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[RP] L'Artemisium

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Bringuebalant de toute son ossature charpentée, une voiture, dont les riches dorures réfléchissaient à merveille l'éclat des rayons vermeils du couchant soleil, s'avançait...
La route, cahoteuse à souhait, s'amenuisait au fur et à mesure de la traversée... Et bien tost, voilà la demeure qui pointait.

En son sein, le Comte de Mazière demeurait patiemment assis... Non sans quelques rages intérieures de devoir tolérer, une fois de plus, les heurts incommodant de cette sorte de périple... Manifestement, les françois ne surpassaient guère les impériaux en matière de voiries. En cette contrée du royaume, du moins.

Arborant fièrement les couleurs de son illustre occupant, le convoi arriva tout de mesme à bon port avant qu'un mort ne survienne, exutoire improvisé de l'ire stimulée en l'Homme. Non... Au lieu de cela, un net soulagement prit place et demeura... La Princesse avait su, dans ses courriers, intriguer le Noble, et nul doute n'était que cette rencontre détenait bien là la capacité de lever quelques mystères. En conséquence, sa venue effective ne pouvait qu'apaiser... D'autant qu'elle lui avait promis délassement, et mesme divertissement, certain.

Tandis que le carrosse se figeait à l'orée du mur d'enceinte, face à son unique portail, un hallebardier se pressait d'accourir auprès du postillon. Bien que l'estampille de l'attelage ne laissait aucun doute à ce sujet, il lui fallait s'enquérir de l'identité - ou plutost de la confirmation de l'arrivée - du convive de la Princesse.
Promptement, on lui répondit...



Veuillez annoncer l'ardent sérénissime, majestueux et tout aussi sublime Comte de Belfort, Sa Grandeur Max de Mazière, également Baron de Chaussin, auprès de Son Altesse Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, vraisemblablement maistresse des lieux.
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Alessandro, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele avaient laissé le jeunot accueillir le visiteur, se contentant de superviser de loin, derrière les grilles, les gestes de l'apprenti garde.
La Patronne s'était enfin décidée à recruter parmi la jeunesse du pays quelques adolescents qui seraient chargés de veiller sur le domaine durant le voyage qu'elle projetait depuis plusieurs semaines déjà.
Alessandro, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele ne pouvaient décemment pas rester là malgré toutes les personnes qui convergeait vers Mâcon afin d'escorter la Princesse et il avait donc était convenu que quelques jouvenceaux du coin, placés sous l'autorité de l'intendant de la propriété, surveilleraient l'Artemisium.

Le gosse se débrouilla plutôt correctement même si son visage arborait présentement une mine plutôt ahurie. C'est que l'étranger se présentant en ce jour avait une manière toute personnelle de se faire annoncer. Jamais encore il n'avait été donné au gamin d'entendre tant de mots pompeux débités aussi prestement.
La Patronne, elle, n'était pas très causante et quand il lui arrivait d'être loquace, c'était généralement pour laisser cours à son irritation. Le silence était donc apprécié à sa juste valeur.

Alessandro, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele s'étaient chargés de faire ouvrir les grilles afin de laisser le passage à l'équipage du Comte de Belfort.Alessandro, Fabio, Gennaro, Gianluca et Manuele n'étaient guère impressionnés, ils avaient vu tant d'hommes les plus divers être reçus par leur maîtresse que plus rien ne les étonnait. Et celui-là du reste n'était pas le plus étrange.
Les beaux gosses italiens se dirigèrent ensuite d'un pas nonchalant vers les chiens afin de les entraver. Les animaux n'appréciaient pas les étranger et se faisaient toujours un devoir de le faire sentir, tant par leurs jappements que par leurs crocs. Ils aboyèrent donc vigoureusement en voyant le carrosse pénétrer dans la cour.
L'un des Lombards se chargea dans le même temps de transmettre la nouvelle de l'arrivée de Max de Mazière à un valet et ce dernier s'empressa de faire porter l'information à qui de droit.

La porte d'entrée fut laisser ouverte, afin que le visiteur puisse directement pénétrer dans la bâtisse une fois qu'il aurait mis pied à terre.

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Ingeburge
IX) Des conséquences d'une missive

Ingeburge ne parvenait pas à se concentrer.

Mordillant distraitement le bout de son pouce, elle laissait depuis plusieurs minutes déjà son esprit vagabonder çà et là. Elle n'avait pas vraiment envie de s'atteler à l'étude qu'elle devait rédiger et à vrai dire, elle n'avait jamais été vraiment portée sur l'exégèse. Elle, était plus dans l'action, l'organisation et la législation, pouvant ainsi laisser libre cours à son pragmatisme natif. Il ne lui répugnait pas de temps à autre à se plonger dans les textes, elle le faisait même avec un certain plaisir, mais quand elle y était contrainte, comme présentement tant sa conviction que son inspiration se tarissaient comme une source en plein désert.

Elle demeurait donc là, son regard clair se posant sans les voir sur les objets qu'il rencontrait lors de son errance.

Elle soupira, ne se résolvant toujours pas à retourner à sa tâche.

Du bruit parvint soudainement de l'extérieur et elle perçut dans le bruit d'un carrosse s'approchant, car il ne pouvait pas s'agir d'autre chose que d'un carrosse, ou à la limite, un chariot, le signe qu'elle n'avait pas à se forcer davantage.
Elle laissa donc ouvrages, parchemins et plume sans trop de regret et se dirigea vers l'une des croisées donnant sur le devant de la propriété.

C'était bien un coche armorié qui venait de franchir les grilles de l'Artemisium et pour le moment, elle ne en pouvait distinguer précisément les armes. Les dogues grondaient, comme à leur habitude et ses hommes se chargeaient déjà de les enfermer dans un endroit sûr.

Toute curieuse qu'elle fût, elle ne se pencha pas pour tenter de déchiffrer le blason, elle se recula plutôt, préoccupée par cette visite impromptue.
Elle n'attendait personne, ni ami, ni confrère ou même vague connaissance. Aucun rendez-vous n'avait été pris pour les jours à venir tant elle devait régler d'affaires avant son départ.
Son départ... Le visiteur en question devait être concerné par l'expédition projetée, il ne pouvait en être autrement.

Mais elle fronça les sourcils maintenant que les armoiries étaient bien visibles. Elle s'éloigna de la croisée et fit quelques pas, pensive.
Affirmer qu'elle n'attendait personne était somme toute légèrement mensonger, la probabilité que la personne qui ne tarderait pas à fouler le sol caillouteux de la cour viendrait vienne effectivement la voir était quasi nulle mais voilà qu'elle s''était muée sous ses yeux en une criante certitude. Elle avait vaguement lancé l'invitation qu'elle avait adressée au Comte de Belfort — car c'était bien l'ancien Franc-Comte qui allait être annoncé — sans trop escompter une visite de sa part. Et il était là, bien là.

Regrettait-elle maintenant cette diversion qu'elle avait quelques minutes auparavant si favorablement accueillie? Son regard se porta à nouveau vers sa table de travail et la réponse s'impose clairement. Bien sûr que non.
Elle supputait bien que la rencontre à venir ne serait pas des plus sereines mais cela valait toujours mieux que s'ennuyer à rédiger quelque chose qui se révèlerait être mauvais.

Le porte de son bureau fut poussée et un valet confirma l'arrivée de celui qu'elle avait reconnu.
Elle opina du chef et suivit le domestique, ne se préoccupant guère de sa mise malgré cette visite d'un homme qu'elle ne connaissait pour ainsi dire pas. Elle était comme de coutume vêtue de noir et même si la robe de soie qu'elle portait n'était pas la plus raffinée de celles qu'elle possédait, l'on devinait bien tant dans la coupe que dans la qualité du tissu qu'il s'agissait d'un vêtement de prix. Ses cheveux sombres quant à eux étaient lâches et retombaient dans le bas de son dos, simplement retenus en arrière par un ruban de velours. Aucun bijou, si ce n'était l'anneau cardinalice où brillait un saphir.

Elle s'immobilisa enfin en haut de l'escalier qui menait à la pièce où donnait la porte d'entrée et posa sa main sur la rampe.
Ainsi postée en hauteur, elle guetta sans impatience l'arrivée imminente d'un homme qu'elle n'avait jamais fréquenté et à qui elle avait pourtant écrit qu'elle le laisserait bien volontiers crever si jamais il devait se retrouver blessé au détour d'un chemin et elle se demanda quelles conséquences pourraient bien avoir la missive en question.

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_max
Rondement, les destriers lourdement harnachés avaient repris leur intense cavalcade dès l'accès permis, embarquant à leur suite un bien précieux fardeau... Les épais sabots foulant maintenant le sable fin de la cour du baptisé - dans un accès de ferveur toute particulière de contradiction, probablement - Artemisium, voici que de nouveaux gardes, davantage prolixes ceux-là, apparaissent.
Singulière manière de saluer Sa Grandeur, que ces cris fébriles et rauques qui retentissent, entre silences transalpins et autres galops redondant... N'était-ce point de leurs violents auteurs-mesmes que la dernière missive en date préconisait la méfiance..? Si fait bien entendu... Quelques molosses haineux, voilà une compagnie dont il aurait fallu redouter plus tost l'impact sur le caractère de l'Éminence... À présent, et en paradoxe, un adoucissement de ce dernier devait-il relever de la chimère?
Qu'il nous soit donné d'en jauger.

Il faut peu de temps pour que la voiture ne s'immobilise en place convenue, et que ne se turent les mordant... Ceux-là au moins prouvaient-ils leur capacité à se rasséréner, une augure d'optimisme pour leur émule, éventuellement.
Marchepied fut abaissé... Et voilà qu'aussi tost l'on voit poindre l'hermine dorée d'un Mazière inspiré.
Les derniers feux de l'astre céleste frappent, désespérés, l'esplanade, alors blanchastre, tandis qu'elle se fend de l'ostensible et superbe démarche Impériale que le Comte exécute, entouré de ses gens.

Le seuil franchi, on se propose de le découvrir... Initiative distinguée que le Comtois se refuse, de toute sa mansuétude, incommensurable comme acérée, à négliger. Le mantel glisse, laissant transparaistre l'élégance d'une Splendeur à jamais son égal, sans nulle concurrence. Ici un pourpoint d'amarante épousant la musculature de cet aisné de portée aristocratique, et par là donc ancien militaire contraint et forcé... Pourpoint voilant sombre chemise, garantissant bien de la brise... Cependant que l'ensemble s'établit en les altitudes de hauts ainsi que bas-de-chausses, étincellent inférieurement encor bottillons au cuir corroyé et verni.
Mains et chef étaient couverts à leur tour, les unes de blanc soyeux, et d'un segment orné de la très célèbre chevalière nobiliaire, l'autre de turquin dispendieux.

Soudain, le visage s'élève d'une candeur étrange... Et le regard, cerclé de son iris smaragdin, clairement distingue l'hoste insolite, discrètement campée en le palier supérieur du large degré érigé face à l'Homme.
Ainsi donc, c'était là une Princesse d'Empire... Criante était cette absence manifeste des plus grands fastes qui soient et que la Noblesse, féminine surtout, ne savait tolérer ne point estre parée... Non, un luxe sobre habillait simplement cette Aristotélicienne, de ce que la pénombre de l'endroit laissait entrevoir au visiteur d'un soir.

Dès lors, en contrebas, on se fond en un triple et agile revirement de galure, teste légèrement relevée... Attendant, sans doute, descente de l'intéressée, puis ensuite, poignet à baiser en conséquence.
Et le sempiternel...


Altesse...
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Ingeburge
Le Comtois invité mais non point réellement attendu fit donc son apparition. Il entra chez elle, entourée d'une suite qui aurait dû rester dehors.

Ingeburge posa son regard froid sur la silhouette de l'homme qui arborait en ce jour une mise que n'aurait pas renié une courtisane en mal de galant. Elle retint juste à temps un sourire narquois, comparant leurs vêtures respectives. Lui, tout en couleurs chamarrées et rutilantes, elle en noir précieux de la tête aux pieds. Le tape-à-l'œil contre le délicat, le bling bling contre le discret.
Max détonnait en ces murs assurément et de nouveau, elle se demanda ce qui lui avait pris de le convier en Bourgogne et même chez elle. S'ennuyait-elle donc à ce point pour appeler une compagnie qu'elle ne recherchait? Etait-elle désœuvrée au point de faire venir un homme qu'elle avait attaqué en une lettre publique que d'aucuns avaient parcouru, hilares?

Elle se remémora la première lettre qu'elle lui avait adressée. Peu de lignes avaient été jetées sur le vélin mais elles étaient significatives. Elle y avait évoqué une fuite mais également le repentir.

Elle n'avait rien contre le Comtois à vrai dire, elle n'acceptait simplement pas son attitude à l'égard des Saintes Armées durant son règne en Franche-Comté et elle ne s'était donc pas gênée pour en rendre compte à l'universalité des fidèles. Et c'est ce qu'elle avait eu à l'esprit en rédigeant la missive qu'elle lui avait fait porter. N'avait-il d'ailleurs pas proposé tantôt une rencontre, à la suite justement de cette lettre ouverte qu'elle avait fait afficher à Rome? Il lui avait semblé que oui même si elle avait à peine accordé d'attention à sa réponse, l'information lui avait en fait été transmise par un des évêques du concile qu'elle dirigeait.


Max leva les yeux vers elle, semblant attendre un geste, guetter un signe. Elle demeura immobile durant quelques secondes encore et l'observa tandis qu'il la saluait à grand renfort de coups de chapeau.

— Altesse...

Elle répondit, automatiquement :
— Votre Grandeur...

Elle descendit quelques marches, et ajouta, d'un ton plus mordant :
— Est-ce toujours d'actualité? Il me semblait aux dernières nouvelles que " Votre Usurpante Grandeur " était plus à propos.

Elle planta ses yeux inexpressifs dans ceux du Comtois et indiqua :
— A croire que vous persévérez dans votre volonté de me froisser en exigeant la totalité des terres de Belfort et en expropriant ainsi le frère d'une de mes défuntes amies et en mettant dehors l'Ordre Teutonique auquel j'appartiens.

Puis, arrivée à distance convenable de Max, elle tendit une main blanche où brillait l'anneau cardinalice orné d'un saphir à l'azur profond.
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_max
Alors que le couvre-chef, trois fois élancé dans sa magistrale révérence mais toujours présent en l'extrémité de son bras, était happé par quelque zélé majordome, voilà que le Comte de Belfort, admirablement courbé, pouvait apprécier de l'approche ainsi que de la démarche lente de la demeurée sévère maistresse des lieux.

Manifestement, des quelques propos qui résonnèrent, on retrouvait bien, en ces instants, la terne rédactrice de l'erronée et insignifiante missive - dont avait pu pourtant acter les plus attentifs et non moins insensibles au sommeil des humeurs, guettant si souvent les lecteurs désabusés -, davantage, du moins, que celle qu'il avait pu lire au cours des derniers échanges épistolaires.
Qu'à cela ne tienne, l'effronterie, la jactance et l'aplomb étaient valeurs de Mazière... Trop pour boire sans hoquet des paroles qui n'avaient guère d'intérest à s'enliser en terrain acrimonieux par si belle soirée printanière.
Translation s'opérerait peu à peu.

Il laissa se succéder les premiers mots sans nul coup férir... Obliqué tel qu'il était, il s'appliqua plutost à préciser sa vision de la Princesse...
Une parcelle de la noirceur des ténèbres exhaussées paraissaient se détacher de ses renfoncements pour se mouvoir à la lueur des torches jonchant les escaliers.
Crinière d'ébène et robe du mesme... Harmonie cabalistique que pareil contraste d'une peau opaline, immaculée, avec ces teintes obscures à l'extresme...

Soudain, l'hoste achève sa déclinante progression, et c'est le visage que l'observateur peut scruter, plus attentivement encore... Une pasleur identique le maquille, si l'on passe sur des joues vaguement rosée et une bouche de gueule, joli paradoxe si l'on en pèse...
En somme, les regards se croisent, s'affrontent mesme, l'un cerné d'aniline, l'autre au reflet viride, mais l'apaisement revient bien tost.


"A croire que vous persévérez dans votre volonté de me froisser en exigeant la totalité des terres de Belfort et en expropriant ainsi le frère d'une de mes défuntes amies et en mettant dehors l'Ordre Teutonique auquel j'appartiens."

À cette dernière tirade, le Comtois se veut, pour enfin répliquer, malicieusement frondeur plutost que stupidement conflictuel...
Démentir aurait été vain, tout deux savaient déjà sans doute l'aberration de ces racontars.


Ma foy, la colère vous va si bien...

Et de baiser le dos de cette main qu'on lui présente, tandis qu'effleure de ses doigts propres la paume en une légère caresse, prétextant, dans le geste, assurer la stabilité du poignet sous les lèvres, si délicates à s'appliquer.
On se hisse dès suite, pour mieux faire face au Primat présentement exilé.

Les termes déclamés se rapporteront cette fois à discours à peine plus lointain...


En revanche, je ne vous savais prestant tant d'attention aux incessants accès de fièvre asherpique qui terrassent les habitants de nostre si cher et Sainct Empire, depuis déjà bien des lunes... en matière héraldique comme ailleurs.
Je ne douterai cependant que vous sachiez leur apporter guérison très vite... Espérons que leur foy ne soit point malade.


Puis l'on bascule de nouveau à plus récentes allusions...

Pour le reste... Veuillez tant excuser la lacune de mon érudition, qu'ouïr mes plus sincères condoléances...

De quoi se voulait-il pardonné, en réalité..? N'avoir point su que cette mystérieuse amie se trouvait qualité de deuil au jour d'hui? Ou bien plutost n'avoir soupçonné que l'acariastre qu'on lui avait décrite, et qu'il avait cru pressentir, ait pu compter proche quelconque en son entourage? On s'efforcera de croire à la prime hypothèse, au regard de la tournure et de la bienséance...

Les yeux se détournent un instant de leur cible charmante pour juger de l'état de la salle... Vaste vestibule éclairé de justesse pour la nuit tombante.
Une main gantée virevolte quant à elle pour signifier à la suite du Comte qu'il ne lui est nécessaire que de regagner carrosse, pour l'heure.

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Ingeburge
Il se croyait malin le mâtin, évoquant une colère qu'elle n'éprouvait pas et qui ne se manifestait visiblement pas.
Elle se tenait simplement devant lui, indifférente, observant ses gestes comme elle aurait observé un spectacle à la foire du Lendit.

Elle supporte l'étreinte que subit sa main sans ciller, n'appréciant pas d'être touchée mais subissant l'usage avec la force de l'habitude. Elle ne compte plus le nombre d'hommes s'étant inclinée devant elle en un hommage rituel plus au moins audacieux. Elle trempera sa main dans une décoction de plantes apaisantes, bientôt et se sentira à nouveau mieux.

Il croit la flatter, elle est ennuyée. Elle l'écoute pourtant, curieuse de voir ses affirmations démenties... il n'en est rien. Le Mazière se croit manifestement dans son bon droit.

Elle murmura finalement, ignorant les derniers mots du Comtois, se contentant de réagit à cet Empire qui lui avait causé tant de souffrances :

— Il arrive parfois que l'on trahisse ce que l'on a pourtant tant aimé justement parce qu'on l'aime.

Elle revint au présent, remarquant l'agitation croissante au dehors comme à l'intérieur.
Le départ approchait.

Elle se détourna de Max et monta quelques escaliers. Puis, avant de disparaître totalement de la vue de celui-ci, elle jeta, froidement :

— Nous nous reverrons bientôt, dans quelques heures même. Nous poursuivrons cette inintéressante conversation... ou pas.
Monsieur.


Un ultime signe de tête et elle acheva son ascension avec célérité pour rejoindre ses appartements où la valetaille bouclai malles et coffres en vue de l'imminent voyage.
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ellesya
up
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Erikdejosseliniere
Quelque temps auparavant, quelque part en Anjou... Parce qu'une Emincence le vaut bien, tout de même !

Citation:
Votre Eminence,

C'est après un long, quoi qu'essentiellement involontaire, silence de votre humble brebis aristotélicienne que je me permets, enfin, de reprendre contact avec vous.

Plus que jamais je crois, mon coeur tout autant que mon âme ont besoin de s'ouvrir à Dieu, même si je crains que, dans le tumulte bêlant de mes humeurs, le chemin vers la rédemption aura quelque mal à retrouver ses agneaux. Mais vous êtes un pasteur des plus qualifiés, je le crois de toute ma foi, pour rassembler le troupeau de mes péchés et d'en découvrir les tenants et aboutissants, puis d'accompagner le larron que je suis vers la lumiere d'Aristote, béni soit son nom.

Je ne suis pas un ovin de la derniere pluie or donc, la malignité s'est bien certainement intromise en mes entrailles, tel un lupus hurlant et nauséeux, mais je m'en remets entierement, avec sincérité tout autant qu'humilité, à votre gardienne bienveillance - même si elle doit revetir les traits d'une volontaire sévérité à mon endroit - et à vos éclairages cardinaux, puissiez-vous être le lumignon de ma foi, moi, le mouton déplumé par le temps, l'orgueil, les certitudes insanes, l'envie et mille autres feux follets trompeurs de la Bête Sans Nom, laquelle se fait toujours méchant plaisir à éloigner la meute informe des croyants de ses bons pâtres...

Dans l'espoir de vous retrouver bientot dans le secret du confessionnal,

Avec mon plus profond respect,
Modestement votre,

Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny,
Pair de France.

PS : J'aurai, par ailleurs, deux ou trois petits point de discussion à engager avec votre Eminence lorsque celle-ci en aura le loisir.
PS 2 : c'est vraiment désagreable, cette perte de scel...

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Duc de Corbigny/A Good Chicken is a Dead Chicken!
Ingeburge
X) Et la réponse, envoyée elle aussi quelque temps auparavant...

Citation:
A Erikdejosselinière, Duc de Corbigny et Pair de France,
Salutations et bénédictions.



Quelle flagellation, quelle mortification, quelle macération... quel faisandage!

De grâce, votre gracieuse Grâce, cessez de battre ainsi votre coulpe et ne soyez donc pas si égoïste... laissez-moi juger par moi-même si les tourments moraux que vous vous infligez sont justifiés et laissez-moi un peu de ce châtiment que vous appelez ardemment de vos vœux, vous allez finir par me gâcher mon plaisir.

Je vous ferai savoir quand je pourrai vous recevoir, je suis pour le moment en villégiature dans l'Empire italien... délicieux malgré la guerre qui gronde; je vous recommande vivement l'endroit.

En attendant, l'été approchant, je ne saurai que vous conseiller, vous qui vous estimez être un mouton bêlant, une tonte radicale. Rafraîchissant, revigorant et ma foi, assurément hygiénique.


Que le Très-Haut vous conduise en ses verts pâturages.

Son Eminence Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Bergère en goguette.




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Erikdejosseliniere
S'était ensuivi un second courrier -Et oui, ça trépide, ça trépide, chez les grands ! Ca s'envoie montagnes de lettres, ça court à Paris, ça vole à Rome, ça atterrit en Bourgogne, ça repart là-bas, ça passe par ici, ça repassera par là, de vrais furets. Et apres tout cela, ils se font accuser de tous les torts, de tous les vices... S'rendent pas compte, les gens : ça use, tous ces passages et repassages, ça amidonne, ça élime, ça éfiloche, ça pluche...! Quoi qu'il en soit, la plume grattait ses lignes du Duc vers la Cardinale même si, pour l'heure, de confesse, point... Mais rendez-vous était tout de même pris et Corbigny avait pris la queue dans le bon sens, chacun son tour, n'est-ce pas, poussez pas, y en aura pour tout le monde !

Citation:
Votre Eminente Eminence,

Il est juste et bon de vous rendre grâce et bien que j'en sois une moi-même, de grâce, je n'ai point pour habitude de n'attendre rédemption que de moi, par moi et en moi, estimant que les flagellations solitaires sont aussi tristes que peu satisfaisantes.

Or, si je bats ainsi ma coulpe, c'est qu'elle est sans doute pleine, et que la moindre étincelle d'eau risquerait de mettre le feu au lac des mousses que je n'ai cessé d'amasser tandis que ma bosse roule au sein de moultes caravanes passantes : cela n'empêche nullement les chiens d'aboyer...

Adoncques, suivant à la lettre vos sages conseils, je poursuivrai mon chemin en attendant avec une impatience mélée de respect que nos pas nous donne enfin à croiser nos routes sur le fleuve de nos existences océanes.

Il me tarde, Votre Eminence, de mettre enfin mon coeur en accord avec mon âme et seul le clerc que vous êtes peut accomplir, j'en cuide, ce doux miracle. Quant à ma colère, j'ai trouvé un dérivatif à sa turpitude, même si je crains que votre Eminence n'en approuverait guère le moyen... J'espere seulement que la "chose" me laissera suffisament en vie pour me rendre en notre Cathedrale St Bynarr, un jour venant.

A bientot de vous revoir,
Avec mes plus profonds respects aristotéliciens,

Votre humble
Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny,
Pair de France.
Bélier rageur.

PS : Je vais aussi suivre votre élégant conseil, je crois. L'on m'a parlé d'une nouvelle mode capillaire qui laisse un peu plus d'air passer par le dessus des oreilles. Ainsi ouïrais-je avec toute l'acuité nécessaire vos paroles et autres saints châtiments.
PS 2 : Mais qu'on me rende mes scels...!

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Duc de Corbigny/A Good Chicken is a Dead Chicken!
Ingeburge
XI) Une confession


Elle était à la maison.
Une simple phrase signifiant pour elle plus que quiconque ne pourrait l'imaginer. Elle était enfin dans son antre, dans son repère, bien à l'abri.

Certes, l'on l'avait vu courir de droite à gauche, faisant placarder des informations, se rendant là où elle était attendue, suivant de temps à autre les débats de l'Assemblée de Bourgogne, assistant à certaines séances du conseil ducal.

Mais dès qu'elle le pouvait, elle se réfugiait chez elle et y léchait ses blessures, y puisait les forces nécessaires pour continuer.
Elle avait besoin de ces moments de solitude. Aujourd'hui plus que jamais.


En cette douce fin d'après-midi de juin, elle attendait pourtant la visite d'une personne ayant sollicité d'être reçue en vue d'une confession.
La requête, guère récente, l'avait tout d'abord étonnée mais elle avait fini par y répondre par la positive.
Las, entre ses voyages à lui et ses déplacements à elle, le rendez-vous promis n'avait pas été simple à organiser.

Quelque peu apaisée, elle était disposée à recevoir le fidèle ayant réclamé ses bons offices.
Elle lui avait donc fait parvenir un cour billet :

Citation:
A Erikdejosselinière, Duc de Corbigny et Pair de France,
Salutations et bénédictions.



Votre Grâce à la coulpe débordante,


L'heure de la vidange a sonné.

Laissez-moi, tel un Hercule technicien de surface, détourner l'insondable Saône afin de nettoyer vos péchés de l'écurie de votre âme.
Prenez cette main que je vous tends et que vous avez eu peine à trouver, noyé sous les flots de la tentation déversés par la Créature sans nom, sirène aux accents déloyaux.
Ramez, galérien de la Foi, vers le port de l'Artemisium où vous pourrez vous réfugier comme l'on mène les embarcations au radoub.


Que le Très-Haut soit votre gouvernail.

Son Eminence Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Néréïde bricoleuse.





Les ordres avaient été donnés afin que le Duc de Corbigny soit autorisé à entrer et directement conduit au salon du premier étage.

La Prinzessin s'assit au bord d'une banquette se trouvant devant une croisée, pensive.
Elle songeait à cette confession qu'elle allait entendre, se demandant ce que les mots jetés par le Tri-duc pouvait bien masquer et spéculant sur le contenu de cette confession qui s'annonçait.

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Erikdejosseliniere
[Une fessée avant que de confesser]

Juin, juin, juin, Poilu, juin ! Juin, juin, juin, Poilu ! Bien des événements semblaient devoir se précipiter : Cette confession qu'il avait d'abord voulu accomplir avec son ami Mgr Smithy -décédé-, puis son Filleul, Mgr Boris, tellement plus approchant des anges que son parrain, s'etait senti tout pret de l'accueillir dans le secret d'un confessional -en prière pour un temps point déterminé-, enfin, Mgr Gédéon qui pensait avoir encore assez de forces pour ouïr le Duc dans le secret d'une chapelle -tellement plus là qu'il était à craindre que le pire advienne-, trois presque confesseurs avaient abandonné le combat avant que de le mener à son terme... Erik avait fini par penser ou bien qu'il portait la poisse aux volontaires confesseurs, ou bien qu'il n'était encore point temps de s'ouvrir entièrement le coeur à Christos... A défaut, il se proposait donc de le proposer au Yeti berruyer.

Mais cette fois, cette scoumoune confessionnale semblait avoir trouvé adversaire à sa taille en la personne de son Eminence aux si jolis petits petons - l'heureux homme qui l'avait eu pour femme, jadis -, laquelle ne se laissait point démonter par les soubressauts épars de leurs destinées voyageuses. A son tour, il laissa ainsi courrir la plume sur le soyeux d'un vélin de grande qualité -on ne rédige pas missive à pareille Eminence si joliment croupée sur le premier chiffon venu !- rédigeant :


Citation:
Votre Eminence récurante,

Nous voici donc si loin, si proches de nous encontrer enfin ! Si proches puisque je pourrais, de là où je me trouve encore pour quelques heures, sentir l'odeur de sainteté qui flotte autour de votre inaltérable Pourpreuseté, de la taverne neversoise où je me trouve...

Si loin, puisque demain, je serais en route afin d'accomplir mon destin : je prends le vent comme sorciere monte sur son balai et, bien que j'espere que celui ci ne sera pas mauvais -le vent-, je m'en vais filer un mauvais coup -de balai- sur le dos d'un certain mal rasé berrichon qui mérite qu'on lui enseigne les bons usages.

Je doute que tout ceci soit bel et bien aristotélicien mais noblesse de sang impose parfois qu'on en mette un peu partout -du sang- afin que de retrouver honneur et gout à vivre ce que nous offre l'inhumain Aristote sous les cieux éclairés de son halogène beauté.

Adoncques, je serai du coté de la Sologne, sans aucun doute pour fort peu de temps, peut être même un simple aller retour digne des acrobates de quelque spectacle circassien, et ne sais tout à fait dans quel état j'en reviendrai. Nul doute que j'aurai là matière supplémentaire à demander votre astringent pardon.

Maugré cela, puis-je implorer aupres de votre merveilleusement baguée Eminence la bénédiction qu'un futur -il ne l'espere point- embroché se permet de vous mander ce maintenant ?

Puissé-je ne point avoir à recevoir l'extreme onction de vous : avant confesse, ce n'est point bien courtois, n'est-ce pas ?

Qu'Aristote me renforce et le perfore,

Votre Poilifuge,
Erik de Josseliniere,
Duc de Corbigny,
Pair de France.


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Duc de Corbigny/A Good Chicken is a Dead Chicken!
Armoria
Autres temps, autre lettre : vanillée, celle-ci.

Citation:


Eminence, le bonjour,

Nous voici comme convenu rentrés en Bourgogne, et nous tenant à la disposition de la Saincte Inquisition afin que d'être entendus dans le cadre de l'enquête. Me voici grandement rassurée, en vérité, de voir une telle célérité dans la prise en compte des requêtes : c'est une chose fort heureuse.

Je vous laisse me faire savoir par retour de courrier la date et le lieu de notre entrevue. (*)

A Cosne, le 11 de Juin 1457,
Respectueusement,
Armoria de Mortain


(* Je poste ici pour ne pas intervenir au mauvais endroit)
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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Ingeburge
Le courrier s'empilait, irrémadiablement, dangereusement.
Tout lui était transmis, en temps et en heure et elle faisait réponse en faisant de l'importance des lettres reçues mais aussi au gré de ses humeurs.

C'est ainsi qu'elle décida de ne pas s'empresser à répondre au Pair-fide Duc de Corbigny qui préférait aller jouer les rôtisseurs en embrochant un poulet berrichon plutôt que de purifier son âme avant le jour fatidique en convolant en justes noces avec une innocente jouvencelle. Comme si un mariage avait besoin d'un tel déséquilibre avant même d'être effectif.

Et c'est ainsi qu'elle ne tarda pas à faire porter un pli à la Princesse d'Etampes :

Citation:
A Armoria de Mortain, Princesse et Grand Maître de France,
Salutations et bénédictions.



Votre Altesse,



Sa Grâce Asdrubael m'avait informée que vous aviez pris la décision de quitter l'Orléanais sitôt que vous aviez pris connaissance de notre convocation et je ne puis donc que me réjouir de vous savoir à nouveau en Bourgogne.

L'entrevue projetée aura lieu au Petit-Cîteaux, propriété domaniale de la Très Sainte Eglise sise juste en dehors des remparts de Dijon.
Le seigneur de Moulins-Engilbert sera reçu dans l'un des salons de réception de l'abbaye et vous-même serez accueillie en son réfectoire juste après l'audition de votre compagnon de voyage.


Que le Très-Haut vous garde.

Son Eminence Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
Missus Inquisitionis.





[HRP] L'audition de Snell se trouve sur le topic " [RP fermé] Le Petit-Cîteaux - Entretien avec Snell " et est censée se dérouler après celle de Verbam.
L'audition d'Armoria se trouve sur le topic " [RP fermé] Le Petit-Cîteaux " et est censée se dérouler après celle de Snell.
Nous avons fait le choix, pour des raisons pragmatiques principalement liées au temps, d'ouvrir trois topics concomittants sachant que les auditions, elles, sont successives.
LJD Inge et Asdru.[/HRP]

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