Krystel_van_hoedezee
La troupe, hétéroclite et composée essentiellement de sicaires de tout poil et de peu d'éducation, arriva enfin à Bruges. Malgré la courte distance qui séparait Dunkerque de Bruges, et la facilité -déconcertante- avec laquelle la distance pouvait être parcourue (une seule route reliait le petit port de pêche des dunes à la capitale flamande), ces abrutis de service qu'étaient ces gens d'armes avaient réussi à se perdre. Ainsi, ce fut leur prisonnière, Krystel en l'occurrence, qui dut leur montrer le chemin. Ayant suivi avec exactitude le tracé de la jeune fille, ils réussirent ainsi à franchir l'enceinte de la ville.
Il ne faisait pas beau, il ne faisait pas très chaud, et s'il y avait eu du brouillard, la compagnie des bras cassés aurait pu se croire à Londres, de l'autre côté de la Manche, là où les gens parlent une drôle de langue et mangent des pièces de pain plutôt qu'un quignon rassi. Mais il n'y avait pas de brouillard, juste un temps maussade. De gros nuages lourds menaçaient de tomber. Aussi, Krystel suggéra à la clique d'aller s'abriter dans l'appartement de sa mère.
Ainsi donc, Krystel, accompagnée d'une rousse à moitié folle, d'un sicaire moustachu et blessé appelé Gaspacho, un Mendiant à la mine déconfite, d'un filou filasse et d'un garçon muet, s'introduisit dans le petit appartement et referma la porte derrière elle. Enfermée avec un joli monde, elle n'avait plus peur, car elle savait qu'ils ne lui feraient aucun mal. Pourquoi ? Parce qu'à peine avait-elle aperçu son collier de Secrétaire d'Etat, la rouquine avait envisagé de la garder vivante et de s'en servir. Allait-on la rançonner ? Rançonner son, heu, père ? Ou allait-on se servir d'elle comme d'un passeport pour se balader tranquillement à travers les Flandres ?
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