Hecthor.
- Je tenais Ondo au bout de la longe et me dirigeai vers les oeufs coquillards. Les sacoches de la selle sont garnies de pain, de viande séchée et d'une gourde d'eau. Une épaisse couverture et des fourrures sont attachées à l'arrière de la selle. Les provisions seront suffisantes pour ces trois journées entières en pleine nature. Pour le reste, et les appétits à satisfaire, je saurai aisément me débrouiller dans la cambrousse, en sera t'il de même pour ma partenaire ? laissez moi en douter. J'avais bien l'intention d'exacerber ses talents de survie, ou du moins, la pousser au défi.
Quelques minutes plus tard, j'avisais la monture et sa cavalière. J'avais une admiration pour les chevaux, alors peut être que mon regard s'était aventuré davantage sur le destrier plutôt que sur la femme. Ou peut-être pas, après tout, il m'était difficile de l'ignorer et un sourire ornementait mon visage trahissant certainement certaines de mes pensées. Je détaillai ses manières, son aisance lorsque nous chevauchions, (on parle toujours d'équitation), sa posture, sa légèreté, ses boucles brunes qui s'échappaient parfois de son chignon, la brillance de ses lèvres, bref !
Nous avancions sous un plafond cotonneux nous privant d'un éclat de lune qui aurait facilité notre voyage. Lanterne à la main, nous avions opté pour les routes commerciales, larges et dégagées afin de minimiser les risques pour nos montures. Le ciel nous fit grâce de sa clémence en nous épargnant une pluie qui aurait rendu les choses bien plus inconfortables.
Au petit matin, lorsque les premières lueurs de l'aube léchaient la courbe de l'horizon, nous étions au beau milieu d'une vaste clairière entourée de feuillus parés de teintes orangées. On avait opté pour cet endroit car un cours d'eau y passait, la route principale était à quelques mètres derrière la sapinière et le terrain semblait plat et abrité du vent.
Les chevaux attachés aux arbres, j'en profitai pour remplir mon outre d'eau dans le ruisseau et par la même occasion, pour me rafraichir le visage. C'était notre première virée à l'extérieur de la ville et, bien que le cadre soit bucolique, ce que nous nous appprétions à faire tranchera avec cette atmosphère. Ma vision se troubla, un son strident persifla dans mes oreilles et me coupa du moment présent. La mousse se para de grenat et une odeur méphitique cisailla l'air ambiant. Ma tête se mit à tourner de manière vertigineuse et l'odeur du parfum d'Andréa me tira de mon hallucination cauchemardesque.
Je lui tendis un sourire et lorsque mes Prusse fondirent dans ses aciers, tout ce qui m'entourait s'évapora. Je me nourris de sa présence tel un détraqueur aspirant la joie de ses victimes. A la différence que je préférais amplement partager ma joie avec elle plutôt que de la lui soutirer. Je me relevai et déposai un baiser quelque peu provocateur au coin de ses lèvres. Plus loin, je récupérai les collets dans une sacoche de selle et allai les placer dans le sous bois de la sapinière. Quelques minutes plus tard, je fis à nouveau apparition dans la clairière et étalai une épaisse couverture au sol avant de m'affaler sur le dos. La nuit a été courte et j'avais bien l'intention de me reposer un peu, mais seulement après avoir placé un :
- Tu iras récupérer les collets et ensuite tu devras dépecer et préparer le lapin pour le repas de midi. Tu sais, on avait discuté de ce défi hm ? après quoi, je t'offrirai ce que tu m'as demandé en retour.
Evidemment qu'un sourire arbora mon visage, évidemment que j'employais un ton autoritaire juste pour la piquer, évidemment que j'attendais le revers de la médaille, évidemment que j'appréciais nos petits jeux, où qu'ils nous menaient...