Adriendesage
Lorsque le baron de La Volta et son page, Uc, arrivèrent au château, la passion semblait déjà gagner l'édifice. Son épouse se trouvant à quelques centaines de lieues de la capitale du Languedoc, il était donc venu seul. Un détail qui lui tiqua l'esprit lorsqu'il sauta, bien brutalement de sa monture. Le garde du chateau ne manqua pas de le lui rappeler, pour en rajouter une couche...
Bé mon lieutenant, z'êtes pas venu avec madame?
Bé mon pépère, t'es pas de corvée de latrines demain?
Le pauvre soldat se mit à maugréer tout bas quelques jurons dans son col de fer, maudissant sa bonhommie naturelle et l'impartialité de l'officier montpelliérain. A se demander ce qu'un tel homme pouvait aller foutre dans une salle de bal.
Enfin laissons là les sombres pensées du garde, pour en revenir au baron et à son page, qui désellaient leurs chevaux aux écuries. Qu'est ce que le lieutenant Desage faisait aux écuries quand moults palefreniers pouvaient s'occuper de leurs chevaux? Bah, en fait, il avait une idée un peu saugrenue derrière la tête, histoire de pa se présenter seul au bal...
Hem... Dis voir, Uc... Es-tu déjà allé à un bal comtal? Lâcha-t-il en déposant sa lourde selle sur une poutre basse.
Air complètement innocent du baron...
Euh... Non senher, jamais!
Les yeux du jeune page s'illuminèrent. Son maître allait enfin faire preuve de courtoisie!
Parfait! Alors ce sera ta grande première!
Et d'un geste large et précis, il dégaina son épée - qui n'était pas d'apparât, puisque le baron était extrêmement terre à terre et donc très utilitaire - et trancha à ras la queue de sa jument. Il noua la longue touffe de crins à son extrêmité, avec un bout de ficelle grossier, et posa manu-militari la perruque improvisée sur la tête de son page.
Ce dernier, choqué, manqua de tomber à la renverse.
Pour la soirée, tu t'appelles Huguette! Nous dirons que tu es habillée comme un garçon parce que tu viens de loin, pour les nécessité du voyage. Tâches de prendre l'accent du Nord et une voix de donzelle!
Le pauvre page en restait bras balants...
Il fût vite secoué par une puissante accolade.
Allons mordious, ne fait pas cette tête! Ton calvaire ne durera que le temps d'échapper à la danse! Lorsque la foule aura passé l'envie de me voir gigotter avec une telle horreur , dit-il en lançant un regard appuyé sur la moustache naissante et les quelques boutons de puberté qui parsemaient le visage de son jeune serviteur, je te retirerai la perruque et tout le monde comprendra la bonne blague! Hein? Mouhahaha! La bonne blague!
Mais Uc riait jaune... Tout autre aurait eût à ce moment des envies de meurtres. M'enfin s'aurait été ne pas connaitre l'infinie bonté et le raffinement que le baron de La Volta, souvent rude et maladroit, cachait derrière des manières rustres et une impartialité hors du temps. Sans dire mot, il suivit donc son maître jusque la salle de bal. Au moment d'entrer, il se dissimula aussi longtemps que possible derrière les larges épaules du baron, dont l'éclat de la voix résonna dans toute la salle...
Bonjorn à tous!
Il était tout heureux de voir autant de monde à Montpellier...
Mais... Où sont les musiciens?
Un doute horrible lui vînt à l'esprit et il chercha Maëlie du regard...
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Bé mon lieutenant, z'êtes pas venu avec madame?
Bé mon pépère, t'es pas de corvée de latrines demain?
Le pauvre soldat se mit à maugréer tout bas quelques jurons dans son col de fer, maudissant sa bonhommie naturelle et l'impartialité de l'officier montpelliérain. A se demander ce qu'un tel homme pouvait aller foutre dans une salle de bal.
Enfin laissons là les sombres pensées du garde, pour en revenir au baron et à son page, qui désellaient leurs chevaux aux écuries. Qu'est ce que le lieutenant Desage faisait aux écuries quand moults palefreniers pouvaient s'occuper de leurs chevaux? Bah, en fait, il avait une idée un peu saugrenue derrière la tête, histoire de pa se présenter seul au bal...
Hem... Dis voir, Uc... Es-tu déjà allé à un bal comtal? Lâcha-t-il en déposant sa lourde selle sur une poutre basse.
Air complètement innocent du baron...
Euh... Non senher, jamais!
Les yeux du jeune page s'illuminèrent. Son maître allait enfin faire preuve de courtoisie!
Parfait! Alors ce sera ta grande première!
Et d'un geste large et précis, il dégaina son épée - qui n'était pas d'apparât, puisque le baron était extrêmement terre à terre et donc très utilitaire - et trancha à ras la queue de sa jument. Il noua la longue touffe de crins à son extrêmité, avec un bout de ficelle grossier, et posa manu-militari la perruque improvisée sur la tête de son page.
Ce dernier, choqué, manqua de tomber à la renverse.
Pour la soirée, tu t'appelles Huguette! Nous dirons que tu es habillée comme un garçon parce que tu viens de loin, pour les nécessité du voyage. Tâches de prendre l'accent du Nord et une voix de donzelle!
Le pauvre page en restait bras balants...
Il fût vite secoué par une puissante accolade.
Allons mordious, ne fait pas cette tête! Ton calvaire ne durera que le temps d'échapper à la danse! Lorsque la foule aura passé l'envie de me voir gigotter avec une telle horreur , dit-il en lançant un regard appuyé sur la moustache naissante et les quelques boutons de puberté qui parsemaient le visage de son jeune serviteur, je te retirerai la perruque et tout le monde comprendra la bonne blague! Hein? Mouhahaha! La bonne blague!
Mais Uc riait jaune... Tout autre aurait eût à ce moment des envies de meurtres. M'enfin s'aurait été ne pas connaitre l'infinie bonté et le raffinement que le baron de La Volta, souvent rude et maladroit, cachait derrière des manières rustres et une impartialité hors du temps. Sans dire mot, il suivit donc son maître jusque la salle de bal. Au moment d'entrer, il se dissimula aussi longtemps que possible derrière les larges épaules du baron, dont l'éclat de la voix résonna dans toute la salle...
Bonjorn à tous!
Il était tout heureux de voir autant de monde à Montpellier...
Mais... Où sont les musiciens?
Un doute horrible lui vînt à l'esprit et il chercha Maëlie du regard...
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