Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Une 'tite tisane ?

Deltamu
RP semi ouvert ou semi fermé, c'est selon, si envie de participer, MP !


Delta contemplait sa réserve de plantes, le regard morne. Elle baissait à vue d’œil et commençait vraiment à faire pitié dans la dose de certaines d’entre elles. Certaines étaient trouvables toute l’année mais elle devait en user malgré tout avec parcimonie. Le pire étant celles venues des Indes. Ses finances n’étaient pas des plus hautes et les remèdes se faisaient chers. D’ailleurs pour ça qu’elle se les concoctait elle-même.

D’ordinaire, elle s’en allait cueillir régulièrement, n’attendant pas d’être presque en rupture, mais dernièrement, elle se faisait plus rêveuse, moins… efficace, plus… naturelle. Elle avait été marquée. Et cette marque, se rappelait à son souvenir, suffisait qu’elle y pose les yeux en fait. Moins douloureuse, comme de belles sensations qui ne voulaient quitter sa chair. Elle n’oubliait pas le marquant marqué, loin de là, mais s’était trouvé un appréciant appréciable.

Et le marquant lui avait appris à profiter. Juste, profiter vraiment de l’instant au lieu de s’en aller chercher un peu partout. La brûlure qu’elle s’était faite aux ailes lui avait appris que la douleur n’était que résultante d’un véritable bonheur préalable, et que, ça valait le coup. Alors, quand elle avait rencontré l’homme dont elle partageait le lit et un bout de la vie depuis quelques jours, semaines, elle n’avait guère compté, profitant simplement, quand elle l’avait rencontré, donc, et après qu’ils aient longtemps évoqué leurs correspondances respectives, elle avait décidé de s’essayer à la relation à deux. Et ça prenait du temps et occupait l’esprit. En bref, elle avait oublié la tisane.

Étrange. Au début elle avait l’impression de s’être un peu raccroché à lui parce qu’il lui était agréable, qu’elle voulait le connaitre un peu, qu’elle souffrait, mais ne l’aurait pas avoué. Et puis, la souffrance s’estompant, aisément à ses côtés, leurs joutes verbales, la rhétorique et la mauvaise foi dont elle faisait preuve, tout ça le fit rendre plus qu’agréable, bien plus. – Sans parler des vérifications… Sans en parler, non mais ! – Mais, ça non plus elle ne l’aurait pas avoué. Elle observait encore son poignet, guettait le ciel, cherchant à percevoir un battement d’ailes, encore. Mais simplement parce qu’elle avait envie d’avoir des nouvelles. Par curiosité aussi. L’amateur de miel lui avait dit qu’elle l’oublierait sans doute, il s’était trompé. Elle n’oubliait pas, était bien, ailleurs, mais n’oubliait pas.

Prenant sa plume, un vélin, elle entreprit de faire son premier courrier de sa main propre, sans aide. Le livre de comptines que Selrach lui avait offert sous la main – il lui servirait de référence pour l’orthographe – elle commença de rédiger. Un billet tendre, curieux, bourré de fautes et le mot est faible. Tôt ce matin là, un volatile prit son envol alors que des mains pleines d’encre empoignaient qui une besace, qui un couteau et que des pieds emmenaient un corps hors d’un logis après que des lèvres furent allées déposer un léger baiser sur un front d’endormi.

Au fil de ses pensées, elle songea que ces derniers temps, sa vision des choses évoluait. De papillon insaisissable, d’abeille butineuse, elle était passée à mante. Sans religion, toujours, n’exagérons rien. Son ami-amant, en ce moment plus ami aimant amicalement était revenu de chez les nonnes. Décidément, ils n’auraient fait que se croiser. Il n’avait pas l’air de lui en vouloir de ces défections (non ce n’est pas censuré, c’est bien le mot utilisé). Avant son départ et à son retour. Mais bon, comme il disait, il n’était pas jaloux.

Elle arrivait en vue du lieu désiré. Son esprit se concentra dès lors sur où poser ses pieds. Et dire que ces plantes devaient être cueillies pleines de rosée pour être le mieux. Rosée du matin, chagrin ? Bof. C’était surtout que lorsque ladite plante se baladait en haut d’une colline, mieux encore se trouvait être au bout d’un sentier moussu, la rosée, et bien, ça glissait. Bien sûr, quelques lichens, mousse et autres champignons vinrent orner l’intérieur de son paquetage, mais il lui fallait absolument ce truc là bas. Entre les racines qu’il ne fallait ramasser que la nuit – allez savoir pourquoi, elle l’ignorait bien, elle – et les machins qu’il fallait gorgés de rosée. Ce n’était pas tâche des plus faciles.

En équilibre précaire, une main bien arrimée à la plante désirée, elle commença à couper – tout le monde connait l’histoire de l’imbécile qui coupe la branche sur laquelle il est assis ? Bah le principe est le même – à couper donc, les tiges des herbes empoignées. La chose prévue se passa donc, elle se retrouva les quatre fers en l’air, son butin dans une main, le couteau dans l’autre et la tête cognée contre le rocher qui était auparavant sous l’une de ses bottes. Si elle perdit connaissance, elle n’en sut rien et se releva lorsque ses idées se furent remises en place. Ou du moins que la douleur s’estompe et que, enfin persuadée de ne pas s’être fait trop de mal, elle se releva, ses belles braies et ses bottes neuves qui n’en avaient plus guère l’air (neuf).

Elle fourra sa dernière acquisition dans sa besace, l’ajusta sur son épaule et tenta de rejoindre le logis appréciatif le plus discrètement du monde, la terre la maculant ne la mettant pas vraiment en valeur.
Selrach
Au début tout était calme, les lapins, bien qu’énormes, broutaient l’herbe tranquillement –même si c’est un comportement bizarre pour des lapins, on ne relèvera pas – quand tout à coup, le berger des lapins en saisit un qui était en train de boire sa bière. À ce moment précis, les yeux des paisibles rongeurs devinrent rouges, comme injectés de sang, ils sautèrent sur le berger, arrachèrent sa tête, d’un seul coup net et précis. Galvanisés par cette nouvelle liqueur à laquelle ils avaient goûté, ils se précipitèrent vers le village. Ce n’était pas Aix, c’était un village au bord de la mer, et il y avait un fleuve, il n’ y était jamais venu, il ne savait pas ou il était ni pourquoi il était là, mais il voyait les lapins géant qui approchaient, petit à petit, pas par pas. Une fois à sa hauteur, il en vit un, en particulier, plus gros que les autres, avec de grandes oreilles et des dents acérées , d’un bond, il lui sauta dessus et …

Nooon !! Pas le gros lapin !


Il se réveilla en sursaut, tout transpirant, se sentant un peu ridicule, il se tourna vers Delta, vérifiant qu’il ne l’avait pas réveillée. Personne, un oreiller, la couette repliée, le lit froid … elle était partie depuis longtemps.

C’était incompréhensible, où était elle allée, si tard, en pleine nuit. Les pires scénarios se créaient dans sa tête, il ne savait pas quoi penser. Plusieurs possibilités étaient face à lui, il pouvait la chercher partout ou bien l’attendre. Ayant peur de ce qu’il pourrait découvrir en la cherchant, il se décida à l’attendre, s’installa sur la table de l’entrée, avec une bougie.

Quelques minutes plus tard, les lapins étaient de retour …

_________________
Deltamu
Coup de chance elle ne croisa personne, enfin personne de sa connaissance. L’aube était belle sur la campagne qui s’éveillait. Quelques coqs lançaient leurs cris, des lueurs poignaient derrière des volets tirés, de plus franches marquaient les emplacements des diverses tavernes. Des sons diffus laissaient deviner le réveil des habitants. Elle arriva près des murs enfin, le garde de faction la regarda d’un drôle d’air, l’ayant vu sortir quelques temps plus tôt dans une tenue plutôt propre. Elle lui adressa son sourire charmeur qui lui fit oublier de lui demander d’où elle revenait ainsi et passa. Elle accéléra le pas, souhaitant quitter ses vêtements souillés et rejoindre son appréciant au plus vite.

Appréciant… belle preuve de mauvaise foi que cette façon qu’elle avait d’amoindrir son ressenti de par les mots. Elle se cachait derrière eux mais sentait bien que l’homme n’était pas dupe. Quoiqu’il avait l’air d’en souffrir parfois. Mais quelle idée avaient les gens aussi d’aller lui parler d’amour et de sentiments ? Elle avait régressé, elle qui commençait à oser entrevoir… Ils parleront, plus tard, elle ne le savait pas encore, et puis il saura. Et elle aussi, et elle continuera de parler d’apprécier, lui, s’y mettra aussi, simplement pour ne pas l’effrayer, l’apprivoiser.

Elle arriva enfin chez lui, entra le plus discrètement possible, referma derrière elle et se défit de ses bottes. Souillées de boue encore, ce serait malvenu que d’aller en semer partout, et puis, elle serait plus silencieuse si elle ne voulait réveiller personne. Elle ne doutait pas que la bonne était déjà occupée, mais tout de même, ils s’étaient habitués à dormir tard. Se retournant, la besace à la main, elle l’aperçut, endormit sur une chaise, la tête posée sur ses bras appuyés sur la table, une bougie bien entamée à côté de lui.

Elle sourit, s’avança vers l’endormi et doucement, délicatement, lui effleura la nuque. Il était en sueur et son sommeil semblait agité. Elle fronça les sourcils, lui essuyant les perles qui ornaient sa tempe visible et son front. Elle décida d’essayer de le réveiller, posa sa besace pleine sur la table et déposa un baiser sur sa nuque, un autre sur sa tempe et un dernier, plus marqué, sur sa joue. Tout bas, elle murmura :
- Ne serions nous pas mieux dans votre lit ?
Selrach
Alors qu'il se battait corps et âme contre le lapin géant, une goutte de pluie lui tomba sur la nuque. Tout les lapins disparurent d'un coup, le noir total, le vide, la même sensation sur la tempe et voilà qu'il se retrouvait chez lui, une atmosphère plus chaleureuses, une petite lumière tamisée et un baiser sur la joue, très agréable, qui plus est par celle à qui appartenait les lèvres. Un petit murmure vint lui chatouiller l'oreille. - Ne serions nous pas mieux dans votre lit ? Subitement il se rendit compte de son réveil et se rappelant des événements de la nuit, se leva brusquement. Il était partagé par le bonheur de voir qu'elle était de retour, saine et sauve, le pire n'était donc pas arrivé. Mais le pire étant en fonction des possibilités, le pire qui était en cours un heure auparavant n'avait fait que rétrogader au stade du dessous.

Il ne crierait pas, ce n'était pas son genre, mais tout ce qu'il avait pu penser pendant son absence l'avait remonté, l'attente n'arrangeant rien -les lapins non plus -

- Où étiez vous ? Pourquoi m'avoir laissé seul ? Pourquoi en pleine nuit ? Il fallait laisser un mot ... Je me suis inquiété voyez vous . Je trouve le lit vide, personne dans la maison, pas de mot, partie ... sans prévenir personne, sans me réveiller ... qu'est ce qui vous a poussé à partir en pleine nuit et qu'il ne fallait pas que je sache ?

Se rendant compte soudain qu'il ne la laissait absolument pas parler, il s'arrêta, l'air grave, ne réussissant pas, hélas, à cacher à quel point il avait pu s'inquiéter, les traits tirés, marqué par les pensées horribles qu'il avait pu avoir -sur delta ET sur les lapins- Il la fixa, de ses yeux bruns en attendant les réponses.
_________________
Deltamu
A peine les mots eurent ils quitté ses lèvres que son appréciant se leva, d’un mouvement vif. Elle recula d’un pas, surprise, et le fut encore plus lorsqu’il commença à énoncer des paroles sèches sur un ton de reproche où… oui, c’était ça, elle sentait poindre de l’inquiétude. L’énervement avait pris le dessus malgré tout. Elle le laissa débiter ce qu’il avait à dire, gênée de n’avoir pas pensé à le prévenir. C’est qu’elle n’avait jamais connu ça elle, prévenir quelqu’un pour qu’il ne s’inquiète pas… Lorsqu’il eut fini, elle garda le silence un petit instant, effleura la joue appréciée de sa main, tendrement.

Elle sourit.


- Où j’étais ? Et bien… Dans les collines un peu plus loin, pas si loin en somme. En Provence, hein, pas en Somme…

Un léger toussotement, voilà qu’elle s’égarait encore.

- Si je vous ai laissé seul, c’est que vous dormiez paisiblement, tout simplement.

Elle fronça les sourcils, tentant de se rappeler toutes ses questions… pas l’heure de jouer à la rhétorique là, l’homme avait besoin de réponses claires. Elle n’avait pas pensé un seul instant qu’il aurait fallu le prévenir.

- La question de la pleine nuit… Ce n’est pas moi qui ai fait la recette.

Elle ne développa pas, ne songeant pas même qu’il n’avait aucune idée de quelle recette elle parlait…

- Vous laisser un mot ? Pardonnez-moi, mais… ce n’est pas le premier réflexe que j’ai. Vraiment pas, bien que j’aurais sans doute dû. Je ne voulais pas vous inquiéter.

Ses billes bleu sombre se relevèrent de la table qu’elle fixait auparavant pour venir se ficher dans les siennes.

- Vraiment pas.

Légère moue qui s’afficha sur ses lèvres, la demoiselle était désolée de l’inquiétude dont elle avait été la cause. Elle était un peu perdue, ce genre de situation, c’était la première fois qu’elle l’affrontait. Elle frissonna dans ses vêtements encore humides de rosée. Les derniers mots de Selrach lui revinrent à l’esprit. Sans répondre, elle se tourna vers sa besace, l’ouvrit et commença de sortir les plantes, une à une, les nommant et, pour chacune, donnant les modalités de cueillette, tranchage ou arrachage. Que des plantes nocturnes ou à ramasser à l’aube. Elle énonçait tout cela calmement, récitant.

Elle se retourna ensuite vers lui. Les yeux accrochés à ses billes brunes.


- Ce qu’il m’a pris ? C’est très simple. Je vis hors du temps, je ne réfléchis guère en ce moment. Et j’ai oublié de prendre ma tisane, quelques fois. Vous savez, « la » tisane. Je me suis réveillée cette nuit avec cette pensée en tête, ai voulu en faire, bien vite… mais il me manquait quelques ingrédients.

Elle montra la table où sa récolte siégeait d’un geste doux.

- Tous ne sont pas pour cette tisane, mais quand j’en trouve d’autres, je prends aussi. En bref, il devenait urgent que j’en reprenne. De la tisane.

Sans ajouter un mot de plus, elle attendit.
Selrach
Au fur et à mesure qu'elle s'expliquait, il se calmait, ses paroles le rassurait. Il la croyait, il savait aussi qu'elle n'était pas forcement habituée aux longues relations et donc pas habituée au us des couples. Lui non plus d'ailleurs, mais quoi qu'il en soit, c'était la première fois que ce genre de sentiment arrivait chez lui. A ce point douloureux, la peur de la perdre l'avait submergé telle une déferlante. Et sa réaction avait été à cette mesure. Son visage se détendit, lui aussi par la même occasion.

Mais ce fut de courte durée, à l'annonce du "pourquoi", il oublia le "où" et le "quand". Il fit une moue de surprise, mêlée d'une moue de peur, mêlée à une moue d'attente, ce qui, avouons le, ne lui donnait pas un visage très beau -contrairement à d'habitude-.

Il se rappelait de l'utilité de "la" tisane, et elle disait l'avoir oubliée. Rajoutons à cela qu'aucun des deux n'était chaste et les deux ensemble encore moins, la moue était justifiée... Il essaya tant bien que mal de rassembler ses idées, une par une. Surtout une en réalité, celle qui résultait de l'oubli de la tisane, celle qui faisait grossir le ventre, celle qui faisait nouer l'estomac. Il commença à parler en hésitant un peu sonné par la nouvelle


- La... la tisane ? Celle pour les... enfin pour les... ptits trucs rose là ? Et vous ? enfin... vous... pensez que... ?

Il ne finit jamais cette phrase, sous le choc, il fixa le vide quelques instants, perdu dans ses pensées.

Que ferait il si la réponse était oui ? Il ne le savait pas, il préférait ne pas se le demander, encore des questions qu'il ne s'était jamais posé. Deux mois auparavant, une femme aurait répondu oui à cette question, il l'aurait sans aucun doute abandonnée, lâchement. Mais là, c'était différent, tout était différent... tout.
_________________
Deltamu
Il la croyait, tant mieux d’ailleurs vu que ce n’était que vérité. Ah, ça y était, il commençait à comprendre l’intérêt de la tisane… Et pourquoi ça devenait urgent, son visage changeait d’un coup, du soulagement, il était passé à une bonne vieille panique. Elle voyait presque ses pensées cheminer en lui. Il ouvrit la bouche, laissant enfin sortir les mots pour exprimer ce qui l’avait, elle, réveillée en pleine nuit et poussée à partir au plus vite. Elle posa délicatement ses doigts sur les lèvres appréciées, lui sourit d’un sourire voulu rassurant.

- Je ne souhaite pas attendre de le savoir. Je ne pense rien, je sais juste que j’ai eu des oublis de tisane et que si je ne souhaite pas avoir de « petite chose rose » qui apparait dans ma vie, il me faut en reprendre, et vite.


Elle ignorait le débat intérieur qui l’habitait, pour elle, la question ne se posait pas, pas de braillard, elle n’en voulait pas entendre parler, et puis, lui non plus, de ce qu’ils s’étaient dit. Enfin, elle l’espérait. Ou pas. Elle n’avait jamais pensé à ça en fait. Lorsqu’elle papillonnait l’idée même n’était pas envisageable. Et puis changer des langes plein de déjections, être réveillée la nuit durant… enfin être réveillée la nuit tout court. Et puis, se retrouver déformée auparavant, non, l’idée ne lui plaisait pas.


- Vous m’accompagnez en cuisine ? Maintenant que j’ai tout… Je vais prendre une double dose, pour être sûre. Non ? Vous semblez songeur...


Un sourire, léger tandis que sa main se mêlait à la sienne après qu’elle ait remis ses ingrédients en sa besace. Elle l’entraina près du feu, et commença de préparer les herbes.
Selrach
Si elle l'avait oubliée il ne fallait plus tarder, en refaire vite, beaucoup, des litres, plus si il le fallait. Tout allait un peu vite dans sa tête, il s'emballait à tout allure. Heureusement il ne disait pas toutes les bêtises auxquelles il pensait, sinon elle l'aurait pris pour un imbécile, sans aucun doute. Mais bon, là il pensait, il pouvait donc penser ce qu'il voulait. Il pensa à faire un bain de tisane... Ça serait plus efficace, il se retint de le dire. Il pensa d'autres choses, mais après il allait se prendre lui même pour un imbécile et cela aurait été dommage.

Les paroles de l'être appréciée furent appréciables autant que les gestes qu'elle y associait. Tout ses gestes était dosés, réfléchis, la regarder parler, la regarder se mouvoir... Mieux, la regarder faire les deux en même temps était un spectacle dont il ne se lassait pas... Il pensait même qu'il ne s'en lasserait jamais... Mais cette pensée, il la gardait aussi pour lui, pour ne pas l'effrayer cette fois.


- Vous m’accompagnez en cuisine ? Maintenant que j’ai tout… Je vais prendre une double dose, pour être sûre. Non ? Vous semblez songeur...

- Je le suis... comme jamais je ne l'ai été.

Il n'eut que le temps de dire qu'il l'accompagnerait bien en cuisine qu'elle lui prenait la main et l'y emmenait. Il la regarda préparer les ingrédients, elle découpait, elle hachait, elle chauffait des choses. Lui ne comprenait pas grand chose à tout ça. Mais dans son observation il remarqua que ses vêtements étaient sales, mouillés.

- Il faut que vous vous changiez avant toute chose... Dommage que vous tombiez malade en évitant de tomber enceinte.

Il déglutit à ce mot, qu'il avait évité de dire jusqu'ici et continua tout de même.

- Je vais appeler la bonne, qu'elle vous donne des vêtements neuf et sec.
_________________
Deltamu
Songeur à ce point ? Il ne s’agissait que d’un oubli de tisane, elle en reprendrait, un peu plus que d’habitude et… Il n’y aurait plus de souci. Enfin, elle l’espérait. Elle ne s’imaginait vraiment pas avec un ventre rond. Et puis… mère encore moins. Tout allait s’arranger. Si si. Et lui qui avait l’air aussi inquiet à cette idée. Ne pas prononcer le mot, ne pas mettre de mot sur ce qu’ils craignaient, surtout pas. Trop tard. Lui, l’avait dit.

Les ingrédients chauffaient, mijotant tranquillement, certains seraient rajoutés plus tard. Il avait remarqué ses vêtements souillés, et, c’est là qu’il avait prononcé le mot. Elle n’avait nulle envie de voir la bonne arriver à ce moment précis. Elle l’arrêta tandis qu’il s’apprêtait à l’appeler.


- Je suis presque sèche, nul besoin de me changer. Les flammes vont achever d’évaporer l’humidité restante.

Souriante, elle l’entraina avec elle un peu plus près des flammes, s’appuyant dos contre lui, posant sur son ventre - vide, bien sûr qu’il était vide, ce n’était qu’une frayeur, inutile qui plus était - posant sur son ventre vide donc, les mains de son appréciant, les siennes par-dessus. Les yeux perdus dans les flammes, écoutant le son de l’eau, guettant le frémissement caractéristique qui lui indiquerait quand ajouter les dernières herbes, elle restait là, silencieuse.

Les derniers ingrédients intégrés, il ne restait plus qu’à laisser travailler les flammes qui lichaient le fond du récipient. Elle se tourna vers Selrach et, l’embrassa avec tendresse. Elle lui murmura juste tout bas un :
- Vous aviez raison, il fait froid. Ses vêtements étaient tout à fait secs. La demoiselle n’était pas du genre à se servir d’excuse bidon pour que son appréciant l’apprécie… quoique… peut être un peu en fait, ou beaucoup, au choix. Elle prit juste le temps d’ôter la tisane du feu puis elle se tourna de nouveau vers lui, sourire aux lèvres.
Deltamu
Ils partagèrent un instant comme ils savaient si bien le faire. Prenant profit de chaque geste, n’en perdant pas une miette. Ils s’aimèrent quoi, là devant l’âtre, respirant l’odeur de cette tisane qui leur avait causé tant de frayeur. Ils faillirent même être surpris par la bonne, le furent sans aucun doute, mais la domestique choisit de ne pas venir les interrompre. La frénésie des corps fut telle que la table finit bien dégagée. Elle se fit ainsi pardonner son départ nocturne et lui, son emportement.

De jour en jour, ils usèrent et abusèrent l’un de l’autre. Cette relation qui ne devait être que le profit d’un instant présent se prolongeait, elle s’attachait, lui aussi. Bien sûr, elle ne l’avouait pas ouvertement et lui, pour ne pas la brusquer préférait se taire. Une compréhension à demi-mot alors qu’ils s’amusaient à user de rhétorique, prolongeant des débats inutiles sur lesquels ils avaient la même idée. Pour le plaisir des mots. Pour le plaisir en fait.

Ce Vous dont ils usaient n’était que la marque de respect qu’ils se portaient l’un à l’autre, une forme de politesse qui leur laissait un semblant de distance, comme s’ils ne souhaitaient pas s’atteindre réellement. Mauvaise foi. Ils étaient accrochés l’un à l’autre comme bernique à son rocher. Si l’un était là, l’autre arrivait sous peu, et ils se saluaient eux avant de dire bonjour aux autres. Elle savait bien qu’elle n’aurait pas dû s’accrocher ainsi, l’indépendante qui devenait dépendante d’un regard, d’un geste, d’une parole, voire d’un silence. Bref, atteinte, touchée, marquée à nouveau.

A propos de marque, à son courrier précédent, celui dont un enfant serait honteux de l’écriture, elle reçut réponse. Un Brun voyageur lui avait fait don d’encre et de papier pour lui donner enfin recette. Sauf que le Brun éveilleur de sens ne savait faire recette classique. Il y était question de faire gémir le poisson dans la poêle brûlante, de lui offrir sauce et de bien travailler le tout. Entre autres petites choses du même acabit. Et, Delta, en toute bonne foi, n’avait pas tout saisi et demandé à son appréciant de lui lire le pli. Elle n’y répondit pas, ne souhaitant pas le blesser plus que le courrier ne l’avait fait.

Enfin, jusqu’à aujourd’hui. Parce que là, Delta, elle se barre, elle se taille de Provence, se décide à se tirer bien loin. C’est que, de mots en actes, ils ont fini par se le dire, ce qu’ils ressentaient. Ce fut dur, laborieux, les mots ne voulaient pas sortir. Il a fait le premier pas, sentant enfin le moment, parce qu’elle en parlait sans prononcer vraiment, passant d’apprécier à aimer. Même si, dans les faits, ça faisait un moment que c’était le cas, il était hors de question qu’elle le dise. S’avouer à la merci de ses sentiments, la dernière fois qu’elle l’avait fait, l’homme était parti. L’homme à la recette.

Le jour de la recette, d’ailleurs, Selrach lui a posé une terrible question, une interrogation qu’elle n’osait se faire elle-même. Si jamais lors de leur voyage, - parce qu’ils avaient prévu de voyager dès que le mandat qu’il effectuait comme on traine un boulet, serait terminé – Si jamais donc, ils en venaient à croiser le Brun, que se passerait il ? Elle n’en savait rien. Le Brun, en quelques jours lui avait fait découvrir qu’au delà des actes, il y avait des choses qui vous prenaient aux tripes. Selrach lui avait fait découvrir l’attachement qui dure. Mais le Brun dans la duré, ça aurait donné quoi ? Des tripes en nœuds ? Ou un broyage rapide, une charpie des sens, par Saens. Elle n’avait pas répondu. C’était pas plus mal.

Bref, là, Selrach s’est barré. Ou a attrapé un malheur comme diraient les vieux. Il a disparu, quelques jours à peine après celui où, enfin, ils s’étaient dit leur ressenti, il avait disparu. Pas un mot, pas une explication, rien. Et la Delta, toute fidèle et sentimentale qu’elle s’était avouée, la Delta, si tu ne l’entretiens pas, elle se lasse. Et vite. Après quelques jours de broyage sombre, elle s’est reprise en mains, a repris du poil de la bête, si ce n’est beaucoup, du moins assez pour bazarder son champ, laisser un peu de sous à une nouvelle tavernière pour qu’elle approvisionne la taverne durant son absence et … ciao Marseille !

Et elle a écrit au Brun. Une lettre simple parlant marques, oubli, disparition. Voyage aussi, celui qu’elle allait entreprendre. Elle voulait des nouvelles, de lui, enfin. Volatile parti. Portant des mots disant qu’elle allait vers l’Italie alors qu’elle prendrait la direction opposée. Un grand ménage en sa demeure, préparer quelques paquets, à remettre, une besace, pour son épaule, des provisions. Et Delta de se diriger, chargée, vers l’Hydromélide. Elle s’est trouvé une tavernière et demie. La demie, c’est l’expérimentée qu’a refusé le poste, l’entière, c’est la rousse qui fera fuir le client. Normal. Une ambiance comme elle les aime. Et puis les deux s’entendent bien avec Cimonie.

Elle a posé ses paquets sur le comptoir, dans l’un des herbes, une clef et un mot. Un autre contient une bouteille, avec, dessus, le dessin d’une prune. Pour une brune. La même bouteille couche en son sac. Un autre trône derrière le comptoir, bien planquée. Un mot, aussi, avec la bouteille. Elle confie ça à sa tavernière, la demie lui a confié qu’elles se rendaient bientôt à Toulon. Ça tombe bien. La soirée s’est terminée sur un défi, défi de se revoir, contre défi d’oubli. Un ami, peut être, au vu du peu de temps passés ensemble, mais des moments agréablement partagés. Sans sous entendre quoi que ce soit. Un au revoir donc.

Et son prétexte au départ qui ne s’était pas présenté à la sortie de la ville… Ben oui, pour partir vite, elle avait trouvé un boiteux à aider dans son voyage. L’était pas venu. Et elle était partie quand même. Non mais. Les adieux ont ça de bons qu'ils ne se disent qu'une fois. Enfin, les au revoir.
Enored
Une rencontre comme on les aime.


Aix .. oui bon Aix … ville à peine visitée, habitants presque pas rencontrés … Mais espoir retrouvé dans un château où elle avait été invitée. Et voilà la rouquine et sa petite troupe sur les routes. Enfin les routes, la route … la route qui menait vers un port en particulier.

Première étape : Marseille. Rencontres plus ou moins heureuses, mais une qui l'a frappée plus que les autres au point d'accepter ce qu'elle n'aurait jamais accepté si cela n'avait été elle. C'est qu'elles avaient des points communs, découverts mais pas explicités au fil des conversations. Elles s'étaient plu tout simplement.

Quelques jours passés ensembles, entre encouragements pour elles et incompréhension douloureuses pour d'autres, Delta avait prit la décision de redéployer ses ailes, laissant dans les mains de la rouquine devenue tavernière un paquet... enfin deux paquets pour des gens aux noms qu'elle avait du retenir pour ne pas oublier … déjà qu'elle n'avait pas la mémoire des noms mais là là … c'était au dessus de ce dont elle se sentait capable.

Paquets confiés donc pour la prochaine étape. Toulon … ah Toulon, si elle s'écoutait elle y chevaucherait, courrait nagerait même s'il le fallait. Du coup la rouquine rongeait son frein en s'amusant à raler après certains clients. Tant mieux pour elle tant pis pour eux. C'était amusant d'être tavernière à un détail prêt : la pile de chopes et de verres qui finissait toujours par s'amonceler.

Et voilà que le grand jour était arrivé. Trop bu... trop fatiguée, allez savoir, ce matin là, elle avait délivré des messages à sa troupe agrandie pour l'occasion afin de rappeler à des dames … damoiselles pas du tout en détresse, qu'il ne fallait pas travailler vu qu'elles prendraient la route dans la journée … soirée. Bref, le départ s'annonçait, tant et si bien qu'une fois ses courriers écrits, elle avait foncé vers le panneau de la mairie avec les offres d'emploi râlant parce qu'il n'y en avait pas …

A cet instant là, elle se rendit compte que ben … heureusement qu'il n'y en avait pas … honteuse, elle s'était dirigée vers la taverne héhé 'sa' taverne, pour écouler le temps. Nouvelle rencontre, deux Roms forts sympathiques... Après midi passé au bord de la plage avant de préparer son baluchon avec les précieux paquets confiés par 'sa' patronne. Cette expression l'avait bien fait rire, surtout que le salaire était à la hauteur de ses ambitions : boisson à volonté … sauf que ce jour là, il valait mieux pour la pirate qu'elle reste plus où moins sobre, elle avait une troupe à mener.

Baluchon sur l'épaule, début de soirée, la voilà se dirigeant à nouveau vers 'sa' taverne. Baluchon posé, il n'y avait plus qu'à patienter, les 'filles' ne tarderaient pas à arriver...

_________________
Enored
Incompréhension.

Elles avaient chevauché toute la nuit pour retourner à Marseille. La rouquine avait voulu rentrer s'occuper de sa taverne. Elle l'avait promis à Delta, livraison d'herbes et d'eau de vie faites, nouvelles connaissances plus ou moins intéressantes et une disparition inquiétante plus loin, la voilà devant ce qui aurait du être 'sa' taverne.

Incompréhension.

Sauf que ... ce matin là, à l'aube, il ne restait rien ... vraiment rien de la taverne à part un tas de cendres, plus ou moins fumantes.

Incompréhension.

La rouquine s'avança dans les décombres, se demandant qui avait pu faire ça, et ... pourquoi... oui surtout pourquoi. Elle regarda ce qui avant avait été un tapis et n'était plus qu'une chose carbonisée. Les restes de tables, de chaises sur lesquels il valait mieux ne pas tenter de s'appuyer ou de s'asseoir.

Incompréhension.

La tavernière d'un jour passa derrière le comptoir ... enfin ce qui avait été un comptoir. Elle l'effleura du bout des doigts qui se noircirent au contact.

Incompréhension.

Elle força légèrement la porte qui menait vers la réserve. Rien, il ne restait plus rien. Les bouteilles de vin avaient éclaté ... avec l'incendie ... ou été éclatées volontairement ? Elle n'aurait su le dire. Mais la façon dont elles jonchaient le sol lui semblait anormal.

Incompréhension.

La tavernière d'un jour quitta ce qui avait été la réserve voulu repasser de l'autre côté du comptoir lorsqu'elle la vit. Rescapée du carnage. Celle qu'il fallait boire avec parcimonie. Elle avait du avoir chaud un peu pour sur, mais bien à l'abri du bois, bien cachée dans son coin, facile à découvrir uniquement pour celle qui savait, elle était là. D'un revers de main rageur, la rouquine jeta au sol tout ce qui l'empêchait d'y accéder. Et sa main se porta enfin au contact du verre de la bouteille de prune. Avec délicatesse elle la retira de sa prison protectrice. D'un revers de manche, elle épousseta le flacon qu'elle rangea dans sa besace.

Incompréhension.

Dernier regard à ce qui l'entoure, aux vestiges de la taverne de la voyageuse. La rouquine se jura de garder précieusement la bouteille de prune jusqu'à son retour. En attendant, elle avait un mystère à élucider. Quelque chose lui disait que celui qui se faisait appeler le vieux corsaire n'y était pas pour rien... peut-être ... peut-être pas mais elle en aurait le coeur net. Le coupable ne resterait pas impunis. Pas besoin de justice... elle ferait ce qu'elle avait à faire.
La rouquine rejoignit ses compagnes de route. Pas la peine de rester, 'sa' taverne n'était plus autant retourner dans, ce qui pour quelque temps, serait leur chez elle.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)