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[RP] Presse le pas, pigeon

Jhoannes
Piscalie / Cornélius


Citation:
Le 05 Novembre 1469
Un gamin vient lui glisser un pli


Moi, intrigante?
Pour cela, il doit y avoir intrigue et acteurs.
Qu'en est-il?

    P.B.


Citation:
Le 05 Novembre 1469
Le même gamin, l'air blasé, livre un pli en retour


    Comtesse,

Je ne m'attendais pas à ce que vous preniez le mot au pied de la lettre. Encore que, si vous vous êtes faite élire en tête d'un conseil c'est que vous devez — un peu — aimer tirer les ficelles, et j'ai noté chez vous un soupçon de curiosité maladive ; pour autant : je vous taquinais seulement. Vous vous y ferez peut-être un jour.

    J


Citation:
Le 05 Novembre 1469
Re: Le même gamin, l'air blasé, livre un pli en retour


Nul mot n'est lancé au hasard.
La taverne était pleine et pourtant, ce mot m'était destiné.
Une intention il y avait - même mini ou frivole - vous avez ainsi toute mon attention.
Néo-flamand garre à vous vous commencer à prendre gouts aux histoires flamandes ou à notre compagnie.

    P.B.


Citation:
Le 05 Novembre 1469
Re: Re: Le même gamin, l'air blasé, livre un pli en retour


    Comtesse,

Je peux vous livrer mon intention : c'était drôle d'imaginer votre tête à l'instant où le message était délivré. Au reste, j'estime le peu que je crois connaître de votre personne, et si j'ai tendance à rire de certains traits du peuple flamand, vous aurez facilement deviné que j'en apprécie la compagnie.

    J


Citation:
Le 06 Novembre 1469
Re: Le même gamin, l'air blasé, livre un pli en retour


Fuyez vous les hommes ou Monsieur Dampyerre ?
Ou seriez-vous plutôt exclusif et préférez la compagnie féminine ?

    PB


Citation:
Le 06 Novembre 1469
Re: Re: Le même gamin, l'air blasé, livre un pli en retour


Nullement. J'avais une lettre à gratter, et quelqu'un à attendre. Vous saurez que j'ai présenté mes excuses au capitaine. Alors ne vous prenez pas le chignon avec cette affaire, je vous en prie.

    J


Citation:
Le 06 Novembre 1469
Por el Capitaine


    Capitaine,

J'ai prononcé un mot tantôt qui, en tout cas vous l'avez affirmé, a écorché les oreilles de la comtesse. Plus que sa sensibilité, j'ai heurté la vôtre. N'y voyez pas mauvais esprit de ma part. À ma décharge, après vous avoir entendu répéter, sans ronchonner et en riant, une blague grivoise impliquant des animaux, qu'une pucelle de quartoze ans a murmuré à votre oreille, je ne me doutais franchement pas que vous partiriez en croisade parce qu'un mot grossier en anglois a été prononcé devant une femme, mère, et médecin. J'ai peut-être la langue sale, mais contrairement à d'autres qui causent bien droit et dans les ornières de la bienséance, moi j'ai le cont* propre. Au reste, puisque je n'ai pas à juger de votre tolérance, mais à m'y plier, et parce que la Comtesse est embêtée au souvenir de cette scène : je vous présente mes plus plates excuses.

    J


*orthographe fautive de kont*, qui signifie cul* en flamand, mais Blondin ne connaît pas le flamand (et merci à JD Cornélius pour la traduction).

Citation:
Le 06 Novembre 1469
Re: Por el Capitaine


    Johannes,

Il est une différence, à mes yeux du moins, entre répéter les mots grivois venant d'une donzelle qui les a elle-même choisis, et parler des parties intimes des femmes devant une dame qui elle, n'a rien demandé. Qui plus est une noble, et qui plus est encore, la Régnante actuelle du Comté de Flandres. Il ne s'agit pas là de la propension de cette femme à être choquée, qu'elle soit mère et médecin n'y change rien. Il s'agit de sa fonction, et de ne point risquer de lui imposer une converse à laquelle elle n'a pas donné le ton. Peut-être la Comtesse ne s'est elle pas offusquée que vous lui parliez de con, et c'est là sa prérogative. Moi je n'avais point envie d'assister à la manière familière dont vous parliez à celle qui porte la couronne de Flandres, et donc la représente. Je choisis le contexte et l'ambiance dans laquelle user de familiarité ou de grossiereté en fonction, aussi, des personnes présentes : et si une seule personne lors de ces échanges de grivoiseries sur les animaux s'était montrée gênée ou offusquée, j'eus immédiatement cessé par égard pour elle.

Je suis certain que la Comtesse sera contente que vous m'ayez présenté des excuses, et comme c'est là clairement votre but premier, considérez votre démarche réussie. A mes yeux toutefois les raisons que vous donnez font penser à un enfant à qui l'on demande de s'excuser, et qui dit "puisqu'on my force, je suis désolé" = il ne l'est pas, et ses excuses ne valent pas tripette.

Nous venons de deux mondes fort différents, de deux générations fort différentes aussi, et je suis parfaitement conscient que vous ne pouvez, et ne devez d'ailleurs, pas penser comme moi sur nombre de sujets. Mais tout comme il ne me serait pas venu à l'esprit quand j'avais votre âge, de tenir devant mon père, mon grand père ou même un inconnu de leur âge, des propos pouvant les déranger, je m'attends peut-être naïvement, qu'on ait pour moi la même considération. Or dire à un vicomte de soixantes années passées qu'il "monte sur ses grands chevaux" est à mon sens rabaissant et irrespectueux. Vous n'etes pas tenu de me parler, mais je vous prierai si vous le faites de ne point me parler comme à un enfant de cinq ans.

Que le Très Haut vous garde,
    C. de Leffe.


Citation:
Le 06 Novembre 1469
Re: Re: Por el Capitaine


    Capitaine,

Je vous répondrai simplement que vous n'étiez pas non plus tenu de me parler comme à un enfant, comme lorsque vous me demandez en public si ma mère m'a correctement éduqué.

Elle m'aura au moins appris que le respect est un sentiment qui va dans les deux sens.

Mais vous avez raison, nous ne trouverons sans doute pas d'accord sur ce sujet. J'en ai la certitude à vous lire. Je m'en tiens là pour ma part, et laisse cet incident derrière moi.

Et qu'On vous veille,

    J


Citation:
Le 06 Novembre 1469 à 03h18
Objet Re: Re: Re: Por el Capitaine


    Maître Johannes,

Si vous aviez respecté la Comtesse de Flandres comme son rang le veut, si vous aviez respecté ma toute première réaction qui était plus surprise qu'autre chose, et la seconde, et la troisième, je puis vous assurer que je ne me serais pas trouvé en position de vous parler de façon irrespectueuse la quatrième fois.

Je pense que vous le savez, car vous m'avez vu à Limoges et devez vous souvenir que je ne suis point le genre d'homme à prendre les autres de haut ou à leur manquer de respect à tout va. C'est ce que vous avez fait avec moi en insistant sur vos dires, quand un homme noble (et je ne parle point là de supériorité mais de mieux connaitre ce monde là que vous) vous informait que vos propos sortaient des convenances devant une Comtesse.

Votre mère a fait du beau travail, c'est dit sans ironie, car je vous sais un homme bo, ne serait-ce que par Griselidis. L'expression "votre mère ne vous a jamais appris" n'etait dans ma bouche que cela, une expression utilisée sous le coup de l'agacement à vous voir insister sans prêter oreille à mon sentiment. Pour cela je vous présente des excuses. Méfiez vous des certitudes, vous serez souvent déçu.

    C.

_________________
Jhoannes
Piscalie / Fantine / Minah / Griselidis


Citation:
Le 06 Novembre 1469
Le même gamin de bon matin


Vous semblez attendre cette personne depuis un moment.
J'espère que cette dernière arrivera à répondre à vos aspirations.
Point de chignon, mais une mauvaise nuit enruhmée et l'esprit en ébulition.
Sans transition aucune, avez-vous remarqué le rouge? Qu'en pensez-vous?

    P.B.


Citation:
Le 06 Novembre 1469
Re: Le même gamin de bon matin


    Comtesse,

Il y a des sourires amis qui savent réchauffer les nuits les plus froides. Et il caille rudement par vos contrées. J'ai lu les quelques mots en rouge — stratégiquement placés. J'ai même lu toutes les lignes autour, si vous voulez savoir, et si je ne suis pas un grand amateur du roman politique, je n'ai pas baillé une seule fois.

    J


Citation:
Le 07 Novembre 1469
Pioche-addicte


    Heil, si ça fait fureur ausssi .

Je ne prends pas la mère, et elle ne me prendra pas non plus.
Pour tout avouer, le départ ne vient pas, j'ai tenté l'envol spirituel - Pas de bol, j'ai perdu une dent-. Oui ! Je divague, plane, rame et sans avancer d'un pouce .

C'est la mer-de la déprime, pour palier aux tempêtes molles, je m'enfouie le pif sous la terre. Une autruche ? Et je déterre parfois quelques mer-veilles . ( Effectivement, vous allez boire la tasse) . Quelque part, ça me permet de garder la tête hors de l'eau .

Je vais finir par l'écrire, il le faut alors : Je m'emmer-de royalement .

Une petite ligne pour Hazel : êtes-vous devenue, une légendaire chasseresse de petits jaunes ? à Bordeaux, je ne ramasse que des -Grands blancs- .

Portez vous bien, tout les deux.

    églantine .


Citation:
Le 08 Novembre 1469
Vent frais


    Ma petite baie hivernale,

J'ignore si vous êtes familière avec le concept de marche à pied, mais c'est un autre moyen de locomotion qui vous permettrait de voir du paysage — je crois me souvenir que c'est pas l'entente folle avec votre canasson. Sinon, pour pallier l'ennui mortel qui vous grignote, vous pouvez : rougir sous le soleil, écrire une chanson en mon honneur, entamer une nouvelle collection fantastique, envoyer des boulettes de papier mâché sur la tête des gens depuis la fenêtre (montez d'un étage quand vous aurez pris de l'assurance), refaire la toiture, percer un petit trou agaçant dans la coque des bateaux ou bien fonder une famille. La dernière idée n'est pas forcément pertinente, mais au moins on s'enquiquine pas.

Vous manquez à mes beuveries, j'ai rarement eu autant de quiproquos foireux avec quelqu'un.

    J


Citation:
Le 07 Novembre 1469
Grain de sable


    Jho,

Coman sava ?
Chu ala mère pourre souanié ma ftizi.

    Minah (haie Philémon)


Pet-esse : fée coucou deux la min ah Hazel deux ma parre


Citation:
Le 08 Novembre 1469
Vaguelette


    Minah,
    Et Philémon,

Je suis au bord de la mer aussi, mais il fait un froid de connard canard. J'ai rencontré des gens attachants, mais c'est une ville où ça grimace souvent quand on dit des gros mots, et ça secoue la tête quand on parle de cul, alors je me sens un peu à l'ouest. Pourtant je devrais pas puisque que je suis au nord.

Hazel va bien, elle dort mieux qu'avant. Je l'ai saluée de ta part. Est-ce qu'elle t'avait envoyé la souris morte ? Je ne me souviens plus.

Je pense toujours à toi quand j'ai le nez dans les livres de l'université, si jamais je trouve des remèdes pour ta maladie. Accroche-toi.

    J


Citation:
Le 09 Novembre 1469
Ce que je déteste.


Vous le devinez ?
Ce que je déteste encore plus que vous dire au revoir c'est de ne pas pouvoir vous le dire du tout. Je n'aime pas la façon dont nous nous quittons et j'en suis navrée.
Si vous effectuez un trajet pour Tournai cette nuit peut-être vous offrirai-je un dernier verre, quoi qu'il en soit je vous l'offrirai un jour prochain.

Mes pensées vous accompagnent toujours.
Écrivez-moi.

    Grise


Citation:
Le 10 Novembre 1469
Pour G


    Intendante,

Hazel dort déjà à poings fermés, je ne partirai pas à Tournai cette nuit. Ne soyez pas navrée par les adieux, ce sont des affaires toujours un peu ratées. Quoi qu'il en soit, j'ai eu joie de vous recroiser ici. Prenez soin de vous parmi les autres.

    J

_________________
Jhoannes
Golshifteh / Minah / Eloyse


Citation:
Le 10 Novembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

J'ignore par quels mots débuter cette lettre. Il me semble qu'une éternité est passée depuis la dernière fois où j'ai pris ma plume pour correspondre. Avec toi. Puis, guetter un pli, de tes plis. Alors qu'Allah sait combien j'apprécie noicir le vélin et te lire en retour.

Tu le sais plus que quiconque. La vie, c'est dingue. La vie, c'est fou. La vie, c'est fort. Elle te prend au corps, elle te jette en cage, elle te fait frôler la mort, elle parle à tort, elle te cause du tort. Et alors que le temps passe, pourtant, la vie s'écrit. Elle aussi.

J'ai été seule de longs jours. Et s'est dessiné sous mes pieds le chemin du pardon. Pour avancer. Pour oublier. Il ne s'agit pas de rayer le passé, simplement de ne plus vouloir y être attachée. Y'a-t-il véritablement eu faute? S'il en était, pourrait-elle être punie, réparée, expiée? Qu'y a-t-il à oublier? Qui est le coupable? Mon passé n'est qu'un souvenir. Duquel je m'éloigne. Avec Laleh.

Plus de place pour le valet noir dans le coeur.

J'aimerais qu'il n'y ait pas de non-dits ou de faux semblants.
Comment vas-tu, vraiment ?

S'il existe bien une faute à pardonner, c'est celle de ne pas t'avoir écrit pour ton anniversaire. J'ai préféré me dérober à tes quarante automnes. Pour effacer ma présence, pour délier toute passion naissante, fragile et éphémère. Il aurait été égoïste de ma part de ne pas agir de la sorte, n'ignorant pas vers qui et quoi tu allais.

Tu trouveras dans ce pli :
- Un herbier "unique". Autrement dit, une feuille séchée - pas n'importe laquelle non plus, une très belle, aux couleurs plurielles de la saison - ramassée le 16 octobre.
- Une plume de paon. Tu lui trouveras sans nul doute une utilité. A la hauteur de la beauté et de la noblesse du précédent propriétaire phasianidé.

Je prends le droit : Tu me manques.

A te (re)lire.
    گلشیفته


Citation:
Le 10 Novembre 1469
Pour G


    Golshifteh — j'ai essayé de reproduire ta signature mais pondue de ma main on aurait dit un mot écrit à l'envers par un gamin de quatre ans.

Merci d'avoir écrit. J'ai rompu le silence parce qu'en pensant à toi je m'inquiétais. Peut-être bêtement, sans doute pour rien, mais je m'inquiétais. Que tu ailles mal, que tu te sentes à nouveau le ventre creux, que ta main s'infecte, que tu sois seule, ou que tu aies peur — je ne vais pas tout énumérer, mais tu vois l'idée. J'ai passé la journée de mes quarante ans avec ma fille, et puis nous avons fêté ses neuf ans le lendemain. Tu n'as aucune faute à te faire pardonner. En tout cas vis-à-vis de moi. J'ai glissé la plume de paon entre la manche de ma chemise et celle de ma pelisse ce matin, en me disant que je lui trouverai une utilité fantastique dans la journée, mais j'ai fini par la laisser là. Ça me chatouille un peu au creux du poignet.

J'ai eu le temps d'arpenter les landes de bruyère, de me droguer à l'air salé, et j'ai des grains de sable gris en permanence dans mes bottes. Les Flandres sont un monde à part. Je ne m'y sens pas à ma place, mais j'y aurai passé des moments chaleureux, dans ce nord, rencontré des amitiés et une dose d'anecdotes foireuses à raconter.

Mes doigts me lancent encore, comme s'ils étaient rouillés dedans, mais les plaies à mon tronc ont fini de toutes se refermer. Je crois que je ressemble, un peu plus, à un humain. Je vais bien. Et quand ça me reprend, je me laisse aller mal, jusqu'à ce que ça aille mieux. Astana ne donne plus de nouvelles depuis bientôt un mois. Nous attendons sa venue, ou un écho, jusqu'à la fin de novembre, et nous rebrousserons chemin ensuite. Une part de moi voudrait filer plus tôt, mais je me suis engagé à fanfaronner à haute voix pour les joutes à venir dont j'ai déjà oublié le nom. Et tu me connais un peu, j'aime bien bavasser — alors si en plus le public est forcé de m'écouter, je risque de me la mener joyeuse.

Ça me chatouille un peu au creux du poignet, mais j'aime bien.

    J


Citation:
Le 11 Novembre 1469
Pour l'Archiviste


    Jhoannes,

Un jour, je t'apprendrai à calligraphier de la sorte. Au fond, mon style d'écriture originel est le seul qui soit un avantage pour ma sénestre. Car, j'ai beau adoré t'écrire, je me retrouve après chaque vélin avec le côté de la main noircie. Et donc, consubtentiellement d'avoir des vélins qui ressemblent à de vieux torchons dégueulasses.

Merci d'avoir répondu. Et de t'être inquiété. Je ne pense pas être aussi apaisée que je pourrais le laisser entendre. Je crois, simplement, que j'ai préféré retrouver la surface, sans avoir touché le fond, espérant par là échapper à l'incommensurable asphyxie de ce dédale sentimental et émotionnel. Je ne veux plus me perdre inutilement et tomber de Charybde en Scylla. J'ai deux vies. Celle d'aujourd'hui et celle que je n'aurai pas. Et la destinée m'emmène à chérir celle qui m'est dûe, en l'instant. A capturer l'instant. Alors même que règne, c'est vrai, la peur.

Peut-être ai-je tort. Cependant, ce voyage, le tien, me paraît être moins tragique que ce qu'il n'augurait. Sans doute, est-ce une fausse appréciation, ta drogue n'ayant pas dû se cantonner à l'air salé. Et je devine ta rhétorique peut, sans couvert d'une conversation gracieuse, cacher les papillons noirs de ta solitude et de ton âme. J'espère néanmoins pouvoir entendre les échos de cette odyssée et n'en rater aucun grain de sable. Tu aurais pu penser à m'en envoyer une fiole pour que j'en dépose un peu sur mes pieds impériaux - l'art du voyage à bas coût.

En fait, tu sembles avoir apprivoisé le mal. Même s'il peut laisser des traces ineffaçables. Et au pire, même si cela ronge de l'intérieur, tu peux toujours poser un coupable : ton âge. Comment tu sens-tu à l'égard de ce nouveau silence d'Astana? Il est inutile que je te dise d'être patient, tu le sais plus que quinconque, elle reviendra.

As-tu trouvé une utilité à la plume?

    Golshifteh

PS : Je t'envoie avec ce pli du miel pour éclaircir ta voix.

PS bis : Siegfried te salue. Tu lui manques. Ton absence a de quoi flatter ton ego. D'ailleurs, j'ai eu raison de lui en quelques instants. Il a raison. Je ne suis causante que quand la personne m'intrigue. Lui, pas.


Citation:
Le 11 Novembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

Les ponts qui relient nos histoires me font sourire, pourtant certains sont tristes. J'entends, très bien, quand tu écris que tu as deux vies, celle d'aujourd'hui, et celle dont il faut faire le deuil. Comme je suis âgé (merci de me le rappeler encore, autant dans la bouche des autres je m'en fous, autant venant de toi, ça me fait toujours un petit pincement significatif), j'ai pas mal d'autres vies en deuil. Celui de mon mariage est dur. Parfois la pensée d'Astana m'attaque le crâne et j'ai l'impression qu'on me vrille les tempes avec deux plaques de glace. C'est long, de se sortir du cauchemar où l'on ne terminera pas ses jours avec celle qu'on a aimée. Mais je n'attends plus son retour. J'attends de poser un verrou sur cette histoire, pour pouvoir définitivement ouvrir la mienne. Et si rien ne se passe après ma marinade d'automne, je fermerai cette porte seul. Et je viendrai te voir ensuite. Pour la promesse que je t'ai faite, et parce que cette pensée me rassure. Peu importe si d'ici là, un type plus intrigant à tes yeux de biche que Siegfried (oui, j'ai ri, mais tu peux lui passer mon salut) te raconte que tu es belle à ma place, tant que tu en laisses une, de place, pour nos dialogues. Je crois que j'ai encore des choses à te dire, et que je n'ai pas fini de t'écouter. Rétrospectivement, je réalise que je n'ai jamais aimé que tu ne sois pas dans ma vie — bien avant qu'on se fasse amants, car je parle d'autre chose, mais j'ai sans doute trop de sel dans les narines pour poser un nom dessus à cette heure. À ce propos, je répare l'oubli injurieux : ci-joint une petite ampoule de sable fin, trié et débarrassé de tout corps étranger, à faire glisser entre des orteils impérieux. Impériaux.

La plume est toujours contre moi, et je suis au regret de t'annoncer qu'aucun miel n'a jamais su arrondir les angles de ma voix — je l'engloutirai tout de même, et si jamais je me réveille avec la voix claire d'une princesse, tu seras la première informée.

Je crois que tu deviens sage. Prends garde, c'est ainsi qu'on vieillit, quand on se met à accepter de ne pas suivre les chemins tracés par nos idéaux, et qu'on apprend à dire à ses peurs de les boucler. Aussi : j'aime ton nez. Tu semblais croire le contraire.

    J


Citation:
Le 10 Novembre 1469
Beurk, l’eau ça mouille.


    Jho,

Kellidé deux monté dent leu naure ah sept sézon ! Garrde toujour hune gouredeuniole pourre te raichaufé, un ! Ou brulle hein livre pourre teu teunir cho oh ku. Haie Dais jean ki fon la tronshe kan tu jure, tu taie trouvez hein ni deux raifaurmé oukoi ?

Geai bihun reussi la souri deux Hazel, aile sapel Hazel. La souri, pa Hazel. Anfin scie, Hazel oci sapel Hazel. Braiffe. Aille vi sa bel maure avaik mé zotre souri maurte.

Chu ah Narbonne. Tsé queue sait la preumiaire vile queue geai travairssé kan geai kité mon vilaje dent laid montanieu avaik Mémé, ya preske dizan minteunan ? Sa fée tou draule han deudan, mé draule trisste. Tsé, kan yaplin deux « héssie » dent ta taitte. Héssie javépa kité mon vilaje, héssie javé pa pairdu mon bra, héssie gété pa deuvenu nez cuillère pourre mdame Scath, héssie jeumété pa disupptez avaik Perceval, héssie jeumétépa fée pouttré… Coman seuré mavi ? Esskeu cheuré oci antrin deux creuvez ?

Chépa ankaur si laid jean son simpa dent leu Languedoc parre conttre, mé y zon po deux praublaime avaik laid graumo, y zaraitte po deux sangueullez part crieure publique nain terre pauzé. Sa okup.

Poutoukipu atoua,
Coucou deux la min ah Hazel,

    Minah (haie Philémon)

Pet-esse : baurdelle deux fouttre deux puteurelle kalagal ta mer sans leu paté espaisse deux raizidu deux fosse coushe.
Vouala, sa teu feura ta deauze deux gromo pourre la seumène. ♥


Citation:
Le 12 Novembre 1469
En plus il fait froid


    Minon,
    Et Philémah,

Je suis tombé dans un nid de flamands. Et de loin on pourrait, à s'y méprendre, les confondre avec des réformés, sauf qu'ils sont presque tous blonds et qu'ils ne s'habillent pas tous en noir. Je pense qu'ils sont tout aussi riches que les huguenots, par contre ils sont très souriants. Austères, mais souriants. Et pour être honnête, je me suis déjà attaché à quelques bouilles. De toute façon j'ai jamais pu m'empêcher de raconter des bêtises. Ah, les flamands ont aussi un avantage par rapport aux réformés : quand ils ne sont pas contents ils font les gros yeux, ou soupirent, mais ils n'enlèvent pas des doigts. Si je suis là-bas, c'est comme toi pour Narbonne, c'est une ville qui est comme une grosse soupière de souvenirs agréables et pas agréables du tout, et de « si ». Je sais que parfois ça plombe la tête toutes ses questions, et qu'on a l'impression de couler un peu. Alors si je peux donner mon avis : je sais pas si t'as toujours eu les bonnes rencontres, ou fait les bons choix (moi j'en ai fait, des pourris, dans ma vie, et je parle même pas des rencontres), mais aujourd'hui t'es une belle personne. Et les gens qui le voient pas sont des cons. Voilà. Je suis content que tu prennes soin de toi. Sans doute que le temps est encore doux sur Narbonne, en plus. Est-ce que tu as cette impression de reconnaître la ville et de la trouver défigurée en même temps ? Je t'envoie un petit paquet de pulmonaires. Les mâche pas sèches, c'est dégueulasse. C'est pour les tisanes.

Gros câlin qui schlingue,

    J

Post-scriptum : merci pour la liste, je l'ai lue d'une traite, à haute voix, bourré, ça fait du bien.


Citation:
Le 11 Novembre 1469
Lettre indolente pour voyageuse pressée


    ‌‌Nhjaeson,

Laissez-moi à mon tour vous conter le voyage que je ne suis pas en train de faire, avec, en guise de boussole & d'étoile Polaire, le souvenir de deux quinquets davantage rieurs encore que la bouche assortie, elle trop occupée à faire de l'esprit.
Je traverse les terres dont ma main, angevine d'adoption, ne saurait gribouiller les grossières syllabes mais qui, je dois bien l'avouer, auront su charmer mon estomac à coups d'arguments de choix : marmites sarthoises, rillettes et sablés, le tout arrosé de Coteaux-de-Loir.... Gardez pour vous cette confession blasphématoire mais on boulotte plus fastueusement dans les bouges du Mans que dans les châteaux d'Angers.
Demain, déjà, je serai en pays ami, ou plus encore en Terre Sainte, priant pour une rousse et divine apparition. Mais, malgré mes désirs d'épiphanie, je ne m'attarderai pas et suivrai le chemin que vous m'avez tracé de l'encre de vos lignes. C'est que j'aimerais me doter de plus de diligence que mes lettres.

Au risque de me faire accuser de candeur ou, pire, de désuet romantisme, je crois que l'amour, de par son essence même, exclut toute notion de choix. Peut-être que, si le parchemin se révèle trop court, les soirées flamandes ne le seront pas tant, et que vous saurez ainsi causer de votre été, voire même de vos étés, si à la longueur de la nuit j'adjoins quelque breuvage qui fait la langue déliée. Peut-être pas. J'apprécie tout autant le silence sereinement partagé que les conversations à bâtons rompus et à godets levés.
J'ai, avant toute chose, le besoin pressant de changer d'air, et les bourrasques marines que vous me promettez en route ne suffiront pas, je le crains, à dissiper ce qui stagne en moi.

Partout, sur l'empreinte de mes pas, se penche la bruyère. Je vous en envoie un brin. Choisi. Séché. Béni. Ainsi, selon les Celtes, je vous souhaite bonne chance.

Pensées amies,

    Elo.


Citation:
Le 12 Novembre 1469
Bref et bien brièvement


    Eloyse,

N'en tirez pas de conclusions hâtives mais je vais la faire courte. Je pense que vous êtes un peu frappée, ou que vous avez vraiment passé un été de merde — c'est peut-être les deux. Si mes études cartographiques matinales sont justes, et que vous n'avez pas menti dans votre dernière lettre, vous devriez être à Dieppe dans cinq jours. Ce qui tombe bien, puisque moi aussi (ainsi que ma progéniture, et un canasson en rab pour vous, parce que l'Artois, c'est déjà pas drôle, mais l'Artois à pied, y a de quoi vouloir se pendre dans une mare). Ensuite, petite chevauchée de furieux vers le nord, et nous pourrons deviser gaiement de choses tristes, ou la boucler, comme vous le dites. Enfin j'espère tout de même que vous parlerez un peu sinon les soirées risquent d'être gênantes. Avouez que je vends très bien le programme. L'offre est valable jusqu'à la fin du mois de novembre, où je finirai sans doute par m'éloigner quelques temps de la Flamandie. Le gîte est bien entendu offert si vous supportez les perpétuelles questions d'une enfant de neuf ans. Et son père.

Garde sur les routes,
Je garde le brin, mais vous retourne le vœu.

    J

_________________
Jhoannes
Eloyse / Golshifteh


Citation:
Le 12 Novembre 1469
Alençonnaisement


    HsnanoeJ,


Je ne tire de conclusions hâtives...que de votre propension à tirer des conclusions hâtives.
Frappée, vraiment ? Il me semble pourtant faire preuve d'une lucidité qui m'est peu coutumière en quêtant l'air qui tend à me manquer au delà des frontières d'un quotidien étouffant, en souhaitant larguer un peu de la lourdeur des jours depuis les falaises d'Etretat, à rêver que deux bras écartés et un chandail blanc suffisent à me faire goéland, ou en considérant qu'il n'est pas de hasard et qu'en me détaillant l'itinéraire d'improbables retrouvailles vous me transmettiez l'invitation de l'Univers à sauter quelques barrières.

L'idée de vous rejoindre au sein de l'une des villes figurant au classement des cités les plus chiantes du Royaume me plaît grandement. Je chevauche avec la grâce d'un poussah pris de coliques néphrétiques mais qu'importe : si cela peut arracher un rire à la jeune gorge de votre fille et participer à un début de réconciliation avec mes frères canidés, je m'incline avec joie devant le ridicule.

Ceci dit, ami érudit-en-dilettante, je n'accepterai guère que vous vous encombriez d'un quelconque déplacement par pitié pour ma paire de petons, ou ma santé mentale, ou ma solitude supposée, ou mon automne qui n'a pour l'heure rien à envier à l'été. Que tremble l'Artois dont ma guibolle solide ne fera qu'une bouchée ; frémisse le vague-à-l'âme que la majesté des vagues véritables dissipera dans l'écume. En bref et sans emphase toute angevine, ne vous abîmez pas le croupion au cuir de votre selle pour venir m'aider dans ma laborieuse avancée.

Merci pour le gîte et, d'avance, pour tout le reste. Je ne crains pas les enfants de neuf ans, pas plus que leurs questions en pagaille et partage même leur tendance au blabla incessant. Que mademoiselle sache cependant que je rends curiosité pour curiosité et qu'il se dit que, d'un croisement de regard, je puis deviner les secrets. Que son père se rassure, ce n'est là que légende : je me contente en vérité de lire les pensées.

Qu'Il vous veille. Précieusement.

    Elo.


Citation:
Le 12 Novembre 1469
Presque plus les Flandres


    Eloyse,

Je suis au regret de vous annoncer que notre traversée est déjà entamée. Je vous gratte nouvelles depuis Dunkerque. Nous pourrions faire demi-tour. J'adore faire de la route au pas à pas, mais j'ai une sainte horreur des chevaux. Ou les chevaux ont une sainte horreur de moi, je crois que c'est une relation équilibrée au final. Je ne peux pourtant pas décider de faire demi-tour, car c'est une période de ma vie si incertaine que je dois la jalonner de quelques points fixes avec ma fille. Comme : demain, nous jouerons aux billes. Lundi prochain, nous irons ramasser des coquillages. D'ici quelques jours, nous retrouverons Eloyse pour l'escorter ensuite jusqu'à Bruges. Elle ignore qui vous êtes, mais vous êtes un événement prévu, et il est important qu'il arrive comme annoncé. Je n'aime pas les chevaux, mais je suis content à l'idée de vous revoir, et de voyager avec Hazel dans nos bottes fourrées.

J'ignorais que Bruges figurait au classement des villes les plus chiantes du royaume — j'ignorais même qu'il y avait un classement tout court, je suis résolument à côté de la plaque, le dernier Berry Match que j'ai lu doit dater du printemps dernier. Je vous laisserai vous faire votre avis par vous-même. Vous vous rendrez rapidement compte que les Flandres sont une enclave, fière de son nom et de ses blondes (je ne précise pas lesquelles). Il y est mal vu de s'afficher, parler salement, ou de faire des bêtises, sur les tables, sous les tables, ou par exemple, dans des cabanes. Ce qui ne signifie pas que les gens s'en privent, mais qu'ils sont jugés ensuite par la voix populaire — sans que les noms soient forcément divulgués, bienséance oblige. Je vous trace un très pauvre tableau de ces terres et de ses gens, on y trouve bien plus de nuances quand on sait y attarder le regard.

Et donc : à Dieppe. N'hésitez pas à me prévenir s'il vous arrive des broutilles sur le chemin. Mais il n'en surviendra pas. Je prierai pour, en tout cas, à ma manière.

    J

Post-scriptum : si vous traînez par les rivages, je crois qu'en ce moment ils sont piquetés de petites vélelles bleues. C'est très joli, mais ça pourrit vite.


Citation:
Le 12 Novembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

Ce qui nous unit s'apparente surtout à du désespoir. Pourtant, dès lors que je te revois, dès lors que je passe des instants précieux - par le corps et la parole - en ta présence, je n'ai jamais cette sensation. Je me sens ton égale. Je ne suis pas celle qui voudrait te dominer, je ne suis pas non plus celle qui serait faible de par une déification aveugle de ta personne. Et en dépit des taquineries, sans doute trop insistantes sur ton âge - et je t'écris icilieu mes excuses- je ne suis pas l'enfant, candide et tu n'es point le veillard, docte. Si tu es drogué en lisant ce pli, passe outre ces mots, tu le prendrais pour une déclaration - alors qu'au fond, cela signifie simplement que je veux garder jalousement et égoïstement la beauté, la langeur de cet alter-ego personnifié.

A présent, j'ai profusion de questions à te poser. J'aimerais comprendre. Mieux.
Passes-tu par les mêmes états émotionnels pour chaque deuil?
Que pensais-tu du mariage avant et maintenant?
Comment concilies-tu ton rôle de père et ce deuil?

Je me sens flattée, de savoir que tu ne m'as pas rayée de ta vie. Je me sens gênée de te sentir attaché à cause de "ça". Je me sens perdue d'espérer que tu veuilles me revoir simplement parce que tu en as envie. S'il existe bien un mot qui m'appeure, c'est celui de promesse. Il m'évoque sans doute trop l'échec. D'ailleurs, j'ai un peu peur que tu sois trop "long" et que la vie prenne le pas sur ton arrivée. Est-ce normal que je ressente déjà des contractions alors qu'est passé le sixième mois ?

Sois vaniteux et considère ta place d'intrigant acquise et sacrée.
J'ai envie d'entendre ta confession, celle de ma beauté.
En revanche, s'agissant d'un jeu de séduction, je te devine plus doué que je ne le suis.
Garde un creux d'oreille, que je puisse y murmurer quelques philtres (et conneries).
Rien que pour moi.

Si tu es véritablement devenu une princesse, sache que j'ai un moyen infaillible de le savoir et je n'ai besoin que de deux objets : un matelas et un petit poids. Et une robe à traîner, mais là, tu m'accuserais de pousser le vice. Et tu aurais TRES largement raison.

Quelle est ta plus grande peur ?

Moi, ce que j'aime, c'est le gris de tes automnes.
Vraiment.

    Golshifteh

PS : J'ai souri pour les orteils. J'avais pensé écrire impérieux et... Tu t'en es chargé. Merci pour le sable. C'était granuleux et doux à la fois. Ramènes-en plus si on est censé construire ton château en bord de Vienne.


Citation:
Le 13 Novembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

Nos vies sont un peu merdiques, mais je pense que notre lien puise sa source ailleurs. Heureusement. Sinon imagine le bordel entre gens désespérés. Mais on s'en fout. Je sais pas si c'est normal que ton ventre s'agite si tôt. J'en suis à l'aube de mes études de médecine. C'est-à-dire que le soleil s'est même pas exactement levé dessus — oui, je me suis mis à fréquenter les bancs d'université et je me transforme en binoclard pour lire les petites lignes en latin, tu te foutrais tellement de ma tronche. D'ailleurs ne me donne pas d'excuses, continue à te moquer, ou à soulever les vérités : je suis vieux. Et parfois je suis un connard. Avec une paire de verres sur le pif. Mais on s'en fout. Même si je partais cette nuit pour Limoges avec toute la science du monde dans le crâne, je ne servirais à rien ; il faut que tu ailles consulter un vrai médecin. Va voir Eliza de ma part, si tu sais pas à quelle porte frapper. Je peux lui écrire un mot si tu préfères. Et épargne-toi. Repose-toi. Tu dors où ? Parce que sinon dans ma baraque, y a personne mais un grand lit de chouette facture avec un édredon farci de plumes d'oie. Pour ouvrir, si tu n'arrives pas à passer par l'atelier, il faut demander à Ael. Elle s'occupe du chat, elle connaît un peu les lieux. Et mange. Pas comme un moineau. Mais te gêne pas pour partager les fruits avec ceux qui vivent dans le jardin. Prends soin de toi. Personne ne le fera à ta place, et si je gueule depuis Dunkerque tu m'entendras pas. Et pourtant ma voix peut porter. D'ailleurs, j'ai un pot de miel dans le bide mais elle est toujours aussi déglinguée. Bien essayé. On file sur la côte normande avec la petite pour un aller-retour d'escorte. Ma plus grande peur, en ce moment, c'est de tout foirer avec elle. De la foirer, elle, ou de mourir avant d'avoir au moins pu la faire foirer correctement, cette enfant, et qu'elle se retrouve seule. Sans mère, sans père, et à moitié foirée. Mais je reste son père malgré le deuil. Je n'étais pas papa lors des précédents. Ce sont des pans de vie pratiquement tous plongés dans le noir de ma mémoire, mais je me souviens avoir beaucoup bu, fumé des trucs bizarres, m'être entiché de filles encore plus bizarres et d'avoir fait du mal à pas mal de monde malgré moi. En somme, c'était moche. Aujourd'hui, ma fille me tient la main sans forcément s'en rendre compte. Tu as tenu l'autre. Et les oreilles amies aussi. Tu pourras déverser ce que tu veux au creux de la mienne, d'oreille. Je crois que je n'ai rien à dire sur le mariage. J'aurais beaucoup à raconter sur les miens, mais pas ceux des autres. Encore moins sur l'institution. Les unions sont toutes différentes, et les caractères aussi, même si des motifs reviennent souvent dans le décor. Et puis je suis un gars sans nom, alors même si j'ai quelques biens dans les caisses, tout le monde s'en fout que je sois l'époux de quelqu'une. Personne n'attend ça de moi. Ce serait encore différent si j'étais né femme. D'ailleurs, j'entends bien que tu rêves de me voir en robe, mais ça nécessitera une bonne bouteille de gnole (juste pour moi). Va voir un médecin, Golshifteh. Là, c'est un ordre.

    J

_________________
Jhoannes
Eloyse / Golshifteh


Citation:
Le 13 Novembre 1469
Mortagne, sans mort et sans montagne


    Onnhjesa,

Tout est fugitif, incertain, fantastique, dans le songe de la vie. In fine, votre fille l'apprendra, le comprendra, et peut-être même trouvera cela merveilleux, mais, en attendant, demoiselle s'aide d'une main tendue dans cette délicate expérimentation du déséquilibre inhérent à l'existence. Vous vous appliquez à faire cette main solide, à réfréner le tremblement de ses doigts. Je n'aurai aucun scrupule à balancer du jugement-pas-hâtif-pour-un-sou en affirmant haut et fort que vous êtes un bon parent. Et quant à moi je me trouve honorée d'avoir la tangibilité d'une croix tracée en rouge sur le prochain lundi de votre calendrier, d'être une étape sagement définie dans l'espace et le temps de votre vie à deux coeurs et une âme.

Quand bien même ladite étape devra se faire à dos de canasson.
Tout comme vous je préfère à leur trot gracieux la lourdeur de mon pas. C'est qu'il est selon moi une forme d'insupportable aberration à encombrer de mon gros fessier l'échine d'une créature qui m'est en tout supérieure (plus encore que le chat qui, se sachant sublime, perd de sa toute puissante majesté).

Et voilà qu'encore je disgresse. J'ignorais que la logorrhée pouvait se faire d'encre et de vélin. D'une mauvaise foi légendaire, j'accuserai bassement la très bonne chair et la fameuse vinasse dont on use et abuse à la table de Carrouges. Pays de frappés que l'Alençon ; j'en veux pour preuve que la Duchesse m'a la veille au soir offert de dessiner pour la Maison Royale, dans la plus grande des décontractions, et ce tout en étant encore épargnée par l'ivresse. Voeu pieux que celui de mon nom gribouillé au côté des nobles patronymes qui ont fait et feront l'histoire de la peinture en notre nation. Au delà même d'un talent aux abonnés absents, je manque par trop de pratique.
Pour le salut de mes phalanges rouillées et de mes pigments séchés, me céderiez-vous le droit à l'image sur votre profil ainsi que sur celui de votre progéniture ? Toutes sublimes que soient les vélelles bleues, elles ne feront jamais d'aussi charmants modèles.

Bruges a sans doute une place de choix dans un ou deux classements sans queue ni tête ni fondement, puisque l'on dresse aujourd'hui catalogue de tout et n'importe quoi. En Limousinois on se plait même à hiérarchiser la donzelle selon des critères qui, je vous laisse deviner, ne touchent en rien à l'humour ou à l'esprit des concernées. Exercice bien sûr chapeauté par le Comte en personne et sa dégaine de contrôleur de douanes presbyte. Fichtre, bénie soit cette province d'adorables abrutis congénitaux.
Concernant le palmarès des villes les plus chiantes du Royaume, je causais en réalité de Dieppe comme lauréate de ce concours aussi arbitraire que tous les autres et probablement sponsorisé par la liqueur de poire à 50°C. Votre seule présence en ses murs fera heureusement mentir ces injustes résultats.

Le portrait que vous me dressez des Flandres n'est pas pour me déplaire, d'autant que j'ai comme vous la certitude qu'il est en chaque un coeur un monde à découvrir, plus vaste que les Flandres, que le Royaume de France, que le monde lui-même.
Quelle que soit la manière dont vous priez vous ne devez pas vous y prendre si mal que cela : ma plus grosse broutille fut pour l'heure celle d'un caillou coincé dans ma bottine gauche.

Ma pensée avec vous, à chaque lieue, chaque virage, chaque crottin de cheval.
Gaffe à vous.

    Elo


Citation:
Le 14 Novembre 1469
Azincourt, mais vers où ?


    Eloyse,

L'aspect chaotique du monde a toujours été rassurant à mes yeux. Il signifie que je ne suis pas forcé de marcher dans les ornières du destin. C'est pas que j'ai la prétention d'enculer la fatalité à chaque fois que je fais un choix, mais au moins, je me dis que je peux toujours bifurquer quand ça me chante. Aussi qu'on y trouve des nids-de-poule — j'admire ce qui nous reste des travaux romains mais il serait peut-être temps de rénover ça d'ailleurs — et que les sentes dans lesquelles on bondit peuvent être manne de mûres mûres comme de baies empoisonnées. Il y a des gens qui sont angoissés par ces dernières. Ma fille en fait partie. Sa mère est l'Ordre, mais sa mère n'est plus là. Astana est partie en retraite chez les nonnes, et nous ne devons pas l'attendre. C'est faux, mais c'est la version officielle qui fait le moins de peine à Hazel, alors c'est celle que nous tiendrons pour l'instant. Et c'est pourquoi il est important, en ce moment plus qu'à d'autres temps, car ceux-ci ne sont pas toujours gais, que certaines choses arrivent comme annoncées.

Si vous voulez vous faire la patte, ça ne m'a jamais posé souci d'être un sujet d'étude. Quant à ma fille, je vous laisserai le soin de lui demander vous-même. Je doute qu'elle refuse, surtout que nous aimons bien gribouiller des choses à la mine tous les deux, et qu'elle sera curieuse de vous voir à l'œuvre, mais je préfère qu'elle parle en son propre nom dès que c'est possible. N'ayez crainte, si jamais elle dit oui, on trouvera une astuce pour qu'elle arrête de remuer. Si vous avez des nougats, ça peut aider. En parlant de nougats, je suis bien au courant du système à points appliqué aux femmes qui peuplent Limoges, pour ce qu'on m'a déjà demandé d'y participer, en tant que pas toujours fier représentant de mon sexe. J'ignore le détail de la grille d'attribution de ces points, par contre (je suis un peu de mauvaise foi ici, mais pas entièrement. Zéro c'est gros thon, dix, ultra-bonnasse). Je crois que personne ne se livre à ce jeu sur Bruges, ce qui rend la ville paradoxalement moins lourde, et moins légère à la fois. Reste la bière.

Nous atteindrons Dieppe d'ici deux jours. Au retour nous embarquerons un jeune artésien et son chien pour la route jusqu'à Bruges. Je crois qu'ils ont tous les deux besoin de se faire les jambes. On bidouillera un truc pour la répartition des gens sur les chevaux. Prenez soin, toujours.

    J


Citation:
Le 14 Novembre 1469
Vers où ? Verneuil


    Jnonshae,

Je dois avouer que d'après le peu que je puis prétendre connaître de vous, le joyeux bordel vous sied à merveille. Pas le bordel qui schlingue, qui oppresse & angoisse ou sur lequel on trébuche par inadvertance. Mais celui des vacances improvisées, des virées au marché en conchiant la liste de courses, des dîners intégralement composés de crêpes à la confiture, des petons réchauffés par des chaussettes dépareillées, des plans qui changent et qui foirent mais qui ont le mérite d'exister, des fourchettes-brindilles & couteaux-cailloux, des "Tiens, le ciel est beau, asseyons-nous en tailleur et déboitons nous les cervicales pendant au moins quatre heures", des "raccourcis" à travers un bois de ronces et cinq cent mètres de dénivelé, des périples sans destinations et des destinations sans itinéraire...En bref le foutoir gentil et sain dont il est plaisant d'agrémenter ses jours. Je nourris les mêmes inclinations pour les voies accidentées - Ave ! -, les fourberies d'un chimérique hasard et la délicieuse illusion du libre-arbitre. Mais je ne porte sur mes épaules la responsabilité que de ma propre vie. Le Très-Haut, clairvoyant, n'a pour l'heure pas jugé bon de foutre entre mes pattes maladroites une petite âme qu'il me reviendrait de protéger de tout. Je ne détiens pas ce savoir hermétique - à base d'amour inconditionnel et de don absolu de soi - que partagent les êtres humains qui, dans l'inventaire de leurs life goals, ont coché la case "☑ Fabriquer un autre être humain". Et parce que personne ne m'appelle "maman", parce que si je devais clamser en l'instant ma médiocre lignée cesserait incontinent, je n'ai pour tous les parents qu'un mélange de profond respect et d'attendrissement.

Votre enfant et vous traversez de troubles et tristes moments, j'entends et m'en trouve désolée, vraiment. Je n'ai évidemment pas la prétention de songer qu'une blonde et balourde présence sache attiser l'espoir d'un "mieux" mais je puis en revanche promettre ne jamais être à l'origine d'une peine supplémentaire : à moins qu'elle ne le fasse d'elle-même je n'évoquerai d'aucune manière, avec Hazel, le sujet d'Astana. Pas davantage avec son papa.
Enfin, tout cela va de soi.

Ce qui coule moins de source, par contre, tout en faisant couler les larmes d'un fou-rire inarrêtable, c'est bien votre pointue connaissance des us & coutumes du limousinois. Cependant les tenants et aboutissants d'une si subtile tradition échappent à mon entendement et je manque, je dois dire, d'exemples concrets à me mettre sous la dent. Balancez donc le nom d'un "1" et celui d'un "9" pour une meilleure compréhension de ce folklore raffiné. A titre d'information seulement, bien entendu, et au nom de l'ouverture d'esprit, de la rencontre des cultures, de la curiosité sociologique.... Ahem.
Il ne tient d'ailleurs qu'à nous d'exporter cette douteuse pratique chez nos copains les Brugeois. La bière aidera. La bière aide toujours.

Rouen demain. Dieppe après-demain. Pour ce qu'il advient ensuite je vous laisse mener la barque et décider de qui monte ou non à bord. Je valide quinquets fermés. J'aime les hommes et plus encore les chiens (
Faites attention. Faites confiance.

    Elo.


Citation:
Le 13 Novembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

D'où tient-il sa source alors?

Ton pli m'a laissée quelque peu dubitative. Sans doute, ai-je eu tort de me faire, autant, part de mon envie de te revoir. Sans doute, as-tu eu raison de souffler une sorte de blizzard, refroidissant cet élan.

J'irai consulter un médecin. Bien que je n'aie point d'inquiétude véritable. Dès lors que ses coups de pieds viennent me rappeler à sa présence - encombrante, je sais que la vie l'est aussi en mon sein.

Je dors à Aixe, territoire de Zolen. C'est là-bas que mon coeur se repose. Auprès de celui d'Eldearde qui y dort, pour toujours. Ton lit, lui, est trop un sanctuaire pour que je veuille en prendre possession. Et cela n'aurait rien de palpitant si à ton retour, tu m'y trouvais. A choisir entre une pseudo nymphe qui couve depuis une éternité - pourquoi personne n'évoque la longueur de la grossesse ? - et une parfaite inconnue au vrai corps de déesse, crois-moi, je te laisse le choix du roi. En plus, j'ai un chat. Bref, c'est absolument in-com-pa-ti-ble. C'est vraiment con tout un laïus foireux alors qu'un non merci aurait suffi.

Prends soin de toi et reste en vie.
Tu es précieux à Hazel. Et sans doute à d'autres.
J'ose espérer que ma main n'a pas été qu'une attèle éphémère.
Eh merde, je rechute.
Alors, je me tais.

Les feuilles mortes dans le vent, c'est quand même très beau.
Elles floutent un peu les ombres du temps.

    Golshifteh

PS : Depuis quand je t'obéis?


Citation:
Le 13 Novembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

À te lire, je comprends un peu mieux pourquoi Andréa avait l'habitude me surnommer vent froid. Je n'ai pas l'intention de souffler ce dernier. Ni le chaud en alternance. Peut-être que j'écris simplement trop entre les lignes. Ou que je n'ai pas forcément envie de tracer les courbes de toutes les pensées qui peuvent me traverser la tête. Sans doute, même. Je vis en comptant mes pas, pour l'instant, et ils ne me mènent pas bien loin. C'est une échelle plongée dans l'eau, et d'un barreau à l'autre, je refais lentement surface, en ignorant les trouilles qui me chopent par les bottes pour me faire replonger. Mais les nuits de cauchemars sont encore là. Les fausses danoises blondes qui m'arrêtent le cœur dans la rue, parce que je suis pris de court. Les silhouettes qui ressemblent familièrement à ton ami, aussi, peuplent ce monde, et parfois j'en perds son souffle. Ce n'est pas l'âge, qui a rouillé mes doigts, mais l'aiguille qu'il a enfoncée à l'intérieur — et de mes doigts, et de mon crâne. Oui, j'ai envie de te revoir. Je l'ai simplement mal écrit avant. Pardon.

Et je suis rassuré de te savoir à Aixe, entourée — pas uniquement par le souvenir d'une morte, j'espère, mais aussi à la chaleur des visages amis. C'est sans doute bien mieux que mon lit, qui est froid (par contre si je trouve une inconnue à poil sous les draps le jour où je rentrerai, boule de déesse ou pas, je risque surtout de me poser pas mal de questions et de la raccompagner courtoisement jusqu'à la porte).

Prends soin de vous,

    J

Post-scriptum : la vraie question serait davantage ; depuis quand je donne des ordres ? Manifestement, pas très longtemps. C'est gentil de faire semblant de t'y plier pour rendre le résultat plus crédible. Enfin pour le coup, j'ai tout bêtement raison, pour elle, et pour toi. Ce que j'ai dit avant de tailler la route, j'en ai pensé chaque mot. Je te préfère vivante. De loin. Même, d'aussi loin.

_________________
Jhoannes
Helvalia / Fantine / Lalie / Golshifteh


Citation:
Le 15 Novembre 1469
Pour H


    Helvalia,

J'ai appris les nouvelles de vos prochaines noces par une amie que nous avons en commun. Je vous adresse mes félicitations, à vous et à votre compagnon.

(Aussi faites attention à vous, vous êtes apparue dans un de mes songes et vous tombiez d'une falaise. C'était une sacrée chute.)

    J


Citation:
Le 15 Novembre 1469
Salée, petite baie-tise


    Blonde grisaille,

Débuter, oui mais par où , et surtout comment ? C'est que la nouvelle risque d'être difficile, chère ? Peut-être même mal interprétée ? - Rappelons, alors l'honnêteté légendaire qui est mienne -.

Votre petite liste, donc , m'a tout de suite séduite, et j'aurai dû, sans doutes, l'entamer dans l'ordre, mais l'idée de percer - étrange, en étant née femme- m'est tout bonnement montée à la tête ! Oui, oui, j'ai trou(v)é de la coque de la bonne, en ligne dans le port, tant que je me suis enjaillée . La poudre au yeux, pire, des petits trous, encore des petits trous et passons à la note . Salée, elle est salée . 2000 écus de réparations, avant que je ne termine aux galères . - Vous y êtes ? -

Oui, et bien oui, c'est votre idée, et donc vous êtes LE responsable ! Il faut raquer, encore ? Notons bien, que généreuse comme je suis, je règle un quart. Et non, non, j'essaye de vous arnarquer . De ne pas vous arnaquer !

Trêve de tentative d'extorsion de fond, je le touche .

Ce n'est pas que vous me manquez, mais si je devais vous comparer à mon souffle, considérons que je serais en apnée depuis des semaines . C'est beau hein ? Aller, si ça vous fait plaisir, je vous laisse la globalité de l'addition .

Croisons nous,

    Fantine.

Ps : Bichonnez mes binocles. ( Amie fromagère. )


Citation:
Le 16 Novembre 1469
Pigeon voyeur


    Fantine,
    Ma fleur de gnole,

J'ai légèrement l'impression que vous vous foutez de ma tronche. Mais je la chasse bien vite d'un revers de main, cette impression, et par la certitude que vous nourrissez uniquement de la bienveillance à mon égard et à celui de mes bourses ma bourse. C'est avec une grande joie que j'aurais payé pour la connerie que je vous ai moi-même soufflée, et sans preuve d'icelle, pour autant… n'étant pas aux alentours de mon repaire limousin actuellement, mais en train de traîner par les chemins du nord, je n'ai pas cette somme sur moi. J'évite de me trimballer avec trop de quincaillerie, voyez. Elle alourdit les chevaux et le pas. Mais je vous recroiserai avec plaisir. Quand vous aurez enfin décidé de faire décoller vos miches de Bordeaux — et je ne parle de celles dont on fait des tartines.

Respirez encore un peu, alors.

    J

Post-scriptum : avez-vous finalement mené à bien ce divorce pour lequel je vous avais dépanné quelques centaines d'écus ? Je demande ça en passant.


Citation:
Le 16 Novembre 1469
N'oubliez pas


    Bonjour Aube,

J'espère que votre voyage se déroule comme vous le souhaitez.
Bon formule d'usage tout ça, n'oubliez pas le début des festivités dans deux petits jours.
Je vais m'adapter à mon nouveau titre, de bouseuse aux grands airs , autrement dit : Grouillez-vous. Je sais cela aurait pu être un peu plus .. pugnace mais non. Enfin voilà, dépêchez, j'ai besoin de vous.

    Lalie


Citation:
Le 16 Novembre 1469 à
Lalie


    Petit Goliath,

Faites un peu confiance à ma magie, je vous avais promis que je serai revenu à l'aube des joutes. Et j'y serai. Il faudrait tout de même que vous me prépariez quelques cartes en amont, parce que je risque de débarquer comme une fleur et de sentir le cheval. Mais je serai là. Si je peux vous être d'une quelconque aide lointaine, n'hésitez pas.

Qu'On vous veille,

    J

Post-scriptum : dites, est-ce que quelqu'un a pensé à inviter Malemort ? Parce que moi pas.


Citation:
Le 16 Novembre 1469
Grande feuille mais peu de mots


C'est nul quand tu te tais.

    J

_________________
Jhoannes
Hermence / Helleanore / Golshifteh


Citation:
Le 17 Novembre 1469
Pour H


    Hermence,

Je viens de tailler un bout de route jusqu'aux côtes normandes et vu le peu de peuple que j'ai croisé pendant le trajet aller, je subodore — oui parfaitement — que tu te fais chier. Alors :

Mon premier est un condensé de merde.
Mon second n'est vu que par l'optimiste.
Mon troisième fend toutes les lunes.

Mon tout est une chaise ratée.

    J


Citation:
Le 17 Novembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

Tu veux aussi tout simplement dire que je te manque ou que tu te fais chier toi-même, tu sais. Je suis quasi sûre qu'il y a un peu de vérité dans les deux même si je ne doute pas que tu as tes journées bien occupée.

J'ai tout compris. J'ai compris ce que tu voulais. J'accepte ta commande de huit cents tabourets mais il va me falloir quelques semaines pour la terminer. Cependant, il faudra me payer d'avance. Vu que t'es un pote, je te propose un prix d'ami, 3000 écus et des bisous. Me remercie pas, c'est tout naturel.

Quant à moi, non, figure-toi que je ne m'emmerde pas. J'ai récupéré du pain d'argile genre beaucoup de pain d'argile, genre des centaines de pains d'argile, je vais rêver de pain d'argile ou d'être Pygmalion, va savoir. Et maintenant, je vais trainer mon petit cul au Mans pour le rendre à qui de droit avant d'entamer tes tabourets ( Tu veux faire quo d'autant de tabourets d'ailleurs ?) parce que figure-toi que je dois aussi vendre une tenue. Finalement, la Bretagne ça sera pas pour demain. Bon, par contre, c'est vrai que j'ai croisé personne et le peu que j'ai vu, j'ai eu envie de fuir. En fait, j'ai fui. Cela s'est passé ainsi: Il m'a regardé, je l'ai regardé, il m'a dit un truc genre Wesh. J'ai reculé vers le mur. Il m'a dit " bouffonne je te vois" j'ai coulissé doucement vers la porte et je lui ai fait un doigt d'honneur avant de partir sans avoir dit un mot. Franchement, une belle rencontre.

Et toi, toujours en forme ?

    Hermence


Citation:
Le 18 Novembre 1469
Pour H


    Hermence,

Je crois qu'il y a méprise sur la commande. D'une, il n'y a pas de commande. J'ai acheté un meublé, parce qu'il m'arrive de réfléchir avant de faire. De deux, si je devais vraiment te commander quelque chose, les tabourets viendraient en toute fin de liste, parce que j'ai ces saletés en horreur. C'est laid, ça n'a que trois pattes, ça bascule pour un rien et rappelle bien trop fréquemment le souvenir de son propre dos. Si tu débarques avec des tabourets, c'est toi, qui me dois trois mille écus. En guise de réparations pour injure et traumatisme. Et je ne paie jamais avec des bisous, parce que je me respecte un peu (ou je respecte un peu les autres, tout dépend de quel point de vue on se place).

On a entamé la route de retour vers les Flandres, et je me porte bien, vois-tu. Je ne me suis presque pas engueulé avec mon nouveau cheval de location. Et je fais de jolies rencontres, dans l'ensemble. Toutes ne sont pas palpitantes, mais je ne me suis pas encore senti obligé de fuir en jouant des majeurs. Pourtant ceux-ci, il m'en reste deux, c'est presque gâché quand on y pense. Ne mets pas le feu à la couverture, c'était ma préférée. Ne baisse pas ta garde par les routes, jeune bouffonne, regarde où tu marches et n'oublie pas de donner des nouvelles de temps à autre. Bien ami calmement,

    J


Citation:
Le 17 Novembre 1469
Demande


    À Messire Jhoannes,

Mes excuses avant tout, si ce pli vous importune. Faute de connaître cette trop grande ville qu'est Limoges et ses habitants, je dois me fier au registre des artisans pour chercher quelqu'un potentiellement capable d'accéder à ma requête.

Requête qui peut paraître quelque peu singulière. Voyez-vous, je recherche une scie. Non pour couper le moindre arbre, je n'oserai. Ni le moindre humain, si cela peut vous rassurer, et me rassurer aussi par la même occasion en les temps qui courent. C'est pour offrir. Longue histoire. Et étant jardinière moi-même, je ne connais absolument rien à l'outillage des artisans, mais dans mon imaginaire, un charpentier doit bien disposer d'une scie. Ce que le registre renseigne donc.

Aussi, accepteriez-vous de me céder une scie, si d'aventure vous en possédiez bien une ? Au prix que vous souhaiterez, je prêterai main forte alentour si nécessaire pour m'acquitter de ce prix s'il me manque écus. S'il est possible de poser quelques préférences sur l'outil, une scie un peu émoussée n'est pas dérangeante, au contraire. L'important serait que le manche soit assez large. Pour une main large, en somme.

S'il s'avère que vous n'en disposiez pas, sauriez-vous peut-être m'indiquer artisans de la ville qui en disposerait potentiellement ? J'épluche ce registre une fois tous les trois jours, lorsque je me retrouve sans réponse des précédents courriers.

Prudence en ces temps à vous,
    Helleanore


Citation:
Le 17 Novembre 1469
Re: Demande


    Madame,

J'ai lu votre requête avec attention. J'ai en ma possession, il est vrai, un outil dont les mensurations pourraient convenir à vos attentes. La lame n'est pas si vieille qu'elle peut encore fendre en deux du vert-bois, mais avec suffisamment d'huile de coude et en additionnant les va-et-vient patients contre une surface dure — une souche morte, par exemple, et je salue ici le profond respect que vous semblez porter aux arbres, et aux êtres humains par la même occasion — je pense que vous pourriez rapidement en adoucir le fil. Le hic, c'est que je me trouve présentement à la frontière entre la Normandie et l'Artois.

Vous pouvez vaillamment tenter d'entrer par effraction dans mon atelier, qui est attenant à ma maison — une baraque au toit bleu, non loin de la courtine Saint-Étienne, un cercle d'yeuses en cache l'entrée. Si vous menez cette mission à bien, le butin est à vous et je n'en demanderai pas un sou. Si vous préférez vous procurer le présent dans des conditions plus régulières, je crois que le fiancé de ma belle-cousine, de mémoire, est charpentier lui aussi. Sa demeure est attenante à la mienne, il répond au nom de Samuel.

Je vous souhaite bonne chance dans votre recherche.

    J


Citation:
Le 17 Novembre 1469
Re: Re: Demande


    À Messire Jhoannes,

Le coursier a du me haïr sur quelques bornes, je n'avais pas prêté attention que vous n'étiez point en ville. Toutes mes excuses, quand bien même vous m'apportez réponse. Je prends note également des méthodes pour adoucir le tranchant de l'outil, ce qui m'arrangerait fortement.

Quant au reste, je ne suis très friande d'entrer chez les gens par effraction, même si ce n'est qu'un atelier, cela reste un risque de tomber sur des effets personnels. A moins que l'on ne m'en donne l'autorisation. Si vous m'assurez que cela ne pose pas le moindre souci pour vous - et, idéalement, que je ne risque pas de m'enflammer ou me prendre une pluie de clous en passant une porte - dans ce cas je tâcherai de m'y rendre avant d'essayer de partir d'ici.
Je ne connais encore bien cette ville, mais je pourrais toujours trouver avec vos indications, certainement.

Cela est peut-être un rien trop demander, mais à vous lire, tenter ne me coûte pas grand chose : sauriez-vous me donner quelques nouvelles d'Artois, si vous en avez glané durant votre voyage, ou si vous y passez ?

Mes remerciements néanmoins pour tout.
    Helleanore


Citation:
Le 18 Novembre 1469
Re: Re: Re: Demande


    Madame,

Plus que mon autorisation, je vous accorde ma bénédiction pour fracasser l'entrée de mon atelier — évitez de trop abîmer les vantaux tout de même, les nuits d'automne sont humides et je serai pas de retour avant un certain temps. Si vous n'êtes pas bien grosse, et un peu acrobate, vous pouvez tenter de vous y glisser par le carreau, qui se ferme toujours mal. Je me porte garant contre tout risque d'incendie. Vous risquez de tomber sur quelques effets personnels, parce que je suis un bordélique notoire à ce qu'on dit, mais rien de dérangeant. À moins que vous ayez peur des chemises sales ou des mines de plomb, auquel cas, tournez talons.

Je vous donnerais nouvelles de l'Artois avec grand plaisir, si seulement j'en avais. Ma traversée du comté sera brève, et je n'ai pas croisé assez de monde pour me faire une juste idée de son état. Sinon que le maire de Bertincourt porte un capuche en tête d'ours. Ce qui n'est pas très intéressant. Je suppose que Limoges est elle, toujours fidèle à sa réputation.

Qu'On vous garde,

    J


Citation:
Le 18 Novembre 1469
Re: Re: Re: Re: Demande


    À Messire Jhoannes,

Bénédiction, je n'en demandais certes pas tant, mais je prends. Pas bien grosse, non bien acrobate non plus, mais ma foy, il m'est toujours possible d'essayer le carreau plutôt qu'enfoncer l'entrée de votre atelier. Imaginez si le fiancé de votre belle-soeur - ai-je bien suivi le lien généalogique dans tout ça ? - m'entends et cherche à me faire déguerpir s'il habite non loin.
Je ne vous demande pas de me faire un itinéraire de l'entrée de l'atelier jusqu'à l'outil, de mémoire qui plus est, si vous êtes un bordélique notoire ce serait certainement compliqué. Je fais le serment néanmoins de ne toucher à rien d'autre, sans promettre que je ne lorgnerai pas sur un manteau s'il en est un dans un coin. Mais pas toucher, promis.

Et je le comprends. Du peu que j'en ai compris, l'Artois est province de passage plus que de voyage, je gage qu'il ne doit y avoir encore moins de monde qu'en cet été. Je ne saurais même plus dire qui est le maire de Bertincourt, alors... Tant pis. Mais grand bien lui fasse pour sa capuche, certainement. S'il ne se passe rien, c'est que rien n'a tant changer je présume. Bon voyage, tout de même.
Quant à Limoges. Fidèle à sa réputation, je ne sais. L'on ne m'en avait parlé qu'une fois, et pas tant en termes élogieux. Je ne suis pas certaine de bien apprécier la ville, mais cela fait si peu de temps. Et qu'importe qu'une étrangère apprécie ou non la ville, dans le fond. Alors, disons simplement qu'elle est cruellement froide.

Bien à vous,
    Helleanore


Citation:
Le 17 Novembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

Il m'a fallu un peu de temps pour être moins sensible et attachée à tes mots. Je me suis simplement, et égoïstement, sentie seule face à eux. Alors qu’au fond, régnait sans doute encore le parfum de mon désir, le secret caché d’une « éternité » qui paraissait nous avoir liés, le trésor de s’être trouvés, confiés. Et puis, apprécierais-je véritablement que tu t’épanches sans fard, qu’aucun voile de pudeur ne soit posé ?

Nous avons tous les deux torts. Le silence – provoqué ou instinctif, ne peut être ni un exorde ni une fin en soi. L’affection que nous nous portons, et pour laquelle je n’ai pas de doute, ne peut être muette. Elle se meut en corps à corps, cœur à cœur. Elle déjoue toute sorte de désaccords jusqu’à trouver le bon accord.

Un jour, les mots seront la couronne des actes.

Seras-tu Roi ? Serai-je Reine ?

Un jour, peut-être.

Ce que je sais. J’ai envie de te revoir. Intensément.

Qu’attends-tu pour Toi de la « surface de l’eau » ?

Est-ce un signe que tu m’évoques une aiguille ? Je me suis plongée depuis plusieurs jours dans la confection d’une pièce. Je n’excelle pas vraiment dans cet art et les perles de sang, au bout de mes doigts, bien que captivantes, démontrent bien d’une faille, d’un usage approximatif de l’aiguille. Je cous et rêve assise, piquant l’étoffe blanche, surpiquant les blessures pour me rêver debout.

J’espère ne pas t’avoir fait peur parce que :

Si j’étais vraiment droguée de toi, je serais déjà venue te rechercher.

Je n’ai pas viré vieille fille coincée entre son chat et la broderie.

    Golshifteh

Post-scriptum : Je ne t’oublie pas. De loin. Même, d'aussi loin.


Citation:
Le 18 Novembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

Quelques mots, pour te déranger pendant des travaux de couture. Tu ne me fais pas peur. Nos vues sur le monde, et les choses, et les gens, peuvent être déphasées parfois, mais je ne te crains pas, ni toi, ni ce qui peut bien te courir par le cabochon. Ni tes penchants d'idéalisme épique. Tu peux t'imaginer reine sans mal. Moi, de songer au mot de roi posé sur mon front, je voudrais juste rire, tant que ça me semble ridicule. Les couronnes sont lourdes, paraît-il, pour les gars du tout-venant, et c'est dans cette case, s'il faut vraiment en trouver une, que je me place. Et c'est très bien ainsi. Je connais ma place en ce monde, et les défauts de mon caractère, trop volatile pour supporter le poids d'aucun titre — je n'ai déjà pas su garder mon rang d'époux plus d'une année.

Je ne pense à rien de précis pour le retour à la surface de l'eau, car je la prends comme telle ; mouvante dans son tempérament. C'est une grande flaque où des débris flottent, et moi avec eux en faisant la planche, jusqu'au prochain rivage où le courant aura bien voulu me mener. La vie hasardeuse m'a manqué. Les routes, aussi. Je les prendrai encore, et nous voyagerons avec ma fille. J'ai sacrifié des bouts de moi au long de mon mariage, et c'est une des raisons pour lesquelles j'en sors aussi épuisé. La danoise n'en porte pas le blâme ; c'est que j'ai tendance à m'oublier très vite quand j'aime. Peut-être que j'en tirerai les bonnes leçons un jour. Voilà ma réponse. Et si tu fais partie des gens qui aiment faire des listes et manger les choses dans le bon ordre, je me doute qu'elle t'agace, mais je n'en ai pas de plus sincère.

D'une certitude à l'autre, je veux te revoir aussi. Et pour tes mots, et pour ta peau. Et si seulement les premiers, je m'en contenterai sans peine. Un lien s'est tissé entre nous — non, je ne cherche pas à le définir, et voilà que je t'agace encore à tous les coups — qui supplante bien le reste à mes yeux. Et non, tu ne voudrais pas que je gratte tout ce qui me passe par la tête. Même sobre de gnole et de fumette. Et pourtant tu n'es pas une nonne toi-même.

Attention aux doigts.

    J

_________________
Jhoannes
Fantine / Aaliyah / Golshifteh


Citation:
Le 19 Novembre 1469
Bourre-saint


    Cher J,

Je dois d'abord relevé, la secousse qu'a provoqué votre maladresse ? Effectivement vos bourses, et mes miches sur le même support, sans tartines, c'est lourd, ça claque mais j'ai ri. Barrez mieux .

J'en viens à mon époux, un passage douloureux, j'hésite à vous retranscrire la vérité, toute la vérité. Ou seulement la partie qui permettrait que vous gardiez, si elle existe , une image positive de moi. - Faites gaffe à la balle que vous renverrez- .

Toutefois vous méritez de connaître la version, qui m'aide à mieux dormir la nuit.
Alors voici : Nous nous sommes séparés d'un commun accord, et monsieur aura aimablement proposé de régler *la note* la paperasse . [strike]Je me suis faite tej'!![/strike]

Depuis 3 jours, je me lance dans l'étude, pas de langue étrangère, d'art de la guerre, ou encore de logistique, non ce que j'étudie ce sont les gens, et ma capacité à créer ( C'est chaud, en ce moment) des liens avec eux . Clairement , Deux cobayes sur trois claquent la porte .
Un sujet sur trois, m'alimente en pognon . - 1000 écus, et 6 miches de pain-
C'est incroyable, et en même temps ça me mine pour la porte , et pas que. Si si, j'ai un coeur, gros même .

Outre le récit, de mon existence passionnante ( Rayez la mention inutile) , nous reprenons la route lundi, pour où ? Les idées affluent ou manquent et laissent place à l'indécision . Pourtant dieu sait comme j'aimerais trouver un plan cu-rieux et emballant.

Que faites-vous dans le nord ?

Oula, je respire mais oula, c'est fort .

Fantine.


Citation:
Le 19 Novembre 1469
Pour Aalaiaiaaia


Un rectangle déchiré d'une carte, mais pas de la sienne. L'itinéraire Azincourt / Bruges a été dessiné avec un gros trait noir. Bien appuyé, le trait. Une tête de lapin sommaire griffonnée à côté de la destination.


Citation:
Le 19 Novembre 1469
Pour un Lapinou


[Un vélin en retour dans lequel il pourra trouver une page d'un carnet déchirée sur laquelle figure un dessin. Petit mot attaché à ce dernier où le tracé des lettres y est encore incertain, presque hésitant bien que l'on puisse déceler dans le geste de la plume une écriture soignée en temps normal, tout du moins quand elle rédige dans sa langue natale ! Demoiselle encore en apprentissage de l'écrit de ce Royaume.]

    Cher Papa Poule,

Sachez que si je ne retrouve pas mon chemin, vous serez entièrement fautif ! En même temps, qui ferait confiance à un coq tel que vous ? Ces pauvres donnent l'impression de contrôler la bassecour sans même savoir comment ils s'appellent. J'en viens presque à me dire qu'il faudrait tenter sa chance en allant à l'opposé de votre bon sens. A voir où cela risque de me mener... qui sait ?
Cela dit, petit souvenir d'ici lieu où je m'ennuie à en mourir. Si vous partagez cet ennui du soir, n'hésitez pas à me narrer le pire de vos exploits, il sera toujours plus passionant que le vide assourdissant d' Azincourt.

D'ailleurs un grand merci pour votre plan des plus explicite qui montre à quel point vous me prenez pour une cruche. Me voilà flattée par l'idée que vous avez de moi ! Si vous aviez des doutes sur la question, sachez que j'ai écouté la moindre de vos explications. A moitié certes, mais... mes oreilles ont entendu, n'est-ce pas là le principal ?

Prenez soin de vous et de votre poussin
Bien à vous
    Une Abeille


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Pour A


    Abeille,
    Parce que c'est plus simple ainsi,

Je me permets de vous faire remarquer que votre croquis — très jolie patte au demeurant — ne représente pas un coq mais bien un lapin. Et pourtant il est très ressemblant, notamment les yeux, et si j'oublie que je n'ai pas le corps intégralement recouvert de poils, mais c'est un bête détail.

Sans vouloir vous donner une seconde fois l'impression que je vous prends pour une cruche, à vous lire, je me dis que j'aurais dû vous envoyer la carte complète. Ainsi, vous auriez aperçu qu'allant à rebours, vous auriez fini par buter contre les rivages bretons. C'est une très charmante région. Paraît-il. Je n'y ai pas mis les pieds depuis longtemps.

Dans le cas où vous auriez suivi très docilement l'itinéraire subtilement proposé par ma main, cette nuit, vous vous embêtez non plus à Azincourt mais à Calais. Et autant le dire sans se pincer le nez, c'est une bourgade aussi chiante que la précédente.

Un peu de grain à moudre histoire que vous arrêtiez de tourner en rond quelques instants (surtout que ça n'a jamais fait voyager plus vite, de tourner en rond) : mon pire exploit est mon poussin, bien entendu. C'est un exploit, mais elle est terrible. Comme elle n'a rien d'anecdotique, par contre, je vous file un truc plus croustillant à vous mettre sous la dent : j'ai déjà passé une nuit entière à entuber toute la tablée avec des mains plus pourries les unes que les autres. En me relisant je pense qu'il est préférable que je reformule : j'ai gagné aux cartes en mentant à tout le monde. Vous pensez que ça n'est pas un exploit ? C'est parce que vous ne jouez pas assez.

Et garde sur les routes. Qui semblent très peuplées. Mais étonnement sûres.

    J


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Pour un coq sans poils


    Cher Entubeur,

(Et heureusement que personne ne lira cette lettre hormis vous... J'utilise ce mot sans même savoir ce que c'est et, pour sûr, vous connaissant il a une dizaine de significations, plus terribles les unes que les autres ! Enfin, j'ose espérer que vous ne serez pas de ceux qui m'en tiendrait rigueur ou comprendrait mes propos de travers, mh ?)

Sachez que, à mon grand dam, j'ai pour le moment suivi ce fichu itinéraire qu'un malotru m'a laissé contre quelques piécettes. Parfois, voyez-vous, il faut faire confiance au hasard bien que...le hasard déguisé en ours des cavernes ronchon n'est, je vous le concède, pas des plus rassurant. Peu sûre d'où il me ménera mais, selon le plan détaillé, je devrais bientôt arriver au terrier. Ce bougre m'a promis que l'on y trouverait bassecour florissante avec au moins une âme qui y vive. Espérons que je ne finisse pas mes jours entre les barreaux d'un poulailler défraîchi.

Votre poussin tiens, parlons-en.
Rien d'anecdotique dites-vous ? Et pourtant, j'ose à croire qu'elle vous mène la vie dure, voire intenable. Si ce n'est pas encore le cas, je me ferai une joie de lui apprendre les ficelles du métier. Et croyez bien que je maîtrise cette art bien mieux que la lecture de cartes !
Cela dit, le moulin a tourné bon train ce matin lorsque je vous ai lu. Vous m'avez bien faire rire d'ailleurs. J'aurais voulu voir les têtes des autres joueurs autour de la tablée car oui, l'exploit que vous me contez là j'en ai bien conscience (troisième fois que vous me prenez pour une cruche tout de même. Avez-vous conscience que votre dette s'alourdit ?). Dites-vous que malgré de nombreuses parties à mon actif (car oui, les Abeilles savent lire les cartes lorsqu'elles ne sont pas... géo...bref ! Je n'ai pas le mot mais vous m'aurez comprise), j'ai une malédiction au-dessus de la tête et finis constamment perdante. Soit, si vous avez à coeur de réitérer votre exploit, vous savez donc contre quel adversaire il vous faudra jouer.

La route ne m'a posé aucun problème jusque là puis je ne suis pas une Abeille en sucre, n'ayez crainte.
Pensez davantage à vous coiffer les plumes plutôt qu'à mon voyage.

A bientôt
    Une Abeille, cruche de surcroît


Citation:
Le 20 Novembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

Je ne sais pas vraiment pourquoi, ce soir, je me suis retrouvée seule au Blaireau avec mes doutes existentiels. Puis, seule avec Lucie - la promise de Zolen. Et je me suis fait peur, toute seule. Alors même que j'apprécie lui parler - elle est dotée d'une précieuse et fine rhétorique aussi, je me suis mis à la considérer comme une opposante. Et à imaginer qu'elle puisse au fond me faire la conversation par pitié ou pour davantage ensuite colporter mes propos. Je crois qu'en fait, la lettre d'Andréa que j'ai reçue il y a quelques temps - celle-ci jouant sur la corde sensible d'une écoute sincère en dépit de son attachement profond à Helvalia - m'a fait peur. Et j'ai perdu tout repère. Naïvement, j'ai la sensation que tu es le seul en qui je puisse avoir confiance.

La broderie avance doucement. Etant donné que je suis peu créative alors que, pourtant, il en faudrait pour donner un temps soit peu d'esthétique au rendu final, j'ai décidé que j'allais amonceller des éléments de l'automne. Pour l'instant, j'ai donc brodé un faon, un champignon, un gland, une feuille et une aiguille de hérisson - je le concède, je vais à l'économie. Si tu as d'autres idées, n'hésite pas à me les faire parvenir parce qu'il reste encore du blanc.

Finalement, je te laisse l'apanage des vers puisque mes images royales ne t'ont guère plu. Je réserverai à moi-même les plaisirs anagogiques de mes prétentions pseudo poétiques. Du reste, tu n'as pas perdu ton rang d'époux.

J'aimerais revoyager. Même si la grossesse laisse entendre le contraire. Je crois qu'en voyageant, on se libère, on ne s'astreint à rien. On le fait, on le vit pour soi. On peut s'astreindre à l'échec sans que le regard de l'autre n'ait la moindre valeur. Parce que de toute façon, en terres (in)connues, il y aura toujours de l'impondérable, de l'inattendu, du déroutant. C'est être un peu égoïste au fond mais voyager, c'est apprendre à s'écouter, se ré-écouter.

Je ne sais pas pourquoi tu m'imagines agacée par tes propos.
Suis-je si irrascible que cela?

J'aimerais que tu aies la prétention de penser que je veux te revoir. Pour tes mots et pour ta peau. L'un ne saurait aller sans l'autre à présent, j'en ai peur.

    Golshifteh

PS : Je pourrais coudre le galbe de ton corps, qui se dévoile par-delà une fougère. Ce serait dans le thème de la broderie, non?


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

Ou : Impératrice Teh, qui peut pondre des vers autant qu'elle le souhaite, avec des rois et des reines qui dansent dans un ballet de feuilles pourpres. Je ris quand j'imagine le nom, de roi, posé, sur moi. Mais ça n'est pas parce que tu es davantage faites-moi l'amour mon seigneur et moi viens on baise ma petite fleur d'automne, que l'une ou l'un devrait taire son verbe au profit de l'autre. Surtout que ça peut être agréable de lire chez l'autre ce qu'on se refuse soi.

Alors, arrête de te taire. Ou d'être autant seule. Parce qu'il faut bien l'être, je suppose, à des centaines de lieues que je suis, seul, pour voir remuer autant d'ombres angoissantes chez les intentions des autres. Les gens sont parfois simplement maladroits, mais tu ne devrais pas avoir peur. Ni rester recluse dans un nouveau nid. Quoique, j'ai entendu dire que la suette fauche les âmes sur Limoges, alors mieux vaut éviter les bals dansants dans les jours qui viennent.

La confiance se tisse dans le temps. La mienne ne t'est pas toute, parce que tu es l'amie de Vran. C'est bête, mais c'est ainsi. Moi qui suis celui d'Andréa — j'ignorais tout de cette lettre — je peux assurer qu'elle ne te cherchera aucun mal. Elle sait que c'est moi qu'elle toucherait. Et les deux oiseaux qu'elle accompagne sont sans doute en train de noyer leurs têtes dans leurs propres nombrils en ce moment. Les premières joies de l'amour. Tu vois de quoi je parle.

Tu as un sale caractère (oui, c'est moi qui écris ça). L'année s'éloignant, et entre deux pages sur l'anatomie des oreilles, je repense à quelques bribes de nos entrevues de déprimés du dimanche, qui me font me dire que tu as sans doute raison. Les mots n'iront plus sans la peau. En tout cas pendant un temps. Je ne saurais pas me faire devin de la suite, j'ai déjà essayé, et ça a mal tourné. Et je ne suis plus marié. J'ignore quel terme convient à ma nouvelle condition.

Mais ça n'est pas très important.
Je reverrai ton visage en décembre.

    J


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Pour G (bis)


Un petit mot, glissé dans le premier.

J'ai oublié de parler de ton projet de broderie.
Tu es une sale bête.

_________________
Jhoannes
Helvalia / Alysse / Golshifteh


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Pour H


    Helvalia,

Andréa m'a écrit qu'elle avait protégé mon nom, celui qui vient après l'initiale, qui signait la précédente lettre. Elle n'avait pas à le faire. Le nom complet est Jhoannes. La lettre ne contenait que des félicitations d'usage, et une mise en garde, car rêve de chute est parfois mauvais présage. Je n'ai, pour ma part, aucun motif véritable de faire planer une menace contre vous. C'est que de mon temps, ce sont des choses que l'on disait. J'ai lu, par contre, la nouvelle d'une menace de vous à moi. Et soyons clairs, et je ne le dis pas par peur de ma sauvegarde, mais parce que je suis le seul père d'une fille : touchez à un seul de mes cheveux, vous ou votre sanguin de fiancé, et je ferai en sorte que le mauvais présage prenne racine dans vos jours. Je protégerai les miens comme vous protégerez les vôtres.

Restons-en là, alors, et foutons-nous sainement la paix.

    J


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Re: Pour H


    Jhoannes,

Êtes-vous tombé sur la tête ?

Nous ne nous connaissons pas, accordons-nous au moins à ce sujet. Nous nous connaissons en réalité si peu que lorsque j'ai vu ce pli signé de l'initiale de votre prénom, j'ai eu beau me creuser les méninges, votre visage n'est jamais apparu dans mes pensées.

Ce fait étant établi, mettez-vous donc une petite seconde à ma place, et à celle de Jurgen, si vous receviez un pli quasiment anonyme anonçant le présage de votre mort certaine. Le prendriez-vous tout à fait bien ?

Aussi, je suis sûre de moi lorsque j'affirme que Jurgen n'a jamais proféré de menaces à votre égard. Il a même juré à Andrea qu'il n'avait pas l'intention d'en venir aux mains, mais qu'il souhaitait seulement comprendre qui Diable pouvait écrire une chose pareille. A trop se fier aux on-dit sans même lui laisser le bénéfice du doute, vous venez, en revanche, de nous menacer tous les deux. Preuve supplémentaire, s'il en fallait une, que vous ne me connaissez pas, auquel cas vous auriez su que je serais bien incapable, même si je le désirais, de toucher un seul de vos cheveux.

Je vous imaginais un chouille plus mesuré, et surtout raisonnable au point d'être capable d'admettre que votre lettre pouvait, en effet, prêter à confusion.

Je vous serais gré, d'ailleurs, d'éviter la confusion : je ne suis pas Jurgen, et je ne réponds d'ailleurs plus de rien concernant sa réaction s'il venait à tomber sur votre pli.

    Helvalia. (Voyez, c'est comme ça qu'on fait.)


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Re: Re: Pour H


    Helvalia,

Rêve de chute n'équivaut pas à mort certaine, sinon l'augure de probables pépins. Vous êtes tombée dans mon songe, la scène était vive, j'ai rouvert les yeux sur une inquiétude, je vous en fait part. Rien de plus, rien de moins. J'ignore où vous êtes allés chercher le reste. Et comme vous ne vous mettez pas non plus à ma place, ce que vous ne pourriez pas faire même si vous le souhaitiez réellement, je ne ferai pas l'effort d'imaginer la vôtre.

Puisque vous tenez à lire de travers, je vous résume mon dernier pli, qui tient en un message ma foi fort clair : je ne veux plus rien avoir à faire avec vous, ou lui, ou lui et vous. Le monde est assez grand pour rendre ce souhait réalisable. Vous avez raison : nous ne nous connaissons pas, et plus nous nous lisons, plus je pense pouvoir affirmer que nous partageons au moins cette conclusion : continuons à ne pas nous connaître, c'est très bien ainsi.

Maintenant, si vous tenez à donner à cette affaire des proportions merdiques, grand bien vous fasse. Mais sans moi. J'espère que j'ai expliqué ma position de manière suffisamment limpide dans cette lettre. Votre fiancé signe aussi de ses initiales, vous devriez lui faire également profiter de la leçon.

    J


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Nouvelles


    Jho,

J'espère que tu vas bien. Je rentre à Limoges. J'espère pouvoir t'y croiser et fumer un peu à tes côtés. M'offrir une petite bulle à l'Orange bleue. Tu me raconteras tes déboires, tes amours ?

J'ai croisé Vran à Dijon. Il m'a raconté pour toi. La gifle que je lui ai porté, me semble pourtant bien insignifiante. Tu n'avais pas à mériter tout cela.
Je te rassure, il n'a pas levé la main en retour. Et, je ne me suis pas attardée.

Tu as des nouvelles de Jurgen ? La dernière fois que je lui ai écris, je n'ai pas eu de réponse. Je n'ose donc plus l'importuner. C'est que tout doit aller, j'en suis convaincue.

J'ai ramené de la moutarde...

    A.


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Nounouvelles


    Alysse,

Je rentre à Limoges aussi, mais plus tard que toi. Avant l'hiver. L'Intendante m'a laissé les clefs de l'Orange Bleue, on pourra s'y caler à loisir pour papoter comme des vieilles copines. Le chapitre de mes amours risque d'être bref, mais moins que celui de mes déboires, ce qui est une première (tu peux imaginer que je suis en train de toucher du bois).

Ta gifle était totalement inconsciente, aussi j'imagine qu'elle venait du cœur. Et le tien est très clair, comparé à la moyenne des cœurs qui se dandinent sur cette terre. Alors merci. Je suis rassuré qu'elle n'ait rien déclenché de plus. Le marin n'est pas un ami à moi, mais je n'ai pas entendu qu'il allait mal, et j'ai su qu'il file en bonnes noces avec sa dulcinée.

Donne nouvelles en retour. Je t'embrasse.

    J


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

Je te prie de m'excuser. Je crois qu'au fond, je suis un peu trop sensible ces derniers temps. T'écrire est une sorte de souffle nouveau, et je ne devrais pas prendre ombrage des nuances que tu apposes, des oppositions que tu allègues. Et je m'en veux aussi. De ne pas savoir sur quel pied danser, savoir s'il faut faire l'un puis l'autre un pas de côté, savoir s'il te faut reculer et moi avancer, m'avancer jusqu'à toi ou bien l'inverse. Le ballet du mois de novembre est rude.

Je ne suis pas seule. Du moins, oncques je ne l'ai ressenti ainsi. J'ai la sensation d'être cette plaie, cette lèpre qui erre, sur laquelle les regards, tantôt de pitié tantôt de désolation, s'attardent, sur laquelle les murmures "Oh, c'est elle... Oh, et son ventre..." se posent, en écho sourd. Tous pensent que je me suis arrêtée dans le passé, alors que j'avance. En dépit du regret qui s'est insinué, telle de la siguë au plus profond de mon coeur. Pas parce que je voudrais redonner une chance au temps, au passé. Non. Parce que j'aurais voulu parler véritablement à Jurgen. Que cette grossesse soit la vôtre. Sans qu'il lui fasse sans doute lire mes plis. Sans qu'il se méprenne et pense à mon suicide, alors que c'était cette vie intérieure que je voulais faire taire. J'aurais voulu lire ses écrits à lui, bruts, maladroits, peut-être même sans mea culpa, pas ombragés par une pseudo attention, par une jalousie cachée sous des mots mielleux. J'aurais préféré qu'on se blesse, qu'on chiale, qu'on soit vrais plutôt que ce silence.

Encore, je suis refroidie par tes mots. D'une, tu n'es pas juge de mes amitiés. Et celle que tu m'attribues est fausse. Et de deux, cela sous-entendrait que je ne peux pas te faire confiance non plus au regard du lien fort qui t'unit à Andréa. J'ai parlé avec elle, ce soir. Il n'y a pas de mal qui vaille, pour aucun de nous trois, réciproquement.

Mon sale caractère sourit en coin.
Et pense que tu es un con.
Mais, ça, c'est mal.
Si c'est plus sage, le corps pourra tirer sa révérence.
Lui aussi, il vogue au gré du ballet.

Laisse le Destin être le chef d'orchestre.
Et patientons. Jusqu'à notre revoir.
Sois attentif à Hazel. Sois attentif à toi.
Vogue de l'homme au père.
Tu as tout à réapprendre.

Je pars pour Aurillac, dans un jour.
Zolen et sa fiancée me soustraient à ma solitude.
Je les apprécie.

Prends soin de toi,

    Golshifteh


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

C'est chaud depuis longtemps, je rechigne juste à me l'avouer — depuis longtemps. Tu sais, je pose des grands verrous sur les choses quand ça m'arrange, et l'amour que je vivais avec la danoise me permettait de les refermer sans que ça grince. C'était chaud sur la courtine, quand tu as posé tes lèvres contre ma barbe, et que j'ai dû reculer pour ne pas t'arracher un baiser propre. La fois où tu as gobé cette moitié de fraise recrachée, et où j'ai tenu la nuque bien droite et enchaîné les bêtises, parce que j'y pensais déjà. Et les racines remontent à plus loin encore. La seule fois où je me suis autorisé à te toucher, en te proposant ma main pour que tu te redresses. C'était près de la cabane que j'avais construite au bord de la Vienne. Tu as tiré une drôle de tête, et je m'en suis voulu. Ou quand notre discussion s'était égarée encore, je ne sais plus trop où, et que tu m'avais dit que tu avais un goût certain pour les hommes bruns, et que j'ai senti que la nouvelle me pinçait bien trop que ce qu'elle n'aurait dû. Car j'étais censé m'en foutre, à l'époque. Mais non. Alors c'est chaud depuis longtemps. Je pourrais remonter dans le passé encore, mais ma censure coupable ne m'y autorise pas encore. Mes mots sont froids pour l'avenir à rallonge, parce que mes yeux ne voient guère loin. Mais moi pas. C'est chaud tous les jours, je n'aborderai pas le sujet des nuits. Et je ne réfléchis pas tellement à ce que je pourrai te dire quand on se reverra, parce que je sais déjà que la première chose que j'aurai envie de faire avec ma bouche, c'est pas de parler.

C'est possible, qu'aux yeux de certaines, ou certains, tu sois l'étrangère grosse d'un enfant dont le père s'est fait la malle avec une rouquine. D'autant plus si tu les laisses te résumer à ça. C'est pourtant faux, tu le sais, je le sais aussi, et je parierais lourd que d'autres sont au courant aussi. Menton haut, Golshifteh. Tu as bien d'autres histoires à raconter au monde, et ce sont les tiennes. Tu trouveras des oreilles pour les entendre, parce que tu fais partie de ces êtres qui fascinent malgré eux. Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais beaucoup de monde serait prêt à poireauter en espérant que tu veuilles bien ouvrir un peu la porte. Quant aux gens qui voudront rester durs de la feuille, tu peux gentiment les envoyer péter ailleurs.

J'entends, qu'une fin dans le silence et une toute relative courtoisie, est bien moins libératrice qu'une coupure nette, où l'on ravale sa bile pour se forcer à regarder la douleur qu'on provoque chez l'autre, et l'où on peut se permettre d'afficher la sienne, parce que c'est plus juste ainsi. Je suis désolé que tu ne l'aies pas eue. Je suis désolé pour beaucoup de choses, d'ailleurs, mais je ne m'étendrai pas dessus maintenant. Peut-être, que tu auras l'occasion, de pouvoir échanger des mots nets avec le marin. Je te le souhaite. Ainsi qu'une bonne route vers Aurillac. En espérant que le passage par Tulle réveille davantage de souvenirs doux que l'ironie du présent.

Là, plus la peine de danser. Au reste, je suis un con (c'est vrai) qui sait encore se taire si nécessaire. Non pas que j'en ai envie.

    J


Citation:
Le 21 Novembre 1469
Bout du dernier pli, déchiré. Au recto.


À toi,

Merci.

Pour l'intensité des mots.

Qui eux-mêmes s'attachent aux souvenirs.

Et à la nuit blanche qui s'augure.

Reviens vite et écrivons-nous encore beaucoup.

Tu n'es pas vraiment con.
Et surtout.
Je ne te haïs point.

Je préfère m'endormir sur ces mots.

Douce nuit.

À toi.

Ashkan - pour donner un semblant de distance.

_________________
Jhoannes
Fantine / Alysse / Dampyerre / Lalie


Citation:
Le 23 Novembre 1469
Crémeux


    Flantine,

Parce que si mes bourses claquent, vos miches, elles, grelotterons forcément un peu — le reste de la lettre, au moins, sera plus fin, c'est promis mais pas juré. C'est-à-dire que je vais fournir un effort, mais que je ne cracherai pas sur la vie d'une croix de bois non plus.

Je suis navré d'apprendre (vous n'avez pas rayé correctement à votre tour) que votre ex-époux vous a larguée comme un vieux bas moisi plein de trous. Ce sont des moments difficiles. Surtout pour l'égo, et Déos sait que le vôtre est gratiné. J'espère que vous aurez fait bon usage de la tunasse que vous m'avez délibérément extorqué pour votre divorce — je mens sur ce fait, je suis au courant, pas besoin de le souligner — afin de vous consoler. J'aurais aimé être votre épaule bourrée, votre tourelle penchée, votre roc ironique, mais je n'ai pas encore décollé mon derche des hauteurs flamandes. Nous y faisons un voyage avec Hazel. Et notre prochain départ nous ramènera en terres limouchaudes.

Dans quelles contrées torturez-vous les gens à ce jour ? Je suis certain que ces nouveaux terrains d'expérimentation font avancer vos recherches sur l'autre (pardon pour le gros mot) à grands pas. N'oubliez pas que vous avez un caractère attachant. En général.

Conseil : faites-les boire.

Et prenez soin de vous.

    J


Citation:
Le 24 Novembre 1469
Beau-flan


    Yves, mon lutin ,

Vous êtes gonflé, en dépit de la brise frisquette d'hiver. - Vive le vent, vive les vents d'Yves-erre- J'abuse ? Peu m'importe nous ne l'assumerons pas . Revenons-en à votre taille de guêpe , à la non finesse de vos propos qui -mine de rien- alourdissent conséquemment mon Popotin, qui ne vous en déplaise passe encore et sans matière grasse entre les accoudoirs d'un siège . Siège tout-à-fait standard. ( C'est important) .

J'attaque, le couplet sur votre doigté mythique, ou comment créer une blessure d'égo là ou il n'y en avait aucune ? Parce qu'effectivement, si j'endosse les moisissures ainsi que le plein de trou. Il est absolument hors de question, que j'accuse si tôt les affres du temps - Notez qu'ils ont assez à faire avec vous - Même si le froid, d'emblé , semble figer la progression de l'argent sur l'or. Oui c'est bas.

J' oscille non loin de Bordeaux, car ici les couilles ne claquent pas, non au lieu de cela elles tombent continuellement dans le potage , un " plouf ! " incessant absolument irritant - Une dérive du supplice de la goutte d'eau- Si votre épaule est trop loin, celle de Prune, elle, ne lâche jamais . ( Jusqu'à ce qu'elle lâche) .

Maintenant, mes rapports aux "autres" : Je crois m'être entichée de deux bonnes femmes, une baronne des miracles et une solitaire amourachée de l'éternelle vermine qui saillie les poules environnantes . Rappelez-vous : La baleine amie . Car oui, finalement , nos rapports se sont arrangés . Pourtant c'est comme tenter de marcher avec une jambe brisée, le pas est hésitant sans que l'on n'y puisse rien changer .

Du mieux ? Du plus ? Je ne saurais quoi ajouter et dans quel ordre. Souvent vous faire parvenir quelques lignes, avec les jours qui passent , c'est simplement évacuer le trop-plein . Vous êtes un journal, un être exceptionnel dont le souvenir et les qualités -Vous en aviez ?- S'estompent à mesure que les astres jonglent dans le vaste ciel .

Vous manquez grave .

    Flamby .


Citation:
Le 26 Novembre 1469
Flan-mi


    Fatmire,
    Ma lyre,

    Mais moins muse que Fantine,
    Car Fantine rime avec tartine,
    C'est comme une petite comptine,
    Qu'on fredonne en allant à la mine,
    Oui, j'ai fumé un peu de résine.

Mais je vais bien. Vous ne me l'avez pas demandé, mais je vais bien quand même. Et toc, dans le froc, comme disent les vrais. Aussi, pour régler définitivement cette affaire de miches : mes deux fesses rentreraient FACILE dans une des vôtres. Ou, comme disent certains anglois provocateurs : easy. Je vous assure que cette expression sera à la mode un jour. Je me trompe souvent, mais là je suis sûr de mon coup. Et vous entendrez (depuis la Lune, pas la vôtre, la Divine où vont les vilaines gens après la mort) que dans deux siècles j'aurai raison. Tout le monde dira cela.

Ramenez votre bouille et votre compagnie sur Limoges courant décembre, et vous pourrez causer de vive voix à votre propre journal intime. L'expérience risque d'être déroutante, je me doute, mais vaudra peut-être le détour. Sinon, Journal ira sans doute flâner vers Bordeaux durant l'hiver. Il ignore simplement quand. Journal a arrêté de prévoir sa vie plus loin que sur l'étendue d'une semaine, et une semaine, c'est déjà beaucoup de jours, et d'heures. C'est qu'il peut s'en passer des choses. Et parfois rien du tout. Quelle expectative. Andréa sera doute dans la capitale aussi. Et je suis très curieux de voir ce qu'il advient lorsque vous êtes toutes les deux réunies dans la même pièce. Je prendrai mon bouclier au cas où.

Racontez votre dernière bêtise. Vous manquez aussi.

    J


Citation:
Le 22 Novembre 1469
Re: Nounouvelles


    Jho,

Hâte toi de rentrer à Limoges alors. J'aimais bien nos échanges. Tu es une bonne oreille.
Et un fin, observateur. Je dirai même trop doué.
Dois-je conclure que ton coeur n'a pas trouvé quelqu'un pour l'apaiser ou l'animer ? Il me semblait qu'il en piquait un peu pour une demoiselle, brune et très discrète. Ghos ?
Pardonne moi si je l'écris mal. Je l'ai toujours écris, en fonction du son.

La gifle venait du coeur, tu as raison. La souffrance que tu as vécu m'a paru si injustifiée et cruelle, que le geste est parti de lui-même. Ignorant, la possibilité d'un retour. Je te demandais par curiosité pour Jurgen. Mais, je n'insisterai pas au point de renvoyer un pli. J'ai parfois plus tendance à développer plus de sympathie qu'il ne le faudrait. Peut être trouve t-il déplacé de me répondre alors qu'il est aux côtés de son Aimée. Ce que je pourrais comprendre.

Je vais peut être réaliser mon premier contrat de mercenaire bientôt. Avec Sieg. J'espère que je ne vais décevoir personne, dont moi. Je ne me sens pourtant pas l'étoffe d'une âme capable de cela. Mais j'aimerai trouver quelque chose de différent.

Il y a une maladie qui plane à Limoges. L'air est lugubre. Il y a davantage de messes célébrées pour les défunts. Les gens évitent de trop se rassembler. De se toucher. Il n'est pas l'heure au plaisir insouscient. Je trouve même Limoges plus, vide...

Où te trouves-tu actuellement et qu'y fais-tu ?

    A.


Citation:
Le 25 Novembre 1469
Pour A


    Alysse,

La traversée de retour sera un chouille longue, je suis dans les Flandres avec la gosse. Ce que j'y fais ? De la merde. Je bois de la bière. Je potasse la médecine. Je prête mon oreille aux gens — pour être parfaitement honnêtement, c'est plutôt eux qui me prêtent la leur, et j'y suis pas franchement habitué. Mais pour une fois, ce n'est pas désagréable. Pas toujours. Bizarre quand même. Mais tu auras la mienne, d'oreille.

Et nous causerons. Je suis curieux de ton avancement de carrière. Surtout que pute et mercenaire, en théorie, ce sont des professions pas tant éloignées, faut savoir se boucher le nez dans les deux cas. Est-ce que tu as le caractère pour l'une ou l'autre ? Probablement pas. Mais les caractères se forgent (ou bien on change de métier, parfois c'est pas si mal, boulangère ça te tente pas ?)

Le nom s'écrit Golshifteh — et tu n'as pas à t'excuser, là je frime un peu mais j'ai mis des plombes à pas emmêler les lettres entre elles. Je note que les rumeurs limougeaudes courent toujours aussi vite que les vents d'hiver. Et que ça me manque un peu, mais ne le répète à personne, de faire le con derrière une planche (je parle du comptoir).

J'ai su pour l'épidémie. J'enverrai vœux pour que tu sois épargnée.

    J


Citation:
Le 25 Novembre 1469
Pour H


    Dampyerre,

À l'issue des joutes, je vous souhaite un bon anniversaire — si ma mémoire ne me fait pas défaut.

    J


Citation:
Le 26 Novembre 1469
From H to J


    Monsieur,

Je félicite votre mémoire et vous remercie d'avoir tenu parole concernant ce retour.
Le prochain départ est proche, il me semble. Puissiez-vous trouver dans cette escapade de plus ce que vous vous évertuez à chercher depuis sans doute trop longtemps déjà.

Prenez soin de vous et n'oubliez pas de donner des nougats à Hazel. Beaucoup de nougats à Hazel.

    H.


Citation:
Le 26 Novembre 1469
rectificatif


*mot glissé sous la porte*

Pardon c'est encore moi. Je pars dès ce soir .. je vous rattraperai peut-être en chemin.
Merci

    Lalie


Citation:
Le 26 Novembre 1469
Re: rectificatif


    Golitah,

Vous n'avez aucune excuse à me fournir. Je vous enverrai un pli lorsque nous serons arrivés à Tastevin, et si vous souhaitez encore nous y rejoindre, ou plus tard sur la route, vous serez la bienvenue. Je comprends, je crois, que l'air de Bruges soit brusquement devenu irrespirable. Prenez bien soin de vous. Et gardez-vous.

    J

_________________
Jhoannes
Golshifteh / Fantine


Citation:
Le 26 Novembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

Tu te doutes, du moins je l'espère, que je ne t'ai pas répondu pour une raison. Je te l'écrivais, j'étais censée m'en aller quelques jours. Et il faut croire que la destinée a voulu me clouer quelques jours à Tulle. L'épopée s'est arrêtée parce que d'une part, je ne suis plus capable de me pencher pour récupérer les cailloux semés sur le chemin par les Zolen et d'autre part, parce que j'ai encore senti que mon ventre était capricieux.

Il sera sage que je prenne du vrai repos à mon retour. Et du temps. Pour penser à soi, en soi et dépeindre ce qu'on y voit, ce qu'on y sent, ce qu'on entend que murmurent les souvenirs, les sensations ou le besoin de retrouver intacte sa propre grâce évanouie, évanouie dans la réalité mais bien vivante au fond de soi.

De certains mots, de certains regards, tu ne guériras pas. Malgré le temps passé, la douceur d'autres confidences et l'ardeur d'un désir sincère. Je ne saurais jouer de cette faiblesse, de ce bas qui blesse et qui t'appartient. Je ne voudrais pas non plus m'attacher à tout cela, alors que tu es peut-être en train de goûter à des lèvres plus singulières. Et cela t'appartient aussi.

Oncques je n'aurais pu narrer avec autant d'exactitude tout ce que tu as conté. A ta place, j'aurais sans doute posé un voile de pudeur ou un fard d'hypocrisie sur ce baiser de Judas, cette caresse dérobée ou ces épîtres échangés - à dessein coupables. Aujourd'hui, nous nous écrivons. Un jour, nous vivrons. Tu es archiviste. Tu le sais plus que quiconque. La vie, elle, ne s'écrit pas vraiment. Elle n'a pas de chapitre, de retour à la ligne, de rature, de gros caractères d'encre te disant "DESILLUSION IMMINENTE" ou "LA, TOUT VA S'EFFONDRER". La vie, elle te laisse seul. Un jour, on sera seuls, l'un face à l'autre. On ne s'écrira plus. Et on vivra simplement. On existera autrement. A découvert.

Sois désolé sans pitié, ce serait la pire des ombres au tableau. Jamais, je ne serai cet hérisson éventré - et c'est d'autant plus vrai - sur le bas côté d'un chemin et sur lequel on poserait les yeux enflés de tristesse. "Pauvre petit". Image absolument renversante, bouleversante, n'est-ce pas ?

J'aimerais que l'horloge avance plus vite.

Comment vas-tu ?

    گلشیفت


Citation:
Le 29 Novembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

J'avais compulsé les ouvrages de l'université des Flandres sur la grossesse, pour t'envoyer un bouquet de recommandations fleuries, mais je me suis retrouvé en plein tirs croisés d'avis médicaux. Alors je ne saurais te dire si tu dois rester couchée, ou debout, dans le noir, ou sous les feuillages frais, boire des tisanes de perlimpinpin ou te gaver de tartes aux épices. À moi, il m'a toujours soulagé le corps et l'âme de marcher, mais j'ai pas le même attirail que toi dans le ventre. Je t'envoie une part de ma lavande à fumer — elle je sais qu'elle n'aura jamais fait de mal.

Nous entamons la traversée de retour la nuit prochaine. Et irons boire quelques jours à Tastevin, où je devais emmener ma fille déjà lors du dernier hiver, avant de descendre pour de bon vers Limoges. Je tais le reste qui, comme tu dis, m'appartient. Si tu veux en entendre le récit, je te l'offrirai de vive voix, car je suis un livre ouvert, et si tu préfères t'en préserver, je la bouclerai sagement. Sache, dans tous les cas, que je reviens vers toi sereinement. Et sans doute j'attendais quelque chose, avant de t'écrire à nouveau, pour ne pas poser des mots qui sonnent faux. Depuis hier je sais.

Tu n'es pas une faute. Tu es un choix.

Et si la mer dans mon crâne n'est pas encore revenue au calme, que j'ai encore du mal à faire le tri entre le juste et les évidences, les illusoires et les réelles, je commence à lire notre chapitre sous un nouvel angle. Peut-être parce que j'assume enfin le fait de porter des binocles quand les toutes petites lignes se brouillent. J'ai toujours trouvé la coquetterie des vieux ridicule, mais je crois que je n'en mènerai pas large lorsque mes cheveux commenceront à tomber comme des feuilles toutes mortes. La tronche de bigleux, pour l'instant, passe encore.

À ton endroit, beaucoup de choses, mais pas de pitié.
Donne de tes nouvelles. Je t'embrasse.

    J


Citation:
Le 02 Décembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

J'ai décidé de rester quelques temps au lit, maintenant que je suis de retour.
Ta lavande est une vraie belle de nuit, si tu me passes l'expression.
Chaque soir, je fixe le plafond et il s'envoie dans tous les sens.
Telle une boussole qui perd le Nord.
Telle une horloge qui se perdrait sous les aiguilles du temps.
Devant tant de confusions, les jours me paraissent moins longs.

Mon coeur palpite au début puis s'apaise.
Mon ventre se gonfle, saccadé puis devient une onde paisible.
Et me laisse avec une douce agrypnie.
Est-il sage de s'imaginer un enfant avant ? Est-ce normal de préférer un sexe à un autre ? Comment est-on censé choisir un prénom ? En fonction de ses origines, de ses goûts, de la symbolique ?

J'aimerais entendre ce que tu as vécu.
Au risque que cela me déplaise.
C'est le début de la sagesse.
Jusqu'à ce que s'esquisse une bouderie au coin de mes lèvres...

Seras-tu de retour avant les jours alcyoniens ?

    Golshifteh

[En toute petite écriture qui amène à plisser les yeux]
J'ai hâte de revoir les traits et les nuances grisées de tes quarante hivers.


Citation:
Le 01 Décembre 1469
Jouvence .


    Monticu-le givré,

Miraculeux, vous re voila frais comme un gardon . Du moins je l'espère ardemment.
Retour de balle poudreuse ou simple coïncidence ? Je vous laisse en juger par vous même et m'exposer en détail vos raisonnements .

    Enfantine.

Ps : Ma dernière bêtise, aura été de louer le ciel pour qu'il vous tombe sur le coin de la binette . Dite-moi que ça marche !


Citation:
Le 01 Décembre 1469
... Fantaine


    Fant-la-neige,

Vos mots me laissent extrêmement perplexe. Je me suis réveillé ce matin — comme tous les matins, croisons les doigts pour les prochains, et comme la nuit a été chaude (la faute à l'édredon, ne lisez pas ici que je me la suis donné grave), j'ai marché jusqu'à la croisée, pour admirer les premières neiges de l'hiver, uniquement vêtu de mes sous-vêtements de coton rose. D'ailleurs, si vous en trouvez des similaires, je vous conseille d'en faire l'acquisition, c'est un tissu très doux pour la peau. Enfin bref, alors que j'ouvrais les fenêtres, une montagne de neige m'a atterri sur la tronche. D'un coup je n'y voyais plus rien, et ne parvenais plus à bouger un membre. À présent, elle a suffisamment fondu pour que je puisse respirer et vous écrire (oui, dans cet ordre), mais je me pèle toujours sérieusement les miches. Je souhaite que vous tombiez sous le coup du même sort, ainsi vous rirez moins, avec des glaçons dans la frange.

Quoique.
J'ai quand même ri.

    J


Citation:
Le 01 Décembre 1469
Jaune-rire


* Des lettres bâclées par des lignes d'encre grelotantes trahissant une crise aigue de claquement de dents sincère . *

Je-je v-vous dé-dé-teste brr - Voila ce que je vous collerais amèrement dans les oreilles si vous étiez dans l'instant proche du foyer ou je fonds . Le phoque say pas tellement résistant au froid .Du moins pas en cas d'avalanche de poudre de perlin-pinpin . - Oui finalement j'ai bouffé aussi !
Point de chemise molletonnée rose. ( D'ailleurs qu'est-ce que j'ai ri, je ne saurais dire si c'est l'image de vous en chemisette ou simplement celle de vous trimballant une sacrée couche . Mais ce fut à la limite du jouissif ) . Enfin pour en revenir au karma donc, figurez vous que j'ai eu le droit également à l'averse en gelée . Pas de fenêtre , non une bonne vieille bataille de neige ou j'ai eu la malheureuse idée d'opter pour une cachette épineuse. Un superbe sapin pas malin . Non . L'abruti là aura fâcheusement décidé de se secouer les branches écrasant au passage la bonne pomme que je suis de son joli manteau neigeux .

Je vous déteste vous et vos ondes farfelues - Je l'ai déjà dit ? Mince .

Haineusement,

    Frange de glace .

Ps : Plutôt que le rose, vous ne vous verriez pas en jaune poussin ? C'est terriblement glamour .

_________________
Jhoannes
Eloyse


Citation:
Le 04 Décembre 1469
Vélin OVNI


    Jhoannes,

Mon prochain courrier sera comme le furent tous les autres jusque là : le ton léger, la ligne maladroite, le tracé peu sûr.
Pour ce pli-ci, pas de dictionnaire, mais de chacun de mes mots je m'affirme certaine, absolument convaincue.
Laudes ne sonneront plus jamais comme elles le firent depuis mes tendres années car manquera désormais au chant des cloches le vôtre, moins tapageur puisqu'inutilement contenu, mais rauque et cadencé, suspendu à d'autres balancements : les miens. Mes chaudes nuits d'hiver ne seront que de simples nuits, car l'hiver n'est plus l'hiver sans votre nez rougi et ce sourire tranquille échappant à l'étreinte de vos laines; car il n'est de chaleur véritable qu'au bout de ces doigts consacrés qui retirent ou attisent le feu selon la teneur des plaintes, la nature des gémissements. J'ai dormi comme je n'avais plus dormi depuis une lointaine enfance, avec en guise d'unique couverture le tiède écheveau de plaisir que la jouissance étend sur le corps et le carré de cuir de votre mitaine, échoué à mon aine. Mais là, devant un feu qui me semble factice, sous les mille plis et les couches duveteuses, écharpe et bonnet taquinant mes cils, je crève de froid.
Le souvenir n'est pas seulement chaud brûlant, il est doux et serein. Il vivra mais sera tu, je m'y engage. Point final mis à ce paragraphe il se dépouillera de toute forme tangible, que ce soit de parole ou d'encre, pour appartenir à ce passé dont on se souvient avec tendresse...et roseurs aux pommettes.
Je devais juste vous dire, je crois, ce qu'il est ma foi inutile de préciser tant tout de vous sait : je n'ai aucun regret.

Je vous embrasse,

    Elo. Yse.


Citation:
Le 05 Décembre 1469
Re: Vélin OVNI


    Eloyse,

Mon présent courrier ne sera pas tendre, et j'en suis désolé. La nuit le fut, tendre. Et bonne. Je ne la regrette pas non plus. Vous n'avez pas à la taire, ou faire mine de dénier un souvenir, qui a pourtant existé. Nos désirs se sont partagés, et accordés. C'est le réveil, qui est dissonant, car il est injuste pour vous. La suite aussi. J'entends celle que vous racontez, mais ce ne sera pas la mienne. Et vous le savez. Laudes sonnera encore de belles manières, et mes nuits d'hiver seront des nuits d'hiver. Tout comme le son de vos futures cloches et le froid dans vos saisons, même si vous pensez sans doute que j'écris des foutaises à l'instant. Là, c'est le vieux qui parle, par expérience de cœur.

Garde sur les routes, et pensez à votre pomme. J'ai dit beaucoup de choses hier qui vous ont peut-être un peu heurtée, mais je les pensais sincèrement. Vous feriez bon de vous aimer.

    J

J'ai fait mander un coursier vers Arras pour qu'il vous ramène les affaires que vous aviez oubliées dans la cellule. Promis, je n'ai ajouté aucune bêtise de mon cru avec.

_________________
Jhoannes
Golshifteh / Lou / Hazel


Citation:
Le 05 Décembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

Si mes calculs sont corrects, et le dieu malicieux qui agite les ficelles des accidents de parcours est clément, nous serons revenus sur Limoges à la veille du solstice. Et tu te doutes que je suis ravi d'être là pour cette date, j'adore me balader nu sur les rives de la Vienne en agitant une branche parée de sauge et de grelots en espérant faire venir à moi les esprits antiques de la nature. Tu pourras participer cette année si tu veux.

Nous tiendrons palabre. Qu'on cause de n'importe quoi, tu finiras par faire une moue boudeuse. J'ai un don pour les faire naître chez toi. J'aurais bien ajouté que j'en ai également un pour les effacer, mais à cette heure je redoute. Pas tant la conversation, mais ton regard. C'est bête. Il me tarde encore plus de le recroiser, remarque. Je me demande à quel point mon esprit a commencé à déformer les traits de ton visage, après ce temps passé loin, mais je n'ai pas oublié que je te trouve belle.

Je crois que c'est normal de penser à l'âme qui grandit dans son propre ventre. De s'imaginer davantage avec une fille entre les bras qu'un garçon, ou l'inverse. De prononcer des prénoms, pour voir comment ça sonne, et se demander s'ils portent en eux quelque chose qu'on voudrait léguer à sa progéniture. Je n'aurais pas aimé qu'Hazel s'appelle Géraldine ; parce que c'est moche, et parce qu'elle ne serait pas Hazel. Ne laisse pas les inquiétudes monter pendant que tu tournes en rond dans ton lit. Tu sauras.

Au vingt, donc, dans le meilleur des mondes, je viendrai me pencher à ton chevet.

    J


Citation:
Le 05 Décembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

Je me pare donc de patience jusqu'au vingt décembre. J'ai la sensation d'être une enfant qui, chaque soir, glissée dans les draps, rayerait un calendrier imaginaire et s'empresse de clore ses yeux pour qu'un nouveau jour se lève.

Alors que je n'apprécie guère l'hiver. Il est la saison la plus aux antipodes de l'Orient. Glacial, ténébreux, rétif. Il paraît poser une voile d'obscurité et de mort sur la nature. Le rite que tu m'évoques servirait-il donc à contrer pareil sort funeste ? Est-ce vraiment sérieux ? Oncques je ne me suis intéressée à une autre religion que la mienne, qui s'attache davantage à la vie du Prophète, aux des destinés célestes qu'à notre existence terrestre, naturelle.

Pourquoi redouterais-tu cet air boudeur? Penses-tu que tes paroles ou tes actes puissent m'amener à battre froid ? Le temps me fait peur aussi. Pas parce que j'aurais pu resculpter ta beauté. Pas parce que j'aurais pu réinventer ton caractère. Il me fait peur car je ne sais pas si je te reconnaîtrai, si nous nous reconnaîtrons. A l'orée de ces nouveaux départs, inconnus.

J'ai tellement besoin de parler, tu ne peux pas t'imaginer.

Devrai-je faire semblant de dormir quand tu (re)viendras ?

    Golshifteh


Citation:
Le 07 Décembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

Je t'ai écrit que je passerai les portes de Limoges en vingt. J'avais dû encore fumer une connerie cette nuit-là. Tu peux faire plusieurs croix d'un coup sur ton calendrier imaginaire, parce que je débarquerai à l'aube du quinze. Ce qui me laissera le temps de préparer une fête du solstice absolument mirifique — et non, je ne le célèbre pas comme le guignol que je t'ai décrit dans ma précédente bafouille. Mais je le fête. Plus sobrement. Avec du vin de sauge, s'il m'en reste.

Toutes les saisons sont revers et face. L'hiver n'est pas qu'une lande désolée de nature morte. L'hiver est chaleur aussi, puisqu'on se rue sur toutes ses sources. Chaleur et boules de neige. J'ignore si tu as déjà essayé de faire une bataille de boules de sable mouillé. Moi oui. C'est pas pratique, ça s'effrite en vol, et ça pique les yeux pendant des heures ensuite. Je te gaverai de tourtes ail-fromage jusqu'à ce que tu aimes l'hiver (enfin il faudra te battre pour avoir ta part, parce qu'en face il y a aura moi, et aussi ma fille).

Il n'y a rien à craindre pour nos retrouvailles. Dans le cas où j'arrive à trouver une excuse pour m'incruster chez les Zolen, soudoyer le personnel pour trouver le chemin jusqu'à ton chevet, que finalement je me penche vers toi, endormie si tu tiens à te la jouer princesse (ça m'a jamais dérangé), et que tu ne me reconnaisses pas, tu n'auras qu'à dire : Allons monsieur, j'ignore qui vous êtes, sortez d'ici céans ou j'appelle à moi la garde.

Dans l'autre cas, tu pourras parler tout ton saoul.

    J


Citation:
Le 06 Décembre 1469
hem...


Dites donc j'me sentais jusqu'à pas long d'humeur ensoleillée ...

Sinon c'est l'occasion de vous écrire que votre passage était bienvenu.
Le temps file toujours trop vite et vous deviez être déjà sur les chemins vers de nouvelles aventures, j'ai pas eu le plaisir de vous saluer avant votre départ dimanche, je vous souhaite le meilleur, prenez grand soin de vous et dites à votre ami de pas trop s'en faire, la vie est trop courte.

    Lou sous le soleil exactement.


Citation:
Le 07 Décembre 1469
Re: hem...


    Sœur Lou,

Je voulais vous écrire un mot aussi mais vous m'avez devancé. Merci, pour la chaleur de votre accueil. Tastevin est un endroit particulier, plus que les autres monastères. Merci aussi, pour avoir fait découvrir le germoir à ma fille — et de lui avoir laissé emporter avec elle les graines qu'elle a dérobées. Et surtout merci d'avoir écouté mon ami alors qu'il passait une sale journée. Je lui ferai entendre vos conseils. Vous êtes une sœur pas comme les autres, et vous pouvez prendre ça pour un compliment. Je vous souhaite le meilleur, sous le soleil d'automne, et même quand il sera caché par un nuage.

    J


Citation:
Le 06 Décembre 1469
hazel_ vous a offert un cadeau !


    Papa,

T'es mon meilleure et pis t'ai toujours là,
J'aime quant tu fais du lapin et que tu di quon garde les légume pour demain.

Je t'aime
    Hazel, ta fille

_________________
Jhoannes
Griselidis / Golshifteh / Minah / Fantine


Citation:
Le 07 Décembre 1469
À réception de cette lettre, ouvrez une fenêtre.


    Jhoannes,

La poussière des routes ne recouvre pas les pensées amicales que j'ai pour vous.
Comment va votre coeur ?
Comment vont vos blessures ?
Comment est votre blanquette ?
Je vous laisse Disco, il attendra votre éventuelle réponse, fut-elle brève. Sans lui votre lettre risquerait de ne pas me trouver. Surtout ne lui donnez pas de mie de pain, il traverse une période difficile de flatulences épouvantables. Je vous ai prévenu dans le titre.

Tendre bisailles à la Noisette.

    Grizelde

PS : Trouvez attaché à la petite patte du choucas radioactif une boite de caramels salés et gâtez-vous-en les dents.


Citation:
Le 09 Décembre 1469
Retour de piaf


    Intendante,

Vous avez fait du bon travail, les blessures à ma peau se sont totalement refermées. Mon cœur va bien, mon cœur s'accroche. Mais ceux de femmes auxquelles je tenais j'ai fauché, je crois, un peu, et je suis fatigué de causer de la peine. Je songe à m'installer à mi-temps dans une grotte limougeaude, mais c'est alors Hazel qui tirerait la tronche. Dans tous les cas, nous arriverons bientôt dans le comté.

Racontez-moi le cortège, ce que vous pouvez. Narrez-moi à propos cette place que vous avez brusquement reprise, si elle ne vous pèse pas trop sur les épaules et dans la tête.

Toujours dévoué,

    J

Post-scriptum : votre piaf vous revient le ventre gonflé de chair de poire. Je crains, par contre, que ça n'ait pas tant amélioré son état.


Citation:
Le 07 Décembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

J'ai fait semblant de rayer les jours avec détachement, d'une plume gracile et fine, alors qu'en vérité, je n'avais qu'une envie : noircir le vélin - au point de le trouer, légèrement excessive la jeune fille - pour les faire disparaître. Presse-toi. Tu manques. Et j'ai envie de vivre ce solstice avec toi.

Bataille de flocons - cela donne un petit côté poétique et doux avant l'impact fatal - et tourte au fromage, ton arrivée augure d'un réconfort parfait. Je me chargerai du mielleux, de l'âtre crépitant, des bougies aux effluves délicates et... la vieille fourrure mal tannée. Je ne pouvais pas te laisser imaginer une scène putassièrement romantique alors j'ai choisi un final à rebrousse poils.

Lequel de vous deux est le plus corruptible? Hazel ou toi?


Prends garde au sommeil impérieux.
Il ne dort que d'un œil.

    Golshifteh

PS : Suis-je en droit de regretter que nous ne nous écrivions plus autant?


Citation:
Le 08 Décembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

Je peux te faire regretter de regretter (oui je peux faire) le rythme plus doux de notre correspondance.

CALENDRIER DE L'AVENT-JHOANNES

Huit décembre — Je vais réchauffer ton hiver.
Neuf décembre — Plus que sept jours de bêtises à lire.
Dix décembre — Je serai ton petit bol de houmous.
Onze décembre — En théorie j'ai dépassé Tours.
Douze décembre — Je pense à tes lèvres. Et toc.
Treize décembre — Prépare un gâteau au miel, femme.
Quatorze décembre — Il est l'heure de s'épiler.
Quinze décembre —

Maintenant je reprends mon quart de veille dans cette nature champenoise hostile, qui sera suivi, si j'ai bien compris, par les deux derniers quarts. Pour une fois, j'ai tout le gâteau pour moi tout seul. Hazel est plus corruptible que moi question bouffe. Mais rien n'y joué, je te préviens.

    J


Citation:
Le 08 Décembre 1469
Même pô morte


Jho,

Coman va mon druidde praifairez ? (Bondacor jean coné kin hahahaha) Taie ankor dent leu naur ? Tapa conjeulé geai se perd. Sassé arenjé taie caca deux placar ?

Moua chu vivente m’aime scie geai ankor dumalle ahi crouare. Ondiré queue glendouyé oh baur deux la mère pandan dé seumène sa marshe. Ji pansseuré la prauchène foua kon meu daifonsse la goule. Geai pri leu truque queue tu ma anvouaillé, tsé, la pulmonèr. SAITEZ DAI-GUEU-LA-CE !!!!!!!!! Ta aissaillé deux meuh reufourgué ta movézerbe trenpé dent du pipi deux cochon oukoi ? Sissa strouv, sama fée reulevé dantre laid maure taileuman !! Beurke !!!

Chu deux reutourre ah Limoges. Geai reutrouvé Nethel, leu fraire deux mdame Scath queue sait mon noncl minteunan. Geai anvouaillé dais laitre ah Perceval haie aile ma raipondu. Aile parlle praiske pu deux meuh tué. On diré praisk hune fable deux nowel haie jariv pa ah hêtre contante taileuman jatan leu truque ki va meuh tonbé oh couin deux la goule an néchenge.

Grau bizou baveu ah toua haie ah Hazel,
geai se perd vou reuvouar trait vitte,



Citation:
Le 09 Décembre 1469
Nouvelle livraison de pulmonaires


    Minah,

On se croisera la semaine prochaine, si tu es encore à Limoges. Je rentre avec la petite. J'ignorais que Nethel y était encore, c'est tant mieux, c'est toujours une trogne de plus avec la tienne que j'apprécie au lieu de supporter — j'en rajoute des caisses, je sais, et c'est un peu méchant. Je connais un peu ton histoire avec Perceval, mais je n'ai pas encore eu l'heur de la rencontrer en personne. Ou si c'est le cas, la dernière fois, elle était encore dans le ventre de sa mère. J'espère qu'elle finira par te pardonner complètement.

Est-ce que ton souffle se casse moins ? Si c'est le cas, je te conseille de continuer à boire mes décoctions dégueulasses. Si ça peut te rassurer, la danoise en boit régulièrement aussi. Tout du moins je suppose. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis le dernier mois d'octobre. Mais pour revenir à nos moutons : bois tes tisanes. Tu peux foutre d'autres plantes dedans pour assagir le goût (même de la gnole, si vraiment t'es douillette du palais). Hazel sera contente de te revoir aussi. Tes leçons sur les amoureux résonnent encore aujourd'hui.

Mes hommages à Philémon.
Je t'embrasse.

    J


Citation:
Le 09 Décembre 1469
Rosé comme la neige du matin


    Fantine,
    Farceuse arrosée par le coup du destin sapin,

J'invoque régulièrement le ciel pour que vous vous preniez trombine de poudreuse sur le coin du museau. C'est toujours aussi amusant à imaginer — sans doute moins que moi en tenue de nuit, je vous le concède. Je crois que le jaune poussin ne m'irait pas au teint. Un jaune un peu plus corsé, qui tire vers l'ambre, par contre, c'est quelque chose qui pourrait m'intéresser. Pour une autre peau que la mienne. Arrêtez de faire votre curieuse. Je reviens sur Limoges bientôt. J'espère vous y croiser. Les boissons sont pour moi, bien évidemment.

    J

_________________
Jhoannes
Fantine / Dampyerre / Golshifteh / Minah


Citation:
Le 09 Décembre 1469
Sapinette en boule


    Jhonnisse ,

Une ballade, comme ça, sur l'inspiration du matin . - C'est chaud - . Peut-être même plus odieux que faire rimer comptine et mine.

Mon beau tapin,
Roi des gorets
Que j'aime ta cambrure
Quand par l'Yves-erre
Bas et corsets
Sont réhaussés
Du jaune parfait
Mon beau tapin,
Roi des godets
Je garde ta parure.

Oui j'ai possiblement craqué, mon dessous . Mais puisque vous ne vous livrez point du tout. Et bien, c'est humain de vous inventer une maitresse . D'ailleurs, si j'ai tort . Il ne tient qu'à vous de conter toute l'histoire . Et pas aux sapins, hein . Couchez tout sur le vélin de retour .

Je ne sais plus, le froid grise mon raisonnement et je devais écrire.. Ah oui, les précisions : Nous sommes en route pour Limoges, et je m'occupe de vous faire parvenir un tissu d'une teinte unique et devinez que : Le prix l'est tout autant .

Aujourd'hui j'ai exprimé le souhait, que vous glissiez sur une mare verglacée et que votre amortisseur arrière prenne une violente claque . -C'est gratuit , oui - . Ne cassez pas l'oeuf .

    Feuillantine .


Citation:
Le 11 Décembre 1469
Pouésié frileuse


    Fanfine,

Je ne me coucherai pas sur le vélin,
Non pas ici je ne raconterai un sein.

Les maîtresses appartiennent aux hommes mariés,
Hors moi je suis divorcé. L'œuf est déjà cassé.
Et derrière le jeu des vers en fleur,
Ma pudeur encore demeure.

Pourtant, odieuse chouquette des neiges,
Je suis content d'apprendre que vous venez,
D'ailleurs, neige rime très bien avec beige,
L'aviez-vous déjà remarqué ?

    J

Post-Scriptum : si le prix est festif (oui vous m'inquiétez, je sens que je vais encore me faire pigeonner comme un as), j'espère que le jaune est hautement tapageur. C'est important.


Citation:
Le 09 Décembre 1469
Retardataire


    Jhoannes,

Je suis navrée de ne pas avoir eu l'occasion de vous croiser entre votre retour de Normandie et votre départ pour Limoges. J'étais à Doornik, puis à Gent afin d'y faire résonner une messe.

Jhoannes, je vous remercie pour votre participation lors de mes joutes -bien que là aussi je vous ai sans doute délaissé... à quel devoir n'ai-je pas failli ?

Toujours est-il que je tiens à vous apporter par le biais de cet écrit ma gratitude pour les longues soirées lors desquelles vous m'avez écoutée, vous vous êtes ouvert, vous m'avez soignée et vous m'avez fait rire. J'ai découvert, le temps de quelques jours, une vie plus légère et plus... onctueuse. C'était rond, c'était réconfortant. Cela m'a assurément fait grand bien et j'ose espérer que cette parenthèse flamande dans votre vie de vagabond aura eu le même effet sur vous.

Adonc, merci, Jhoannes.

Si le coeur vous en disait, vous trouveriez une réponse favorable à frapper la porte de mon kasteel ou y envoyer l'un de vos messagers, qu'il soit ailé ou âgé d'une quinzaine d'années.

Prenez soin de vous,

    H.


Citation:
Le 11 Décembre 1469
Reretardataire


    Dampyerre,

Un merci en retour, alors que j'approche de la terre des enfants terribles. Vous n'avez manqué à aucun de vos devoirs durant les joutes, en tout cas pas auprès des personnes auxquelles vous deviez les rendre, et il était bien naturel que je n'en fasse pas partie. Aussi, je m'y suis bien amusé. Merci pour la douceur de votre accueil, qui a tempéré le froid de votre région. Hazel demande de vos nouvelles parfois. Je garde pour ma part, un beau souvenir des heures, mots, et bouteilles partagées sur la banquette de mon cabinet. Si jamais je venais à en rouvrir les portes un jour, je ne manquerai pas de vous prévenir. Prenez grand soin. J'espère que les temps à venir vous verront moins tourmentée.

    J


Citation:
Le 09 Décembre 1469
Pour J


    Jhoannes,

Le regret est un amplificateur du désir. Prudence.

CALENDRIER DE L'AVENT-IMPERATRICE
Huit décembre — J'attise les braises.
Neuf décembre — J'attire la baise - contrepétrie poétique
Dix décembre — Je crève de te revoir plus tôt.
Onze décembre — En théorie je résiste à voyager, seule.
Douze décembre — Je pense à emprisonner les tiennes.
Treize décembre — Et jeter la clef.
Quatorze décembre — Quelle couleur pour te plaire?
Quinze décembre — Toi. Là.

Ne faiblis pas trop vite.

L'attente est un amplificateur de désir. Hâte-toi, lentement.

    Golshifteh

[Avec ce pli, deux parts de gâteau au miel et à la crème de marrons. Trois étiquettes calligraphiées et lacées autour de chacune des parts : Jhoannes. Hazel. Et au-dessus des miettes, Les oiseaux. Le hasard a "voulu" que la part de Jhoannes soit plus petite.]


Citation:
Le 11 Décembre 1469
Pour G


    Golshifteh,

J'ai attendu qu'Hazel s'endorme, que je puisse me reclure dans ma petite tourelle de pensées personnelles, et donc retirer ma cape de paternel, pour te répondre. Les raisons te sembleront évidentes — si ce n'est aujourd'hui, d'ici peu de temps tu comprendras davantage. Deux mois, je crois. Ne fais pas la folie d'aller cheminer seule dans ton état, s'il te plaît. Tu es grosse, et tu as des bras de poulet (tu l'as dit toi-même). Là, tu es en train de te dire, par le Prophète, cet homme est terriblement doué pour écrire aux femmes. Et moi je te réponds attends, patiente, je n'ai pas terminé de m'expliquer : oui, j'aimerais que les jours se mangent entre eux pour passer plus vite, et apercevoir ton visage derrière une porte inattendue, puisque ah, oui, toi, tu m'affoles. Mais j'aimerais encore moins que tu te mettes en danger sur les routes. Surtout que tu es un peu douillette. Rappelle-toi la nuit où j'ai suturé ton arcade.

Ne me pense pas tiède, ou froid. Mais je préfère émonder un peu d'envie, et vous savoir sauves. Sur Tulle, tu cherchais un riche petit vieux. Je suis peut-être moins âgé que ton idéal, certainement moins riche, mais j'ai la sagesse d'un rabat-joie. (Toutes les couleurs iront, je ne compte pas réellement te laisser vêtue très longtemps, c'est là que ma sagesse trouve sa limite).

Je t'embrasse,

    J


Citation:
Le 10 Décembre 1469
Re: Nouvelle livraison de pulmonaires


    Jho,

M'aime nouaillé dent la niaule, sait hune taurturre gusttative ton truque. Scie jeu deuvé chouazir antre hein bin éta pulmonère, jcroua queue jeu chouaziré le bin !!! (Mé leu di ah pairssone sinan ya dé pti rigaulo ki von aissayé)
Anfin jeuvé mieu kan m'aime alaur ptet queue sa marshe...

Geai peurre kon seu louppe pourre ton reutoure, jdoua boujé bihunto pourre dauné hein cou deux min ah Neth haie ah Andréa...

Grau poutou plin damûr baveu,

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