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[RP- Privé ] Dispensaire de Thouars

Cali
Son dernier patient était parti, accompagné d'Annabelle . Cali referma doucement la porte et s'imprégna du silence soudain.
Après avoir nettoyé sa table d'ausculation et rangé pots et onguents, elle fit le tour du dispensaire, se rappelant ses début ici, comment elle s'était établie entre ces murs depuis bien des années.
Elle se rappelait de chaque personne qui était venue, amis, connaissances, voyageurs de passage. Tout ceux aussi qui avaient disparus au fil des années.

Une soudaine nostalgie, teintée de mélancolie, s'empara de la médicastre. Les températures étaient redescendues. Elle frissonna sous le léger châle dont elle avait recouvert ses épaules, et attisa les quelques braises qui se mourraient dans le foyer de la cheminée, y ajoutant deux bûches.
Tandis que le vent se levait, jouant à cache cache avec les tuiles de la toiture, la jeune femme s'installa dans le vieux fauteuil de cuir, devant la cheminée, une infusion aux fruits rouge dans une tasse fumante.
Dehors la pluie bâtait son plein, arrosant les carreaux de fines gouttelettes qui venaient s'y écraser, avant de couler le long du verre en rebelles rigoles.

Sur le devant du dispensaire, un panneau que la médicastre avait posé.






DISPENSAIRE FERMÉ

VEUILLEZ VOUS ADRESSER A " LA CAVERNE DES PENSÉES ÉPHÉMÈRES"

OU CHEZ L'APOTHICAIRE






Dernière ligne droite pour ce topic qui va fermer après de longs et loyaux "sévices".
Je me réserve le droit d'en finir les dernières pages, croisant ma plume à celle d'un autre joueur ( JD Yoyo, pour ne pas le nommer :p) pour distiller une petite intrigue et nous faire plaisir pour finir en beauté.
Je remercie tous ceux qui ont posté et qui ont fait vivre ce Rp depuis sa création . Presque quatre ans , Il a bien tenu le bougre ! Merci à tous et bon jeu! Ljd Cali

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Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Albreicht
[ Quelques heures auparavant.. ]


Le vent lugubre sifflait entre les branches et faisait claquer les volets des maisons abandonnées, dans la plus grande indifférence d'un silence sévère à cette heure tardive de la nuit.
Les yeux fermés, Albreicht se tenait immobile dans la ruelle, les bras croisés, laissant la bourrasque froide le traverser et soulever ses mèches rebelles. Il attendait. Calmement, il attendait. Sans éprouver d'émotion particulière alors qu'ils touchaient enfin au but.

Il ouvrit enfin ses yeux gris et les tourna vers un de ses acolytes qui sortait sans bruit du dispensaire.
Le laissant approcher, il le questionna à voix basse, même si elle restait incisive, dotée d'un léger accent.


- Alors ?

Le brigand secoua la tête, en s'approchant encore pour poursuivre la messe basse.

- Queue d'chiques. Y'êtes ben sûr qu'c'est ici, chef ?

- Ce ne peut être qu'ici. Cela fait quelques années qu'il essaie de nous brouiller les pistes, mais c'est ici qu'il revient le plus souvent, et ce bâtiment ressemble bien à la description.
Et puis, c'est le dernier endroit où il était avant que la "clé" ne soit plus en sa possession.


L'hirsute malandrin eut un reniflement dédaigneux comme réponse, en se grattant nonchalamment sous l'aisselle.

- Bah l'clé, si elle est ben com' on s'en rappelle, ba l'est pas là. 'N'a tout fouillé.

Albreicht étrécit ses yeux en réfléchissant. Il savait, pour avoir côtoyé ses hommes depuis si longtemps qu'il pouvait avoir confiance en leurs compétences dans ce domaine. Et malgré leurs apparences peu recommandables et soiffardes, ils faisaient les choses avec énormément de professionnalisme et commettaient rarement des erreurs.

- Bien.. Remettez tout en place et effacez nos traces. Nous passons au plan B.


[ Sous la pluie du lendemain ]


Les brigands s'étaient éparpillés dans la ruelle, autour du dispensaire. L'habitude, presque martiale, d'être discret, invisible, pour observer, et faucher quelques bourses à quelques passants au passage. Personne ne se doutait que la bâtisse était cernée, épiée, patiemment, sans bruit.
Vers le milieu de l'après-midi, les patients s'en allaient enfin, et il était enfin l'heure d'agir.
La pluie printanière claquait sur les pavés et sur les toits, et le vent reprenait de plus bel, faisant tourbillonner les gouttelettes sans ménagement.

Albreicht fit passer l'ordre à sa bande de surveiller l'entrée, et d'empêcher quiconque tenterait d'entrer.. de quelque manière que ce soit, tant que cela passait inaperçu. La pluie facilitait leur tâche, car elle faisait soudainement déserter la ruelle, et elle captait l'attention des gens qui ne cherchaient plus qu'à s'abriter, ne faisant plus attention à rien autour d'eux.

Puis, le mystérieux homme calme s'avança vers le dispensaire. Ses cheveux et sa barbe dégoulinaient d'eau, qui glissait le long de sa cape balayant et nourrissant les flaques au sol, entre les pavés. Malgré le froid, il ne ressentait aucun frisson.
Son second, l'hirsute brigand nommé Rubert, qui semblait plus âgé que les autres le rejoignit et lui souffla :


- M'Velà, chef. Par contre, v'm'avez touyours point dit c'que c'était l'plan B.

Albreicht le regarda fixement. Il posa lentement sa main sur le bras de son second d'un geste sûr et amical.

- C'est cela.

Rubert poussa alors de tout son souffle un cri effroyable et pétrifiant de douleur, lorsqu'il sentit et entendit nettement ce bruit écoeurant d'os qui se broye et en voyant son membre pendre de manière monstrueuse.
Albreicht venait de lui casser le bras.
Cali
Sa tasse vide à la main, la jeune femme se leva en soupirant, se tirant de la torpeur dans laquelle l'avait plongé ses pensées qui vagabondaient.

- Secoue toi donc...

Il est vrai que ce temps pluvieux et venteux se prêtait bien à la douceur et la nonchalance lorsque l'on se trouve bien au sec à l'intérieur.
Après avoir lavé la tasse, et s'apprêtant à la ranger dans la grande armoire, Cali pencha la tête en apercevant dans un coin de l'étagère le joli coffret en bois de rose qu'un de ses patients lui avait offert. Depuis, la petite boite n'avait pas quitté le dispensaire.

En souriant, elle allongea le bras pour venir la cueillir, et retourna s'asseoir devant l'âtre en caressant le beau travail de marqueterie.


- Ce Donagan, quel étrange personnage quand même....

Pour ne pas mélanger serviettes et torchons, et bien qu'elle fut dans un lieu de soins, la brune avait déposé dans le fond de la boite le peigne en argent qu'elle accrochait dans ses cheveux pour ne pas les avoir dans tous les sens durant une intervention.

Cali sursauta brusquement en entendant un cri déchirant, de douleur à n'en pas douter. Elle posa la boite sur la table et se dirigea vers la porte qu'elle déverrouilla.
La vision d'un homme en proie à une grande souffrance et se tenant le bras, accompagné d'un autre à la mine patibulaire, la laissa un peu interloquée.
En fronçant les sourcils elle les regarda de la tête aux pieds.


- Le dispensaire est fermé, mais visiblement vous avez besoin d'aide. Entrez... qu'est-il arrivé à votre ami ?

En s'effaçant de la porte, la jeune femme s'était adressé à l'aîné , quelque peu méfiante tout de même par cette incursion malgré le panneau affichant la fermeture du dispensaire. Ne refusant jamais de soigner un blessé et la nuit n'étant pas encore tombée , elle les laissa entrer.
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Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Fly



De tous les coupe-jarrets traînant dans les sillons d'Albreicht, Fly était sans doute le pire, mais également le meilleur. Rien ne le rebutait, aucune tâche si basse soit-elle.
Avant de rencontrer celui qui était désormais son chef, le brigand travaillait en solitaire.
Une fois de plus il avait usé de tricherie à un jeu de cartes. Seulement il tomba sur plus fort et plus rusé que lui ce soir là en taverne.
S'en était suivi une empoignade brutale dont il ne sortit pas vainqueur. Mais ce qu'il y gagna, ce fut celui qui devint son chef.
Malgré son caractère exécrable, Fly trouva en Albreicht quelqu'un qui le temporisait.... ou qui le laissait aller à ses pulsions, selon les besoins de la mission.

- Vous deux postez-vous à l'entrée d'ces deux ruelles là.
D'une voix basse le brigand appliquait les directives laissées par leur patron.
-Toi t'vas voir plus loin et t'fais l' signe si des bouseux s'ramènent d'trop près


Les ordres étaient donnés et pas un ne répliquait, connaissant les colères légendaires de Fly.
Lui même se tint avec nonchalance , adossé contre une petite bâtisse, son regard perçant pointé sur la scène qui se déroulait devant la porte du dispensaire.
Un rire gras suivit le hurlement de douleur de Rubert.
Fly garda un instant un rictus sardonique au coin des lèvres, approuvant la technique de son chef pour s'introduire dans le dispensaire.

-T'es l'meilleur Al.

Il mata l'oie blanche qui ouvrait la porte en souriant encore plus, pensant qu'ils auraient peut-être droit à un supplément de choix... après.
Albreicht
Tenant fermement le vieux Rupert sous l'épaule et feignant quelques pas comme s'ils marchaient dans la rue, Albreicht releva la tête lorsque la porte du dispensaire s'ouvrit comme prévu, et regarda une jeune femme en sortir.

- Le dispensaire est fermé, mais visiblement vous avez besoin d'aide. Entrez... qu'est-il arrivé à votre ami ?

De son regard qui ne cillait jamais, même sous le poids des gouttes de pluie, on put entrapercevoir un léger trouble imperceptible dans les yeux gris de celui qui ne montre jamais ses sentiments. Elle lui ressemblait...
Mais Albreicht se reprit aussitôt et répondit de sa voix grave et lente, apaisante :


- Ce n'est pas mon ami.

L'imposant homme poursuivit en pesant chacun de ses mots, comme il savait le faire, pour n'éveiller aucun soupçon et paraître ni trop courtois ni pas assez.


- J'allais juste trouver un endroit où m'abriter lorsque soudainement ce pauvre homme a glissé sur les pavés et a poussé un cri effroyable. Je venais juste de le relever et de faire quelques pas en le portant pour lui porter secours, avant d'être soulagé de voir une porte s'ouvrir, la vôtre. Il a de la chance s'il s'est blessé non loin d'un dispensaire.

Albreicht se retint de soupirer et de donner un coup dans les flancs de Rupert qui en faisait un peu trop, comme d'habitude, avec ses "aah mon bras, mon bras préféré, celui que m'a donné ma pauvre maman qui s'est coupé les quatre veines pour me l'offrir, aah j'ai mal.. maaal" en remuant.

- ... Il remue un peu beaucoup, je vais vous aider à l'installer, si vous ne voyez aucun inconvénient.

Constatant que la jeune femme leur cédait le passage, il porta le vieux brigand à l'intérieur du dispensaire et referma la porte derrière eux, à l'écart de la pluie et de tout témoin.
Cali
Cali écouta attentivement l'explication de celui qui avait un visage si particulier, marqué par les épreuves. Le ton doux et grave de sa voix et la façon dont il s'exprimait chassa un peu la méfiance qu'elle avait eu en voyant ces deux hommes sur le pas de sa porte.

- C'est tout à votre honneur de secourir ainsi un homme que vous ne connaissez pas.

aah mon bras, mon bras préféré, celui que m'a donné ma pauvre maman qui s'est coupé les quatre veines pour me l'offrir, aah j'ai mal.. maaal"

Si l'homme en question n'avait pas autant souffert, la jeune femme en aurait rigolé de l'entendre ainsi se plaindre de façon si théâtrale. Elle toussota tout de même avant de lui répondre.

- Rassure-vous mon brave, vous n'êtes pas prêt de le perdre votre bras.

- ... Il remue un peu beaucoup, je vais vous aider à l'installer, si vous ne voyez aucun inconvénient.

Après un hochement de tête, la médicastre les dirigea vers la petite pièce du fond où ils firent s'asseoir le blessé. Tandis qu'elle lui ôtait avec précaution sa chemise mouillée, pour constater de visu que le bras était bien cassé, Cali s'adressa à l'autre homme.

- Vous pouvez attendre ici que la pluie cesse, et faire sécher vos vêtements trempés devant la cheminée. Il y a une infusion encore chaude sur la table si ça vous dit, ou un vin tonique. Vous trouverez un godet et le vin dans cette armoire.

Du menton elle lui avait indiqué le meuble de gauche, tandis qu'elle tâtonnait le membre blessé.

- Petite fracture pas bien méchante. Je vais vous donner de quoi soulager la douleur et vous faire un emplâtre.

Sans savoir si le bienfaiteur se décidait à rester ou partir, la jeune femme entama les soins, donnant au blessé quelques gouttes d' un remède pour calmer sa douleur , mais surtout pour le calmer lui.
L'avant bras présentait déjà un léger oedème. Cali prépara consciencieusement un emplâtre qu'elle appliqua, le recouvrant ensuite d'une bande, et découpa un morceau de linge pour poser le bras en écharpe.

- Vous devez garder cet emplâtre une bonne vingtaine de jours... au moins.
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Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Albreicht
Le calme de la bâtisse contrastait avec le tumulte de la pluie au dehors où chaque goutte qui s'écrasait sur les pavés, les ardoises et le verre des fenêtre semblait soudainement s'armer d'une sourdine pour ne pas franchir les murs du dispensaire.
Albreicht tenait fermement son compagnon de délit en l'amenant vers une pièce au fond à l'aide de la médicastre qui les dirigeait, ne manquant pas d'observer tout autour de lui, de mémoriser d'un coup d'oeil chaque objet, chaque détail, chaque pan de mur et de porte sur leurs pas.

Lorsque Rupert fut assis, un discret et bref échange de regard avec son chef lui fit cesser ses grands mouvements pour se calmer visiblement, même s'il poursuivait ses gémissement et feignait une légère récalcitrance à se laisser toucher.


- Vous pouvez attendre ici que la pluie cesse, et faire sécher vos vêtements trempés devant la cheminée. Il y a une infusion encore chaude sur la table si ça vous dit, ou un vin tonique. Vous trouverez un godet et le vin dans cette armoire.

Albreicht répondit au mouvement de menton de la jeune femme qui lui indiquait l'armoire en inclinant la tête dans un geste de gratitude.

- Je me contenterais juste d'enlever mon manteau afin de ne tremper votre plancher sur plus d'endroits.

Continuant à jeter des regards imperceptibles tout autour de lui, l'imposant homme prit une chaise pour la positionner face à l'âtre avant d'y étendre son manteau au dossier, veillant soigneusement à y garder dissimuler des regards son épée dans ses plis.
Puis il rajouta une bûche avant d'attiser le feu, tandis que la médicastre examinait le vieux brigand et commença à lui poser l'emplâtre.

Perdu dans ses pensées dans la douceur du foyer et la danse des flammes devant lui, Albreicht repassait en revue les images mentales des moindres recoins du dispensaire et de ses meubles et objets, réfléchissant à ce qu'il allait faire à présent. Il ne voulait commettre aucune erreur, ne rien laisser au hasard. Il ne pouvait que constater l'excellent travail de ses hommes qui avaient effacé toutes leurs traces malgré la fouille minutieuse d'hier soir.
Il pourrait bien sûr violenter la jeune femme pour la faire parler, après tout elle semblait définitivement seule dans le bâtiment à cette heure. Mais s'il se trompait ? Et si ce n'était pas ici finalement ?
Pour une raison qui lui échappait, il ne souhaitait pas faire du mal à la médicastre sans raison.

Soudainement, Albreicht ouvrit en grands ses yeux avant de froncer les sourcils. Il se retourna et fit quelques pas, se dirigeant vers une table où trônaient l'infusion d'où s'échappait encore des volutes légères, et un coffret dans un bois rare. Le soulevant précautionneusement et le tournant sous toutes les coutures à la faible lueur, il esquissa à peine un sourire, pris par une émotion enivrante. Du bout des doigts, il tenait sans doute l'objet qu'il cherchait depuis toutes ces années, ce qui était devenu son seul but dans son existence, qui justifiait tous ses actes et le groupe peu recommandable qu'il entraînait dans son sillon depuis si longtemps. Si longtemps...
Du bout des doigts, délicatement, il passa la pulpe de son index sur cette signature taillée dans le bois qu'il reconnaitrait entre toutes.


- Vous devez garder cet emplâtre une bonne vingtaine de jours... au moins.

Se retournant vers la médicastre qui était jusqu'alors concentrée sur les soins, le brigand inspira lentement. Il avait l'habitude de se contrôler et de ne jamais trahir ses émotions, mais cette fois était particulière. Sur le ton de la conversation, de sa voix traînante et grave, Albreicht demanda en montrant le coffret à la jeune femme :

- C'est un merveilleux ouvrage que vous avez là... Comment l'avez-vous eu ?
Cali
Le dispensaire, doté d'étroites fenêtres, peinait à rester éclairé malgré que la nuit ne fut pas encore tombée. Par jour de grand soleil la lumière se diffusait avec facilité.
Tandis que la médicastre finissait les derniers soins du blessé, elle se fit la réflexion qu'elle devrait bientôt allumer les chandelles.
Cali baissa le ton de sa voix en s'adressant à l'homme, comme si la lumière déclinante incitait à l' étouffement des sons.


- Reposez-vous quelques instants sans bouger. L'emplâtre doit un peu sécher.

De la pièce contiguë, dont la porte était entrouverte, lui parvint la voix de l'autre homme.

- C'est un merveilleux ouvrage que vous avez là... Comment l'avez-vous eu ?

La jeune femme sourit en apercevant ce qu'il tenait entre ses mains et le rejoignit en quelques pas.

- Oui c'est un magnifique travail en bois de rose.

Malgré le plaisir certain qu'elle avait toujours lorsque son regard se portait sur le coffret, elle fut quand même étonnée que cet homme put avoir quelque raffinement au point d'apprécier l'ouvrage. Mais ce questionnement l'effleura à peine et fut vite oublié en constatant qu'il avait vraiment l'air de s'y intéresser.
Reposant la boite sur la table, elle en ouvrit le couvercle pour lui montrer sa fonction en lui faisant découvrir le petit peigne en argent qui se trouvait dedans.


- Je ne le ferme jamais pour éviter de troubler les esprits et éviter que quelqu'un l'abîme en le forçant. Il ne renferme que ce peigne qui n'a de valeur qu'à mes yeux. D'ailleurs je porte souvent sur moi sa petite clé, en souvenir de celui qui me l'a offerte.

En souriant, Cali agrippa de ses doigts fins la chaînette entourant son cou pour mettre à jour la petite clé suspendue, cachée auparavant sous son chemisier.

- C'est un patient qui m'en a fait cadeau un jour, en remerciement des soins que je lui avais prodigué. Quelqu'un de passage.

Elle n'en dit pas plus. C'était inutile. De plus elle ne parlait jamais de ses patients. Une règle de conduite qui s'était faite naturellement. Sans doute les gens devaient savoir que rien de ce qu'ils diraient ne franchirait ses lèvres. Peut-être était-ce pour cela qu'ils se confiaient plus facilement à elle.

- La nuit ne va pas tarder à tomber. On y voit moins clair.

S'approchant du feu, elle happa une petite branche fine dont elle alluma l'extrémité dans l'âtre et se dirigea vers les chandeliers et bougies, disséminés dans la pièce, en protégeant la petite flamme de sa main, pour ne pas l'éteindre au déplacement de son corps.
Satisfaite de voir peu à peu les petites bougies s'animer, donnant à la pièce une douce lumière tamisée, Cali jeta dans le feu la fine branche et alla se verser une autre infusion près d'Albreicht en lui souriant.


- Toujours pas tenté par cette infusion ?
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Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Albreicht
- C'est un merveilleux ouvrage que vous avez là... Comment l'avez-vous eu ?

Une inquiétude voila subitement les pensées du brigand dès qu'il prononça ces mots.
Il avait fait montre d'imprudence et de précipitation, il aurait dû réfléchir encore. Et si la médicastre connaissait le secret de ce coffret et qu'on lui en avait confié la garde ?
Il n'avait pas pensé à cette éventualité et il ne s'y était pas préparé.
Imperceptiblement et bien que gardant une décontraction apparente, Albreicht se crispa, se préparant à se défendre si la jeune femme cachait son jeu en vérité et allait l'empêcher de s'approcher de trop près de ce coffret par tous les moyens.

Mais en voyant la médicastre sourire avec chaleur et naturel à l'évocation de cet objet, sa méfiance se relâcha. Si elle protégeait cet objet, il y aurait sans doute la moindre trace qui trahirait ce sourire, mais il n'en décela aucun tandis qu'elle le rejoignait.


- Oui c'est un magnifique travail en bois de rose.

Les yeux du grand homme ne quittèrent pas les mouvements des doigts de la jeune femme, légers, respectueux, sur la finition du matériau. Il comprit aussitôt qu'elle allait ouvrir le coffret, et stoppa une inspiration profonde involontairement entreprise.
Si longtemps qu'il attendait ce moment... Tout ce qu'il avait accompli ces dernières années, ces hommes qu'il avait dû soumettre et ceux qu'il avait dû recruter et côtoyer, ses précautions, ses recherches, ses sacrifices... Tout ceci pour le contenu de ce coffret...
Et un sourire presque ironique effleura ses lèvres lorsqu'il se rendit compte que le coffret n'était pas verrouillé à clé, et qu'il renfermait un simple peigne.


- Je ne le ferme jamais pour éviter de troubler les esprits et éviter que quelqu'un l'abîme en le forçant. Il ne renferme que ce peigne qui n'a de valeur qu'à mes yeux. D'ailleurs je porte souvent sur moi sa petite clé, en souvenir de celui qui me l'a offerte.

C'est un patient qui m'en a fait cadeau un jour, en remerciement des soins que je lui avais prodigué. Quelqu'un de passage.


Albreicht lorgna sur la clé que la jeune médicastre lui présenta. Non, ce n'était pas cela non plus. Faisait-elle exprès de multiplier les pistes à propos de ce coffret pour en éloigner la vérité, ou ignorait-elle véritablement sa véritable utilité ?
Les mots concernant ce patient de passage attira tout de même son attention.


- Ce devait être un homme fortuné. Se défaire d'un si joli bien, bien que je ne remets absolument pas la qualité de vos soins, cause tout de même un pincement au coeur, je présume. A moins d'être fortuné et d'en avoir semblables en quantité. Peut-être.

- La nuit ne va pas tarder à tomber. On y voit moins clair.


Elle ne répondit pas, s'approchant de l'âtre pour emprunter un peu de ses flammes avant d'allumer des petits bougies ci et là.
Ce silence et ce changement de sujet parurent suspect aux yeux du brigand qui lança un regard furtif au fond de la salle.
La brune revint bientôt, toujours avenante et souriante, versant une autre infusion dont les volutes de vapeur d'eau dansaient suavement à la lueur des faibles chandelles et dans le calme reposant de l'endroit.


- Toujours pas tenté par cette infusion ?

- ... Je ne sais pas... Et toi Rupert ?


A ces mots, un fracas de poterie brisée retentit comme un roulement de tonnerre, et le tintement de la terre cuite brisée sur le sol fut étouffé par la flaque brûlante qui coulait sans bruit.
Le vieux brigand s'était glissé derrière la médicastre et lui avait brutalement attrapé les poignets avec sa main valide et un force surprenante, et la longue dague qu'il serrait entre sa mâchoire menaçait le cou vulnérable de la jeune femme.
Albreicht frotta sa barbe et empoigna ostensiblement son épée dissimulée sous le manteau posé, puis il commença à faire le tour de la pièce pour souffler sur les bougies, afin de ne pas attirer l'attention et faire croire que la bâtisse était vide.
Et tant pis pour le bruit et la faible lumière de la cheminée, il savait que Fly tiendrait les gens trop curieux à distance suffisante pour qu'ils ne perçoivent rien.


- Fais-la assoir.

Rupert avait bien trop d'expérience et son manque de scrupules pouvait tenir les demoiselles en respect et les empêcher de bouger, même avec un seul bras.
Le grand homme revint et s'assit calmement face à elle. La lueur des flammes émanant de la cheminée donnait à son visage un air à présent inquiétant.
Il s'adressa à elle d'une voix plus lente, glaciale.


- ... Je ne sais toujours pas si vous êtes vraiment très douée pour jouer la comédie... Mais mon impression est que vous ne savez rien de ce coffret et de ses secrets...
Alors pour vous remercier pour votre aide et votre hospitalité, je vais vous révéler ce que vous n'auriez jamais soupçonné...
Cali
- Rupert?

Cali resta indécise, se demandant comment l'homme qui lui faisait face pouvait connaître le prénom de l'inconnu qu'il avait secouru.
La réponse ne se fit pas attendre et l'assurance de la jeune femme se déchira aussi brusquement que la tasse d'infusion qui se brisa sur le sol dans un éclatement sec, répandant son contenu encore brûlant, quand le dit Rupert s'empara de ses poignets, les tordant dans son dos sans ménagement.
Une peur glacée s'insinua en elle, resserrant sa gorge au point qu'elle dut déglutir, les tempes battant sourdement au rythme de son coeur qui s'affolait.
" C'était un piège... que me veulent ces bandits? " : pensait la jeune femme, les idées trop confuses pour essayer de tenter quoique ce soit. Et même si elle l'avait voulu, le froid d'une lame contre son cou l'en dissuada.

Silencieuse, elle suivait des yeux le déplacement de celui qui devait être le chef, et qui , éteignant une à une les bougies de la pièce, amenuisait en elle tout espoir d'être secourue. Supposition confirmée quand il donna l'ordre à son acolyte de la faire asseoir.


- ... Je ne sais toujours pas si vous êtes vraiment très douée pour jouer la comédie... Mais mon impression est que vous ne savez rien de ce coffret et de ses secrets...
Alors pour vous remercier pour votre aide et votre hospitalité, je vais vous révéler ce que vous n'auriez jamais soupçonné...


Le ton de la voix était mesuré et glacial. Même les flammes jouant sur le visage de l'homme qui s'était assis en face d'elle ne parvenaient pas à adoucir ses traits, le rendant encore plus effrayant et déterminé.
Cali ne savait pas trop si elle devait se réjouir des révélations qu'il s'apprêtait à lui faire concernant le coffret de Donagan, ou en craindre les conséquences. La nuit maintenant assombrissait entièrement l'intérieur du dispensaire. Elle craignait à présent que Yoyo, inquiet de ne pas la voir rentrer, parte à sa recherche et tombe lui aussi entre les mains de ces renégats.
Elle resta calme, régulant sa respiration , avant de lui répondre d'une voix posée.


- Je vous écoute...
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Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Albreicht
- Je vous écoute...

Albreicht laissa un sourire effleurer ses lèvres. La jeune femme savait garder son sang-froid et ne semblait pas paniquer outre mesure. Il fut presque admiratif sur le moment. Et puis il était de bonne humeur, il voyait le chemin s'éclaircir, et il était si proche de son but, il le sentait, après tant d'années...

Lui raconter son histoire ? A une inconnue qui n'avait sans doute rien à voir avec toute cette affaire ? Pourquoi perdre du temps et ne pas s'empresser de prendre ce qu'il était venu chercher ?
La lente euphorie qui le gagnait faisait courir son sang dans ses veines, lui rendant la vie qu'il ne sentait plus en lui depuis si longtemps. Il voulait savourer ce moment, sans doute. Il voulait mettre des mots sur tout ce qui s'était passé, donner plus de poids à son triomphe. Puis ses yeux se voilèrent de glace de nouveau, manipulant le coffret en bois de rose entre ses doigts forgés par le labeur et la lame.


- Tu peux la relâcher Rupert. Elle a compris la situation dans laquelle elle se trouve, et elle ne fera rien de stupide. Et puis, après m'avoir entendu, il y a des chances qu'elle soit de notre côté.

Le vieux brigand plissa les yeux de méfiance et hésita... Puis finalement il relâcha les bras de la médicastre, gardant tout de même le tranchant de son couteau contre le cou vulnérable.
Albreicht mit la main sur son coeur et s'inclina élégamment devant la jeune femme.


- Veuillez me pardonner, je bafoue les usages en vous présentant la lame de mon épée avant mon identité. Je me nomme Albreicht. Je fus un officier de l'armée royale du Saint Empire Germanique.

Tout commença à Köln*, d'où je suis originaire, fils de marchand, simple roturier, j'ai toujours voulu défendre et me battre pour les miens.


Albreicht renifla imperceptiblement à la naïveté de ses idées à l'époque.


- Je me suis rapidement fait remarquer par ma rigueur et ma discipline, ce qui me permit de me hisser rapidement dans la hiérarchie militaire. J'étais ambitieux... J'avais une raison personnelle de me hisser toujours plus haut dans la hiérarchie.
Et un jour, dans une période de troubles qui allait amener des changements, une branche secondaire de la famille royale vint me voir afin de me proposer une mission. Une mission non-officielle, une de ses intrigues à la cour comme il y en a si souvent, afin de tenter d'arracher le pouvoir.


Le grand homme serra la mâchoire en prononçant ces mots. Et son regard se durcit encore, malgré sa voix qui restait atone et fluide.

- Le Roi de cette époque se mourrait, et un nouveau souverain allait être proclamé. Dans le Saint Empire, le Roi est élu par les sept Princes-électeurs, qui par ce titre possédaient une part des terres du Saint Empire et s'occupaient de ses affaires locales.
La branche secondaire de la famille royale voyait là l'occasion de mettre enfin l'un des leurs sur le trône. Mais le plus grand obstacle était l'Archevêque de Köln, qui était le plus influent des sept princes-électeurs et qui seul pouvait donner la majorité des voix à tel ou tel candidat. Et il ne comptait absolument pas voter pour l'un des membres de la branche secondaire de la famille royale.


Albreicht se frotta sa barbe. Il se permit de prendre une autre tasse et de la remplir de tisane pour sa captive.

- Ma mission consistait donc à réunir un trésor afin de rassembler une armée conséquente pour prendre d'assaut l'Archevêché de Köln. Une fois fait, nous aurions simulé avoir découverts des documents compromettants, que nous aurions fabriqués, dans le cabinet de l'Archevêque afin de légitimer sa destitution et ne pas provoquer de problèmes auprès de la Papauté -et même de l'avoir de notre côté en ayant son accord- et du reste du Saint-Empire. La branche secondaire de la famille royale aurait alors placé une personne de leur choix à Köln, et ils se seraient assurés la majorité des voix et aurait eu accès au trône.

L'ancien chevalier leva ses yeux sombres et durs vers la médicastre et ajouta :


- Et puis, de toute manière, l'Archevêque de Köln de l'époque était la pire des ordures.

Albreicht se leva et se mit à arpenter la pièce, ses yeux s'étant habitué à la pénombre et à la lueur changeante de la cheminée. Il regarda Rupert qui grimaçait un peu sous la douleur de son bras cassé à cause de la position qu'il gardait. Le grand homme savait que le vieux roublard tiendrait encore et qu'il ne relâcherait pas sa garde.

- On peut dire que ma carrière de brigand commença à peu près à ce moment...
Avec une garnison, déguisés en civils ou en prospecteurs d'impôts, nous réalisions des embuscades afin de piller les transports de pièces ou nous attaquions des propriétés. Nous changions d'identité chaque jour. Nous ne laissions aucune trace. Nous étions prudents et le trésor s'accumulait.

Oh, au fait, saviez-vous que votre ami Donagan était des nôtres ?


Albreicht avait lancé cette dernière phrase sur un ton anodin, mais il savait qu'elle n'en n'aurait que plus d'impact ainsi. Il fit quelques pas et revint s'assoir face à elle.

- Donagan avait un double rôle. C'était un homme de main, très intelligent, qui était capable d'obtenir des tas d'informations... En quelque sorte, un espion. Sous ses couverts guillerets, Donagan n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler... un homme recommandable.

Le trésor s'accumulait et il était évident que nous ne pouvions pas le garder dans nos poches en permanence. Le rôle de Donagan était de cacher l'argent en lieu sûr et de veiller à ce que tout se passe bien en me surveillant aussi. Pour cela il avait fait appel à un architecte de génie, ou plutôt un fou, Ulmerich. Ce dernier permettait de faire un système afin de rendre le trésor invisible, et de le protéger même si on finissait pas le trouver, sans que nous ayions à être là. Et c'était l'idéal, si on surveillait nos activités, il serait toutefois impossible de savoir où nous cachions notre butin car nous ne postions personne nulle part.
Je dois reconnaître que Donagan était très fort pour gérer tout cela, et fausser les pistes. Toutefois il nous avait remis un plan de la cache, et c'est bien là que nous déposions nos butins à chaque fois. C'était une bâtisse quelconque, avec de profondes galeries conçues par Ulmerich.


Rupert finit par s'assoir et détendre les articulations de son dos et de sa nuque. Il tisonna également le feu.
Les yeux sombres d'Albreicht commencèrent à s'embraser, perdu dans les souvenirs de son récit, et sentant la rancoeur ressurgir.


- Au bout de quatre longs mois, nous fûmes prêts, la branche secondaire de la famille royale lança les hostilités, afin de faire croire à l'archevêché que ses forces étaient moindres, et nous comptions sur l'effet de surprise lorsque nos rangs gonfleraient de manière prodigieuse grâce à notre trésor. Mais ce fut une erreur.

La branche secondaire de la famille royale fut implacablement anéantie lors de la bataille. Sa petite armée fut engloutie et jamais les renforts ne vinrent. Car Donagan nous avait mystifié.


Albreicht serra le poing et sa respiration s'était accélérée.


- En allant chercher le trésor, non seulement l'endroit était vide, sans trésor, mais en plus il était piégé. J'ai perdu la plupart de mes hommes ce jour-là, dans ces fichues galeries. D'autres ont perdu foi en moi.
Pendant tout ce temps-là, pendant que nous remplissions cette cache, Donagan déplaçait le trésor à un autre endroit. Et il révéla tout aux autorités avant de disparaître.

Les membres survivants de la branche secondaire de la famille royale, jusqu'à leurs plus jeunes enfants, furent jugés, exécutés ou enfermés. Il n'y a qu'un ou deux d'entre eux qui ont pu négocier leur survie.
Quant à moi, je fus déclaré hors-la-loi et ma tête a été mise à prix, mais jamais ils n'ont pu m'arrêter. J'ai tué l'architecte Ulmerich de mes propres mains après l'avoir retrouvé. Il ne m'a jamais avoué jusque dans son dernier souffle où se trouvait le trésor, mais j'ai pu trouver dans les archives de ses travaux de nombreux indices.

J'ai recruté d'autres brigands, des vrais, dont Rupert, et depuis je suis à la recherche de ce trésor, que j'utiliserais afin d'attaquer l'Archevêché de Köln.


Une expression terrifiante s'afficha sur le visage grave d'Albreicht. Peinte de détermination, de vengeance aveugle, sans se soucier des conséquences. Puis il inspira profondément et se leva de nouveau. En deux pas, il avait retrouvé son calme.

- Voilà. Vous savez quasiment tout. Enfin à part une chose encore. Cela fait près de dix ans que tout cela a eu lieu. Il y a quelques années Sly, un autre de mes hommes, l'avait retrouvé../ Il avait retrouvé Donagan, et cet imbécile avait failli le tuer en le rouant de coups, sans le faire dire où se trouver le trésor, et la clé. C'était pas loin de cette ville d'ailleurs.
Et toutes ces années, à essayer de pister Donagan, à essayer de trouver la véritable cache de notre trésor et bien... tout cela se termine aujourd'hui.

Cela fait un certain temps qu'il rôde fréquemment ici plus particulièrement. C'est qu'il doit y avoir une raison.


Il se tourna vers la jeune femme et retira les rivets du coffret en bois de rose.

- Je vous avais promis de vous révéler les secrets de ce coffret, n'est-ce pas ?
Et bien voilà.


En quelques mouvements, le grand homme tâtonna mais finit par déplier correctement les côtés reliés entre eux du coffret, pour en faire un patron géométrique classique en forme de marelle, avant de le remonter dans un autre sens et de transformer l'objet en un disque inégal. Puis Albreicht se baissa et glissa le disque de côté dans un interstice qu'il avait repéré en fouillant la salle du regard un peu plus tôt, et le fit tourner sur lui-même dans l'encastrement de la pierre en forçant un peu.
Un bruit sourd semblant venir de nulle part résonna, un long bruit de courroie métallique, grinçante, puis le sol trembla, le plancher vibrant et soulevant un nuage de poussière grise au dessus du parquet.
Albreicht reprit sa lourde épée à deux mains et frappa le plancher de toutes ses forces, crevant le parquet d'un coup, comme s'il était devenu soudainement creux.
Tandis que l'écho des brisures de bois remontait du silence de l'ouverture, le grincement des chaînes, qui se balançaient et qui retenaient un pan de pierre qui devait être le support du plancher quelques secondes plus tôt, leur parvenait. A la faible lueur de la cheminée, on distingait à peine les premières marches de ce qui semblait être un escalier qui descendait sous le dispensaire.
Albreicht se releva et rengaina son épée. En prenant une bougie qu'il ralluma, il leva son visage calme et sérieux, même si sa voix trahissait une certaine satisfaction.


- Ce coffret... n'en est pas un.
Ce coffret est la clé de la cache de mon trésor que je cherche depuis si longtemps. Il semble que votre dispensaire est le lieu que Donagan et Ulmerich avaient choisi, ici, dans cette ville si éloignée de Köln et de mon champ de vision...

Si le coeur vous en dit, viendrez-nous avec nous pour découvrir les autres secrets du dispensaire ?



* Köln : Cologne
Cali
- Tu peux la relâcher Rupert. Elle a compris la situation dans laquelle elle se trouve, et elle ne fera rien de stupide. Et puis, après m'avoir entendu, il y a des chances qu'elle soit de notre côté.

" De leur côté? Ca me ferait bien mal tiens "

Quelques soient les raisons invoqués, Cali restait sur ses gardes, soulagée tout de même de ne plus être maintenue.
Soulagement de courte durée car sur le cou fin de la jeune femme se plaqua le froid tranchant d'une lame.
La voilà toujours prisonnière, étonnée que soudain celui qu'elle prenait pour un rustre s'incline et se présente comme un ancien officier de l'armée Royale du Saint Empire Germanique.
Et tout au long d'une explication digne de figurer dans les registres Germains, Cali alla de surprise en découverte.
Quoiqu'il lui en coûtait, dans la position inconfortable qui était la sienne, elle trouvait le récit d'Albreicht passionnant, riche en intrigues et en rebondissements.

Raide comme un piquet à cause de cette lame si proche de son cou, la médicastre tressaillit à l'évocation de Donagan.
Elle riva son regard à celui d'Albreicht qui venait de s'asseoir à nouveau devant elle.


- Donagan...
" Comment connaît-il son nom.... Ne dis rien qui le mettrait en danger. Tu ne sais rien de ces hommes et ce récit peut très bien être monté de toutes pièces. "

La jeune femme , méfiante, mettait encore en doute les paroles de l'homme qui lui faisait face. Quand il poursuivit son récit sur les intrigues autour de ce trésor jalousement gardé, déplacé puis disparu en y impliquant Donagan, Cali commença à se décomposer. Tout se regroupait tellement bien.
Elle ne se rendit même pas compte tout de suite que l'autre brigand avait relâché son attention pour s'asseoir aussi. Cette délivrance là ne soulagea aucunement Cali, perdue dans ses pensées.
Donogan avait trompé tout le monde. Et Elle?.... elle...
La froide détermination sur le visage d'Albreicht, la colère qu'elle lut dans son regard lui fit froid dans le dos.


Je vous avais promis de vous révéler les secrets de ce coffret, n'est-ce pas ?
Et bien voilà.


Cali écarquilla les yeux en voyant l'homme décortiquer et démonter son joli coffret en bois de rose, et en faire au final une espèce de forme ronde qu'il introduit ensuite dans une fente du mur qu'elle n'avait même jamais remarqué. La médicastre se leva d'un bond en plaquant ses mains sur ses oreilles pour étouffer le bruit discordant qui suivit, puis sursauta quand Albreicht défonça comme un fou le parquet de son dispensaire à grands coups d'épée.
Abasourdie elle regarda survoler un gros nuage poussiéreux qui retomba en multiple particules sur le sol, et s'approcha la bouché bée pour découvrir les premières marches d'un escalier.


Ce coffret... n'en est pas un.
Ce coffret est la clé de la cache de mon trésor que je cherche depuis si longtemps. Il semble que votre dispensaire est le lieu que Donagan et Ulmerich avaient choisi, ici, dans cette ville si éloignée de Köln et de mon champ de vision...

Si le coeur vous en dit, viendrez-nous avec nous pour découvrir les autres secrets du dispensaire ?


Le regard perdu vers les marches se tourna vers la voix.

- Si le coeur vous en dit... ?
Cali inspira profondément puis soudainement explosa de colère.

- Si le coeur vous en dit ???

Levant les bras en l'air elle continua sur sa lancée.

- Ben voyons!!! Vous faites irruption chez moi, vous me maintenez prisonnière en me racontant tout un récit,
vous défoncez le sol de mon dispensaire !
Et vous vous imaginez quoi au juste ?? Que je vais vous attendre sagement sur une chaise en dégustant une verveine ??
Foutredieu!
Evidement que je vais descendre là dedans! C'est peut-être votre trésor, mais c'est MON dispensaire. Ce que vous y découvrirez est à vous.
Mais rien ne m'empêchera de savoir ce qu'il y a la dessous!
Un instant, je reviens.


Passant devant Rupert et son bras cassé, la jeune femme s'arrêta, furibonde, et l'invectiva en pointant son doigt sur lui.

- ET VOUS! Oui vous! Espèce de gougnafier!! Qu'est-ce que vous aviez besoin de me coller une lame sur le cou! Vous êtes deux grands gaillards contre une femme.
Qu'est-ce que vous avez imaginé hein? Que j'allais me défendre en vous jetant des bandelettes de lin et des sachets de plantes?!!


Elle tourna les talons en se dirigeant vers son cabinet d'auscultation et revint peu après, un fichu noué sur la tête et un flambeau à la main.
Un peu calmée, une colère sourde au creux du ventre, Cali tendit le flambeau à Albreicht en lui échangeant contre la bougie.


- Les araignées je les consomme en gratin mais j'ai horreur de les sentir courir sur ma tête.

La jeune femme regarda l'ouverture dans le sol et poussa un profond soupir.

- Un jour, j'ai recueilli un pauvre hère devant la porte du dispensaire, dans un état miséreux, couvert de sang. Il avait été roué de coups. J'ai bien cru ne pouvoir le sauver...
Il est resté longtemps alité, ayant même perdu l'usage de la parole...
Il s'est remit peu à peu. Cet homme s'appelait Donagan. Avant de disparaître, il m'a offert ce coffret en bois de rose... pour me remercier...


Cali secoua légèrement la tête de dépit.

- Quelle meilleure cachette pour une clé que de la laisser entre les mains d'une inconnue... et crédule avec ça. N'est-ce pas?
Bien... he ben allons-y. Allons voir quels secrets se trouvent sous mon parquet!

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Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Yoyo_le_rouble
La pluie tombait toujours. Inlassable, grise, claquante. L'eau glissait le long des branches et des écorces, le long des verres, des tuiles, pour se retrouver dans les flaques qui apparaissaient, épars, le long des chemins et des petites cours. Elle tambourinait en rythme irrégulier, elle courbait les rares jeunes pousses du Printemps qui tardait et clapotait encore et encore, devenant invisible, juste sonore, sous la faible lumière du jour qui se retirait définitivement pour faire place à la pluie et à la nuit.

Yoyo était debout sur le pas de la porte, dans leur petite maison, celle qui était à Cali et qui est devenu la leur. Balthazar était à ses côtés, assis calmement sur son séant, les babines closes, l'air maussade de ne pas avoir pu batifoler aujourd'hui au milieu des papillons, de ne pas être sorti se perdre dans la nature. Son museau dépassait un peu de la devanture protectrice, indifférent pourtant à la pluie qui lui rebondissait dessus.


- Il est tard.

Tous deux scrutaient patiemment la petite ruelle qui menait au petit portail, guettant l'arrivée imminente du rayon de soleil de leurs vies. Celle qui prenait soin d'eux et les empêchait parfois de se chamailler, celle qui leur donnait le sourire chaque jour, qui remplissait leurs vies à elles seules.

- Cali...

Yoyo leva le nez au ciel et regarda les nuages immobiles, bas, et les gouttes de pluie filer droit vers lui.
Ce n'était pas la première fois que son adorable compagne rentrerait tard. Il lui arrivait souvent de ne plus voir l'heure en s'occupant du dispensaire ou d'un patient de dernière minute qu'elle ne refusait jamais.
Pourtant, ce soir-là, une légère inquiétude voilait son coeur et ses pensées, comme une boule pesante à l'intérieur de son estomac, qui rendait les battements de son coeur douloureux. Etait-ce la pluie qui influençait son humeur et son jugement ? Etait-ce autre chose ? Quoi qu'il en fût, il savait qu'il ne serait rassuré qu'en la voyant apparaître rapidement.

Soudainement, un mouvement attira son attention. C'était Balthazar qui venait de se lever et d'émettre un faible gémissement suivi d'une tentative d'aboiement enrouée.
Le charpentier fixa alors devant lui et se concentra en cherchant du regard avant de finalement voir au bout de quelques secondes une silhouette se dessiner peu à peu à travers le rideau de pluie et la pénombre du soir et se rapprocher d'eux.
Sans attendre, Yoyo fit un pas, puis d'autres plus rapides afin de rejoindre cette personne, le coeur plein d'espoir, tandis que Babal tournait sur lui-même, aboyant de manière hésitante, et n'osant encore affronter la pluie qui se déversait sur son humain de compagnie.
Arrivant à sa hauteur, Yoyo s'arrêta et dévisagea longuement la personne qui venait à eux, avant de froncer les sourcils, dans le tumulte murmuré de la pluie.


- ... Donagan ?
Donagan
La lumière blafard de l'aurore délavait les ténèbres de la nuit, et faisait apparaître les nuages qui s'amoncelaient, réunis par le vent zélé dont les résidus persistants faisaient trembler les fines branches parcourues de bourgeons.
Les yeux mi-clos, emmitouflé dans sa cape, allongé sur la branche d'un chêne de la forêt comme il en avait pris l'habitude pour passer les nuits, Donagan somnolait.
Cela faisait si longtemps que le troubadour ne dormait plus vraiment... Ses rêves et ses pensées étaient chargés de démons. Le poids de sa culpabilité et de ses choix lui pesaient plus sur les épaules que sur les paupières.
Des choix et des erreurs. Et à présent il avait renoncé à toute identité, à toute vie, afin de poursuivre ce pour quoi il avait trahi, trompé, menti, manipulé, tué parfois. S'il arrêtait maintenant, tout ce qu'il lui semblait nécessaire de faire n'aura servi à rien. Des images, des pensées, des voix, et ses actes hantaient ses pensées, qu'il dissimulait derrière une bonhommie naturelle, mais qui revenaient le broyer intérieurement chaque soir.

Et son sommeil était encore plus difficile à trouver suite à son agression où il avait failli perdre la vie, sauvé par la personne qui s'occupait de l'endroit qu'il devait protéger, ce qui était à présent un dispensaire renommé. Une couverture parfaite pour dissimuler un trésor de brigands.
Sa méfiance s'était exacerbée et il faisait encore plus attention afin que personne ne le trouve de nouveau, surtout pas eux, même s'il passait son temps à mettre Albreicht et ses hommes sur des fausses pistes. Après tout, s'ils le retrouvaient, il retrouverait la clé et le trésor, car il était le seul à savoir, à pouvoir les y mener. Il revoyait parfois, lorsqu'il fermait les yeux, la semelle des bottes de Sly et des autres brutes lui écraser le visage et le torse. Et la douleur se réveillait encore, elle n'était jamais partie, elle l'accompagnait, s'ajoutant à ses démons intérieurs. C'est la peur terrifiante née de cette agression qui l'avait poussé à confier la clé à Cali, celle qui lui avait sauvé la vie et qui tenait le dispensaire. Ainsi au moins, il pensait que même s'ils le retrouvaient de nouveau, il pourrait mourir dignement sous leurs coups, sans la clé, et gardant secret pour toujours l'emplacement du trésor.

Petit à petit, au fil des années, à force de revenir s'assurer que tout aille bien au dispensaire de Thouars, il voyait le lieu évoluer, et s'était attaché en silence à Cali, même s'il s'interdisait d'entrer de nouveau en contact avec elle. Mais c'était également ainsi qu'il fit la connaissance de son compagnon, Yoyo, et qu'un jour, en passant par là, il le vit en grande difficulté dans son atelier en essayant de fabriquer une harpe pour sa compagne. Donagan lui apporta ses connaissances en instrument, et c'est à deux qu'ils parvinrent à fabriquer cette harpe.
Puis il disparut de nouveau, sans laisser de trace.

Les nuages menaçants ne tardèrent pas à se crever dans la mâtinée. Et la pluie se mit à baigner la ville et ses alentours, voilant la lumière du ciel, assombrissant les ruelles et l'humeur du troubadour qui n'était déjà pas au beau fixe. Mais la pluie lui permettait de louvoyer encore plus facilement, sans être vu. Le troubadour restait toujours en mouvement, et à Thouars jamais longtemps. Il allait de nouveau sur les routes.
Donagan vivait dans un monde de silence et de solitude depuis tant d'années à présent, et le clapotis sur les pavés et sur les toits ressemblait au brouhaha et à l'animation de la ville. Il en était indifférent. Il reportait ses sens et son talent observateur sur les signes de dangers et sur les traces d'Albreicht et de ses hommes, toujours aux aguets.
Et alors que les gouttes de pluie martelaient son corps et ses habits, il arrêta ses pas au milieu d'une rue. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose n'était pas habituel.
L'intuition peut-être, l'expérience sans doute, accumulées pendant des années. Ni une, ni deux, Donagan s'effaça dans les ombres et fit volte-face pour se rendre au dispensaire.

Culminant à son point d'observation habituel, qu'il savait sûr et indétectable pour l'avoir souvent mis à l'épreuve, le troubadour sentit son coeur s'affoler et reçut comme une décharge dans le cerveau.
Il repéra les quelques hommes disséminés ça et là dans les recoins de la rue, et il repéra Sly, et, comme dans un cauchemar effroyable, le pire des scénarios se déroula. Donagan vit Cali inviter Rupert et Albreicht à l'intérieur du dispensaire.
Des milliers de pensées se bousculaient dans la tête de l'espion. Des questions sans réponses. Que faisaient-ils ici, que diantre ? Comment ? Comment avaient-ils repéré finalement ce lieu ?
Donagan cligna un oeil sous la douleur et l'effort de réflexion. Brouillé et brouillon, il comprit à peu près qu'il avait commis deux autres énormes erreurs.
Revenir à Thouars et au dispensaire trop souvent alors qu'il était sans cesse pisté.
Et avoir laissé le coffret à Cali, au dispensaire... Avoir laissé la clé du trésor à l'emplacement du trésor.

Et sa troisième erreur, qu'il venait de comprendre et dont il n'avait jamais eu conscience jusqu'à présent... Avoir impliqué Cali et la mettre en danger, dans le viseur d'hommes peu recommandables.

Sa respiration se fit difficile et les douleurs dans ses membres se réveilla sous l'humidité de la pluie. Depuis son agression il était beaucoup moins agile et il gardait de nombreuses séquelles. Et dans le cas précis, tous les hommes d'Albreicht étaient là, et Sly surveillait la rue. Il connaissait leur manière de procéder, ils ne laisseront personne s'approcher du dispensaire.

Donagan devait empêcher l'ancien militaire du Saint-Empire mettre la main sur le coffret, sur le trésor... Mais il avait beau réfléchir aux différentes options, il ne pourra pas y arriver seul.
Il avait besoin d'aide.
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