Ysandre
En pleine reflexion devant le bol fumant qu'elle tenait entre ses mains, Ysandre sentait monter en elle une sourde colère.
Un homme leur apportait généreusement leurs repues deux fois par jour: un vilain brouet qui ne les tentaient guère maugré la faim qui les tenaillait.
Elle regarda Velden plisser le nez en portant à sa bouche une bouchée, désespéré.
Tudieu! Bien qu'elle se suffisait de repas légers à l'accoutumée, la Bertille les avait habitués à des mets nettement plus raffinés..
A cette pensée, la mauvaise humeur qui montait sournoisement en elle augmenta d'un degré.
Son esprit vagabondait en direction de Saint Aignan.
Soudain une exclamation lancée par un des gredins la fit sourciller!
Ah! Lorgnez donc front à nous, compères! On ne les attendaient plus! Voilà les nôtres et vu la poussière qui entoure leur troupe, on dirait bien qu'ils nous ramènent les autres pensionnaires! Holà, les amis! Hurla le coquard à oreilles etourdies!
Les cavaliers, reconnaissables à leurs morions s'avançèrent à leur rencontre, trainant derrière eux tant femmes et enfants que d'hommes, les mains liées. les prisonniers étaient attachés les uns aux autres par le cou et bousculés par leurs garde-chiournes qui tenaient bon les cordes.
Ysandre regarda avec horreur cette scène mais le cri mourut dans sa gorge.
Elle reconnu instantanément le porteur d'eau, la camériste, Bertille, les jardiniers, les maçons, le meunier et sa femme, tous les enfançons vivant à Chantôme...
De Ventraucou, point.
Sa haute taille l'aurait sans nulle doutance trahi parmi cette foule aussi, baissa t-elle le regard, fort déconfortée de ne point apercevoir son donné.
Sa mauvaise humeur se mua alors en un vif courroux!
Sa fiance en Ventraucou avait toujours été sans faille et elle constata avec dépit qu'elle avait du méjuger son serviteur puisqu'il ne comptait pas parmi ceux qui avaient nécéssairement dû défendre leur château jusqu'au bout!
Ah! Que la déception était grande...
Son ire augmentait à chaque seconde.
Et que faisait l'armée!! Sanguienne!! Personne donc n'avait donné l'alerte?? Peuh! Bien sûr que si, comment pouvait-il en être autrement!
Pourquoi le Capitaine ne lançait pas l'Ost aux trousses de ces maudits mercenaires? Pourquoi!!
Elle connaissait fort bien Tadek , son devouement sans limite pour son duché.
Comme tout à chacun, elle avait entendu conter ses exploits au cours de la dernière guerre qui secoua le Berry. Elle avait applaudit en apprenant que ce vaillant homme avait su déjouer la vigilence de l'ennemi en détruisant son armée afin de faire passser la frontière à ses hommes un à un, les protégeant ainsi d'une mort certaine.
Elle avait comprit avec effarement que Tadek était resté seul face à trois armées, qu'il avait réussit à passer à travers les mailles du filet les laissant là , pantois et furieux à la fois d'avoir été si adroitement bernés!
Elle savait pour avoir entendu un soldat chanter ses louanges que le capitaine les avait nourrit sur ses propres deniers, pour sauvegarder leurs vies, se privant lui-même de toute provende et se dépouillant du dernier de ses deniers..
Alors ce jourd'hui! Où était-il donc, ce vaillant militaire??
Et son vassal?
Son ami de toujours, son frère!
Leurs promesses étaient-elles mortes avec le temps?
Ne s'étaient-ils pas promis jadis, une loyauté sans faille, n'était-il plus donc cet homme d'honneur qu'elle admirait sans s'en cacher depuis toutes ces années?
Où était Renlie?
Avait-il oublié la duchesse ou bien.. La négligeait-il?
Quant à Turenne..Ah ça, sur un champs de bataille personne ne contestait son courage et ses qualités de stratège!
Mais quand sa fiancée se retrouvait au beau milieu des pires râclures qu'on connaisse, risquant mille pâtiment au coeur d'une forêt, le bougre ne s'en inquiétait point!
Ces reflexions fusaient en son for et Ysandre laissait avec délice ces mauvaises pensées l'envahir, désireuse de laisser un peu échapper l'incroyable colère qui se saisissait d'elle. Des jours durant, le silence pour nourriture, elle avait fermé son esprit à toute pensée afin de se concentrer sur sa propre survie. Ce matin-là, quelque chose hurlait en elle et, lâchement, elle ne fit rien pour étouffer ce cri empoisonné et silencieux qui brûlait sa gorge.
Une femme cria, suivie bientôt par des voix d'enfants: leurs mains prisonnières se tendirent vers elle.
Duchesse! Duchesse!! Seigneur Velden!!
Pâle comme la mort, Ysandre se figea, regardant sans pouvoir les faire taire, ces malheureux qui lui hurlaient leur désespoir et la joie de les savoir vivants.
_________________
Un homme leur apportait généreusement leurs repues deux fois par jour: un vilain brouet qui ne les tentaient guère maugré la faim qui les tenaillait.
Elle regarda Velden plisser le nez en portant à sa bouche une bouchée, désespéré.
Tudieu! Bien qu'elle se suffisait de repas légers à l'accoutumée, la Bertille les avait habitués à des mets nettement plus raffinés..
A cette pensée, la mauvaise humeur qui montait sournoisement en elle augmenta d'un degré.
Son esprit vagabondait en direction de Saint Aignan.
Soudain une exclamation lancée par un des gredins la fit sourciller!
Ah! Lorgnez donc front à nous, compères! On ne les attendaient plus! Voilà les nôtres et vu la poussière qui entoure leur troupe, on dirait bien qu'ils nous ramènent les autres pensionnaires! Holà, les amis! Hurla le coquard à oreilles etourdies!
Les cavaliers, reconnaissables à leurs morions s'avançèrent à leur rencontre, trainant derrière eux tant femmes et enfants que d'hommes, les mains liées. les prisonniers étaient attachés les uns aux autres par le cou et bousculés par leurs garde-chiournes qui tenaient bon les cordes.
Ysandre regarda avec horreur cette scène mais le cri mourut dans sa gorge.
Elle reconnu instantanément le porteur d'eau, la camériste, Bertille, les jardiniers, les maçons, le meunier et sa femme, tous les enfançons vivant à Chantôme...
De Ventraucou, point.
Sa haute taille l'aurait sans nulle doutance trahi parmi cette foule aussi, baissa t-elle le regard, fort déconfortée de ne point apercevoir son donné.
Sa mauvaise humeur se mua alors en un vif courroux!
Sa fiance en Ventraucou avait toujours été sans faille et elle constata avec dépit qu'elle avait du méjuger son serviteur puisqu'il ne comptait pas parmi ceux qui avaient nécéssairement dû défendre leur château jusqu'au bout!
Ah! Que la déception était grande...
Son ire augmentait à chaque seconde.
Et que faisait l'armée!! Sanguienne!! Personne donc n'avait donné l'alerte?? Peuh! Bien sûr que si, comment pouvait-il en être autrement!
Pourquoi le Capitaine ne lançait pas l'Ost aux trousses de ces maudits mercenaires? Pourquoi!!
Elle connaissait fort bien Tadek , son devouement sans limite pour son duché.
Comme tout à chacun, elle avait entendu conter ses exploits au cours de la dernière guerre qui secoua le Berry. Elle avait applaudit en apprenant que ce vaillant homme avait su déjouer la vigilence de l'ennemi en détruisant son armée afin de faire passser la frontière à ses hommes un à un, les protégeant ainsi d'une mort certaine.
Elle avait comprit avec effarement que Tadek était resté seul face à trois armées, qu'il avait réussit à passer à travers les mailles du filet les laissant là , pantois et furieux à la fois d'avoir été si adroitement bernés!
Elle savait pour avoir entendu un soldat chanter ses louanges que le capitaine les avait nourrit sur ses propres deniers, pour sauvegarder leurs vies, se privant lui-même de toute provende et se dépouillant du dernier de ses deniers..
Alors ce jourd'hui! Où était-il donc, ce vaillant militaire??
Et son vassal?
Son ami de toujours, son frère!
Leurs promesses étaient-elles mortes avec le temps?
Ne s'étaient-ils pas promis jadis, une loyauté sans faille, n'était-il plus donc cet homme d'honneur qu'elle admirait sans s'en cacher depuis toutes ces années?
Où était Renlie?
Avait-il oublié la duchesse ou bien.. La négligeait-il?
Quant à Turenne..Ah ça, sur un champs de bataille personne ne contestait son courage et ses qualités de stratège!
Mais quand sa fiancée se retrouvait au beau milieu des pires râclures qu'on connaisse, risquant mille pâtiment au coeur d'une forêt, le bougre ne s'en inquiétait point!
Ces reflexions fusaient en son for et Ysandre laissait avec délice ces mauvaises pensées l'envahir, désireuse de laisser un peu échapper l'incroyable colère qui se saisissait d'elle. Des jours durant, le silence pour nourriture, elle avait fermé son esprit à toute pensée afin de se concentrer sur sa propre survie. Ce matin-là, quelque chose hurlait en elle et, lâchement, elle ne fit rien pour étouffer ce cri empoisonné et silencieux qui brûlait sa gorge.
Une femme cria, suivie bientôt par des voix d'enfants: leurs mains prisonnières se tendirent vers elle.
Duchesse! Duchesse!! Seigneur Velden!!
Pâle comme la mort, Ysandre se figea, regardant sans pouvoir les faire taire, ces malheureux qui lui hurlaient leur désespoir et la joie de les savoir vivants.
_________________