Chaos
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère.
- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge.
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
"Le Loup et l'Agneau" de Jean de LA FONTAINE (1621-1695)
[Près d'une mine de fer]
Chaos avait marché toute la nuit de la ville où il dût remettre au conseiller du comte 90 écus pour pouvoir passer les portes de la ville. Le fonctionnaire lui avait même proposé de lui offrir un champ, chose qu'il refusa en sachant qu'il ne serait jamais en ville. C'est quand la lune recommença à descendre dans le ciel que le brigand décida de cacher son baluchon qui renfermait une miche de pain dans le buisson le plus proche, et de s'allonger dans l'herbe humide. Dormir à la belle étoile, il y avait été habitué depuis toujours. Bien sûr, il savait que des bêtes sauvages viendraient peut être le renifler, mais il gardait sa dague collée contre son cur, avec l'intention de prouver une fois de plus que son blason n'est pas une tête de loup pour rien.
Mais la nuit fût calme, à part un corbeau qui croyait pouvoir se repaitre d'un voyageur mort de faim. Malheureusement pour lui, le brigand ne dormait que d'un il, ayant entendu les battements d'ailes, et attendit le moment propice pour faire un mouvement brusque, essayant de planter le volatile. Dans la nuit, Chaos n'avait pas vu que le bout de la lame de son arme était recouverte de sang frais. Il ne le découvrit qu'au petit matin, et eut un sourire malsain à ce moment là en imaginant le corbeau aller mourir plus loin, avant d'essuyer le liquide rougeâtre dans l'herbe encore humide.
Puis ce fût l'heure de manger. Il s'était trop privé ces derniers temps, il en était devenu squelettique. Ah il n'avait pas la même allure qu'il y a des mois, quand il se rendait au tribunal de Genève pour démonter l'acte d'accusation du procureur/son amante. D'ailleurs, il se demandait ce qu'elle était devenue, elle qui lui disait qu'elle ne finirait pas ses jours en honnête femme. Le jeune homme fût sorti de ses réflexions par un grognement de son estomac. Aujourd'hui, il attendrait, embusqué dans un fossé, et attaquerait le premier passant qui lui semblera à sa taille, voir un peu plus, et il pourra s'offrir un vrai festin. Certains sont tellement froussards qu'ils ne se défendent même pas. Au pire, il se prendra des coups, mais ça, il en avait l'habitude. Il savait encaissé maintenant, et donner en retour pour qu'on se souvienne de lui.
Nouveau grognement venant de l'estomac qui criait à la famine. Le balafré se lève et plonge son bras dans le buisson pour attraper le bout de tissu qui protège sa miche de pain rassie, qu'il avala goulument. On ne peut pas dire que c'était très nourrissant, mais il faudrait tenir avec ça dans le ventre, jusqu'à ce qu'il arrive à trouver un bon gros morceau de cochonnaille, sans asticots ; une belle truite sans trop d'arêtes, et frais ; ou encore un fruit ou un légume bien juteux, et pas pourri ; une bouteille de lait frais, et pas caillé, ou encore un de ces nouveaux produits mis en circulation par les marchands ambulants, comme des olives, du raisin, du lait de chèvre, de l'orge, et qui se vend à prix d'or aux plus naïfs, ou aux collectionneurs.
Toute la journée, il s'imaginait menacer un riche marchand étranger qui avait dans sa charrette des épices, de la nourriture à volonté, de l'or, du fer, des épées, des vêtements, des tapisseries. Mais il ne croisa qu'une femme, rousse, avec un gilet et des bas jaunes, des braies noires et des bottes noires. Elle avait une belle musculature féminine, comme Chaos les aime, mais aussi une épée et un bouclier, ce qu'il aimerait avoir. Ce n'est donc pas cette gueuse qu'il allait brigander ou essayer d'engrosser. C'est dans ces cas là qu'il regrette de ne pas être mieux armé, mieux vêtu, et mieux nourri. Et peut être mieux accompagné, mais il n'avait pas envie de se sentir observé par des larbins qui se contenteraient de le suivre et de regarder les nuages blancs poussés par le vent.
Pendant toute la journée, il avait marché le long du chemin ; et quand il en avait assez, il se terrait dans un fossé, à l'ombre, attendant de voir passer quelqu'un. Mais personne. A croire qu'il était tombé sur l'un de ces endroits où il n'y avait jamais personne. Pourtant, il était dans le territoire normand, et avait fait exprès de ne pas aller à la frontière parce que les voyageurs n'oseraient pas venir : trop de paperasse pour un vulgaire morceau de papier qui dit "vous pouvez venir". Mais peut être qu'il n'y avait pas autant de paperasse que ça en fait. Ou alors, les chemins n'étaient vraiment pas sûr, et d'autres prédateurs que lui erraient. Oui, c'était sûrement cela, ce chemin avait mauvaise réputation.
Coup du hasard ou du destin, au moment où il se fit cette réflexion, une masse inerte apparut devant ses yeux, sur le rebord du chemin. Un brigand qui fait le mort ? Chaos s'approcha pour vérifier cela. Le cadavre était celui d'un homme, vêtu de haillons. Aucune arme à sa portée, aucune âme qui vive non loin. Le jeune homme s'approcha à pas de loup, main qui resserre la poignée de sa dague, mais le corps ne bougeait toujours pas d'un pouce. Pensant qu'il était réellement mort, Chaos, qui n'était pas si différent que du corbeau de cette nuit, commença commença par retourner le corps, voir si il n'y avait rien en dessous, mais rien. Il se pencha donc au-dessus du hère, tendit les mains en avant pour le fouiller, et quelque chose d'incroyable se produisit. Hallucination ou punition du Très Haut, ce sera à ceux qui écouteront l'histoire de Chaos qui jugeront.
L'homme supposé mort se releva, ce qui faisait craqué ses os. Le brigand s'était reculé, s'attendant à une attaque surprise, mais l'homme ou plutôt le mort-vivant prenait tout son temps pour se remettre debout, en poussant des bruits bizarres :
Agaaa... Arggg... Ooogooo... Bouarf...
Chaos aurait pu croire à un ivrogne qui venait d'être dérangé durant sa période de décuvage, et qui se relevait pour aller régurgiter le contenu de son estomac, mais le regard des deux vagabonds se croisèrent. Le supposé ivre-mort n'avait pas de pupille, ni de rétine. Ses yeux et sa peau étaient blancs comme des ufs crus sans coquille, ses dents -pour le peu qui restait- étaient noirs comme du terreau, ses cheveux semblaient avoir été arrachés par paquet, et un filet de bave verdâtre coulait de sa mâchoire cassée, à en juger par la position déboitée de celle-ci.
Tout d'abord surpris, le brigand reprit ses esprits, fronça les sourcils, retroussa ses narines, et prit un air méchant, avant de demander d'une voix autoritaire :
T'qui toi ?
Abaaa... Gogiii... Yerk...
Cette réponse ne suffisant pas au brigand, il s'approcha, serra son poing qui renfermait le manche de sa dague, et décrocha un direct dans les côtes de l'étrange personnage. Celui-ci, projeté par la force du coup, se déplaça sur le côté, toujours cet air agar sur le visage. Et il restait planté là, entrain de baver, et de faire des bruits incompréhensibles. Chaos, qui avait la fâcheuse manie d'essayer de détruire ce qu'il ne pouvait pas comprendre, planta sans remord la lame dans le supposé -oui, ça fait beaucoup de suppositions- estomac de la créature, qui ne sembla pas ressentir de douleur. Aucune goutte de sang ne coula de la blessure. Par contre, la vision cauchemardesque sembla agacée, et posa sa main sur le bras de son agresseur. Les doigts fins et squelettiques étaient finis par des ongles longs et cassés pour certains.
Rien que l'idée qu'un être aussi dégoutant et aussi idiot le touche mettait Chaos hors de lui, mais qu'en plus, un asticot sorti de la paume de la main de ce qui devait être sa victime vienne lui chatouiller le bras, s'en était trop. Mauvais rêve ou punition du Très Haut, il allait lui arracher les os un à un.
Saloperie !
Il lâcha la dague qui restait plantée dans le tronc du mort, lui attrapa le bras, le lui retourna pour le faire plier, et lui décocha un coup de genoux dans son nez d'où s'émanait une coulée de morve jaunâtre. Le monstre fût sonné, et le brigand en profita pour le frapper à la nuque, ce qui eut pour effet de le mettre à terre. Mais il n'allait pas en rester là. Cette abomination l'avait attaqué, lui avait résisté, et il allait lui faire payer. Il donna un coup de pied dans les côtes du mort-vivant, histoire de mettre sur le dos, et de récupérer sa dague, avant de la planter en travers de sa gorge, pour l'utiliser comme un levier pour la décapitation qui fut moins difficile qu'il ne le pensait.
Le corps en décomposition restait de nouveau inerte, tandis que la tête continuait de pousser des grognements. Chaos, fier de lui, la prit par les cheveux et la souleva pour la porter à sa hauteur, et la narguer :
J'aimerais pas être à t'place. Ça fait mal d'plus avoir d'corps ? Hein ?
Arggg ! Orooog ! Mouaeruk !
Il éclata de rire en regardant la tête essayait de se libérer en se balançant d'avant en arrière. Mais pendant ce temps, le corps s'était relevé, sonné. Peut être y avait-il une commande à distance ; quoi qu'il en soit, le décapité joint des mains entre elles et assomma le brigand d'un coup dans les vertèbres. Il sentit son corps devenir lourd, sa vision se troubla, ses genoux touchèrent le sol, et ce fût le trou noir.
.....
Hey ! Réveille-toi ! Hey ! T'es mort ?
Une voix inconnue résonnait dans le néant obscure. C'était quand même pas le Très Haut qui venait le harceler, content d'avoir eu le brigand qui avait tant pêché durant sa jeune vie ?
Doucement, il se sentit revenir à la réalité. Il sortait peu à peu du profond sommeil dans lequel il a été plongé, et ouvrit les yeux. Il fût tout d'abord ébloui par les rayons du soleil, mais quelque chose s'interposa.
Ah enfin ! J'allais finir par partir avec ton salaire.
Ouvrant d'avantage les yeux, Chaos fût surpris de voir un homme en uniforme bleu. Croyant tout d'abord que c'était un maréchal qui venait l'arrêter, il chercha sa dague sur le côté. Rien. Il posa ensuite sa main sur sa ceinture, et il la découvrit à l'endroit même où elle devait être quand elle n'était pas utilisée.
Gné ? Quel salaire ?
Bah ton arriéré de salaire, pardi ! s'exclama-t-il en déposant une bourse sur le torse du dormeur au chemin hanté. 7.50 écus. Faut faire mieux la prochaine fois, le duché a besoin de mineur dans ton genre pour remplir les mines. En plus, ça permet de payer moins d'impôts.
Ouais ouais, fit le brigand en agitant la main pour que le fonctionnaire recule, avant qu'il ne se mette en tailleur sur le sol, avec un mal de tête horrible. Qu'est c'qui m'est arrivé ?
J'en sais rien, mais t'as une sale mine, dit-il en éclatant d'un rire gras après son jeu de mot avec "mine".
Chaos n'était pas d'humeur à rire de ce genre de blague vaseuse. Il préférait essayer de se rappeler comment il a pu arriver là, et surtout, pourquoi il était encore en vie.
J'ai dû faire un mauvais rêve, marmonna-t-il pour lui même.
Ah ? Toi aussi t'as passé la nuit avec la grosse Gertrude ?
Et le grassouillet fonctionnaire recommença à rire, lâchant des postillons sur le visage crasseux du vagabond.
Ça a été un plaisir de te causer, petit gars. Là, je dois y aller, mais on se reverra sûrement si tu continues à travailler à la mine.
Compte là-dessus, ouais, répliqua Chaos. Mais son interlocuteur était déjà parti.
Sa tête tournait encore, et il se massa l'arrière du crâne où il sentit quelque chose de liquide. Il ramena sa main devant ses yeux, et fût surpris de voir du sang. Peut être le sien.
Et si ce n'était pas qu'un mauvais rêve ?
_________________
Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère.
- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge.
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
"Le Loup et l'Agneau" de Jean de LA FONTAINE (1621-1695)
[Près d'une mine de fer]
Chaos avait marché toute la nuit de la ville où il dût remettre au conseiller du comte 90 écus pour pouvoir passer les portes de la ville. Le fonctionnaire lui avait même proposé de lui offrir un champ, chose qu'il refusa en sachant qu'il ne serait jamais en ville. C'est quand la lune recommença à descendre dans le ciel que le brigand décida de cacher son baluchon qui renfermait une miche de pain dans le buisson le plus proche, et de s'allonger dans l'herbe humide. Dormir à la belle étoile, il y avait été habitué depuis toujours. Bien sûr, il savait que des bêtes sauvages viendraient peut être le renifler, mais il gardait sa dague collée contre son cur, avec l'intention de prouver une fois de plus que son blason n'est pas une tête de loup pour rien.
Mais la nuit fût calme, à part un corbeau qui croyait pouvoir se repaitre d'un voyageur mort de faim. Malheureusement pour lui, le brigand ne dormait que d'un il, ayant entendu les battements d'ailes, et attendit le moment propice pour faire un mouvement brusque, essayant de planter le volatile. Dans la nuit, Chaos n'avait pas vu que le bout de la lame de son arme était recouverte de sang frais. Il ne le découvrit qu'au petit matin, et eut un sourire malsain à ce moment là en imaginant le corbeau aller mourir plus loin, avant d'essuyer le liquide rougeâtre dans l'herbe encore humide.
Puis ce fût l'heure de manger. Il s'était trop privé ces derniers temps, il en était devenu squelettique. Ah il n'avait pas la même allure qu'il y a des mois, quand il se rendait au tribunal de Genève pour démonter l'acte d'accusation du procureur/son amante. D'ailleurs, il se demandait ce qu'elle était devenue, elle qui lui disait qu'elle ne finirait pas ses jours en honnête femme. Le jeune homme fût sorti de ses réflexions par un grognement de son estomac. Aujourd'hui, il attendrait, embusqué dans un fossé, et attaquerait le premier passant qui lui semblera à sa taille, voir un peu plus, et il pourra s'offrir un vrai festin. Certains sont tellement froussards qu'ils ne se défendent même pas. Au pire, il se prendra des coups, mais ça, il en avait l'habitude. Il savait encaissé maintenant, et donner en retour pour qu'on se souvienne de lui.
Nouveau grognement venant de l'estomac qui criait à la famine. Le balafré se lève et plonge son bras dans le buisson pour attraper le bout de tissu qui protège sa miche de pain rassie, qu'il avala goulument. On ne peut pas dire que c'était très nourrissant, mais il faudrait tenir avec ça dans le ventre, jusqu'à ce qu'il arrive à trouver un bon gros morceau de cochonnaille, sans asticots ; une belle truite sans trop d'arêtes, et frais ; ou encore un fruit ou un légume bien juteux, et pas pourri ; une bouteille de lait frais, et pas caillé, ou encore un de ces nouveaux produits mis en circulation par les marchands ambulants, comme des olives, du raisin, du lait de chèvre, de l'orge, et qui se vend à prix d'or aux plus naïfs, ou aux collectionneurs.
Toute la journée, il s'imaginait menacer un riche marchand étranger qui avait dans sa charrette des épices, de la nourriture à volonté, de l'or, du fer, des épées, des vêtements, des tapisseries. Mais il ne croisa qu'une femme, rousse, avec un gilet et des bas jaunes, des braies noires et des bottes noires. Elle avait une belle musculature féminine, comme Chaos les aime, mais aussi une épée et un bouclier, ce qu'il aimerait avoir. Ce n'est donc pas cette gueuse qu'il allait brigander ou essayer d'engrosser. C'est dans ces cas là qu'il regrette de ne pas être mieux armé, mieux vêtu, et mieux nourri. Et peut être mieux accompagné, mais il n'avait pas envie de se sentir observé par des larbins qui se contenteraient de le suivre et de regarder les nuages blancs poussés par le vent.
Pendant toute la journée, il avait marché le long du chemin ; et quand il en avait assez, il se terrait dans un fossé, à l'ombre, attendant de voir passer quelqu'un. Mais personne. A croire qu'il était tombé sur l'un de ces endroits où il n'y avait jamais personne. Pourtant, il était dans le territoire normand, et avait fait exprès de ne pas aller à la frontière parce que les voyageurs n'oseraient pas venir : trop de paperasse pour un vulgaire morceau de papier qui dit "vous pouvez venir". Mais peut être qu'il n'y avait pas autant de paperasse que ça en fait. Ou alors, les chemins n'étaient vraiment pas sûr, et d'autres prédateurs que lui erraient. Oui, c'était sûrement cela, ce chemin avait mauvaise réputation.
Coup du hasard ou du destin, au moment où il se fit cette réflexion, une masse inerte apparut devant ses yeux, sur le rebord du chemin. Un brigand qui fait le mort ? Chaos s'approcha pour vérifier cela. Le cadavre était celui d'un homme, vêtu de haillons. Aucune arme à sa portée, aucune âme qui vive non loin. Le jeune homme s'approcha à pas de loup, main qui resserre la poignée de sa dague, mais le corps ne bougeait toujours pas d'un pouce. Pensant qu'il était réellement mort, Chaos, qui n'était pas si différent que du corbeau de cette nuit, commença commença par retourner le corps, voir si il n'y avait rien en dessous, mais rien. Il se pencha donc au-dessus du hère, tendit les mains en avant pour le fouiller, et quelque chose d'incroyable se produisit. Hallucination ou punition du Très Haut, ce sera à ceux qui écouteront l'histoire de Chaos qui jugeront.
L'homme supposé mort se releva, ce qui faisait craqué ses os. Le brigand s'était reculé, s'attendant à une attaque surprise, mais l'homme ou plutôt le mort-vivant prenait tout son temps pour se remettre debout, en poussant des bruits bizarres :
Agaaa... Arggg... Ooogooo... Bouarf...
Chaos aurait pu croire à un ivrogne qui venait d'être dérangé durant sa période de décuvage, et qui se relevait pour aller régurgiter le contenu de son estomac, mais le regard des deux vagabonds se croisèrent. Le supposé ivre-mort n'avait pas de pupille, ni de rétine. Ses yeux et sa peau étaient blancs comme des ufs crus sans coquille, ses dents -pour le peu qui restait- étaient noirs comme du terreau, ses cheveux semblaient avoir été arrachés par paquet, et un filet de bave verdâtre coulait de sa mâchoire cassée, à en juger par la position déboitée de celle-ci.
Tout d'abord surpris, le brigand reprit ses esprits, fronça les sourcils, retroussa ses narines, et prit un air méchant, avant de demander d'une voix autoritaire :
T'qui toi ?
Abaaa... Gogiii... Yerk...
Cette réponse ne suffisant pas au brigand, il s'approcha, serra son poing qui renfermait le manche de sa dague, et décrocha un direct dans les côtes de l'étrange personnage. Celui-ci, projeté par la force du coup, se déplaça sur le côté, toujours cet air agar sur le visage. Et il restait planté là, entrain de baver, et de faire des bruits incompréhensibles. Chaos, qui avait la fâcheuse manie d'essayer de détruire ce qu'il ne pouvait pas comprendre, planta sans remord la lame dans le supposé -oui, ça fait beaucoup de suppositions- estomac de la créature, qui ne sembla pas ressentir de douleur. Aucune goutte de sang ne coula de la blessure. Par contre, la vision cauchemardesque sembla agacée, et posa sa main sur le bras de son agresseur. Les doigts fins et squelettiques étaient finis par des ongles longs et cassés pour certains.
Rien que l'idée qu'un être aussi dégoutant et aussi idiot le touche mettait Chaos hors de lui, mais qu'en plus, un asticot sorti de la paume de la main de ce qui devait être sa victime vienne lui chatouiller le bras, s'en était trop. Mauvais rêve ou punition du Très Haut, il allait lui arracher les os un à un.
Saloperie !
Il lâcha la dague qui restait plantée dans le tronc du mort, lui attrapa le bras, le lui retourna pour le faire plier, et lui décocha un coup de genoux dans son nez d'où s'émanait une coulée de morve jaunâtre. Le monstre fût sonné, et le brigand en profita pour le frapper à la nuque, ce qui eut pour effet de le mettre à terre. Mais il n'allait pas en rester là. Cette abomination l'avait attaqué, lui avait résisté, et il allait lui faire payer. Il donna un coup de pied dans les côtes du mort-vivant, histoire de mettre sur le dos, et de récupérer sa dague, avant de la planter en travers de sa gorge, pour l'utiliser comme un levier pour la décapitation qui fut moins difficile qu'il ne le pensait.
Le corps en décomposition restait de nouveau inerte, tandis que la tête continuait de pousser des grognements. Chaos, fier de lui, la prit par les cheveux et la souleva pour la porter à sa hauteur, et la narguer :
J'aimerais pas être à t'place. Ça fait mal d'plus avoir d'corps ? Hein ?
Arggg ! Orooog ! Mouaeruk !
Il éclata de rire en regardant la tête essayait de se libérer en se balançant d'avant en arrière. Mais pendant ce temps, le corps s'était relevé, sonné. Peut être y avait-il une commande à distance ; quoi qu'il en soit, le décapité joint des mains entre elles et assomma le brigand d'un coup dans les vertèbres. Il sentit son corps devenir lourd, sa vision se troubla, ses genoux touchèrent le sol, et ce fût le trou noir.
.....
Hey ! Réveille-toi ! Hey ! T'es mort ?
Une voix inconnue résonnait dans le néant obscure. C'était quand même pas le Très Haut qui venait le harceler, content d'avoir eu le brigand qui avait tant pêché durant sa jeune vie ?
Doucement, il se sentit revenir à la réalité. Il sortait peu à peu du profond sommeil dans lequel il a été plongé, et ouvrit les yeux. Il fût tout d'abord ébloui par les rayons du soleil, mais quelque chose s'interposa.
Ah enfin ! J'allais finir par partir avec ton salaire.
Ouvrant d'avantage les yeux, Chaos fût surpris de voir un homme en uniforme bleu. Croyant tout d'abord que c'était un maréchal qui venait l'arrêter, il chercha sa dague sur le côté. Rien. Il posa ensuite sa main sur sa ceinture, et il la découvrit à l'endroit même où elle devait être quand elle n'était pas utilisée.
Gné ? Quel salaire ?
Bah ton arriéré de salaire, pardi ! s'exclama-t-il en déposant une bourse sur le torse du dormeur au chemin hanté. 7.50 écus. Faut faire mieux la prochaine fois, le duché a besoin de mineur dans ton genre pour remplir les mines. En plus, ça permet de payer moins d'impôts.
Ouais ouais, fit le brigand en agitant la main pour que le fonctionnaire recule, avant qu'il ne se mette en tailleur sur le sol, avec un mal de tête horrible. Qu'est c'qui m'est arrivé ?
J'en sais rien, mais t'as une sale mine, dit-il en éclatant d'un rire gras après son jeu de mot avec "mine".
Chaos n'était pas d'humeur à rire de ce genre de blague vaseuse. Il préférait essayer de se rappeler comment il a pu arriver là, et surtout, pourquoi il était encore en vie.
J'ai dû faire un mauvais rêve, marmonna-t-il pour lui même.
Ah ? Toi aussi t'as passé la nuit avec la grosse Gertrude ?
Et le grassouillet fonctionnaire recommença à rire, lâchant des postillons sur le visage crasseux du vagabond.
Ça a été un plaisir de te causer, petit gars. Là, je dois y aller, mais on se reverra sûrement si tu continues à travailler à la mine.
Compte là-dessus, ouais, répliqua Chaos. Mais son interlocuteur était déjà parti.
Sa tête tournait encore, et il se massa l'arrière du crâne où il sentit quelque chose de liquide. Il ramena sa main devant ses yeux, et fût surpris de voir du sang. Peut être le sien.
Et si ce n'était pas qu'un mauvais rêve ?
06-09-2009 09:02 : Le Comté vous a reversé 7,50 écus d'arriérés de salaires.
06-09-2009 04:15 : Vous êtes affaibli : vous avez perdu des points à certaines de vos caractéristiques.
06-09-2009 04:11 : Vous avez racketté Edsansnom qui possédait 0,00 écus.
06-09-2009 04:11 : Vous vous êtes battu avec Edsansnom (coefficient de combat 1), qui essayait de vous résister. Vous avez triomphé, l'obligeant à vous ouvrir sa bourse.
06-09-2009 04:15 : Vous êtes affaibli : vous avez perdu des points à certaines de vos caractéristiques.
06-09-2009 04:11 : Vous avez racketté Edsansnom qui possédait 0,00 écus.
06-09-2009 04:11 : Vous vous êtes battu avec Edsansnom (coefficient de combat 1), qui essayait de vous résister. Vous avez triomphé, l'obligeant à vous ouvrir sa bourse.
_________________