Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Une rencontre entre une mère et son fils.

Visite familiale

Lorenzo_melani
C'était une chaude soirée d'août. Assis à son bureau, les manches de sa chemise retroussées, le nouveau Président du Ban travaillait à la lueur de quelques chandeliers sur des sujets de débats à proposer à ces Pairs. Notamment la construction récente de lices dans tout le royaume et ce que cela pouvait impliquer pour les Nobles.
Le Vicomte posa sa plume. La chaleur et la fatigue l'empêchaient de se concentrer autant qu'il le souhaitait. S'accordant une pause, il ouvrit le troisième bouton de sa chemise et se saisit du verre de vin posé sur sa table de travail.
Deux gorgées de ce petit blanc sec et frais plus tard, on toquait à sa chambre. Un rythme bien précis et convenu d'avance lui indiqua qui était la personne derrière la porte.


Entrez !

Edwards franchit le pas de porte, une lettre à la main. Posant son verre sur son bureau, Melani vint à sa rencontre.

EIl porte le sceau de votre mère, Monseigneur.

Sans un mot de plus, le vieux et fidèle majordome tendit la missive au Vicomte. Celui-ci la prit, dégaina la dague accrochée à son ceinturon et fit sauter le sceau de cire d'un coup sec. Beaurepaire parcourut la lettre en revenant à son bureau ; il prit un parchemin neuf et rédigea une courte réponse. Le temps d'apposer son propre sceau et le jeune homme donna la missive au majordome.

Edwards, vous ferez préparer les chambres de ma mère et de ma soeur avec ce que nous avons de mieux. S'il n'est rien ici qui réponde à ce critère, que des hommes partent immédiatement pour Beaurepaire afin de se le procurer.

Cela sera fait Monseigneur.

L'Anglais repartit aussitôt donner ses ordres.

À nouveau seul, Lorenzo revint à son bureau, se resservit de vin et se posta à une fenêtre ; il aimait regarder Reims dormir en sirotant un verre. Le calme nocturne n'était troublé de temps à autres que par quelques manants éméchés. Après un quart d'heure de rêverie, la fatigue commença à se faire sentir.

Le Vicomte vida son verre d'une traite, enleva sa chemise et éteignit les chandeliers. Il se coucha ainsi, torse nu, sans couverture superflue, et s'endormit promptement.

_________________
Ylalang
[Quelques jours plus tard]

Un fracas retentissant retentit aux portes orientales de Reims de bon matin.
Des hommes d'escorte à l'étendard de Montjoye Sainct Denis entouraient un carrosse aux armes azur et or, représentant le cep de vigne d'Avize, et les portes s'ouvrirent pour laisser passer l'important convoi. Après quelques tours de roues, le carrosse s'arrêta devant l'Hotel Melani rue des Archers

Elle avait décidé de profiter une dernière fois de l'escorte du Roy d'Armes de retour de Bourgogne, ou elle avait trouvé logis à Ménéssaire chez le Grand Maitre de France, avant de renvoyer les soldats vers Paris. Après tout la Champagne était sur le chemin...

Le cocher descendit prestement de son siège pour aller ouvrir la portière de la voiture. Une petite boule en furie aux boucles noires, de presque 7 ans, descendit sans attendre les marches du carrosse, bousculant presque au passage la domesticité pour s'enfoncer en trombe dans l'Hôtel en hurlant :

LORENZOOOOOOOOOOOOOOOOO !

Nulle doute que désormais leur arrivée ne passerait pas inaperçue. La vicomtesse descendit avec plus de calme du carrosse, prenant au passage de sa main gantée de dentelle sa canne ouvragée, qui ne la quittait plus depuis quelques semaines. L'armée d'hérétiques qui l'avait attaqué avait réveillé de vieilles blessures, et malgré les admonestations de Justine, sa dame d'atours, elle n'avait pas pris aussi soin d'elle qu'elle aurait du. De surcroit, son ventre rond annonciateur de sa future maternité, n'aidait en rien son corps à se remettre d'aplomb.

Une main secourable, en celle d'Edwards, l'aida dans la tâche de poser pied à terre. Revoir le majordome anglais faisait plaisir.


Edwards, il y a bien longtemps...

L'emprise du temps qui passait se fit en cet instant plus insistante. MAis l'heure n'était pas à la nostalgie. Le temps de faire quelques pas, que le majordome l'accueille comme il se devait, et il fallait entrer dans la demeure rémoise. Ses pas la menèrent instinctivement au salon de l'Hôtel, qu'elle avait parcouru maintes et maintes fois auparavant. Mais elle se refusait à considérer cet hôtel comme sien, c'était désormais là ou vivait son fils, qui assumait pleinement son héritage champenois, tandis qu'elle avait préféré fuir les trop nombreux fantômes qui hantaient son duché. Un instant elle se demanda si elle réussirait à retourner sur la place principale de Reims, après tout ce qui s'y était produit. Mais le raffut produit par ses deux enfants se rapprochait.
L'enfant chéri était-il devenu homme ?

_________________
Lorenzo_melani
Monseigneur, votre...

LORENZOOOOOOOOOOOOOO !

Ma famille est là. Bien. Faites le nécessaire pour les accueillir convenablement.

Melani quitta son bureau, réajusta sa mise et se prépara à descendre les grands escaliers qui menaient au rez-de-chaussée. Il n'avait pas commencé qu'Eilinn avait déjà gravit les marches quatre-à-quatre - ou plutôt, vu sa taille, deux-à-deux - et se jetait dans ses bras.

Grand frère !

Haha, soeurette !

Tandis qu'il reposait sa soeur par terre, Lorenzo vit arriver sa génitrice. Leurs regards se croisèrent et le visage du jeune Noble s'illumina.

M'man !

Melani descendit rapidement les marches et se planta devant sa mère, un grand sourire aux lèvres.


Comment vas-tu ? Vous avez fait bon voyage ?

La mine du jeune Vicomte s'assombrit lorsqu'il remarqua la canne.

Pourquoi as-tu une canne ? Il t'es arrivé quelque chose ?
_________________
Ylalang
Le sourire sur le visage du vicomte en fit naitre un semblable sur les lèvres de sa mère. La vicomtesse déposa un baiser sur le front de son fils.

Lorenzo, je suis heureuse de te revoir à nouveau. Le voyage fut bon, même si ta soeur était impatiente de te retrouver !

Elle eut un coup d'oeil appréciateur sur le teint et la prestance de son rejeton.

La noblesse semble te réussir en tout cas ! Et moi qui avais peur que tout cela soit un fardeau trop imposant pour toi...

Edwards apporta alors une collation, tisanes, petits gateaux. Ylalang décida de s'installer dans un des confortables fauteuils, pour soulager sa jambe meurtrie. Elle désigna d'un geste la canne.

Une armée d'hérétiques en Bourgogne, j'ai fait les frais de leur vendetta. Je voulais partir dans le Lyonnais Dauphiné après la cérémonie d'allégeance bourguignonne, mais le destin en a décidé autrement... Le Grand Maitre de France m'a offert l'hospitalité pendant le mois et demi de convalescence que j'ai passé dans ce duché de barbares...

Elle avait hésité un instant, poussé par l'instinct maternel, à édulcorer la réponses, voire à ne pas lui répondre du tout, mais il fallait désormais le voir comme un adulte.

Alors dis-moi, comment se porte Beaurepaire ?
_________________
Lorenzo_melani
Melani semblait indigné à l'évocation de l'agression.

La Bourgogne laisse donc des armées hérétiques se promener ainsi ?
Quel sinistre Duché... Et j'ai entendu dire que notre vilain voisin du Nord ne valait guère mieux en terme d'impiété !
Pourquoi notre bon Roy ne lève-t-il pas le Ban pour écraser ces mécréants ? Certes la Modération est une Vertu, mais l'Honneur et la Chevalerie...


La voix du Vicomte s'éteignit avant qu'il ne finisse sa phrase. Tout cela le dépassait par trop. Il se résigna et répondit à la question de sa mère

Beaurepaire est en bon état, contrairement à l'Hôtel. Les maigres ressources qui restaient à disposition ont été affectées à sa maintenance. Je n'ai guère eu le loisir d'y passer plus de quelques jours, il y a déjà tant à faire ici...

Mais les affaires reprennent petit à petit. J'envoie parfois nos serviteurs travailler pour les habitants. Ou sinon je participe à la milice et en profite pour parfaire mon apprentissage des armes. Et notre petite parcelle de terre fournit largement de quoi nourrir la maisonnée.
Bien sûr, cela ne remplit pas les caisses bien vite, mais suffisamment pour que je puisse envisager de réengager des forgerons dans un futur plus ou moins proche et réactiver les hauts fourneaux de Beaurepaire.

Tu sais, pendant mes courtes visites à Beaurepaire, j'ai essayé de retrouver des écrits de P'pa pour m'aider, mais il n'y avait pas grand chose : quelques lettres sans importance ; des rapports sur la gestion de la Maison.
Par contre l'armurerie était dans un parfait état. Toutes les armes semblaient neuves, si l'on excepte les fêlures sur le tranchant des lames.
J'ai aussi retrouvé son épée de Chevalier de Mathusalem, mais j'ai fait serment de ne la brandir que si je le devenais aussi un jour !
Et tu te souviens de Camarde, sa jument ? Elle a eu des petits ! Le maréchal-ferrant a dit que l'un des poulains serait parfait pour moi !


Après sa longue tirade, Lorenzo respira un grand coup.

Enfin bon, tout ça pour dire que Beaurepaire est en bon état !

Et Avize, tu as eu le temps de t'y arrêter un peu ?

_________________
Ylalang
Elle l'écouta pendant sa tirade sur les bourguignons. Il semblait plus emporté que son père, ou bien sa mémoire la trahissait-elle ? Peut-être ne fallait-il attribuer cela qu'à la fougue de la jeunesse. Lorsqu'il aborda le sujet de l'hôtel, elle le rassura.

Je trouve que tu as fait du bon travail ici, je suis fière de toi.

Le ton était sincère. L'évolution de son fils dans la noblesse la surprenait, tant il semblait ne pas vouloir rester dans l'ombre du fantôme d'Atto.

Ne t'étonne pas, concernant les écrits de ton père, il n'était guère prolixe tant par les paroles que par les lettres, il préférait ne jamais laisser de traces pouvant lui nuire.

L'ordre de Mathusalem n'est pas dans un bon état, je doute qu'il survive encore longtemps. Les membres du conseil ont opté pour une direction à plusieurs, mais ce genre de choses ne permet pas de prise de décision ferme, chacun demandant aux autres leur avis, pour finalement laisser les débats s'enliser. Il manque une forte personnalité pour prendre les rênes... mais c'est ainsi...

A la mort d'Atto, j'ai mis Diplomatie de côté pour toi, pour qu'elle te revienne, et que tu puisses l'utiliser pour protéger ce qui t'es cher. Tes amis, ta famille, tes terres. Ne te brides pas, ne t'imposes pas de condition... Elle est peut-être un symbole, mais elle n'en reste pas moins une arme. N'oublie pas cela.

Par contre, la flamberge que ton père avait lors de la seconde guerre de Compiègne a été confiée à Gwen, lorsque j'ai confirmé qu'elle possédait toujours les terres de Creil. J'ai pensé qu'elle méritait elle aussi, en tant que plus fidèle amie d'Atto, de conserver quelque chose de lui.


Leah se leva alors, délaissant sa canne, et s'approcha des paquets qui étaient en train d'être déchargés du carrosse. Elle prit un long boitier noir, semblant faire son poids, et le posa sur un petit guéridon non loin de son fils. Elle l'ouvrit en deux presque avec révérence. D'un côté se trouvaient deux étranges tridents, dont la pointe centrale était beaucoup plus longues que les pointes extérieures. Elle s'en désintéressa pour se concentrer sur l'autre coté de la boite, ou se trouvait une épée brisée en trois morceaux. L'épée était assez grande, large, nullement faite pour l'apparat. Près de la garde se trouvait gravée sur la lame une panthère. Elle eut une bouffée de nostalgie, et s'adressa à Lorenzo.

Elle a été brisée en Bourgogne, lors de l'attaque. Dois-je la faire reforger, ou en prendre une autre ? J'avoue que cette question me taraude depuis des semaines... Faut-il faire fi de l'héritage du passé, ou tourner la page ? Elle a été bénie par le Roy, j'ai combattu l'Artois avec, fait mon serment de héraut dessus...

L'émotion fut un instant palpable dans la voix de Léah, tant des souvenirs puissants semblaient rattachés à cette épée qui ne l'avait pas quitté depuis tant d'années.
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)