--Narrateur
Ils sillonnèrent les rues toutes la journées comme de simples voyageurs profitant dune belle journée pour se changer les idées. Il déjeunèrent longuement à la Castillonaise, observant les allers et venues des passants en sirotant leur lait de chèvre, attablés près de la fenêtre. Castillon sétait hissé au rang de carrefour économique depuis que les vignes avaient recouvert ses coteaux, et la ville attirait désormais de nouveaux métiers. Là des charpentiers cerclant leur tonneaux, ici des marchands de raisins haranguant la foule pour écouler leur stock, plus loin des négociants en vin, richement vêtus, le livre de compte à portée de main, avec le plus souvent un garde du corps au visage rougeaud en guise denseigne. Les acheteurs eux aussi inondaient les rues, des plus expérimentés aux plus novices, comme ce drôle de couple tout droit sortit dune étable et qui semblait aussi bon dans ce métier quun évêque à la pêche au thon. Tous papillonnaient dun étal à lautre, discutant le bout de gras, soffusquant de façon outrancière ou riant de bon cur, et finissaient par taper la main du vendeur après dinterminables palabres, signe que la transaction était enfin conclue.
Les deux hommes restèrent quasiment silencieux toute la journée, ne parlant que par des hochements de tête et des gestes nonchalants. De temps en temps, Enguerrand se penchait vers Tranchelune et murmurait quelques mots à son oreille mais là se limitèrent leurs discussions. Ils laissèrent le jour se traîner lentement, profitant du soleil clément et de la douce tiédeur de ce mois de Septembre, oubliant les bruits de la foule, le cri des roues de charrettes sur les pavés, et les odeurs dammoniaque refoulant des caniveaux.
Le soir venu, ils retournèrent à la Belle Endormie après avoir dîné Au Chat qui se Trémousse et séché un dernier verre à la Bottine Souriante. A lintérieur, Nestor trônait toujours derrière son bar, surveillant dun il distrait les quelques convives attablées. A proximité de lentrée, un ménestrel sans âge, feutre à plume de pintade et costume moulant, accordait son crin-crin. Arrêté sur le seuil en pierre, Enguerrand les survola du regard avec autant de dédain que sil regardait un champs de betteraves. Tétanisé, le musicien laissa un fa dièse en suspend, archer tendu, corde pincée.
Va Tranchelune, profite un peu de la ville. Je nai plus besoin de toi ce soir. lança til à demi-voix.
Le garde du corps inclina la tête et disparu aussitôt. Enguerrand se dirigea vers lescalier donnant accès au premier étage et tout en montant quelques marches lança au majordome.
Jai encore du travail ce soir et ne veut pas être dérangé.
A défaut de merci, son pas saccéléra, résonna jusquà sa chambre et mourut sous le claquement sec dune porte et le crissement métallique dun verrou.
Les deux hommes restèrent quasiment silencieux toute la journée, ne parlant que par des hochements de tête et des gestes nonchalants. De temps en temps, Enguerrand se penchait vers Tranchelune et murmurait quelques mots à son oreille mais là se limitèrent leurs discussions. Ils laissèrent le jour se traîner lentement, profitant du soleil clément et de la douce tiédeur de ce mois de Septembre, oubliant les bruits de la foule, le cri des roues de charrettes sur les pavés, et les odeurs dammoniaque refoulant des caniveaux.
Le soir venu, ils retournèrent à la Belle Endormie après avoir dîné Au Chat qui se Trémousse et séché un dernier verre à la Bottine Souriante. A lintérieur, Nestor trônait toujours derrière son bar, surveillant dun il distrait les quelques convives attablées. A proximité de lentrée, un ménestrel sans âge, feutre à plume de pintade et costume moulant, accordait son crin-crin. Arrêté sur le seuil en pierre, Enguerrand les survola du regard avec autant de dédain que sil regardait un champs de betteraves. Tétanisé, le musicien laissa un fa dièse en suspend, archer tendu, corde pincée.
Va Tranchelune, profite un peu de la ville. Je nai plus besoin de toi ce soir. lança til à demi-voix.
Le garde du corps inclina la tête et disparu aussitôt. Enguerrand se dirigea vers lescalier donnant accès au premier étage et tout en montant quelques marches lança au majordome.
Jai encore du travail ce soir et ne veut pas être dérangé.
A défaut de merci, son pas saccéléra, résonna jusquà sa chambre et mourut sous le claquement sec dune porte et le crissement métallique dun verrou.