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[RP] Par un étrange hasard ...

--.pauline.


Elle était toujours plaquée contre le mur. Elle restait là à réfléchir, à la regarder dans les yeux pour savoir si elle mentait, mais elle ne mentait pas. Le peu qu'elle avait entendu dans le couloir du château ne lui permettait pas de comprendre la réaction de cette femme. Elle ne connaissait pas le fond de l'histoire et ne savait pas pourquoi Geran grandissait loin de sa mère et pour le moment ce n'était pas une question qu'elle se posait.

Tout ce qu'elle voulait pour l'instant c'était qu'elle la lâche pour pouvoir aller chercher l'enfant. Elle se décida enfin, à éloigner la dague de sa gorge. La croyait-elle ? Elle devait quand même garder ses distances. Cette femme lui faisait peur et n'était vraiment pas rassuré. Si elle savait des choses sur Dame Kalian, où si cette femme était Dame Kalian, elle le saurait, mais quand elle aurait retrouvé Geran.

Elle poussa un soupir de soulagement un peu bruyant et se décala un peu pour se dégager de son emprise. Elle avait les jambes qui flageolaient et le coeur battait dans ses tempes et dans sa poitrine à vive allure. Elle n'avait jamais eu peur comme cela et de cette aventure elle s'en souviendrait. Après quelques instants qui lui parurent une éternité, elle ouvrit la bouche pour parler ...


Si j'apprends que vous m'avez menti, je vous promets que vous regretterez que je ne vous aie pas déjà tuez. Votre supplice sera tel que vous m'implorerez de vous donner la mort.

Depuis combien de temps êtes-vous partis ? Avez-vous remarqué quelqu'un qui vous suivait ? Pourquoi Ge... Pourquoi l'avez-vous laissé seul ?

Nous allons descendre. Et vous allez vous tenir calme. Ça n'est pas en hurlant partout son nom que vous le sauverez. Nous allons le chercher et tâcher de rester discrète. Savez-vous s'il y avait quelque chose qu'il voulait voir ? Qui avait attiré son attention ? Rappelez vous, c'est important. Mais je ne veux pas d'hystérique qui hurle partout. Sinon je vous ferais avaler votre langue. Suis-je claire ?


Le ton de sa voix était toujours sans réplique. Pour être comme cela, cette femme avait du souffrir. Du moins elle le pensait, car au vu de sa réaction elle ne faisait confiance a personne. De plus elle n'avait pas répondu à sa question et imposait les siennes qui étaient menaçante. Pour qui la prenait-elle ? Si elle avait crié, c'était simplement pour que Geran l'entende. Elle avait assez de sang froid pour le chercher calmement. Un endroit où il aurait aimé aller ? Il aimait le tire à l'arc et la pêche. Il passait du temps avec les soldats. Peut-être était-il aller les voir ?

Se ressaisissant un peu, elle arriva à articuler quelques mots.

Je ne mens pas, vous pouvez me croire ... Il faut me croire ... Et vous n'avez pas à me menacer !! ... Nous sommes partis de la Bourgogne il y a environ une vingtaine de jours. Nous avons surtout marché la nuit et au petit matin, nous allions dormir dans une auberge et j'ai fait très attention ... Je n'ai vu personne qui nous suivait. J'ai emmené Geran sans prévenir personne, car personne n'a vu que j'avais entendu ce qui s'était dit ... Je n'ai pas réfléchi et je l'ai emmené ... C'est tout ... Et maintenant je veux le retrouver ...

Après une courte pause elle continua.

Je ne l'ai pas laissé seul, il dormait quand je suis descendu. Je voulais juste savoir si quelqu'un connaissait la jeune femme que je cherche. Je lui avais pourtant bien dit de ne pas s'éloigner de moi. Comme nous allons rester ici, peut-être a-t-il pensée que tout risque était parti ... Je ne sais pas ...

Fronçant les sourcils quand elle lui dit de ne pas être hystérique, elle la regarda en relevant le menton.

Pour qui me prenez vous ? C'est très clair et je sais être discrète quand il le faut ... Je ne suis pas une de ces poules qui hurlent a tout va ... Un endroit qu'il aurait aimé voir ? Je sais qu'au château, il aimait passer du temps avec le maître d'arme. Il aimait aller pêcher au bord de la rivière. On peut déjà commencer par là ?! ...

Un peu rassuré, elle se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit aussi calmement que possible. Elle descendit les marches, jeta un coup d'oeil au taulier et sortit de l'auberge. Elle sentait la présence de la femme qui ne lui avait toujours pas dit son nom, même si elle s'en doutait ...
Kalian
Elle avait laissé Pauline sortir et attendit quelques secondes avant de la suivre. Le besoin de reprendre son souffle. De se reprendre. D’avoir les idées claires lorsqu’elle franchirait la porte. Etait-elle allée trop loin dans sa méfiance ? Non. Elle avait échappé à la mort à plusieurs reprises, et ce parce qu’elle avait su rester sur ses gardes, même lorsqu’il n’y avait rien à craindre. Les seules fois où elle avait été allongée, à lutter contre la Faucheuse était lorsqu’elle ne se méfiait de rien.

L’insouciance. Loin était le temps où elle pouvait s’y adonner. Mais à quoi bon se morfondre sur sa vie. Surtout s’il s’agissait réellement de son fils. Cela voulait dire qu’il restait un espoir que les choses se calmes un peu. Que sa vie reprenne un chemin normal. Même si les blessures qu’elle avait reçues ne s’effaceraient jamais. Jamais… Machinalement, elle porta une main à son flanc droit. Sous sa chemise, on pouvait y voir deux cicatrices bien nettes que le temps ne semblait pas vouloir atténuer. Comme pour lui rappeler le prix à payer lorsqu’on se conduisait comme une gamine écervelée.

Pourtant, l’heure n’était pas à ces ruminations. Il était plus que temps de rejoindre cette Pauline. Si elle disait vrai, alors il lui tardait de retrouver son fils. De le retrouver et de le serrer dans ses bras. Etait-ce le petit garçon qu’elle avait vu passer ? Il était tellement grand, en comparaison du bébé qui lui avait été enlevé. Quel âge avait-il à l’époque ? 1 an et demi ? Et aujourd’hui… Il devait bien approcher des 5 ans. Non. Il les avait fêté en juin dernier. Sa main se crispa sur la rambarde des escaliers tandis qu’elle descendait les marches quatre à quatre.

Là, elle retrouva cette jeune femme qui était venue tout chambouler dans sa vie. A nouveau. Comme chaque fois qu’elle avait l’impression de trouver une certaine tranquillité. Sa mâchoire se crispa, ses azurs de glaces jetant des étincelles partout où ils se posaient. La salle principale fut traversée rapidement, et elle se retrouva à l’air libre. La chaleur de la journée l’enveloppa soudainement. Le mois d’août était sans conteste le plus chaud, mais elle était habituée à vivre dans des lieues où la température était élevée en été. Relevant la tête, posant sa main sur le pommeau de son épée, prête à dégainer à la moindre menace, elle prit la tête de l’ « expédition », sans se soucier le moins du monde que Pauline suive.


Aux abords de la Sarthe

Comme chaque jour, des gens étaient venus ici afin de pêcher, profitant du beau temps. Mais une grande partie du village se trouvait dans les champs, ou bien encore dans leurs échoppes, ou sur le marché, pour vendre leurs produits. En somme, il n’y avait pas foule sur la berge, et cela n’en faciliterait que plus les recherches. Chercher un garçon dans un village n’était pas chose aisée. Surtout qu’il pouvait être n’importe où.

Elle s’arrêta au bord de la rivière, scrutant les alentours. Son cœur battait la chamade et tout un tas de questions fourmillait dans sa tête. La reconnaîtrait-il ? Bien sûr que non ! Il était bien trop jeune, à l’époque. Pourtant, elle se souvenait de son regard déjà si vif alors qu’il était si jeune. Se souvenait-il de sa tante ? Impossible. Elle avait été trop absente… Non ! Ne pas penser à elle, la chasser de son esprit tout comme cette satanée sœur l’avait fait. Chacun vivait sa vie, désormais. Devrait-elle la prévenir que son fils était toujours en vie ? Elle s’en moquerait pas mal…

Ce fut à ce moment que le poids de la solitude pesa tout à coup sur ses épaules. Tant de mois avec quelqu’un à ses côtés, puis plus rien. Comme si tout cela ne comptait pas. Tous ces coups durs qu’elle avait supportés pour cette « famille ». Tous ces voyages pour rester avec elle. Pour quoi au final ? Rien. Rien que la solitude, le silence. Rien. Si seulement elle avait pu ne jamais se relever après ses blessures. Si seulement on l’avait laissé mourir. Même son ami, cet homme qui avait su la rendre heureuse durant les quelques temps où il avait été à son côté, avait disparu. Sans prévenir. Sans un mot.

Dire qu’elle n’avait rien ressentit ne serait que mentir. Elle s’était contentée d’attendre, puis elle avait finit par se faire une raison. Nulle larme n’avait coulé. Elle n’en avait plus, en avait trop versé par le passé. Ou bien peut être son cœur s’était-il suffisamment durci pour supporter d’autres déceptions. Encore et encore.

Son regard se porta sur la rivière qui coulait. Fleuve tranquille dont les flots reflétaient le calme qu’elle recherchait dans sa vie. Nulle brise ne venait agiter la Sarthe. Juste la lumière du soleil qui se réfléchissait, éblouissant les yeux lorsqu’on les posait sur un reflet trop intense. Le chant mélodieux des oiseaux venait ajouter à cette sensation paisible. Voletant au dessus de l’eau, d’arbre en arbre il vaquait à leurs occupations sans se préoccuper des problèmes des humains. Insouciant du danger d’un chasseur potentiel.

S’arrachant à cette contemplation, elle se tourna vers Pauline qu’elle toisa un instant. Cette femme avait peut être dit la vérité. Peut être. Comment en être sûr ? L’avenir le lui dirait. Comme le disait un adage, « qui vivra, verra ».


Alors ? Est-il ici ? Le voyez-vous ? *Seigneur, faites qu’il soit dans les parages. Que je puisse à nouveau le serrer contre moi. Et lui demander pardon d’avoir faillit à mon rôle de mère. S’il vous plaît…*
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Geran_
Sur les berges de la Sarthe

Il était resté là à regarder cette femme et ses enfants s'amuser dans l'eau fraîche. Il serrait tellement ses poings que ses jointures devenaient blanche et ses ongles lui rentraient dans sa paume. Il ne savait toujours pas qui était la femme que Nany et lui cherchaient. Relâchant la pression de son poing, il attrapa un caillou qu'il jeta dans l'eau. Avec un soupir, il se releva. Il avait passé du temps ici et Nany avait dû voir qu'il n'était plus là.

Il enfonça ses mains dans ses poches et si mit à marcher en traînant les pieds. Il avait du mal à quitter des yeux cette famille, pourtant il devait retourner à l'auberge. Qui était la femme que Nany recherchait et qu'avait-elle entendu pour qu'elle fuit le château et même sa famille avec lui ? Comment pensait-elle retrouver cette Dame ?

De se poser toutes ses questions lui donnaient faim. Son ventre grondait, il se décida d'accélérer le pas. Il était remonté sur le haut de la berge quand il vit passer Nany. Elle devait certainement le chercher. Il partit dans sa direction en levant la main et en l'appellent fort. Il n'avait pas vu que la femme qu'il avait regardée en sortant de l’auberge était là aussi ...


Nanyyyyyy !! Ze suis là !!

Il courut vers elle. Pour lui, elle était la seule personne qui ressemblait à une mère. A quoi bon se poser la question, il n'en avait pas ... Allait le punir ? Il était parti sans la prévenir alors qu'elle lui avait dit de faire attention et rester auprès d'elle. Relevant le menton, il arriva devant elle aussi fier que possible.

Nany, ze sais que ze suis sorti sans vous prévenir, mais ze ne risque rien ici ... Ze suis allé voir le rempart et un soldat m'a mal parlé et m'a dit de retourner voir ma mère ... Si on était au château ce soldat aurait été châtié comme il se doit ... Nany ? Que faisons-nous ici ? Allez-vous enfin me dire ce que vous avez entendu ?

Il posait sur elle ses yeux bleus. Toutes ses questions attendaient des réponses. Ils étaient arrivés à destination et il espérait bien savoir pourquoi ils étaient ici ...
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Kalian
Son regard était toujours porté sur la jeune femme lorsqu’un cri l’alarma. Une main se posa rapidement sur la garde de son épée tandis qu’elle scrutait rapidement l’horizon, à la recherche d’un quelconque danger. Puis elle le vit. Petit garçon blond au regard perçant qui courait vers sa nourrice. Sans lui prêter la moindre attention. Son cœur lui donna l’impression de se briser en mille morceaux tandis qu’elle ne pouvait détourner ses yeux de cette silhouette dont elle avait tant rêvé.

Nany, ze sais que ze suis sorti sans vous prévenir, mais ze ne risque rien ici ... Ze suis allé voir le rempart et un soldat m'a mal parlé et m'a dit de retourner voir ma mère ... Si on était au château ce soldat aurait été châtié comme il se doit ... Nany ? Que faisons-nous ici ? Allez-vous enfin me dire ce que vous avez entendu ?

Elle avait écouté, incapable de prononcer le moindre mot. Que lui avait-on dit à son sujet ? La croyait-il morte ? Ou bien peut être pensait-il qu’elle l’avait abandonné ? Tant d’amertume dans une voix si jeune… Pourquoi lui aussi devait-il prendre ce chemin si douloureux et destructeur ? Lui qui avait encore l’âge d’innocence… Avait-elle le droit de lui parler ? Avait-elle le droit de le chambouler alors qu’il avait sûrement appris à vivre sans elle ?

Il n’était plus le petit garçon qu’elle avait connu. Le petit garçon qui dormait alors dans un landau, enroulé dans une couverture. Restant silencieux, à contempler sa mère qui s’affairait. Sa mère qui somme toute avait été si peu présente pour lui. Avait-il souvenir d’elle ? Très certainement que non. Sinon il l’aurait déjà reconnu. Elle n’était qu’une étrangère. Une femme parmi tant d’autres. Rien de plus, rien de moins…

Elle fit un pas en arrière, ne parvenant à cacher complètement sa surprise et la douleur qu’elle ressentait en ce moment. L’impression de sombrer. De perdre pied. Il était encore temps. Temps de fuir et de le laisser vivre sa vie. Loin d’elle. Comme il devait la haïr pour l’avoir abandonné. Tout ça parce qu’elle avait préféré aller guerroyer plutôt que de rester auprès de son fils…

Douleur lancinante qui la pénétrait de toute part. Cette Pauline ferait tout aussi bien l’affaire. Elle avait l’air d’avoir pris soin de lui comme il se devait. Comme elle-même n’avait jamais su le faire… Pourtant, elle ne put retenir un vague murmure.


Geran…
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--.pauline.


A l'extérieur de l'auberge.

Deux choix se proposait à elle. Avant d'aller voir s'il était à la caserne, elle allait longer le fleuve. Peut-être était-il tout près. Elle l'espérait et elle priait pour que rien ne lui soit arrivé. Elle ne comprenait pas pourquoi il était sorti sans le lui dire. Il avait pourtant dû la voir en descendant les escaliers. On voyait très bien le comptoir de là ...

Le soleil cognait dur, il lui fallut un petit moment pour que sa vision s'habitue à cette lumière soudaine alors que l'auberge était assez sombre. Elle chercha du regard le fleuve et s'y dirigea d'un pas rapide regardant de temps en temps la femme qui l'avait suivi. Elle ne le voyait pas, mais elle devait garder son calme.


Alors ? Est-il ici ? Le voyez-vous ?

Elle fit signe que non à la jeune femme, mais à peine avait-elle eut le temps de se retourner pour se remettre à marcher, qu'elle entendit une voix bien connu qui l'appelait.

Nanyyyyyy !! Ze suis là !!

Elle chercha du regard l'enfant qu'elle vit arriver en lui faisant un signe. En le voyant, le gros poids qu'elle avait sur le coeur s'envola d'un coup. Elle se précipita vers lui, puis arrivé à sa hauteur elle se baissa et le serra contre son coeur. Elle allait le réprimander, mais il la devança en lui posant des questions ... Elle le relâcha un peu pour l'écouter ...

Nany, ze sais que ze suis sorti sans vous prévenir, mais ze ne risque rien ici ... Ze suis allé voir le rempart et un soldat m'a mal parlé et m'a dit de retourner voir ma mère ... Si on était au château ce soldat aurait été châtié comme il se doit ... Nany ? Que faisons-nous ici ? Allez-vous enfin me dire ce que vous avez entendu ?

La réprimande s'envola d'un coup. Comment lui en vouloir, il voulait savoir le pourquoi de ce voyage. Elle ne lui avait rien dit, car elle pensait que ce n'était pas à elle de lui dire ce qu'elle avait entendu, mais plutôt à sa mère ... Elle tourna la tête vers la femme qui l'avait suivi. Elle ne dit rien, mais vit bien à son regard insistant sur Geran, qui elle était. Maintenant elle était certaine que cette femme qu'elle avait rencontré dans l'auberge était Dame Kalian. Cette femme était sa mère ...

Reportant son attention sur l'enfant qu'elle avait en fasse d'elle, elle ne put s'empêcher d'enlever une mèche de cheveux sur son front ...

Messire Geran, vous m'avez fait une grosse peur vous savez. Il ne faut pas partir comme cela, sans me prévenir. Nous sommes effectivement arrivés à Alençon, mais il nous faut quand même être prudent. Ne refaites jamais cela, s'il vous plait ... Vous voulez ma mort ...

Après une brève pause pour regarder s'il n'avait rien, elle se tourna vers la femme qu'elle pensait être sa mère.

Geran, vous savez que je ne peux pas répondre a vos questions pour le moment, mais cela viendra bientôt ... Très bientôt ...

Regardant la jeune femme dans les yeux, elle s'adressa à elle.

Geran, laissez-moi vous présenter ... Dame Kalian ... Vous êtes bien la personne que je cherche, n'est-ce pas ? Vous êtes Dame Kalian ?

Son regard intense attendait la réponse à sa question. Tout pouvait basculer pour Geran si elle était bien la personne qu'elle cherchait ...
Geran_
Il l'avait rejointe et au lieu de le gronder elle le serrait contre son coeur. Personne, jusqu'à maintenant n'avait fait cela ou au moins, du plus loin de ses souvenirs. Il lui avait fait peur et il s'en rendait compte. Un peu penaud il l'écouta lui parler et il comprit qu'il avait fait une erreur, mais étant un homme il assumait ses erreurs comme on le lui avait appris en Bourgogne.

Il fronça ses fins sourcils quand elle lui dit qu'elle ne pouvait pas répondre pour le moment. Pourquoi cela ? Décidément il ne comprenait pas. Il lui faisait confiance, mais apparemment, elle non ... Et cela lui déplaisait grandement. C'était quand bientôt ? Il fut interrompu dans le cours de ses pensées quand Nany lui présenta une femme.


Geran, laissez-moi vous présenter ... Dame Kalian ... Vous êtes bien la personne que je cherche, n'est-ce pas ? Vous êtes Dame Kalian ?

Il se tourna vers la femme et il la reconnu. C'était la Dame qu'il avait vu à l'auberge. Pourtant, quand il était sorti, il avait eu l'étrange impression de l'avoir déjà vu ... Et cette impression revint quand il posa son regard bleu sur elle, encore une fois. Il ne savait pas d'où lui venait cette impression ... Alors, c'était elle la Dame que Nany cherchait ? Se dégagent de l'étreinte de sa nourrice, il s'avança vers la femme qui le regardait.

Bonzour Dame, ze suis Geran. Enchanté de vous connaitre. Est-ce que c'est vous la Dame que ma Nany cherche ?

Il la fixait, un peu trop peut-être, mais c'était plus fort que lui. Il était tout près maintenant et attendait une réponse à la question qu'il venait de poser. Cette fois-ci il espérait bien qu'il aurait une réponse. Pourquoi être venu ici sinon ?
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Kalian
Elle n’avait pu regarder la scène. Regarder cette femme enlacer ce petit garçon, comme une mère aurait serré fort contre elle son fils qui vient lui faire une grande frayeur. Combien de fois avait-elle rêvé de le faire, depuis ce funeste jour où cette hyène lui avait annoncé que son fils était mort ? Combien de fois s’était-elle imaginée le serrant contre sa poitrine et lui demandant pardon d’avoir faillit ? Combien de nuit où elle s’était éveillée en pleure, face au silence qui l’entourait.

Et aujourd’hui, il était là. Une autre femme prenant soin de lui comme elle aurait du le faire. Oh, oui. Elle aurait pu partir. S’enfuir. Courir sur plusieurs lieues. Mais jamais les souvenirs de son fils ne pourraient se retirer de sa mémoire. Jamais elle ne pourrait oublier l’avoir revu. N’était-ce point égoïste que de vouloir tout chambouler dans la vie de ce petit garçon ? Il n’avait rien demandé. Rien demandé qu’à vivre normalement. Se pouvait-il qu’il la rejette ? Très certainement…

Ce fut son nom, qui la rappela à la réalité. Son regard se tourna vers Pauline. La douleur continuait à la tirailler. Ses jambes étaient comme des cotons, prêtes à se dérober à la première occasion. Son estomac était un sac de nœud. Elle fut presque heureuse de ne rien avoir avalé de la journée. Puis à nouveau cette question. Etait-elle cette Kalian qu’elle recherchait ? Elle eut envie de rire. Pas un rire de joie, mais amer. Oui, c’était bien elle. Même si elle avait beaucoup changé. La mort l’avait frôlé à plusieurs reprises, et à nouveau sa main se porta à son flanc, à défaut de caresser le pommeau de son épée. La mort ainsi que la folie. La folie où elle prenait un bout de chiffon pour son fils.

Son fils… Qui était là, désormais. Devant elle. Qui se tenait bien droit, plein de vie. De vie… Alors qu’on lui avait dit qu’il… Une boule se glissa dans sa gorge, resserrant son étau. Comment un tel miracle était-il possible ? Ce pouvait-il qu’Il ait tout manigancé ? Etait-il si monstrueux que cela ? Une nouvelle image lui revint en mémoire. Ce visage penché au dessus d’elle. Cette main courant sur sa peau.

Une voix enfantine la ramena à la réalité. La ramena dans le présent.


Bonzour Dame, ze suis Geran. Enchanté de vous connaitre. Est-ce que c'est vous la Dame que ma Nany cherche ?

Elle le regarda de longues secondes, sans parvenir à prononcer le moindre mot. Sans parvenir à remuer les lèvres. Ni à bouger. Ce petit être. Il était si petit la dernière fois qu’elle l’avait vu. Si petit et si fragile. Mais voilà qu’il pouvait désormais courir, gambader. Et parler tel un adulte. Combien de mois lui avait-on volé ? Combien d’années qu’elle ne pourrait jamais rattraper ?

Elle se laissa choir sur ses genoux, afin de se mettre à sa hauteur. Lentement, une main tremblante vint se poser sur la joue du petit garçon, la caressant dans un geste maternel. Elle était si jeune quand il était né. Elle n’avait pas su faire les bons choix. Pas sur s’en occuper comme il aurait fallu. Ni même lui apporter tout l’amour dont il avait besoin. Elle déglutit difficilement.

Parler. Elle devait dire quelque chose. Mais quoi ? Aucun mot ne pourrait expliquer ce qu’elle ressentait présentement. Rien ne pourrait remplacer ce moment silencieux. Même si lui ne comprenait pas ce qu’il se passait. Comment le pourrait-il ? Encore quelques secondes pour le contempler… Juste quelques secondes avant de déchaîner la haine qu’il devait sûrement porter contre sa mère…


Oui. C’est moi. Tu… as tellement grandit…
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Geran_
Elle ne disait rien, ne bougeait pas, puis après un certain temps elle se mit à sa hauteur. Elle le regardait étrangement et son petit coeur se mit à battre plus fort. Pourquoi avait-il cette sensation de la connaitre ? Elle mit doucement sa main contre sa joue. Une main chaude et douce, une main réconfortante et apaisante. Il la regardait toujours aussi fixement, mais il ne put s'empêcher de se laisser aller à la caresse si douce en fermant les yeux et en posant sa main sur la sienne.

Oui. C'est moi. Tu... as tellement grandit...

Alors, c'était elle ... Sa voix était tremblante. Son impression était juste. Il la connaissait puisqu'elle le connaissait ... Il rouvrit les yeux et jeta un regard sur Nany qui lui fit un sourire. Il avait toujours sa main dans la sienne quand il la regarda de nouveau.

Vous me connaissez donc ? ... Ze sais pas pourquoi, mais ze crois vous avoir déza vu ... Mais ze me souvient pas ... Nany dit que vous pourrez expliquer notre voyaze ... Elle a dit que ce voyaze était important pour moi, mais elle a pas en voulu en dire plus. Elle dit qu'elle ne connait pas toute l'histoire. Quelle histoire ? Dites-moi en quoi cela me concerne ... S'il vous plait ... Dame Kalian ...

En Bourgogne personne ne lui avait jamais rien dit sur sa famille. Il ne savait pas s'il en avait seulement encore quelque part. Il ne savait pas d'où il venait et qui étaient ses parents. A chaque fois qu'il posait des questions à ce sujet il se heurtait à des murs de silence. Nouveau regard vers sa nourrice. Avait-il posé trop de questions ?

De nouveau son regard bleu ce posa sur la femme, attendant des réponses. Qui était-elle pour lui ? Là était la grande question ...

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Kalian
Cette petite main contre la sienne. N’était-ce pas la même qui avait enserrée son doigt, la dernière fois qu’elle l’avait vu ? Lorsqu’elle l’avait déposé tendrement dans son landau. Lui déposant un ultime baisé sur le front. Etant persuadée de le retrouver là, lorsqu’elle reviendrait. Puis tout s’était bousculé. La guerre civile qui avait fait rage. Sa blessure. Kan. Puis la nouvelle de la mort de son enfant. La chair de sa chair. Une partie d’elle-même. Mais au fond, tout au fond d’elle, elle avait toujours su qu’il était vivant. Quelque part. Qu’il manquait quelque chose à cette douleur. Quelque chose de réelle.

Néanmoins, les mots du garçonnet lui firent mal. Une douleur aiguë qui s’infiltra dans chaque parcelle de son âme. *Ze sais pas pourquoi, mais ze crois vous avoir dézà vu…*. Il n’avait pas souvenir d’elle. Du moins, c’était quelque chose de vague, de lointain. Un souvenir qui est là mais qu’on ne peut atteindre. La boule qui s’était fiché dans sa gorge menaça de la submerger.

Elle détourna difficilement ses azurs pour croiser le regard de la jeune femme à qui il avait sûrement fallu beaucoup de courage pour entreprendre se pèlerinage. Pour venir la chercher. Elle. La mère de Geran. Elle fit passer la main qui était posée sur sa joue sous le menton pour relever ce petit minois qui avait tant changé. Pour plonger son regard dans le sien. Savait-il d’où lui venait son prénom ? Savait-il qu’il avait le même regard que sa mère ? Savait-il de qui il avait hérité sa chevelure blonde ?

Bien sûr que non. Un sourire triste étira doucement ses lèvres. 5 ans. Et déjà tant de questions sans réponses qui venaient le harceler. Un âge innocent. Mais pourtant déjà si sérieux.


Oui, je t’ai connu. Il y a de cela une éternité. Mais je ne suis pas sûr… Il y a certaines choses qui font plus de mal que de bien. Me comprends-tu, Geran ? Son prénom avait prononcé dans un simple murmure, comme si cela lui faisait encore mal. Pourtant il se tenait là, devant elle. En chair et en os. En pleine forme. Ses doigts tremblant repoussèrent une mèche qui lui tombait sur le front dans un geste emplit de tendresse. Son petit garçon…

Je ne peux bouleverser ta vie et te faire du mal. Je n’en ai pas le droit. Cette Nanie semble prendre soin de toi. Tu es heureux avec elle, n’est-ce pas ? Bien sûr que oui… Alors pourquoi courir après une chose éphémère ? Pourquoi courir après une histoire qui te ferait souffrir ? Oublie tout cela, c’est mieux pour toi, mon garçon.

Des mots qui sortaient en se chevauchant. Elle était sûre qu’il ne comprenait rien à ce qu’elle racontait. Elle-même avait du mal à saisir le sens de ses paroles. Mais Pauline comprendrait. Et ferait ce qu’il faudrait. Car elle n’était pas prête à affronter son fils. Pas prête à voir sa colère se déchainer contre elle. Pas prête à perdre ce qu’elle avait faillit retrouver. Son enfant.

Mais elle n’avait pas la force de partir. Pas la force de se relever et de tourner les talons. Mieux valait que ce soit lui qui prenne la décision. La décision de tourner le dos à cette ineptie dans laquelle sa nourrice l’avant embarqué. Pourvu qu’il choisisse de partir. Pour son bien à lui. Même si cela devait signer son arrêt à elle. Même si cela devait signifier qu’elle n’aurait plus aucune raison de continuer à errer sur cette terre.

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Geran_
Pourquoi le regardait-elle avec ses yeux ? était-ce de la douleur qu'il voyait au fond de ses yeux bleus comme les siens ? Pourquoi tant de détresse ? Il regarda sa nourrice une fraction de seconde sans comprendre ce qu'il se passait, puis il sentit les doigts de Kalian lui soulever le menton.

Oui, je t'ai connu. Il y a de cela une éternité. Mais je ne suis pas sûr... Il y a certaines choses qui font plus de mal que de bien. Me comprends-tu, Geran ?

Je ne peux bouleverser ta vie et te faire du mal. Je n'en ai pas le droit. Cette Nanie semble prendre soin de toi. Tu es heureux avec elle, n'est-ce pas ? Bien sûr que oui... Alors pourquoi courir après une chose éphémère ? Pourquoi courir après une histoire qui te ferait souffrir ? Oublie tout cela, c'est mieux pour toi, mon garçon.


Il la regardait sans comprendre. Non il ne comprenait pas. Pourquoi avoir fait ce voyage si c'était pour être avec Nany ? Il fronça ses fins sourcils. Il n'avait pas fait cela pour rien. Il ne regrettait pas d'avoir quitté le château en Bourgogne et il ne voulait pas y retourner ... Surtout pas ... Personne ne l'aimait là-bas. Il avait peut-être ce qu'il désirait d'un claquement de doigt, mais personne ne l'aimait ... Ces réponses lui déplaisaient grandement et il allait se fâcher s'il n'avait pas les réponses à ses questions ...

Croisant les bras sur son torse, il parla d'une voix claire et direct ...


Ze regrette Dame Kalian, mais non, ze ne comprend pas ! Ze n'ai pas quitté la Bourgogne pour être avec Nany. On me cache quelque chose et ze veux savoir ce que c'est !! Laissez-moi décider si cette histoire me fera souffrir ou pas !! Z'ai cinq ans et ze suis grand maintenant ! Si vous savez des choses sur moi, ze veux le savoir !!

Il avait beau jouer les durs, il en était qu'il avait les larmes aux yeux. Pourquoi tout le monde à part Nany le fuyait ? Il ravalait ses larmes du mieux qu'il pouvait. Les hommes ne pleuraient pas, comme on le lui avait si souvent dit ...
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--.pauline.


Elle l'avait laissé rejoindre sa mère sans le retenir. C'était un moment important pour lui. Elle n'interviendrait pas. La vie de son petit protégé était désormais entre les mains de sa mère. Elle était très fière de lui. C'était un enfant courageux qui avait du caractère et qui savait ce qu'il voulait, même pour son si jeune âge.

Elle regarda la scène qu'elle avait devant les yeux ému, mais aussi inquiète, car elle ne savait rien sur sa mère. Le peu de choses qu'elle avait entendu ne lui avait pas plu, mais ne savait rien de toute cette histoire c'était pour cette raison qu'elle ne pouvait rien en dire a Geran. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'il avait été enlevé à sa mère et rien que cela l'avait mise hors d'elle.

Elle ne voulait pas que Geran souffre. Il méritait d'être heureux auprès des siens comme elle l'était elle-même dans sa propre famille. Pourquoi un enfant innocent devait-il payé pour la haine de certain. Elle regardait Kalian, elle voyait le déchirement dans ses yeux, la souffrance qui la tiraillait quand elle parla a Geran. Ses mots lui déchiraient le coeur, mais elle comprenait qu'elle voulait le protéger, pourtant elle n'était pas certaine que ce soit la bonne solution.

C'était-elle trompé ? Non elle ne pensait pas, elle avait eu raison de quitter la Bourgogne. Elle savait qu'elle ne pourrait pas retourner en Bourgogne avant un certain temps, mais elle en assumait les conséquences pleinement. Sa famille lui manquait bien sûr, mais le bonheur de Geran passait avant toutes autres choses. Les jeunes enfants ne devaient pas être séparé de leur famille. C'était une conviction encré au fond de son être.

Quand elle capta son regard, elle lui fit signe de ne pas faire cela de la tête. Un signe de négation venue du fond du coeur, mais la décision ne lui appartenait pas. Un fin sourire apparu quand Geran se braqua devant elle, tel un petit Seigneur dû à son éducation. Geran était têtu elle s'en était bien rendu compte durant le voyage, mais il avait du coeur et elle savait qu'il obtiendrait gain de cause ... Du moins elle l'espérait pour lui ...
Kalian
Elle resta silencieuse à nouveau quelques secondes, regardant ce petit bonhomme. Cinq ans… Pouvait-il se douter qu’elle le savait mieux que quiconque ? Que c’était elle qui lui avait donné le jour ? Bien sûr que non… Peut être que finalement, le silence lui ferait plus de mal qu’autre chose. Peut être avait-il besoin de savoir. Un besoin qui le rongerait à mesure qu’il grandirait. Qui le dévorerait. Qui l’empêcherait de connaître un moment de bonheur.

Elle lança un regard rapide vers Pauline. Celle-ci ne semblait pas décidée à intervenir. Peut être pensait-elle que c’était son devoir, à elle. Elle retint un soupire, hésitant sur les mots à utiliser. Comment le lui annoncer ? Comment lui expliquer son absence ? Comment lui expliquer que chaque jour qui passait, il n’avait pas de mère à ses côtés ?

Elle inspira profondément, fixant un point imaginaire par terre. Elle pesait chaque mot lui venant à l’esprit.


Geran…Se rendait-on compte à quel point cela lui était difficile de prononcer ce prénom ? Sais-tu d’où vient ton prénom ? Elle tenta de lui faire un sourire, mais cela faisait bien longtemps que ses lèvres n’avaient pas pris ce pli étrange. Ton oncle s’appelait comme ça. Mon frère, si tu préfères. Comprends-tu maintenant qui je suis ?

Est-ce que jouer au jeu des énigmes était vraiment une bonne solution ? Elle en doutait beaucoup. Pour ne trouvait-elle pas la force de lui dire les choses simplement ? Pourquoi ne trouvait-elle pas la force de lui avouer qui elle était ? Ne l’avait-elle pas espéré, ce jour où elle pourrait enfin le retrouver ? Ne l’avait-elle pas rêvé, ce jour où enfin elle pourrait le serrer dans ses bras ? Alors pourquoi cette distance ? Pourquoi ce manque de courage ? Nouvelle inspiration. Il était temps de se lancer.

Je suis… Je… ta mère… Je suis ta mère…

Mot si simple mais pourtant si douloureux. Pourquoi ? Cela, elle n’avait point de réponses. Tout ce qu’elle savait, c’est que désormais, sa famille, sa seule famille, était présente devant ses yeux. Mais la réaction de son fils était incertaine. Serait-il heureux de la revoir ? Lui en voudrait-il ?

Tu m’as tellement manqué…
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Geran_
Il était buté, les bras toujours croisé et les sourcils froncés, mais si on regardait bien, au fond de ses yeux on pouvait lire une supplique et un désespoir. Il voulait savoir, savoir d'où il venait, qui il était et si la femme qui était devant lui le savait, elle devait le lui dire. Tout ce qu'il espérait, c'était qu'elle lui parlerait ... Elle était là, tiraillé. Il le voyait bien. Puis enfin, elle se décida de parler. Sa voix était hésitante, cherchant ses mots.

Geran ... Sais-tu d'où vient ton prénom ? Il lui fit non d'un signe de tête.

Ton oncle s'appelait comme ça. Mon frère, si tu préfères. Comprends-tu maintenant qui je suis ? Il la regardait sans trop comprendre.

Je suis... Je ... ta mère... Je suis ta mère... Tu m'as tellement manqué...

Son petit coeur battait la chamade. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il venait d'entendre et sous le choc, il fit quelques pas en arrière. Complètement perdu il se tourna vers Nany. Il vit alors qu'elle lui faisait un sourire engageant, un signe d'assentiment de la tête et un petit geste de la main, lui indiquant de s'approcher d'elle. C'était donc ça qu'elle avait entendu au château !! Elle savait où trouvé sa mère et ce voyage était pour cela ... la retrouver ...

Des larmes coulaient sur ses joues, il n'avait pu les retenir. Il se retourna pour voir la femme qui était toujours baissée à sa hauteur. Cette femme était sa ... Mère ... Il avait une vraie maman ... Il avait tellement rêvé d'avoir une maman bien à lui qui viendrait l'embrasser au moment du coucher. D'une maman qui serait là pour le réconforter. Oui il en avait tellement rêvé et maintenant cette maman était là, devant lui et il ne savait pas quoi faire ...

Les joues ruisselant de larmes, il courut dans ses bras chercher la protection et la tendresse qui lui avait tant manqué avant l'arrivée de Nany ...


Maman ...
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--.pauline.


La scène qu'elle avait devant les yeux, lui broyait le coeur. Tant de souffrance, alors qu'il était si simple d'accepter la chance d'être à nouveau réuni, qui s'offrait à eux. Elle entendait tout ce qui se disait entre la mère et l'enfant. Dame Kalian s'était enfin décidé de dire qui elle était à son petit garçon borné. Quand il se retourna vers elle, elle comprit qu'il ne savait pas quoi faire. L'encourageant de petits gestes engageant, elle vit avec plaisir et soulagement, qu'il alla se blottir tout contre elle.

A ce moment précis, l'émotion était à son comble. Elle essuya discrètement une larme qui coulait. Elle était tellement heureuse pour lui, pour eux deux. Après les avoir laissé un petit moment l'un contre l'autre, elle s'approcha doucement.


Je suis très heureuse pour vous deux. Une mère et son enfant ne devraient jamais être séparé ... Profitez de la chance qui vous est offerte d'être à nouveau réuni ... Je vais pouvoir partir, le coeur léger maintenant que vous êtes là, pour veiller sur lui.

Ces dernières paroles eurent du mal à être prononcé, mais elle avait fait ce qui lui semblait être juste et maintenant elle devait s'en retourner chez elle ...
Kalian
Il reculait. Il s’éloignait d’elle. Etait-il horrifié ? Ou plein d’une haine qu’elle n’avait que trop fréquenté ? Son regard se tourna vers sa nourrice, y cherchant des réponses, un réconfort, un conseil quand à ce qu’il devait faire. Cette nourrice qui avait été bien plus présente qu’elle-même. Elle sentit tous ses muscles se contracter. La colère contre elle-même affluait à grandes vagues, menaçant de l’emporter, de la noyer. Ce petit garçon qui s’éloignait d’elle, malgré les révélations.

Ce fut avec une grande tristesse qu’elle regarda ce visage angélique ruisselant de larmes. Des larmes causées par elle. Puis, avec étonnement, elle le vit courir pour se blottir contre elle, recherchant la protection qu’elle aurait du lui donner toutes ces années passées. Prononçant un mot qui n’avait certainement jamais traversé ses lèvres.


Maman…

Elle encercla le garçon de ses bras, resserrant l’étreinte. Ne plus jamais le laisser partir. Ne plus jamais le perdre. Il était là, désormais. C’était son fils. Et plus personne ne pourrait le lui reprendre, sans la tuer avant. Puis ce fut comme si toutes ces années de douleur retirèrent leur poids de ses épaules. Comme si une charge invisible s’était envolée. Elle pouvait sentir son cœur battre à l’unisson de celui de son fils. Elle pouvait sentir la légère brise venir jouer dans ses cheveux. Apprécier l’odeur de la nature qui les entourait.

Certes, certaines blessures ne se refermeraient pas avant quelques temps, mais du moins n’était-elle plus seule dorénavant. Il était là. Bien en vie, contrairement à ce qu’on avait voulu lui faire croire. Devait-elle se mettre en route pour mettre fin aux jours de ceux qui s’étaient permis de lui enlever cette partie d’elle-même ? Non, bien sûr que non. Elle devait rester à ses côtés. Ne plus le laisser tomber.

Ce fut à ce moment là que la jeune nourrice prit la parole. A ce moment là qu’elle se souvint qu’elle était encore là. Ses azurs se relevèrent, la contemplant un instant, laissant les paroles la pénétrer. Se laissant le temps de comprendre réellement le sens de ces paroles qui semblaient avoir du mal à parvenir jusqu’à son cerveau. Elle voulait partir. Rentrer chez elle, sûrement. Son regard se porta un instant sur son fils avant de se relever.


Ma Dame… Je… Vous…Elle n’avait jamais été très douée en ce qui concernait les contacts humains.Merci. Et désolée pour l’auberge…Difficile, mais prononçable. Elle ne pourrait rien rajouter à ce sujet. La femme devait comprendre que cela venait du fond du cœur car elle ne s’étalerait pas davantage à ce sujet.

Ecoutez… Je pense que… Geran aurait besoin d’un peu de repaire… Si vous le voulez… J’ai de quoi vous payer. Et je peux également vous loger. Gratuitement. Cela me permettrait d’avoir l’esprit tranquille lorsque je dois m’absenter.
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