Deltamu
RP semi ouvert ou semi fermé, c'est selon, si envie de participer, MP !
Delta contemplait sa réserve de plantes, le regard morne. Elle baissait à vue dil et commençait vraiment à faire pitié dans la dose de certaines dentre elles. Certaines étaient trouvables toute lannée mais elle devait en user malgré tout avec parcimonie. Le pire étant celles venues des Indes. Ses finances nétaient pas des plus hautes et les remèdes se faisaient chers. Dailleurs pour ça quelle se les concoctait elle-même.
Dordinaire, elle sen allait cueillir régulièrement, nattendant pas dêtre presque en rupture, mais dernièrement, elle se faisait plus rêveuse, moins efficace, plus naturelle. Elle avait été marquée. Et cette marque, se rappelait à son souvenir, suffisait quelle y pose les yeux en fait. Moins douloureuse, comme de belles sensations qui ne voulaient quitter sa chair. Elle noubliait pas le marquant marqué, loin de là, mais sétait trouvé un appréciant appréciable.
Et le marquant lui avait appris à profiter. Juste, profiter vraiment de linstant au lieu de sen aller chercher un peu partout. La brûlure quelle sétait faite aux ailes lui avait appris que la douleur nétait que résultante dun véritable bonheur préalable, et que, ça valait le coup. Alors, quand elle avait rencontré lhomme dont elle partageait le lit et un bout de la vie depuis quelques jours, semaines, elle navait guère compté, profitant simplement, quand elle lavait rencontré, donc, et après quils aient longtemps évoqué leurs correspondances respectives, elle avait décidé de sessayer à la relation à deux. Et ça prenait du temps et occupait lesprit. En bref, elle avait oublié la tisane.
Étrange. Au début elle avait limpression de sêtre un peu raccroché à lui parce quil lui était agréable, quelle voulait le connaitre un peu, quelle souffrait, mais ne laurait pas avoué. Et puis, la souffrance sestompant, aisément à ses côtés, leurs joutes verbales, la rhétorique et la mauvaise foi dont elle faisait preuve, tout ça le fit rendre plus quagréable, bien plus. Sans parler des vérifications Sans en parler, non mais ! Mais, ça non plus elle ne laurait pas avoué. Elle observait encore son poignet, guettait le ciel, cherchant à percevoir un battement dailes, encore. Mais simplement parce quelle avait envie davoir des nouvelles. Par curiosité aussi. Lamateur de miel lui avait dit quelle loublierait sans doute, il sétait trompé. Elle noubliait pas, était bien, ailleurs, mais noubliait pas.
Prenant sa plume, un vélin, elle entreprit de faire son premier courrier de sa main propre, sans aide. Le livre de comptines que Selrach lui avait offert sous la main il lui servirait de référence pour lorthographe elle commença de rédiger. Un billet tendre, curieux, bourré de fautes et le mot est faible. Tôt ce matin là, un volatile prit son envol alors que des mains pleines dencre empoignaient qui une besace, qui un couteau et que des pieds emmenaient un corps hors dun logis après que des lèvres furent allées déposer un léger baiser sur un front dendormi.
Au fil de ses pensées, elle songea que ces derniers temps, sa vision des choses évoluait. De papillon insaisissable, dabeille butineuse, elle était passée à mante. Sans religion, toujours, nexagérons rien. Son ami-amant, en ce moment plus ami aimant amicalement était revenu de chez les nonnes. Décidément, ils nauraient fait que se croiser. Il navait pas lair de lui en vouloir de ces défections (non ce nest pas censuré, cest bien le mot utilisé). Avant son départ et à son retour. Mais bon, comme il disait, il nétait pas jaloux.
Elle arrivait en vue du lieu désiré. Son esprit se concentra dès lors sur où poser ses pieds. Et dire que ces plantes devaient être cueillies pleines de rosée pour être le mieux. Rosée du matin, chagrin ? Bof. Cétait surtout que lorsque ladite plante se baladait en haut dune colline, mieux encore se trouvait être au bout dun sentier moussu, la rosée, et bien, ça glissait. Bien sûr, quelques lichens, mousse et autres champignons vinrent orner lintérieur de son paquetage, mais il lui fallait absolument ce truc là bas. Entre les racines quil ne fallait ramasser que la nuit allez savoir pourquoi, elle lignorait bien, elle et les machins quil fallait gorgés de rosée. Ce nétait pas tâche des plus faciles.
En équilibre précaire, une main bien arrimée à la plante désirée, elle commença à couper tout le monde connait lhistoire de limbécile qui coupe la branche sur laquelle il est assis ? Bah le principe est le même à couper donc, les tiges des herbes empoignées. La chose prévue se passa donc, elle se retrouva les quatre fers en lair, son butin dans une main, le couteau dans lautre et la tête cognée contre le rocher qui était auparavant sous lune de ses bottes. Si elle perdit connaissance, elle nen sut rien et se releva lorsque ses idées se furent remises en place. Ou du moins que la douleur sestompe et que, enfin persuadée de ne pas sêtre fait trop de mal, elle se releva, ses belles braies et ses bottes neuves qui nen avaient plus guère lair (neuf).
Elle fourra sa dernière acquisition dans sa besace, lajusta sur son épaule et tenta de rejoindre le logis appréciatif le plus discrètement du monde, la terre la maculant ne la mettant pas vraiment en valeur.