Jrag
Un homme, bouche-bée, devant une affiche... Pas n'importe quelle affiche, et pas n'importe quel homme. Quel homme ? Un intendant... Enfin, un invité. Et quelle affiche ? Celle-là :
--Messager_de_bourmont a écrit:
Invité jusqu'alors de la Vicomtesse de Bourmont, il occupait ses journées à surveiller la pousse du blé, celle des légumes, le bon fonctionnement des tavernes, et tout simplement vaquait dans la ville. Bref, il était en vacances. Ou, dirons nous plutôt, au repos. Les quelques tapisseries qu'il avait fait venir de Bourbonnais-Auvergne étaient bien arrivée, la Vicomtesse les avait visiblement apprécié. Quant à lui, c'était davantage la Vicomtesse qu'il avait apprécié. Tout cela explique donc pourquoi l'homme restait figé devant ce message. Jaloux ? Jamais !
Des joutes ?? Ah, et bien c'est la meilleure, celle-là ! Je la choie depuis plusieurs jours, je suis compréhensif, admiratif, et toujours présent depuis que je suis arrivé. Et que vois-je ? Des joutes pour trouver un époux ? Que l'on me foudroie, ici et maintenant, si je n'ai pas davantage prêté attention à la dame de Floret que n'importe quel Baron vaniteux qui saura montrer ses bras ?
Non, non et non, ça ne se passera pas comme ça !
Bref, l'homme était en colère, comme il ne l'était pas souvent. Et au diable si quelque badaud s'était offusqué de cette diatribe publique, il n'en avait que faire.
Le pauvre invité était cependant perdu dans ses pensées. S'infiltrer dans cette joutes, duper la hérauderie, se faire passer pour noble ? A quelques jours près, peut-être? Non, c'était décidément trop bête ! Aller voir la dame ? Non, tout cela ne passerait pas... Rien de mieux qu'une lettre bien personnelle pour lui faire entendre raison...
C'est ainsi qu'il entra dans la première taverne sur son chemin, et, d'un geste vif, sortit un parchemin, une plume, et une petite bouteille d'encre qu'il avait toujours sur lui, et commença à rédiger...
A mesure que le parchemin s'emplissait de mots, ceux-ci devenaient plus doux, plus compréhensifs, la colère laissant la place à la compassion, puis à l'amertume. Amertume de ne pouvoir rien faire d'autre qu'une stupide lettre, victime d'une jalousie contre quelqu'un qui lui était encore totalement inconnu...
Citation:
Vicomtesse,
Je vous suis fort reconnaissant de m'accueillir et de m'héberger ainsi dans votre demeure, vous devez à présent le savoir. Avec les quelques moments que nous avont passé ensemble, je m'étais, peut-être naïvement, mis en tête d'attendre plus de cette aimable visite qu'une simple occasion de présenter des tapisseries.
Mais quelle ne fut pas ma surprise, en parcourant les ruelles de la ville, d'apercevoir votre annonce, de... tournoi, du moins si l'on peut le qualifier ainsi.
J'ai tout d'abord pris cela n'importe comme quel pauvre bougre bêtement amoureux l'aurait prise, avec mauvaise humeur, et même colère. N'étant moi-même pas noble, il m'est impossible d'y participer, bien qu'une patente de baronnie ait été déposée à la Hérauderie par le Pair Tixlu, alors Duc du Bourbonnais-Auvergne. Celle-ci arriverait tout de même trop tard, si tant est qu'elle fut acceptée, pour me permettre de m'inscrire à une telle mascarade.
Puis j'ai réfléchis à la situation, où plutôt à votre situation, grâce au peu d'informations que j'ai pu glaner pendant mon séjour. N'y voyez aucune ingérence de ma part dans votre vie privée, loin s'en faut, mais lisez tout de même mon jugement. Vous êtes seule, vous paraissez isolée, dans une grande demeure (dont même le nom va jusqu'à faire ressentir cet solitude), dans laquelle tout, même le temps, semble s'être arrêté, et dans laquelle de vagues fantomes vous habitent, cela se lit dans votre regard. D'un autre côté vous semblez bien entourée, de gens de confiance, de vos garde à votre maître queux, et vos vassaux, tout du moins pour l'unique d'entre eux que j'ai la joie de connaître. Et vous cherchez malgrès tout à combler ce vide. Le combler par votre investissement sans faille dans votre armée, ou par votre enfermement dans cette salle dont nous avons évoqué l'existence, que je n'ai jamais observée mais qui semble renfermer toute votre détresse.
Mais là est mon véritable questionnement : Êtes vous désemparée au point de remettre votre coeur entre les mains du premier imbécile qui saura se sortir vainqueur d'un unique et stupide tournoi ? Un homme au visage flouté qui pourrait être n'importe qui, qui pourrait être prêt à tout pour s'emparer de vous ? J'ai eu vent de cet homme qui vous a aggréssé, avant d'être tué par votre garde, qui était prêt à tout risquer, jusqu'à votre vie, pour vous avoir pour lui seul. Prendrez vous ce même risque avec n'importe quel Baron ou autre Seigneur, sous seul pretexte qu'il est annobli? Nos discussions n'ont-elles pas démontré qu'il y a plus d'imbéciles parmis les Barons que parmis les Paysans ? Ou alors l'affaire est jouée d'avance, les masques ont été tombés avant même d'être vétus, afin que vous puissiez choisir en toute connaissance de cause, et par avance, l'heureux élu qui aura la joie de partager votre vie. Dans cet ultime cas, toute parole de ma part serait bien vaine, j'en convient.
Mais ne pouvant participer à un tel tournoi, auquel je n'aurais de toute façon, une fois la surprise retombée, jamais pris part, car ne cautionnant pas cette situation, vous ne me verrez pas tenter d'abuser la Hérauderie ou même ce pauvre Morkar.
Pauvre, oui, car je plains le malheureux qui aura pour insoutenable tâche celle faire défiler tous ces soit-disant gentilhommes, parmis lesquels se trouvera probablement celui qui, d'une manière ou d'une autre, vous prendra votre coeur, et qui de ce coeur, fera votre bonheur, ou votre malheur, sans que vous n'ayez eu le loisir de pouvoir le prévoir.
Si tant est que cette lettre vous ait touché, je vous conjure de mettre fin à ce tournoi absurde. Et si ce n'est pour accepter de faire route avec moi, loin de vos démons, que ce soit au moins pour vous l'occasion de faire le choix de votre avenir. Et si ce ne fut qu'une farce, je prie pour que vous ayez la sagesse de comprendre mes propos.
Avec toute la sincérité d'un ami, qui aurait souhaité être plus,
Jrag de Marigny
Je vous suis fort reconnaissant de m'accueillir et de m'héberger ainsi dans votre demeure, vous devez à présent le savoir. Avec les quelques moments que nous avont passé ensemble, je m'étais, peut-être naïvement, mis en tête d'attendre plus de cette aimable visite qu'une simple occasion de présenter des tapisseries.
Mais quelle ne fut pas ma surprise, en parcourant les ruelles de la ville, d'apercevoir votre annonce, de... tournoi, du moins si l'on peut le qualifier ainsi.
J'ai tout d'abord pris cela n'importe comme quel pauvre bougre bêtement amoureux l'aurait prise, avec mauvaise humeur, et même colère. N'étant moi-même pas noble, il m'est impossible d'y participer, bien qu'une patente de baronnie ait été déposée à la Hérauderie par le Pair Tixlu, alors Duc du Bourbonnais-Auvergne. Celle-ci arriverait tout de même trop tard, si tant est qu'elle fut acceptée, pour me permettre de m'inscrire à une telle mascarade.
Puis j'ai réfléchis à la situation, où plutôt à votre situation, grâce au peu d'informations que j'ai pu glaner pendant mon séjour. N'y voyez aucune ingérence de ma part dans votre vie privée, loin s'en faut, mais lisez tout de même mon jugement. Vous êtes seule, vous paraissez isolée, dans une grande demeure (dont même le nom va jusqu'à faire ressentir cet solitude), dans laquelle tout, même le temps, semble s'être arrêté, et dans laquelle de vagues fantomes vous habitent, cela se lit dans votre regard. D'un autre côté vous semblez bien entourée, de gens de confiance, de vos garde à votre maître queux, et vos vassaux, tout du moins pour l'unique d'entre eux que j'ai la joie de connaître. Et vous cherchez malgrès tout à combler ce vide. Le combler par votre investissement sans faille dans votre armée, ou par votre enfermement dans cette salle dont nous avons évoqué l'existence, que je n'ai jamais observée mais qui semble renfermer toute votre détresse.
Mais là est mon véritable questionnement : Êtes vous désemparée au point de remettre votre coeur entre les mains du premier imbécile qui saura se sortir vainqueur d'un unique et stupide tournoi ? Un homme au visage flouté qui pourrait être n'importe qui, qui pourrait être prêt à tout pour s'emparer de vous ? J'ai eu vent de cet homme qui vous a aggréssé, avant d'être tué par votre garde, qui était prêt à tout risquer, jusqu'à votre vie, pour vous avoir pour lui seul. Prendrez vous ce même risque avec n'importe quel Baron ou autre Seigneur, sous seul pretexte qu'il est annobli? Nos discussions n'ont-elles pas démontré qu'il y a plus d'imbéciles parmis les Barons que parmis les Paysans ? Ou alors l'affaire est jouée d'avance, les masques ont été tombés avant même d'être vétus, afin que vous puissiez choisir en toute connaissance de cause, et par avance, l'heureux élu qui aura la joie de partager votre vie. Dans cet ultime cas, toute parole de ma part serait bien vaine, j'en convient.
Mais ne pouvant participer à un tel tournoi, auquel je n'aurais de toute façon, une fois la surprise retombée, jamais pris part, car ne cautionnant pas cette situation, vous ne me verrez pas tenter d'abuser la Hérauderie ou même ce pauvre Morkar.
Pauvre, oui, car je plains le malheureux qui aura pour insoutenable tâche celle faire défiler tous ces soit-disant gentilhommes, parmis lesquels se trouvera probablement celui qui, d'une manière ou d'une autre, vous prendra votre coeur, et qui de ce coeur, fera votre bonheur, ou votre malheur, sans que vous n'ayez eu le loisir de pouvoir le prévoir.
Si tant est que cette lettre vous ait touché, je vous conjure de mettre fin à ce tournoi absurde. Et si ce n'est pour accepter de faire route avec moi, loin de vos démons, que ce soit au moins pour vous l'occasion de faire le choix de votre avenir. Et si ce ne fut qu'une farce, je prie pour que vous ayez la sagesse de comprendre mes propos.
Avec toute la sincérité d'un ami, qui aurait souhaité être plus,
Jrag de Marigny
Après quelques longues minutes, il s'arrêta, relut sa lettre, puis la roula. Elle avait beaucoup de travail, à ce retour de retraite, il n'en doutais pas. Il fit donc déposer le message à Bourmont, et retourna vers le champ de blé qu'il avait promis de surveiller. Il n'avait plus le coeur à retourner en ville, il devait réfléchir, réfléchir à tout. Il s'adossa contre une meule de foi dans le champ voisin... Il rentrerait bien à Bourmont tôt ou tard.
_________________
Intendant Royal aux Finances