Navigius
Le Béarn, terre de péchés et de perdition. Voilà une idée qui ne traverserait jamais l'esprit de l'occupant du coche qui fait son entrée au petit matin dans les rues de Pau. Pour l'Archevêque Métropolitain d'Auch, le comté du Béarn était un oasis de foy et de rectitude dans l'océan de perdition qu'était le Sud de la France. Ayant longtemps officié dans les différentes paroisses du comté, il en était venu à faire abstraction de toutes les petites incartades que commettaient ses chers béarnais, car au fond de son coeur, il était profondément amoureux de cette terre qui défilait sous les roue de son coche. Il avait confié son jardin de la foy à son plus fidèle élève, Monseigneur Aizu, qui hélas s'en était allé par les voies difficiles de la maladie, rappelé par Dieu car il était bien meilleur que tout homme. Des rumeurs voulait que le péché était à la hausse dans le comté, rumeurs ayant courrues directement jusqu'à Auch, où le prélat italien n'osait en croire aucun mot. Afin de démontrer le contraire, il avait décidé de faire un voyage jusqu'à Pau, trainant dans une charrette un lourd confessional. La confession aurait lieu en place publique de Pau, et il était assuré que personne ne viendrait y dire mot, tant les habitants étaient vertueux.
En quelques minutes, les manouvriers de l'Évêché eurent tôt fait de débarquer de sa charette le lourd confessional, fait de noyer massif et vernis à la perfection. L'on pouvait y entrer deux à la fois, par chacun des côtés, le prêtre étant isolé dans la cabine du centre, communiquant avec les paroissiens expiatoires par un petit grillage fermé par une porte en bois, au gré de ses interventions. Le prélat italien s'installa confortablement à l'intérieur, laissant la porte entrouverte afin de lire le Livre des Vertus pour s'occuper, car il était convaincu que personne ne viendrait, population si idyllique.
_________________