Natsuki.
Préambule
Ce n'était pas son premier soir dans sa nouvelle chambre : déjà, auparravant, la veille et l'avant veille pour être précis, elle avait pu expérimenter le solide matelas ainsi que l'épais édredon. Il lui fallait avouer tout de même que le luxe -même si il était limité- était chose plaisante. D'ailleurs elle n'avait aucun mal à l'avouer. Elle était couchée dans son lit-clos, bordée par ses draps, bercée par son rembourrage de plumes, et elle regardait emmerveillée le plafond du caisson à dodo. Son père entra dans la pièce, à la seule fin de lui souhaiter la bonne nuit. Il avança sans se presser jusqu'à la couchette de sa gamine, il la regarda un moment -regards partagés- puis abaissa la tête et l'embrassa.
Fait de beaux rêves ma puce.
Fait de beaux rêves ma puce...
Le rêve
Elle connaissait cet escalier en colimaçon, et pour cause : c'était celui de son couvent, celui dans lequel son paternel l'avait laissé. Néanmoins, il y avait deux différences; la première résidait que dans cet escalier là, il n'y avait pas de meurtrière -et pourtant la lumière continuait à passer. La seconde ? cette lumière justement, informe, dans laquelle se fondait l'escalier et les pieds de la petite fille, le tout dans un épais brouillard. Elle le dévalait, avalant les marches en pierres deux par deux. Elle sentait le souffle de la colère lui caresser la nuque, et de ce souffle, elle en avait peur. La mère supérieur la poursuivait dans cet escalier sans fin, et elle sentait qu'elle se rapprochait. Les marches succédaient aux marches, à sa dextre, le mur entourant l'escalier, à sa senestre, la colonne de laquelle part l'architecture des marches. Elle dégringolait dans ce tableau monochrome, sans trop savoir où ses pieds se posaient, se contentant de descendre. Au loin, mais de moins en moins, la voix tonnait et pestait contre Natsuki. Cours petite fille, hâte toi pour éviter le péril qui t'attends, galope donc vers l'inconnu jusqu'à en perdre haleine. Des marches, encore des marches, toujours des marches. Sans arrêt à tourner, ne voyant qu'un quart du cercle, les yeux baissés vers les marches qui sont tour à tour distinctes et indistinctes. Et la voix derrière qui est de plus en plus forte, le son arrivant plus aisemment aux oreilles de la gamine...
Puis soudain, plus de marche mais un sol. Et une porte. Une porte, sans tambour ni trompette, une simple porte, avec une bête poignée, une porte incrustée dans le mur. Le souffle court, elle pose sa main sur la poignée et la tourne. Elle regarde en arrière, son ennemi n'est toujours pas là.
Dis moi petite fille, sais tu ce qu'il y a dans la pièce ?
Elle ouvre.
Dis moi petite, sais tu que cette porte ne s'ouvre que de l'extérieur ?
Trop tard...
Elle ne sait plus où elle est, et pour cause, elle est nulle part, perdue dans son monde intérieur. La pièce est sombre, néanmoins une étrange présence semble avoir bougé, de ceci elle en est sûre. Elle colle son oreille à la porte qu'elle vient de refermer; aucun bruit. Elle tente d'entrouvrir son obstacle, afin de voir si tout danger est écarté, mais elle a beau faire, elle ne veut pas s'ouvrir. Résignée, elle se décide alors à affronter l'ombre. Que se cache t'il dans cette pièce, elle ne le sait. Seulement, on l'observait, elle le sentait. Elle veut partir, mais elle ne le peut pas. Tout en elle la force à bouger, à quitter ce monde maudit, mais quelque chose l'en empêche. Elle est comme paralysée. Puis, petit à petit, sa peur incarnée se matérialisa dans la pénombre de la pièce. En face d'elle, une face hideuse la contemplait et s'apprêtait à la dévorer.
Epilogue
C'est à ce moment là qu'elle se réveilla en sueur. Elle avait passé l'âge où elle hurlait en courant partout : les bonnes soeurs lui firent perdre cette habitude à coup de martinets. Néanmoins, elle passa le reste de la nuit à écouter battre son coeur, et à tâcher de rester éveillée, de peur que cela ne recommence.
Ce n'était pas son premier soir dans sa nouvelle chambre : déjà, auparravant, la veille et l'avant veille pour être précis, elle avait pu expérimenter le solide matelas ainsi que l'épais édredon. Il lui fallait avouer tout de même que le luxe -même si il était limité- était chose plaisante. D'ailleurs elle n'avait aucun mal à l'avouer. Elle était couchée dans son lit-clos, bordée par ses draps, bercée par son rembourrage de plumes, et elle regardait emmerveillée le plafond du caisson à dodo. Son père entra dans la pièce, à la seule fin de lui souhaiter la bonne nuit. Il avança sans se presser jusqu'à la couchette de sa gamine, il la regarda un moment -regards partagés- puis abaissa la tête et l'embrassa.
Fait de beaux rêves ma puce.
Fait de beaux rêves ma puce...
Le rêve
Elle connaissait cet escalier en colimaçon, et pour cause : c'était celui de son couvent, celui dans lequel son paternel l'avait laissé. Néanmoins, il y avait deux différences; la première résidait que dans cet escalier là, il n'y avait pas de meurtrière -et pourtant la lumière continuait à passer. La seconde ? cette lumière justement, informe, dans laquelle se fondait l'escalier et les pieds de la petite fille, le tout dans un épais brouillard. Elle le dévalait, avalant les marches en pierres deux par deux. Elle sentait le souffle de la colère lui caresser la nuque, et de ce souffle, elle en avait peur. La mère supérieur la poursuivait dans cet escalier sans fin, et elle sentait qu'elle se rapprochait. Les marches succédaient aux marches, à sa dextre, le mur entourant l'escalier, à sa senestre, la colonne de laquelle part l'architecture des marches. Elle dégringolait dans ce tableau monochrome, sans trop savoir où ses pieds se posaient, se contentant de descendre. Au loin, mais de moins en moins, la voix tonnait et pestait contre Natsuki. Cours petite fille, hâte toi pour éviter le péril qui t'attends, galope donc vers l'inconnu jusqu'à en perdre haleine. Des marches, encore des marches, toujours des marches. Sans arrêt à tourner, ne voyant qu'un quart du cercle, les yeux baissés vers les marches qui sont tour à tour distinctes et indistinctes. Et la voix derrière qui est de plus en plus forte, le son arrivant plus aisemment aux oreilles de la gamine...
Puis soudain, plus de marche mais un sol. Et une porte. Une porte, sans tambour ni trompette, une simple porte, avec une bête poignée, une porte incrustée dans le mur. Le souffle court, elle pose sa main sur la poignée et la tourne. Elle regarde en arrière, son ennemi n'est toujours pas là.
Dis moi petite fille, sais tu ce qu'il y a dans la pièce ?
Elle ouvre.
Dis moi petite, sais tu que cette porte ne s'ouvre que de l'extérieur ?
Trop tard...
Elle ne sait plus où elle est, et pour cause, elle est nulle part, perdue dans son monde intérieur. La pièce est sombre, néanmoins une étrange présence semble avoir bougé, de ceci elle en est sûre. Elle colle son oreille à la porte qu'elle vient de refermer; aucun bruit. Elle tente d'entrouvrir son obstacle, afin de voir si tout danger est écarté, mais elle a beau faire, elle ne veut pas s'ouvrir. Résignée, elle se décide alors à affronter l'ombre. Que se cache t'il dans cette pièce, elle ne le sait. Seulement, on l'observait, elle le sentait. Elle veut partir, mais elle ne le peut pas. Tout en elle la force à bouger, à quitter ce monde maudit, mais quelque chose l'en empêche. Elle est comme paralysée. Puis, petit à petit, sa peur incarnée se matérialisa dans la pénombre de la pièce. En face d'elle, une face hideuse la contemplait et s'apprêtait à la dévorer.
Epilogue
C'est à ce moment là qu'elle se réveilla en sueur. Elle avait passé l'âge où elle hurlait en courant partout : les bonnes soeurs lui firent perdre cette habitude à coup de martinets. Néanmoins, elle passa le reste de la nuit à écouter battre son coeur, et à tâcher de rester éveillée, de peur que cela ne recommence.