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La révélation d'Orléans

Sindbad
--Catalin_Lupescu a écrit:


La présentation de Nikos laissa le loup de Transylvanie bouche bée. Non seulement il savait utiliser la Pierre-Dieu, mais en plus, il semblait connaître celui que tous, en secret, surnommaient du titre utilisé pour désigner l’Empereur de Constantinople.

Il se tut et attendit d’entendre la suite.


Katalin Lupescu
Le loup de Transylvanie
Chasseur, traqueur, mentor d’Aparajita
Au service de l'Ordre de la Pierre-Dieu




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Sindbad
Sindbad a écrit:
Le constantinopolitain se présenta sobrement. Il expliqua qu’il avait exercé des fonctions diplomatiques et comment, sous hypnose, il avait récité cet étrange poème.

« J’ignorais à l’origine quelle en était la signification. Mais une amie a eu l’idée de prendre les deux premières lettres des trois premières strophes. Nous sommes ainsi arrivés à décrypter Orléans, ce qui expliquait la quatrième strophe »

Sindbad se tut et attendit la suite.

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Sindbad
--Nikos a écrit:


Nikos murmura pour lui-même le poème :

Or ce jour arrivera
Le mot que tu entendras
Ans oubliés ramènera…


Ce système de chiffrement est né en Grèce, et porte un nom grec. Sais-tu lequel ?

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Sindbad
Sindbad resta pendant un instant bouche bée. La cryptographie : une notion qui éveillait des choses. « Servir et protéger » martelait le vieil homme. Protéger des secrets, en les rendant inintelligibles et inaccessibles aux communs des mortels. Se pouvait-il qu’il ait acquis des notions de cet art mystérieux ?

Une anecdote lui revint à l’esprit : celle de cet esclave qu’un homme avait fait raser pour inscrire un message sur son crâne, et qu’il avait envoyé à son correspondant une fois la chevelure repoussée. L’écrit se trouvait donc caché. Comment cela s’appelait-il en grec ?


« Stéganographie » suggéra t-il d’une voix hésitante.
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Sindbad

De surprise, l’homme de l’Ordre faillit en tomber à la renverse.

Ainsi, tout était contenu dans ce banal poème. Il avait perdu deux mois à attendre la clé d’une énigme, alors qu’elle se trouvait à sa portée.

Celui qui avait mis en place ce dispositif était décidément très fort...


Katalin Lupescu
Le loup de Transylvanie
Chasseur, traqueur, mentor d’Aparajita
Au service de l'Ordre de la Pierre-Dieu

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Sindbad

Le ménestrel observa quelques secondes de silence, pour s’assurer que son auditoire le suivait. Satisfait, il reprit :

Et Nikos répéta le mot : stéganographie.

La bouche de Sindbad en resta ouverte. C’était comme si un rideau venait de tomber, lui révélant une réalité à la fois familière et oubliée : des rues populeuses, bruyantes et chamarrées de sa ville d’origine, ses senteurs épicées et les voix aux accents improbables. Des voyages interminables dans des paysages arides ou des contrées merveilleuses. Des regards et des sourires de gens qu’il avait connu, ou simplement croisé fugacement. Des discussions tendres, passionnées, orageuse, parfois…

Tout ce qui lui avait été pris lui était rendu.

Tout ?

Avisant un siège, il s’assit, la tête dans ses mains et resta un long moment silencieux, indifférent aux regards posés sur lui, qui attendaient de savoir.


Theobald
conteur de vies horrifiques

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Sindbad

La dravidienne regardait Ganapati sans mot dire. Elle n’avait pas compris tout ce qui s’était passé. Le vieil homme avait prononcé ce mot incompréhensible, et Ganapati s’était effondré. Cela lui rappelait certaines techniques d’assoupissement pratiquées en Ayurveda.

Du coin de l’œil, Aparajita s’avisa que
Vaddhu était partie. Sur les affaires de Ganapati, bien en évidence, un vélin avec des lettres tracées.

Il verrait cela plus tard. D’autres soucis l’accaparaient, à présent. Il se voulait innocent,
Prison le voulait coupable.

Lequel des deux serait déçu ?


Aparajita
Mi-femme, mi-bête,
Protégée de
Ganapati
Recherchée par l’Ordre de la Pierre-Dieu
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Sindbad
Je m’appelle Theodoros Apostolakis. Je suis né en l’an de grâce 1417 en la cité de Constantinople. Mon enfance se déroula dans le quartier des Blachernes, proche du palais de l’Empereur. Mais je n’étais pas noble de naissance.

Mon père adoptif était ambassadeur impérial auprès de l’Empire Moghol. Très tôt, j’appris à parler plusieurs langues étrangères, parmi lesquelles le français et l’anglais. Mon père me destinait à la diplomatie. Il ne ratait jamais une occasion de m’emmener avec lui dans ses déplacements. C’est ainsi que j’ai pu admirer les splendeurs de Téhéran, Kubhanâ, Tachkent, Samarcande…

Mais après la conférence diplomatique de 1453, mon père comprit que le Basileia Romaion était menacé par l’Empire ottoman. Il se mit alors en tête de trouver des alliés militaires qui permettraient de faire échec à leur plan d’invasion. C’est alors que nous visitâmes l’Inde, et notamment le royaume libre de Vijayanaghâra. J’y achetai la liberté d’une femme-loup cruellement maltraitée par son propriétaire, Aparajita.

Puis, mon père et moi partîmes pour Venise, afin de convaincre le Doge de mettre la fortune de sa cité au service de notre Empire. Mon père me présenta aussi un maître d’arme sicilien, Silvio Macaroni. Celui-ci avait fort à faire pour apprendre à une capricieuse du nom d’Antonetta le maniement des armes. Mais il avait besoin d’un précepteur pour lui apprendre le reste. J’acceptai, mais la mission se révéla plus compliquée que prévue. La demoiselle, une mule née, entendait bien rendre la vie impossible à ceux qui la côtoieraient, et à celui qui l’avait amené à nous.

Pour l’anecdote, j’ai revu Silvio au Royaume de France. La première fois lors du couronnement du Comte d’Armagnac. La seconde lorsque je suis rentré ivre après ma rupture avec Kindjal. Il m’attendait devant ma porte, décidé à me ramener à Venise pour y être jugé. Un combat s’engagea entre nous, au cours duquel il m’infligea un coup de dague qui aurait pu être mortel sans l’intervention d’Aiguemarine et de Nictail.


Sindbad marqua une pause après l’évocation de ce souvenir douloureux.
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Sindbad
Le constantinopolitain poursuivit son récit :

Un soir, lors d’une réception diplomatique, un verre d’hypocras vint ruiner le costume que je portais. Recherchant l’auteur de ce forfait, mon regard tomba sur une femme d’une beauté extraordinaire : une chevelure claire, teinte au henné, encadrait un regard d’un vert intense.

Il ne m’en fallut guère plus pour tomber sous son charme. Rouge d’embarras, elle me proposa d’aller chez elle afin, disait-elle, de réparer le mal commis et me prêter une tenue ayant appartenu à son défunt époux. Ce qui fut fait.

Elle s’appelait Graziella. Son époux, récemment trépassé, lui avait laissé une petite fortune dont elle jouissait sans compter. Bijoux, toilettes, elle ne se refusait rien.

Nous nous revîmes, nos rapports devinrent plus intimes. Elle avait accepté de me servir de source d’information auprès de la diplomatie vénitienne. Son charme lui ouvrait toutes les portes, dévoilait les secrets les plus intimes.

C’est ainsi qu’un jour, j’appris qu’un lituanien du nom de Darjus Stankevicius négociait avec les ottomans pour leur vendre les plans des égouts de Constantinople. Il fallait par tout moyen l’en dissuader…
Je me souviens m’être rendu chez lui avec Graziella. Et puis plus rien, sauf cette image de moi, l’épée sanglante en main et son corps à mes pieds.

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Sindbad
--Catalin_Lupescu a écrit:

Enfin !

L’aveu qu’il attendait venait de tomber.

Sortant de son sac une cordelette, le chasseur transylvanien saisit le constantinopolitain par les poignets, avec l’intention de lui lier les mains dans le dos.


La cause est entendue, ce me semble. Theodoros entre chez l’homme, une épée à la main afin de l’empêcher de conclure sa transaction. Tout y est : arme, mobile, action…

Katalin Lupescu
Le loup de Transylvanie
Chasseur, traqueur, mentor d’Aparajita
Au service de l'Ordre de la Pierre-Dieu

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Sindbad

C’est alors que j’arrêtai dans son action cet homme que le prestige espéré de son geste aveuglait.

Vous me semblez, Messire, par trop empressé de conclure.
Nous avons tous entendu le même récit. Or, je n’ai point ouï parler de meurtre, même si les faits s’accumulent en la défaveur de Messire Theodoros.

Je n’ai pas, non plus, entendu de récit d’un quelconque larcin.
Pour cette raison, je conclus que l’homme doit rester libre, même si ce mystère demeure entier.


Mais un doute subsistait dans mon esprit. Mon regard croisa celui de Nikos, spectateur muet de l’empoignade.

Dites moi, Messire, si j’ai bien tout compris, le poème énonçait que les ans oubliés seraient ramenés. Or, le trou qui subsiste embarrasse tout le monde ici. D’un regard circulaire, j’embrassai l’assistance présente. Auriez vous, par le plus grand des hasards, une explication logique à ceci ?

Theobald
Conteurs de vies horrifiques

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Sindbad

Nikos avait suivi le récit du constantinopolitain et le différend qui s’en était suivi. Une lumière s’était allumé en son esprit.

A la vérité, Messire ménestrel, je n’en n’ai point. Mais la personne qui vint me trouver pour me prévenir de votre arrivée semblait avoir tout planifié. Elle m’avait demandé de vous remettre ce vélin, que j’ai précieusement conservé dans mon tiroir. Pointant du doigt le meuble, Messire Theodoros, pouvez vous aller le chercher ?
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Sindbad
Le constantinopolitain ouvrit le tiroir indiqué. Un vélin d’apparence anodine, passablement usé par le temps, s’y trouvait bien.

Sindbad regarda Nikos qui, d’un hochement de tête, l’invita à le lire. Puis, de l’index, se toucha la poitrine à la hauteur du cœur.

Sindbad tressaillit : il connaissait ce geste pour en avoir appris à Venise la signification, mais auprès de qui ? Pas de Graziella. Le message était, en tout cas, très clair.

Il déroula le vélin et lut :


« Coucou,
Si tu lis ce document, tu sais désormais que je suis cette bourrique d’Antonetta, comme tu aimais à m’appeler. Mais cela doit rester entre nous.

C’est moi qui ai aussi bloqué tes souvenirs après avoir entendu ton histoire, afin de ne pas faciliter le travail de ceux qui se servent de toi pour porter préjudice à ton père.

« Servir et protéger », m’as-tu appris. C’est ce que j’ai fait depuis ton arrivé au Royaume de France. Maintenant, je te repasse la main. Tu as encore des choses à apprendre sur ton passé, et en particulier sur la mort du malheureux Darjus. Rends toi en cet endroit où les anges volent avec légèreté.

Sur ce, je te laisse. Inutile de me contacter par pigeon, je ne te répondrais pas, à toi de jouer.

Et détruis ce message après l’avoir lu, tu le trouveras excellent. »


Une fois lu, et à la surprise générale, le constantinopolitain porta le message à sa bouche et l’avala, non sans l’avoir mastiqué. Sa correspondante ne lui avait pas menti, la missive avait un goût exquis, qui le ramenait une fois de plus aux saveurs de Venise. Pas besoin de demander qui l’avait rédigé, il ne le savait que trop…

La peste…les anges volent avec légèreté. marmonna t-il pour lui-même.
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Sindbad
Alors qu’il venait juste de prendre congé du vieillard, et de le remercier pour sa participation, Sindbad chercha la main de Ranya. Elle s’était montrée étonnamment discrète, ce qui ne lui ressemblait guère. Il découvrit alors non seulement qu’elle ne se trouvait plus à ses côtés, mais aussi qu’elle avait quitté la maison. La missive qu’elle avait rédigée à son attention lui apprit sa volonté de revenir en Bourbonnais-Auvergne seule.
C’était trop pour une journée déjà riche en informations à absorber. Sindbad savait pourtant ce qui l’avait poussé à prendre cette décision. Elle avait souhaité plus de concertation entre eux, et au lieu de cela, il avait agi, par habitude, en cavalier solitaire. Elle avait sû se sentir ignorée, délaissée…

D’un autre côté, il avait refusé la proposition d’Aiguemarine de se réfugier à Sarliève. Il n’avait souhaité être couvé ni par l’une, ni par l’autre. Etre dépendant ne lui ressemblait guère…

Mentalement, il passa en revue les femmes qui avaient traversées sa vie : Veneris, morte. Kindjal, infidèle. Juliette1357, inconstante. Eurydice_rr, morte. Et maintenant Ranya…Terminé. Il consacrerait désormais sa vie à des choses moins éphémères, plus durables que ces jeux de l’amour, trop subtils pour lui.

Et c’est l’amertume au bord des lèvres qu’il franchit la porte de la maison bleue.

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Sindbad

Ils avaient courtoisement pris congé du vieux grec. Mais en son for intérieur, le Loup de Transylvanie fulminait. Par deux fois, il avait eu la possibilité de le ramener à Venise, et deux fois un élément extérieur l’avait privé de cette consécration. Mais il finirait par l’avoir, un jour…

Tout à sa réflexion, Katalin heurta alors un mendiant encapuchonné. Mais son œil exercé nota qu’une partie du visage de l’homme était dévoré par la petite vérole.
« Eh, cersetor s’exclama t-il, ne peux-tu point faire attention ? » « Scusami » , murmura le pauvre hère, levant la main en signe d’apaisement. La manche de sa bure s’abaissa alors, révélant sur son avant-bras une tache de vin. Le mendiant s’éloigna ensuite pour rejoindre, de l’autre côté de la rue, un autre encapuchonné. Katalin hâta le pas, rejoignit le groupe et saisit Sindbad par la manche :

« Partons le plus rapidement possible, les M&M sont en ville »

Devant l’air surpris de son interlocuteur, il précisa : « Ils se nomment Marcello et Michele, d’où leur surnom. Ce sont deux invertis que l’Ordre emploie pour des travaux de nettoyage : les gens meurent, les maisons brûlent, les documents disparaissent…Je ne serais pas étonné que vous soyez lié à leur présence. Cela signifie que Romeo a décidé d’employer les grands moyens. Et la subtilité n’est pas son fort. »

Katalin Lupescu
Le loup de Transylvanie
Chasseur, traqueur, mentor d’Aparajita
Au service de l'Ordre de la Pierre-Dieu




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