Charles
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Lorsque le tumulte incessant du silence prit fin, Charles eut un léger rictus. C'était à lui maintenant, le prêtre aristotélicien l'avait appelé pour la confirmation de son baptême. Tout deux seuls dans l'église, avec comme unique témoin l'universel et intemporel seigneur tout puissant.
Respirant une bonne bouffée d'air, tirant un brin sur sa robe afin de ne point s'y emmêler, il se leva, s'avança d'un bref pas et prêta ses paroles au curé.
Je confesse à Dieu l'unique tout puissant,
A tout ses saints a travers le temps,
A vous aussi, mes amis ici et ailleurs,
Parce que j'ai commis de nombreux péchés,
De l'esprit, de la voix et par ma main.
Je supplie tout les saints,
Et vous mes amis,
De prier le seul et unique pour ma rédemption.
Que le Très-Haut nous accorde le pardon,
L'absolution et la rémission de tout nos péchés de hier à aujourd'hui.
Les paroles récitées par le lombard n'étaient surement pas les plus exactes de la région. Mais bien qu'importé du latin, d'où il avait fait tous ses voeux, les mots et les paroles prononcées ne devaient surement point trop s'en défier. N'en restait à croire que le curé dijonnais ne prenne offense devant ces possibles différences dut à ses origines fondiennes.
Et pour ne pas offrir silence glacial devant le prêtre, il entreprit de poursuivre immédiatement avec le crédo aristotélicien. À la différence du premier, celui-ci, il en connaissait la teneur francophone, ayant à le marteler plus d'une fois dans la cathédrale de Besançon ou lors d'une retraite en Aachen avec son père, il y a de cela déjà près d'un quart de siècle.
Je crois en Dieu, le très haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à lheure de la mort.
Et en Aristote, son prophète, le fils de Nicomaque et de Phaetis,
Envoyé pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de lUnivers aux hommes égarés.
Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer les chemin du Paradis.
Cest ainsi quaprès avoir souffert sous Ponce, Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où lattendait Aristote à la droite du Très Haut.
Je crois en lAction Divine ;
En la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible ;
En la communion des Saints ;
En la rémission des péchés ;
En la Vie éternelle.
Voilà, il avait fini le credo. Il resta donc prostré, debout devant son siège à contempler l'autel et attendre la suite que ne tarderait pas à annoncer l'officiant dijonnais. Les bras croisés devant lui, contre sa bedaine bien grasse, il attendait.
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Charles de Margny
Baron de Fondi
Chancelier de Condé