Constant corteis
Non mais évidemment, aussi ! Rahhhhh...
Qu'est ce que tu veux que je te dise, moi ? Tu ne peux pas te pointer comme ça devant le premier gus venu et lui demander de but en blanc de t'expliquer ce que c'est que l'anomie ! Évidemment qu'il va te regarder bizarrement, t'as même du bol qu'il te retourne pas une quiche dans la tronche.
Arrivé à ce moment là de sa prise de parole, Constant se rendit compte avec une pointe de désarroi qu'il en était venu à investir un champ lexical un peu trop laxiste, surtout pour quelqu'un qui venait pour s'entretenir avec un archevêque... Il faut dire qu'elle avait le don de lui faire perdre sa contenance syntaxique...
Il tâcha tout de même de se reprendre un peu.
Non mais c'est vrai, quoi, nous vivons dans un contexte socio-culturel tel qu'une certaine méfiance instinctive fait que les gens sont d'un naturel inquiet, il faut donc prendre des pincettes. Alors oui, forcément, quand tu arrives devant quelqu'un et que tu commences direct à lui causer d'un truc dont il n'aura, dans le meilleur des cas, entendu parler qu'une ou deux fois dans sa vie, et bien tu as beau être toute pimpante, auréolée de tes meilleures intentions et flanquée de ton plus beau sourire, il se braque ! C'est de la pure logique, en un sens, si on y réfléchit.
Devant eux se dressait à présent l'entrée du palais épiscopal de Bordeaux, qui se trouvait, par l'action combinée d'un assez bon sens de l'orientation, et d'un méga coup de bol (soyons honnêtes), être la destination précise vers laquelle ils se dirigeaient depuis le Périgord.
Constant s'arrêta quelque peu, afin de finir de parler... et de réfléchir un peu.
Vois-tu, lorsque tu souhaites baratiner un clampin, ou extorquer des informations à un guignol de passage, qu'il soit paysan, duc ou archevêque... dit il en laissant poindre un petit sourire sur ses lèvres Et bien il faut toujours faire semblant de s'intéresser à lui dans un premier temps !
La considération, très chère, tel est le maître mot.
Regarde, quand tu viens voir un type pour lui demander un renseignement, il faut d'abord lui demander comment il se porte ! Et là, d'un coup, le bonhomme se sent en confiance, il se sent investi d'une solide fraternité ! L'émotion l'étreint ! Son cur se presse et sa langue se délie ! Ses pores se dilatent pour laisser bourgeonner son âme à fleur de peau.
Sur ce, un petit instant de silence.
Oui, j'en rajoute un peu.
Mais il n'en reste pas moins que le fond de l'idée est là.
Suffit.
Oui, c'est qu'il était quand même temps de se décider à passer à autre chose... Constant n'était pas venu en touriste. Il devait rencontrer l'archevêque de Bordeaux.
Le hic, c'est qu'il n'avait pas réussi à ne pas s'affubler d'un encombrant bagage... Le genre qui parle et qui pose des questions (ce qui, en soi, n'est pas gênant), et qui a une fâcheuse et avérée tendance à abhorrer viscéralement le clergé (ça, ça pique nettement plus). N'ayant pas du tout envie de se retrouver avec un drame surla conscience le curriculum, Constant devait donc trouver un moyen d'occuper sa camarade à autre chose qu'à saccager le mobilier.
Bon, nous voici devant le palais épiscopal, c'est là que je vais.
Par contre, il faut que je te dise, y a tout plein de curés, dedans. Je crois même qu'il y a des diacres...
Donc bon, je comprendrais si tu préférais m'attendre ici.
Leçon N°1 : Toujours faire passer une demande pour une concession.
D'autant que je n'en ai pas pour longtemps, je dois juste porter ça...
Constant sortit alors de sa poche le bout de papier sur lequel il avait griffonné n'importe quoi pour faire genre, et le montra en vitesse.
... à l'archevêque du coin, de la part de l'empapaouteur.
Tu verras, ça sera pas long.
Qu'est ce que tu veux que je te dise, moi ? Tu ne peux pas te pointer comme ça devant le premier gus venu et lui demander de but en blanc de t'expliquer ce que c'est que l'anomie ! Évidemment qu'il va te regarder bizarrement, t'as même du bol qu'il te retourne pas une quiche dans la tronche.
Arrivé à ce moment là de sa prise de parole, Constant se rendit compte avec une pointe de désarroi qu'il en était venu à investir un champ lexical un peu trop laxiste, surtout pour quelqu'un qui venait pour s'entretenir avec un archevêque... Il faut dire qu'elle avait le don de lui faire perdre sa contenance syntaxique...
Il tâcha tout de même de se reprendre un peu.
Non mais c'est vrai, quoi, nous vivons dans un contexte socio-culturel tel qu'une certaine méfiance instinctive fait que les gens sont d'un naturel inquiet, il faut donc prendre des pincettes. Alors oui, forcément, quand tu arrives devant quelqu'un et que tu commences direct à lui causer d'un truc dont il n'aura, dans le meilleur des cas, entendu parler qu'une ou deux fois dans sa vie, et bien tu as beau être toute pimpante, auréolée de tes meilleures intentions et flanquée de ton plus beau sourire, il se braque ! C'est de la pure logique, en un sens, si on y réfléchit.
Devant eux se dressait à présent l'entrée du palais épiscopal de Bordeaux, qui se trouvait, par l'action combinée d'un assez bon sens de l'orientation, et d'un méga coup de bol (soyons honnêtes), être la destination précise vers laquelle ils se dirigeaient depuis le Périgord.
Constant s'arrêta quelque peu, afin de finir de parler... et de réfléchir un peu.
Vois-tu, lorsque tu souhaites baratiner un clampin, ou extorquer des informations à un guignol de passage, qu'il soit paysan, duc ou archevêque... dit il en laissant poindre un petit sourire sur ses lèvres Et bien il faut toujours faire semblant de s'intéresser à lui dans un premier temps !
La considération, très chère, tel est le maître mot.
Regarde, quand tu viens voir un type pour lui demander un renseignement, il faut d'abord lui demander comment il se porte ! Et là, d'un coup, le bonhomme se sent en confiance, il se sent investi d'une solide fraternité ! L'émotion l'étreint ! Son cur se presse et sa langue se délie ! Ses pores se dilatent pour laisser bourgeonner son âme à fleur de peau.
Sur ce, un petit instant de silence.
Oui, j'en rajoute un peu.
Mais il n'en reste pas moins que le fond de l'idée est là.
Suffit.
Oui, c'est qu'il était quand même temps de se décider à passer à autre chose... Constant n'était pas venu en touriste. Il devait rencontrer l'archevêque de Bordeaux.
Le hic, c'est qu'il n'avait pas réussi à ne pas s'affubler d'un encombrant bagage... Le genre qui parle et qui pose des questions (ce qui, en soi, n'est pas gênant), et qui a une fâcheuse et avérée tendance à abhorrer viscéralement le clergé (ça, ça pique nettement plus). N'ayant pas du tout envie de se retrouver avec un drame sur
Bon, nous voici devant le palais épiscopal, c'est là que je vais.
Par contre, il faut que je te dise, y a tout plein de curés, dedans. Je crois même qu'il y a des diacres...
Donc bon, je comprendrais si tu préférais m'attendre ici.
Leçon N°1 : Toujours faire passer une demande pour une concession.
D'autant que je n'en ai pas pour longtemps, je dois juste porter ça...
Constant sortit alors de sa poche le bout de papier sur lequel il avait griffonné n'importe quoi pour faire genre, et le montra en vitesse.
... à l'archevêque du coin, de la part de l'empapaouteur.
Tu verras, ça sera pas long.