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Duel sur la lice entre deux amis...

[RP] Maux dits... - Duel Alcyone/Carmody

Alcyone
[Vendredi soir, Taverne municipale de Limoges]

Pas de prise de tête, juste boire un verre... Ou deux. Ou... assez pour oublier... Oublier la peine, oublier les deuils, oublier leurs visages... ces deux visages tellement aimés, et tellement opposés... Car oui, tout opposait ses deux amours, ils n'avaient rien de commun. Hormis la mort... A à peine quelques semaines - ou étaient-ce des mois? - d'intervalle... Allez, n'y songe plus... Encore un verre. Le sang de la terre finira bien par avoir raison de celui qui bat dans ses tempes et par adoucir douleurs et pensées.

La soirée s'avére plutôt agréable. Les bougies des lustres se consument, leur flamme danse et vacille, créant cette lumière si particulière, chaude et vivante, qu'Alcyone apprécie. Le vin coule à flot, l'atmosphère se partage entre traits d'humour et sourires. Autour de la table, Carmo, Anna, Ariadne et ce voyageur, Len. Douleur et colère anesthésiées, juste comme il faut...

Ca parle de mariage, sujet qui fait grimacer la rouquine. Aucun intérêt. Si ce n'est pour créer ou intégrer une famille puissante et engendrer une descendance légitime. Du moins, c'est ce dont elle a fini par se persuader.

Sauf que là, la conversation dévie vers un sujet qui amuse particulièrement Alcyone. Il est question d'une union entre Anna et Carmo. Elle le connaît, le Carmo... il n'est pas du genre à mettre genou en terre, une rose entre les dents, pour demander sa dulcinée en épousailles... Et lorsqu'Anna prend l'initiative, sourire aux lèvres, dans une sorte de jeu, ou de défi, il se défile, oscille entre un "on verra ca dimanche" et un "c'est pas la peine, je dormirai, ou je viendrai pas..."
Même si ce petit jeu entre eux amuse la Sainte Anne, il réveille de sourds sentiments enfouis en elle... Vous savez, ceux qu'on cache profondément, ces blessures qui nous façonnent... Elle ne peut s'empêcher de se dire qu'à la place d'Anna, elle perdrait peut-être patience...

Mais Môôôssieur Charles Martial de Tartasse prend un malin plaisir à faire marronner sa blonde, à esquiver, user de trente-six pirouettes pour éviter d'avoir à regarder ses sentiments en face et pour affirmer qu'au final, il n'en ferait qu'à sa tête...

La rousse connaît ça... elle connaît bien... Elle toise un instant le Carmo de son regard vert, teinté bien involontairement d'un éclat froid.


- Tarrelian faisait exactement pareil...

La réplique sort toute seule, malgré elle, elle ne l'a pas sentie venir, mais au moment où elle la prononce, elle sait qu'il ne va pas apprécier. Que pour lui c'est une pique. Parce qu'elle sait l'aversion, pour ne pas dire autre chose, que le Carmo ressentait envers Tarrelian... Tant pis... il fallait probablement que ca sorte...

Les premiers posts vont donc raconter comment et pourquoi Alcy défie Carmo en duel, merci de ne pas intervenir tout de suite, sauf si vous étiez en taverne à ce moment là ^^. Pour le duel proprement dit... Lâchez-vous! n'hésitez pas à participer! (ig, il aura lieu dimanche pm)

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Carmody
Soirée qui débute de manière bien agréable comme de nombreuse depuis quelques temps. Pour une raison qu'il ignorait, le thème du jour était le mariage et il avait eu a mener ses arguments sur de nombreux point comme l'intérêt de la chase, l'attrait que ça peut avoir et ses conséquences plus ou moins mélioratif sur la vie de famille et surtout des enfants du couple.

ET ce soir là , certainement poussé par sa confiance nouvellement trouvée et travaillée ou alors par le soutien qu'elle aurait par les deux autre dames pressentes, la blonde tente sa chance sur la question de leur épousailles. Comme par un jeu entre eux, le Carmo reprend la ruse du pense bête pour ne pas avoir a répondre vraiment, mais celle ci marche bien moins efficacement quand elle est connu et l'étau se resserre sous els assaut du trio qui souhaite le voir un anneau au doigt. Force lui est de mettre en évidence qu'il ne ferait de toute façon que comme il lui plairait et qu'elles pouvaient faire des cérémonies sans lui si elles le voulaient vraiment.

Tout cela amusait vraiment le roux depuis le temps que la question de mise explicitement ou non et que les deux blondes voulaient qu'il prête serment, il avait de plus en plus de mal a trouver des tours pour les faire tourner en bourrique. Âpres tout un mariage n'avait que deux intérêts majeur et il n'était pas en condition pour qu'ils prennent effet.

Masi quelques mots mirent fin a tout amusement sur la question. Consciente ou pas de son geste, la Rousse avait fait entièrement changer l'atmosphère.


Tarrelian faisait exactement pareil...

La mâchoire de Carmo se contracta sous le coup qu'il venait de recevoir, toute trace d'amusement quitta son visage et ces yeux se mirent a fixer lentement celle qui osait l'insulter par cette comparaison. Elle connaissait ce qui le liait a Tarrelian, elle savait ce qu'il ressentait pour la manière dont celui avait traité son amie qui l'aimait, une histoire commune autour de cet homme les avait fait se rapprocher d'une manière indéniable pour forger une amitié sans bornes et pourtant si elle avait voulu le blesser et le faire réagir en cette circonstance elle n'aurait pu faire pire que les mettre tout les deux au même niveau.

Ce fut donc sans la moindre réflexion et sur un ton froid et cassant que les mots du Carmo fusèrent en réponse.


Tarrelian n'était qu'un ver de terre et il a bien fait de rejoindre ses congénères.

A l'inverse, lui m^me connaissait les sentiments que son amie avaient et pour le ténébreux et la souffrance qu'elle ressentait après sa perte mais il réagissait toujours d'instinct et parfois violemment face ce qui lui déplaisait. Ses yeux ne quittèrent la rousse, qu'il connaissait assez pour savoir qu'elle n'apprécierait assurément pas son avis mais en l'instant peut lui importait car il n'avait jamais cacher son aversion envers les actes du passé.
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Alcyone
Qui sème le vent récolte la tempête, c'est bien connu. L'arroseur arrosé, en somme. Si elle avait espéré le faire réagir, le résultat avait dépassé ses attentes. Mais était-ce dans le bon sens? Au final, loin de lui faire prendre conscience de ce qu'elle aurait voulu, il avait juste vu là une insulte. Forcément... Ce n'était pas ce qu'elle avait voulu, ni même pensé... Tarrelian, elle l'aimait encore, et elle l'aimerait à tout jamais, puisque seule la mort avait réussi au final à les séparer. Si elle n'était pas aveugle sur les défauts de cet homme à qui elle avait donné un enfant, jamais elle ne permettrait qu'on salisse sa mémoire et son nom, qu'il soit une insulte...

Le Carmo ne pouvait pourtant pas réagir autrement... elle le connaissait si bien... et la réciproque était tellement vraie... Une amitié si profonde, nouée dans la douleur, à cause de la douleur... il avait été cet Oiseau de nuit devant qui elle, la Sainte Anne, l'irascible rouquine, avait pu se mettre plus à nu que si elle s'était dévêtue... en lui ouvrant une partie de son âme... Voilà qui était bien une arme à double tranchant... Car sa réponse appuyait pile où ca faisait mal...


- Tarrelian n'était qu'un ver de terre et il a bien fait de rejoindre ses congénères.

L'ambiance dans la taverne venait de changer du tout au tout, le ton qu'il avait employé était aussi glacial que sa réaction fut sanguine et empreinte de fureur. Il ne fallut pas un quart de seconde à la rouquine pour ôter ses pieds de la table, se lever, renversant au passage la chaise sur laquelle elle était assise, et bondir vers lui, main sur le pommeau, prête à dégainer. Le feu lui était monté aux joues et dans le regard, tant ce qu'il venait de dire lui était insupportable...

- Bordel, Carmo, retire ça tout de suite! RETIRE CE QUE TU VIENS DE DIRE!

Et elle espère qu'il le fera... qu'il renoncera... il sait qu'elle est capable de tout lorsque l'on aborde ce sujet sensible... "Lui"... Oui, c'est pas possible autrement... c'est pas la première fois qu'ils s'écharpent sur "ce" sujet, ils ont toujours fini par régler l'affaire d'une pirouette ou d'une plaisanterie, de celles dont le Carmo a le secret pour tout dédramatiser...

Oui, dans trois minutes, ils boiront ensemble et rieront à nouveau...

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Carmody
Ses mots avaient a peine été prononcés que ce fut comme l'entrée d'un ouragan dans la taverne. Le rousse se déplaça avec vitesse et force , faisant voler le mobilier, pour venir se planter devant lui avec un regard qui ne laissait aucune hésitation sur ce qui l'habitait en cet instant.

Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait vu dans un pareil. et il savait plu que quiconque les raisons de cette rage. il avait porté un temps sa jumelle mais depuis il avait appris à partiellement le juguler du moins pas assez pour éviter de telle situation. Et en l'instant vu qu'il bouillait encore de ce qu'il avait assurément pris comme une insulte envers lui. il ne réalisait complètement ce qu'impliquait la presence si farouche d'Alcyonne devant lui.


- Bordel, Carmo, retire ça tout de suite! RETIRE CE QUE TU VIENS DE DIRE!

Levant les yeux pour regarder son amie, il se contenta d'un sourire en coin.

- Tu as toujours su ce que je pensais de lui pour ce qu'il t'a fait subir. Je vois pas de raison de ne pas exprimer ce qu'il est pour moi.

IL ne détourna le regard de celui de sa compagne des nuit d'antan. comme pour lui signifier qu'il ne céderait pas sur ce point.Il se sentait dans son bon droit n'avait aucune envie de reculer. plus encore il se mis avoir un mauvais et rajoute.

Et puis j'agis comme lui non? Serait il revenu sur ses mots, Ton Tarrelan?

Le Carmo cracha le dernier mot comme si il lui brulait la langue.

Il n'a jamais qu'une seule chose de bien dans sa vie, votre fille.
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Alcyone
Le pire, c'est son calme apparent... cette assurance.... Ce petit sourire en coin qu'elle se retient d'écraser à coups de poings. Tout autre que lui y aurait eu droit. Mais c'est l'Oiseau qu'elle a en face d'elle, c'est la seule chose qui la retient... Elle bout de rage, la rouquine, d'autant plus que finalement, c'est de sa faute si on en est arrivé là... mais elle soutient le regard du Carmo, poings serrés, crispée au point d'en trembler... non seulement il ne recule pas, mais il en rajoute quelques couches...

Et ce sourire qui ne le quitte pas, cette façon dont il débite ses mots. Elle a un petit mouvement lorsqu'il prononce le prénom, mais retient son geste à nouveau... elle va lui faire ravaler ca...

La voix sourde gronde...


- T'as la mémoire courte, il a fait un paquet d'autres bonnes choses... Il a...

Mais était-ce la peine d'argumenter? De gaspiller sa salive à lui expliquer que revenir de là où Tarrelian s'était perdu, d'avoir chuté, puis s'être relevé, ça méritait le respect... Devait-elle lui rappeler tout le positif qu'elle, elle voyait... Oui, elle avait souffert, et oui, Carmo avait été là pour elle, mais c'était du passé, c'était enterré. Il avait changé...

Elle était trop furieuse pour se lancer dans ce discours qu'elle a tenu si souvent... Il doit le connaître par coeur, à force de l'entendre répété...

Alcyone ne parvient pas à se débarrasser de cette rage qui couve en elle... Elle reprend, toujours aussi furieuse


- Et puis m erde, Carmo! T'as raison, Il ne serait pas revenu sur ses mots, continue à faire comme lui!
Tu ne veux pas comprendre? Parfait... T'es prêt à régler ça sur la lice??? Si je gagne... Plus jamais tu ne prononceras le moindre mot contre Tarrelian... Plus jamais!

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Carmody
Le sourire du Carmo ne cessa de hanté son visage. La rousse était assurément remontée contre lui et de plus en plus a chaque mot qu'il prononçait, se yeux semblait lui lancer des éclairs qui l'aurait laisser carbonisé sur place si elle le pouvait. Et étrangement cela incitait le Carmo a ne pas reculer mais il en ressentait aussi une sorte de peine car il ne connaissait que trop bien ce sentiment de vouloir se battre contre les éléments pour la personne a qui l'on porte un amour fou.

Un instant les Ardoises perdirent de leur éclats, un léger doute s'insinuant dans son esprit et tentant de s'y frayer un chemin tortueux. Mais les derniers mots d'Alcy furent comme des mâcons qui montèrent en vitesse des remparts tout autour de l'esprit Carmodien. Une lueur nouvelle se mis a briller dans son regard. Un défi par les armes prou régler leur discussion a jamais, voila une chose qu'il ne laisserait pas passer devant lui sans en saisir l'occasion.


Alors là tout a fait prêt oui. J'accepte ton enjeux et tu auras la paix sur Tarrelian si tu l'emporte. Par contre si c'est moi qui sort vainqueur, j'aurais tout droit de médire et de m'exprimer sur son sujet.

Il la regarde avec un air de défi et lui tend la main portant d'ordinaire larme pour officialiser leur accord.

Laissons donc nos lames et nos talents respectifs trancher ça dans le vif. t'emporter dans l'effort ne me dérangera pas même si un autre aurait certainement préférable.

Le léger sourire grivois du Carmo contrastait avec ce qu'il disait et sa détermination a rempoter cette rencontre.
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Alcyone
Deux foutues têtes de mules, voila ce qu'ils étaient. Plus l'un s'entêtait, moins l'autre reculerait, c'était ainsi. Mais ça n'avait que trop duré, et s'il fallait en venir aux armes pour régler définitivement un des très rares sujets qui les divisaient, alors soit... C'était du reste le plus sensible, celui qui faisait le plus mal, pour elle comme probablement pour lui.

Dans le regard de l'Oiseau de nuit, elle cru déceler l'espace d'une fraction de seconde une hésitation. Pas de la peur, surement pas... Etait-il en train de se demander si tout cela était bien nécessaire, ou ce qu'il ferait à sa place?
Elle avait dû rêver... Car la réponse intervint, plus assurée que jamais, sur un ton de défi. Défi accepté avec un intérêt visible. Et un enjeu des plus intéressants...

Qu'il se taise à jamais à CE sujet, enterrant toute la rancoeur qu'il a à l'encontre du père de sa fille, quoi qu'il lui en coûte... et elle savait que ca lui coûterait, oh ça oui, tant la haine était encore vive malgré les mois, les années qui s'étaient écoulés.
Ou qu'il continue à ne rien dissimuler de ce qu'il pensait, lui imposant une torture qu'elle devrait encaisser sans rien dire, sans plus jamais protester ni monter sur ses grands chevaux... Enjeu équilibré...

Défi est donc lancé... La même lueur dans le regard, elle prend la main tendue, la serre. Poignée de main franche, déterminée, ni lâche, ni destinée à broyer la main de l'autre. Empreinte de respect malgré la colère qui grondait encore.


- He bien soit. Les armes parleront. Rendez-vous dimanche en milieu d'après-midi sur la lice de Limoges...

Un regard vers Anna. Situation délicate... Alcyone choisit de ne pas s'éterniser. Elle salue tout le monde avant de rentrer en ses appartements. Dimanche, c'est dans un peu plus de 24heures, autant s'y préparer.

[Dimanche midi, appartements limougeauds d'Alcyone]

Encore trop bu... ou était-ce pile poil? Toujours est-il qu'elle s'était levée dans un état d'esprit étrange...



En forme, sans qu'elle sache trop pourquoi. Et en même temps terriblement contrariée. Parce qu'elle s'en voulait même de se sentir si en forme, si prête à l'affrontement. Parce qu'affronter Carmo lui semblait tout à coup d'une stupidité sans nom. L'idée même qu'elle pourrait lui ôter la vie au cours du duel la rendait malade, bien plus qu'imaginer qu'elle même pourrait y rester. Est-ce que l'enjeu en valait finalement la peine? Est-ce qu'elle ne pourrait pas supporter, comme elle l'a fait jusqu'ici, les piques du Carmo envers son amour perdu?

Il était bien trop tard pour y songer, ni Carmo ni elle ne renoncerait, alors autant se faire à l'idée. D'une humeur pour le moins massacrante - c'était de circonstance - elle tournait dans ses appartements comme un lion en cage. Une servante en fit les frais et se fit copieusement tancer pour des broutilles. Elle ne finit même pas son repas, appétit coupé par tout ça.

L'heure approchait, il était temps de songer à se préparer. Armure, épée, tout le tintouin... Oh et puis... puisqu'elle avait un écuyer, autant qu'il serve à quelque chose. Ils ne s'étaient rencontrés que quelques jours auparavant, et si elle avait rechigné à accepté sa proposition, elle ne pouvait nier que le culot avec lequel il l'avait abordée et sa détermination lui avait plu... Mais plutôt mourir que lui avouer. Puis voila qui allait être une mise à l'épreuve pour le jeune homme. S'il survivait à l'humeur Alcyonnienne, qui portait décidément mal son prénom aujourd'hui, ca ne promettait que du bon. Elle l'appela en criant - beuglant serait plus approprié - dans toute la demeure.


- Niels! Mon armure, mon épée! NIELS!
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Neils
[Quelques jours avant]

Détrousser l’ancien CAC Ducal Berrichon et narguer l'armée des "Affranchisseur berrichon" avaient conduit l’écuyer tout droit dans une geôle sombre et humide du Berry.
Libéré depuis peu, banni de se maudit duché pour une période de trois mois, Neils récupéra sa jument restée nomade dans les environs et sans s’attarder, prirent la direction du Comté du Limousin, à Bourganeuf, village dans lequel l’écuyer espérait pouvoir se ravitailler, se reposer et surtout remettre un peu d’ordre dans sa vie.


[La veille à Bourganeuf]

Un rayon de soleil comme réveil, l’écuyer s’étire, baille, s’assied dans son lit, un large sourire illumine son visage famélique. Cette nuit de sommeil a rempli toutes ses promesses, Neils se lève, prend appui sur sa béquille, descend l’escalier de bois quatre à quatre, s’installe à une table, commande un menu à la tavernière, mange de bon cœur tout en planifiant la suite de son séjour. Pas de doute, cette journée s’annonce sous les meilleurs auspices.

Quoi de mieux que de s’engager dans la milice de la ville pour en faire le tour et y déposer quelques jalons? Ni une ni deux, le voilà embauché à arpenter les ruelles de Bourganeuf. Neils claudique sur les pavés de la rue marchande, l’œil en éveil pour débusquer d’improbables empêcheurs de tourner en rond.


Aucun malfaiteur ne semble vouloir venir troubler la quiétude de cette belle journée d’été, alors Neils se laisse bercer par ses pensées. La veille au soir, dans une taverne bien tenue, l’écuyer fut intrigué par la présence d’une Dame vêtue de noir, assise les pieds croisés sur la table.
Curieuse manière de se tenir, Neils tavernier, jamais ne l’aurait toléré. Mais en ce lieu, personne ne semble se soucier de ce manque flagrant de convenance, même pas le Maire, qui au lieu de lui remémorer le code de bonne conduite, s’incline, sourire aux lèvres en se disant honorer de sa présence…La Dame à la chevelure de feu suscite de plus en plus d’intérêt aux yeux de l’écuyer…mais qui était-elle ?
Se pourrait-il que sa route croise à nouveau celui d’une« Grande Dame » ?
Neils se mure dans ses pensées, le souvenir de sa vie d’écuyer auprès d’Apo remonte de manière soudaine à la surface soufflant dans son âme une brise de nostalgie.

Une voix aigue de femme retentit


AU VOLEUR !!!


Neils ouvre grand les yeux figeant sur place l’émotion naissante pour revenir à la réalité de l’instant.
L’écuyer voit galoper en sa direction un jeune chapardeur. Arrivé à sa hauteur, Neils décale sa béquille, le môme chute lourdement sur les pavés laissant s’échapper aux sols les objets de son larcin.
La canne retournée appuie fermement sur la gorge du voleur, l’empêchant de prendre la fuite. Croisement de regard, supplique de l’un vers l’autre, l’étreinte se relâche, le rejeton file dans les dédales des ruelles sans demander son reste. Haussement d’épaule en signe d’excuse à l’intention de la victime qui accoure encore toute essoufflée pour récupérer ses biens.


L’écuyer, petite fatigue naissante, décide de s’octroyer une petite pause réparatrice et retourne dans son gîtes provisoire, une petite chambre bien propre située juste au dessus de la taverne.
Fenêtre grande ouverte, allongé sur sa couche, bras croisé derrière la tête, l’écuyer réfléchit à la manière la plus efficace de retrouver fonctions auprès d’un Seigneur. Les yeux rivés sur la petite araignée au plafond affairée à tisser sa toile dans un coin, Neils murmure à voix basse :

Alcyone…Dame de St-Anne et Baronne du Dorat…

Un petit sourire se dessine sur son visage, des nobles il en avait croisé en de nombreuses occasions, des Barons plus occupés à compter leurs écus que leurs amis, des Ducs profitant de leurs fonctions pour assouvir des représailles personnelles sur de pauvres vagabonds. Si la plus part le laissait totalement indifférent, il portait, pour un petit nombre d’entre eux, une aversion presque instinctive, et pour d’autre, comme pour la Dame de St-Anne, une fascination suscitée par son incomparable charisme.

Un crissement de gonds, suivit d’un claquement sourd d’une porte qui se referme, sortent l’écuyer de sa somnolence. La taverne, située juste en dessous, s’anime, son des chopes sur le comptoir, et en bruit de fond, les conversations des habitués du lieu.

Raclement de gorge, Neils se lève et emprunte l’escalier menant à la taverne, pousse la porte restée entrebâillée, observe l’assistance et prend place à une table.

Assise dans son coin, pieds sur la table, la Baronne du Dorat est présente. Salutation d’usage, Neils s’approche de la Dame, lui demande poliment l’autorisation de s’installer à sa table. La rouquine, d’abord étonnée puis méfiante, lève ses yeux émeraude, toise l’écuyer « du pied » à la tête, avant d’accéder à sa demande.

Échange de banalité d’abord, pour diriger ensuite la conversation sur l’éventuelle possibilité d’entré au service en tant qu’écuyer de la Dame de St.Anne. Sourire en coin, la tête pleine d’interrogation, Alcyone est surprise par une telle demande. Finalement, elle lui donnera sa chance. L’écuyer doit la rejoindre à Limoges pour l’assister au duel qui l’opposera au Messire Charles Martial de Tartasse.


[Limoges - Appartement]

Voyage sans encombre, Neils se présente à la porte de l’appartement de la Baronne. L’écuyer, l’œil pétillant, attend que l’on vienne lui ouvrir. Une soubrette au sourire pincé apparaît soudain dans le chambranle, l’observe, grimace puis d’un signe de la main, le prie d’entrer à sa suite.

La domestique, informée de l’arrivée imminente de l’écuyer, l’entraine dans une visite rapide du lieu, pour finalement lui désigner la petite mansarde dans laquelle il pourra déposer ses maigres affaires.

Neils reste un court instant seul dans la grande salle. Elle est aménagée avec simplicité, elle est accueillante malgré le léger désordre naissant de par ci et de par là. L’écuyer est tenté de rétablir un minimum d’ordre, mais son éducation l’empêche d’agir en ce lieu dont il vient juste d’arriver.


- Niels! Mon armure, mon épée! NIELS!


L’écuyer tressaille et manque de basculer à la renverse, la voix claquante de la maîtresse retentit comme le cor avant une chasse à courre.
La réaction est rapide, il se dirige en direction de la salle d’arme, balaye la pièce de ses yeux, repère dans un coin un lot d’épées, et, accrochées au mur différentes armures, de la légère à la plus lourde.
Machinalement il passe sa main dans ses cheveux, comme si ce geste allait l’aider dans le choix des armes.
Réflexion rapide, duel dans la lice de la ville, la Dame de St.Anne devra pouvoir se mouvoir avec aisance. Son œil expert passe en revue les armures et son choix se pose sur une armure légère en cuire. L’épée maintenant, Alcyone est de grande taille, suffisamment de force pour porter une épée longue, pas trop lourde, mais assez longue pour tenir son adversaire à bonne distance. Son choix se pose cette fois sur une épée élancée, avec une garde ciselée en argent. Neils prend l’épée en main, la soulève, ferme un œil, vérifie la droiture de la lame.
Un sourire de satisfaction aux lèvres, l’écuyer s’en va présenter ses choix à la Baronne du Dorat.
Antonia
Soirée qui se passait plutôt bien, discussion en tout genre et puis cela dévia. Sans trop savoir pourquoi le sujet fut les enfants et bien évidemment plus précisément les enfants du couple présent, les jumeaux d’Anna et Carmo. Et en parlant de leurs enfants, comment ne pas parler qu’ils sont illégitimes. Le sujet était lancé : bâtardise avec pour seule solution le mariage des parents… La discussion tourna et retourna en boucle pendant un bon moment. Tout le monde connaissait très bien la vision du mariage de Carmody, Anna y compris. Peu par contre, savait vraiment ce que la Blonde en pensait, Ari évidemment, Carmody probablement… Mais elle était d’humeur taquine et en toute connaissance de cause, elle demanda à Carmo de l’épouser. Si d’habitude ses requêtes sont on ne peut plus sérieuse notamment sur les sentiments du Roux, là elle ne l’était pas du tout. Le mariage elle en était revenue, cela ne représentait plus rien pour elle à part une seule chose, la légitimité de ses enfants et elle savait que Carmody et elle se rejoignaient sur ce point. Bien sûr, il fit une pirouette, en disant « Demain » sachant que demain sera toujours le lendemain et ajouta que les femmes présentes pourraient toujours faire la cérémonie sans lui. Anna s’y attendait, Ari elle replongea dans ses parchemins en bougonnant contre sa moitié gémellaire. Mais Alcy…
La blondinette et la rouquine avaient eu plus d’une fois l’occasion de parler de tout cela. L’attitude que Carmo avait souvent avec Anna et la souffrance d’Antonia qui était bien visible lui rappelaient son passé avec Tarrelian. Et Alcyone n’avait jamais compris comment celui qui la consolait à l’époque pouvait aujourd’hui reproduire la même chose avec sa compagne.

Aussi Antonia ne fut pas étonnée quand Alcy rétorqua à Carmo qu’il était comme Tarrelian, même si une grimace déforma son visage en imaginant très bien le ressenti Carmodien… Il le détestait si ce n’était plus, trop de choses les avaient séparés sans parler de la catin et du mal qu’il avait fait à Alcy.
Et bien sûr, il répondit avec une pique encore pire et cela ne s’arrêta pas jusqu’au moment où ils décidèrent de se défier en duel sous le regard hébétée d’Anna.


Non mais vous allez pas vous battre quand même ?

Ils ne prirent même pas la peine de répondre, Alcy la regarda un instant et quitta la taverne.

Silence.
Antonia reprit la parole en premier après quelques instants le temps de bien analyser la scène à laquelle elle venait d’assister. S’adressant à Carmo en lui tenant tête pour une fois :


Est-ce qu’au moins tu te rends compte que vous avez raison et tort tous les deux ?

Marqua une légère pause avant de reprendre :

D’un côté, je comprends très bien que tu le déteste, tu es le confident d’Alcy depuis le jour où Tarrelian a décidé d’aller s’acoquiner avec ta fiancée d’alors. Je sais bien que tu lui en veux non seulement pour Ca… la catin mais aussi et surtout pour le mal qu’il a fait à Alcy. Et en cela tu as raison.
Mais de l’autre, est-ce que tu comprends que malgré tout ce qu’elle a subi, elle l’aime ? C’est normal qu’elle ne puisse pas supporter que tu dises du mal de l’homme qu’elle aime. Et là, elle aussi à raison.

Par contre, je veux bien reconnaître qu’elle a tort d’aimer encore un homme qui lui a fait tant de mal. Mais je suis bien placée pour savoir que cela ne se discute pas…


Nouvelle pause et s’adoucit, elle n’avait pas envie de se disputer avec Carmo, pas après ce qui venait de se passer, mais elle poursuivit malgré tout sans se démonter.

Est-ce que tu as au moins remarqué que parfois tu agis vraiment comme Tarrelian ? Que tu agis comme quelqu’un que tu déteste ? Tu trouve cela logique ?
Je sais qu’elle t’a blessée en te le disant, mais elle n’avait pas tout à fait tort. Comme tu n’avais pas tout à fait de dire que c’est ver de terre.

Votre duel n’a aucun sens, vous êtes tous les deux aussi têtus l’un que l’autre avec la même volonté d’avoir toujours raison, c’est tout.

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