Alcyone
[Appartements Limougeauds d'Alcyone]
Feu, sang et émeraudes... S'il n'y avait que ça, tout irait bien. Mais les temps sont ce qu'ils sont.
C'est donc à son bureau, penchée sur quelque parchemin que la rouquine se trouve. Encore tant de tâches, tant de missives. Parfois elle se sent submergée, mais au fond... n'est-ce pas ce qu'elle cherche? Tant qu'elle s'occupe, elle ne pense plus à ceux qu'elle a perdus. Elle ne revoit plus l'image de ce corps brûlé, elle ne revoit plus le visage de sa fille lorsqu'elle lui annonce que son père est mort. Elle ne revoit plus l'espoir à peine retrouvé s'affadir et disparaître à nouveau dans une seconde mort. Tant qu'elle s'occupe, elle vit. Tant qu'elle s'entoure, qu'elle retrouve le feu, elle vit.
Parce que survivre, c'est plus assez. Ca ne lui suffit plus. La douleur est toujours là, sourde, mais elle parvient à la faire taire, aidée entre autres par ce subtil mélange... Feu, sang, émeraudes... Brulûre, vie, intensité...
Elle boit une gorgée du vin qu'elle s'est servi pour agrémenter le travail. Trois coups frappés à la porte...
- Oui?
- Une missive pour vous, ma Dame...
Le valet entre et vient remettre en mains propres la lettre à la Baronne. Elle ne le congédie pas, peut-être que la lettre appelle réponse immédiate.
Pas de cachet sur cette lettre, une écriture qu'elle ne reconnaît pas, mais qui semble nerveuse, saccadée. Elle l'ouvre et la parcourt, curieuse tout à coup.
Feu, sang et émeraudes... S'il n'y avait que ça, tout irait bien. Mais les temps sont ce qu'ils sont.
C'est donc à son bureau, penchée sur quelque parchemin que la rouquine se trouve. Encore tant de tâches, tant de missives. Parfois elle se sent submergée, mais au fond... n'est-ce pas ce qu'elle cherche? Tant qu'elle s'occupe, elle ne pense plus à ceux qu'elle a perdus. Elle ne revoit plus l'image de ce corps brûlé, elle ne revoit plus le visage de sa fille lorsqu'elle lui annonce que son père est mort. Elle ne revoit plus l'espoir à peine retrouvé s'affadir et disparaître à nouveau dans une seconde mort. Tant qu'elle s'occupe, elle vit. Tant qu'elle s'entoure, qu'elle retrouve le feu, elle vit.
Parce que survivre, c'est plus assez. Ca ne lui suffit plus. La douleur est toujours là, sourde, mais elle parvient à la faire taire, aidée entre autres par ce subtil mélange... Feu, sang, émeraudes... Brulûre, vie, intensité...
Elle boit une gorgée du vin qu'elle s'est servi pour agrémenter le travail. Trois coups frappés à la porte...
- Oui?
- Une missive pour vous, ma Dame...
Le valet entre et vient remettre en mains propres la lettre à la Baronne. Elle ne le congédie pas, peut-être que la lettre appelle réponse immédiate.
Pas de cachet sur cette lettre, une écriture qu'elle ne reconnaît pas, mais qui semble nerveuse, saccadée. Elle l'ouvre et la parcourt, curieuse tout à coup.
Citation:
Je prie pour que cette missive arrive entre tes mains rouquine...
Tu dois être sûrement planté dans tes dossiers pompeux de politique...
Si ma main fébrile ose t'écrire quelques mots je ne vais pas aller par quatre chemins, je te sais à Limoges si ce maudit sceau ne m'a pas rendu encore plus fou...
Je vais t'y rejoindre. Pose toi autant de questions que tu le souhaites sur mes intentions. Tu sauras tout au moment voulu ; Seul à seul.
J'ai une requête à te faire passer... C'est tout ce que je peux te dire.
Je serais là comme à mon habitude... Ombre au tableau. Quand on ne s'y attend pas, ou ne souhaite pas.
A très bientôt...
Tu dois être sûrement planté dans tes dossiers pompeux de politique...
Si ma main fébrile ose t'écrire quelques mots je ne vais pas aller par quatre chemins, je te sais à Limoges si ce maudit sceau ne m'a pas rendu encore plus fou...
Je vais t'y rejoindre. Pose toi autant de questions que tu le souhaites sur mes intentions. Tu sauras tout au moment voulu ; Seul à seul.
J'ai une requête à te faire passer... C'est tout ce que je peux te dire.
Je serais là comme à mon habitude... Ombre au tableau. Quand on ne s'y attend pas, ou ne souhaite pas.
A très bientôt...
L'espace d'une seconde... Elle s'est imaginé que cette missive venait d'outre-tombe, de celui qu'elle a laissé à Bordeaux... Ces mots si sombres, cette folie sous-jacente... Mais ce n'était pas son écriture. Et le sceau... Elle relit la lettre, sure à présent de son expéditeur. Les morts n'écrivent pas, c'est bien connu. Alors il ne peut que s'agir de Jules... enfin... de ce qui restait de Jules... Jules qu'elle avait revu à Ventadour, qui n'était plus que l'ombre de celui qu'elle avait connu il y a bien longtemps. Jules qui ressemblait désormais sur beaucoup de points à Tarrelian.
Pourquoi voulait-il la rejoindre à Limoges? Etait-ce ce baiser, pourtant donné à un fantôme? Elle se cale au fond de sa chaise, l'air sombre, et se masse doucement les tempes, tâchant de réfléchir à tout ça... Peut-être était-ce un signe... Ce qu'elle n'avait pas réussi avec Tarrelian, peut-être devait elle le faire avec Jules, bien que les liens entre eux étaient différents. Une requête.... c'était pour le moins vague...
"Tu sauras tout au moment voulu", disait-il... he bien soit... elle prit la plume et répondit simplement trois mots, qu'elle confia au page.
Citation:
Je serai là.
Elle remballa ses dossiers. Plus la tête à ça... la patience n'était pas le fort d'Alcyone, au contraire de sa curiosité. L'esprit encombré de questions, inutile de vouloir faire semblant de travailler...
Elle se resservit un verre de vin... Ecarlate qui se mêlait si bien au carmin de certaines lèvres... Est-ce que ce carmin allait encore renaître ce soir? Peut-être bien, oui...
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