Castor.
Un petit bout dhomme exilé, au bout dun chemin était tombé sur le village de Zoqulapan, ni plus accueillant ni plus joli quun autre mais ayant le mérite de se trouver sur son chemin. Entré dans une taverne pour sy requinquer, il eut le déplaisir de ny trouver ni viande ni gosse de son âge. Lestomac creux, il engagea la conversation avec la populace présente, composée principalement de femelles un peu trop mûres à son goût.
Lune dentre elles, après lui avoir craché à la gueule, sembla sémouvoir de son désarroi et le prendre sous son aile et sa mamelle tombante. Quant à lunique homme de lauberge, il lengagea comme esclave en lui promettant maintes conquêtes tout en le saoulant de pulque. Ravi, Castor eut à cur de tout boire pour prouver tout à la fois sa maturité et sa virilité.
Quelques instants plus tard, un sourire aviné flottant sur les lèvres, il somnolait dans le giron de sa mère de substitution. La suite de la soirée lui parut alors plus floue, quoique formidable : en quelques heures il sétait dégoté une espèce de mentor, un semblant de mère ou au moins de grand-mère, et enfin des fiancées potentielles. Il avait également fait la connaissance du chef du clan, qui lui sembla un être mou et hybride, facile à renverser en cas de besoin.
En définitive, ce village lui plaisait bien.
Au petit matin, les tiraillements de son estomac le tirèrent de son sommeil. Il se redressa avec difficulté, très courbaturé. Il avait dormi sur un escalier, plus exactement sur les marches du temple où il avait essayé de se rendre la veille au soir mais, trop ivre, navait pu pénétrer. Les yeux agressés par la lumière blanchâtre de laube, il se frotta les tempes sans réussir à en calmer la douleur sourde.
Il avait faim, il avait mal, il se sentait seul, lui qui quelques heures auparavant se vantait dêtre presque un homme avait à présent l'air dun enfant perdu.
Castor.
Sursaut du gosse. La voix éraillée de Pouchka retentit brusquement devant lui. Relevant la tête, il laisse échapper un soupir de soulagement à la vue de la vieille. Il a mal dormi cette nuit. Sans parler de sa couche inconfortable et de sa gueule de bois mémorable, il a entendu de drôles de bruits dans le coin du calpulli, et craint un instant de retrouver le village à feu et à sang. Mais la tête connue et maternelle, quoique édentée, le rassure quelque peu.
Cque jfous là, cque jfous là
Jprends lair, tiens. Rien de tel pour se réveiller.
Bâillant à sen décrocher la mâchoire, il sétire en tous sens pour faire montre de sa pleine forme. Malheureusement le reste dalcool qui lui engourdit les veines suffit à rendre ses gestes mous et ses propos pâteux.
Puis dis pas dmal de mon maître Max, cest grâce à lui si jdeviens un homme. Tu vois, jai pas une descente de femmelette, hein dis ?
Tout sourire, la candeur de celui-ci démentant ses affirmations, il se rengorge innocemment et pose alors seulement les yeux sur la silhouette menue qui se découpe à côté de celle de la vieille. Les dits yeux leffleurent dailleurs à peine, sans paraître sy intéresser, se détournent, puis se braquent à nouveau dessus avant de sécarquiller au maximum.
Une gonzesse !
Et attention, pas de la nourrice à la tétine pendouillarde, ni de la vieille à la peau chiffonnée, non. Une fille de sa taille, à la joue rebondie et à la bouche truffée de dents. Le môme nen revient pas. Fasciné par les amandes des yeux vierges de toute ride, il ne remarque même pas le manège des doigts poisseux qui senfoncent dans les petites narines. Dailleurs la gamine pourrait bien être privée de doigts et de narines quil ne le remarquerait sans doute pas non plus. Laffectueuse tape de Pouchka le réveille à peine pour la regarder partir. Elle sen va donc ? Elle le laisse avec la fille ! Tout aussi émerveillé que terrifié, il boit ses paroles. Cest donc elle Prune. Comme ce nom lui sied bien : elle a la douceur et lacidité du fruit.
Prune
Prune
Comme une prune
Moi cest Castor comme un castor
Les bras croisés derrière le dos, il se sent gauche, espérant que lautodérision compensera la vacuité de ses paroles.
Une cabane ? Cest toi qui las faite ? Lest où ? Je pensais me construire une cabane, moi aussi, pisque jai pas encore de quoi loger. Jviens darriver ici. Et jte déconseille les escaliers de temple à lavenir. Pour un costaud comme moi ça passe encore, mais une
euh, une f
fille euh, sensible euh comme toi euh. Tu me montres ta cabane ?
Vanmicky
Van marcha dans le coin tranquillou, la main dans le froc, quand il vit un attroupement. Il reconnue cette Poutcka avec sa gosse ainsi que le rongeur.Il arrivait en pleine conversation...
Il s'adressa directement à Poutcka qui partait...en direction des tavernes. surement envie de pisser se disait-il...
Mais c'est Castor avec la fille aux poux...
Il regardait le bien jeune homme, maigre comme une limace en train de "jouer" avec la fille cheveux couleur caca.
et ben il y en a qui perdent pas de temps dites moi...
Il esquissa un sourire narquois puis pris la direction du Calpulli sifflotant...
Maximusrem
Deux esclaves achetés en quelques jours.. Ah le pulque. Et les Dieux surtout.. Celui çi avait été gratuit, encore une farce de ce Vieux Vieux Coyote. Qu'allait il pouvoir bien en faire ? Le soir même il essaya de le refiler à plusieurs femelles, l'autre était encore bon à téter, quoiqu'il n'y a pas vraiment d'âge. Et il ne pouvait pas le confier à une buveuse de chocolat. La vieille Pouch' les abandonnait tous, le petit pas con l'avait vite senti et s'accrocha à la jambe du Max. Impossible de frapper ce demi homme tout bourré, il se revoyait un peu en lui.
Le lendemain la révolte, la petite fessée méritée de la midi se passa comme convenue. Le poing en sang de la vieille pouvait en témoigner au moins autant que la tête de ce pauvre milicien. Les Dieux étaient avec eux, la populace aussi d'ailleurs. Quelle idée d'imposer les orientaux ? Il aurait eut mieux à faire d'aller imposer les aztèques si vraiment il avait besoin d'or.
Pour en revenir au Castor, quelques heures après dans cette taverne où ils s'étaient déjà rencontrés ils se croisèrent à nouveau. L'appel du pulque sans doute. Quelques secondes suffirent pour voir qu'il s'était amouracher de la petite Prune. Voilà une idée qu'elle était bonne. La p'tite avait l'air responsable, l'avait même était porte parole dites donc. C'était pas donné à tout le monde ça, surtout à son âge. Elle tenait un commerce juteux, ne devait pas avoir eu une enfance facile vu la génitrice. Et avait survécu ! Décidément elle n'avait que des qualités, juste un brin timide rien de bien méchant. Il offrit un dernier verre au petit rongeur.
J'ai des affaires en cours mais je repasserai te voir d'ici quelques jours. Pas de goulougoulou avant le mariage.
Mais si tu peux boire du pulque, rha ces jeunes !
Il partit donc, bien content de l'abandonner à Zoquiapan avec sa nouvelle amie. Il serait mieux avec elle, pour l'instant.
Quand il aura quelques poils il sera bon pour le rite, elle aussi d'ailleurs. Cet enfant était un cadeau d'Huehuecoyolt, à n'en pas douter.
Castor.
En quelques jours passés à Zoqulapan, Castor avait rencontré plus de personnes que tout au long de sa jeune vie. Certaines d'entre elles l'appréciaient, on l'avait même nommé tavernier du Baobab, et la plupart des femmes se montraient à la fois complices et protectrices à son égard. Il y avait également deux ou tordus qui s'amusaient à médire, mais il supposait ce genre de plaies inévitables dans une communauté.
Pour autant il ne comptait pas s'installer définitivement. Tout d'abord son maître lui manquait. Jamais personne ne lui avait autant saoûlé la gueule. Jamais encore il n'avait éprouvé autant d'admiration pour un homme, la plupart de leur représentants lui paraissant souvent être ou des brutes finies ou des mous incapables soumis à leurs femelles. Son maître sortait du lot. Il avait promis de revenir le voir bientôt, et le gosse espérait être prêt à le suivre sur les routes ce jour-là.
L'accueillante mamelle de la vieille Pouchka lui manquait également, sans parler de sa fille. "Pas de goulougoulou avant le mariage", avait recommandé le maître. Il n'y avait pas grand risque : Prune impressionnait bien trop l'enfant pour qu'il osât un geste déplacé, et par ailleurs, si son désir était grand de devenir un homme, il n'en avait pas encore les titillements hormonaux. Il s'était donc sagement contenté d'admirer la petite pendant le temps qu'ils avaient passé ensemble. Bien trop court à son goût, puisque Prune n'avait tardé à se rendre dans la forêt, où il n'avait pas osé la suivre.
Il ruminait donc son absence en attendant son retour, tâchant de n'y pas trop penser en se consacrant à sa tâche de tavernier ou aux travaux des champs. Tard un soir, il reçut une lettre. C'était sa deuxième. La première lui avait été remise à son arrivée dans le clan et, ne sachant pas lire, il avait opté pour se moucher dedans histoire de lui trouver une utilité. Cette fois-ci il hésitait, par une sorte de crainte superstitieuse. Il ne pensait pas réellement que la missive puisse avoir grande importance, mais s'il y avait une chance infime pour qu'elle eût été envoyée par maître Max ou Prune, il ne pouvait se résoudre à l'abîmer.
Il errait donc dans le village à la recherche d'une bonne âme qui accepterait de la lui lire.
Maximusrem
Cela faisait bien une semaine que Max avait quitté Zoquiapan. Il n'était présentement pas loin, en compagnie de la cueilleuse la plus connue de cette région de la pampa, la fameuse Cocoa. Il lui montrait comment il cueillait lui, ils s'adonnaient à un plaisir simple soit tester les combattants de passage en leur vidant les poches en cas de défaite. Ils avaient même dépouillé un cadavre en état de décomposition tellement avancé que ni l'un ni l'autre n'avait pu en définir le sexe, la carcasse s'étant même désagréger après la fouille. Tout ça pour deux quatchlis, pas cher payé sachant que l'odeur les suivraient pour quelques jours encore.
Le coyote n'avait pas encore le réflexe du bain et attendait la pluie. Cocoa émit le désir de retourner à Ixta planquer le magot qu'elle avait honnêtement gagné le premier jour, seule contre une crevette pour son tout premier combat. Un peu plus de 200 quatchlis, voilà qui était un signe des Dieux, très bon signe même.
Va z'y Cocoa, moi je file sud. J'ai un truc à rendre au Calpullec de Zoquia, tu sais le bidule là, l'espèce de machin.
Il parlait bien évidemment du lama qu'ils lui avaient confié, un lama qui répondait au doux nom de Mandat et auquel les zoquiapantèques semblaient tenir. La Limace n'était assurément pas voleuse et se devait de leur rendre au plus vite. Avant de partir, une fois n'était pas coutume il prit le nécessaire pour gribouiller quelques lignes.
Citation:Yo yomi.
Je serai tout bientôt dans ton clan, rendre le Mandat cracheur. M'aime pas beaucoup celui là.
Comment va mon petit protégé ? Toujours en vie ? De toutes façons j'arrive, voir ce qu'il en est. Ne lui dit rien surtout.
Que les Dieux te gardent.
Maximusrem
Il cacheta tout ça et eut une pensée émue pour les mamelles tombantes de l'autre folle, elles lui manquaient à lui aussi. Il attrapa le premier volatile disponible, un perroquet déplumé propriété d'Angelia. Il dirait qu'il ne l'avait jamais reçu.. Il passa de nombreuses heures à convaincre l'animal qu'il fallait aller à Zoquiapan, que là bas il y avait eu un arrivage de perroquettes aux couleurs chatoyantes.
- Le puuuulque, c'est bon ! Le puuuuulque, c'est bon !
Mais je sais abruti, tais toi dont ! On reprends tout depuis le début... Yo-yo-mi... Zo-quia-pan...
- Le puuuuulque *hips* c'est bon !
AAAAAAAAAAAAH !
Il empoigna le dépoilé et le lança dans la bonne direction, avec un peu de chance il n'aurait même pas à ouvrir ses ailes pour arriver à bon clan.