Le jeune homme avait finalement pris la décision de sortir du monastère,alors qu'il était pourtant encore affaibli.Une personne lui manquait plus que de raison,et plus qu'il ne saurait le dire,même si rien n'était moins sûr que le manque soit partagé.Pourtant,le brun chambérien arriva dans sa ville,sa capitale..Personne...
Faisant le tour des tavernes les plus mal fréquentées qui soient,il pu s'informer de nouvelles choses,des anciennes,de secrets et de trahisons qui peuplaient la vie des hommes.Hélas,il ne trouva pas ce qu'il cherchait...Si elle n'était pas à Chambéry,dans quelle autre ville qu'Annecy la blonde,Annecy la folle aurait pu être cette femme?
C'est ainsi que le Bâtard Nevski,tard lors d'une chaude soirée d'été,enfila ses habits de voyage,sauta sur son étalon aussi noir qu'une forêt germaine pour parcourir au triple galop le chemin qui séparaient les deux villes voisines.Le voyage se passa sans encombres jusqu'au moment où un homme se plaça au milieu de la route,apparemment bien décidé à ne laisser passer personne.Le fils du juge de Savoie arrêta son cheval aussi soudainement que brutalement,et l'animal cabra fièrement sous la fougue de son cavalier.Alors que les sabots retombaient durement sur le sol,soulevant un léger nuage de poussière de la terre du chemin,l'homme à pied put remarquer que la bête sombre comme la nuit était monté par un jeune homme possédant de multiples cicatrices sur le visage,un tricorne enfoncé sur ses cheveux de la même couleur que la robe de sa monture.Sa chemise et ses braies étaient mauves,la cape voletant encore derrière son dos s'alliait à ses bottes noires,l'épée au côté et le bouclier harnaché sur un côté de l'étalon renforçait l'idée sombre qui émanait du Russe monté,un soldat,ou tout du moins un guerrier.
L'homme barrant la route au cavalier n'était que peu impréssioné par cet accoutrement qu'il voyait déjà sur lui même.En effet,son métier était le brigandage et son loisir le vol,ce qui l'habituait à combattre.Un sourire féroce se dessina sur son visage,alors qu'il laissait sa lance bien en vue,prêt à l'empoigner au moindre mouvement suspect.
La bourse ou la vie,mon bon seigneur!
Crèves,chien galeux,charogne miteuse et pitoyable!
Vae Victis ! ! !
La réponse ne s'était pas faite attendre,tout comme la réaction.Xenor piqua des deux vers le malandrin qui se dressait sur son chemin.Il savait ce qu'il devait faire,sa monture aussi.Le bandit pointa son arme vers le poitrail de l'équidé,qui fit un écart impressionnant,habité aux batailles,tandis que l'épée dégainée de son maître décrivait un arc de cercle sanglant,laissant derrière elle une traînée de liquide pourpre.L'animal et l'homme opérèrent un demi tour rapide alors que le corps sans vie du hors-la-loi s'écroulait au sol d'un côté,sa tête coupée net de l'autre.Le combat avait été aussi rapide que violent,laissé le jeune tueur légèrement haletant.Il s'élança à terre alors que le cheval renâclait et grattait le sol,pressé de trouver un repos mérité.L'humain fouilla le mort,trouvant une bourse remplie d'or,et d'autres babioles sans intérêt.Récupérant la bourse du vaincu,il remonta sur son destrier,sans plus un regard vers le coupe-jarret tombé sous sa lame.
Arrivé finalement à Annecy la Blonde,l'étrange personnage se dirigea en premier lieu vers le lac.Il croisa la route d'une gamine vendant des tartelettes et s'aperçut que sa faim dévorante aurait du être calmée depuis longtemps.Sautant à terre,il sourit à l'enfant.
Hey p'tiote,ça sent bon par ici!C'coûte combien c'que tu nous a fais à manger?
Bonjour grand Seigneur!Les tartelettes sont à deux écus,les gâteaux de lard sont à quatre écus cinquante et la miche de pain noir est à trois écus!Mais par contre ce n'est pas moi qui cuisine ça,c'est grand-mère Agnès,Sire...Bientôt elle ne pourra plus,elle est fatiguée vous savez.
Le jeune homme la réconforta d'un sourire,lui acheta plusieurs gâteaux aux lards.Au moment de payer,la petite,qui ne devait pas avoir plus de neuf printemps,fronça les sourcils en regardant la bourse que lui tendait le client.
Mais monsieur,il y a beaucoup trop là ded..Oh ! ! !
Un sourire malicieux étira les lèvres de l'homme en voyant la candide vendeuse rester bouche bée.Sans lui laisser le temps de prendre à nouveau la parole,il remonta à cheval et lui informa que ça lui faisait plaisir,et qu'ainsi sa famille pourrait se reposer.Il repartit ensuite,laissant la juvénile commerçante les yeux embués de larmes de bonheur.
Enfin,après toutes ces péripéties,Xenor arriva au lac..L'aube se levait pendant qu'il attacha son cheval à un arbre,non loin de l'endroit où sa fiancée avait l'habitude d'aller se baigner...C'est ainsi qu'il commença à marcher vers le fameux saule qui cachait du regard la berge où venait lécher les légères vagues de l'étendue liquide et sublime....