http://www.youtube.com/watch?v=ALxw70CxphA&feature=related Pour le total de l'ambiance :
www.youtube.com, uncorked. 10 parties de 10 minutes. Le concert de ross, un moment clef, est dans la cinquième partie à 4'25''.
Jeune la musique était importante pour Ross. Les hasards de la vie, les choix mauvais ou bons, les nécessités réelles ou inventées avaient amenées Ross a abandonner la musique. Jusqu'à cet instant ou il s'y réessaie après des années.
De même, jeune, Hirnan avait cru que les armes pouvaient être une solution aux difficultés de la vie et elle avait appris ou cru apprendre qu'il n'en était rien. Hirnan avait pratiqué un peu la lutte armée dure, prête à combattre à tout instant, mais elle n'avait pas eu l'occasion de le faire.
Lorsque l'armée du roi de France était venue renverser sa duchesse Tsarine le
mercredi 10 février 1453, cela faisait déjà 3 nuits qu'Hirnan la défendait arme à la main et que rien ne s'était passé. La quatrième et funeste nuit, par un coup du sort incompréhensible, son adhésion à la défense de sa duchesse fut refusée et comme par hasard, c'est cette nuit là que le combat eut lieu. Hirnan fut convaincue qu'il y avait eu un sabotage et fut longtemps dégoutée de beaucoup de choses dont les administrations et les autorités qui se permettent ainsi des décisions arbitraires en abusant de leur prérogatives.
Hirnan n'eut donc pas l'occasion de combattre à cette occasion même si elle y était prête. Ni les occasions suivantes puisqu'il n'y eu pas de combat, juste des paroles et des intentions mais pas d'actes - malgré parfois les incitations d'Hirnan pour qu'il y en ait.
A force de ne pas combattre, Hirnan avait cru / appris que le combat était un échec. La force armée n'était que le moyen des forts pour imposer leurs décisions aux faibles.
"
La guerre, c'est le massacre d'hommes qui ne se connaissent pas au profit d'hommes qui se connaissent mais ne se massacrent pas" Paul Valery - impossible de retrouver qui a appris à Hirnan cette phrase, probablement une des oies sauvage mais laquelle ?
Bien que ne croyant plus à la chose armée, Hirnan avait conservé quelques armes chez elle et expliquait en même temps qu'il est inutile pour une mairie d'avoir des biens. Que tôt ou tard elle est attaquée et pillée. Que le mieux est que la mairie soit pauvre et qu'ainsi la mairie peut économiser des écus sur sa défense puisqu'il n'y a rien à défendre. Qu'il suffit à une mairie d'avoir quelques avoirs placés sur des mandats et que cela suffit. Que les armes et la force sont détestables, ....
Bien que ne croyant plus au pouvoir de la musique, Ross avait conservé un instrument de musique avec lui et expliquait en même temps que l'on ne peut pas vivre de musique. Qu'il faut sacrifier les idées au matériel. Que le présent est plus important que le futur, ...
Ross n'a plus joué en public depuis 4 ans. Il refuse de le faire
(partie 5 à 3'45''). Mais des soucis matériels dont la solution lui est présentée sous forme de chantage l'amènent à jouer en public.
Hirnan ne veux plus avoir affaire aux armes. Elle a déjà refusé une fois de défendre sa ville face à une attaque probale qui n'avait pas eu lieu. Une seconde fois la question de prendre les armes s'est posée à elle le 27/09/1457. Mais cette fois, sa décision était prise avant même qu'elle en soit consciente. Dès que la question a été posée de défendre Albi, Hirnan savait qu'elle défendrait alors même qu'elle refusait de se l'avouer.
Probablement que comme pour Ross il lui manquait une raison de faire ce qu'elle appréhendait, refusait de faire. Peut-être est-ce tout simplement son envie et que les incitations reçues n'ont pas été déterminantes. Qu'il lui avait fallut quelques années pour accepter cette décision et que cette fois là (le chantage, la présence d'une armée), Ross et Hirnan étaient simplement prêts.
Le premier mouvement de la musique (jusqu'à 2'35'')
Ross joue calmement. La musique se met doucement en place. Les éléments sont là et se développent. Il est pleinement concentré sur sa musique. Il ne regarde personne. Peut lui importe ce qui se passe autour de lui. Seuls comptent lui et sa musique qui est imprégnation et introspection.
A partir du moment où Hirnan est avertie du danger, seuls comptent les préparatifs. Hirnan se prépare au combat avec une certaine lacheté. Elle rejoins un groupe de maréchaux pour rester en arrière dans la ville, laissant les risques des sorties aux autres. Hirnan prête même ses meilleures armes à ses amis qui sont plus exposés qu'elle. Elle espère ainsi probablement, involontairement, ne pas avoir à combattre.
De même que Ross ne joue que pour lui, de même Hirnan se cache derrière le fait que la bataille n'est pas certaine, qu'elle sera en arrière ligne, qu'elle n'utilise pas sa meilleure arme pour combattre.
Le second mouvement de la musique (à partir de 2'35'')
Ross est totalement impregné dans sa musique. Son regard se porte un peu plus loin mais il ne voit rien de ce qui l'entoure. Le rythme s'emballe, la musique est plus envahissante. Seule compte la musique pour elle même. Les corps s'oublient.
Hirnan est entourée de bruits et de fureur. Elle ne pense à rien. Elle est détachée de la bataille même si elle est tout autour d'elle. Elle ne voit rien, aucun ennemi. Elle ne pense à rien. Il y a juste de l'agitation autour d'elle, tout autour d'elle, mais Hirnan reste comme absente, dans un état second. A un moment, un bref instant, un adversaire émerge d'entre les autres défenseurs, il a réussi à aller un peu plus loin que d'autres. Il est blessé de partout, il a réussi pourtant machinalement à avancer plus qu'il n'aurait du. Hirnan, froidement, involontairement, sans y penser, l'achève bestialement d'un coup de Hache sans état d'âme. Lorsque l'âme est absente, le corps agit seul, automatique.
Pour Ross comme pour Hirnan le geste n'a plus d'importance, tout leur être est empli de l'instant, le corps réagit sans qu'ils en aient conscience.
La fin de la musique (après 3'40'')
Ross a franchi une étape, il a un court instant l'impression d'avoir vaincu quelque chose, d'avoir avancé. Pour retrouver rapidement la réalité de ses soucis.
Hirnan a tué quelqu'un. Il avait beau être l'attaquant, quelques écus valaient-ils une mort ? Cette mort empêchera t-elle d'autres morts ? La mairie d'Albi est-elle sauvée d'attaques ? Albi a protégé ses quelques deniers cette fois-ci mais qu'en sera t-il la prochaine fois, jusqu'où iront les assaillants pour dévaliser Albi et jusqu'où ira Albi pour se protéger ? Quel honneur y a t-il à tuer un moribond lorsqu'on est la peut-être sixième à lui taper dessus ?
Les victoires peuvent être amères, les victoires peuvent être des défaites, les victoires peuvent permettre de réaliser que l'on était dans l'illusion, le défit n'était pas celui que l'on croyait.
Ross continue à se battre pour surmonter ses difficultés matérielles et celles-ci durent et ne se résoudront à la fin qu'après avoir mieux compris ses proches et lui-même ; la solution aux soucis de Ross est de mettre de côté les difficultés matérielles pour s'intéresser à ses motivations profondes et à celles de ses proches.
Hirnan n'en est pas encore là. La recherche du profit est une page noire, l'avenir est une page blanche et l'amitié une page de toutes les couleurs.
L'espoir est dans la communauté.
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Contre le port du baillon