Audixia - I - Les débuts d'un grand voyage

Audixia est une fillette, issue d'une famille jadis renommée de Vyu en Sallaz, au pied du Mont-Blanc. Âgée de 7 ans, sa mère Charlotte, seconde épouse de son père Aimon de Marcossey, est à présent décédée.

Elle s'est donc retrouvée à Belley, sous la tutelle de sa nourrice, Amelianne. Son père étant parti quelques années plus tôt.

Sa demi-sœur Ellisal qui réside à Fribourg, a été prévenue par la domestique que son orpheline de sœur, l'attendait en Savoie. Mais pour une raison alors inconnue de la gamine, elle ne répondit pas immédiatement.

En attendant, la petite, se contentait de découvrir la vie grouillante des ruelles de la ville savoyarde, jouant de malice pour échapper à la surveillance de celle qui essaie tant bien que mal de veiller sur elle.

Cependant, quelques jours plus tard, les choses prirent une toute autre tournure. Ellisal, retenue par ses charges dans l'enceinte de la confédération helvétique, a demandé à Amelianne de conduire sa petite sœur en Poitou, afin qu'elle y retrouve son grand frère, Bertal, au village de La Trémouille.

La nourrice a donc préparé le voyage, mais alors qu'elles s'apprêtaient, elle reçut une autre missive d'Ellisal, l'informant de la mort quelques temps plus tôt, de son frère. La douce Kalimereth, compagne éplorée du poitevin, se disant prête à accueillir l'enfant en sa demeure, pour peu qu'elle parvienne jusque dans son comté. C'est ainsi que les deux filles prirent la route en direction de Chambéry, le 8e jour avant les Calendes d'aout, de l'an de Pâques 1457.

Ayant réussi à trouver une "escorte" au pied levé après moults appels à l'aide infructueux, le groupe quitta la capitale savoyade pour se rendre à Die en Lyonnais-Dauphiné, empruntant la longue et dangereuse route traversant le massif du Vercors en longeant le cours du Furon, les gorges de la Bourne et de la Vernaisson.

Alors qu'ils faisaient une halte dans la vallée du Grésivaudan, aux pieds du massif de la Chartreuse, un brigand les détroussa et s'en fut avec vivres et écu, ne leur laissant même pas de quoi se nourrir avant d'atteindre la prochaine ville, Die.

Les trois infortunés poursuivirent leur chemin, glanant dans les monts généreux du Vercors baies, herbes et gibier pour assurer leur subsistance. Deux jours plus tard, après avoir passé le col de Rousset et suivit la Comane jusqu'à son embouchure dans la Drôme, ils atteignirent enfin la cité de la clairette, dans un état de fatigue avancé.

Après avoir fait une pause pour le moins vitale à Die, afin de reprendre forces et vivres pour la poursuite de l'aventure, le départ fut de nouveau envisageable. Changement d'escorte cependant, un chevalier servant béarnais, Mahefik, tout droit venu de Chambéry, les rejoignit au passage et les conduisit à Montpellier.

Les retrouvailles enfin avec celle qui devait les accompagner en Poitou, Kalliopé et son fiancé Amyr. Les deux savoyardes, franchirent les porte de la cité maritime le 7 aout, pour en repartir après une petite halte, en direction du nord.

Arrivés à Lodève le 12 du mois, les gardes de la villes leur rappellent qu'ils devaient quitter le territoire languedocien dans les plus brefs délais. Ce qu'ils firent le jour même, empruntant la route qui les menait à Millau en Rouergue. Mais voilà qu'après une journée passée en ville, alors qu'ils s'apprêtaient à prendre à nouveau les sentes du royaume, les évènements s'enchaînèrent à une vitesse incroyable.

Le 14 aout un courrier adressé par le Comté du Rouergue, sommait la petite Audixia de se rendre au tribunal :

"Expéditeur : Le tribunal du Comté

Par la présente, les autorités de police du Comté vous signifient votre mise en accusation.
Il vous est reproché notamment des faits de trouble à l'ordre public.

Votre procès commence dès aujourd'hui. Vous êtes prié de vous rendre au tribunal d'ici à deux jours ouvrables.

Pendant la durée de l'instruction, vous resterez en liberté."

Après une horrible journée incluant le passage au tribunal, la petite retrouva enfin les bras de sa nourrice, et la dévouée Kalliopé qui avait réussi entre-temps à obtenir des laisser-passer. La route se poursuivit donc, non sans anicroche jusqu'à Tulle. La gamine probablement ébranlée par les évènements de la veille, réussit une fois de plus à fausser compagnie à ses protecteurs et ne réapparut que le lendemain, amenée à Tulle par une âme charitable, l'ayant retrouvée pleurant, sur le bord du chemin.

Le 20 du moy, La petite troupe arriva à Limoges, et connut quelques changements. L'aimable Kalliopé arrêtant là sa mission d'escorte, la nourrice et sa protégée se joignirent au groupe du messire Zutalors, originaire de La Trémouille. Ils prirent tous trois la route au petit matin, espérant atteindre le soir même l'ultime destination de leur périple commencé presque un mois plus tôt.