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Ou comment se réveiller après un long coma avec des morceaux en moins...

[RP] Je est un autre

Bulle
[Le 3 de septembre de l’an de grâce 1457 (je crois), dispensaire de Nancy]

Bulle ouvrit les yeux et contempla les poutres poussiéreuses du plafond.
Pendant un long moment, elle ne pensa à rien ; fait inhabituel chez elle qui pensait sans arrêt à trop de choses, si bien qu’elle s’emmêlait régulièrement les pinceaux.
Puis…


Tiens c’pas ma barque, ici.

S’ensuivit un autre moment, de réflexion aussi intense qu’embrouillée, sur des sujets capitaux comme « oùskechuis ? » et « comenkechuiarrivélà ? ».
La simple d’esprit tenta de tourner la tête pour en savoir plus, mais elle avait oublié comment on faisait.
Elle avait l’impression d’avoir dormi longtemps. Peut-être même au moins trois jours !
Au bout d’un petit effort, elle se rappela comment bouger, comment toucher, comment sentir.
Elle était dans un lit – un lit avec des draps ! Un vrai lit, quoi. Avec de la paille dans le matelas.

Quelque chose la grattait. Bulle leva la main.
Celle-ci était recouverte d’un bandage de drap grossier, du genre qui gratte comme du sac à légumes, et qui est très douloureux à retirer quand il y a une blessure coagulée collée dessous.
La petite gueuse loucha un instant.
Marrant, y’avait quelque chose de bizarre dans cette main. A part le bandage. Un truc pas normal, voyez ?

Bulle se concentra un instant.
Quelque chose n’était pas comme il faudrait, mais elle n’arrivait pas à déterminer quoi.
Puis les souvenirs remontèrent péniblement à la surface.
La gueuse loucha de nouveau sur sa main.


WAAAARGH !

Horreur, malheur !
Il lui manquait des bouts ! Un bout, en tout cas, mais un gros !
L’absence de son pouce gauche lui faisait l’effet d’un affront. Pire ! C’était pas normal.
C’était pas comme ça devait l’être. C’était laid. C’était perturbant. Ça faisait peur.

Soudain, quelque chose de mou percuta violemment la tête de la simple d’esprit. Un tas de draps propres. Et derrière se dressait un colosse en tablier, avec un chignon strict piqué d’épingles à cheveux.


Tu vas arrêter d’brailler, ouais ? Beugla m’am Martin, l’intendante du moment du dispensaire, en reprenant ses draps. Y’en a d’autres qui dorment, t’sais ?! Ces gueux, aucun respect… Ramène-toi que j’te change tes bandages ! Mais… Mais… elle s’ensauve la drôlesse ! Reviens ici ! M’en vais te soigner, moi !

Bulle fut coupée dans ses élans de fuite par m’am Martin qui la chopa au collet – ou du moins au col de la chemise de nuit rapée qu’on lui avait enfilée dans son sommeil – puis lâchée dans son lit.
Elle poussa un gémissement et se mit à pleurer, la tête entre les mains.
Mais qu’est-ce qu’il se passait encore dans ce monde de fous ?


RP ouvert à tous ceux qui veulent y participer

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A perdu le pouce gauche en offrant un cadeau. Moralité : soyez égoïstes !
Dame_gally
Gally ne connaissait pas Bulle mais elle l'observait depuis des jours, sans oser aller la voir sans oser lui parler.Bulle lui apparaissait comme un rayon de soleil dans cette ville.Elle avait suivit ses soucis de santé et observer de loin la guérison de la jeune fille.Aujourd'hui Bulle était guérit et reprenait conscience, cachée derrière un rideau du dispensaire elle souriait de savoir que ça allait mieux.
Oui on avait du l'amputer du pouce mais cela valait la peine juste pour pouvoir encore voir ce regard se poser sur les choses.
Gally ne savait pas si elle pouvait aller la réconforter mais elle elle l'était .
Elle murmura pour elle même:


Ravie de te revoir dans ce monde jolie fleur...ravie....
--Le_chien_corniaud


[Le retour du Corniaud, car la vie serait moins odorante sans lui]

Il y a, dans la vie d’un chien, de bonnes journées.
Ce sont celles où on trouve de bons morceaux dans les dépotoirs, un bon coin pour faire la sieste au soleil, quelqu’un qui vous jette un croûton de pain pour vous faire déguerpir, voire une chienne pas trop regardante…
Ce jour-ci, n’était pas une bonne journée pour Corniaud.

Il avait entendu un grand cri et avait reconnu sa cheffe de meute.
Ça avait l’air d’un cri joyeux, aussi la carpette avait-elle immédiatement accouru, espérant qu’elle ait trouvé à manger.
Mais l’ours était arrivé. Enfin, l’ours… ça sentait l’humain, mais le clébard reconnaissait un ours quand il en voyait un.
Un ours avec un balai, en plus.


Crénom vindiou ! Rev’là le rat visqueux ! Tonna le plantigrade (z’avez vu, il en connaît des mots, le corniaud) en levant son arme. M’en vais te faire ficher l’camp d’ici, ouais ! Sale bête !

Et vlan ! Et vlan !
Le balai fouetta l’air, cognant le sol.
Les pattes de Corniaud patinèrent sur la terre battue en un début de fuite catastrophique, puis il sortit en trombe du dispensaire.


Kaï ! Kaï ! Kaï !

La carpette tourna au coin d’une rue, manquant de percuter une humaine qu’il ne connaissait pas car elle ne lui avait jamais donné ni croûton de pain ni coup de pied.
Puis il se laissa tomber derrière la roue d’une charrette à l’arrêt, la langue pendante, la respiration sifflante.

Il grogna tout bas.
Qu’elle se la garde, sa bouffe, la cheffe de meute !
Les ours étaient dangereux, dans le coin !
Bulle
[Le 5 de septembre de l’an de grâce 1457, assise en tailleur sur le lit du dispensaire]

Bulle avait réussi à s’ensauver la veille au soir, pour boire un coup en taverne.
Maintenant, elle avait un mal de crâne carabiné en plus de sa douleur sourde à la main ; M’am Martin avait un balai, et n’hésitait pas à s’en servir.
Pis elle visait avec une précision redoutable.

Il y avait eu Wista qui voulait pécher les idiots, la drôle de dame qui disait qu’elle manquait à ses amis, pis Pétro qui parlait avec le p’tit m’ssire qui causait l’étranger.
Ça l’avait bien occupée.
Mais maintenant, elle se retrouvait toute seule.
Même Corniaud il était parti, la simple d’esprit l’avait vu s’en aller loin, loin dans la rue.
C’était à cause de son pouce, Bulle le savait.
Les gens, ils arrivaient pas à comprendre, mais les animaux il voyaient tout de suite ce qui était pas normal.
Et Corniaud, même si on doutait de son identité canine, était indubitablement un animal.
Un pouce en moins, ce n’était pas normal du tout, c’est moche comme tout.
C’était comme l’ancien maréchal à qui il manquait un œil, et l’horrible gros bonhomme qui était mort avec pleins de trous et un bras en moins.
C’était vraiment beurk, comme quand on la touchait.

Cette chose à qui il manquait des morceaux ne pouvait pas être elle, puisqu’elle, elle avait toujours été entière.
Donc Bulle ne pouvait pas être elle-même, ce qui était fort gênant.
Bref, elle connaissait actuellement ce qu’on appelait généralement une crise existentielle, bien qu’elle ne sache pas ce que c’était.
Mais elle en était bien embêtée.

D’une main, la gueuse cacha le pouce manquant. Elle secoua vivement la tête.
Non, ça n’allait pas. Elle ne pouvait pas toujours rester comme ça.
Il fallait une solution.

Plus loin, assise sur un chaise qui ployait sous sa masse, m’am Martin cousait.

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Bulle
[Même jour, même endroit – toujours en train de se lamenter sur son sort]

Pour que ce soit normal, il fallait que ce soit pareil des deux côtés.

Bulle était très fière de l’idée brillante qui lui était venue.
Si elle se coupait l’autre pouce, ça réglerait tout le problème. Tout s’équilibrerait, et elle serait de nouveau normale.
Simple, net, efficace.

Aussi attrapa-t-elle joyeusement sa petite dague et coinça-t-elle sa main droite entre ses deux genoux.
Elle dut se reprendre plusieurs fois avant de commencer, la dague lui glissant sans cesse des doigts. Le pouce est quand même bien pratique pour tenir un objet…
Puis…


Vlan ! Fit le balai.

Aïe ! Aïe ! Aïe ! Répondit Bulle en serrant ses deux mains sur sa tête douloureuse.

Mais c’est pas vrai ! Qui qui m’a foutu une patiente pareille ! Une folle ! Malade de la tête ! Jamais vu ça, ouais ! Y’a pas trente-six façons de soigner l’bazar ! (Un nouveau « vlan ! », plus petit, vint illustrer ses dires). Rah lala, qu’est-ce qui faut pas faire dans c’te baraque !

Puis m’am Martin retourna à sa couture. Elle préparait un vêtement d’hiver pour une de ses nombreuses filles. Elle avait élevé un mari, quinze enfants, vingt-trois petits-enfants et sept arrière-petits-enfants à la masse d’arme, mais un vieux relent d’instinct maternel la poussait tout de même à les dorloter quand bon semblait. Elle avait fini le cache-nez, les chaussettes...
Et entamait les gants.

Bulle lui jetait des regards noirs depuis son lit.
Oser la maltraiter, elle ! L’était pas n’importe qui, nan mais oh ! Possédait tout un carrefour de la ville, rien que ça !
Ses yeux se posèrent sur les gants.

Elle avait trouvé une solution.
Et une revanche.

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Bulle
[Le 6 de septembre, au petit matin]

M’am Martin ronflait, vautrée sur sa chaise et ses aiguilles à tricoter et sa laine étalées sur ses genoux.
Bulle s’approcha à pas de loup, faisant toutefois craquer le plancher à chaque pas.
Tout allait redevenir comme avant… si l’ogresse ne se réveillait pas.

La main de la gueuse s’avança prudemment et frôla un gant en laine grossière, puis se retira vivement quand le monstre émit un ronflement plus sonore que les autres.
Bulle retint son souffle et revint à la charge.
Elle tira d’un coup sec sur le gant.

Les yeux de m’am Martin s’ouvrirent en grand.
Bulle déglutit, sentant sa fin arriver à pas de géant.
Puis les vieux réflexes reprirent le dessus, et elle se retourna d’un bloc avant de filer vers la sortie.
La porte résista un instant tandis que la simple d’esprit en triturait nerveusement la poignée, puis elle s’ouvrit à la volée.
Bulle fila dans la rue, le gant de laine serré dans la main.
Derrière elle retentissait les beuglements furieux de m’am Martin.

Bulle se réfugia sous le même chariot que Corniaud quelques jours plus tôt, et soupira, soulagée.
L’ogresse ne risquait pas de la trouvait là.
L’estropiée enfila le gant par-dessus son bandage et contempla le résultat, satisfaite. Maintenant, tout était en ordre. Elle avait deux pouces, elle était redevenue elle.


T’vois Corniaud, fit-elle à la carpette qui l’avait rejointe. Chuis comme avant.

Le petit bâtard jappa, espérant qu’elle sorte de ses poches une gâterie.
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