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[RP] L'Artemisium

Ingeburge
Ingeburge tourna la tête vers Manuele et Fabio, un peu agacée par tout le tapage que les deux chiens menaient. L'un d'ailleurs était plus nerveux que l'autre et la Prinzessin éleva soudain la voix :
— Freki, warte.

L'apaisement revint quelqu'un peu tandis que les deux Lombards se décidaient finalement à éloigner Geri et Freki, les deux chiens.
Elle s'adressa à nouveau à Keltica :

— Venez avec moi à l'intérieur, il est fait beaucoup plus doux qu'au-dehors et vous pourrez aussi vous asseoir et vous détendre de la fatigue de votre voyage. Avez-vous fait bonne route?

Et, tout en questionnant Keltica sur son état de santé, elles cheminèrent toutes deux vers la bâtisse. Ingeburge précéda la future maman à l'intérieur et la conduisit dans le petit salon du rez-de-chaussée. Elle laissa la porte ouverte afin de créer un courant d'air salvateur avec les croisées qui avaient été largement ouvertes.
Puis elle déclara :

— Nous serons mieux ici pour nous entretenir, je vous en prie installez-vous confortablement.
Elle désigna alors un large fauteuil.

Trois valets arrivèrent sur ces entrefaites : le premier portait un plateau chargé de rafraîchissements et installa le tout sur un guéridon, le deuxième une aiguière délicatement ciselée et le troisième un bassinet.
Ingeburge, après s'être débarrassée de son tablier, plaça ses mains au-dessus de la petite bassine et reçut avec soulagement l'eau contenue dans le vase muni d'un bec et d'une anse. Une fois ses mains rincées et séchées, elle entreprit de servir une boisson à Keltica.

Elle revint vers la jeune femme avec un hanap qu'elle lui tendit elle dit :

— Voilà pour vous, un peu d'eau de fraises bien fraîche.

Elle alla ensuite elle-même se servir et s'installa à son tour dans le fauteuil faisant face à Keltica.
Les valets s'effacèrent laissant leur maîtresse et sa visiteuse deviser tranquillement

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Keltica
Keltica suivit son hôtesse jusque dans une petite salle fort agréable, et elle s'installa dans le siège que son hôtesse lui désigna. Elle attendit patiemment qu'Ingeburge eut fini ses petites ablutions et qu'elle revienne près d'elle pour commencer.

Merci pour la boisson... Votre Eminence, je vous remercie tout d'abord de m'accueillir ici chez vous, j'espère en tout cas ne point vous déranger dans vos travaux.

Elle but une petite gorgée de son hanap, une douce saveur sucrée et délicate lui emplissant le palais. Sa gourmandise exacerbée par son état lui était très difficile à contrôler ces derniers temps, pourtant elle reposa courageusement sa main sur le bras du fauteuil, avant de reprendre.

Pour l'instant, je dois avouer que je vous connais fort peu, ne vous ayant que croisée dans les couloirs ou les salles du Conseil Ducal, et je sais que ma visite doit vous sembler assez insolite. Mais il m'a semblé que nous devions converser au sujet de l'avenir de notre beau Duché, aussi me suis-je permis ce voyage.

Une nouvelle petite gorgée d'eau de fraises, quelle douceur une nouvelle fois !!!
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Ingeburge
Ingeburge savoura quelques instants le breuvage sucré mais désaltérant, en cette journée ensoleillée, c'était un véritable bonheur!

Elle répondit aux premiers mots de Keltica :

— Je suis sincèrement ravie de vous accueillir icelieu et n'ayez crainte, vous ne me déranger en rien.
Elle ajouta :
— La jument que je surveillais ne mettra pas bas maintenant, elle préfèrera attendre une nuit, je ne peux hélas savoir laquelle, pour être délivrée. Les équidés préfèrent en effet être seuls en ces moments et la nuit est le moment le plus rassurant pour eux, personne n'est là pour les importuner.
Elle sourit, ayant pu déjà voir que Keltica attendait un heureux événement et dit :
— Nous par contre, les femmes, nous préférons de loin être solidement entourées et encouragées!

La conversation continua et déboucha sur le sujet qui agitait les élus ces jours derniers : le nouveau mandat à venir.
Ingeburge déclara :

— Certes, votre visite peut paraître pour le moins inusitée compte-tenu du peu de profondeur de nos relations. Mais, nous allons être amenées à collaborer pour les semaines à venir, je ne puis donc que me réjouir de ce pas que vous faites en ma direction. Soyez-en sincèrement remerciée.

Et la discussion se poursuivit, passionnée et engagée, diverses possibilités et options étant envisagées, l'important pour les deux jeunes femmes étant de concilier les positions différentes de leurs partis respectifs et leur volonté profonde de suivre les souhaits des électeurs et au-delà de cela, de veiller à toujours respecter les habitants de Bourgogne. Il s'agissait de partir sur de bonnes bases, de construire une relation de confiance et aussi de savoir utiliser à bon escient les compétences de chacun.
Quand elles eurent parlé de tout ce qui leur semblait important, Ingeburge déclara :

— Il me semble que nous avons bien avancé. Avez-vous quelque chose à ajouter?
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Keltica
L'accueil aimable aida Keltica à se sentir moins intimidée, la conversation de la Prinzessin était bien agréable...Elle sourit à sa remarque sur l'accouchement.

En effet, je n'envisage pas d'accoucher seule, j'en serais presque à vouloir me retenir si mon époux n'est pas près de moi pour accueillir notre enfant et à me tenir la main !!

Les paroles redevinrent plus sérieuses lorsque les deux femmes abordèrent le sujet du mandat ducal à venir. Bien des tractations s'ensuivirent, mais aucune n'éleva la voix ; l'essentiel pour elles était de se coordonner pour former le conseil le plus efficace possible, selon les désirs de chacun des membres de leurs partis respectifs, et de respecter la voix de l'électorat. Bien sûr le parti de Son Eminence n'avait pas eu une victoire des plus écrasantes, cependant, rien ne pouvait contredire le fait que sa liste était arrivée première parmi les quatre concurrentes. La discussion s'acheva enfin, et Keltica répondit alors à Ingeburge :

Je crois en effet que nous avons fait le tour de la question, tout du moins dans les grandes lignes. Pour le reste nous ne pouvons pas tout décider seules, bien entendu !

La jeune femme sourit, légèrement éprouvée par la chaleur ; sa voix était un peu plus faible quand elle demanda :

Puis-je vous demander de coucher ceci sur parchemin ? Non parce que je n'ai pas confiance, rassurez-vous, je ne veux pas vous insulter ; simplement, je voudrais apporter à mes colistiers les circonstances de notre accord, et les marques de votre bonne volonté à notre égard...
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Ingeburge
Ingeburge ne put qu'acquiescer aux paroles emplies de sagesse de Keltica :
— Effectivement, il y a des choses sur lesquelles nous n'avons pas prise.
Mais pour ce qui dépend de nous, bien évidemment, je suis prête à tout porter par écrit.


Elle resta un instant le regard dans le vague mais se reprit en constatant que Keltica parlait d'une voix moins assurée. La Prinzessin demanda, soudain quelque peu alarmée :
— Vous sentez-vous bien? Puis-je faire quelque chose pour vous?

Elle se sonna pour que quelqu'un vienne et aussitôt, un valet se présenta; elle lui demanda :
— Apportez je vous prie de quoi écrire et sceller et veuillez apporter également des boissons plus fraîches.

Elle se leva, allant aux fenêtres qu'elle ouvrit davantage et elle réitéra ses questions :
— Que puis-je faire pour que vous vous sentez mieux?

Mais déjà, des domestiques arrivaient et les boissons furent remplacées, une bassine d'eau fraîche et un linge propre furent même mis à disposition de Keltica.
Ingeburge déjà plus rassurée s'installa à une table o venait d'être installé un nécessaire à écrire — vélins, encrier, plumes, canif, bougie, bâton de cire rouge — et entreprit de mettre par écrit le compromis conclu.

Une fois sa tâche achevée, elle alluma la chandelle et y passa le bâtonnet de cire rouge qui, une fois ramolli à souhait, fut laissé au-dessus du parchemin armorié le temps qu'assez de cire se dépose sur la feuille.
La Prinzessin, satisfaite, présenta le dicument à Keltica :


Citation:





    Nous, Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, Princesse souveraine de Cologne, Comtesse légitime de Carpentras, Baronne légitime de Saint-Raphaël, Dame légitime de Saint-Anastasie-sur-Issole et de la Penne sur Huveaune et Chevalier de l'Ordre de l'Etoile d'Aristote, Office Militaire dit Office d'Isenduil,
    Tête de la liste Bourgogne Organisée Unie et Motivée (B.O.U.M.) sortie victorieuse des élections ducales bourguignonnes de juillet 1457;


    Suite aux discussions engagées avec Dame Keltica, tête de la liste Energie Vitalité Equité (E.VE.);


    Sous le regard du Très-Haut Créateur de toute chose et de Ses prophètes :



    Nous engageons par la présente, en échange des engagements prises par la liste E.V.E. :
    - à respecter les vœux formulés par les élus de la liste E.V.E. quant aux fonctions qu'ils occuperont au sein du conseil ducal de Bourgogne,
    - à faire montre de transparence dans toutes les affaires que nous mèneront et plus particulièrement en formant Dame Keltica sur toute question relative à la gestion d'un duché et conseil ducal,
    - à ne pas exercer, le temps de notre mandat, nos prérogatives de Missus Inquisitionis et de ne pas présider l'Officialité Episcopale de Lyon pour toute affaire susceptible de présenter un conflit d'intérêt,
    - à toujours représenter au mieux la Bourgogne et ses intérêts et à ne jamais oublier que nous ne sommes là que par mandat du peuple de Bourgogne;

    Assurons de notre détermination à supporter toutes les conséquences d'un manquement aux engagements ainsi pris;

    Apposons notre sceau au présent contrat afin que nul ne puisse remettre en cause sa validité.



    Rédigé à l'Artemisium le vingt-et-unième jour du mois de juillet de l'an de grâce MCDLVII.




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Keltica
Keltica essayait de se tenir convenablement mais la chaleur venait de lui donner un étourdissement : la Prinzessin ouvrit les fenêtres et appela un valet, et la jeune femme en fut très gênée, elle n'avait l'habitude de tant de déférence et de servilité.

Merci, ce doit être la chaleur, et le bébé...

Elle prit un verre d'eau fraîche d'une main tremblante, et le porta à ses lèvres légèrement pâlies. Très aimablement, le domestique la soutint, mouilla à l'aide d'un petit linge ses tempes, tandis qu'elle se remettait tout doucement de son malaise. Entre-temps, Son Eminence avait rempli un vélin des termes du compromis et quand elle l'eut signé, Keltica était suffisament rétablie pour relire les termes apposés.

Elle le lut à deux reprises, en silence puis déclara :

Cela me convient parfaitement et sera je pense très bien accueilli par mes colistiers ! Puis-je me servir d'une de vos plumes à mon tour pour y apposer mon paraphe ?

La jeune femme, bien qu'encore un peu pâle, sourit franchement à sa gracieuse hôtesse.
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Ingeburge
Ingeburge, toujours un peu inquiète, observa du coin de l'œil Keltica prendre connaissance de ce qu'elle venait de lui présenter.
La jeune femme semblait se remettre peu à peu, ce qui était rassurant.

Quand Keltica eut fini de prendre connaissance de la lettre, elle exprima son opinion à laquelle la Prinzessin répondit :

— Je suis ravie que les termes de mon engagement vous satisfassent.

Puis à la question posée, elle dit :
— Oui, je vous en prie, utilisez tout ce dont vous avez besoin.
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Theognis
A requête inhabituelle, rendez-vous secret. Rendez-vous? Aucune invitation en poche. Secret? Des poignées de valetaille peuplaient les buissons du chemin de la propriété d'Ingeburge, aux aguets. Inhabituel? Ça, oui.
Théo avait choisi la plus belle monture des écuries d'Arquian, d'une élégance racée, son pas trahissait la vivacité des purs-sangs arabo-andalous.....Oui, le Baron aurait aimé posséder un tel destrier. Mais, à Arquian, en place des écuries, il y avait des cages à lapins, et au lieu des palefreniers, des serviteurs affamés.
Donc, Théo avait loué le plus beau cheval qu'il puisse trouver, avec l'argent de sa compagne. Ses habits impeccablement brossés filochaient aux manches mais il détenait quelques techniques de dissimulation efficace, par exemple tenir le plus souvent ses mains dans le dos. Puis il sentait bon, quelques brins de lavande dans un bain chaud avait parfumé sa peau agréablement. Il s'enivrait avec délices de sa propre odeur.
La guérite des gardes de l'Artemisium apparut. Eux seraient à priori insensibles à la douce fragrance, et certainement totalement hermétiques à la symbolique de cette fleur de Provence. Comme leurs compères, des dogues allemands, le poil brillant et la dentition parfaite sur des mâchoires fortes comme des pièges à loups.
Aussi, le Baron montra patte blanche.


Hé là, mon bon....Je suis le Baron Theognis d'Arquian, annonce-moi auprès Son Altesse Ingeburge de von....de Cologne.

Les gardes n'entendirent rien, très probablement à cause de l'aboiement furieux des cerbères de la porte.

JE SUIS THEO ET JE VEUX VOIR INGEBURGE, MERCI!
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Partage des RP
Les Terres d'Arquian
pnj



Seuls Fabio et Gennaro étaient de faction ce jour-là devant l'Artemisium. Fabio et Manuele trompaient leur ennui en s'échangeant les dernières nouvelles du pays : la paix semblait être enfin revenue et cela valait la peine d'être débattu, notamment la question des dédommagements. On parlait de plusieurs dizaines de milliers d'écus et déjà des légendes couraient sur les montants exacts.

Fabio et Gennaro en étaient à ce point de leur discussion quand le martèlement de sabots sur la route les firent tendre l'oreille. Fabio et Gennaro se redressèrent, main déjà posée sur le pommeau de leur épée. Ce n'était pas courant que des personnes passent par le chemin isolé qui menait à l'Artemisium et qui bifurquait depuis une route plus large.

Le cavalier apparut enfin et se présenta. Mais le nom prononcé se perdit dans les aboiements furieux de Geri et Freki. Fabio et Gennaro se concertèrent un instant du regard, l'homme n'était certainement pas un gueux. Mise, monture, allure...
Gennaro se rendit alors à la grille afin d'interpeler ses camarades, ces derniers devaient impérativement calmer les chiens, on n'y entendait rien. Et Gennaro était pensif, l'homme ne lui était pas étranger.

Pendant ce temps, l'inconnu avait élevé la voix mais ce fut plus la familiarité des mots employés qu'autre chose qui étonnèrent Fabio et Gennaro.

Fabio ne put s'empêcher de répondre, sur le même mode :

— Son Altesse ne voudra peut-être pas, elle.

Mais Gennaro ouvrait déjà les grilles en grand afin de laisser le passage au cavalier. Les chiens, toujours grondants, avaient fermement été pris en main par Alessandro, Gianluca et Manuele.
Au regard interrogatif de Fabio, Gennaro répondit, un peu méprisant :

— Lo conosce. *

Et Gennaro haussa les épaules; d'aussi loin qu'il s'en souvenait, la Principessa avait tout toujours reçu de drôles de gens. Et celui-là ne faisait pas exception.


* Elle le connaît.
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Theognis
Le verrou du catenaccio débloqué, Le Baron entra dans la zone des défenseurs de la Madona, trompant leurs mines méfiantes par une pichenette de sourire. Serrant le cheval entre ses jambes, il slaloma entre les rugueux lombards dans une passe équestre de haute volée, feintant par une dernière pirouette les molosses enragés. Enfin, il pouvait prétendre au but de son voyage, l'albiceleste.
Posant pied à terre, il conduit son cheval au perron du grand escalier de l'entrée, où un palefrenier bourru en tenue nerrazurri vint le délester des rênes. Gravissant les marches, il remarqua un ravissant diavolo aux couleurs rouges et noires dissimulé sous la généreuse frondaison d'un chèvrefeuille, puis se présenta à la porte, attendant, les mains sur les hanches.

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Les Terres d'Arquian
Ingeburge
Les grondements furieux de Geri et Freki, ses deux chiens, l'avaient tout d'abord intriguée. Les deux danois avaient l'aboiement facile, gratifiant tout promeneur égaré de leurs vocalises enragées et plus encore que leur rage, c'était leur insistance qui l'avaient étonnée. Un visiteur était là, et cela lui fut confirmé par les quelques paroles jetées par ses gardes. Elle avait donc quitté la stalle du poulain qui était né quelques jours plus tôt afin de sortir de l'écurie et aller à la rencontre venue la voir..
C'est ainsi qu'elle croisa le cheval de la personne venue à l'Artemisium, ne reconnaissant pas l'animal. Elle lui flatta doucement l'encolure avant de lui caresser la tête. Elle examina les dents, poussée par sa curiosité et sa connaissance des chevaux et fit la moue. L'animal était visiblement négligé et les garçons d'écurie reçurent ordre de traiter avec soin leur hôte de quelques heures.

Et c'est ainsi que Ingeburge trouva Theognis planté devant sa porte.

Elle s'approcha, doucement, ôtant du devantier qu'elle avait mis pour protéger sa robe de drap noir quelques brins de paille qui y étaient restés accrochés.
Il était donc bel et bien là, elle n'avait pas rêvé sa présence lors de la présentation du programme de B.O.U.M. et les billets qu'il lui avait fait porter étaient maintenant confirmés par sa vue, là, chez elle.

Elle gravit les marches doucement et non moins légèrement, souffla :

— En ébène. La porte est en ébène, sculptée par un artiste vénitien. Si la question t'intéresse, bien évidemment.
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Theognis
A main levée, il parcourut la fine ciselure du bois sculpté, semblant apprécier cette véritable œuvre d'art à sa juste valeur, mais le sourire malicieux éclairant son visage contredisait cette assertion.

A vrai dire, je m'en fiche!

dit-il en se tournant vers la maîtresse de l'Artemisium. A l'instant, il cueillit sur sa paume ouverte les doigts parfumés de Son Eminence pour les frôler d'un baiser protocolaire et sincère. Le tutoiement, un peu surprenant, n'empêchait pas la courtoisie.

Je ne suis pas venu contempler la porte vénitienne, mais la belle provençale qui règne en ces lieux et sur toutes les terres de Bourgogne. Acceptera-t-elle de recevoir un pauvre voyageur qui revient chez lui après moult vaines péripéties?

Accompagnant sa question, un bras engageant invita Sa Grâce à y poser une main sûre.

Lui fera-t-elle le plaisir de visiter son domaine en cette belle saison d'été? En évitant, si possible, de croiser ces sympathiques saxons et leurs accueillants dogues lombards....A moins que ce ne soit le contraire! Quoi qu'il en soit, je suis venu quémander un rafraîchissement dans un lieu ombragé, car la route qui mène chez toi n'est guère aisé à emprunter....Dis-moi tout, tu as un vaincu un dragon et il t'a cédé son repaire?

Il se prit soudain à rire en ajoutant:

Voilà que je parle comme un italien! Parle-moi de toi, d'abord.
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Partage des RP
Les Terres d'Arquian
Ingeburge
Theognis se retourna, souriant, avec cet air indéfinissable que son visage arborait toujours quand il était d'humeur joyeuse. Sachant que leurs dernières entrevues n'avaient pas toujours été placées sous le signe de l'entente cordiale, elle en était plutôt ravie. Il lui faudrait néanmoins savoir ce que tout cela cachait car même si elle l'aimait beaucoup, elle n'était pas aveuglée au point de se laisser endormir.

Elle tendit sa main, l'observant toujours en silence, ravie aussi que ce tutoiement naturellement utilisé l'ait quelque peu surpris. Car ce n'était certainement pas sa mise négligée qui l'avait étonné... il lui en aurait fait la remarque, indubitablement.
Son regard clair accrocha la porte et elle murmura :

— Il s'agit pourtant là d'un chef d'œuvre... bien plus intéressant que moi en somme.

Puis, elle regarda ce bras tendu, se mordillant la lèvre et elle préféra plutôt se dérober, n'y posant pas sa main, attendant plutôt qu'il ait terminé de parler. Et Dieu qu'il était en verve aujourd'hui et elle posa de nouveau ses yeux sur lui, davantage intriguée qu'au début de leur échange.

Sa paume choisit de se porter sur le vantail richement ornementé de la porte et Ingeburge dit enfin :

— Pour la visite et pour les rafraîchissements, c'est entendu... quant à parler de moi, je ne pense pas que le sujet mérite d'être abordé.
Elle ut un vague sourire :
— Accorde-moi simplement quelques minutes.

A peine le seuil franchi, elle indiqua à la gouvernante de faire dresser dans les jardins de quoi se désaltérer et se sustenter et dans le même mouvement, elle gravit les marches de l'escalier avec promptitude.
Une fois arrivée dans sa chambre, on l'aida à se changer et elle quitta avec bonheur les vêtements qu'elle avait passés pour visiter les écuries.

Et quelques minutes plus tard donc, précédée des domestiques se pressant d'aller installer ce qui avait été demandé, elle revint sur l'emmarchement, vêtue d'une robe ajustée de drap de soie noire, ses cheveux retenus par un peigne délicatement ciselé et laissés lâches dans son dos.
Elle déclara, faussement candide :

— J'espère t'avoir laissé suffisamment de temps pour finir d'admirer cette porte.
Puis, elle ajouta :
— Allons donc dans les jardins.
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Theognis
Mains croisées dans le dos, il marchait lentement aux côtés d'Ingeburge, écrasant les fraîches pousses d'herbe incrustées entre les dalles de pierre sous le pas lourd de sa botte. Il était d'humeur à parler et elle semblait disposée à l'écouter, poliment du moins.
Naturellement, sa robe de soie noire attira des compliments pour l'élégance de sa mise, ces louanges trainant à leur suite des excuses pour la rusticité de son habit "élimé aux manches". Il lui montra ses poignets.
Passant sous un grand chêne, qui offrait un bel ombrage, Théo en profita pour évoquer la Guyenne, cette chaleur, ces marais immenses, ces êtres trismégistes montés sur échasses, et cette ville, Bordeaux, si ruinée que les ânes y mourraient de faim. Il ne parla pas de Cartel, mais du manque de ressources qui l'affectait déjà, à l'époque.
Avisant la table du jardin, garnie de nombreux agréments, il devança Ingeburge pour reculer sa chaise, qu'elle puisse s'asseoir avant lui, en parfaite courtoisie. Oubliant le triste épisode du choc de cette main tendue à son bras offert, maladresse des retrouvailles.
Une fois assis, laissant à Ingeburge le soin de prendre le premier gâteau, il se lança avec verve dans une description de la caracole, ou comment une simple compagnie de cavaliers peut narguer une belle et grande armée grâce à la rapidité de ses chevaux. De fait, il exagéra grandement la qualité de l'armée de Guyenne, mais pour une bonne cause, la sienne.
Évoquant brièvement leur difficile remontée vers le Limousin, il but une gorgée d'hydromel avant de poursuivre sur la brève aventure du pas d'armes.


Nous l'avions organisé pour défendre l'honneur d'une baronne du Limousin, accusée à tort de haute trahison. Nous avons attendu une semaine qu'un noble du Limousin veuille bien se présenter pour jouter contre nous. Pas un n'est venu! Une belle bande de pleutres!

Une légère brise souleva le napperon et Théo reposa son gobelet. Immédiatement, il s'excusa de son emportement, en appuyant sur chaque syllabe, et, gardant un sourire contrit, enchaîna sur la conclusion de son récit.

Me voilà donc revenu en Bourgogne, riche d'expériences et comblé de sensations, mais pauvre et sans ressource. N'imagine pas que je puisse travailler dans un champ ou que je reprenne mon ancien métier de forgeron. Tu as sans doute conscience tout comme moi qu'un membre de la noblesse doit s'astreindre à de rigoureux principes de vie.
Avec l'argent que m'offre généreusement Aelyce, je parviens à m'en sortir, à étudier un peu, mais je ne pourrai ni ne voudrai vivre éternellement à ses crochets....Je sais, l'éternité n'appartient qu'au Très-Haut....Peu importe, me voilà bien empêché, mon voyage ne m'a financièrement rien apporté.

Ses yeux, d'un bleu-sombre très profond, contemple la masse noire des arbres découpée sur la plaine dorée de soleil, mais son attention est ailleurs. Vers Ingeburge aux cheveux parfumés. Saura-t-il la convaincre?
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Partage des RP
Les Terres d'Arquian
Ingeburge
Le vent, léger, faisait bruire délicatement les frondaisons des arbres. Et sous cette caresse aérienne et diffuse, les brins d'herbe et les fleurs bougeaient, doucement, dociles et conquis.

Les jardins de l'Artemisium étaient étonnamment désordonnés, étonnamment d'après l'idée que l'on se faisait de la propriétaire des lieux. Mais cet écrin de verdure était à l'image de l'âme de celle-ci : tourmenté, agité, torturé. C'était peut-être pour cela que cet endroit était celui qu'elle préférait dans le domaine, c'était là où elle aimait à se retrouver, à se recueillir, à rêver, entourée de cette débauche d'herbes folles, d'arbres au feuillage généreux et de fleurs diverses : scabieuses touffues, giroflées odorantes, lys royaux, clématites opulentes, roses hautaines, lilas délicats.
Recoins ombreux refuge des insectes et des petits animaux, corridors insoupçonnés serpentant entre les troncs massifs, massifs floraux au couleurs vives et aux fragrances entêtantes, petit ru nourricier et rafraîchissant, anciennes murailles écroulées envahies par la mousse, tapis herbeux invitant à une sieste langoureuse, branches ployant sous le poids des fruits charnus et gorgés de soleil... c'était là le royaume sylvestre de la Diane chasseresse, le temple végétal de l'Artemis virginale... l'Artemisium.


Ce fut en ces lieux entièrement sous l'emprise de la nature qu'ils devisèrent; ce fut surtout lui qui s'exprima, elle se contenant de hocher la tête et de murmurer quelques mots du bout des lèvres. Et il parla abondamment, faisant un récit imagé de ses pérégrinations : Guyenne, Limousin, ce sud brûlant du Royaume dont les journalistes médiocres se faisaient l'écho au gré des révoltes, des guerres et des rapines. Elle, ne connaissait du sud que le Languedoc rigide et la Provence sclérosée et ces contrées lointaines et à moitié civilisées prenaient avec les mots choisis par Theognis un éclat nouveau. Et Ingeburge, songeuse, dardait son regard glacial sur un Montereau inspiré et loquace. Elle pouvait ainsi entendre l'accent chantant des gens de là-bas, elle pouvait humer le parfum fait d'ail et de raisin noir mêlés, elle pouvait voir les couleurs chaudes avivées par un soleil implacable. Et ce qu'elle pouvait entrevoir en filigrane, c'était le souffle chaud des batailles, le choc des armes et des corps, le claquement des pavois aux couleurs passées et au tissu troué, le sang suintant des plaies et noircissant au soleil.

Elle le regarda encore, se demandant à quel point elle ne le connaissait pas. Elle l'avait connu quand il était encore Chambellan de Bourgogne, ils s'étaient entretenus à propos d'un traité et aujourd'hui, il n'était plus diplomate et elle n'avait toujours pas fait signer ce texte pour lequel elle s'était rendue à la Basilique Saint André. Il l'avait invité à son mariage, elle s'y était rendue de bonne grâce, Primat du SRING contesté et félonne osant fouler le sol de l'Empire et aujourd'hui, il était sur le point de s'affranchir de ce lien conjugal qui n'existait plus que sur le papier, elle, elle était toujours seule mais moins décriée en terres impériales. Ensuite, elle avait emménagé en Bourgogne quand il se trouva être régent d'un duché vacillant et aujourd'hui, la politique semblait loin de lui, elle, était Duchesse de Bourgogne. Et elle pouvait se souvenir avec acuité de sa déception quand il lui avait dit qu'il partait et elle s'était persuadée qu'elle ne le reverrait jamais; aujourd'hui, il était de nouveau en Bourgogne, elle n'avait pas bougé et ils se trouvaient là, tous deux, en ces jardins inviolés, comme s'ils ne s'étaient quittés que la veille.

Pourtant, oh pourtant, du temps s'était écoulé, le récit qu'il venait de conclure le démontrait sans conteste.

Et il abordait à nouveau cette situation financière qu'il avait effleurée au début de leur promenade quand il lui avait montré ses vêtements usés aux manches.
Sans s'en rendre compte, elle caressa du bout des doigts le tissu précieux de sa robe, prenant conscience de leur différence de condition. Ils étaient nobles tous deux mais pourtant la Fortune ne semblait pas avoir été équitable. Ingeburge n'avait jamais eu à se plaindre. Elle avait grandi dans la sécurité d'un couvent de Provence et à peine sortie, avait épousé un excellent parti. Elle tirait de ses différentes fiefs de confortables bénéfices qui lui permettaient de soutenir le train correspondant à son rang. Certes, les revenus de ses terres provençales étaient soumis à la situation locale, ainsi, si elle ne s'inquiétait pas pour Carpentras qui était accessible depuis le Lyonnais-Dauphiné, elle était préoccupée par sa baronnie de Saint-Raphaël enclavée en des terres désormais hostiles; fort heureusement, la façade maritime, elle, demeurait parfaitement accessible.
Non, la Fortune n'était pas toujours disposée à traiter tout le monde de la même façon, l'on pouvait être noble et sans le sou, artisan et les poches gonflés d'écus mais le noble le plus pauvre serait toujours un aristocrate et à ce titre, entouré d'une mythologie pas toujours avérée.

Il se tut et elle cessa de toucher cette soie importée à grands frais des provinces italiques. Elle le regarda à nouveau, imperturbable, cherchant à voir sur son visage à quel point cet aveu lui coûtait.
C'était toujours Theo, hâbleur et enjôleur et elle, elle n'était pas dupe, ne s'étant jamais laissée prendre dans ses rets. Pourtant, il faisait montre là d'une rare franchise et c'est pourquoi elle demanda simplement :

— Qu'attends-tu de moi?
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