La tête dans les cieux, l'esprit ailleurs, les pensées mal ajustées...bientôt trois mois sans mettre le nez hors de cette demeure ostensiblement triste ...parfois relevant le visage vers le fenestrant, il regardait le ciel puis rapidement reprenait sa quête désordonnée vers le vide du silence.
Trop de mal a éteindre ses colères, face a la bêtise des hommes, a la hargne des quémandeurs, sans cesse a la recherche de maux de plus en plus vils et maladifs.
Ne trouvant la paix intérieure que dans ce cloitre désaffecté, il n'arrivait pas a calmer son désir de bouger le monde des truands, brigands et malfrats de bas étages, assez de mensonges, de vols, de trafics impunis ! Assez de colères, de bagarres de mots dans les lieux de fêtes, assez de discussions sans fins pour des voleurs de poules sans états d'âmes...marre de ne servir a rien, marre de n'être pas assez efficace et marre de ne pas pouvoir avancer plus loin, dans ce monde infâme et prétentieux...Jean marc tentait de retrouver le chemin ...mais quel chemin ?
Il pensait a ses amis de Cosne, a celles et ceux en qui il avait un jour mis sa confiance, a ces gens honnête qui marnaient afin que la vie soit moins sévères pour les gueux... gueux, qui eux mêmes oublient ensuite qu'ils ont été gueux...la reconnaissance n'est pas...jamais !
Mais que faire ? se battre encore et toujours ?? donner...donner encore et toujours, sans avoir jamais de retour ? il avait raté mille choses dans ce bout de vie ...mille choses si peu importantes, mais elles lui auraient peut être donné envie de continuer a exister, a se battre, a se faire respecter...mais ...mais ...des pensées, que seul lui pouvait comprendre ..
Il leva les yeux vers le très haut et croisa du regard ce pigeon seul, là sur le bord du mur saillant de pierres mal ajustés...
Il y avait des semaines qu'il n'avait vu animal , homme ou volatile ... dés lors sa vie comptait peu ...se nourrissant de presque rien, ne buvant que l'eau malodorante du puits...se posant sans cesse la même question...
Pourquoi je n'y arrive plus ?
Le pigeon gloussa en battant des ailes ...puis dandinant d'une patte sur l'autre il dodelina du cou et se mit a roucouler...faisant un tour sur lui même, il manqua de chuter du mur et battit des ailes dans un petit nuage de poussière...il semblait n'attendre que la main de l'homme ...
Jean marc lui tendit cette main en souriant timidement...lui qui n'avait pas sourit ni prononcé un mot depuis des mois ...
Viens ! dit il a voix basse...
Le pigeon sauta le pas et se posa en roucoulant encore plus près de cet homme surement aussi fatigué que lui ... il sentit peut être a ce moment là que sa vie n'était pas en danger comme a la traversée des contrés qu'il avait franchi pour arriver là avec son message d'espoir a la vie ...
Jean marc prit le volatile dans le creux de son bras et vit le minuscule reste du parchemin encore attaché a sa patte ...le détachant avec douceur et dans un silence ténébreux, il sentit au même instant le cur de cet oiseau battre avec vigueur. La vie ...la peur ?
Je te fais pourtant pas peur puisque tu es venu jusqu'à moi ? pourquoi es tu là ? dis moi petit oiseau ? Un deuxième sourire traversa son visage, vers cette bestiole qui ne comprenait rien bien entendu, mais il avait eu besoin de le faire..un sourire, quelques mots liés a l'innocence de cet oiseau.un besoin autre que celui qu'il faisait avant a des goujats sans scrupules, moqueurs et vides d'esprit, juste emplies de mots gras et vulgaires...avant...c'était loin avant d'un coup...
Le pigeon prit appui sur son bras et d'un battement d'ailes décolla vers la troué dans le mur...disparaissant dans le ciel comme il était venu...
Seul le petit bout de parchemin subsistait a son passage...
Le dépliant lentement, il tenta ensuite longuement de déchiffrer le message ...
Mo.. am....
.e ..is .... qu. t. es e..........te s........elle, .... tu as...soin ... ... r.......cer en ce moment. J.....père q.. mon p....on ..aura te .....ver t... de même car je so..aite si.......ment, vi....ment, que tu vi....nes .. mon .....age. Ne me fais pas .... ................happes ...n peu de ch........es. La c...monie religieuse ..ra .i.. ....anche 27 sep.......e en l'.glis.. de Mâco.. .ont .oi.. ......sse.
D.....esp.i. de te .oi.., .. t...ra.se .......eus.ment.
Esta Esta.!!!..Son amie Esta avait un soucis ! elle demandait son aide...elle avait des problèmes ...il ne pouvait pas la laisser seule...Esta cette femme fragile au cur sans limites avait besoin de lui !
Il relit le texte tentant en vain d'en tirer autre chose ...
Mâcon le 27 septembre une cérémonie religieuse..désespoir ? son père ?son age ???.elle avait perdu un proche peut être ??elle était malade ? mourante ? que comprendre ?
Son sourire reparti loin au tréfonds des abimes, Jean marc se leva ...Mâcon ...la route de Mâcon allait être bien longue mais son amie demandait de l'aide, il ne pouvait pas rester là a pleurnicher sur son sort ..
Il ramassa rapidement son épée, posée depuis bien longtemps dans un coin, récupéra sa besace bien vide, emplie prestement une gourdasse de cette eau infâme du puits en grimaçant.
Rajustant ses bottes, son chapeau et son mantel, il se mit en route sans tarder ...il verrait bien sur le chemin..
Mais .....? une question traversa son esprit embrumé par cette longue pose a la vie ...
quel jour sommes nous ? les dates, les jours étaient loin de ses pensées... il demanderai sur la route quitte a passer pour un fou...
Il pensa ...
J'arrive Esta ...il me faut au moins trois jours mais j'arrive .._________________