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❝ Elle se tient immobile, spectatrice de l'agitation tranquille qui tire le port de sa torpeur. Seule femme de ce décor à l'attrait singulier, aucune coiffe ne vient ceindre sa tête d'une noble convenance. Les longues mèche brunes battent sa tempe au fil de la bise, fugitives d'une demi-queue où se perd quelques filins blancs, témoins muets d'un âge passant sur ce visage qui ne saurait trahir aucune année. La mâchoire termine l'ovale doux d'un minois que l'on imagine volontiers tendre naguère, mais que la sévérité des traits d'hui vient nimber d'un troublant paradoxe. La vie a posé l'estampille de son expérience et sa rudesse, vorace et implacable, creusant une ride du lion régnant en maître entre les sourcils qui rehaussent les iris d'un azur sombre, impénétrable de pensées et pourtant si cinglant d'attention. Un col de zibeline vient étreindre son cou, surmontant une longue cape noire dont la forme si près du corps laisse envisager que ce n'est pas de jupons qu'elle a drapé ses hanches. Cependant, parmi ce tableau de particularités qui fait sa personne, rien ne serait, sans doute, être aussi prégnant que les balafres blanches qui taillent ses joues d'un sourire postiche. ❞ . Anaon "Le Sel des Fers" .