Sadnezz
[Dans une maison de Saint-Aignan, Berry]
Ses doigts délièrent doucement les liens qui retenaient son capuchon pourpre sur ses épaisses boucles brunes. Le vêtement glissa le long de son dos et tomba en plis désordonnés a ses pieds nus. Tout était calme ce matin dans la maisonnée, L'enfant était au terrain de soule, La Rouge était seule. A pas silencieux sur le sol froid, elle se plaça à la fenêtre quelques instants. Saint-Aignan était déserte à une heure ou elle ne l'était généralement pas. Un signe peut-être. Ses pensées et son regard se perdirent au loin.
La vie n'avait pas fait de cadeaux à la brune, mais à qui en faisait-elle? Même le plus noble des noblion devait avoir son lot de douleurs, du moins c'est ce qu'elle se disait parfois. Des souvenirs heureux avaient tout de même une place dans ce tourbillon de pensées brouillons. Naissance de ses enfants, repos en famille à Mortagne, bal d'Angers... Les seuls vrais moments de pur bonheur, simples et intenses à la fois. L'amour aussi... Mais il vivait d'un subtil équilibre joie/tristesse. En somme, tout cela lui avait construit une personnalité, un caractère et même si la vie est ponctuée d'évènements tragiques elle n'en reste pas moins bien remplie et vaut la peine d'être vécue, jusqu'à la limite. La limite... Elle surgit au détour d'une rue, d'un regard ou d'une parole. Celle de Sadnezz avait été révélée en un murmure, entre les lèvres d'un médecin. Certaines personnes vont au bout de leur limite, prêt à franchir le pas le jour ou leur corps et leur âme avait atteint leur ultime force, leur ultime possibilité, s'accrochant à leur derniers moments. D'autres ne souhaitent pas se battre, prendre les armes et forcer le destin, s'abandonnant à la sombre fatalité qui les guette. La rouge se souvint d'une parole, 'un au revoir n'est pas un adieu', qu'elle avait chuchoté à un homme avant de fuir sa vie, ses envies. Ce n'était pas n'importe quel homme, et quand bien même il fut le premier qu'elle aima; il n'en fut pas moins le premier à qui elle menti. Cet au revoir murmuré dans une taverne un soir, était pourtant presque un adieu, et ça elle le savait. Pourquoi avait elle fuit ensuite...? Par fierté surement, cette fierté qui tant de fois avait écrasée sa franchise. Si le temps lui avait révélé une chose, c'était que les fantômes que l'ont fuit nous rattrapent tôt ou tard si l'on n'a pas pris le temps de les exorciser correctement. Eriadan avait été le premier à mettre son coeur a nu, et c'est peut être ce qui fut sa perte. Sadnezz ne supportait pas d'être percée à jour. Franchir son jardin secret, mettre le doigt sur ses failles et faiblesses telle était sa plus grande peur. Les lieues et les voyages avaient façonnés ses attitudes et ses erreurs de parcours ne lui avaient pas toujours servie de leçon. Une seconde phrase lui vint aussitôt en mémoire, elle amena une larme naissante qui perla vite sur sa joue. Même en pensée elle tût cette phrase, douleureuse, sinueuse. Elle avait aimé, elle avait perdu. C'était assez pour estimer sa vie complète, remplie, accomplie. L'amour était né dans sa folle jeunesse au pied d'un arbre sur une terre maudite, qu'y pouvait-on?
Sadnezz fit volte face et observa les murs de sa maison comme pour la première fois. Dieu que l'on jette un autre regard sur les choses quand on prend le temps de faire le vide et de REGARDER, vraiment. la pièce était rangée impeccablement, en ordre. Elle s'assit sur sa peau de mouton au sol, adossée au mur. Sa main tâtonna le sol et rencontra un objet froid qu'elle saisit. Elle releva une de ses manches et palpa ses veines d'un revers de pouce. Son regard chercha un récipient posé tout prés d'elle, tout était prêt; le garrot fut serré.
Malade. Sadnezz était malade. Elle avait étudié les derniers temps sur ces maladies que l'on tente de guérir, celles du corps comme celle de l'âme , mais la pensée que ce put être elle qui devait un jour être guéri de sombres maux ne l'avait pas effleurée. Pourtant personne n'est infaillible, et si la Rouge se savait souffrante de l'âme depuis le jour ou elle avait fuit une fois de plus, une fois de trop l'amour de sa vie, elle n'aurait pu imaginer se retrouver souffrante de corps, endolorie de jour comme de nuit et empreinte à des tourments qui vont au delà de ceux qui infectent les pensées. La tristesse du corps, c'était un peu cela au fond. Fatigué de subir les assauts de l'âme, le corps avait laissé entrer le poison en son sein, bien décidé a ne plus l'en laisser sortir. Incurable lui avait-on dit. Qu'a cela ne tienne avait elle répondu. Sagesse ou folie, elle seule le savait. Les deux pieds au bord de sa propre limite, il fallait réagir, fatalement ou combativement. Face aux dilemmes, La brune n'avait jamais fait de choix, laissant le temps faire justice, confiante en sa décision. Cette réaction avait entrainé bien des heures sombres qui avaient entachées de blanc ses nuits. Ainsi elle avait laissé son fils partir loin d'elle, déshonorer son nom et s'en choisir un autre, ainsi elle avait accepté de renoncer à son rôle de mère et de laisser son parrain adopter Anto. Le plus bel échec de sa vie. Inexorablement le premier vrai échec cuisant, de ceux qui sont comme une pierre qui se détache du mur, laissant peu a peu les autres se détacher avec; dans une lente dégringolade. Le mur se fragilise et un jour s'effondre, laissant un trou béant qui appelle les autres parois à suivre le même destin, s'écrouler. Elle savait qu'était le début de la fin ce jour où elle a renoncé à sa chair. Elle avait maladroitement tenté de rectifier le tir avec ses deux autres fruits, creusant des fondations qui se voulaient solides pour reconstruire les hautes murailles. Sadnezz se mit à entrevoir leur visages, d'abord poupins puis ceux de la jeunesse intrépide. La douceur et la sagesse d'Emy, l'impétueuse fougue de Yugo. Leur rires emplirent son esprit. Elle avait beaucoup écrit ces derniers jours, à ses proches et à sa famille. Une par une chaque missive annonçait la verité a son destinataire et elle avait reçu des réponses poignantes... Celle de son père la toucha particulièrement, "Il doit y avoir un remède, je payerais ce qu'il faut, je vendrais mes terres si il le faut." . Tout l'argent et la bonne volonté du monde ne pouvaient rien. Celle d'Alphacat aussi...
L'artère ayant accumulé son précieux contenu, il était désormais facile d'inciser en biais. La lancette glissa sur la douce peau avant de laisser place à une petite rigole rouge vif. Quelques secondes et elle se fit rivière, se déversant dans le récipient au sol. Sadnezz s'adossa plus franchement contre le mur, et respira plus calmement. On lui avait apprit à faire des saignées dans les règles de l'art, pour extirper les maux du corps et ses humeurs. Tout se faisant, Sadnezz sentit qu'il était aussi question d'âme, et que l'apaisement était total. La saignée devait être abondante pour être efficace et une règle d'or stipulait qu'il fallait la prolonger jusqu'à l'inconscience. La peau rosée devint alors pâle, les battements de son coeur pulsèrent plus vite à ses tempes , toute la nervosité dissimulée depuis son arrivée à Saint-Aignan derrière des sourires et une volonté de fer laissait la place à un état proche de l'état de choc. Elle ferma les yeux et écouta le silence, laissant le sang chaud et épais s'enfuir. Etrangement ce court instant lui procura une sensation toute nouvelle, proche de l'extase. Pas l'extase charnel non, l'extase spirituel.
Tout n'est qu'apparences... Sa bonne mine quotidienne cachait la maladie qui la rongeait. L'affection qu'elle portait à Lomaxou cachait la hantise de lui faire le mal qu'il ne méritait pas. Sa froideur couchée sur vélin dissimulait l'amour brûlant qu'elle portait à Ricks. Ricks, le seul a qui elle avait accordé ses faveurs, le seul duquel elle porta les fruits de chair et de sang, le seul pour qui mourir était un détail. Tant de mots qui n'avaient jamais franchi le seuil de ses lèvres à son encontre, tant de regrets, si peu de remords. Finalement, Sadnezz avait toujours fuit l'amour. Un mariage qui n'aurait jamais lieu avec son félin, une soirée terrible à Angers, et le secret de celle ci qu'elle emporterait dans sa tombe, soucieuse de ne pas causer du tort à cet homme qu'elle avait passionnément aimé des années durant, et qu'elle aimait toujours autant. Son coeur s'emballait. Etait-ce les effets de la saignée qui trainait dangereusement en longueur ou l'évocation de cet amour qu'elle n'avait jamais su faire s'épanouir comme il se devait..? L'esprit devenait confus, Sadnezz ouvrit les yeux, tout était trouble. Des voix et des visages lui revinrent comme antan, Nanane, sa douce Nané, l'amie qu'elle avait attendue jusqu'au bout, espéré revoir si vite. Travis, ou sa plus belle déception, ironie de l'amour et de l'amitié, douce pensées. Laé, comme la mère dont elle ne put profiter longtemps, sans le coté italien. Julien, amitié et coups de sang, le parrain de la brune qui se mourrait pour Nanane, Elma, l'ami qui savait la faire rire, le III dans toute sa splendeur. Hylenä ou l'amitié devenue inimitié terrible. Eriadan... Tourment du passé, loup ambitieux, amour perdu , la rouge et le noir. Cat, l'ambigüité de l'affection, le petit bâtonnet rouge pour guider la route. Elo, la discrète, la fidèle et sage Elo. Marmi, folie douce d'une louve en vadrouille, Miramaz la bella, simple et attachante complicité, Ephesius, Homme de compagnie d'un jour, homme de compagnie toujours. Raphdel, père protecteur, le "papoule" invétéré marseillais dans l'âme, Giovenne et Big, ses deux frères perdus, pierres manquantes dans le mur. Ricks, la faiblesse de la Rouge, qui savait si bien la tenir et la choyer a la fois.
Ses forces s'évanouirent les minutes défilant. La rivière carmin sortait désormais de son lit et la crue colorait petit à petit le blanc autrefois immaculé de sa peau de mouton qui l'avait si souvent accueillie pour se prélasser. Elle comprit que cette saignée était la dernière et la guérirait complètement. La délivrant de toute douleur, de tout ressentiment. L'apaisement était total. Les lèvres charnues de Sadnezz s'entrouvrirent, leur couleur était d'un magnifique bleuté qu'elle aurait aimé étaler et admirer sur l'une de ses toiles. Ses prunelles, bien que fixant un point imaginaire ne percevaient plus son environnement, juste des halos colorés, des ombres et des images embrumées. La vie la fuyait, comme elle avait si bien fuit la vie. Lentement mais surement. Seule et à terre, Sadnezz exprima un dernier soubresaut avant de sombrer dans le noir. Une fine chair de poule se dessina sur ses bras, comme autant d'étoiles parsemées dans un ciel de pleine lune. Aristote donna la vie dans une petite maison en Provence voila quarante années et semblait récupérer son dû aujourd'hui, ici et de cette manière, sans préavis. Si quelqu'un avait été présent à cet instant, il aurait pu entendre les derniers mots de Sadnezz et leur destinataire. La rejoindrait-il en enfer ou au paradis... Seul le Très Haut le savait. Ce qu'elle savait elle; c'est qu'un au revoir n'était pas un adieu.
Dans une maison de Saint-Aignan en Berry, près d'un corps inerte , un vélin attendait de trouver son destinataire. En bas à gauche, la signature du Chaperon Rouge, la Corleone.
Moi, Sadnezz Corleone, déclare par la présente lettre léguer la totalité de mes biens a léati82250 qui se voit remettre la charge de les confier elle même ou par une tierce personne qu'elle aura désignée, aux personne concernées comme ci dit:
Un caillou, 100 écus et de la viande à Emelyne Valmont Corleone
Un caillou 100 écus et de la viande et une hache à Yugo Valmont Corleone
L'auberge et taverne Au Chaperon Rouge à SA à Emelyne et Yugo Valmont Corleone
Mon épée Bloodytiger, un pendentif de pierre rouge, un baquet de chêne et mon chaperon à Ricks Valmont
Mes bijoux à Raphdel
10 sacs de mais à Lomaxou
Mon Palefroi à Julien91
Ma garde robe à Miramaz soit:Chapeau noir,rouge -Braies noires,rouges -Bas rouges,noirs,blancs - Chausses noires,rouges, blanches - Ceinture rouge,noire blanche, marron - Col rouge-Bustier rouge,noir - Poulaines noires, blanches, rouges, marron, beige - Coiffe rouge,noire - Cape rouge - Chemise noire,rouge, marron - Houppelande rouge - Chapeau rouge,noir.
Mes toiles à Nanane
Mon atelier de peinture à SA à Takoda D'Ambrois
Mon bouclier a Eriadan du lac
un jeu de carte à elle même, Laéti
Que ce soit lu et su de tous,
_________________
..........Réclamations, menaces et mots d'amour par MP...........
Ses doigts délièrent doucement les liens qui retenaient son capuchon pourpre sur ses épaisses boucles brunes. Le vêtement glissa le long de son dos et tomba en plis désordonnés a ses pieds nus. Tout était calme ce matin dans la maisonnée, L'enfant était au terrain de soule, La Rouge était seule. A pas silencieux sur le sol froid, elle se plaça à la fenêtre quelques instants. Saint-Aignan était déserte à une heure ou elle ne l'était généralement pas. Un signe peut-être. Ses pensées et son regard se perdirent au loin.
La vie n'avait pas fait de cadeaux à la brune, mais à qui en faisait-elle? Même le plus noble des noblion devait avoir son lot de douleurs, du moins c'est ce qu'elle se disait parfois. Des souvenirs heureux avaient tout de même une place dans ce tourbillon de pensées brouillons. Naissance de ses enfants, repos en famille à Mortagne, bal d'Angers... Les seuls vrais moments de pur bonheur, simples et intenses à la fois. L'amour aussi... Mais il vivait d'un subtil équilibre joie/tristesse. En somme, tout cela lui avait construit une personnalité, un caractère et même si la vie est ponctuée d'évènements tragiques elle n'en reste pas moins bien remplie et vaut la peine d'être vécue, jusqu'à la limite. La limite... Elle surgit au détour d'une rue, d'un regard ou d'une parole. Celle de Sadnezz avait été révélée en un murmure, entre les lèvres d'un médecin. Certaines personnes vont au bout de leur limite, prêt à franchir le pas le jour ou leur corps et leur âme avait atteint leur ultime force, leur ultime possibilité, s'accrochant à leur derniers moments. D'autres ne souhaitent pas se battre, prendre les armes et forcer le destin, s'abandonnant à la sombre fatalité qui les guette. La rouge se souvint d'une parole, 'un au revoir n'est pas un adieu', qu'elle avait chuchoté à un homme avant de fuir sa vie, ses envies. Ce n'était pas n'importe quel homme, et quand bien même il fut le premier qu'elle aima; il n'en fut pas moins le premier à qui elle menti. Cet au revoir murmuré dans une taverne un soir, était pourtant presque un adieu, et ça elle le savait. Pourquoi avait elle fuit ensuite...? Par fierté surement, cette fierté qui tant de fois avait écrasée sa franchise. Si le temps lui avait révélé une chose, c'était que les fantômes que l'ont fuit nous rattrapent tôt ou tard si l'on n'a pas pris le temps de les exorciser correctement. Eriadan avait été le premier à mettre son coeur a nu, et c'est peut être ce qui fut sa perte. Sadnezz ne supportait pas d'être percée à jour. Franchir son jardin secret, mettre le doigt sur ses failles et faiblesses telle était sa plus grande peur. Les lieues et les voyages avaient façonnés ses attitudes et ses erreurs de parcours ne lui avaient pas toujours servie de leçon. Une seconde phrase lui vint aussitôt en mémoire, elle amena une larme naissante qui perla vite sur sa joue. Même en pensée elle tût cette phrase, douleureuse, sinueuse. Elle avait aimé, elle avait perdu. C'était assez pour estimer sa vie complète, remplie, accomplie. L'amour était né dans sa folle jeunesse au pied d'un arbre sur une terre maudite, qu'y pouvait-on?
Sadnezz fit volte face et observa les murs de sa maison comme pour la première fois. Dieu que l'on jette un autre regard sur les choses quand on prend le temps de faire le vide et de REGARDER, vraiment. la pièce était rangée impeccablement, en ordre. Elle s'assit sur sa peau de mouton au sol, adossée au mur. Sa main tâtonna le sol et rencontra un objet froid qu'elle saisit. Elle releva une de ses manches et palpa ses veines d'un revers de pouce. Son regard chercha un récipient posé tout prés d'elle, tout était prêt; le garrot fut serré.
Malade. Sadnezz était malade. Elle avait étudié les derniers temps sur ces maladies que l'on tente de guérir, celles du corps comme celle de l'âme , mais la pensée que ce put être elle qui devait un jour être guéri de sombres maux ne l'avait pas effleurée. Pourtant personne n'est infaillible, et si la Rouge se savait souffrante de l'âme depuis le jour ou elle avait fuit une fois de plus, une fois de trop l'amour de sa vie, elle n'aurait pu imaginer se retrouver souffrante de corps, endolorie de jour comme de nuit et empreinte à des tourments qui vont au delà de ceux qui infectent les pensées. La tristesse du corps, c'était un peu cela au fond. Fatigué de subir les assauts de l'âme, le corps avait laissé entrer le poison en son sein, bien décidé a ne plus l'en laisser sortir. Incurable lui avait-on dit. Qu'a cela ne tienne avait elle répondu. Sagesse ou folie, elle seule le savait. Les deux pieds au bord de sa propre limite, il fallait réagir, fatalement ou combativement. Face aux dilemmes, La brune n'avait jamais fait de choix, laissant le temps faire justice, confiante en sa décision. Cette réaction avait entrainé bien des heures sombres qui avaient entachées de blanc ses nuits. Ainsi elle avait laissé son fils partir loin d'elle, déshonorer son nom et s'en choisir un autre, ainsi elle avait accepté de renoncer à son rôle de mère et de laisser son parrain adopter Anto. Le plus bel échec de sa vie. Inexorablement le premier vrai échec cuisant, de ceux qui sont comme une pierre qui se détache du mur, laissant peu a peu les autres se détacher avec; dans une lente dégringolade. Le mur se fragilise et un jour s'effondre, laissant un trou béant qui appelle les autres parois à suivre le même destin, s'écrouler. Elle savait qu'était le début de la fin ce jour où elle a renoncé à sa chair. Elle avait maladroitement tenté de rectifier le tir avec ses deux autres fruits, creusant des fondations qui se voulaient solides pour reconstruire les hautes murailles. Sadnezz se mit à entrevoir leur visages, d'abord poupins puis ceux de la jeunesse intrépide. La douceur et la sagesse d'Emy, l'impétueuse fougue de Yugo. Leur rires emplirent son esprit. Elle avait beaucoup écrit ces derniers jours, à ses proches et à sa famille. Une par une chaque missive annonçait la verité a son destinataire et elle avait reçu des réponses poignantes... Celle de son père la toucha particulièrement, "Il doit y avoir un remède, je payerais ce qu'il faut, je vendrais mes terres si il le faut." . Tout l'argent et la bonne volonté du monde ne pouvaient rien. Celle d'Alphacat aussi...
L'artère ayant accumulé son précieux contenu, il était désormais facile d'inciser en biais. La lancette glissa sur la douce peau avant de laisser place à une petite rigole rouge vif. Quelques secondes et elle se fit rivière, se déversant dans le récipient au sol. Sadnezz s'adossa plus franchement contre le mur, et respira plus calmement. On lui avait apprit à faire des saignées dans les règles de l'art, pour extirper les maux du corps et ses humeurs. Tout se faisant, Sadnezz sentit qu'il était aussi question d'âme, et que l'apaisement était total. La saignée devait être abondante pour être efficace et une règle d'or stipulait qu'il fallait la prolonger jusqu'à l'inconscience. La peau rosée devint alors pâle, les battements de son coeur pulsèrent plus vite à ses tempes , toute la nervosité dissimulée depuis son arrivée à Saint-Aignan derrière des sourires et une volonté de fer laissait la place à un état proche de l'état de choc. Elle ferma les yeux et écouta le silence, laissant le sang chaud et épais s'enfuir. Etrangement ce court instant lui procura une sensation toute nouvelle, proche de l'extase. Pas l'extase charnel non, l'extase spirituel.
Tout n'est qu'apparences... Sa bonne mine quotidienne cachait la maladie qui la rongeait. L'affection qu'elle portait à Lomaxou cachait la hantise de lui faire le mal qu'il ne méritait pas. Sa froideur couchée sur vélin dissimulait l'amour brûlant qu'elle portait à Ricks. Ricks, le seul a qui elle avait accordé ses faveurs, le seul duquel elle porta les fruits de chair et de sang, le seul pour qui mourir était un détail. Tant de mots qui n'avaient jamais franchi le seuil de ses lèvres à son encontre, tant de regrets, si peu de remords. Finalement, Sadnezz avait toujours fuit l'amour. Un mariage qui n'aurait jamais lieu avec son félin, une soirée terrible à Angers, et le secret de celle ci qu'elle emporterait dans sa tombe, soucieuse de ne pas causer du tort à cet homme qu'elle avait passionnément aimé des années durant, et qu'elle aimait toujours autant. Son coeur s'emballait. Etait-ce les effets de la saignée qui trainait dangereusement en longueur ou l'évocation de cet amour qu'elle n'avait jamais su faire s'épanouir comme il se devait..? L'esprit devenait confus, Sadnezz ouvrit les yeux, tout était trouble. Des voix et des visages lui revinrent comme antan, Nanane, sa douce Nané, l'amie qu'elle avait attendue jusqu'au bout, espéré revoir si vite. Travis, ou sa plus belle déception, ironie de l'amour et de l'amitié, douce pensées. Laé, comme la mère dont elle ne put profiter longtemps, sans le coté italien. Julien, amitié et coups de sang, le parrain de la brune qui se mourrait pour Nanane, Elma, l'ami qui savait la faire rire, le III dans toute sa splendeur. Hylenä ou l'amitié devenue inimitié terrible. Eriadan... Tourment du passé, loup ambitieux, amour perdu , la rouge et le noir. Cat, l'ambigüité de l'affection, le petit bâtonnet rouge pour guider la route. Elo, la discrète, la fidèle et sage Elo. Marmi, folie douce d'une louve en vadrouille, Miramaz la bella, simple et attachante complicité, Ephesius, Homme de compagnie d'un jour, homme de compagnie toujours. Raphdel, père protecteur, le "papoule" invétéré marseillais dans l'âme, Giovenne et Big, ses deux frères perdus, pierres manquantes dans le mur. Ricks, la faiblesse de la Rouge, qui savait si bien la tenir et la choyer a la fois.
Ses forces s'évanouirent les minutes défilant. La rivière carmin sortait désormais de son lit et la crue colorait petit à petit le blanc autrefois immaculé de sa peau de mouton qui l'avait si souvent accueillie pour se prélasser. Elle comprit que cette saignée était la dernière et la guérirait complètement. La délivrant de toute douleur, de tout ressentiment. L'apaisement était total. Les lèvres charnues de Sadnezz s'entrouvrirent, leur couleur était d'un magnifique bleuté qu'elle aurait aimé étaler et admirer sur l'une de ses toiles. Ses prunelles, bien que fixant un point imaginaire ne percevaient plus son environnement, juste des halos colorés, des ombres et des images embrumées. La vie la fuyait, comme elle avait si bien fuit la vie. Lentement mais surement. Seule et à terre, Sadnezz exprima un dernier soubresaut avant de sombrer dans le noir. Une fine chair de poule se dessina sur ses bras, comme autant d'étoiles parsemées dans un ciel de pleine lune. Aristote donna la vie dans une petite maison en Provence voila quarante années et semblait récupérer son dû aujourd'hui, ici et de cette manière, sans préavis. Si quelqu'un avait été présent à cet instant, il aurait pu entendre les derniers mots de Sadnezz et leur destinataire. La rejoindrait-il en enfer ou au paradis... Seul le Très Haut le savait. Ce qu'elle savait elle; c'est qu'un au revoir n'était pas un adieu.
Dans une maison de Saint-Aignan en Berry, près d'un corps inerte , un vélin attendait de trouver son destinataire. En bas à gauche, la signature du Chaperon Rouge, la Corleone.
Moi, Sadnezz Corleone, déclare par la présente lettre léguer la totalité de mes biens a léati82250 qui se voit remettre la charge de les confier elle même ou par une tierce personne qu'elle aura désignée, aux personne concernées comme ci dit:
Un caillou, 100 écus et de la viande à Emelyne Valmont Corleone
Un caillou 100 écus et de la viande et une hache à Yugo Valmont Corleone
L'auberge et taverne Au Chaperon Rouge à SA à Emelyne et Yugo Valmont Corleone
Mon épée Bloodytiger, un pendentif de pierre rouge, un baquet de chêne et mon chaperon à Ricks Valmont
Mes bijoux à Raphdel
10 sacs de mais à Lomaxou
Mon Palefroi à Julien91
Ma garde robe à Miramaz soit:Chapeau noir,rouge -Braies noires,rouges -Bas rouges,noirs,blancs - Chausses noires,rouges, blanches - Ceinture rouge,noire blanche, marron - Col rouge-Bustier rouge,noir - Poulaines noires, blanches, rouges, marron, beige - Coiffe rouge,noire - Cape rouge - Chemise noire,rouge, marron - Houppelande rouge - Chapeau rouge,noir.
Mes toiles à Nanane
Mon atelier de peinture à SA à Takoda D'Ambrois
Mon bouclier a Eriadan du lac
un jeu de carte à elle même, Laéti
Que ce soit lu et su de tous,
_________________
..........Réclamations, menaces et mots d'amour par MP...........