yeux s'habituèrent, je suivis Fanette préparer ce qu'il avait demandé. L'homme avait pris le temps de m'expliquer tout la veille et je l'avais écouté attentivement, la médecine m'intéressait par cette capacité à sauver des vies, alors quand elle me passa de quoi préparer les bandes je savais déjà comment m'y prendre et je partis me laver les mains. J'installais avec précautions les tissus près du feu pour les vider de tout mal possible, il n'aurait plus manqué que tout s'embrase... Ce n'était pas en provoquant un incendie que j'allais aider qui que ce soit... Alors oui, je faisais très attention. Une fois que tout fut fini, je suivis Fanette en l'aidant à transporter tout ce dont avait besoin Jagan jusqu'au chevet de la malade.

Mes yeux se perdirent un instant sur la fille allongée et souffrante. Elle semblait aller mal, très mal, et je ne pus m'empêcher de grimacer en imaginant comment elle se sentait. Plus je la regardais et plus j'avais l'impression de ressentir la douleur qu'elle éprouvait. Cela en devint étouffant.
Puis ce fut vers les mains que mon regard se posa. Et ce ne fut plus une grimace mais un haut le coeur que j'avais. Je me retenais. Voir les carcasses de vaches étaient une chose, les découper aussi, mais voir l'état de ces mains... Je n'était clairement pas prête pour cela. Je pris une grande inspiration, ce ne fut pas non plus une bonne idée et l'envie de rendre le contenu de mon estomac se fit plus forte. Je me retenais toujours.
Cela allait passer, il me fallait juste un peu de temps.

J'attendais, en me tenant prête pour tout ce qu'allait demander le médecin. J'occupais mes mains comme je pouvais, tripotant le pendentif au bout de la chaînette que je portais au cou. C'était apaisant.

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