Vran
- "Il fait sombre. Très sombre. Tu peux à peine discerner la porte au bout de ce couloir dans lequel tu te tiens. Tu ne sais pas ce qui se trouve derrière toi, et à vrai dire tu n'y as même pas pensé. Tout ce que tu sais, c'est que cette porte, c'est là que tu dois aller. Tu ne sais pas pourquoi, mais il te faut la franchir. D'ailleurs, sans la moindre hésitation, tu fais ton premier pas vers ton but."
L'attente, encore. Mais si celle du Rouergue fut forcée et pénible, celle ci, à Limoges, est moins désagréable. Pour Vran, du moins. Les gens avec qui il voyageait dernièrement semblaient tous détester cette ville à l'unisson. Le truand en comprenait les défauts, mais ce n'était simplement pas le genre d'environnement dans lequel il avait du mal à évoluer. Et puis, on y trouvait souvent des connaissances. En fait, quand quelqu'un en France veut voir quelqu'un sans savoir où ce quelqu'un est, souvent le meilleur moyen de commencer, c'est d'aller à Limoges.
Durant ce second passage à vide, il avait pu voir des gens. Des amis parfois, des connaissances souvent. Il en avait rencontré d'autres, aussi. Il a eu droit à quelques discussions surprenantes, d'ailleurs.
L'attente à Limoges est plus simple parce qu'avec le monde qu'elle abrite constamment, c'est plus facile de ne pas s'ennuyer. Sans compter les informations que l'on peut, de fait, recueillir. Et dès les premiers jours suivant son arrivée -si ce n'était le premier- il avait eu ce qu'il voulait. On lui avait dit qu'Andréa était à Dole. Visite de belle-sur, apparemment. Intéressant.
Au vu de la personne qui l'avait informé, il ne pensait pas à un piège. Désormais, il fallait confirmer. Parce que l'information n'avait pas l'air très sûre, et que ça serait con d'aller à Dole pour apprendre qu'en fait, non, pas du tout, et là tu l'as manquée de nouveau à Limoges. Oui, non, le Vran en a un peu marre de courir. Plusieurs mois qu'il la traquait. Ça n'aurait pas dû prendre tant de temps.
Il n'aurait pas dû torturer Johannes. Après avoir laissé exploser sa rage dans la cabine de son navire -un tas de bois dans la flotte désormais-, il avait directement croisé l'archiviste. Et encore trop mené par la colère, il avait voulu lui prendre le plus d'informations possibles, sans trop réfléchir à la suite. Résultat, en faisant cela, il s'était retrouvé avec Astana en ennemie -plus tôt que prévu quoi-, il avait probablement fait grandir la liste des soutiens de la Colombe, et il avait annoncé son arrivée et ses intentions en fanfare. Tout ça pour n'apprendre que peu, et rien qu'il ne savait pas déjà ou n'aurait pu deviner seul, en plus. Il avait bien conscience du fait qu'Andréa serait probablement déjà morte, s'il n'avait pas fait ça. Mais c'était fait, et il composait avec. Tire ta leçon et avance.
Ces derniers temps, il perdait la notion du temps. Il ne savait pas combien de jours étaient passés depuis qu'il était revenu à Limoges. Il attendait, juste. Ne parvenant pas à confirmer avec certitude la position d'Andréa, il avait décidé de simplement l'attendre. Elle finirait par revenir.
En attendant, on discute, on fait le bilan des nouveaux ennemis, et surtout, on reste prudent. Toujours. Il avait manqué de prudence lors de son dernier passage et il détestait ça. En même temps, comment aurait-il pu deviner qu'un mercenaire parviendrait à sortir de son lit malgré son pronostique vital engagé, le trouver dans une taverne complètement improbable, et jouer de l'arbalète à une main pendant une heure? Du coup maintenant il se méfiait encore plus. Sait on jamais qu'un Son Goku se pointe de nulle part pour lui latter les burnes.
Durant ce séjour, Vran avait peu vu ses camarades de voyage. Il avait rapidement croisé Rael et Anaëlle -ça rime- et c'est tout. Aussi, il n'avait pas fait attention au fait que l'encapuchonné avait quitté la ville.
Mais bientôt, il en saurait plus.
Car plus loin, mais pas si loin que ça, il se passait des choses importantes.
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