Aleanore
Un dernier signe de croix, et elle se relève du prie-dieu. Toujours tournées vers lui ses prières. Elle ne pleure plus, à quoi bon et Oane n'avait-il pas dit que plutôt que larmes de tristesse, c'était des larmes de joie qu'il fallait verser. Sa foi ne va pas jusque là, elle ne pleurera pas de joie de le savoir là-haut son frère, mais néanmoins elle espère qu'il s'y sent bien aux côtés du Très-haut dans le Paradis Solaire tant vanté. Aléanore ferme les yeux un court instant pour essayer de se souvenir de son visage tellement chéri, mais ne parvient qu'à distinguer des contours, l'avait-elle si peu aimé, ou avait-elle oublié son visage en même temps qu'elle s'était efforcée de calmer sa douleur. Pas de réponses pour changer, ni dans son coeur, ni dans son esprit.
Un regard circulaire à la chambre délicate qu'elle occupe, lit massif, teintes beiges, calmes, reposantes. Aux murs des représentations multiples d'Archanges, des dessins au fusain qu'elle a fait elle-même représentant diverses scènes du Livre des Vertus. Et une chandelle qu'elle n'éteint jamais, observer la flamme, attendre la sienne. A-t-elle reçu son petit mot à l'annoblissement lui demandant de venir dans sa chambre le lendemain quand tous seraient partis et que la vie reprendra normalement. Normalement.. Si ce n'est cette zone d'obscurité sur la vie de ceux qu'elle aime tant. Qu'ont-ils fait pendant qu'elle était au couvent vouant son âme à Dieu ? Elle les imagine chacun dans des situations différentes, périlleuses pour le moins, sérieuses à n'en pas douter pour certains.
Une image de sa mère entourée de ceux qui composent l'assemblée prestigieuse en qui le Roy a toute confiance. Son père chevauchant habilement et fièrement, à travers le Royaume et sa soeur, petite flamme virevoltant sur les chemins en compagnie du jeune garçon présenté la veille. Sa flamme en péril à chacune de ses entreprises, défigurée par elle ne sait qui. Elle l'imagine fort et brutal, sanguinaire, monstrueux, un Prince-démon aurait pâle figure face au visage qu'elle donne au monstre qui aurait pu faire ça à Maeve. Une envie s'insinue dans l'esprit de la, jusqu'à présent douce et naïve, Aléanore. Envie de tuer, de faire souffrir. Elle n'a pas à pardonner. Seul le Très haut peut le faire.
Le Pardon se passe entre le Très-haut et lui, elle ne sera là que pour qu'ils se rencontrent. Pensée sournoise, envie latente, image fugitive de la joue mutilée de sa petite soeur. Elle ne se contentera pas d'une entaille. Elle s'insurge, quel droit avaient-ils les hommes de souiller ainsi tant de pureté, un regard à la flamme de la chandelle. Purifier ce monde à l'atmosphère vicié, purifier cette humanité rongée par le Sans Nom. Mais avant .. Se jetant sur son lit avec une classe tout sauf féminine, Aléanore fixe le plafond en attendant sa petite soeur. Tant à lui raconter. Tellement envie qu'elle aussi raconte.
Elle fixe la porte comme pour lui demander de s'ouvrir sur sa Flamme.
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Un regard circulaire à la chambre délicate qu'elle occupe, lit massif, teintes beiges, calmes, reposantes. Aux murs des représentations multiples d'Archanges, des dessins au fusain qu'elle a fait elle-même représentant diverses scènes du Livre des Vertus. Et une chandelle qu'elle n'éteint jamais, observer la flamme, attendre la sienne. A-t-elle reçu son petit mot à l'annoblissement lui demandant de venir dans sa chambre le lendemain quand tous seraient partis et que la vie reprendra normalement. Normalement.. Si ce n'est cette zone d'obscurité sur la vie de ceux qu'elle aime tant. Qu'ont-ils fait pendant qu'elle était au couvent vouant son âme à Dieu ? Elle les imagine chacun dans des situations différentes, périlleuses pour le moins, sérieuses à n'en pas douter pour certains.
Une image de sa mère entourée de ceux qui composent l'assemblée prestigieuse en qui le Roy a toute confiance. Son père chevauchant habilement et fièrement, à travers le Royaume et sa soeur, petite flamme virevoltant sur les chemins en compagnie du jeune garçon présenté la veille. Sa flamme en péril à chacune de ses entreprises, défigurée par elle ne sait qui. Elle l'imagine fort et brutal, sanguinaire, monstrueux, un Prince-démon aurait pâle figure face au visage qu'elle donne au monstre qui aurait pu faire ça à Maeve. Une envie s'insinue dans l'esprit de la, jusqu'à présent douce et naïve, Aléanore. Envie de tuer, de faire souffrir. Elle n'a pas à pardonner. Seul le Très haut peut le faire.
Le Pardon se passe entre le Très-haut et lui, elle ne sera là que pour qu'ils se rencontrent. Pensée sournoise, envie latente, image fugitive de la joue mutilée de sa petite soeur. Elle ne se contentera pas d'une entaille. Elle s'insurge, quel droit avaient-ils les hommes de souiller ainsi tant de pureté, un regard à la flamme de la chandelle. Purifier ce monde à l'atmosphère vicié, purifier cette humanité rongée par le Sans Nom. Mais avant .. Se jetant sur son lit avec une classe tout sauf féminine, Aléanore fixe le plafond en attendant sa petite soeur. Tant à lui raconter. Tellement envie qu'elle aussi raconte.
Elle fixe la porte comme pour lui demander de s'ouvrir sur sa Flamme.
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