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[RP] Chez Diia et Kro - Les Parasites du Vicomte Disparu ...

Aradiia
Mille fois, cent fois Diia avait guetté cet instant, qu’elle pensait être la beauté et la magnificence même. Mais aussi pourrait elle en perdre la vie brusquement et partir elle et son bébé dans une éternité qui la séparerait à jamais de ses bien-aimés.

Accrochée à la rampe l’oreille attentive, elle sursoyait le moindre mouvement de son corps. Lorsqu'une violente douleur la fit se recourber sur elle-même. Un faible gémissement sortit dans un souffle de ses lèvres vermeilles, l'autre main agrippant son ventre.
La douleur se dissipa, progressivement. Retenant sa respiration, elle comprit que le travail avait déjà commencé dès le matin. Quelques contractions l’avaient sortie du sommeil, chacune d’elles se faisant plus intense et rapprochée.
Désemparée, elle cria encore une fois vers la cave.


-Kro ! J’espère que c’est toi la bas en bas. Viens vite, le bébé arrive !!!!

Le visage blanc, d’une expression reflétant l’inquiétude, effaça son sourire rieur.
"Tu enfanteras dans la douleur, mon enfant" se souvient elle soudain.
Cézielle sa nourrice avait parler longuement à Diia alors qu’elle lui avait poser cette question enfantine : Dit moi, c’est quoi devenir une femme ?


Diia se recourba encore plus sur elle, jusqu'à s’asseoir lentement sur la première marche de l’escalier sans plus pouvoir bouger. Elle posa sa joue sur ses genoux.
Et le temps se figea, seule une larme s’écoula.
Les yeux fermés remplis d’une émotion intense et incontrôlable.
elle était déjà si loin…

_________________
--Diaspora


Diaspo passait de pièce en pièce espérant se divertir un peu et trouva la jeune femme dans une posture peu commune et se demanda ce qui se passait. Tourne autour d'elle pour mieux comprendre la situation et comprend bien vite ce qui se passe. Comment l'aider? comment la soulager?
Elle n'était qu'un spectre aucune chance de pouvoir l'aider physiquement, donc fallait réfléchir autrement...

Les minutes s'écoulèrent et diasp s'approcha au plus près d'elle et lui envoya de son fluide pour lui donner la force de surmonter l'épreuve d'enfanter. Elle n'a jamais eu la chance de porter un enfant et de pouvoir être mère, son doux fiancé ayant disparu corps et âmes. Alors aider cette jeune maman lui semblait naturel.

elle murmura à son oreille des mots réconfortant comme si s'était le vent qui amené une douce
mélodie
Kronembourg
[ Au même moment, dans la cave ]


Eh ben ... c'est qu'il ne se refusait rien, le Vicomte en voyage !! Si Kro avait rampé jusqu'à la cave tel un cafard apeuré pour échapper aux griffes de Cyb dont la dernière lubie était celle de lui apprendre à nager ( franchement était-ce bien nécessaire ? L'on pouvait tout à fait être un bon chef de port sans vouloir jamais mettre un pied dans cet immonde océan sans fin ) il n'avait pas remarqué immédiatement que le véritable propriétaire de ce domaine, lui, nageait dans le luxe, le calme et la volupté ... et surtout dans du bon vin !



N'entendant plus un bruit le Sacristain se mit à examiner les bouteilles avec des yeux aussi ronds que s'il venait de découvrir un trésor. Il n'était pas expert en matière de bon vin ( pas assez raffiné pour ça ) mais son instinct lui murmurait qu'il tenait de l'or entre ses mains et qu'il pourrait en tirer parti, que ce soit en le buvant ou en le proposant sur le marché.
Non, plutôt en le buvant, c'était mieux.
Une voix soudain déchira l'obscurité :




-Kro ! J’espère que c’est toi la bas en bas. Viens vite, le bébé arrive !!!!



Rogntidju, c'était son fils qui arrivait
Depuis le temps que le petiot les faisaient attendre sous prétexte que le prénom " Zigouillo " ( choisi par Kro ) ne lui plaisait pas, le voilà qui acceptait son sort et s'apprêtait à pointer le bout de sa barbe.
Kro remonta les escaliers ventre à terre et y trouva sa femme fébrile assise sur la dernière marche.
Il l'aida à se lever le plus délicatement possible en la couvrant de paroles rassurantes.


Ne bouge pas ... ou plutôt, bouge ! Allons-y, par là ... tiens-toi à moi ... ouch


Marche tremblante, hésitation, puis le premier sourire du papa heureux apparut bientôt dans la barbe drue.
Ca y est, le moment était venu. La descendance était là.
Tout ému le Kro se voyait déjà emmener le petiot sur ses épaules en forêt pour lui apprendre à zigouiller son premier sanglier, s'entraîner avec lui à la soule dans les jardins du domaine puis, lui remettre son diplôme de théologie, lui acheter sa première hâche, l'aider à faire les bons choix dans la vie, lui transmettre sa haine du Gascon ...
Le petiot était là, le petiot était là.
Kro ouvrit la porte du grand hall d'entrée tandis qu'un souffle froid et bienveillant semblait envahir le domaine, Diia et lui quittèrent les lieux pour prendre la direction de l'officine. Ils avaient tant attendu ce moment, tous les deux, noués d'espoirs et de doutes, brisés par le drame de la perte de leur premier enfants puis recouvrant goût à la vie l'un et l'autre, l'un pour l'autre, comme si ce terrible deuil les avaient encore rapprochés au final.
Aujourd'hui, leur avenir se dessinait en prenant enfin des contours heureux.
Le petiot était là, le petiot était là.
--Diaspora


Diaspo toujours concentré sur la futur maman entendit du bruit, des bruits de pas qui s'amplifiaient de plus en plus venant vers elles. Un homme en surgit, tel un ours bondissant de sa tanière pour sauter sur sa proie. Si diaspo n'avait pas été un spectre elle aurait surement sursauté ou crié fort, voir tombé à la renverse. Mais non s'était le mari (que diable faisait-il à la cave celui là?) il avait l'air un peu paniqué le bougre, se contre disant dans ses ordres (bouge pas , si bouge!!) ce qui la fit sourire. Elle se recula (même si elle ne gênait pas) et le laissa faire. Le futur papa reprit vite la situation en main et tout en lui parlant l'aida à se lever et à prendre la direction de l'officine. Diapo les accompagna jusqu'à la grande porte et les vit s'éloigner doucement du château. Espérant au très fond d'elle que tout se passe bien pour le couple et de pourvoir entendre enfin des gazouillis dans la vaste et trop silencieuse demeure.
Kronembourg
[ De retour après l'accouchement ]


Il revenait tout seul de l'officine, haletant et transpirant à grandes eaux, le regard épouvanté par les images qu'il avait pu voir ou entrevoir, pour le peu qu'on l'avait laissé regarder.
A peine entré dans le grand domaine qui ne lui appartenait pas, le grand barbu fila jusqu'à la cave et se dirigea ensuite dans le grand salon armé de deux bouteilles de vin censées l'aider à se remettre du choc. Et quel choc !

Diia et lui avaient pris le chemin du cabinet médical du village, se tenant chaotiquement l'un à l'autre le long du trajet, Kro souriant aux passants médusés tandis que Diia marquait des temps d'arrêts douloureux de plus en plus fréquents. Leur première dispute était partie de là, lorsque Kro avait demandé à sa femme de " crier moins fort " : Nous étions tout de même dans la rue et il s'agissait de faire bonne figure devant les paroissiens, d'accoucher avec calme, dignité et élégance.
La réponse de Diia s'était manifestée sous la forme d'un soufflet bien placé, ce qui avait plongé le sacristain dans un état de perplexité extrême.

** Une rasade de vin pour faire passer le choc **

Le soufflet n'avait même pas été élégant.
Quelques témoins interdits s'étaient finalement proposés d'accompagner la future maman jusqu'à l'officine puisque, perdant un peu la tête, le Sacristain avait trouvé l'instant judicieux pour prier une nouvelle fois le Très-Haut afin que ce dernier leur donne un fils et protège sa femme d'une mauvaise couche. Il s'était donc arrêté en chemin tout près de l'établissement, oh juste quelques minutes le temps que défilent dans sa tête quelques mots dictés par l'émotion de devenir père, puis, lorsqu'il avait recouvert ses esprits, sa femme avait disparu et les témoins autour de lui s'étaient dispersés.


** Une autre rasade, il faudrait au moins ça **


Alors il s'était précipité à l'intérieur de l'officine, persuadé qu'on le placerait aux premières loges du prodigieux spectacle de la maternité, mais c'était sans compter sur l'autorité froide et implacable de l'infirmière qui l'avait accueilli : Les hommes et surtout le mari n'avaient aucunement leur place en une salle d'accouchement et d'ailleurs, derrière la porte presque fermée un peu plus loin, Kro avait pu entendre la voix de Diia qui menaçait entre deux hurlements de lui arracher les yeux s'il lui prenait l'envie de désobéir aux consignes de l'infirmière.

Avachi sur une chaise, il avait attendu.
Attendu, attendu encore. Tirant nerveusement ses poils de barbe, vivant chaque seconde comme une moitié d'éternité, négligeant même une dernière prière pour que son fils sache jouer au ramponneau et puisse plumer bientôt quelques Gascons de passage, et ce fut probablement là la plus grosse erreur du grand barbu puisqu'il ne fallut que quelques rapides mais interminables minutes pour qu'il entende un petit cri de nouveau né percer à travers la porte, bientôt recouvert par la voix réjouie de l'infirmière annonçant :



- C'est une fille !



Il s'était redressé d'un bond. Une fille ???
Persuadé qu'il y avait erreur sur la personne il s'en était allé toquer à la porte. Une fille.
L'infirmière était apparue, regard glacial et intimidant. Elle ne lui avait pas permis d'entrer mais seulement d'apercevoir la maman et le bébé à distance raisonnable, insinuant qu'une trop grande proximité pourrait transmettre des maladies ou même toutes sortes de germes au nourrisson. Ce qui était parfaitement ridicule puisque Kro n'avait plus de poux depuis presque trois mois.
Un sourire vers Diia lui avait été autorisé, ainsi qu'un regard vers le petiot sans qu'il puisse identifier le sexe par lui-même, après tout, l'infirmière s'était peut-être trompée elle n'avait sûrement pas connu beaucoup d'hommes ...


** Rasade maussade au milieu du grand salon **



Elle ne s'était pas trompée.
Diia le lui avait confirmé à travers son regard apaisé.
Ce serait une petiote et pas autrement, autant se faire une raison ; ils n'allaient pas la refaire tout de même.
Sauf que là ... rien n'était réellement prévu pour l'arrivée de cette douceur dans le domaine. Pas même un linge féminin qu'il pourrait lui apporter en guise de premier cadeau ou même l'un de ces stupides objets que l'on offre exclusivement aux filles.

Une fille. Tout un univers inconnu pour lui.
Il ne parvenait pas à y croire.
Il lui fallut terminer la première bouteille avant qu'il commence à accepter l'idée. Au milieu de la seconde pourtant, visage ronflant sur la table, il se mit à rêver qu'il l'aimerait ... comme son fils.

_________________
Avant d'être homme d'Eglise, je suis homme de Dieu
Aradiia
La jeune maman n’avait pas revu Kro depuis trois jours. Le repos nécessaire à l’officine que lui avait imposé Octavia avait été salutaire pour elle et le bébé. Par la porte entrebâillée, Kro lui avait laissé un regard entre étonnement mêlé de cette douceur, seul connu d’elle.
Trois jours ! C’était long et court à la fois. Le petiote se portait bien comme on dit quand ces cas là. Elle dormait le jour et gigotait la nuit entière dans ses bras.
Les consignes d’Octavia lui pesaient. L’infirmière était douce avec elle, mais chaque geste de Diia étaient scruté et critiqué.

Mais non, Diia ne la tient pas par un pied ! Regarde fait comme ça : Fait comme ci ! C’est l’heure de la tétée ! Il lui faut prendre le bain…

C’en était trop pour la jeune femme, et il était grand temps qu’elle retrouve son Kro et sa maison. Après une chaleureuse accolade vers celle qui l’avait aidé à mettre sa fille au monde. Elle lui glissa avec un sourire complaisant.

-Merci pour tout ce que tu as fait pour nous chère Octavia, je te fais confiance pour t’occuper quelques temps de l’officine, j’ai besoin de passer un peu de temps avec ma petite famille.

Puis elle attrapa sa fille, de manière assez singulière tout d’abord par le pied, puis sous la tête. Et sacoche en bandoulière, fila remplie de bonheur vers le manoir. Le chemin prit du temps, car la jeune femme s’arrêta au moindre bruit, approchant le bébé de son visage, lui parlait doucement.
Tu entends ma douceur ! Ça c’est les mouettes, et plus loin les vagues. On ira demain, faut que tu t’apprennes à nager !

Le reste du chemin, elle le fit en chantant… la "douceur" se mit a hurler…

A la hâte elle fit les derniers pas et entra chez eux. Les cris de la petiote résonnèrent de l’entrée jusqu’au fond du pigeonnier. Diia à l’unisson se mit à appeler.


Héhooo !! Papa Kro !! Tes princesses sont rentrées !!
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Esthetique_life
life arriva devant la porte des nouveaux parents et se demanda s'il était bon de les dérangeaient alors ne toqua pas et laissa son présent devant la porte



elle laissa un mot

Encore félicitation a vous deux, j'espère que mon cadeaux vous fera plaisir
Life
Aradiia
Pas de réponse, seule sa voix et celle d’Aguiane qui à présent hurlait résonnaient dans l’immense bâtisse, à croire que quelqu’un l’égorgeait.
Tes princes…
La mouflette sembla soudainement se calmer quand sa mère s’arrêta elle aussi de crier en entrant dans le grand salon vide. Diia réfléchit un instant en essayant de décrypter les expressions de la petite. *Quelle étrange chose qu'un bébé.*
Puis là posa délicatement dans le couffin sur la table, qui trônait au milieu des cadavres de bouteilles.
Elle finit par lâcher un grand soupire, cette maison était si grande qu’ils passaient leur temps à se chercher, elle se retenait de ne pas se appeler a nouveau.

Un regard vers sa fille, puis un sourire satisfait quand elle pu constater que l’enfant s’endormait ses minuscules lèvres toutes souriantes. Diia pencha son visage, vers le sien ; le contour délicat d’un rose nacré parsemé d’un minuscule duvet ondulait au gré de sa respiration. Quoi de plus précieux que de regarder son enfant dormir, elle déposa un baiser sur le bout de son nez joliment ourlé.

Elle se dirigea vers la fenêtre et l’ouvrit en grand, afin d’admirer la campagne environnante sous le soleil de fin de juillet. Les rayons vinrent chatouiller son visage encore un peu tiré par son accouchement récent. Le parfum devenu familier de leur maison lui fit à nouveau tourner la tête et regardant la pièce, elle fixa le grand meuble aux boiseries incrustées qu’elle n’avait a peine remarqué avant.

Elle s'approcha de celui-ci et ouvrit par curiosité le tiroir du milieu, en sortit tout en souriant de précieux ustensiles en argent.
Une petite cuillère comme faite pour la bouche d’Aguiane et des gobelets finement ornés de différentes tailles elle les observa un long moment et avec un sourire béa. *c’était délicieusement délicat, quel beau cadeau pour sa fille.* Elle s’empressa de les ranger dans sa besace.
Kro devrait être dehors entrain de charger les ânes, elle ouvrit la porte et s’immobilisa devant en regardant le sol. Un petit paquet était posé et un message y était accroché. Elle s’en saisit et lut a voix haute.


Encore félicitation a vous deux, j'espère que mon cadeaux vous fera plaisir
Life


Tout en ouvrant le paquet, et découvrant le présent, elle lâcha avec un sourire attendri.
Hooo Life ! Comme c’est adorable de sa part. Pourvu que j’ai le temps d’aller la remercier ce soir !


Tout à coup, elle poussa un cri d’effroi en se retournant.

Aguiane, Boudiou ! J’allais t’oublier !!!!

Dans le grand salon elle prit le couffin après y avoir posé dedans le cadeau de Life et sortit de chez eux, cherchant son Kro du regard impatiente de se retrouver tout les trois sur les chemins, maintenant qu'ils étaient... Trois.

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Kronembourg
A peine rentrés qu'un nouveau départ s'annonçait déjà. Et pas des plus drôles, celui-ci.
Comme le domaine du Vicomte recevait peu de visiteurs, Kro se demanda s'il n'allait pas le faire fermer. Lui dormait sur le port en compagnie de la petiote ( si on peut appeler ça dormir tellement Aguiane pleurait souvent ) et Diia dormait le plus souvent au palais de l'ombrière, quelque part entre le deuxième étage et ... et Dieu sait quoi !

Et puis, il y avait quelque chose de bizarre dans ce domaine que le couple squattait depuis maintenant quelques mois. Comme un souffle froid, une présence inexplicable sur les lieux, un mystère qu'il faudrait élucider tôt ou tard.
Kro se promit de se pencher sur le problème à son retour. Il ferma la porte d'un air soucieux et se dirigea vers l'église.

--Diaspora
diaspo était ravie de voir la petite famille même si elle était pas souvent dans la maison mais voila que des rumeurs de départ se fait entendre? Son cœur se serra. Encore seule a veiller cette immense demeure, ne sera t-elle qu'un gardien éternel?? Elle vit la porte se fermer et la famille partir encore loin d'elle....
--The_fox
Courant à la vitesse de 60 km/h (je peus pas aller plus vite), je me dépécha de rejoindre la demeure de la médicastre. Arf... j'éspère qu'elle me reconnaitra... sinon, comment lui dire que je suis le renard de Love, la soeur de Cyb?... Tempis, ce n'est pas ma préoccupation... Je dois apporter le billet avant tout...

Arrivé devant la porte de sa maison, je la gratais avec ma patte.

...

Arf! ils sont sourds ou quoi?... Tempis, je me lance. Avec de l'élan, je brisai une vitre d'une fenêtre pour me retrouver à l'intérieur. Je glapis et fais mon mariole avec des cascades, mes japements et glapissements pour me faire remarquer. Il faus à tout prix qu'ils lisent le billet : SOS, URGENT, KADFAEL EST EVENTRE... VENNEZ A LA MAIRIE...


Kronembourg
[ Domaine du Vicomte Artésien, squatté par Aradiia et Kronembourg ]



Trois écus en poche.
Voilà tout ce qui restait au grand barbu après avoir fait les fonds de tiroirs, fouillé les bas de laine de sa femme et éventré comme un sauvage toutes les literies du domaine du Vicomte.
Trois écus.
Moins qu'il suffit pour un morceau de pain, à peine de quoi s'enfiler trois verres en taverne, tout juste de quoi rogner un dernier épi de maïs avant la disette.
Trois écus.
Trois écus.

Dire que l'an passé, l'homme d'église se targuait à qui voulait l'entendre de posséder mille fois cette somme. Mille fois. Trois écus.
C'était alors la belle vie : Les cabarets à Montauban, les demandes de Seigneuries vénales, les propositions de dons au Duché, les Ramponneaux à en perdre sa chemise, les petits matins après l'ivresse où il se retrouvait étourdi, les poches trouées sur le pavé ... Et puis la lingerie fine, c'est qu'une épouse ça s'entretient, et ça ne s'entretient pas à coups de trois écus par jour, non, une épouse, ça vous dévore un héritage en moins de temps qu'il ne faut à un barbu pour zigouiller un renardeau sans défense à peine né dans son terrier.
Enfin, c'est ce que se disait le Kro pour déculpabiliser et ne pas admettre qu'il avait tout flambé en quelques mois.

Quoi qu'il en soit, l'heure était grave.
Un an et demi que Diia et Kro jouaient les grands seigneurs sur les bancs de l'université, l'un et l'autre étaient même devenus les Doyens de leurs voies respectives, fréquentaient du beau monde et partageaient des dîners mondains. Mais l'instruction aussi coûte cher et si aujourd'hui l'homme d'église maîtrisait parfaitement le Grec, le Latin et les Langues modernes, il n'avait plus mis un pied dans son champ depuis une éternité.

Et c'est justement en scrutant l'horizon d'un oeil morne et en apercevant son champ fraîchement coupé que lui vint soudain L'idée en or.


Il avait employé une jeune femme, la veille, une étrangère, afin de lui confier la coupe de ses épis moyennant 17 écus de salaire pour 10 kilos de muscles.
Durant l'après-midi, comme à son habitude, il était passé en coup de vent pour surveiller l'avancée du travail accompli, et il avait remarqué, au loin, que la jeune femme qu'il avait employé s'était rendue sur son champ accompagnée d'un petiot.
La femme et l'enfant semblaient certes mettre du coeur à l'ouvrage, mais le Kro avait soupçonné le petiot de ne pas avoir les dix kilos de muscles requis pour la coupe.

L'occasion de se faire rembourser les 17 écus était trop belle.
Une femme, un enfant, il suffirait de les intimider un peu pour qu'ils restituent tremblants de peur l'argent dont Kro avait besoin pour se nourrir aujourd'hui. Quand on a plus un sou en poche, on devient très regardant à la dépense.

Il fit le tour de son champ afin de noter ça et là quelques imperfections dans les coupes ( celle-ci n'était pas taillée en biseau, celle là semblait un peu piétinée, le chanfrein là-bas n'était pas assez joli, etc... ) et se décida à rédiger une lettre.

Il fallait frapper fort et sec. Demander beaucoup pour avoir peu. Sur un ton ne souffrant aucune discussion.


Citation:

Damoiselle,

Après vous avoir confié les récoltes de mon champ hier, je suis fort mécontent ce matin de retrouver un terrain ravagé par vos soins.

Passez-moi l'expression, mais vous m'avez fourni là un travail de Gascon.
Mon pire ennemi ne s'y serait pas pris autrement pour saccager mes dix prochaines récoltes et faire de moi la risée de tout le village.

Aussi, je vous demande de me restituer au plus vite les 17 écus de salaire non mérité dont vous avez été grassement payée, ainsi que l'équivalent des dix kilos de muscles dont vous m'avez arnaquée, soit cinq pièces de viande ( du boeuf de préférence ) que je vous rachèterai, il va sans dire, au prix minimum.

Je considèrerai l'incident comme clos dès lors que le remboursement sera effectué, et n'entacherai point votre réputation en faisant déplacer le Lieutenant de notre bonne cité afin qu'il puisse constater l'étendue de vos dégâts.
Réglons cela à l'amiable.
Je vous attends ce soir en taverne afin de mettre un terme à cette triste affaire.

Puisse le Très-Haut vous guider, vous et votre enfant QUE J'AI VU, sur le chemin des champs fertiles de mes voisins.

Frère Kronembourg, Sacristain de Blaye.



Voilà, ça devrait suffire. Ne restait plus qu'à l'envoyer, et à attendre en croisant les doigts.
Après tout, qui ne tente rien ...
Felina
[Un matin comme un autre, à Blaye.]

Dans l’auberge où ils avaient trouvé refuge pour le temps de leur séjour dans la cité portuaire, la Féline a décidé de faire relâche. Une grasse matinée en réponse à l’épuisante journée de la veille. Notre encore trop récente ex mercenaire avait en effet occupé toute sa journée à récolter un champ de maïs, parce qu’elle avait bien compris que lorsque l’on se décidait à être honnête, il fallait mériter son salaire. Mais il faut bien l’avouer, les travaux des champs n’étant définitivement pas son truc, elle ne faisait que le strict minimum et jusque là personne n’avait encore eu le courage de le lui reprocher.

Alors que le soleil est pourtant déjà haut dans le village, La Rastignac ronfle donc du sommeil du juste quand l’aubergiste tambourine à la porte. Grognant, et se retournant, elle l’envoie sur les roses avec toute la délicatesse qui fait son charme.


Barre toi ! J’suis po là !!

L’imprudent insiste :

Mais M’dame Rastignac … C’est le frère Kronembourg qui vous a fait envoyé un pli et il a précisé qu’c’était important.

Important !! Le courrier d’un religieux alors qu’elle dort !! On croit rêver !! Pourtant, la sauvageonne se lève, et ouvre violemment la porte de sa chambre avant d’arracher la missive des mains du malheureux tavernier qui semble se recroqueviller sur lui-même lorsqu’il croise son regard courroucé. Lui claquant la porte au nez sans plus un mot, la Rastignac se pose avec rage sur son lit et entreprend de lire ce fameux courrier de la plus haute importance. Les yeux s’écarquillent au fur et à mesure de sa lecture, et comme elle prend finalement connaissance du nom du signataire, la voilà qui part dans un éclat de rire incontrôlable à faire résonner tous les murs de l’auberge.

Non mais pour qui qu’y s’prend le cur’ton !! Mouhahahahahaha !!

Passé la surprise et la crise de fou rire, la mercenaire, d’un geste rageur, fait une boule avec le parchemin et l’envoie directement dans l’âtre, attisant par la même un feu au bord de l’agonie. Puis elle se saisit d’une plume et d’un vélin, et entame une réponse, écriture toujours maladroite de la gauchère par la force des choses en colère de sucroît..

Citation:
Frère Truc !

Je serai au rendez vous ce soir en la taverne municipale afin de vous faire part de ma façon de penser. Sachez cependant que jamais une Rastignac ne rendra le moindre écu à quiconque, et ce quelque puisse en être la raison invoquée.

Félina Rastignac.

Ps : Je doute que vous ayiez la moindre idée de qui vous venez de provoquer.


Se ruant sur le seuil de sa chambre, elle siffle alors le propriétaire des lieux.

Hey Tavernier, bouge ton gras et va porter ce « pli de la plus haute importance » à ton sacrétin Kro machin !! Et qu’ça saute.

Et voilà une journée qui commence mal, et une féline en pétard comme jamais. Ca promet.
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Karyl
Un poisson, non, deux poissons, le fromage, du lait, les oranges …

Poussant la porte de l’auberge, Karyl faisait à voix haute le bilan des victuailles qu’il venait d’acheter au marché. La veille, voyant sa mère totalement épuisée de leur dure journée de labeur, l’idée lui était venue de lui faire plaisir en préparant l’une de ses spécialités : sa fameuse truite à l’orange, voilà qui allait la requinquer ! Ce matin là donc, prenant garde à ne surtout pas la réveiller, il s’était levé dès l’aube afin d’avoir le temps de tout préparer pour le déjeuner. Pour sure qu’en voyant sa surprise, sa mère allait être ravie. Excité par cette idée, le gosse s’était donc vite habillé et « coiffé » avant de quitter la chambre sur la pointe des pieds et le sourire aux lèvres.
Un sourire qui s’était cependant vite mué en grimace à peine les escaliers entamés lorsque le petiot s’était aperçu d’un léger détail : Il n’avait absolument pas de quoi tout payer, les bonbons achetés la veille l’ayant quasiment ruiné. Se posant lourdement sur une des marches, il avait alors laissé échapper un long soupire de déception. Comment faire ? La réponse fut trouvée quelques instants plus tard faisant renaitre sur sa trogne un joyeux sourire : Certainement que sa mère ne lui en voudrait pas d’un léger emprunt, après tout c’était pour une bonne cause. Convaincu, le blondinet était alors remonté dans la chambre et, le moins bruyamment possible, avait pris la bourse de sa mère avant de filer pour de bon au marché duquel il revenait à présent les bras chargés de victuailles et la bourse maternelle bien plus légère.

Distrait par l’inventaire de son panier qu’il avait entamé en sortant de la place du marché, Karyl ne fit guère attention à son chemin en traversant la pièce centrale de l’auberge pour rejoindre les escaliers. C’est ainsi qu’arrivant aux abords de ceux-ci, il fut violemment percuté par l’aubergiste qui descendait des étages visiblement très énervé.

«- Hey, faut tu fais attention hein !» Fit-il grognon tout en se relevant la fesse douloureuse tandis que ses victuailles s’étaient éparpillées au sol. L’aubergiste ne sembla même pas le voir surement trop occupé à grommeler un charabia que l’enfant ne comprit absolument pas. Quel rustre celui-là et même pas poli en plus! Haussant les épaules, le garçonnet ramassa ses affaires puis reprit le chemin de la chambre.

Arrivé sur le palier il en oublia sa mésaventure et c’est joyeux qu’il poussa la porte de leur chambrée en s’écriant d’un air triomphal : «
Maman surprise, regarde ce que j’ai acheté pour que je te fais du bon à manger ! »

Pas de doute dans l’esprit du minot, pour lui et sa mère, c’était une belle journée qui commençait.

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un simple gamin des rues...
Aradiia
[Entrant dans la cité des lierres]



Au petit matin, elle était arrivée à cheval aux portes de sa ville natale, le cœur battant fort dans sa poitrine à l’idée de retrouver sa chère famille.
Sans un mot, sans un signe, elle se glissera lentement sous les draps rêches pour un repos bien mérité, cherchant l’emprise des longs bras de son tendre gardien.
Diia aspirait tant à retrouver la présence de son unique amour dont elle avait gardé la marque dans sa chair, comme dans son âme.

Ce moment tant attendu approchait, teinté du bruit des sabots sur les dalles de la bourgade familière. Si fébrile et nerveuse elle donna deux talonades sur les flancs moites et fumants de la bête.
Les claquements se firent plus rapides tandis qu’elle filait, vers le verger, et bientôt devant leur demeure.

La lueur blafarde et le froid matinal, la faisait un peu frissonner à moins que ce ne soit le visage de son aimé qu’elle devinait déjà dans la brume.

Toutes ces nuits dans la promiscuité et l’inconfort des abris de fortune, seraient balayées par les caresses et la passion des retrouvailles.


Ralentissant le pas, elle fini par mettre pied à terre, sans oublier de caresser l’encolure de l’animal en l’entraînant vers l’étable.
Elle fini de s’occuper d'elle, tout en agissant par des gestes rapides et précis.
Un dernier regard, avant de s’éloigner.


Puis une course folle s’en suivit, poussant la lourde porte, elle jeta son paquetage au sol. Dévala l’escalier, tout retirant un à un ses vêtements tel la mue d’un reptile.
Diia poussa la porte de leur chambre, retenant son souffle pour percevoir le sien.
Pour finir par se glisser sous l’épaisse couverture avec précaution pour ne pas troubler le délice des lieux.


Immobile, respirant à peine, ses yeux se fermèrent enfin en laissant échapper une lourde larme dévalant sa joue.

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