--Adalais
Parfait, tout est tout simplement parfait ! Voilà la pensée qui habite Adalaïs. Femme d'âge mur, et aussi femme sans âge, c'est à croire que la cruauté conserve. Le regard perçant de la tenancière se promène sur chaque détail de la salle qui se trouve devant elle. Elle a transformé cette ancienne taverne en maison de plaisir et compte bien se faire une jolie petite fortune dans cette capitale provençale.
C'est après avoir beaucoup voyagé qu'elle s'est arrêté ici. En chemin, elle a recruté trois filles. Toutes trois perdues, sans parents et bien contentes de trouver leur 'bienfaitrice'. L'idée même de ce nom dessine un sourire mauvais sur le visage d'Adalaïs. Bienfaitrice ... après tout, elle les a arraché à la fange de la rue ! ou de la campagne... Les joies d'une maison close c'est ce qu'il leur faut. Ici elles vont être choyées par les hommes qui vont entrer, apporter et se procurer du plaisir.
Bien, bien parfait ! inspectons tout cela ! Claire ! Claire viens ici !
Le regard de la tenancière se porte sur la pièce. Accoudée à son comptoir elle jette un coup d'oeil vers l'entrée tout d'abord. Dès que le client poussera la porte, il entrera dans ce 'cocon' rouge et blanc. De lourdes tentures de velours rouge tombent de chaque côté des fenêtres, elles même masquées par des rideaux de dentelle blanche. Ah cette dentelle, elle l'avait trouvée à Calais... trouvée ... oui c'était bien le mot. Subtilement subtilisée à un convois marchand et tout cela grâce à son Adalbéron.
Autour de l'entrée, un petit chemin tracé par des guéridons savamment disposés guide le client directement vers le comptoir. Autour des petites tables, deux sièges, pas plus, à l'assise de velours rouge. Sur chaque guéridon, une petite nappe de dentelle, un chandelier de fer forgé comprenant trois bougies et des verres finement ouvrés. Ils contiendraient bientôt les vins les plus fins, ici pas de bière.
Le regard dans merci de la tenancière poursuit son inspection. Aux murs, tapisseries évocatrices jouxtent des estampes évoquant les positions les plus alambiquées ... Entre, afin d'y apporter juste ce qu'il faut de lumière, des chandeliers avec une uniques bougie sont accrochés aux murs.
Derrière le comptoir, bouteilles et tonneaux, comprenant vins capiteux et épicés, s'empilent. Tout est prêt pour accueillir le client, le choyer, lui apporter l'ivresse qu'il lui faut pour le pousser à monter avec les filles et faire tomber les dernières hésitations. Sur le comptoir un petit écriteau :
Ici pas de bière, mais bien d'autres choses pour vous régaler vous sont proposées :
- Hypocras
- Moretum
- Calva normand
- Hydromel
- des demoiselles non farouches
Le tout pour égayer vos sens et vous apporter le plus grand plaisir.
Adalaïs quitte alors son poste d'observation pour poursuivre son inspection par l'étage et les chambres.
Claire ! par tous les diables de l'enfer que fais tu ? petite gourde dépêche toi ou tu comprendras ta douleur.
Derniers mots lachés entre ses dents et Adalaïs se perd dans l'admiration de son estampe préférée. Une femme intégralement nue, alanguie sur un lit de bois sculpté aux lourdes couvertures pourpres et autour d'elle, des coussins foisonnants attend qu'un homme lui donne les grains de la grappe de raisin qu'il tient en main. C'est de cette estampe qu'est née son idée de décoration pour les chambres. Lit confortables, édredons pourpres de plumes, coussins blancs et rouges à profusion...
Des pas en haut de l'escalier la tirent de sa contemplation. Adalaïs voit enfin sa 'fille' la plus prometteuse. Claire et s'apprête à la rejoindre à l'étage afin de contrôler les chambres. Si elles sont prêtes, elle pourra tourner la petite pancarte accrochée à la porte fenêtre. Pour l'instant, elle indique que l'établissement est fermé. Mais dans quelques instants c'est le mot "Ouvert" joliment manuscrit qui attirera le premier client apparaitra presque comme par enchantement.
Claire ! enfin ! je monte j'espère que vous êtes toutes prêtes !
Ton sec et claquant. Mais ce n'est pas avec des sentiments que l'on dirige son personnel. Une main sur la rambarde sculptée, l'autre relevant le bas de sa robe, Adalaïs entreprend de grimper à l'étage. Arrivée sur le pallier, elle observe Claire et haut en bas.
Jolie mise, bravo ma fille ! As tu mis tes 'soeurs' au parfum ?
RP ouvert à tous, n'hésitez pas à participer.