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[RP] Carnet de voyage...

Breccan
Le Gallois et l'Irlandaise se trouvaient maintenant dans l'arène,se tournant autour ,yeux dans les yeux et réflexes affutés,intimidation?
ou simple volonté de déceler une quelconque faiblesse chez l'opposant?
De toute façon tout ceci était vain mais fallait bien avouer que cela ne manquait pas de gueule,les deux frères et sœurs n'allaient certainement pas se faciliter la tache,le combat sera féroce...ou presque.
Breccan n'avait pas encore ouvert la bouche depuis son entrée,il était inutile d'en rajouter après tout...on pouvait en lire suffisamment dans leur regard.

L'atmosphère était lourde, la tension palpable mais derrière cette apparence hautement belliqueuse se cachaient rires et complicité prêt à exploser.
L'homme d'arme savait pertinemment que ce petit jeu ne durerait pas bien longtemps.
Comment pouvait il en être autrement avec une adversaire comme la rouquine?
Cependant son petit doigt lui disait que la sœurette lui donnerait du fil à retordre et que dans le feu de l'action, certains coups risquaient de faire bien plus mal que prévu.
L'image des deux complices couvert de coups à l'infirmerie de l'ordre fit naitre un léger sourire sur les lèvres de Breccan.
Se foutre sur la gueule...en toute amitié, pour ensuite en rire et demander une revanche évidemment.

Soudain le calme de la période d'observation prit fin pour déchainer la fureur de la tempête en approche.
D'un coup d'un seul,Breccan et Ewa dégainèrent leur bâton, bien décidés à faire pleuvoir les coups.
Mais tout d'abord dernière petite provocation de la rouquine faisant glisser son bâton depuis l'épaule du Gallois jusqu'au coude.
Breccan suivit du regard le trajet en esquissant un sourire puis releva doucement la tête pour regagner les émeraudes de la rouquine.
Ils venaient à peine de se remettre en position quand la sœurette lui porta le premier coup directement sur le genou.
Sans grande force heureusement car le but n'était pas de le rendre infirme mais suffisamment pour sentir une douleur certaine dans la guibole.


Diablesse...

Breccan ne s'attendait pas à une entrée en matière de la sorte et fut quelque peu destabilisé mais il ne se fera pas avoir une seconde fois.
Son réflexe fut pourtant efficace bien que mal orienté ce qui offrit un chemin tout tracé vers son genou.
Ça commençait bien...

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pnj


Son premier mouvement tenait plus du jeu d’intimidation que d’une attaque réelle, elle ne s’était pas attendue à le réussir aussi facilement que cela. Comme si sa buse avait pu deviner ce qu’il se passait dans cette salle plongée dans une semi obscurité, un nouveau sifflement perçant s’envola dans les airs, venant se fracasser sur les pierres, rendant son écho encore plus vivace dans les tripes de la rouquine qui laissa un sourire s’esquisser sur ses lèvres.

Ewa aurait pu pratiquement sautiller de joie d’avoir réussit sa première touche, mais elle se retint de justesse. Que diable, ce n’était certainement pas le moment de se laisser aller à la chance du débutant. Le duel ne faisait que commencer, et nul ne pouvait prédire la suite des événements. Retenue et calme seraient donc de mise. Elle venait de faire un mouvement facile et, comme son père lui avait apprit lors des entrainements, il fallait enchainer difficultés et facilités. La rouquine savait aussi que, plus ses enchainements seraient répétés, plus ils seraient profitables. Il fallait absolument garder de la souplesse et de l’adaptation dans la mise en œuvre.

Surtout ne pas trop scruter le visage du gallois qui s’en servirait pour la déstabiliser par un sourire ravageur qu’il savait si bien faire quand il voulait quelque chose. Toucher à nouveau avant d’être touché à son tour, se placer à nouveau à distance. Son rythme cardiaque s’accélérait, la température de son corps augmentait, et sa vigilance était au plus haut point sur tous les mouvements que Breccan pouvait faire à cet instant, mais elle avait le dessus et, si elle était assez rapide, peut-être que l’attaque qui allait suivre ne pourrait être à nouveau parée. Sa motivation était croissante, ce n’était plus l’heure de penser mais d’agir, vite et bien.

Les deux cannistes étaient dans la même garde, à nouveau face à face. Manipulation du bâton : ‘regarder les majorettes passer’, Ewa prit son bâton dans une main, son poignet se mit à osciller en dessinant des huit dans le plan vertical, elle transféra son poids sur le côté du bout descendant et, au moment où il s’y attendait le moins, arrêta de faire tournoyer l’objet en bois pour venir frapper son épaule gauche dans une rapidité déconcertante. Un souffle long et posé accompagna le mouvement. Son partenaire de combat saurait-il arrêter son geste? Parer et enchainer une attaque à son tour? Saurait-il la mettre en difficulté et lui faire perdre ses moyens?

Elle entendait encore en elle le seul mot qu’ils avaient échangé depuis qu’il avait fait irruption dans la salle… Diablesse! Etait-ce réellement le cas? Elle n’avait pas voulu lui répondre, parler dans ces moments là c’était risquer de perdre sa concentration et mettre sa respiration à rude épreuve alors qu’elle était plus que nécessaire pour mener à bien le duel. Un regard, un simple regard vert émeraude l’avait transpercé à l’évocation de ce mot. Malicieux? Mordant? Un brin de défi sans doute dans les prunelles comtales qui ne se laisseraient pas abuser, pas comme ça, pas maintenant… Mais qui savait peut-être avait-il quand même réussit?
Breccan
Regard bref vers son genou endolori puis retour quasi immédiat vers les yeux de la rouquine dans lesquels on pouvait percevoir la surprise mêlée à une joie presque bondissante suite au succès du coup porté.
Breccan ne se laissa pas abattre par ce premier échec,il venait de perdre un affrontement,certes, mais la bataille était loin d'être terminée.
Ewa faisait tournoyer son bâton dans les airs...tentative d'endormir ou d'hypnotiser le Gallois?
Qui sait...souhaitons juste pour le beau brun que tout ceci tienne plus du spectacle qu'autre chose.
L'homme d'arme n'avait aucunement l'intention de se faire avoir une seconde fois et se tint sans sourciller devant sa sœurette, son amie de toujours.
Amie qui se dirigeait tout de même vers le sentier de la distribution de gnon en bonne et due forme,mais après tout...n'étaient ils pas là pour ça?

La lutte acharnée entre ces deux frères et sœurs faisaient encore rage et la poussière soulevée par chacun de leur pas n'était pas prête de retomber et retrouver la quiétude du sol,du moins....pas avant que sonne la défaite de l'une des deux Licornes.
Défaite cuisante qui s'évanouira dans un éclat de rire voir même deux,mais en ce qui concerne le petit souvenir physique de cet échange, il faudra compter un peu plus longtemps.

Breccan les yeux toujours rivés sur la rouquine, observait ses mouvements, le bâton dessinant des huit dans les airs, la posture qu'elle prenait lentement mais surement...prête à attaquer,a l'esquinter une nouvelle fois.
"Analyse la Brec","anticipe bordel de flute","tu es loin d'être un novice en la matière...pourquoi n'arrives tu pas à contrer le moindre de ses coups,pourquoi ne prends tu pas l'avantage?"
Ces quelques phrases,il se les répétait sans cesse.
Doute et incompréhension qui bien que furtif étaient certainement à l'origine de sa pitoyable performance...
Lui qui est d'ordinaire efficace contre les ennemis du roy et plus récemment contre les raclures ayant tué le chevalier de la Licorne Stannis, incendié le castel de Limoges et osé ravir la rouquine ainsi que l'ainée Malemort.
Protéger ses proches,son comté...son royaume,voila ce qu'il s'était toujours juré de faire ce qui expliquerait pourquoi aujourd'hui il peine à affronter sa sœurette.

"Ne te cherche pas d'excuse, le contexte est en tout point différent."
Effectivement il l'était...connaitre la façon de se battre de ses partenaires peut être des plus bénéfique une fois sur le champs de bataille.
Savoir précisément à quel moment ils sont en difficultés pour leur apporter une aide efficace et les tirer d'affaire.
Avec tout ça, Breccan perdait un peu de sa concentration et c'est bien évidemment à cet instant que la rouquine cessa de faire tournoyer son bâton pour décocher son coup tel un trait d'arbalète filant directement dans l'épaule du Gallois.
Une grimace de douleur vint déchirer le visage jusqu'alors souriant de Brec.
Il reposa son bâton sur le sol et de sa main libre vint la placer sur son épaule.
Souvenir encore trop présent d'une ruelle sanglante à Angers, lors du siège et de la chute de ville.
Jour qui aurait tout aussi bien pu voir la chute du jeunot de Caerdydd s'il n'avait pas été secouru à temps.
Léger voile sombre recouvrant le regard de l'homme d'arme à l'évocation de ce souvenir avant de disparaitre aussi vite qu'il était venu.

Cela faisait deux coups portés à rien.
Il empoigna fermement son bâton à deux main bien décidé à.....oh et puis on verra bien.

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pnj


Le bâton pouvait être, pour des duellistes, un jeu d’opposition à la fois esthétique, très spectaculaire mais aussi très physique. Parfaitement adapté à une pratique de détente, mais aussi lors de combat, les personnes le maitrisant parfaitement devenaient de rudes adversaires. Ewa était surprise de sa réussite, reconnaissant qu’elle n’excellait pas dans le maniement de cette arme, mais peut-être que ses connaissances en tant que bretteuse lui servaient plus qu’elle ne le pensait.

Ne pas perdre sa concentration en arrivant à ses fins pour la seconde fois, elle devait admettre que la réactivité décalée de son vis-à-vis la déconcertait moyennement et qu'elle ne pensait pas que Breccan se ferait avoir aussi facilement. Elle lui aurait bien dit de se ressaisir, mais vu le regard du Gallois, toute intervention était inutile. Apparemment il réfléchissait trop et cela lui jouait des tours. Ewa n’allait pas s’en plaindre car, du coup, elle avait l’avantage des touches, mais le combat était moins savoureux à son goût.

Le but, quand on faisait un assaut, était de toucher son partenaire. Pour marquer un point, il ne suffisait pas d’enchaîner les coups, mais bien de s’adapter à son adversaire pour pouvoir utiliser la moindre opportunité. C’était certainement en essayant d’anticiper un mouvement que l’on arrivait à placer un coup gagnant. Elle ne s’attarda donc pas dans la contemplation de la non réussite à parer du jeune homme et s’activa plus à garder la main en menant une nouvelle attaque… Le genou… L’épaule… Et maintenant?

Profiter qu’il ait été déstabilisé un temps pour en remettre une couche, mais l’homme d’arme s’était vite reprit. Ewa allait tenter une fente: c’était un mouvement dans le combat qui s’effectuait par le déplacement d’une jambe qui se fléchissait dans la fin du geste. La rousse était donc placée face à Breccan, qui lui tenait son bâton à la diagonale, poing haut à senestre, alors qu’elle le maintenait à deux mains parallèle à hauteur de sa poitrine. Les regards n’avaient pas le temps de se croiser ou bien elle préférait ne pas y prêter attention. Une fois la fente rapidement effectuée, elle laissa glisser sa main sur l’extrémité droite de son bâton afin de venir toucher la hanche gauche du Licorneux.
Breccan
Le combat semblait nettement plus facile pour la rouquine que pour Breccan mais en même temps rien d'étonnant lorsqu'on affronte une femme dont le père était maitre d'arme, qui a passé son enfance à perfectionner sa maitrise de l'épée ainsi que d'autres armes surement...peut être même des écureuils.Qui sait?!?Mais cela ne constituait pas une excuse en soi...d'ailleurs il ne s'en cherchait pas.
Si les coups de sa sœurette avaient bien atteint leur cible c'est parce qu'il lui en avait donné l'occasion.
Il y avait une faille dans sa défense et il fallait à tout prix régler ce problème.

Hey c'est qu'il faut lui donner un minimum de fil à retordre à Ewa sinon elle risque de lui bailler au visage.
Faut bien avouer que le Gallois l'aurait assez mauvaise s'il perdait le combat aussi facilement...sans lui donner ne serait ce qu'un peu de mal.
Qu'elle se sente en danger au moins...
un petit danger?
Non plus...d'accord un sentiment passager d'insécurité furtive.
C'est mieux?
Pfff, si ce n'est pas triste de voir toutes ses années d'entrainement, d'acharnement à réduire à l'état de paille les cibles de la salle d'arme pour finalement ne même pas parvenir à parer une seule maudite attaque de la diablesse rousse?

Il fallait que ça change, le résultat lui importait peu, seule la perspective d'un beau duel avec l'irlandaise comptait réellement.
Se battre jusqu'à ce que leur force les abandonne,essoufflés,couvert de coup et de poussière mais arborant un léger sourire au coin des lèvres.
Voila ce qu'il voulait pardon..ce qu'ils voulaient et ça ne faisait pas l'ombre d'un doute.
la phase d'observation n'avait que trop durée...un pète d'agressivité du côté de Breccan ne lui ferait pas de mal.
Pour le spectacle il effectua des mouvements avec son bâton, brassant l'air...ça ne servait strictement à rien et il en était foutrement conscient mais que ferions nous pas pour un public [strike]déchainé[/strike]...absent.

Il devait être beau à voir l'homme d'arme se faisant mener deux touches à néant.Dit de cette manière ça fait encore plus dramatique...
Qui a dit ridicule?
Si je te chope toi, tu vas.....la suite du combat?
Z'êtes sur?
Si vous y tenez.

Récapitule en marmonnant...hmm...beau...deux touches..néant...hmm c'est bon.

Après son interlude pleine de grâce et de volupté,Breccan regagna sa posture martial qui lui a apporté tant de réussite depuis le début du duel.
La Rouquine de son côté devait surement préparer son prochain coup devastatueur...après le genoux et l'épaule pourquoi pas un coup entre les deux yeux.
Le Gallois savait très bien qu'elle ne lui ferait pas un coup pareil.
Brec chassa toute pensée parasite de sa caboche et porta toute son attention sur la position de sa sœurette, ses pieds, ses jambes, sa façon de tenir son bâton...le vendeur de cochonnailles du coin de la rue un peu plus loin en ville.
Attention petit scarabée tu t'égares une nouvelle fois!
Quelques secondes plus tard,Ewa plaçait son coup et dirigea son bâton vers la hanche gauche du frérot.
Etant à l'affut du moindre mouvement annonçant une attaque imminente,il eut le temps de déplacer sa main gauche vers l'extrémité droite de son arme et de la placer au niveau de sa hanche de façon à stopper perpendiculairement l'attaque de la rouquine.
Ne se permettant pas de savourer cette première opposition significative à la suprématie rousse, Breccan porta quasi immédiatement son coup en direction de l'épaule gauche d'Ewa...appréciant au passage de ne pas se tordre les bras et foirer comme il se doit la première réelle mise en danger de sa sœurette.
Succès ou échec fumant...

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Ewaele
Rester concentrée, rester concentrée, rester concentrée… Deux mots qui tournaient inlassablement dans la tête de la rouquine. Elle pensait avoir mené une attaque sans faille, oui elle pensait, là était sans doute le souci. Avoir trop confiance en soi n’était pas toujours une bonne chose et la preuve en était quand elle vit Breccan faire ses mouvements face à elle. Ewa était sure qu’il allait parer, il reprenait le dessus, reprenait de l’assurance et son regard le démontrait. Sa main gauche se déplaça vers l'extrémité droite de son arme, un ralenti que la rouquine visualisa, mais elle ne put changer son geste déjà fort avancé et il plaça son bâton au niveau de sa hanche de façon à stopper perpendiculairement l'attaque.

Perte de contrôle assurée pour la jeune femme qui avait prit goût à ce que ses attaques ne soient pas arrêtées aussi vite. Retour en arrière d’un combat qui lui laissait des souvenirs cuisants… La Bretagne un an avant, Rieux! Combat acharné contre un breton qu’elle avait réussit à maitriser, puis tête qui se tourna, un frère d’armes en danger avec trois armoricains lui menant la vie dure. Ne prenant pas le temps de réfléchir un minimum elle courut porter secours au soldat. Elle entendait le ressac des vagues au loin, s’approcha, quand soudain elle distingua des formes dans la pâle et faible lueur du clair de lune, s’approcha encore et put identifier ces ombres qui se mouvaient frénétiquement : des archers qui achevaient de bander leurs arcs. Elle s'écarta d'eux, lorsqu'un murmure traversa ses oreilles. Il provenait des pierres non loin, elle entendait appeler mon nom. Regardant dans la direction de la voix, elle vit son frère d’armes, aurait du le rejoindre pour l’aider, le mettre à l'abri. Perdant l'équilibre, elle s'écroula à terre, tenta de se relever au plus vite pour ne pas attirer l'attention... En vain. Elle venait de recevoir un carreau et à part ramper un temps elle fut incapable de faire quoi que ce soit. Ses yeux venaient de prendre rendez vous avec l’obscurité.

Mais que faisait-elle ainsi à perdre pied, que faisait-elle en plein combat à repenser à cette guerre qui était le passé, le passé Ewa! Mais trop tard, bien trop tard pour réagir, Breccan avait profité de son absence passagère pour prendre le dessus et mener un assaut, elle vit le bout de son bâton venir taquiner son épaule gauche… Un simple bruit fendit l’air, annonciateur d’une touche menée parfaitement par son vis-à-vis qui avait su profiter de sa prise d’assurance en parant, et du trouble de la rousse pour cumuler réflexes, agilité et savoir, afin de mener à bien son attaque. Que pouvait-elle dire ou faire à part se repositionner rapidement et ne plus se laisser submerger par n’importe quoi. Comment expliquer qu’elle fulminait intérieurement de s’être laissée emporter ainsi et perdre le fil du combat. Ne rien laisser paraitre, ne rien dire, tourner sept fois la langue dans sa bouche pour ne pas s’incriminer des pires noms d’oiseaux qu’elle connaissait. Non pas qu’elle en voulait à Breccan, il avait finement joué au contraire, mais à elle oui! Même si ce n’était qu’un combat d’entrainement, amical, ce n’était pas une raison pour perdre sa concentration aussi facilement. Des mots, une voix rassurante vint adoucir un peu les traits de la Comtesse, une voix du passé, qui pendant de longues heures avait fait son apprentissage des armes, celle de son père, une simple phrase qu’il maniait à la perfection, quand la rouquine faisait des envolées caractérielles, prononcée a cause de son inattention : Aël, mo chridhe, mo ruin… Et ses lèvres laissèrent échapper dans un murmure :
Mo chridhe.

Un soupir, un battement de paupière pour la rousse qui reprit son assurance et se plaça à nouveau face à son frère licorneux. Bâton tenu à deux mains, un bout touchant le sol prêt à balayer la poussière, la dextre au dessus de la senestre, les phalanges blanchies à force de le serrer. Ses yeux encrés dans ceux du gallois, défiant son audace, cherchant à lire la suite des évènements. Perdre oui, là n’était pas le souci, mais surtout se battre jusqu’au bout et ne pas faciliter la tâche de son adversaire, car là était le jeu… Tout un art !
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Breccan
La contre attaque du Gallois fut aussi rapide qu'efficace, le bâton de la rouquine fut stoppé net et la seconde d'après le score affichait deux touches à une.Ce dernier était toujours en faveur d'Ewa c'est un fait mais Brec venait à présent de quitter le néant total pour rejoindre la pénombre.Maigre satisfaction?
Non non non...ce n'était que le début,du moins il l'espérait et puis il y avait de forte chance que cette attaque admirablement bien portée ait quelque peu troublé l'Irlandaise.
L'homme d'arme ne se faisait pas d'illusion,si trouble il y a eu, il ne sera que d'une durée très infime,Ewa a tout de même eu pour père un maistre d'armes et pas des moindre vu la dextérité de sa fille et sa maitrise de la lame.
Petite elle devait surement déjà s'entrainer des heures tandis que les enfants de son age se foutaient encore les doigts dans le nez ou dans le euh...'fin bref.
Le second coup porté par Breccan, s'il espérait avoir une chance de la toucher une nouvelle fois avec succès ,devait être de la même trempe que le précédent.
Rapide,Direct, sans hésitation et sans tergiverser des plombes, le Gallois ne savait que trop bien que cela était synonyme d'échec cuisant et la rouquine ne perdrait certainement pas un instant pour placer une attaque fulgurante dont elle a le secret.

Un léger sourire sur le visage, signe que cette touche arrivée à point nommé était tout de même plaisante bien que la sœurette menait toujours d'une touche par rapport à lui,Brec préparait petit à petit sa prochaine attaque.
Il était grand temps de mettre fin à cet écart une bonne fois pour toute,permettant ainsi au duel de se clore sur une victoire autant Irlandaise que Galloise.
Après tout, rien n'était déjà tout cuit ni pour l'un ni pour l'autre et c'est ce que Breccan venait de prouver à l'instant en ne se laissant pas abattre après deux touches encaissées l'une à la suite de l'autre.
Ne jamais baisser les bras...Quelle idée?
Ce n'était foutrement pas le genre du beau brun de perdre tout espoir et de s'abandonner à la défaite.
Jusqu'au bout et ce dans tous les domaines, toujours faire son maximum, ne jamais renoncer même lorsqu'on a l'impression que tout joue contre nous et qu'on y parviendra jamais.
C'est justement dans ses moments là que l'on prouve qu'on en a...Ça vaut également pour vous les filles même si anatomiquement parlant..euh..fin bref.

L'œil toujours vif et observateur, l'incorrigible scrutait la rouquine pendant que son pied changeait d'appui, prêt à passer à l'attaque.
Dans la seconde qui suivit Brec s'élança contre Ewa ,le bâton légèrement en diagonal bien décidé à remonter le score à deux touches partout mais cette fois ci il porta son attention sur la hanche droite de son amie.
Le coup porté fut presque un succès...presque.
Alors qu'il était pratiquement achevé, un événement perturbateur vint troubler son bon déroulement.
Perturbateur, certes, mais prévisible car il était évident que l'irlandaise n'allait pas se laisser faire aussi facilement.D'un geste contrôlé et assuré, elle vint parer l'attaque Galloise, ruinant de ce fait tout espoir d'une égalité immédiate.


Bien joué sœurette...
Mais ce n'est pas encore fini.

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Ewaele
Sourire éclatant aux lèvres de la rouquine, elle avait réussi à parer l’attaque du gallois mais elle ne devait pas en rester là. Elle avait trouvé la bonne position d’attente avec son bâton pour éviter à l’attaque de finir en touche. Son bâton était en néflier, un bois dur, mais assez souple. Il vibra sous l’arrêt du mouvement de l’attaque de l’homme d’armes et transmit une véritable onde de choc à Ewa. Elle se replaça rapidement afin de ne pas lui laisser le temps de souffler et d’essayer de l’avoir à revers pour marquer son troisième point. Grâce à un transfert de poids judicieux sur sa jambe droite, la jeune femme arma son coup avant de lancer son attaque dans un plan horizontal en direction du flanc de son partenaire. Mais le malaise revint et fut persistant comme si des images lui parvenaient d'un lointain passé, comme si des entités essayaient de lui parler. Un entrelacs de signes qui, pris séparément, lui évoquaient quelque chose, un sens mais qui, associés, demeuraient obscurs. Elle fut tirée de sa léthargie par la présence du jeune homme qui lui tournait autour, étonné de son attitude et de ses absences, il la regardait bizarrement. En attendant il avait réussit lui aussi à son tour à parer son attaque et elle s’en voulait à s’en tordre les boyaux et l’esprit.

A quoi cela servait-il qu’elle soit rapide dans ses mouvements pour attaquer si elle ne tenait pas sur la longueur de ses gestes et qu’elle se laissait envahir, telle une enfant en proie à des doutes, à des peurs. Elle se laissait trop submerger par les propos de son père quand encore gamine il lui apprenait à maitriser son épée. Mais bon sang de bonsoir Ewa, tu ne peux donc pas rester concentrée ne serait-ce le temps d’un combat? Tu ne peux pas éviter de te remémorer le passé pour essayer de t’en sortir? Tout ça tu l’as en toi! Tu le sais, tu le maitrises! Arrête, arrête, arrête…

Fulminante de rage, Ewaele avait une folle envie de poursuivre son œuvre destructrice histoire de passer ses nerfs. Prompte à la colère? Sans le moindre doute, dès qu'une chose la concernant n'allait pas, elle perdait complètement pieds. Sa position s'était modifiée en quelque chose de plus raide. Une position contractée comme si elle s'apprêtait à bondir au moindre problème. Le visage reflétant parfaitement sa colère n'était pas le moins du monde déformé et malgré cette expression tout à fait impressionnante et effrayante, elle n'en était que plus resplendissante. La suite ne fit qu'empirer la situation et chaque muscle de son corps se contracta même s'il paraissait à l'identique de l'instant d'avant. Toujours aussi furibonde mais cette tension musculeuse était insoupçonnable, elle n'en était que plus dangereuse. Mais pour qui? Pour son partenaire? Non pour elle-même, car à partir ainsi dans des sentiments non maitrisables par rapport à ses non réactions, elle perdait en maitrise de soi, et son combat s’en ressentait.

Souffler, respirer, se repositionner, et faire place nette intérieurement… Vider son esprit, refouler sa colère dans un ailleurs ou s’en servir pour se faire plus forte contre Breccan et enfin mener jusqu’au bout une attaque sans se laisser avoir. Fermer son esprit, se détendre, relâcher ses muscles. Il fallait réagir et vite, ne plus se laisser revisiter, mais cela aussi elle le savait et pourtant elle n’y arrivait pas. Pourquoi?

En place! Elle était prête, car sans nul doute il allait profiter de son attitude pour lancer une nouvelle attaque, à elle, autant faire se peut, de le contrer!

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Ewaele
[Quand la fuite est la seule solution…]

Que pouvait-on faire, après avoir entendu les battements du cœur même de la vie? Pleurer? Rire? Les sons des bâtons qui fendaient l’air, qui s’entrechoquaient, recelaient des beautés que même les profanes pouvaient saisir... En infime partie. Et profane Ewa ne l'était pas. Les sons coulaient dans son sang comme l'eau de mer dans les veines des poissons, la trame même de son esprit n'était qu'une vaste partition de bruit d’armes, ponctuée de silence et de bruit, le tout formant un ensemble compact mais harmonieux.

Le responsable de la salle qu’Ewa avait trouvée déboula en plein combat et se mit à bafouiller des propos incohérents. Les deux Licorneux cessèrent de suite et s’approchèrent de l’homme qui essayait de reprendre son souffle et ses esprits pour être plus clair. Apparemment une menace pesait sur la rousse, des propos échangés avec des villageois en tavernes avaient fait le tour de la ville de Lyon et l’homme sachant qu’ils se trouvaient là était venu les prévenir. Des personnes voulaient enlevés la rousse et qu’importe les moyens et l’endroit… Elle regarda Breccan hésitante. Devait-elle tenir compte de tout cela ou ignorer? Elle posa tout de même quelques questions pour en savoir plus et ne pas paniquer pour rien, ferma les yeux se plongeant dans une profonde réflexion. Quand elle rouvrit les yeux, elle avait l’impression que la situation avait changé sans qu’elle ait pu néanmoins l’expliquer. Toute la quiétude qui s’était emparée de son être quelques instants auparavant avait soudain disparu, laissant place au doute et à l’inquiétude. Pourtant, à la fin de la discussion, elle prit la route du monastère pour ramasser ses affaires et donna rendez-vous à Breccan à la porte de la ville en direction du Bourbonnais Auvergne.

Plus tard…

Elle reçu missive de Ryes. Apparemment ses frères avaient aussi reçu des informations la concernant et lui demandaient d’être prudente. Elle dut changer deux fois ses projets et emprunter des routes imprévues afin de les rejoindre au plus vite. Mais une mission allait pointer bientôt son nez pour les Licorneux, mission qui tomberait aussi vite à l’eau car, sans sauf conduit, la rouquine refusa de trainer ses compagnons sur des terres où ils auraient pu se retrouver en procès ou pire en face d’une armée. Alors décision fut prise de se rendre en Limousin, ramener Ewa à Limoges, lui faire récupérer certaines choses et peut être voir enfin la personne qui comptait le plus au monde pour elle : Nicotortue.



[Le rendez-vous… Aurillac]

Perdue dans ses pensées, toutes tournées vers lui… Elle cherchait depuis quand elle était sans nouvelle… De longs jours. Elle ne savait pas ce qu’il se passait, retenu à Paris pour du travail, parti chez les moines pour un repos mérité, ne voulait surtout pas envisager le pire. Déjà son frère Psyk… Non pas Nico, Ewa ne le supporterait pas. La jeune femme, cherchant par réflexe à trouver un échappatoire à cet enfer, dirigea son regard vers le haut où habituellement se situait le ciel. Le firmament avait toujours été une issue, un moyen de s’arracher à la réalité. Une sensation de claustrophobie apparut alors et l’envie de fuir domina complètement l’esprit de la rousse, lui faisant momentanément oublier même ses sombres pensées.

Elle s'absorba une nouvelle fois dans son silence, réfléchissant sur la façon de présenter les choses aux Licorneux... Un rayon de lune glissa sur la pointe de ses cuissardes. L'astre nocturne s'était considérablement avancé dans le ciel et désormais ses rayons dansaient dans les arbres, presque à l'horizontal, là ou le lieu de rendez-vous avait été donné. L'heure avait filé à une vitesse folle. Elle aviserait sur le moment, pas besoin de se torturer les méninges sur une situation qui se dénouerait d'elle-même! Ses alliés seraient bien plus nombreux que ses éventuels détracteurs, s'il s'en trouvait!

Et voilà les quatre cavaliers enfin réuni, Ethan, Fabien, Breccan et Ewa…

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Fabien74
[S'engager: le départ]

L'atmosphère était sombre ce soit là, les tavernes n'étaient pas fréquentées, pas autant que de coutume. Le couple challiérois s'était retrouvé au Comptoir d'Aurillac, taverne où ils avaient leurs habitudes. La discussion se déroulait sous les meilleures auspices. Fabien et Noeline avaient été séparés un certain temps et comme à chaque retrouvailles, c'était comme s'ils ne s'étaient jamais quittés.
Au détour d'un sujet sans importance aucune, ils en vinrent à parler de leur avenir proche. Noeline pensait à aller chercher leur fille, restée à Cournon chez ses cousins. Quant à ses projets à lui...il n'eut pas le coeur de lui annoncer de vive voix, mais elle avait deviné, comme à son habitude: il avait suffit d'un seul regard pour qu'elle le sache.

Fabien devait partir pour le Rouergue, où la situation exigeait l'aide des Licorneux. Il n'était encore jamais parti en mission avec ses frères et soeurs de l'Ordre: c'était l'occasion idéale. Une demande de laisser-passer fut faite le soir même, pour une paire de jours plus tard. Noeline cachait néanmoins bien mal son dépit et semblait affectée du départ précipité de son époux. Mais elle comprenait, comme à son habitude depuis si longtemps. Et le personnage n'était pas aisé à souffrir, lui même ne se comprenait pas vraiment. Mais pour cette femme, Fabien n'avait quasiment plus de secrets, il était cerné.

Voilà maintenant de longs mois que l'Aurillacois avait été intrônisé Escuyer. De longs mois pendant lesquels il s'était souvent engagé en politique: Procureur, Juge. Puis de longues semaines de méditation l'avaient encore plus éloigné de la Licorne. Multiplier les fonctions et les charges n'était pas sans conséquences, et cela Fabien commençait à le comprendre, à ses dépens.

S'était-il engagé pour parader? Pour porter le grade glorifiant d'Ecuyer? Certes non. L'action lui manquait cruellement. Mais s'engager n'était pas chose aisée, il avait une famille, une fille en bas âge... Le temps lui manquait, et ce n'était pas faute d'essayer. Mais la fin août lui avait permit d'envisager son avenir proche de manière plus sereine car d'ici les nouvelles élections il y avait deux bons mois, ce qui lui laissait assez de temps à consacrer à l'Ordre.

Puis vînt le jour dit du rendez-vous avec les frères et soeurs. Toujours aucune nouvelle des laisser-passer, aussi bien pour lui que pour ses compagnons de l'Ordre. Il ne comprenait pas. Si le Rouergue était tant dans le besoin, si déficitaire, si incapable de nourrir ses troupes, si faible face au Languedoc, pourquoi refusait-il l'aide d'un ordre royal? Car il ne s'agissait certainement pas d'un malentendu, trop de coïncidences pour cela. A l'évidence on ne voulait pas d'eux en terres rouerguates. Pas de laisser-passer, pas de mission! Si tout n'avait dépendu que de lui, il aurait laissé le Rouergue se débrouiller seul, pas de pitié pour les ingrats. Il n'approuvait d'ailleurs pas la trop marquée prise de position du Conseil. Mais soit. Déçu, Fabien décida de proposer ses services à Ewaële, qui avait annoncé son désir de remonter en Limousin, puis de convoyer des amis à divers endroits du Sud du Royaume. Elle accepta et c'est ainsi qu'ils partirent sur les routes, direction le Limousin...

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Fabien74
[Un tournant nécessaire: écuries de Bourganeuf]

Quand il passa le petit portillon de bois qui menait aux écuries de Bourganeuf, une forte odeur prit l'Escuyer à la gorge. Certes la basse-cour de son château challiérois recélait de similaires effluves mais tout de même.
Portant le revers de la main au nez, il pénétra dans l'atelier. Des bouffées de chaleur l'assaillirent aussitôt, les fers étaient rouges et le fourneau employé à fondre du métal: tout amenait à croire que le Maréchal-ferrand était en plein travail.
L'homme maniait le marteau d'une main de maître, formant les fers uns à uns, d'une facilité surprenante. Au fur et à mesure que la quantité de fers s'acroissait, le tapage se faisait de plus en plus bruyant, jusqu'à devenir assourdissant; c'est ce moment précis que l'artisan choisit pour prendre une pause, bien méritée du reste.
Fabien avança de quelques pas puis se présenta à l'homme, dont le front et les tempes ruisselaient de sueur.


Bien le bonjour Messire, veuillez me pardonner de vous importuner, mais l'affaire qui m'amène est urgente.

Les yeux du Maréchal-ferrand auscultèrent le jeune homme de pied en cap, observant un silence quasi-religieux et semblant sonder l'impudent, il opina finalement du chef, au plus grand bonheur de Fabien.

Pour sûr, c'est mon métier de régler les affaires urgentes. Commencez dont par m'dire c'qui vous amène mon bon Messire...

Sans sourciller, l'Escuyer exposa sa requête à l'homme.

Bien, je suis à la recherche d'une nouvelle monture. Oh pas d'une bête de guerre, non, mais bien d'un animal pouvant supporter plusieurs jours de chevauchée. Je ne cherche pas forcément l'originalité, mais plutôt la fonctionnalité, alors tâchez d'éviter les crinières blanches éclatantes ou les tâches farfelues aristotéiformes... Une robe d'un brun classique fera parfaitement l'affaire, tant qu'il s'agit d'un bon palefroi.

L'homme déposa son marteau sur l'enclume encore meurtrie, passa ses mains sur son tablier, faisant mine de s'essuyer, puis entraîna Fabien à l'extérieur.

Vous savez, vous êtes au bon endroit. Oh j'suis pas un professionnel, disons que je dépanne les gens sympathiques, moyennant pièces sonnantes et trébuchantes, nous sommes d'accord.

Il marqua un temps d'arrêt devant les nombreux boxes, se gratta le menton, puis déclara:

Celui-là sera parfait. C'est un bon cheval vous verrez. Un notable du village qui l'a perdu aux jeux... Le pauvre, s'il avait su qu'une petite partie de tarentelle allait ruiner sa vie...il se serait bien gardé de tout parier.

Remarquant l'air las du jeune homme, il conclut:

Toujours est-il qu'il fera un très bon palefroi. Si toutefois vous en prenez soin, car les chevaux sont comme les femmes, si on veut les monter, faut ben les brosser dans l'sens du poil! Mouahahaha

Un rire tonitruant retentit dans l'arrière cour. Ah ça, on rencontrait de sacrés personnages en voyage...
N'empêche que Fabien avait maintenant une monture adaptée à son nouveau style de vie, ou du moins à ce qui l'occupait à présent.
Il paya grassement l'artisan, puis s'en alla en tirant le cheval par la bride.


Viens donc mon bon, tu verras, tu te plairas à Challiers, les prairies sont vertes et bien grasses!

Fabien employa les minutes qui suivirent à décharger l'animal nouvellement acquis, pour charger le tout sur le dos de son vieil ami, un peu trop vieux pour les voyages. Astir, cheval de trait de premier choix, avait suivi le jeune homme depuis le début; ses coups de tête, ses coups dûrs, ses réussites... Il était maintenant temps pour lui d'aspirer à une retraite bien méritée dans les plaines du domaine.
L'Escuyer lui caressa longtemps l'encolure, avant de seller et de monter son nouveau palefroi, tenant Astir par la bride.
L'équipage prit la direction de l'auberge choisie par Breccan, ses compagnons devaient déjà être à l'intérieur, et Fabien avait hâte de les retrouver.


Déjà trois jours d'une folle équipée et il se sentait revivre, il y avait longtemps qu'il n'avait pas goûté aux joies des chemins... L'ivresse du vent faisant claquer la crinière du cheval... Assurément son but était atteint, il avait proposé ses services à Ewaele pour connaître un peu mieux ses frères et soeurs de la Licorne, et déjà il se sentait comme chez lui. Les jours qui venaient de s'achever lui avaient réservé bien des surprises, comme Carmody, le vassal ingrat, ou bien encore Antonia, la mémoire d'Aurillac; et qui sait ce que ceux qui allaient suivre lui réserveraient encore... Une chose était d'ores et déjà certaine: il ne regrettait aucun de ses engagements.
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Ewaele
[Limousin… Partir ou rester ?]

Tulle, Limoges, Bourganeuf, Limoges… Serait-ce les derniers jours de la rousse en tant que limousine? Oh il lui resterait toujours ses terres mais qu’est-ce que cela représentait vraiment pour elle par rapport à tout ce qu’elle avait pu vivre dans ce Comté. Pourquoi la haine et la hargne de certains ne pouvaient pas rester là ou elles se trouvaient? Pourquoi fallait-il toujours trouver une cible, une âme pour déverser son fiel et soulager ses propres erreurs? Ils y versaient leurs poubelles. Un amas informe, puant, dates limites largement dépassées. Tous les détritus qu’ils amassaient depuis ces semaines de repli, cloitrés dans une vie trop étroite, trop noire. Des trainées visqueuses. Des épluchures grossières. Ils ne prendraient probablement pas le temps de fignoler tout de suite, jetant fiévreusement le surplus de leurs élucubrations. Ah oui, parce qu’ils n’ignoraient rien des concepts, mécanismes, processus, fonctions, liens, relations, équations, théories, découvertes, recherches scientifiques, théologiques, psychologiques, astrologiques, médicales, patronales, économiques, politiques, universitaires, et patin couffin, tout dans le même cerveau qu’ils avaient derrière eux comme l’étoffe d’une robe de soirée à bouffer les marches du Grand Palais. Toute chose possédait son explication, surtout si elle n’en possédait aucune. Alors ils patouillaient, gadouillaient, grouillaient de ramifications et d’emberlificotâges et tout cela vous tenait des nuits entières éveillé, mon brave, parce qu’il fallait bien se dévouer pour la gloire.

Un seul espoir… Lui! Elle n’attendait qu’un mot, une main, un sourire. Ils ne parlaient pas le même langage… Amour? Il faudrait s'envoler si haut, dépasser tant de murs, rompre tant de silences. Ne plus écouter peut-être la rumeur là-bas, elle qu'on ne percevait que si peu, si bas, celle du fond de gorge et toujours plus profond. Un sourire avait recouvert la dégringolade de ses pluies souterraines. Fermer les yeux en verbe sans conjugaison… Laisser leur liberté aux charbons des ardeurs, aux deuils des flambeaux déchus, aux agonies malgré elles. Toutes ces questions sans réponse. Toutes ces couleurs dégoulinées, confondues, pauvres masques défaits et refaits à fin inépuisée, dérisions renaissantes. Il était où? Assise sur son tas de bûches, assise en regard fixe, assise en bas-côté, en marche rompue, en arrêt sur image, elle demeurait là, hébétée, doigts en sang, jambes inertes, genoux serrés.

On avait bien du lui dire.

Toutes ces choses qu'elle n'avait pas comprises. Qui lui fermaient le cœur en lui tordant le ventre. Toutes ces choses qui lui étaient étrangères ou qu'elle avait fuies un jour, il y avait longtemps. Entre lesquelles elle avait posé des jours, des nuits, des jours, des nuits, d'autres encore, beaucoup, en redressant la tête pendant qu'enfin ses jambes avaient accepté de la porter plus loin.
Alors elle avait aimé. Pour la première fois depuis longtemps. A mains nues, sans grammaire des chiffres ni équation. Elle avait aimé! Froissements. Crissements. Une jambe contre l'autre, elles glissaient et se caressaient des chevilles. Ses doigts cherchaient le tendre galop dans ses cheveux. Il était des mots qui ne la quitteraient plus jamais. Faucheurs de tendresse. Ils avalaient, déconstruisaient. Un monde découpé en petits morceaux papier à jeter. Au feu. Qu'avez-vous fait de nous… Au ventre montait la sourde plainte des océans jamais rassasiés. Froissements plus haut. L'entrave des étoffes qu'ils voudraient déchirer. Qu'avez-vous fait de notre amour ?

Qu'avez-vous fait de nous… Partir… Il la retrouverait si il l’aimait comme elle pouvait l’aimer… Partir!

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Abby8659
[Ailleurs, juste ailleurs….]

Un coup de tête ? Non…
Un rêve de baroudeuse ? Pas plus...
C’était plutôt un besoin vital qui l’avait poussé à préparer rapidement son baluchon pour suivre la troupe de licorneux dans leurs périples à travers le Royaume. Une question de vie ou de mort, telle était l’enjeu. Elle savait qu’en restant en Limousin, en cet air devenu si lourd, si pesant, si nauséabond, ses crises d’angoisses allaient se répéter et l’achever. Elle avait déjà failli passer la frontière si ténue entre la vie et la mort quelques semaines plus tôt. Son fil, si fragile, risquait encore à tout moment de se rompre.

La jeune femme n’était pourtant pas du genre à se résigner. Elle savait dans le fond qu’il lui fallait rebondir et vite, trouver une porte de sortie, une qui l’emmènerait loin, juste loin. Prisonnière, elle avait toujours choisie d’être prisonnière, entre l’armée, le conseil, la ville, les gens… Elle les avait vu partir un par un, restant sur le pas de la porte, à attendre un éventuel retour. Mais ce matin là, elle se libérait de ses chaînes, elle ouvrait les portes, elle prenait les devant, laissant derrière elle la grande faucheuse et enfilait ses bottes en vitesse pour rejoindre son monde.

La veille, elle avait quitté sa sœur le cœur serré, l’esprit plein d’éléments confus, partagée, sciée en deux entre tous ses mouvements contradictoires. Grodard, lui, dirait surement que c’est du à son statut féminin mais là plus que jamais, sa tête devait se vider… Pour un nouveau départ…

Sa date d’anniversaire approchait et toujours les mêmes questions restaient en suspens. Ce qu’elle désire vraiment, ce qu’elle fait là, son rôle, sa place… celle qu’elle pensait trouver… celle qu’elle cherche toujours… Sa quête l’ayant amené à tout et rien au final, s’entourant surtout d’une bouée de femmes, presque aussi instables qu’elles, dans leurs blessures, dans leurs fêlures. Elles, qu’elle avait pourtant choisie pour leur forces de caractère, pour leur certitude de savoir ou leur pas les mènent. Elles s’étaient toutes révélées aussi fragiles, aussi torturées que ses vertigineuses incertitudes. Pourtant, elle savait qu’au fond, c’était ce pourquoi elles les avaient suivies…

Elle suivait l’une d’elle à présent, les autres étant affairées ailleurs. La comtesse avait accepté qu’elle joigne sa personne et son épée à la troupe. Enjouée par l’excitation du moment, ses nuits se prolongeaient dans la même intensité que ses journées et ses réveils étaient à chaque fois, un déchirement et un concert de grognement.

Limoges, ville qu’elle haïssait au-delà de tout. Juste supportée pour la taverne de son amie qui avait accepté de la loger pour la nuit. Le lendemain, c’était Bourga… qu’elle ne verrait pas. Ce jour-là, c’est les quelques rayons de soleil qui la réveillèrent, rayons qu’elle aurait du voir se lever sur les routes limousines. Louper le coche, au début du voyage, c’est douloureux. Heureusement pour la tulliste, la troupe revenait et la reprendrait en route. Dommage pour Bourganeuf qu’elle aurait aimé connaître. Mais dans le cœur de la limousine, seul Tulle avait le moindre signe d’intérêt en ces terres. Unique raison d’ailleurs pour laquelle elle ne déménageait pas comme ses camarades.

Les rayons qui l’effleurèrent la firent lever d’un bond. Le cœur qui s’emballe, la pression qui monte, celle-là même qui avait failli l’achevé, les habits enfilés à la va vite, les bottes et d’un bond, une course folle pour joindre le lieu de rendez-vous. Vide bien-entendu… Suivi de deux journées à étudier à l’Université, histoire de paraître moins ingénue si elle rencontrait, par hasard, de grandes compagnies en chemin. Et le grand départ… enfin !

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Mariealice
[On ne prend pas tous les mêmes mais on recommence]

Limoges, le retour. Pour quelqu'un qui n'était plus limousine, elle s'y retrouvait souvent ces temps ci. La dernière visite éclair avait vu le visage de Maeve, sa plus jeune fille, s'orner d'une balafre. Celle-ci verrait Marie repartir avec Ewaele pour la mener vers Lyon, Flaiche et Seleina pour les mener à Sémur. Un soupir, son frère lui restait, encore et toujours, même s'il en mourrait à petit feu. Grognement sourd, arriverait-elle à le décider à son prochain passage, quand Aleanore sortirait du couvent pour rejoindre sa famille? Rien n'était moins sûr mais rien non plus ne l'empêcherait d'essayer. Deux têtes de mules. Qui céderait le premier du frère ou de la soeur? Qui baisserait la garde? Impossible à dire. Surtout qu'il y avait cet Autre à surveiller, cet Autre qui pouvait surgir à n'importe quel instant. Cerridween en avait-elle parler avec lui? Pourquoi lui avait-il dit d'ailleurs? Sans doute par vengeance, par désir de lui montrer que pour elle aussi, il avait des secrets, qu'elle aussi partager certaines choses. S'en voulait-elle? Oui bien sûr, la brune s'en était voulue au moment même où les mots avaient franchi ses lèvres. Enguerrand lui en voudrait certainement aussi mais c'était trop tard.

Limoges... Calme... Souvenirs repoussés... Un Gaspard dans la nature, ayant préféré filer lors de la halte dans la campagne, un garde repartit veiller sur lui. Pourquoi rien ne se déroulait-il jamais comme prévu? Même un simple voyage? La suite du voyage serait donc détournée pour aller le récupérer, une bonne remontée de braies en prime. Missive partie à un Capitaine Talus, rencontre repoussée à... A quand... Comme écris, la licorneuse l'ignorait. On verrait. Ne plus prévoir trop loin, c'était encore le mieux.

Après-midi tranquille, soirée un peu plus animée, passée à Bombarde et Chataignes. Autre souvenir que ce nom qu'elle avait trouvé pour l'armée qu'elle avait tenue à Limoges au retour de Vendôme. Non elle ne s'appellerait point la COLM numéro machin. Il avait perduré ce nom, qui se souvenait seulement qu'elle en était à l'origine... Peu s'en doute et d'ailleurs elle s'en moquait. D'abord petite soirée licorne, avec distribution de surnoms idiots, Breccounet, Fabinounet, Ethanounet. Idiots c'était bien le mot oui... Avant de se retrouver avec des souleurs et de ne rien comprendre, Seleina à ses côtés ne semblant pas comprendre non plus, pour finir par une discussion avec une habitante de Mayenne, reparler de l'attaque que le Maine avait subi et qui avait conduit à la bataille de Vendôme.

Le clou de la soirée fut lorsqu'elle revint un peu plus tard, retrouvant Carmody, Antonia, Breccan, Ewaele et Flaiche. Flaiche... Un coup sur la tête? Une plaisanterie dont il était friand? Non.. Visiblement non.. Il avait à nouveau tout oublié. Un baiser pour tenter de faire remonter des souvenirs puisque les mots n'y parvenaient point. Un baiser lui permettant de se souvenir qu'on l'appelait aussi Violette... Mais des enfants, de leur mariage, de leur histoire, nul souvenir. Ewa devait fermer sa taverne, mettre la clé sous la porte, ils étaient donc sortis et avaient enfin pris la route... Au matin elle se rendrait compte que Gabrielle n'était pas dans le coche, à son tour et elle se retiendrait d'hurler son ras le bol, le trop plein de soucis, de colère, d'énervement. Elle se retiendrait également de tout planter là, de trouver le premier couvent venu pour faire comme certains, s'en laver les mains et laisser d'autres assumer à leur place. Mon dieu ce qu'elle pouvait le haïr en ce moment...

Non décidément, rien ne se passerait jamais tranquillement....

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Ewaele
[Du Limousin au Bourbonnais-Auvergne… Les sentiments]

Mélancolie…

Elle était l’isolement … Elle n’était qu’une idée confuse... Depuis que tomba ce jour là, la nouvelle du départ du groupe. Brutalement. Là, comme ça. Elle se souvenait, les chevaux s'étaient ébranlés presque furtivement, sa taverne s'était enfuie de glissement en glissement puis les premiers quartiers de la ville dans la nuit tombante, les rues entre les murs, les murs entre les terres.

Elle était l’isolement … Elle n’était qu’une idée confuse... On aurait pu lui arracher un bras que cela n'aurait pas été pire. Nico, mon amour, mon frère. Pas un jour sans qu’elle n'y pensa. Il y avait comme un trou dans les bruits de la ville. L'échancrure de son absence. Mon compagnon de tout ce temps, elle s'en allait mais elle ne le quittait pas. Il y avait trop d'incertitudes. Trop de cavales pour leur échapper. Trop de traques et tous ces couloirs. L'incarcération de papier. Et puis l'incarcération tout court.

Elle était l’isolement … Elle n’était qu’une idée confuse... Elle avait honte de son Comté. Les droits de l'homme n'avaient pas de sens. Les mots étaient vains. Leurres. Dans la ville aux mélanges des couleurs, elle ne voyait pas d'arc-en-ciel. Juste des puissants et des soumis. Et les autres qui ne faisaient rien, témoins de chiffons en quête d'eux-mêmes. Peut-être, ou peut-être pas. Et elle était devant cette boîte vide parce que même le fond avait été soigneusement nettoyé. Avait-elle bien fait de partir? Elle avait un trou, là. Sous sa chemise, du côté gauche. Les armes n'auraient pas fait pires. Sa famille c'était lui. Ils auraient pu même traverser le gel, même avoir faim souvent. Ils auraient pu. La chance tournait parfois, qui savait? Elle regardait les autres voyageurs. Ils partaient tous vers une destination sûre. La sienne demeurait aléatoire. Un jour ici, un jour ailleurs. A petits points bouffer les frontières. Elle avait faim. Mais elle ne mangerait plus…

Colère…

A ceux qui par désinvolture poussaient la porte sans frapper. Qui vous regardaient sans vous voir parce qu’ils relevaient leurs mèches dans vos yeux. Qui déversaient sur vous leurs histoires en tir groupé. En prenant votre nappe pour un dégueuloir et votre cuisine pour un défouloir. Sans attendre d’autre réponse que le cirage de leur nombril. Avec leur mouchoir qu’ils portaient classe en tampon d’une rare élégance. Roulé en boule dans leur main fermée. A ceux qui changeaient votre boudoir en confessionnal. En vous jetant un bonsoir si peu du bout des lèvres, que pour un peu vous ne l’auriez pas entendu tant il était inaudible. En civilité obligée pour faire joli. A ceux qui déchargeaient leurs poubelles dans votre service de porcelaine. Se servaient de vos rideaux comme un torchon. Et couvraient de leur voix les pleurs des enfants dans une parfaite indifférence. A eux qui prenaient le monde pour une spirale autour d’eux-mêmes. Ou pour les pions d’un échiquier soumis à leurs humeurs. Qui vous demandaient de les hisser en évitant de préciser que vous resteriez au fond. Parce qu’ils vous plombaient en toute impunité. A ceux qui au mépris de vos propres emmerdes, vous collaient les leur en vous dépouillant au passage des quelques choses belles, qu’il vous restait encore.

A tous ces emmerdeurs, ces parasites, ces impromptus qui lui pompait l’air. A ces démolisseurs sans vergogne de ses quatre heures et ses mi-nuits. Sans cracher dans la soupe dont ils l’avaient démunie. Pour leur sans-gêne étalé à grand bruit. Leurs règlements de comptes à tapisser ses murs et lui bourrer le crâne. Pour leur aplomb qu’elle avait prit dans les dents. Et leur longue carrière à lui dépouiller de ses amis et de son amour. Pour leur ténacité à la rendre insomniaque malgré elle. Jusqu’à pourrir ses rêves.

Elle tirait sa révérence.

Spleen encore...

Au-dessus, très loin, le clair de lune enlisait la nuit dans le ventre des arbres. Les ornières ressemblaient aux rides d'une terre fatiguée. La rumeur de la ville s'était tue depuis longtemps. Clair de lune, clair de femme, un chant de liberté s'insurgeait dans sa gorge. Trop longtemps muselé.

"Où..."
Où ailleurs. Où loin. Où ici. Où enfin. Où encore. Où Fa, où Sol, où demi-ton, où long, où soyeux. Où était la main. En circonvolutions chorégraphiques. Sous les étoiles, dans l'instant des fragments d'un paradis à l'ivresse. Rancœur. Nostalgie. Des chaînes défaites, abandonnées là, sous la lune, loin du monde d'avant.

Avec, devant, à peine un peu plus en amont, dressées vers l'étrange saveur de la promesse, les roses de glace près de la cheminée.

Et si c'était vrai? Ce ne serait que la légitimation d'une page tournée. L'avait-il donc oubliée? Elle avançait, et chaque lieue franchie, chaque heure avalée, chaque défaite de lui, ressemblaient à la chronique d'une mort annoncée.

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