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[RP]A l'orée de sa vie

Luaine
Pleurs à n'en plus finir dans le triste décor d'une ferme un peu délabrée. Habillée de noire de pied en cap, tenture noire qui bordait une porte de bois pour annoncer le deuil.
Isabeau n'était plus. Sa main dans la sienne quand elle rendit l'âme. Un dernier soupir s'évanouit dans le silence de la nuit. La voilà seule.
Elle caressa la joue encore chaude de sa mère comme un dernier adieu. Luaine avait des regrets. Regrets de n'avoir su lui dire je t'aime, de ne lui avoir dit qu'elle avait été une bonne mère. Tout ça n'était que trop futile et tellement vrai, qu'elle n'avait pas juger utile de lui dire avant.
Sa mère avait jeté un voile de mystère autour de sa vie passée, de sa naissance.
Pourquoi avait elle toujours été seule, sans homme...Seulement elle et Luaine. Elles avaient fait front à des hivers de famine, des étés qui brûlent les plantations.
Enfer et damnation toutes les deux unies dans le labeur.
Mais qu'Isabeau avait été une bonne mère, distillant son savoir et son maintien à sa fille. Isabeau était la fille d'un maistre d'armes breton.
Pourquoi était elle seule avec sa fille dans la campagne lyonnaise?
Aristote et feue sa mère le savaient mais pas elle.
Isabeau était partie emportant avec elle le mystère de sa naissance.

Penchée sur le visage de celle qui lui avait donner la vie, Luaine laissa tomber quelques larmes. Elle la regarda et sourit soudain.
"Soit forte ma fille!"

Voilà ce qu'elle lui aurait dit à cet instant. Oui il fallait qu'elle soit forte.
Que lui restait il maintenant?
Une maison presque vide et délabrée, son épervier Lux, son cheval bacchus.

Elle devait vider les affaires de sa mère et préparer ses funérailles qui allaient lui coûter ses derniers écus sans doute.
Luaine finit d'admirer sa mère et la laissa le temps d'aller dans sa chambré faire du tri avant que ne vienne le croquemort. On lui avait dit qu'il passait certaines fois se payer en nature dans la chambre des défunts.
Il était hors de question qu'il touche aux affaires de sa mère.

Passant l'encadrement de la chambre, un soupire traversa sa poitrine. Elle sortit un lacet et s'attacha ses longs cheveux noirs avant de commencer le rangement.

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Luaine
Par quel bout commencer...
Elle s'accroupit devant la malle de sa mère et l'ouvrit comme si c'était un coffre au trésor. Elle commença par dégager les deux tenus que sa mère portait habituellement, en tissus bon marché épais et résistant. Puis elle ôta ses deux tabliers blancs.
Tout en bas de la malle, elle trouva une magnifique robe en étoffe soyeuse. Luaine foula le tissu du bout des doigts. Elle n'avait vu sa mère dans une telle robe. La prenant entre ses mains, elle se leva avec la robe pour l'admirer dans sa totalité.
Un rouge grenat merveilleux parsemés de perles.
La taille était fine. Ce devait être une robe que sa mère avait du mettre voilà bien longtemps. Elle se la posa sur sa silhouette longiligne et se regarda au psyché de la chambre de sa mère. La robe devait être à sa taille.
La jeune femme se dévisagea car jamais elle n'avait porté pareille tenue.
Isabeau lui avait donner des cours de maintien, des cours d'équitation des cours de maniement d'armes. Fille d'un maistre d'armes, Waryk DelaBeuh, elle avait elle même reçu une excellente éducation au château et avait transmis tout son savoir à sa fille unique.

Luaine posa la robe sur la couche de sa mère, désormais éternellement vide puis continua de regarder le coffre.
Encore quelques trésors entre ses mains comme un peigne en ivoire richement sculpté puis un bout de tissu rouge dépassait dans un coin. Luaine tira dessus pour s'aperçevoir que la malle avait un double fond. Elle enleva le fond du coffre et trouva une petite pile de lettre entourée d'un ruban rouge en satin.
Elle tira sur le ruban et ouvrit la première lettre....

Luaine mit une main devant sa bouche. Elle venait de tomber sur le trésor le plus inestimable. Elle venait de trouver la correspondance des lettres de son père....
Une après l'autre elle les parcouru du regard ou plutôt elle les dévora, les relisant en boucle plusieurs fois.

Sa lanterne était enfin éclairée.

Sa mère amoureuse était tombée enceinte d'un homme. Ils n'étaient pas mariés.
Elle comprenait que cet homme était parti pour assouvir son rêve de devenir chevalier.
Isabeau lui avait donner la plus belle preuve d'amour qu'il soit.
Elle lui avait cacher sa grossesse pour qu'il puisse accomplir son rêve, ne voulant entraver ses projets avec la venue d'un enfant qui l'aurait contraint à l'épouser et à rester sur leur terre natale, le Rohan en terre armoricaine.
Son père venait donc du Rohan, son père n'était donc pas parti en laissant sa mère comme elle avait imaginé car il ne connaissait pas la naissance de sa fille, ni même son existence.
Les pièces s'assemblaient enfin.
Luaine comprit la tristesse et la mélancolie quasi quotidienne de sa mère, sa solitude. Isabeau n'avait aimé qu'un seul homme et elle lui avait été fidèle.
Son exil prenait tout son sens.
Elle attendait un bastard, un enfant naturel.
Isabeau avait jeté le déshonneur sur sa famille et avait préféré l'exil plutôt qu'entrainer sa famille dans la déchéance.

Les lettres étaient signées.....Luaine savait à présent le nom de son père.

_________________
Luaine
Les lettres furent posées sur son coeur. Mille questions lui traversèrent l'esprit.
Est ce que son père était toujours en vie?
Si c'était la cas, comment allait-il prendre la nouvelle de son existence?
Il était peut être sa dernière famille et il fallait qu'il sache pour elle.
Sa décision était prise, elle le rechercherait.

La jeune femme posa aussi les lettres sur le lit avec la robe et le peigne en ivoire.
Le rangement de la chambre d'Isabeau se fit dans un silence monastique. Tous ses effets personnels furent rangés. Luaine les donnerait à l'église pour les plus démunis excepté la robe, le peigne et bien sûr ses lettres.

Les premiers rayons du soleil tissaient l'horizon de leurs premiers éclats orangés.
Elle prit les affaires à donner sous le bras et décida de partir en ville. D'une pierre deux coups, elle en profiterait pour voir le fossoyeur. Il fallait qu'elle prépare la mise en bière de sa mère. Un ballot sous le bras, elle sella Bacchus son cheval pour descendre en ville.

Le chemin se fit lentement, Luaine n'avait pas le coeur à galoper comme elle le faisait souvent. Il fallait qu'elle fasse quelques lieues pour arriver en ville.
Le soleil commençait son ascension dans le ciel.
Elle attacha son cheval par la bride et partit vers l'église.
Le curé de la paroisse la remercia pour son modeste don puis elle prit la direction de l'échoppe du fossoyeur.
Après une discussion sur le prix, le fossoyeur lui assura qu'il passerait le lendemain chez elle pour faire son sinistre labeur.
Elle flâna en ville toute la journée à faire quelques courses pour son prochain départ puis, il ne lui restait plus rien à faire qu'à reprendre le chemin inverse vers sa petite fermette.
Luaine arriva devant sa porte aux tentures noires et regarda dans le ciel.
Un sifflement distinctif pour appeler Lux son épervier et scrutant la vouté azurée qui se teintait de rose, elle attendit son oiseau.

Lux arriva et se posa sur son bras levé. Il plia un peu sous le poids de l'élégant rapace. Elle caressa sa tête et l'attrapa par le lien à sa patte.


Un repos bien mérité mon Lux. Viens un peu par ici.

Elle lui posa un petit capuchon en cuir sur la tête et alla le mettre à l'endroit qui lui servait aussi d'écurie. Bacchus et Lux passaient leur nuit ensemble, comme d'habitude, pendant qu'elle veillerait sa défunte mère.
Posant ses maigres achats, elle alla retrouver sa mère, blanche et rigide dans son lit. Depuis qu'elle était fatiguée, Luaine avait pris sa mère dans son lit pour la réchauffer. Les traits du visage d'Isabeau était lisse, elle était partie sans souffrir.
Luaine prit la brosse et coiffa sa mère. Elle lui fit un brin de toilette et s'assit à côté d'elle en regardant le visage si beau de sa mère.
Demain le fossoyeur viendrait la mettre en bière et l'enterrer sous le grand chêne séculaire de la propriété.

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Luaine
Sa tête reposait sur la couche quand elle ouvrit les yeux. Luaine s'était endormie. La jeune femme avait sombré dans un profond sommeil. Cela faisait presque 2 lunes qu'elle était réveillée et la fatigue eut raison d'elle.
La clarté pénétrait dans la pièce tout autour de l'encadrement de la fenêtre malgré l'épais rideau qui pendait devant.
La tête tournée vers sa mère, ce n'était pas un cauchemar mais bien la réalité. Il fallait qu'elle s'y fasse au plus vite sous peine de perdre la raison.
Les sabots d'un cheval la sortit définitivement de sa torpeur matinale. Elle se leva et poussa le rideau d'une main pour y voir au dehors.
Le fossoyeur était là.
Quelle heure pouvait il être?
Au vue de la course du soleil, la fin de matinée, sans doute.

Pas le temps pour une toilette, Luaine se plaqua les cheveux en arrière et se les attacha. Passant devant les pommes, elle en prit une quelle épousseta sur la manche de sa chemise avant de croquer à belles dents dedans.
Positionnée devant la porte d'entrée, elle n'attendit pas que le sinistre corbeau tape et elle lui ouvrit avant.

Elle mit sa main en visière devant ses yeux éblouit par tant de clarté. L'homme était à contre jour et avait une auréole tout autour de lui à la façon d'une icône sur les peintures.
Il descendit de cheval et s'approcha d'elle.


Bonjour Damoiselle Luaine. Me voici comme promis.

Je le constate Sieur Duchesne. Elle est dans la petite chambre sur la gauche.

Elle précéda le croque mort pour lui ouvrir le chemin jusqu'à sa mère.

J'ai pris la liberté de lui donner une dernière toilette.

Duchesne Commença son laborieux travail de mettre sa mère dans le cercueil que Luaine avait commandé la veille.

Le père ne va pas tarder. Nous constaterons le décès et l'archiverons pour la paroisse.

Luaine acquiesça.
A peine le temps de finir que le curé arriva et entra par la porte encore ouverte.

Bonjour ma fille.

Bonjour mon père. Sieur Duchesne vient de finir. Je...j'ai bien réfléchit et je pense qu'elle aimerait reposer ici même. Si vous n'y voyait pas d'objection. J'ai pris la liberté de creuser un gros trou sous le grand chêne. Sieur Duchesne est d'accord, je n'attends que vous accord mon père.

Je n'y vois pas d'objection, Comme tu me l'as dit déjà hier, j'ai amené ce qu'il faut. Je lui ai donné avant hier l'extrême onction. Je vais juste dire une dernière prière pour elle avant qu'elle s'en aille dans la maison de Dieu.

Luaine acquiesça encore.
Le curé et le croque mort s'affairèrent à remplir les quelques vélins pour la paroisse puis Duchesne prit le couvercle dans ses mains.

Attendez!

Luaine s'approcha du cercueil de sa mère. Elle prit le missel sur la table de nuit et le glissa dans les mains de sa mère puis avec tout son amour, elle l'embrassa une dernière fois dans un murmure d'amour pour celle qui avait toujours été là, auprès d'elle.
Elle écrasa quelques larmes naissantes sur ses joues puis préféra attendre à l'entrée de la fermette pour guider les hommes jusqu'au chêne.

Le cercueil fut placé sur la petite charette du fossoyeur. Il arrêta sous le grand chêne. A l'endroit où un trou béant avait meurtri la terre.
Des cordes furent attachées au cercueil. Luaine les aida à y glisser sa mère dans sa dernière demeure noire et froide.

Le curé se plaça devant et commença sa bénédiction, faisant aller et venir son encens. Il finit son requiem par les paroles consacrées.

Requiem æternam dona eis, Domine.....

Amen....

Luaine se signa puis elle s'approcha une dernière fois du cercueil au fond du trou et y jetta délicatement un bouquet de coquelicots. Une fleur qu'elle et sa mère affectionnaient énormément.

A bientôt maman.

Le fossoyeur commença à recouvrir la dépouille pendant qu'elle et le curé firent quelques pas.

Merci mon père.

J'ai rarement vu aussi peu de monde à un enterrement ma fille.

Ma mère était discrète. Malgré tout, elle aura vécu sa vie avec le coeur remplit d'amour et c'est bien cela le plus important à mes yeux. Il y avait une des deux personnes qui comptait le plus pour elle. Voilà ce qui m'importe.

Elle donna au curé et au fossoyeur les écus qui lui restaient. Puis une fois seule, elle alla mettre des fleurs sur la tombe de sa mère. Sieur Duchesne avait placé une plaque avec le nom de sa mère. Elle caressa des doigts les lettres gravées dans le cuivre.
Luaine le coeur lourd rentra dans la ferme vide.

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Luaine
Les heures s'égrainaient avec une lenteur inimaginable. L'angoisse prit Luaine. Allait elle passer toutes les journées de sa vie, maintenant orpheline, avec autant d'apathie.
Il fallait qu'elle se remue un peu, qu'elle évite de rester prostrer comme une image figée de douleur.
Isabeau reposait tranquillement ici bas. Surement heureuse de s'être débarrassée de sa croix qu'elle portait depuis 19 printemps.

Une fois du rangement fait, Luaine partit dans l'écurie voir Bacchus. Son épervier était encore en vol plané dans les haute sphère azurées.
Le cheval à la robe noire éclatante se tourna vers elle à son arrivée et un léger hennissement lui fit comprendre qu'il était heureux de la voir. Son sabot cogna contre le sol.


Oui mon Bacchus. Je suis là.

Sa main effleura le pelage du puissant animal. Luaine le brossa pensant un long moment. Les mains sur ses naseaux, elle le caressait avec tendresse. Luaine lui avait toujours prodigué affection et soin.

Demain j'appellerais le maréchal ferrant pour tes sabots. Nous allons surement voir du pays mon fidèle destrier.

Tout en s'occupant de son cheval elle réfléchissait à la meilleure manière de commencer ses recherches.
Un ambassadeur!
Il devait surement avoir un ambassadeur de Bretagne en Dauphiné. La guerre était loin et même si les relations avec les autres comtés étaient d'une cordialité toute relative, elle trouverait bien un diplomate capable de lui trouver une personne. Elle aimerait savoir si il était vivant avant d'entreprendre un voyage vers le Rohan et surtout éviter de s'attacher à l'image d'un père peut être mort.
Pourtant elle ne pouvait qu'imaginer des retrouvailles d'une rare intensité.

La clarté déclinait et il fallait qu'elle appelle Lux de sa balade diurne quotidienne.
Tapotant sur le flanc du cheval, elle sortit scruter le ciel.
Un sifflement se fit entendre et l'épervier ne fut pas long à rentrer au bercail.
Les deux animaux dans l'écurie, elle rentra donc chez elle, seule et légèrement taciturne.

Un bout de pain trempé dans du bouillon de légumes fit son repas du soir.
Les yeux perdus dans la flamme vacillante du feu de cheminée, elle voyait d'autres images qui défilaient.
Sa rêverie dura un temps certain. Sans mot dire, de toute façon avec qui aurait-elle pu parler, elle alla se poser à son pupitre. Elle souleva le volet de bois pour y prendre un vélin qu'elle reposa ensuite sur le bureau.
Luaine ne connaissait aucun nom de diplomate, son premier pli serait donc destiné au Comte. Lui répondrait-il? Cela serait une autre paire de manche.

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Luaine
Le pli était en évidence sur son pupitre quand les premiers rayons du soleil vinrent frapper la chambre de Luaine.
Elle s'étira comme une chatte flemmardant dans sa couche. Encore quelques instants pensa-t-elle. Le monde onirique ferma peu à peu ses portes pour la renvoyer dans la dure réalité de son existence esseulée.
Elle se leva difficilement. Tous ses gestes semblaient se faire au ralenti.
Une fois qu'elle eut finie de déjeuner, elle fit sa toilette et se brossa ses longs cheveux ébène.

Le maréchal ferrant arriva pour les fers de Bacchus. Ca lui couterait sans doute ses derniers écus. Ils partirent dans l'écurie et pendant que l'homme façonnait les fers et les posait, Luaine caressait Bacchus pour le rassurer. Sa main frôla la robe noire de son destrier.
Comme convenu, elle donna à l'homme les quelques sous qu'il lui restait. Sa bourse s'amenuisait encore et encore.


Te voilà fin prêt pour notre équipée sauvage à travers les royaumes mon beau Bacchus.

Elle sella l'équidé avec soin puis alla enlever le capuchon de son épervier pour qu'il sorte faire sa ballade quotidienne. Lux s'envola dans les airs avec grâce.
Luaine prit la missive destinée au Comte et monta son cheval.
De bonne humeur malgré tous les évènements récents qui avaient secoué sa vie, elle talonna Bacchus pour qu'il file à vive allure en décollant ses fesses de la selle. Le vent lui donnait un air de liberté indescriptible. Plus rien ne comptait.
Les brides dans les mains, elle les tapait sur son cou pour le faire accélérer encore.
Un sourire timide se dessina sur son visage. Un sourire qui se faisait rare depuis quelques temps.
Ses cheveux ondulaient au gré du vent.
Luaine traversa les champs qui la séparaient de la ville.

Arrivée au pied du château, elle fit ralentir Bacchus pour traverser le pont qui l'emmena dans la grande cour.
Elle franchit la herse qui était relevée par temps de paix et arriva dans la cour animée du château. Toutes sortes de personnes s'affairaient dedans comme dans une fourmilière. Les tonneaux côtoyaient les légumes pendant qu'au milieu quelques chevaliers s'entrainaient à l'épée. L'ambiance était bruyante et chaleureuse.
Un homme jeune portant un bliau aux couleurs du comté attira son attention.

Dis toi, tu as accès à la salle du trône?

Le garçonnet lui fit un signe affirmatif de la tête.
Elle descendit du cheval par respect pour le garçonnet. Luaine était, elle même de condition modeste et elle n'avait aucunement l'intention de se prendre pour une noble méprisante du petit peuple.
Le pli dans la main, elle le donna au garçon.


Tiens remets ça au Comte. Il y a mon nom. J'espère qu'il aura la courtoisie et délicatesse de me répondre même si je ne suis personne.

Le petit page la regarda sans trop comprendre.

Il sera donné Ma Dame.

Merci mon brave mais je ne suis pas Dame. Appelle moi Luaine tout simplement.

Elle le regarda disparaitre avec ses petites jambes qui moulinaient très vite. Quelle était sa vie au château? Etait-il heureux?
En tout cas elle espérait pour lui.

Se remettant en selle, elle prit la bride de Bacchus et le dirigea vers la sortie de château. Le chemin de retour se fit calmement. Elle imaginait déjà une réponse du Comte et ses recherches qui commençaient enfin.
La jeune femme longea le petit muret jouxtant sa propriété puis arriva devant sa fermette.
Ses yeux s'écarquillèrent quand elle vit le cheval du seigneur de Varey juste devant sa porte ouverte. Les mains de Luaine se crispèrent sur les brides de Bacchus.

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Luaine
Prenant tout son temps pour mettre son destrier à l'écurie, Luaine en profita pour s'assurer que sa dague était facile d'accès. Elle se dirigea vers l'intérieur de la pièce principale. Ses gestes et son visage étaient tendus.
Il était là, le sale porc. Son habit écarlate aussi rouge que son visage bouffi. Son sourire se fit plus long à la vue de Luaine.


Bonjour Damoiselle. Comment vous portez-vous?
J'ai su pour votre mère et je viens aux nouvelles.


Il s'approcha pour lui faire un baise main mais elle enleva sa main dès qu'elle sentit le contact de la sienne.

Je vais comme il se doit en pareil circonstance.

Elle lui tourna le dos en s'affairant à des tâches non urgentes.
Il était dans son dos et elle sentait qu'elle l'avait encore une fois déstabilisé.


Que me vaut votre visite, mise à part vos condoléances?

Elle sentit son haleine nauséabonde sur sa nuque. Soudain une odeur d'ail remplit l'air. Un frisson de dégoût lui parcourut l'échine.
Il posa une lourde main sur son épaule.


Vous le savez! Je ne le redirais jamais assez. J'ai déjà bien assez fait de demandes à votre mère pour avoir votre main. Elle a toujours refusé. Maintenant je sais que l'argent vous manque et que, seule, vous ne vous en sortirez jamais. Mes serfs sont sur d'autres terres et votre ferme ne va plus pouvoir vous aider pour vivre.

Luaine donna un coup d'épaule pour faire partir sa main.

La faute à qui Messire?
Dois-je vous rappelez que vos serfs nous aidaient pour nos semailles et nos récoltes. Nous pouvions vous donner la moitié mais depuis que vous les avez envoyé ailleurs, ma mère et moi trimons comme des bêtes de somme.
Vous pensiez que, prise à la gorge, ma mère me donnerait à vous. Vous aviez du être drôlement déçu.


Vous savez que c'est pas amour que j'ai fait tout ça. Depuis vos 16 ans je vous fait une cour pressante que vous vous empressez de rejeter.
Je vous donnerais tout. Un titre, une vie décente.


Il n'eut pas fini sa phrase qu'il lui sauta dessus et la plaqua contre la grande table de chêne. Sa main commença à toucher son corps. Luaine en eut un haut le coeur.
La main de la jeune femme prit la dague qu'elle avait cachée et lui posa le méplat de la lame sur son double menton. Le fil de la lame tout contre sa gorge.
Luaine appuya dessus pour le faire relever de son corps.


Si tu m'y oblige, je ne me gênerais pas pour te saigner comme un goret. Si tu veux la vérité ça serait même salvateur pour moi après toutes ces années où tu nous as donné tant de souffrances ma mère et moi. Je t'impute sa mort.

Luaine le colla au mur puis regarda la grosse bague qu'il avait au petit doigt.

Je prend cette bague en dédommagement. Une belle pierre de lune.

Elle tira sur son doigt grassouillet et fit glisser la jolie bague qu'elle convoitait depuis des années.

Tu vas garder tes fiefs, ton titre et tout le reste et tu te les mets dans ton séant. Je garde cette bague.

Le regard de l'homme se fit noir.
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Luaine
Le gros plein de soupe posa sur elle un regard biaisé.
La lame de la dague se décolla de son cou et il en profita pour faire deux pas sur le côté. Ce décalage lui suffit pour se saisir de sa cravache.
Il leva son bras bien haut dans les airs et fit abattre son membre armé sur la jeune femme avec une telle hargne qu'il ne restait plus d'autre choix à Luaine que se couvrir le visage de ses deux avant bras. la cravache fouetta l'air avec violence.

Le visage du Seigneur de Varey se mit à trembler de rage et la couleur pourpre de son faciès passa au violine. Une veine de son front se mit à gonfler sous le coup de la colère.
La jeune femme se tint à la table pour ne pas s'affaisser au sol mais quand il leva une deuxième fois la main, elle fut plus rapide et lui planta la lame dans la paume de la main.


Je ne suis pas une pouliche à dresser. Je t'avais prévenu espèce de ribaud!
Tu possède peut être un titre grâce à tes parents et tes connaissances mais tu n'as aucune manière, pauvre pleutre qui bat les femmes. Espèce d'impuissant!


La dague ressortit aussi vite qu'elle était entrée. Le nobliaud se tint la main qui saignait abondamment. Le sang perlait sur les carreaux en gré du sol de la pièce.
L'acte qu'elle venait de commettre représentait un geste lourd de conséquence. La potence était de mise pour avoir blessé un noble.
Luaine était une impulsive qui se laisser guider par ses impressions premières. Elle resta stoïque regardant les gouttes se répandre, la main toujours serrée sur la poignée de sa dague.

Elle leva le bras vers la porte.


Je ne veux plus vous voir ici, jamais.

Luaine était repassée au vouvoiement de rigueur.

Toi....toi ma petite....espèce de sorcière. Tu m'as ensorcelé avec ta magie et fait en sorte que je sois amoureux de toi. Je perd la tête depuis des années avec ton image qui me hante chaque soir....Tu vas le payer de ta vie et je serais à jamais débarrassé de toi. Tu n'es qu'une ensorceleuse....une sale puterelle. Tu vas entendre parler de moi pour la dernière fois et je vais me faire une joie d'entendre le craquement de ton joli petit cou sous la corde. Tu vas te balancer au bout d'une potence.
Si tu n'es pas à moi, tu ne seras à personne....à personne!

Il prit sa cravache et sortit d'un pas rapide au dehors de la ferme. Luaine se mit à trembler de tous ces membres en entendant les sabots du cheval s'éloigner.
Elle s'assit sur une chaise, les bras croisés sur la table et se mit à pleurer. Sa poitrine fut secouée de soubresaut sous l'effet de la vive émotion.
Qu'avait-elle fait?
Le regard un peu hagard, elle réfléchit. Il fallait qu'elle se sauve. Il allait revenir pour la faire arrêter. Elle serait sans doute condamnée et il mettrait tout en oeuvre pour la faire pendre.
Personne ne se soucierait d'une pauvre paysanne orpheline sans aucune famille.

Luaine se leva et fit un balot. Elle prit la cassette de sa mère et rangea des affaires.
La robe de sa mère, son peigne en ivoire, un habit de rechange, un miroir, une brosse, une paire de bottes, un mantel, ..... Elle prit la petite boîte contenant les derniers écus. Juste de quoi manger et dormir quelques jours en ville.
Elle allait devoir trouver un travail.
Les sourcils froncés, elle se hâta de préparer son cheval. Plus rien d'important n'était resté dans la ferme. Luaine partirait pour la ville dans un premier temps. La grandeur de la cité lui permettrait de se cacher du Seigneur et de ses hommes.

Bacchus, Lux et Luaine firent leur adieux à la fermette et s'en allèrent pour Lyon.

_________________
Luaine
[Petite chambre dans une auberge lyonnaise]

Luaine avait posé bagage dans une petite auberge du centre de la ville. Modeste mais propre, elle y entamait une nouvelle vie. Le travail ne manquait pas dans une ville comme Lyon, elle trouvait tous les jours sa besogne à la mine. Elle s'accordait quelques heures de délassement dans une taverne proche de l'auberge puis s'endormait à point fermés de l'éreintant labeur de la journée. Bacchus et Lux étaient dans l'écurie de l'auberge apprêtait pour les clients. Elle payait un prix très convenable et à la fin de la journée il lui restait quelques écus pour manger et boire quelques chopes.

Aucune réponse du Comte n'était parvenue à la jeune femme malgré ses continuelles va et viens entre le château et l'auberge dès qu'elle sortait de la mine.
Le Comte n'avait surement pas que ça à faire à écrire à une gueuse. Il devait donner des fêtes au château et recevoir toute la noblesse alentour.
Ses oreilles traînant, elle eut le nom du Chancelier. Tel un sésame, elle s'empressa de lui écrire. Il était un diplomate et il pourrait l'aider dans ses recherches.
Messire Sagaben d'Amilly était sa dernière chance de trouver une solution pour avoir des indices sur son père.

Appuyée contre la petite table de sa chambre, elle prit sa plus belle plume pour écrire au Chancelier.
Le lendemain, un pigeon arriva sur le rebord de sa fenêtre avec à la patte un petit bout de vélin. Luaine attrapa le volatile délicatement et lui enleva le petit rouleau.
Un sourire trop rare se profila sur le doux visage de la jeune femme. Le Chancelier lui avait répondu et c'est avec gentillesse qu'il adressa son pli en lui souhaitant du courage pour sa quête. Enfin un homme de coeur qui avait pris le temps d'écouter son histoire et de lui faire le présent d'une missive lui annonçant le nom de l'ambassadeur de Bretagne en Dauphiné. Luaine reprenait espoir d'avoir des nouvelles de son père dans un avenir proche.
Elle relâcha l'oiseau et écrit un pli pour l'ambassadeur Messire Dedelagratte.




Elle pria un coursier moyennant 5 écus d'aller porter ce pli urgent à l'ambassadeur de Bretagne. Luaine croisa les doigt que celui-ci daigne lui répondre. Il était probablement le seul à pouvoir l'aider prestement. Pensive, elle s'imaginait bientôt se présenter devant son père. Un autre problème allait ensuite être de taille, si il était en vie. Comment allait-il prendre la chose et n'allait-elle pas être déçue par lui?

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Dedelagratte
Par une journée ensoleillée, comme souvent DeDeLagratte se rendit à Mercurol, il avait quelques affaires à régler. Le Seigneur passe d'abord dire bonjour à ses collègues diplomates, puis s'arreta à l'office dédié au Duché d'Orléans et enfin après à l'Office du Grand-Duché de Bretagne à côté. Après terminé son travail quotidien, DeDeLagratte ferma la porte de son local puis se dirigea vers la sortie pour rentrer à Vienne.

A peine allait-il sortir qu'un valet l'interpella.


Excellence, Excellence !!!

L'Ambassadeur intrigué se retourna. Le valet arriva en courant.

Allons bon, que me veux-tu pour m'appeller d'aussi loin en criant ?

Le valet essouflé.

Vostre Excellence, c'est que nous venons de recevoir une lettre pour vous.

Le valet donna la lettre à l'Ambassadeur qui la lut avec attention. Il haussa un sourcil puis se dirigea vers son bureau.

Ce mot était celui d'une jeune demoiselle à la recherche de son père qui se trouverait en Bretagne. Celle ci lui demandait de l'aide pour le trouver. DeDelagratte, une fois à son bureau, prit donc une belle plume, de l'encre et se mit à ecrire de sa plus belle ecriture afin que la destinataire de cette lettre puisse le comprendre.

Citation:
Damoiselle Luaine,

C'est avec attention que j'ai lu vostre missive. Celle ci m'a d'ailleurs surpris.
Je ne connais pas tous les details quant à vostre recherche bien evidemment mais je peux bien sur me liberer quelques instants afin d'y voir plus clair à propos de la recherche de vostre père.

Je vous propose de me rejoindre demain en debut d'après-midi en la taverne municipale de Lyon. Ainsi nous pourrons faire connaissance et discuter de vostre problème.N'hésitez pas à me repondre si il y a un quelconque problème.

Puisse le Très-Haut vous garder

Fait en le Domaine de Mercurol le dix-neuvième jour du mois d'aoust MCDLVII

Son Excellence DeDeLagratte, Ambassadeur du Lyonnais-dauphiné près le Grand-Duché de Bretagne




L'ambassadeur posa sa plume, referma son encrier puis sortit de son bureau et se rendit vers un autre valet non loin.

Hep vous là bas, faites transmettre ça à une certaine demoiselle Luaine, celle ci se trouve surement en une auberge lyonnaise quelconque.

Après avoir donné la missive, DeDelagratte regarda le valet d'affairer à faire transmettre le message puis sortit de Mercurol, enfoucha sa monture et rentra pour Vienne, il revienderai demain matin pour voir si une réponse lui serait parvenue.
_________________
Ambassadeur du Lyonnais-Dauphiné auprès du Duché d'Orleans et du Grand-Duché de Bretagne.
Luaine
Assise, le menton dans le creux de sa main, Luaine était perdue dans ses pensées. Ces derniers jours avaient été riche en rebondissements et pas comme elle l'aurait souhaité. Après la mort de sa mère, la venue du Seigneur et son affrontement avec lui, sa fuite à lyon.
La seule bonne nouvelle qu'elle pouvait espérer était la réponse de l'ambassadeur.
Pourtant, ses pensées étaient en Rohan.
Une multitudes de questions se posaient à elle à propos de son père. Elle s'imaginait toutes sortes de scénario. Celui où son père la rejetait. Celui où son père n'était un ivrogne. Celui où son père bafouerait sa défunte mère....
Luaine s'imaginait le pire, surement pour ne pas être déçue.

La tête dans les nuages, elle fut sorti de sa léthargie par un homme qui semblait être un valet et qui, brandissant un pli, demandait si Damoiselle Luaine était présente dans l'auberge au tenancier. Celui ci lui montra la petite table contre la fenêtre de la salle commune.

Damoiselle Luaine, c'est vous?

Elle leva la tête avec une mine surprise et regarda l'homme de ses deux prunelles vertes toutes grandes ouvertes.

Oui, oui c'est moi.

Elle prit le pli tendu par le valet.

De la part de l'ambassadeur, pour vous!

Luaine prit la missive puis attrapa le valet par le bras.

Patientez juste quelques instants, ne partez pas.

Elle passa son index pour décacheter la lettre puis parcourut le vélin.
Son sourire se fit plus radieux de ligne en ligne.

Attendez moi, je vais vite répondre et je vous donnerais ma réponse pour que vous la transmettiez au plus vite.
Tavernier, une chope bien fraîche pour le sieur.


Luaine monta à l'étage et commença à écrire sa réponse. Le valet attendait en bas pour la plus grande joie de sa bourse. Elle ne devrait pas encore payer un coursier pour amener la réponse. Prenant sa plume, elle écrivit à l'ambassadeur.



Cela ne lui prit que quelques minutes et elle redescendit dans la salle commune avec son pli.

Voici ma réponse. Vous la donnerez à l'ambassadeur. Merci encore.

Aucun écu ne vint percuter la paume de la main du valet. La bienséance ne voulait pas qu'un tiers donne un écu à un valet. Luaine connaissait quelques usages et ne dérogea pas à la règle.
le valet eut ses vives remerciement et s'en alla vers son maistre.
Luaine avait donc rendez-vous le lendemain avec Messire Dedelagratte.

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Dedelagratte
Au petit matin, DeDelagratte était passé par Mercurol, celui ci devait en effet aller verifier ses messages. À peine fût-il arrivé qu'il vit le valet qui la veille avait du se charger de faire transmettre le message. Il l'interpella afin d'en savoir plus.

Hep ?!? La dame pour laquelle vous deviez transmettre mon message m'a-t-elle repondu ?

Le valet fit un signe, alla chercher une missive, et vint la remettre à l'Ambassadeur. Celui-ci déplia le velin, puis la lut avant de la replier un petit sourire aux lèvres.

Bien merci, j'irai donc l'attendre à la taverne municipale Lyonnaise elle y sera.

L'Ambassadeur alla deposer le message dans son bureau puis reparti en ajoutant au Valet.

Si d'aventure un message urgent me parviendrait ici, je serai à Lyon surement en Taverne.

L'Excellence, joignait le geste à la parole et quand sa phrase fût terminé il était déjà dehors prêt à remonter sur son destrier et filer vers Lyon où il était attendu.

Le soleil majestueux trônant dans le ciel annonçait la couleur de cette journée qui s'annonçait chaude aussi DeDelagratte avant de partir se saisit d'un gourde, en but une rasade la referma et sortit du Domaine de Mercurol au pas afin de ne pas fatiguer sa monture, et puis il avait encore le temps avant le rendez vous programmé avec la jeune demoiselle dans l'après-midi à Lyon.

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Ambassadeur du Lyonnais-Dauphiné auprès du Duché d'Orleans et du Grand-Duché de Bretagne.
Luaine
Le grand jour se profilait. Une rencontre décisive dans la vie de Luaine. De cette rencontre allait en découler un pas de géant et peut être, assez prestement des nouvelles de son père.
Assise sur son lit, Luaine se contorsionnait les mains d'appréhension. Plus le soleil se hissait dans le ciel, plus sa tension montait d'un cran. Elle arpentait le plancher de la chambre comme un condamné. L'ambassadeur devait l'aider et elle devait faire pour cela une bonne impression.
N'ayant qu'une tenue capable de la mettre en valeur, elle sortit la robe en taffetas de sa mère et la posa sur le lit.

Elle avait fait quérir un baquet d'eau chaude pour se laver. Ce bain n'était pas du superflu. Elle ôta ses guenilles et entra lentement dans le baquet. Malgré la tiédeur de l'eau, elle en ressentait de la fraîcheur à cause des prémices de la chaleur de la journée.
Un savon dans la main, elle se mit debout et se savonna le corps et les cheveux puis elle rentra dans le bain pour se rincer. Descendant doucement dans la cuve, elle mit sa tête sous l'eau en se bouchant le nez. Luaine resta un petit moment assise, les bras de part et d'autre de l'énorme récipient.
Le temps s'égrena doucement et elle sortit du bain. L'eau ruisselante sur sa peau délicate, fut esponger par un linge propre. Quelques gouttes d'eau s'accrochèrent de ci de là à son corps. Luaine fit passer ses cheveux sur le devant de son corps et les essora. Elle sortit du baquet et continua de s'essuyer sommairement pour garder un peu de fraîcheur. Ce bain lui arracha un long soupir de bien-être.

Devant la psyché de la chambre, la jeune femme était entortillée dans un grand linge blanc. Cela lui donnait l'aspect d'une romaine de l'antiquité. Cette image la fit sourire. Il valait mieux qu'elle s'imagine en toge qu'en linceul.
Luaine s'emberlificota les cheveux pour au final avoir un joli chignon au dessus du creux de sa nuque. Quelques mèches folles lui encadrait l'ovale de son visage.
Elle prit la robe de sa mère délicatement et la passa.
C'était la première fois qu'elle passait une robe aussi belle. Elle s'admira.

Le temps passait et il était hors de question que l'ambassadeur l'attende. Il s'était donné la peine d'accepter son entrevue alors il ne subirait pas le retard quand bien même il était tout féminin. Une dame se devait de faire attendre un homme mais ce n'était pas un rendez-vous galant.
Luaine descendit dans l'entrée de l'auberge, à la stupeur de l'aubergiste qui eut d'abord du mal à la reconnaitre.


Eh ben ma p'tite dame. Votre robe vous va drol'ment bien.

Elle sourit timidement au compliment.

Merci bien aubergiste et encore plus pour le baquet. J'ai rendez vous à la taverne municipale. A plus tard.

Elle sortit de l'auberge en direction de la taverne.
Quelques regards masculins se retournèrent sur son passage et cela, la fit quelque peu rosir. Elle n'avait pas l'habitude d'être "déguisée" en femme.
D'un pas qui se voulait assorti à sa tenue c'est à dire élégamment, elle entra dans la taverne municipale.
Assise à une table, elle attendit l'ambassadeur ne sachant à quoi il ressemblait. Il la trouverait bien. Les femmes n'étaient pas légion dans l'établissement. Quand à lui, il aurait surement de l'allure pour un homme de son rang.

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Dedelagratte
DeDeLagratte était arrivé en fin de matinée dans la Capitale du Duché, les rues semblaient animées, la beauté du ciel y était pour quelques choses surement. Toutefois, DeDeLagratte ne s'attarda point sur l'animation de la capitale, son attention etait concentrée sur ce qu'il allait manger ce midi ... Il n'avait avalé qu'un peu d'eau ce matin là ainsi qu'une rasade d'eau de vie.

Il s'arrêta vers midi dans une taverne qui proposait un copieux menu, de la viande saignante comme il aimait, des legumes mijotées avec un bon gros morceau de pain. Qu'importe le prix, ce n'était plus son cerveau qui dirigeait ses pas mais bien son estomac à ce moment là. Il entra donc et commanda ce menu sans rien demander de plus.

Après avoir terminé son repas l'Ambassadeur se dirigea vers l'auberge dans laquelle il logeais lors des ses fréquents voyages vers Lyon, il fît monter dans sa chanbre une bassine et de l'eau, le voyage de Mercurol jusque Lyon l'avait sali et il était hors de question pour lui d'aller à son rendez vous sale comme un sanglier et vêtu comme un vagabond. Une fois sa bassine préparée il entra dans celle ci non sans grogner, Aristote savait qu'il n'aimait guère se mouiller et se laver et qu'il le faisait que par nécéssité, celle d'être présentable devant les autres.

Une fois ce calvaire terminé, DeDelagratte enfila des beaux vêtements ceux qu'ils utilisaient souvent lors de sorties diplomatiques où lorsqu'il devait quitter l'uniforme militaire.

Habillé et presentable il sortit de sa chambre, ferma la porte et sorti de l'auberge en direction de la taverne municipale située non loin de là.

À peine fût-il sorti de son auberge qu'il se trouvait déjà devant la porte de la taverne municipale.

Il entra puis du regard chercha une jeune demoiselle qui paraitrait érudite si l'on en jugeait le discours utilisée dans ses missives, omme toute personne souhaitant rencontrer un ambassadeur,elle se devait de faire bonne impression devant lui aussi chercha-t-il une demoiselle paraissant érudite et élégamment vêtue.

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Ambassadeur du Lyonnais-Dauphiné auprès du Duché d'Orleans et du Grand-Duché de Bretagne.
Luaine
Pianotant nerveusement de sa main droite et entortillant une mèche de cheveux de son index gauche, Luaine commanda une chope au tavernier. Son angoisse avait resserré la taille de son estomac, ce qui ne lui avait pas permis de déjeuner. La chope arriva et Luaine la but presque cul sec. Une fine écume blanche se forma au dessus de sa lèvre supérieure. Il ne fallait pas qu'elle en consomme une autre au risque d'être un peu ivre à l'arrivée de l'ambassadeur.
Ses doigts jouaient une valse sur le bois de la table quand soudain, la porte s'ouvrit sur un homme charismatique et fort élégant. Il avait l'air de chercher quelqu'un du regard.

Toujours avec sa petite écume au dessus de la bouche, Luaine, avec un sourire timide, leva la main vers le Messire. Un discret petit signal d'appel. Elle espérait qu'il la remarquerait sous peine de devoir hausser le ton et de ressembler à une charretière. Ce qu'elle réprouvait totalement compte tenu de sa bonne éducation pour une paysanne.
L'ambassadeur l'avait-il vu?
Elle espérait fortement quand soudain une idée horrible lui traversa l'esprit. Et si ce n'était pas lui? Cela serait plutôt une catastrophe. L'homme penserait qu'elle est une courtisane et de honte, mortifiée, elle devrait quitter le lieu et attendre l'ambassadeur devant la porte de l'auberge. Comment après cela, lui expliquer...

Son cerveau marchait toujours à plein régime pour se faire toutes sortes de scénario improbables.

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