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[RP] L'Artemisium

Ingeburge
[HRP]Euh bah je ne sais pas vraiment si on peut qualifier ça de RP ouvert ou fermé mais ce qui est sûr, c'est que si quelqu'un désire participer, il peut tant qu'il demeure cohérent quant au contexte.
Si quelqu'un poste à côté de la plaque... mais non, personne ne fera ça^^

LJD Ingeburge [/HRP]



I) Nichée dans la campagne bourguignonne...

... à l'écart de la route serpentant entre Dijon et Mâcon, se dressait une demeure d'apparence simple mais cossue. Celle-ci était bâtie en pierres claires et s'élevait sur deux étages. Elle était encadrée d'une cour de sable fin sur le devant et d'un jardin luxuriant et sauvage sur l'arrière. L'ensemble était ceint d'un haut mur troué par un seul accès gardé par deux hommes en faction dans une petite guérite, de nuit comme de jour.
La maîtresse des lieux tenait à sa tranquilité et le détachement venu de son fief de Carpentras y veillait jalousement. Et Alessandro, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele n'avaient besoin que de peu d'ordres pour satisfaire la patronne.

Une fois l'obstacle des gardes et de l'enceinte franchi, l'on pénétrait dans une cour de taille raisonnable, suffisante en tout cas pour qu'un lourd coche puisse y tourner sans peine. Sur la droite, les écuries; sur la gauche, les communs.
Et puis, plus en retrait, la demeure. Si l'on s'avançait, les deux dogues allemands au poil noir de bleu luisant, vestige d'une vie de couple depuis longtemps révolue, dressaient l'oreille. Si l'on approchait davantage, un grognement se faisait entendre et là, immanquablement, quelqu'un se précipitait pour calmer les deux chiens.

La large porte, au vantail clouté et orné d'un heurtoir de bronze, était enfin accessible. Une fois poussée, ce que laissait présager l'extérieur était alors éclipsé par ce que les yeux découvraient.
Certes, l'on était loin des dimensions exceptionnelles du Palazzo di Diana que la propriétaire avait acquis dans le quartier du Trastevere, à Rome mais la décoration, l'ameublement, les bibelots... tout dénotait l'aisance. Après tout, elle pouvait se le permettre, les revenus tirés de ses terres lui permettaient de mener un train de vie confortable. Elle s'efforçait pourtant de ne pas trop s'éloigner des préceptes aristotéliciens et comme pouvait le dire n'importe quel clerc avisé, tout était une question de juste milieu.

Le rez-de-chaussée était composé d'un petit salon dans lequel on pénétrait dès la porte franchie, d'une salle à manger et de la cuisine.
Au premier étage, des chambres et un autre salon.
Au second étage enfin, les appartements de la maîtresse de maison. C'était là qu'elle passait le plus clair de son temps quand elle séjournait en Bourgogne, n'utilisant que rarement les autres niveaux. Elle prenait par exemple le plus souvent ses repas chez elle et travaillait dans le bureau attenant à sa chambre à coucher.

Le jardin était l'autre endroit où elle aimait à passer du temps. Elle l'avait vu pour la première fois en automne, quand les arbres s'étaient parés de couleurs chaudes allant du rouge profond au topaze, passant du brun à l'ocre. Elle en avait alors ressenti des frissons de plaisir et ce coin de nature qui l'avait poussé à acquérir la propriété, ayant toujours eu un rapport privilégié à la végétation et... à l'eau. Elle avait nommé son palais romain en hommage à la déesse païenne des sources, des forêts et de la chasse, sa nouvelle demeure serait une autre représentation de son affection pour la chaste divinité, tous comme les cyprès qu'elle n'avait pas manqué de faire planter dans son refuge de verdure.

Niché en un coin de la campagne bourguignonne, se dressait, superbe et mystérieux, l'Artemisium, le dernier sanctuaire acquis par Ingeburge.




EDIT > Faaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaute
_________________
Ingeburge
II) Lettre d'un impudent

Plus d'une journée entière que la lettre était posée bien en évidence sur sa table de travail. Plus d'une journée entière que le parchemin semblait l'appeler, la scruter de son œil étonné. Et plus d'une journée entière qu'elle la contemplait, intriguée et qu'elle s'en approchait, comme fascinée. Elle savait de qui elle provenait et elle était partagée entre l'envie de l'ouvrir sans en prendre connaissance, de la lire, de la jeter au feu, de la déchirer ou de la piétiner. Peut-être qu'au final, elle l'ouvrirait, la lirait, la piètinerait, la déchirerait en morceaux avant d'en jeter les restes dans l'âtre. Peut-être qu'elle ne ferait rien après tout.

Toujours est il que la missive demeurait pour le moment inexplicablement scellée.

Elle s'était occupée de tout son courrier administratif, tâchant de répondre avec diligence. Elle s'était ensuite penchée sur un problème théologique soulevé par l'un de ses correspondants et pendant des heures, son esprit avait été occupé par la recherche d'arguments étayant sa position. Elle avait ainsi pu occulter le rectangle clair qui la provoquait mais au final, rien n'avait vraiment changé. Elle avait juste gagné du temps.

Elle ne pouvait savoir ce que la lettre contenait, elle ne pouvait que spéculer mais ce dont elle était sûre, c'est que le contenu ne manquerait pas de l'intriguer.

Elle s'était résolue à se coucher sans l'avoir lue et elle dormit d'un sommeil sans rêve. Au petit matin, elle n'y songeait déjà plus et si tel avait été le cas, elle se serait morigéner. C'téait bien la peine de s'inquiéter de quelques lignes, rien ne pourrait surpasser l'évenement qui les avait précédées.
C'est à cela qu'elle repensa précisément et le courroux se disputait à l'étonnement. Là encore, elle ne pouvait que se perdre en conjectures, tout lui semblait fuyant.

La journée s'écoula paisiblement, la vue de la lettre ne l'indisposait plus. Son travail l'avait totalement absorbée, elle n'avait d'ailleurs pas pris la peine de se restaurer.
A vrai dire, elle avait même totalement oublié ce courrier qui l'avait la veille énervée et c'est en rangeant les ouvrages ouverts sur son bureau qu'elle le retrouva.

Elle l'ouvrit machinalement, la tête ailleurs, les yeux dans le vague. Elle parcourut les premières lignes sans les voir.
Ce ne fut que le dernier paragraphe qui la fit réagir :

Citation:
A cette lettre, je joins un bouquet d'églantines de mon jardin personnel, au parfum frais et délicat. Ainsi, vous pourrez, si le démon s'empare encore de mon esprit, préparer une décoction pour me calmer, puisque cette plante a réputation de guérir la rage.

Elle releva alors la tête et son regard éteint se posa sur un vase où s'épanouissaient des fleurs aux pétales blanc rosé. Comment n'avait-elle pas pu se demander de qui elles provenaient? Le bouquet lui avait paru assez inusité mais elle n'avait pas cherché plus loin.

Elle revint à la lettre et la relut encore une fois. Son visage précédémment dénué d'expression s'anima. Elle était partagée entre la colère et l'incompréhension. Son correspondant semblait se perdre en circonvolutions qu'elle n'avait pas envie de déchiffrer. Elle ne savait que penser tout en se sentant fortement agacée.
Elle posa le parchemin, comme répugnée et prit un velin vierge afin de faire réponse :

Citation:
Monsieur,


Point de salutations et de bénédictions puisqu'il s'agit là d'une missive privée. Et quand bien même cela n'aurait pas été le cas, je n'aurais pas condescendu à saluer et à bénir un impudent tel que vous.

Non content de me froisser et de me mettre mal à l'aise lors de notre dernière entrevue, voilà que vous persévérez dans cette voie. Vous m'avez blessée, je ne prendrais néanmoins pas la peine de vous expliquer pourquoi.

Sachez simplement que je ne suis pas une chose dont on use pour son bon plaisir pas plus que je ne suis un exutoire à vos diverses frustrations.
Je pensais que vous entreteniez ne serait-ce qu'un soupçon d'amitié à mon endroit, force est de constater qu'il n'en est rien.

Sachez également que je ne puis répondre favorablement à votre requête, ne pouvant être juge et partie. Il me semble en outre que vous avez déjà un confesseur attitré, je refuse donc de me faire manœuvrer par vous une fois de plus.

Pour conclure, vos fleurs sont des plus communes, elles sont à l'image de votre comportement à mon égard. Je ne vous remercierai donc pas et je me garderai bien de les mettre à portée de mes chiens car si d'aventure ils ont la rage, j'espère bien qu'ils ne manqueront pas de vous poursuivre de leurs crocs acérés.



Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Diane chasseresse.




Elle sonna et un domestique auquel elle glissa quelques mots et tendit la lettre qu'elle venait d'écrire.

Une fois seule, elle se leva et s'approcha du vase avec lenteur. Elle plongea le nez dans ls fleurs, humant leur odeur délicate. C'était agréable et elle aurait pu sourire de contentement si elle n'avait pas soudainement vu danser devant elle le regard brûlant de l'expéditeur du bouquet.
Elle se saisit alors d'une fleur, en arrachant les pétales avec une pointe de délectation. Elle laissa choir le végétal ainsi malmené puis se détourna avant de quitter sa salle de travail tou en murmurant avec dédain :

— Impudent...
_________________
Theognis
Un frisson glacé parcourait la campagne, des fleurs de givre bleuies par les lumières de l'aube couvraient les buissons et les branches des arbres. Aux naseaux, aux museaux, à la bouche des hommes, une vapeur épaisse comme un nuage s'exhalait à l'instar des cheminées de maison. La campagne était silencieuse. Sous les sabots, le givre craquait.
Le régent de Bourgogne rentrait au château de Dijon, l'air maussade et fatigué. Autour de lui, sa garde montrait également des signes de lassitude. Depuis de nombreux jours, ils battaient la campagne aux environs de Dijon, sans pouvoir aller plus loin, attendant que l'armée rassemble ses bannières, ils défendaient la capitale. Les stocks étant au plus bas, le ravitaillement se faisait rare. Et les gens au passage n'hésitaient pas à montrer de mauvais visages, signifiant leur colère envers ce Régent qu'ils n'avaient pas choisi.
Le regard flânant sur les paysages étalés devant lui, Théo tenta de distraire ses pensées en songeant à l'armée de la RUSE campant à Nevers. Pignon se mettant nu devant le maire de Nevers et ses conseillers, pour aller prendre tranquillement un bain de vin rouge. Théo se prit à rire tout seul, ignorant les regards intrigués de la garde. Il avait une belle liberté, ce commandant. Théo l'enviait beaucoup.
Soudain, un cavalier monté sur un cheval à la robe alezane déboucha d'un sentier étroit pour piquer des fers sur le cortège. Intrigué, Théo stoppa son cheval et attendit que l'homme se porte à sa hauteur. Il tenait un rouleau scellé à la main.


Une missive de Son Eminence et Altesse Ingeburge von Ah-leu-feldt-Oldeudenbourg!
Fichtre, je suis bien content de vous trouver ici, Régent, cela m'économisera du trajet pour le chemin du retour.


D'un signe de la main, Théo lui fit signe qu'il pouvait partir. Décachetant le rouleau de cire, il lut rapidement la missive. Il la relut encore, sans montrer d'émotions particulières. Puis, appelant l'homme de tête, il le pria de lui donner sa torche. La flamme brûla mal le vélin, qui se racornit sans se désagréger. Alors, il le jeta à terre, pour le piétiner des sabots de son cheval.
Le vélin détruit, ils poursuivirent leur route, avec la tranquillité pesante des chevaliers en armure.

_________________

Partage des RP
Les Terres d'Arquian
Theognis
Débarrassé de la pesante armure, assis derrière un petit bureau, il saisit la plume fine et se mit à écrire. Deux lettres. Deux sceaux.



A Sa Grâce le Duc de Champagne Shauwdi,
Au Conseil ducal de Champagne,
Au peuple de Champagne,

Le duché de Bourgogne souhaite mettre au bon souvenir des autorités champenoises la dette contractée par eux lors de la guerre bretonne.
Nos officiers et nos soldats partirent loin de leur foyer pour combattre aux côtés des forces du Domaine Royal. Sans jeter un regard en arrière, ils s'élancèrent en nombre sur les mauvais chemins, la vaillance en bandoulière et le cœur plein de courage. Ils n'avaient pas peur de rejoindre le royaume d'Aristote. Pourtant, leurs amis nouvellement désignés étaient des inconnus, et ils découvraient sur les champs de bataille leurs ennemis bretons. Mais ces hommes avaient la foi de leur pays chevillée au corps, persuadés de défendre les valeurs bourguignonnes jusqu'à la moindre fondrière des sentiers de l'Ouest.
Au Conseil ducal de Bourgogne, la fierté se mêlait à la crainte. Fierté de savoir ces belles bannières mouillées des brumes océaniques. Crainte de confier ces enfants à des officiers si éloignés de nos préoccupations. Face aux critiques, nous tenions toujours bon, car tel était notre devoir.
Hélas, la guerre fut perdue. Le traité de Saint-Michel l'a confirmé par des clauses sans appel. Aristote l'a voulu ainsi, nous devons respecter sa volonté toute-puissante et nous réjouir pour la paix et pour ceux qui survécurent à l'enfer des plaines de l'Ouest.

Mais comment pleinement nous réjouir pour eux, quand ils revinrent les mains vides, le teint gris, et les joues creuses? Comment les féliciter, quand nous avions à peine de quoi les nourrir? Comment les récompenser, quand nos caisses sonnaient vides?

Par un calcul juste et équitable, nous avions déduit que le montant des sommes avancées au Domaine Royal pour sa défense s'élevait à: 71 032 écus, chiffre auquel s'ajoute 28 épées, 30 boucliers et 4 bâtons. Ce total fut accepté par toutes les parties en présence lors des négociations successives.

6 mois après la fin du conflit, nous attendons toujours le premier écu de remboursement. Cette situation est parfaitement intolérable. Nos officiers et soldats n'en peuvent plus d'attendre. Maintenant que nous devons défendre notre capitale contre des factieux qui la menacent, les caisses sont vides pour payer le courage de nos défenseurs. Nous combattons le ventre vide en notre propre duché! Les soldats se plaignent, les officiers sont maussades, le Conseil ducal est furieux de son impuissance. Cela ne pourra pas durer bien longtemps.

Nous avons eu de nouvelles et instructives réunions avec des fonctionnaires de l'administration royale. Selon leurs informations, votre duché dispose maintenant de la somme adéquate pour rembourser sa dette. Toujours selon les conseils de l'Intendant Royal aux Finances, je vous envoie ce courrier de mise en garde, pour vous alerter sur la situation présente. Si, dans le mois à venir, soit jusqu'au 15 Mars, une solution de remboursement rapide de notre dette n'était pas mise en œuvre, le duché de Bourgogne se réserve toutes les options possibles pour recouvrer son argent.

Ultime précision: considérant que la mine de Tonnerre, parfois évoquée dans les tractations, nous appartient à moitié, malgré la spoliation que vous exercez depuis des années, le règlement de son statut devra se faire à part des sommes de la dette de guerre.

Bien à vous,
Theognis d'Arquian, régent du duché de Bourgogne,






A Son Eminence Ingeburge,

Moi, Theognis d'Arquian, régent du duché de Bourgogne, avoue craindre à chaque pas que la foudre ne me cloue sur place en punition de mon péché d'orgueil. Que j'avoue également, bien qu'il m'en coûte, que la surprenante beauté de Son Altesse fut la cause de mon inconséquent défi aux lois suprêmes du Très-Haut. Que je m'aperçois maintenant de la folie de mes présomptions, pauvre inconscient de l'humilité de ma personne face à la divine élégance de votre volonté, dans votre réponse couchée.
J'avoue encore que je voudrai pleurer des larmes de sang à la révélation de votre blessure par moi causée. Que mes frustrations, œuvres démoniaques, auraient mérité le soin de vos habiles instruments théologiques, afin d'extraire de mon âme souillée les tourments qui m'affligent. Que je me sens comme le plus vilain des hommes et la plus infâme des bêtes, Charron à coups de rame me noyant dans le Styx glacé.

Si vos chiens, par la haine excités, se jettent sur moi lors de ma prochaine visite, plaise au Très-Haut que j'accours aussitôt me jeter à leurs pattes griffues, pour recevoir bonne punition de mes actes impurs. Si, par un bonheur très rare, que le blasphème interdit de prononcer "miracle", vos yeux s'abaisseraient alors à ma tache sanglante, que ne serai-je heureux de considérer cela comme un pardon de Votre Eminence. Si, enfin, vous ne souhaitez pas, malgré tout, accorder à mes pas le plaisir de cheminer vers vous, faites-donc couvrir les chemins aux alentours de votre sanctuaire de charbons ardents, que je puisse me rouler dessus jusqu'à vos pieds délicatement chaussés.

J'ai commencé à donner des directives sur la préparation des festivités en votre honneur, que j'espère grandiosement simples. Le Conseil aura bientôt son équipe de soule au complet. Le temps du défi approche, je m'en réjouis. Mais donnez-moi en l'ordre et j'y renoncerai pour le plaisir de vous donner la soule.

Votre serviteur,
Theognis d'Arquian.

_________________

Partage des RP
Les Terres d'Arquian
Ingeburge
III) Interrogations

Un léger grondement s'échappa de la gueule du dogue quand elle le caressa de ses doigts gantés sur le sommet du crâne. Elle s'accroupit, se mettant à la hauteur du museau du chien et accentua sa caresse. Elle se plongea dans les yeux de l'animal, perdant la notion du temps, oubliant sa sensation de fatigue, délaissant ses soucis.
Elle finit même par s'asseoir carrément sur le sol pierreux de la cour, sans remord pour ses vêtements. Ses gens eux, continuaient à vaquer à leurs occupations, heureux de savoir leur maîtresse de retour mais peu démonstratifs au demeurant; elle aimait à être seule.

Quand elle se releva, la nuit était tombée et les bruits venant de la forêt toute proche s'étaient fait plus sonores. Elle lança une légère tape au chien et s'éloigna en soupirant. Ses pensées revinrent, la fatigue également.
Elle pénétra dans sa demeure et fut saisie par la chaleur qui y régnait. Elle ne s'était pas préoccupée du froid mordant flottant dans l'air, tout intéressée par son jeu avec le dogue. Sa lourde pelisse y était aussi pour beaucoup. Elle en fut d'ailleurs prestement débarrassée et elle apprécia d'être délivrée de la pesante fourrure. Le valet lui demanda derechef si elle souhaitait souper au rez-de-chaussée et l'informa ensuite les événements survenus durant son absence de quelques jours. Elle écouta d'une oreille distraite, retirant ses gants et supputant que son secrétaire lui avait laissé un compendium dans sa salle de travail. Quand l'homme eut achevé, elle déclina l'invitation à se restaurer dans la salle à manger et demanda qu'une légère collation lui soit portée chez elle.
Elle se dirigea alors vers les escaliers et gravit les marches avec lenteur. L'ascension lui était difficile, ses membres ankylosés avaient peine à se mouvoir.

Au final, elle parvint à l'étage de ses appartements et se laissa glisser au sol une fois la porte hermétiquement close. Elle était exténuée et ses quelques jours passés loin de son antre avaient été éprouvants. Les choses n'avaient pas été comme elle l'aurait espéré. Résultat de tous ses efforts, de la lassitude et de la fatigue. Elle n'en pouvait plus de se battre pour rien et avec le temps, elle était de plus en plus impatiente. Elle savait que ce qu'elle faisait porterait ses fruits à plus ou moins long terme mais elle ne pouvait plus attendre, son agacement se faisait de plus en plus fréquent.
Oh pourtant, Dieu sait qu'elle ne comptait pas ses heures mais elle en avait assez, elle rêvait de satisfaction immédiate. Alors elle se laissait aller à des impulsions ridicules, faisant venir bibelots et denrées d'endroits plus divers les uns des autres, prenant un soin presque maniaque à commander des toilettes. Mais une fois la distraction terminée, tout n'était plus que cendres.
Il n'y avait que dans son sacerdoce qu'elle savait qu'elle pouvait s'épanouir mais les graines semées étaient longues à être fécondes et il lui tardait de voir sortir de terre les fruits de son labeur. Avait-elle eu raison de vouloir changer de diocèse? N'aurait-elle pas dû se contenter de laisser Aix derrière elle et de s'installer définitivement à Rome? Elle avait là-bas de quoi largement s'occuper, elle pouvait tout à fait ne plus être sur le terrain. Elle y avait songé, pesant le pour et le contre, restant longtemps indécise, rechignant à ne plus être directement au contact des fidèles. Ce sur quoi elle avait été catégorique, c'était son départ de Provence. Elle y avait œuvré de longues années et même si elle n'avait pas fait le tour de ce qu'elle aurait pu y faire, elle avait largement accompli sa part. Et puis... la Provence devenait malsaine, elle n'en pouvait plus de cette atmosphère chargée de rancœur, d'aigreur et de paranoïa. D'aucuns en Empire se gaussait de la supposée consanguinité locale... si elle n'existait pas dans les faits, le climat fait de népotisme et de manipulations y ressemblait à s'y méprendre.
Elle avait donc décidé de partir et la vacance de Lyon avait été une occasion de s'enfuir.

Elle se leva brusquement, soudain agitée.
Ne pas penser à la cause de la vacance.
Ne pas penser à Mymy.
Ne pas penser à sa mort.
Ne pas penser à la colère.
Ne pas penser à la vengeance.

Elle se traîna à sa coiffeuse où elle se saisit d'un miroir à main. Elle contempla longuement ses traits fatigués se reflétant sur la surface dépolie du précieux objet. Elle reposa celui-ci et passa ensuite dans son cabinet de travail.
Elle s'assit à son bureau et entreprit de trier son courrier. Plusieurs piles commencèrent à être formées : fournisseurs, fidèles, correspondance officielle, missives privées. Elle séparait les lettres avec la grâce de l'habitude mais son dernier geste demeura en suspens car son attention venait d'être attirée par le parchemin qu'elle tenait en main. Elle pensait que la réponse qu'elle avait fait porter à Montereau avait été des plus explicites. Elle n'avait pas escompté de réponse, elle avait cru rédiger sa lettre de telle manière à n'en avoir aucun retour.
Elle délaissa son tri afin d'ouvrir immédiatement le pli. Ses yeux vides parcoururent les lignes à plusieurs reprises avant que le vélin ne chut sur la table. Ses lèvres frémirent, elle ne savait que croire et son esprit engourdi ne l'aidait pas à appréhender le contenu de la lettre avec lucidité.

Elle se saisit néanmoins d'une plume qu'elle trempa rageusement dans un godet empli d'encre. Elle jeta quelques mots sur un parchemin vierge, réfléchissant à peine à ce qu'elle écrivait :

Citation:
Monsieur,


J'aimerais pouvoir répondre plus avant à votre lettre mais je dois avouer que je ne peux m'empêcher d'y voir de la moquerie, de l'ironie et des sarcasmes.
Si tel n'est pas le cas, mettez donc ma courte réponse sur le compte de l'épuisement le plus extrême.
Si vous vous gaussez effectivement, sachez que je ne prends jamais la peine de faire part de mon courroux par écrit, je préfère de loin dire leur fait yeux dans les yeux aux intrigants de votre espèce.

Je prends néanmoins bonne note de vos préparatifs mais vous informe que je n'y apporte pas le moindre crédit. Je me souviens que vous me promîtes de venir me chercher à Lyon au terme de ma convalescence, vous n'en fîtes rien. Vous comprendrez dès lors que je demeure plus que circonspecte quant aux réjouissances dont vous m'entretenez.
Concernant la partie de soule prévue, pensez à garder votre cuirasse non loin de vous, j'ai idée qu'elle pourra vous être utile.


Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Ne-croit-que-ce-qu-elle-voit.





Répondre à la lettre s'était avéré plus éprouvant qu'elle ne l'aurait cru, elle choisit donc de remettre la lecture de son courrier à plus tard. Pour l'heure, il s'agissait d'être futile. Cela la distrairait pour un temps et elle pourrait se coucher l'esprit vidé. Elle sonna.
Quelques secondes plus tard, une domestique se présenta. La lettre lui fut remise, ainsi que l'ordre de préparer le cabinet de toilette.

C'est ainsi que l'ascétique Ingeburge finit sa soirée dans un baquet empli d'eau chaude et odorante. Yeux fermés et visage tourmenté, elle tentait de repousser le temps d'un bain les sombres interrogations qui l'assaillaient sans discontinuer.

_________________
Ingeburge
IV) Equilibrisme

Les lourds rideaux furent tirés et les rayons du soleil filtrant par la croisée caressèrent son visage encore endormi. Elle protesta un peu, pour la forme, bougonnant et se réfugiant sous la courtepointe.
Mais sa gouvernante ne lui laissa pas le loisir de prolonger sa nuit plus avant, elle avait d'ailleurs reçu l'ordre de ne pas se laisser attendrir.

Alors, après de vains efforts pour se soustraire à l'obligation de se lever, Ingeburge capitula finalement et repoussa draps et couvertures. Elle sortit de son lit, mine renfrognée et yeux gonflés de sommeil et gagna directement son cabinet de toilette.

Dans son bain, cheveux relevés et eau jusqu'aux épaules, elle réfléchit à la journée qui l'attendait. En plus des tâches quotidiennes, elle devait se rendre au terrain de soule dans le cadre des festivités de la Saint Lazare. L'événement promettait d'être intéressant et surprenant. Elle devrait donc expédier courriers avec diligence avant de se plonger dans l'élaboration d'une stratégie cohérente et surtout, synonyme de victoire. Et, une fois sa tactique arrêtée, elle devrait retrouver ses co-équipiers au plus tôt.

Mais déjà la terrible gouvernante refaisait son apparition, lui rappelant par la même qu'elle ne pouvait pas s'attarder plus longuement à barboter dans l'eau.
Ingeburge soupira et quitta à regret la chaleur du baquet.
Une fois séchée, elle revêtit une simple chemise et gagna son bureau.

Là, l'attendait déjeuner et courriers. Elle regarda à peine le premier, contemplant avec une légère grimace le tas de missives l'attendant encore.
Picorant ça et là, elle parcourut les lettres d'un œil distrait, l'esprit déjà accaparé par la rencontre à venir. Mais la dernière qu'elle ouvrit lui fit échapper un léger cri de surprise. Elle se concentra afin de bien appréhender son contenu et se leva afin de faire quelques pas.

Ainsi donc les rumeurs disaient vrai comme lui finalement. Il n'avait donc pas menti, il ne s'était pas une nouvelle fois dérobé, il avait tenu parole.
Elle sonna et un domestique se présenta. Elle interrogea ce dernier sur les Dijon d'Or et l'homme, natif de Bourgogne, communiqua ce qu'il savait. Elle demeura un instant silencieuse, comme gênée et elle demanda plus de précisions. Ayant obtenu suffisamment de renseignements, elle laissa le valet partir et elle refit les cent pas, réfléchissant à toute allure sur ce qu'il convenait de faire.
Lui écrire? Elle le verrait bien assez tôt puisqu'il serait opposée à elle durant la partie de soule. Et il ne fallait pas que l'envoi d'un court billet puisse prêter à confusion.
Elle s'attabla à nouveau et entreprit de répondre à Asclépiade, bourgmestre de Dijon, lui assurant qu'elle serait honorée de présider le jury et qu'elle serait bien évidemment présente pour assister aux festivités. Une fois écrit, le pli fut aussitôt porté à son destinataire.

Ingeburge porta les mains à ses tempes, massant celles-ci du bout des doigts. Elle sentait le mal de tête poindre et elle ne voulait pas qu'il s'installe durablement. Elle avait plus que jamais besoin de jouir de toutes ses facultés.
Alors, elle gémit doucment, comme accablée; comment allait-elle pouvoir s'en sortir? Entre l'affrontement sur le terrain de soule, la procession se rendant à Autan, l'office exceptionnel se déroulant dans la cathédrale diocésaine et les Dijon d'Or, comment allait-elle s'en sortir? Et si Theognis avait dit vrai, ce qu'il avait fait organiser ne se limiterait pas à un concours. Elle voyait déjà son voyage en Bourbonnais-Auvergne repoussé de plusieurs jours et surtout, elle ne cessait de se demander comment elle allait pouvoir mener de front tout ce à quoi elle devait assister.

Elle vida son verre d'eau et la fraîcheur du liquide s'insinuant dans en elle la revigora. Elle ferait que de coutume, elle prendrait chaque chose une à une, n'oubliant pas pour autant d'anticiper le reste. Elle ferait face, elle avait été élevée ainsi et elle était rompue à l'exercice. Elle sourit un peu, cela la changait de la langueur dans laquelle elle avait vécu ces derniers mois.

Elle délaissa son courrier pour retourner à sa chambre à coucher. Elle jeta un œil par la croisée, le soleil était désormais bel et bien levé. Elle n'avait plus de temps à perdre.
Ses caméristes l'aidèrent à se vêtir, elle revêtait dès maintenant la tenue qu'elle avait choisie pour la partie de soule. Durant ce temps, ses bagages furent bouclés, un chariot partait dans l'heure pour Autun, elle ne pedrait ainsi pas de temps à revenir à l'Artemisium.

Elle était désormais prête et elle quitta ses appartements puis sa demeure.
Dans la cour, l'attendaient ses cinq gardes, Alessandro, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele. Ils l'escorteraient et veilleraient sur elle durant sa chevauchée vers le lieu de rendez-vous.
Après une dernière caresse aux dogues fermement retenus par deux valets, elle monta à cheval, aidée des Italiens. Puis, embrassant une dernière fois fois son sanctuaire du regard, elle relâcha les rênes et ordonna à sa monture d'avancer.

Ce voyage vers la gargote était le point de départ de la folle semaine qui l'attendait et en songeant à la partie d'équilibrisme qui s'annonçait, elle ne put retenir un petit sourire.

_________________
Vientiane
Vientiane se dit qu'aprés tout un compliment ne serais pas mal reçu, même venant d'une roturière

J'admire vos RP , je voudrais avoir votre facilité de m'exprimer...

J'ai toujours rêvé de devenir écrivain, mais je ne pense pas avoir ce don...

Jz suis une de vos fervente lectrices...

J'espère que ce petit écrit ne vous sera pas désagréable...

Respectueusement

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VIENTIANE---
Ingeburge
[HRP]Euh merci à LJD Ventiane, c'est très gentil

Tranche RP à venir censée se dérouler juste après la rencontre de soule, en février quoi.[/HRP]



V) Arc-en-ciel

Installée devant sa coiffeuse, elle contemplait le visage inconnu que reflétait le miroir. Elle essayait, tant bien que mal d'en reconnaître les traits mais elle y parvenait à grand peine. Elle leva lentement la main droite afin de palper avec précaution une de ses joues. Le toucher léger lui arracha une grimace, grimace qui provoqua une douleur irradiant de son menton à la racine de ses cheveux.

Noir.
Ce fut le regard prolongé qu'elle adressa au reflet ravagé. Mais ce coup d'œil furibond était plus destiné aux auteurs du massacre qu'à elle-même. Elle s'était peut-être montrée trop téméraire mais elle n'estimait pas avoir mérité un tel châtiment.

Verte.
La rage qui avait commencé à poindre quand elle avait pris place devant la glace. Rage qui enflait de seconde en seconde à mesure qu'elle constatait l'étendue de ses blessures faciales. Elle n'était point orgueilleuse, elle prenait soin d'elle, c'était certain mais la colère qui l'emplissait était plus due à son impuissance et au choc. Jamais encore elle ne s'était aussi peu reconnue qu'en ce jour. Elle avait pourtant déjà pris des coups, elle avait même été laissée pour morte entre Lyon et Montbrisson... Mais les coupe-jarrets qui avaient croisé son chemin n'avaient pas pris le temps de s'acharner, la besogne avait été exécutée avec soin et diligence.

Rouge.
Comme le mince filet de sang qui fuyait de l'une de ses narines maintenant qu'elle était positivement énervée. Elle contempla la légère rigole, fascinée. Une première goutte, puis une seconde, finirent par s'écraser mollement sur la table en marqueterie. Elle se détacha alors de sa sinistre contemplation afin d'essuyer le sang coulant encore et se saisit d'un mouchoir en batiste rebrodée à la blancheur immaculée.

Blanc.
Son visage n'avait rien à envier au précieux chiffon. D'ordinaire d'une pâleur marmoréenne, la souffrance qui l'innervait des pieds à la tête avait contribué à rendre son teint davantage plus cireux encore. Un teint à en faire baver une courtisane ayant la main lourde sur le blanc de céruse, si ce n'est son absence d'uniformité.

Jaune.
Son rire ténu qui la secoua soudain. Elle ferma un instant les yeux, de nouveau gagnée par la douleur que provoquait son hilarité naissante. Elle avait mal mais elle ne pouvait s'empêcher maintenant de s'esclaffer. Quelle fière allure serait la sienne dans les jours à venir. Condamnée à dissimuler son visage elle qui avait toujours dédaigné guimpe et autre artifice destiné à cacher la tête.
Puis sa joie se brisa aussi soudainement qu'elle était apparue; elle venait à nouveau de croiser le reflet détruit.

Bleues.
Les ecchymoses qui constellaient ça et là son visage. C'étaient les points les plus sensibles du haut de son corps, un concentré de douleur. Pas besoin de les toucher pour les sentir, elle pouvait même les localiser les yeux fermés.
Les meurtissures vireraient du bleu foncé au jaune. Elle pourrait alors plus facilement masquer les traces et se risquer à sortir, mais pas trop longuement non plus.

Violâtres.
De larges cernes soulignaient ses prunelles éteintes. Elle aurait pu croire s'être brisé le nez mais il n'en était rien. C'était l'une des premières choses que sa gouvernante avait vérifié. Rien de cassé, ni sur le visage, ni dans le reste du corps. Une cheville foulée, quelques muscles froissées mais c'étaient surtout les contusions multiples qui l'invalidaient.


Elle soupira. Elle n'en pouvait plus de souffrir et l'inspection de son visage ravagé avait accru son exaspération. Elle prit Alors un pot, au hasard, et le lança avec force contre le miroir. Son geste inconsidéré lui arracha un cri de douleur qui se mêla au bruit de la glace éclatant avec fracas sous le choc.

Elle fixa l'objet détruit, l'air hagard.
Un morceau était resté accroché, parsemé de zébrures. Et ces brisures sur lesquelles s'accrochaient les rayons du soleil que laissaient passer les croisées rappelaient les couleurs de l'arc-en-ciel.
Le reflet ravagé, lui, était toujours en place; la destruction du miroir rendant sa propre destruction encore plus prégnante.

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Asdrubaelvect
Asdrubael, accoudé sur son bureau, regardait la Loire, ses yeux étaient tout aussi humide que le long fleuve tranquille, au contraire de la vie.
C'était la troisième lettre que sa plume écrivait mais que ses larmes effaçaient inlassablement.
Il prit une longue respiration, s'assurant que celle-ci serait la bonne.
De son écriture tremblante, des larmes qui tachèrent le papier, on put aisément lire :


Citation:
    Chère amie,

    Si je prends la plume et lutte contre tremblements et pleurs -quoique cette lettre en portera nécessairement la marque- c'est dans la peine de t'annoncer une terrible et tragique nouvelle qui m'accable et me meurtrit jusqu'au plus profond de mon être.

    Il y a de cela onze jours, on me rapporta le corps de Morgwen, brûlé, sans vie. Ma chère et tendre épouse a été assassinée et laissée inerte dans une église, brûlée pour l'occasion.
    Quelle horrible et funeste chape de plomb m'écrasa sous son poids lorsque je l'appris.
    L'on a brûlé et pillé sans ménagement un lieu de culte sacré, et le pire, l'on a tué une femme si extraordinaire dans de sombres conditions...

    Je souhaiterai me confesser pour le nombre de fois où j'ai maudit ceux qui avaient perpétrés un tel acte et où j'ai juré de les tuer...

    Ma chère amie, cette nouvelle me plonge dans un abysse sans fond et aussi sombre que le noir que tu portes sans cesse. Je découvre une peine que même lors de précédents drames ou épisodes tragiques de mon histoire je n'ai point connue.
    Je me sens à présent vide de tout espoir et de tout courage. La seule chose qui me permet d'imaginer aujourd'hui un avenir est la présence de mes enfants : puissent-ils me pardonner les manques que la perte de leur mère provoquera et que je serai incapable de combler.

    Ma chère amie, je m'use sans discontinuer les genoux, la gorge et les mains en prière. Je supplie le Très-Haut à chaque instant qu'Il fait pour qu'Il accueille Morgwen près de lui, en ce Paradis qu'Elle mérite plus que quiconque d'autre que je connaisse. Je prie pour qu'Il offre à la Louve une vie meilleure que celle qu'Elle vécut sur Terre et pour qu'Il me permette de communiquer avec Elle dans mes futures et inlassables prières.
    Aujourd'hui, je me sens perdu, je souhaiterai me rapprocher d'Elle, me rapprocher d'où Elle est à présent... La réflexion et l'entendement manquent à mes raisonnements, embourbés qu'ils sont dans une rivière de larmes et une mélasse de chagrin inconsolable.
    Que dois-je faire pour y parvenir ? Il m'est et me restera inconcevable la mort comme remède à mon chagrin, il me faut rester à présent pour aider et soutenir Ellesya, Esyllt et Miguaël.
    Peut-être et même sûrement ne trouveras-tu pas la réponse que je cherche, mais je te sais de bons conseils.

    Enfin, je souhaiterai -presque- clore cette lettre en te faisant part des dernières volontés de la Duchesse d'Amboise qui souhaite que tu officies aux côtés d'Aaron pour ses funérailles. Je les prévois le mardi 14 avril, en la collégiale Saint Bynarr d'Amboise.

    Je t'annonce par la même que je souhaite m'absenter ou démissionner de ma charge de Premier Archidiacre de Lyon, laquelle je n'occupais pas énormément avant cela, j'en suis conscient. Mais à présent, et pour une durée indéterminée, je me sens dans l'incapacité de m'occuper d'une quelconque affaire que ce soit. Je laisse entre tes mains mon avenir à cette charge.

    J'avais prévu de venir te rendre visite d'ici peu afin de t'offrir un présent, mais je ne le peux plus... J'en suis fort désolé, mais cela sera reporté d'un mois, ou de plusieurs, je ne sais encore.

    Puisse le Très-Haut t'accompagner et t'aider à t'occuper au mieux de tes charges.


    Rédigé et scellé en le castel d'Amboise, le lundi trentième jour de mars de l'an de grâce 1457.



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ellesya
Son père s'étant retiré en retraite vraisemblablement pour surmonter sa tristesse, la jeune femme se chargea de rédiger les nombreuses lettres destinée aux bénéficiaires des legs prévus par la défunte duchesse.
En apposant son sceau, elle sut que sa missive était des plus plates, mais combien en avait-elle écrit ces derniers temps? Elle se sentait vidée.


Citation:
Castel d’Amboise, 8 avril de l’an de grasce 1457


Dame Ingeburge, Eminence,


Suite au trépas de ma mère, j’ai été chargée, ainsi que mon père, le Duc Asdrubael de la Louveterie, et l’un de Ses amis proches, le Seigneur Hans Hoggendaffen, de la mission d’exécuteur testamentaire.

Comme Elle en avait émis le souhait, l’ouverture de son testament eut lieu récemment. Un leg fut prévu pour l'Eglise en Bourgogne dont vous êtes la plus haute autorité. Un autre vous est destiné à titre personnel.

Voici des extraits de Son testament. Son intégralité est consultable à la bibliothèque d’Amboise.

Testament de Morgwen a écrit:
[...]En ce onzième de Février de l’An de Grasce MCDLVII, en le castel d’Amboise, en Touraine, lucide et saine d'esprit lors de la rédaction de ces lignes, nous, Morgwen de la Louveterie, faisons connaître par le présent document les dispositions que nous voulons voir mises en œuvre lorsque notre heure aura sonné.

[…]Des legs particuliers.

Que nos exécuteurs testamentaires transmettent les dons ici mentionnés en main propre à ceux qui se déplaceront à Amboise, à défaut, qu’ils leurs soient remis après nos funérailles.

[…]A nos demi-frères Fagnard et Rhuyzar de la Louveterie, à nos cousins Numalane et Anthony de Massigny, à nos vassaux, à nos amis Ahlefeldt-Oldenbourg, Nagan, Vissac, Lasteyrie, Hennfield, Ylfan, Brassac…
Que l’assurance de notre amitié leur soit remise, accompagnée de vins de nos domaines pour raviver les bons souvenirs.

[...]Que les Eglises de Touraine et de Bourgogne recoivent chacune de nous un don de 200 écus pour leurs bonnes oeuvres si elles en organisent. Qu'il en soit fait de même pour les bonnes villes de Chinon et de Tours, en Touraine, où nous fûmes mairesse et heureuse dans le passé, auprès de nos amis. Cet argent devra également servir à aider les vagabonds et paysans. A défaut, l'argent pourra être réclamé ou non remis par nos héritiers.


Après les funérailles, et notre retour de Touraine où nous comptons rester pour assister à la messe que désire faire donner le duc de Touraine en mémoire de la défunte Duchesse, nous vous remettrons la somme définie à moins que vous ne nous désigniez une autre personne en charge des bonnes oeuvres.
Quant aux vins, j'imagine que mon père se chargera sans déplaisir de vous offrir celui qui devrait vous plaire le plus. Ses terres tourangelles sont riches en variété et qualité comme disait ma mère pour répliquer à sa fierté de bourguignon.

Je profite de cette missive pour vous remercier d'avoir pris en main l'organisation des funérailles de notre mère.


Respectueusement,














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Ingeburge
VI) Correspondance

Le mouvement de sa nuque ployant dangereusement en avant sous le poids de sa tête la surprit. Elle ouvrit les yeux, soudainement, et ses iris opalins s'éclairèrent un instant d'une lueur interrogative. Où était-elle? Que faisait-elle?
Elle grimaça quand elle comprit enfin qu'elle s'était simplement assoupie alors qu'elle était assise devant sa table de travail. Elle se leva et se dirigea vers un guéridon supportant des flacons de contenances et de contenus variés. Elle délaissa les tentations alcoolisées pour de l'eau fraîche, ayant mis un frein à sa beuverie mondaine depuis que Kreuz, son ami, son guide, son mentor, était décédé. Il n'avait jamais vraiment apprécié de la voir boire plus que de raison.
Son hanap une fois rempli, elle retourna prendre place à son bureau, beau meuble en bois d'ébène.

Elle grimaça à nouveau en contemplant le tas de missives auxquelles elle devait encore répondre. Elle avait dû laisser son courrier en souffrance suite à sa brusque retraite forcée.
Mais elle était épuisée, son séjour chez les moines n'avait pas été des plus reposants angoissée qu'elle était de l'avenir. Elle était donc revenue dans un état de fébrilité révélateur de son état d'esprit.
Et de prendre connaissance de nouvelles pas toujours réjouissantes n'avait rien arrangé.

Son regard se posa à nouveau sur la lettre d'Asdrubael. Elle n'y avait pas répondu, incapable de trouver les mots pour réconforter son ami. Elle était pourtant rompue à l'exercice mais quand il s'agit d'un proche, l'expérience ne vous est d'aucune utilité.
Alors, elle jeta quelques mots hâtifs mais sincères :

Citation:
Mon ami,


Que tu sois désolé tant pour ta charge au sein de la Province ecclésiaistique de Lyon que pour ce présent que tu devais me remettre montre que malgré la colère et le doute que tu éprouves n'ont pas corrompu, comme tu sembles l'accroire, ta foi sincère et ton cœur pur.

Je ne te dirai pas ces mots censés consoler, je ne te dirai pas que je comprends ta peine, je ne te dirai rien ce qu'il convient de dire en ces instants de souffrance.
Non.
Sache simplement que j'arrive et que je serai là pour toi, entièrement, totalement comme tu as toujours été là quand j'ai douté et que j'ai voulu renoncer.


Que le Très-Haut veille sur toi, tes filles et mon adorable petit filleul.

Ingeburge.





Elle soupira et des larmes perlèrent à la racine de ses cils.
Morgwen...
Quand elle avait découvert la lettre du Sombernon, elle n'avait pu y croire. Il était impossible, inconcevable et totalement déplacé que la Louve ne soit plus. Il était de ces certitudes auxquelles on se raccrochait dans les moments d'interrogation et la matriarche de la Louveterie faisait partie de ces personnes que l'on croyait éternelles même si la mort était dans l'ordre des choses. Elle en avait fait pourtant déjà la cruelle constation lorsque Kreuz était mort. Mais elle était si sûre de sa présence tutélaire et protcetrice que son décès avait été comme une tempête de neige au beau milieu du printemps, tout simplement irréaliste.

Et pourtant, cela s'était réalisé, une fois encore et la lettre de la Petite Valkyrie était la froide confirmation de la disparition de Morgwen.
Là encore, quels mots adresser quand l'on pouvait percevoir, derrière cet acte administratif, la peine qui étreignait l'aînée des filles de la Duchesse?
Là encore, elle fut brève, elle aurait l'occasion de rencontrer Ellesya à Amboise :

Citation:
Ma très chère Ellesya, mon enfant,


Je vous remercie de votre sollicitude et je suis touchée que malgré le deuil qui vous touche, vous ayez pris le temps de veiller à honorer les dernières volontés de votre mère.

Nous aurons bien l'occasion de reparlr plus tard de ce que vous m'avez transmis, je ne veux pas vous accabler alors que vous devez être exténuée.

Et même si vos remerciements me vont droit au cœur, sachez que jamais je n'aurais pu refuser de m'occuper des funérailles de votre mère, vous savez toute l'amitié que j'ai pour vos parents.

Toutes mes prières vont à votre famille.


Que le Très-Haut vous garde.

Son Eminence Ingeburge von-Ahlefeldt-Oldenbourg,
Cardinal-Archevêque de Lyon.





Elle sonna un valet et recommanda à la personne qui se présenta de faire diligence pour porter les deux lettres. Elle ajouta qu'il devait en prendre grand soin et qu'il serait récompensé plus que de coutume si le courrier parvenait sûrement et rapidement à destination.

Elle quitta sa table afin de se diriger vers son lit. Là, sur le petit meuble attenant, elle prit un petit coffret en marqueterie. Elle ouvrit l'écrin et contempla longuement la médaille qui brillait sur le velours cramoisi ornant le fond de la boîte. Elle fit glisser la châine du précieux bijou entre ses doigts avant de la remettre en place. Elle l'emporterait à Amboise, c'était son cadeau de baptême pour son dernier filleul, Miguaël Enguerrand de la Louveterie.
Et les larmes qu'elle retenait coulèrent sur ses joues en repensant au merveilleux visage de l'enfant qui était désormais orphelin de mère.

Le reste de sa correspondance pouvait bien attendre quelques heures de plus, elle n'était de toute façon pas en état de continuer.

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Ingeburge
VII) Correspondance... encore

Les tourments avaient laissé place au vide... pour un temps. Autant donc, profiter de ce répit afin d'achever de rédiger les dernières lettres qui devaient être envoyées avant son déplacement en Touraine.

Elle repoussa l'idée du voyage à venir, ne voulant pas songer à nouveau aux raisons la poussant à partir.

Elle s'attabla et prit sa plume. Elle hésita un instant, l'instrument bien taillé au-dessus du vélin vierge.
Sans qu'elle sut bien pourquoi, elle n'avait pas envie de répondre à une lettre reçue tantôt... mais son devoir lui imposait de le faire. Elle fit donc, contr
ariée :
Citation:
A Theognis de Montereau, Comte de Nozeroy,
Salutations et bénédictions.



Votre Grandeur,


Je dois avouer que je ne comprends guère votre requête.

Vous me demandez une audience pour une affaire dont nous nous sommes déjà entretenus... aurais-je donc fourni des explications absconses?
De même, il se dit que vous devez bientôt quitter la Bourgogne... bien que je n'aie voulu vous croire quand vous me l'avez confié, il semblerait que ce soit en fait l'exacte vérité. Ainsi, disposez-vous donc vraiment du temps pour vous entretenir avec moi et pour régler l'affaire qui vous préoccupe?

J'espère être bientôt éclairée... vous savez où me trouver.

Et de grâce, tenez donc votre promesse, vous n'êtes pas à votre avantage lorsque vous êtes vêtu de votre tenue de joueur de soule.


Que le Très-Haut vous garde.

Son Eminence Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Sublimissime Archevêque de Lyon.




Elle relut sa prose, une fois, peu convaincue par ce qu'elle venait d'écrire. Bast, la réponse n'était que le reflet du courier reçu.


Elle mit l'épître de côté et s'attela à la rédaction de la deuxième.
Elle avait bien trop tardé et en était assez contrariée. Elle espérait donc rattraper prochainement son erreur :

Citation:
A Erik de Josselinière, Duc de Corbigny et Pair de France,
Salutations et bénédictions.



Votre Grâce,


C'est l'air contrit et repentant que je m'adresse à vous en ce jour. Je suis en effet fort marrie de ne vous avoir fait connaître plus tôt la date à laquelle je pourrais vous recevoir suite à notre rapide discussion au conseil ducal.

Je prends donc la plume en ce jour afin de vous indiquer que je sis tout à fait disposée à vous recevoir à mon retour de Touraine où je dois me rendre de toute urgence.
Je vous propose de nous rencontrer chez moi, en mon hôtel situé dans la campagne bourguignonne, nous y serons bien plus tranquille qu'en la Cathédrale où tout autre lieu public où nous ne manquerions pas d'être remarqués.

J'espère sincèrement que l'attente que vous avez eu à subir du fait de ma négligence ne vous aura pas été par trop préjudiciable.


Que le Très-Haut vous garde.

Son Eminence Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Cardinal-Archevêque de Lyon.






Elle se laissa aller contre le dossier de son fauteuil, ses doigts jouant avec sa plume. Il lui restait une lettre à rédiger... et quelle lettre! Elle en sourit, amusée, repensant à la conversation fructueuse qui avait amené cette annonce qu'elle allait faire. La déclaration en elle-même n'avait rien de fracassant et seul le principal intéressé saurait lire entre les lignes... C'était là le début d'une collaboration d'anthologie :
Citation:

    Mon tout bon, mon complice, mon âme damnée,


    Il est plus que temps d'officialiser aux yeux du monde ce lien si particulier qui nous unit.
    C'est pourquoi vous trouverez avec ce court billet les conclusions de notre entrevue passée. J'espère de tout cœur que cette annonce comblera vos attentes comme notre entente comble les miennes et que bien plus encore, le souvenir de notre pacte restera pour toujours gravé en nos mémoires...


    Citation:
    Nous, Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
    Cardinal Connétable de Rome,
    Primat du Sacrum Romanorum Imperium Nationis Germanicæ,
    Chevalier et Chancelier militaire de l'Ordre de l'Etoile d'Aristote,



    Faisons annonce de l'attachement à notre service de Chlodwig von Frayner, Baron de Château-Rouge et Seigneur de Belzaize, en qualité de secrétaire particulier.


    Rédigé et scellé à l'Artemisium durant la trêve pascale de l'an de grâce MCDLVII.





    Que le Très-Haut garde les personnes de notre cause et pour qui la fin justifie les moyens.

    La Sublimissime.





Elle sourit à nouveau, satisfaite. Il lui tardait de s'entretenir à nouveau avec Rodendorf, beaucoup de choses devaient être vues.

Un autre messager fut appelé et reçut des ordres précis, plus particulièrement concernant la missive devant sortir de Bourgogne.

Puis, ayant terminé sa tâche, elle sortit de son bureau afin de sortir dans le jardin. Elle avait vraiment besoin de respirer avant de s'occuper de ses bagages.

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pnj
Un pigeon affamé porte une missive à la demeure de SE Ingeburge.

D'un geste sec et précis de la patte, il détache le fin étui contenant le message et l'envoie à travers la fenêtre du bureau de l 'Archevêque de Lyon.
Aprés tout, ce n'est pas dans ses attributions de vérifier si le destinataire est atteint ou pas.

Il se dirige ensuite vers les cuisines afin de dénicher quelques graines ou mieux des vieilles miches qui traînent (ceci n'a rien à voir avec l'anatomie d'une quelconque domestique affectée à la préparation des repas).



Citation:
Les Baux de Provence, le 15 avril 1457


Inge,


Tu seras sans doute étonnée de savoir d’où provient ce courrier.

Non, je n’ai pas décidé de rentrer en Provence.
Je me suis simplement retirée dans le confort rustique et l’isolement de ma résidence secondaire.

Elle se situe dans les environs de l’Ordre de Chevaliers d’Alexis, mon vassal. Il a insisté pour que je m’établisse au moins partiellement là-bas. Les gardes ne laissent pas entrer n’importe qui, dès lors la vie y est plaisante.
A vrai dire, la sérénité ambiante et l’éloignement de la société humaine contribuent à ce que je réfléchisse sur moi, mes actions passées et présentes.

Malgré ma volonté initiale, renforcée par mon soucis de te soutenir dans le travail pour l’Eglise Aristotélicienne en Bourgogne, je ne dois pas me voiler la face : le résultat est désastreux.

La faute n’en incombe qu’à moi-même.
Sans doute étais-je trop épuisée par mes combats politiques en Provence pour parvenir à surmonter tout cela.

Je ne me cherche pas d’excuses.

Cet échec m’est insupportable, ressenti comme irréversible, absorbeur d’énergie sans relâche.
Il est évident que n’importe qui pourra mieux faire que moi, peut-être une personne bien intégrée en Bourgogne ou y bénéficiant de nombreux contacts.
Tu trouveras, sans aucun doute.

Evidemment, je suis déçue d’avoir donné de moi une si pâle image dans laquelle je ne me reconnais pas.
Le plus dur est surtout que je crois avoir perdu la foi.

La clé que je t’ai remise à la forteresse ouvre un coffre à ton nom aux Baux .

Je vais également informer de ma décision la garde et m’en expliquer aux locaux de l’archevêché.
Bien sûr, je terminerai les dossiers en cours avant de partir.


Amicalement,


Azra
Vicomtesse de Marignane
Dame de Châteauneuf de Gadagne

Ingeburge
Petit up, à venir.
Ingeburge
VIII) Adieux

Ingeburge se tenait sous sa table de travail, la mine soucieuse.

Elle était en train de chercher une perle qui avait sauté de la broche dans laquelle elle était enchâssée et qui avait roulé sur le sol jusqu'à une destination inconnue.
La jeune femme n'y voyait goutte et ses mains tâtonnaient en vain depuis quelques minutes déjà.

Elle se recula puis se releva avec précautions, prenant garde de ne pas se cogner la tête contre le meuble massif.
Elle y prit un bougeoir et retourna ensuite à son exploration.

La perle, en lui-même, ne l'intéressait pas, elle n'était pas grand amateur de ces petites boules à la blancheur laiteuse mais elle savait pertinemment que si elle ne retrouvait pas l'objet, elle ne pourrait se remettre au travail tant son esprit serait focalisé sur cette perle qui restait introuvable.

A la lueur de la bougie, elle pouvait bien voir que le bijou ne se trouvait pas sous son bureau. Elle élargit donc le champ de ses recherches et examina l'espace situé autour de la table.

Elle se redressa soudain, sourcils froncés. Elle venait d'apercevoir, là, entre deux meubles, un rectangle de papier. Que cela pouvait-il donc être?
Elle tendit la main, afin de se saisir du document mais il était trop loin.
Elle posa son bougeoir et tendit le bras plus en avant. Rien à faire, le papier demeurait hors de portée. Elle se redressa et retourna à son bureau afin de dénicher quelque chose susceptible de l'aider à atteindre sa trouvaille. Elle avisa un stylet dont elle se servait comme coupe-papier et s'en saisit. Elle retrouva ensuite le tapis et retourna à sa manœuvre.

Cette fois, ainsi armée de son petit poignard, elle parvint à toucher le papier qu'elle entama même au prix d'une extension supplémentaire. Elle ramena à elle sa prise fichée sur la lame, lentement, prenant garde de ne pas la perdre en route en se précipitant trop.

Le papier enfin fut entre ses mains. Il s'agissait en fait d'une lettre.
Elle s'approcha de l'une des croisées entrouvertes qui laissait passer les dernières lueurs du jour et décacheta sans plus attendre la missive ainsi retrouvée. Elle reconnut le sceau au premier coup d'œil et s'étonna que son amie ait choisi de lui écrire plutôt que de venir lui rendre visite. Les nouvelles couchées sur le vélin ne devaient donc pas être graves ou ne devaient donc pas présenter un caractère particulièrement urgent.
Le lieu d'où elle provenait l'intrigua davantage et elle s'empressa de prendre connaissance du contenu de la lettre.


Le parchemin chut, tout comme la clé qui y était coincée, troublant de son son métallique, le silence qui régnait dans le bureau d'Ingeburge.
Seule la respiration devenue saccadée de la jeune femme était audible. Les inspirations et expirations demeuraient machinales mais la faisaient souffrir.

Elle se tenait là, debout, le regard fixe.
L'étude sur laquelle elle travaillait quelques minutes auparavant était désormais ensevelie, la perle recherchée avec détermination était maintenant oubliée, l'endroit où elle se trouvait n'existait même plus car dans la missive qu'elle venait de parcourir, elle avait perçu l'écho d'inexorables adieux.

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