[A la chapelle, quelques temps plus tard]
Citation: RP quatre main avec JD Andréa, clef de lecture : En italique - Andréa. En normal - Siegfried.
Je passe ma langue contre mes dents, ce trou là où se trouvait une molaire me fait bizarre, du moins, ça ne me fait plus mal, mais bon dieu que cest désagréable comme sensation. On cavale, la terre soulevée par les sabots ferrés de nos chevaux, je me tiens aux rênes comme je peux, chevaucher rapidement ce nest pas mon truc, jai toujours été de la piétaille moi. Cest avec le sol sous mes semelles que je suis le plus efficace, mais bon. Tencedur m'avait appris à dompter plus ou moins nimporte quelle bête. Bien que je nsuis pas à laise, je
Pense que je me débrouille.
Nous rentrons dans la ville, le bruit des sabots devient plus clair dans le cataclop qui résonne entre les murs. Jespère que Blüm aura su les convaincre, ces quatre imbéciles.
Il me semblait que le paysage ne défilait pas assez vite, on allait lentement, trop lentement et jessayais, comme je pouvais, de ne pas penser à ce qui pouvait se passer pendant ce temps, à ne pas imaginer ce quil avait pu arriver à Hecthor, car ça ne devait pas être joli pour que Mélissandre fasse appel à moi. Je jetais parfois des coups d'il en arrière, pas pour massurer que Sieg suivait car je savais quil était là, mais parce que oui, ça mennuyait de devoir limpliquer là dedans. Cétait comme remuer le couteau dans la plaie, comme lui infliger encore et toujours le fait que
Le garçonnet était bien là et tendait en notre direction une épingle que je pris dans la main. En bronze et surmonté dun croissant je navais aucun doute sur sa propriétaire. Lenfant montrait quelques mètres plus loin et sitôt descendu de ma monture jallais en sa direction pour en trouver une autre, incapable de parler pour lheure je levais lépingle pour la montrer à Sieg.
- Une épingle ? Sérieusement, on joue à ça ?
Je soupire un instant, détournant le regard. Cette histoire me pompe déjà un peu lair, être appelé à laide pour ce genre d'affaires. Tu parles dun couteau dans le cur. Je détourne, me désintéresse delle un instant pour me préserver. Je cherche les hommes des yeux et nen vois que deux qui débarquent. Marteau et Pal, le premier portant dans sa main gauche ma hache darmes quil me lance. Son poids familier dans ma main, sa place quelle retrouve juste contre mon épaule et mon gorgerin. Une fidèle amie.
- Ya que vous deux quavez répondu ? Grognais-je entre mes dents, putain ça complique la donne, jépaule ma hache darmes après lavoir attrapée plus ou moins en plein vol.
- La paye est pas assez bonne pour le manque dinformation, cparce-que Blüm a insisté quon est vnus, pour la paye des deux autres.
Jhoche la tête, inutile de répondre, tournant un regard vers la Colombe dont je pense deviner plus ou moins ce qui passe dans sa tête. Jinspire un instant.
- Cheval, ou à pieds ?
- A pieds.
Jhoche la tête, cest tant mieux. On fera moins de bruit quavec les hennissements des chevaux, je descends et remercie les hommes dun mouvement de tête, posant larme sur mon épaule pour rejoindre la Colombe. Me posant à ses côtés.
- Jusquau bout du monde, tu mènes ?
Une esquisse de sourire au mercenaire. Jusquau bout du monde, je mène. Au moins aussi loin que Méli aura lâché des épingles, petit poucet Royal quelle était. Cest à cet instant, je crois, que jai compris. Hecthor navait pas été blessé, sinon Méli laurait fait ramener au MAB, ou chez Lui. Il ne se faisait pas non plus traquer, ou attaquer par le Vautour, sinon la Malemort ne se serait pas risquée à y aller -cest une princesse hein-. Je me redressais soudainement comme frappée par lévidence, épingle en main je tendais le bras pour stopper les pas du Lansquenet et ceux des autres qui suivaient, avant de chuchoter à lintention du premier
-Si
Nabandonne pas. Ne labandonne pas.
Et oui, cest cruellement dégueulasse de demander ça mais elle doit en avoir le coeur net, elle doit sassurer que quoiquil advienne, il ne laissera pas Hecthor dans la merde -parce que ouais Méli passe encore-.
Je la regarde, silencieux, quand elle me demande ça. Jinspire un instant pour la regarder, sans dire un mot. Mes doigts pianotent lentement sur la hampe de mon arme. Je ferme les yeux et soupire pour les rouvrir sur Elle. Ma bouche souvre, beaucoup de choses se battent en moi. Mais aucun son ne sort, je la regarde.
- Tinquiète pas, jcompte pas laisser crever ton amant.
Répondis-je, doucement. Je te lai promis non ? Ignorons un instant leffet que ça me fait de dire ce genre de choses, la question nest pas là, lambiance nest pas là, et de toute façon. Tu savais bien pourquoi tu venais, non ? Je lui invite à reprendre la marche. Nous avançons, dans la nuit, nos armures bien sanglées et amorties par le gambison étouffent autant que possible le claquement de lacier sur lacier, dun bras, jécarte une branche sur le chemin. On suit les petites épingles lumineuses dans le sol. Marchant, marchant. Jsuis seul avec mes pensées, jferme les yeux et soupire, tant pis Siegfried. Mais au moins tu resteras honnête avec toi-même.
Elle est cruelle, hein ? Me souffle une petite voix dans ma tête, que je balaie en secouant le crâne. Elle na pas le choix, me convaincais-je. Et puis, tu mérites bien ton sort, vieux con. Ça tapprendras. Une épingle, lune après lautre, pas après pas dans la ville, combien de temps quon marche, je ne sais pas, javoue être
Perdu dans mes pensées.
Je navais pas répondu, cest inutile. Je savais que chacun des mots que je prononcerais lacèreraient un peu plus son coeur et il était inutile den rajouter. Pourtant ce nétait pas lamant que je ne voulais pas laisser crever. Cétait lhomme, tout simplement. Le confident quil pouvait être et le compagnon de brigande.Un petit bout delle dont elle ne pourrait pas se passer aujourdhui. Elle jette de temps en temps un oeil vers le Lansquenet qui semble loin, bien trop loin pour quelle ose le ramener à la réalité. La réalité, cest quelle en aurait fait autant pour Lui.
Rapidement ils quittèrent la ville pour arriver dans un sous bois, quarante deux épingles plus tard -sacrée touffe la Méli- on pouvait deviner un bâtiment. Bon, Méloche, où tes-tu cachée?
- Tu la vois?
Je ne lui réponds dabord pas, je remonte mon casque, les deux loubards dans mon dos attendant les ordres. Des feux de camp, je pose ma main sur son épaule. Comme pour la retenir, comme pour lui dire que tout ira bien.
Jen vois
Quelques-uns, au niveau du feu de camp, la lumière qui se réfléchit sur une bouteille au verre noirci trahit lalcool qui a coulé. Quatre, au feu de camp. Plus loin, près dune tente à l'orée dun bâtiment, jen vois trois qui jouent aux dés, jen compte
Sept, pour l'instant. Je regarde plus à droite, un mec qui pisse contre le bâtiment, huit. Sil reste là assez longtemps, on pourra réduire déjà lnombre des défenseurs.
Ah, là bas. Je presse la main sur lépaule de ma Colombe pour lui montrer près dun arbre, au niveau dun
Non, deux chevaux acharnés, ya deux autres gars. Non, trois, yen a un derrière larbre qui semble
Pisser lui aussi, ceux là semblent revenir dune battue, ça se voit à la boue qui brille sur leurs bottes. Jtourne les yeux, Mélissandre nest pas lincarnation de la discrétion, on devrait la voir. Je souffle :
- Non. Sont onze, au minimum, sans compter les gars dans la bâtisse. Disais-je doucement. Jvois pas Mélissandre, yen a un là-bas, à l'obscurité du bâtiment entrain de pisser, on légorge et on avise à partir de là. Ya des fenêtres, on pourrait peut-être en profiter.
Jinspire un instant, lui sourit.
- Ten penses quoi ? Jprends les devant ou toi ?
On pouvait être à moitié à poil dans la nuit et bouillonner. On pouvait avoir envie de tout cramer et rester pourtant là. Jétais, je suis, une tête brûlée. Du genre à ne pas réfléchir, à avoir une idée et à la mettre à exécution tout de suite, peu importe les risques ou les chances de réussite. Mais Siegfried était là, et si je quittais son bras pour me jeter dans la gueule du loup, cest lui qui devrait payer les pots cassés et cette idée était aussi impensable que celle de laisser Hecthor -et Méli- crever.
- Peut-être envoyer un de tes gars par là bas le temps que je puisse aller voir ce qui se trame par la fenêtre?
Séparer le groupe en deux binôme, dangereux quand on est en infériorité numérique ma chère. Cependant, pas si bête quon pourrait le penser. Je la regarde et jhoche la tête.
- Marteau, Pal, vous contournez, dès que ça pars en couille, vous attaquez. On sra là.
Je tourne la tête vers Andréa et alors que les deux autres loubards prennent la direction des sous-bois pour contourner la troupe, je viens Lui prendre la main, lui souriant avec douceur. Après tout, cest pour toi que je suis là, quimporte ce quon fait. Jinspire.
- Jprends les devants, tu va voir un peu ce que je sais faire
Et nous ne perdons pas de temps, je prends les devants, accroupis, marchant en évitant les branchages secs et les feuilles trop craquantes de la semelle de mes bottes, mon arme est tenue à une certaine distance de mon corps pour éviter de faire trop de bruit. Inutile de vous dire que ma Colombe est un fantôme, elle. A se glisser sans un bruit, pour frapper quand ça fait le plus mal, le mec est toujours face au mur, ivre. Pissant ou attendant de retrouver ses esprits. Nous avons réussi à nous glisser le long du mur, je pose mon arme par terre et fais signe à Andréa de se préparer à intervenir.
Un pas, un autre. Je me fige quand il tousse, puis jarrive finalement dans son dos, je me redresse dun coup pour venir lui écraser ma main sur la bouche et lui prendre le front de lautre, je tire des deux côtés et dans un craquement sourd, lui brise la nuque. Mais je ne le lâche pas, je recule doucement, pour lallonger en minimisant le bruit, je me tourne ensuite vers Déa, joignant mes mains pour lui faire la courte échelle et quelle puisse regarder par la fenêtre, sans un mot. Nous navons pas encore été détectés.
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