Negan
La nouvelle du décès d'Eiddin de Margny-Riddermark était parvenue aux oreilles de sa sur : la petite malade, soudainement, s'était sentie mieux et s'était levée pour profiter de ce sentiment de bonheur qui l'envahissait par vagues : la saleté fraternelle était morte ! Ce sang exécré qui l'avait souillé en faisant couler le sien n'était plus ! Et la jeune fillette de douze ans, contrainte de porter un deuil hypocrite pour maintenir un semblant de compassion familiale, cacherait sous le voile noir un grand sourire comblé. Ce serait un jeu d'enfant que de paraître attristé du trépas du frère abhorré, tant il en valait la chandelle.
Les besoins généalogiques de la nouvelle contraignirent Negan à se pencher sur sa famille et sa double lignée ; la lignée de Margny-Riddermark, tout particulièrement, pour son affiliation avec le défunt haï, ce qui lui permit d'apprendre l'existence d'une sienne cousine vivant en Lorraine et issue de Debenka de Riddermark, et à laquelle elle se promit d'écrire afin de faire plus ample connaissance. Mais si en ces jours de deuil elle devenait par intérêt une Margny-Riddermark, elle n'oublierait jamais avoir été élevée par l'autre branche, la dynastie Adams de Mélincour, dont elle est issue par sa mère, et au sein de laquelle son grand-père Greenwarrior de Rougemont avait confié son éducation à l'oncle Erwin le Jeune. Mais si l'heure était par circonstance aux affaires de familles, elle n'était pas aux souvenirs, et c'est à la Hérauderie que la jeune malade, après s'être contrainte à acquérir le matière nécessaire à l'écriture - son oncle Erwin lui avait appris les lettres, toute jeune - destina sa première lettre.
A la noble Hérauderie Impériale & à ses dignitaires,
Je, Negan de Margny-Melincour, fille de l'union de feu le vicomte Sirius de Margny-Riddermark et de feue dame Aleks Adams de Melincour, viens d'apprendre le trépas d'Eiddin de Margny-Riddermark, mon frère, et c'est le cur alourdi d'une immense peine que je prend la plume d'un bras bandé de noir pour vous écrire au sujet de la vacance de la baronnie de Dannes-et-Quatre-Vents, sise en le duché de Lorraine où je réside & que je sers. En l'absence de toutes dispositions testamentaires qu'auraient pu laisser mon défunt frère, afin de relever nos armes & notre blason pour que ces derniers ne tombent point en quenouille, & enfin pour pouvoir servir plus en profondeur le duché de Lorraine où suis déjà engagée dans les forces armées, j'aimerais vous faire connaître mes prétentions à l'héritage de ladite baronnie de Dannes-et-Quatre-Vents, sise en Lorraine.
Nancy, le dixième de septembre mil quatre cent cinquante & sept,
Negan de Margny-Melincour
L'écriture de cette missive avait épuisé la jeune enfant, affaiblie par l'heure tardive ne convenant point aux jeunes filles de douze ans, et par les faiblesses qui la prenaient régulièrement. Au petit matin, lorsque le soleil darda ses premiers rayons dans la petite propriété de Negan, elle se réveilla toute penaude d'avoir dormi sur la planche d'écriture en bois, sans avoir eu la force de s'en aller coucher. Elle avait néanmoins récupéré quelques forces et, repensant à la cousine Lorraine qu'elle venait de se découvrir, s'empressa de lui écrire, mettant plus d'une heure à rédiger la missive pourtant fort courte qu'elle désirait lui écrire, pesant chacun des mots et se forçant à simuler la tristesse à l'annonce de la mort de son frère.
A Nayenna de Riddermark,
Je vous écris, mademoiselle de Riddermark, car suis Negan de Margny-Riddermark Adams de Mélincour, votre cousine, & viens d'apprendre à force d'études & de lectures de nos registres familiaux votre existence et votre choix de vivre & d'habiter en le duché de Lorraine, ainsi que moi qui réside en les murs de Nancy. En ces heures sombres ou l'annonce du décès d'un être cher à mes yeux et à mon sang, mon frère, votre cousin, Eiddin de Margny-Riddermark, j'ai besoin de me tourner vers mon sang pour y trouver de l'affection & du réconfort, seuls remèdes susceptibles de me sortir de l'affliction dans laquelle cette nouvelle m'a plongé. J'aurais, mademoiselle ma cousine, grand besoin & forte envie de faire votre connaissance, aussi ose-je vous inviter en Nancy où j'ai grand espoir que la présence d'un être proche de moi par l'âge & le sang me rendre goût à l'existence, et sache combler le grand vide qui survient en moi après ce trépas.
Nancy, le onzième de septembre mil quatre cent cinquante & sept,
Negan de Margny-Melincour
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Les besoins généalogiques de la nouvelle contraignirent Negan à se pencher sur sa famille et sa double lignée ; la lignée de Margny-Riddermark, tout particulièrement, pour son affiliation avec le défunt haï, ce qui lui permit d'apprendre l'existence d'une sienne cousine vivant en Lorraine et issue de Debenka de Riddermark, et à laquelle elle se promit d'écrire afin de faire plus ample connaissance. Mais si en ces jours de deuil elle devenait par intérêt une Margny-Riddermark, elle n'oublierait jamais avoir été élevée par l'autre branche, la dynastie Adams de Mélincour, dont elle est issue par sa mère, et au sein de laquelle son grand-père Greenwarrior de Rougemont avait confié son éducation à l'oncle Erwin le Jeune. Mais si l'heure était par circonstance aux affaires de familles, elle n'était pas aux souvenirs, et c'est à la Hérauderie que la jeune malade, après s'être contrainte à acquérir le matière nécessaire à l'écriture - son oncle Erwin lui avait appris les lettres, toute jeune - destina sa première lettre.
A la noble Hérauderie Impériale & à ses dignitaires,
Je, Negan de Margny-Melincour, fille de l'union de feu le vicomte Sirius de Margny-Riddermark et de feue dame Aleks Adams de Melincour, viens d'apprendre le trépas d'Eiddin de Margny-Riddermark, mon frère, et c'est le cur alourdi d'une immense peine que je prend la plume d'un bras bandé de noir pour vous écrire au sujet de la vacance de la baronnie de Dannes-et-Quatre-Vents, sise en le duché de Lorraine où je réside & que je sers. En l'absence de toutes dispositions testamentaires qu'auraient pu laisser mon défunt frère, afin de relever nos armes & notre blason pour que ces derniers ne tombent point en quenouille, & enfin pour pouvoir servir plus en profondeur le duché de Lorraine où suis déjà engagée dans les forces armées, j'aimerais vous faire connaître mes prétentions à l'héritage de ladite baronnie de Dannes-et-Quatre-Vents, sise en Lorraine.
Nancy, le dixième de septembre mil quatre cent cinquante & sept,
Negan de Margny-Melincour
L'écriture de cette missive avait épuisé la jeune enfant, affaiblie par l'heure tardive ne convenant point aux jeunes filles de douze ans, et par les faiblesses qui la prenaient régulièrement. Au petit matin, lorsque le soleil darda ses premiers rayons dans la petite propriété de Negan, elle se réveilla toute penaude d'avoir dormi sur la planche d'écriture en bois, sans avoir eu la force de s'en aller coucher. Elle avait néanmoins récupéré quelques forces et, repensant à la cousine Lorraine qu'elle venait de se découvrir, s'empressa de lui écrire, mettant plus d'une heure à rédiger la missive pourtant fort courte qu'elle désirait lui écrire, pesant chacun des mots et se forçant à simuler la tristesse à l'annonce de la mort de son frère.
A Nayenna de Riddermark,
Je vous écris, mademoiselle de Riddermark, car suis Negan de Margny-Riddermark Adams de Mélincour, votre cousine, & viens d'apprendre à force d'études & de lectures de nos registres familiaux votre existence et votre choix de vivre & d'habiter en le duché de Lorraine, ainsi que moi qui réside en les murs de Nancy. En ces heures sombres ou l'annonce du décès d'un être cher à mes yeux et à mon sang, mon frère, votre cousin, Eiddin de Margny-Riddermark, j'ai besoin de me tourner vers mon sang pour y trouver de l'affection & du réconfort, seuls remèdes susceptibles de me sortir de l'affliction dans laquelle cette nouvelle m'a plongé. J'aurais, mademoiselle ma cousine, grand besoin & forte envie de faire votre connaissance, aussi ose-je vous inviter en Nancy où j'ai grand espoir que la présence d'un être proche de moi par l'âge & le sang me rendre goût à l'existence, et sache combler le grand vide qui survient en moi après ce trépas.
Nancy, le onzième de septembre mil quatre cent cinquante & sept,
Negan de Margny-Melincour
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