Saorii
[RP ouvert]
En Béarn, donc, la brune. Seule. Comme depuis un petit bout de chemin maintenant, qu'elle trace depuis l'Italie - une voie en silences et en pointillés. Mais devant les courbes verdoyantes de cette région gironde et fertile, l'adjectif prend tout son sens. Rien de tel que le spectacle d'une vie grouillante pour vous faire prendre conscience de votre propre isolement.
Elle a croisé le brun, par hasard, sur sa route vers les potagers flamands. Les au-revoir se sont accompagnés de quelques doux condiments, amères étreintes et illusions sucrées. Oui, elle ira le rejoindre. Pourquoi ne pas y croire un peu... Trouver tout naturel cette nouvelle séparation, qui fait suite à une autre, et à divers coups de poignard dans les tripes saoriennes. Elle a donc sagement bercé sa panse endolorie, lui racontant de jolies histoires pour l'endormir, en mère poule attentionnée. Et l'Armagnac est passé ainsi - l'indigeste truisme, aussi. Mais voilà, la sauce béarnaise vient réveiller des sens assoupis, et la tripaille ne s'accommode plus d'être accommodante. Elle réclame des réactions, à défaut de réponses.
- "Saorii, mourir à petit feu, c'est pas ton genre. Fais le avec éclat ou ne le fais pas du tout."
- "Je sais bien, gaster indélicat. Mais quoi ? Vivre sans lui ? Ou feindre de ne pas voir cette garce d'évidence qui étale ses atouts généreux et perfides sous mon nez ?
C'est un choix ça ?"
- "C'est celui que tu as."
Renoncer à l'existence parce que celui qui est toute votre vie est en train de renoncer à vous, c'est tellement logique que ça frise le ridicule. C'est lâche à souhait, aussi. Et diablement séduisant. Ce ne sont ni la couardise ni le ridicule qui l'arrêtent, mais sans doute l'agacement de la facilité. Elle n'a jamais aimé les beaux parleurs, la brune, ceux qui vous entortillent au premier claquement de doigts, ceux qu'on remarque au premier regard. La mort est de ceux-là, et d'ailleurs, elle porte bien mal ses attributs féminins. La Faucheuse n'est rien de plus qu'un de ces gigolos de seconde zone qui hantent les tavernes pour vous soutirer vos quelques biens. Pathétique amant, qui plus est.
Saorii en est là de ses réflexions, le postérieur planté sur un rocher au bord du chemin, la caboche sous les derniers rayons d'un soleil moribond. Au loin, une ville. La vagabonde qui voyage léger s'apprête à gagner Lourdes, tout un programme. Mais quel qu'en soit le poids, elle a fait son choix.
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SAO.
En Béarn, donc, la brune. Seule. Comme depuis un petit bout de chemin maintenant, qu'elle trace depuis l'Italie - une voie en silences et en pointillés. Mais devant les courbes verdoyantes de cette région gironde et fertile, l'adjectif prend tout son sens. Rien de tel que le spectacle d'une vie grouillante pour vous faire prendre conscience de votre propre isolement.
Elle a croisé le brun, par hasard, sur sa route vers les potagers flamands. Les au-revoir se sont accompagnés de quelques doux condiments, amères étreintes et illusions sucrées. Oui, elle ira le rejoindre. Pourquoi ne pas y croire un peu... Trouver tout naturel cette nouvelle séparation, qui fait suite à une autre, et à divers coups de poignard dans les tripes saoriennes. Elle a donc sagement bercé sa panse endolorie, lui racontant de jolies histoires pour l'endormir, en mère poule attentionnée. Et l'Armagnac est passé ainsi - l'indigeste truisme, aussi. Mais voilà, la sauce béarnaise vient réveiller des sens assoupis, et la tripaille ne s'accommode plus d'être accommodante. Elle réclame des réactions, à défaut de réponses.
- "Saorii, mourir à petit feu, c'est pas ton genre. Fais le avec éclat ou ne le fais pas du tout."
- "Je sais bien, gaster indélicat. Mais quoi ? Vivre sans lui ? Ou feindre de ne pas voir cette garce d'évidence qui étale ses atouts généreux et perfides sous mon nez ?
C'est un choix ça ?"
- "C'est celui que tu as."
Renoncer à l'existence parce que celui qui est toute votre vie est en train de renoncer à vous, c'est tellement logique que ça frise le ridicule. C'est lâche à souhait, aussi. Et diablement séduisant. Ce ne sont ni la couardise ni le ridicule qui l'arrêtent, mais sans doute l'agacement de la facilité. Elle n'a jamais aimé les beaux parleurs, la brune, ceux qui vous entortillent au premier claquement de doigts, ceux qu'on remarque au premier regard. La mort est de ceux-là, et d'ailleurs, elle porte bien mal ses attributs féminins. La Faucheuse n'est rien de plus qu'un de ces gigolos de seconde zone qui hantent les tavernes pour vous soutirer vos quelques biens. Pathétique amant, qui plus est.
Saorii en est là de ses réflexions, le postérieur planté sur un rocher au bord du chemin, la caboche sous les derniers rayons d'un soleil moribond. Au loin, une ville. La vagabonde qui voyage léger s'apprête à gagner Lourdes, tout un programme. Mais quel qu'en soit le poids, elle a fait son choix.
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SAO.