Barlaam
[Un courrier envoyé vers l'Alençon]
Citation:
Fleur de Journu
- Mon enfant,
Ce courrier annonce mon refus de célébrer votre mariage. Curé de Tarbes, je ne peux me rendre là où l'union peut se dérouler ; vous trouverez chez vous un clerc prêt à officier. L'éloignement est une cause juste, chère Fleur, qui ne peut se briser aussi aisément que vous le souhaiterez.
- Père Barlaam
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[Sur les routes du Béarn]
[Sur les routes du Béarn]
- Le père Barlaam s'était montré direct, mais poli. La démarche de Fleur exaspérait le curé de Tarbes : il avait assez à faire avec sa paroisse pour ne pas s'alourdir d'épuisants voyages jusqu'aux rives d'une région lointaine. Désigné serviteur de Dieu, cela ne voulait point dire larbin des exigences. Son visage était déjà marqué des chemins de Béarn et d'Armagnac ; la fatigue était le seul état connu. Dans sa tenue marron très modestes, avec ses chaussures solides, il marchait à n'en plus finir. Célébrant un mariage à Saint-Lizier, il devait déjà revenir à Tarbes. Dieu avait fait l'Homme avec des jambes, mais il avait aussi conçu l'épuisement.
Lundi matin, il était sur les routes. Entre deux villes du Béarn, pressant sa marche et faisant cogner son bâton d'aide sur la terre, le père Barlaam de Vendôme devait diffuser la bonne parole dans une nouvelle église dépourvue de curé. Diantre, que Rome était désertée ! À force de l'envoyer partout, il finirait pas expirer bien tôt. Absorbé par on ne sait quelles pensées, il trébucha. Les genoux sur le sol, tentant de cacher un rictus de souffrance, le clerc déploya le double de sa tendresse pour ne pas jurer. Mais la préoccupation de voir si sa peau ne saignait pas s'effaça bien vite devant le reflet d'une ombre à quelques pas de lui et, peu perceptible, le son d'une chanson bien étrange.
« Mais... Quelqu'un ? »
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