Extraelle
Hop là, plein de monde à l'Agora. Logique, logique, pensa la brune, tout en écoutant les uns et les autres. Une habitude se prend vite, même une mauvaise. Villipender la spéculation était ancré dans les moeurs, et elle savait que cette fois, il faudrait se battre pour faire accepter ce nouveau décret. Heureusement, ils l'avaient lancé au début de leur mandat, ce qui laissait deux mois à cette mesure pour porter ses fruits, et montrer par l'expérience si elle était bonne ou mauvaise... Enfin, pour le moment, l'heure était aux justifications. Tiens, certains étaient même déjà en campagne, z'avaient pas peur de finir essouflés, apparemment.
"Bonjour à tous, Messires.
Je vais commencer par le décret, si vous le voulez bien, surtout que c'est un projet qui me tient à coeur. Ce qui a motivé la disparition de la notion de spéculation ? Un état des lieux de notre économie, tout simplement. En cette période estivale, on assiste à une nette régression du nombre des denrées, et on respire un peu mieux, il est vrai. Mais vous savez bien qu'il ne s'agit que d'un sursis. Dès l'automne et la fin des multiples retraites, nous allons revenir à la situation de surproduction que nous connaissons bien, désormais.
Les denrées s'entassent, les prix dégringolent... Il y a plusieurs manières de réagir. Nous aurions pu choisir... une grille des prix minimum, par exemple. Je pense que vous avez remarqué que le nouveau conseil, est dans sa grande majorité, enclin à offrir une plus grande liberté, et à supprimer des lois contraignantes qui finalement, ne font que paralyser un système simple d'offre et de demande. L'offre est plus forte que la demande, et ce depuis plusieurs années, en ce cas, la spéculation ne peut qu'être un bienfait, et aider à faire monter les prix sur les marchés. Et là où je ne vous rejoins absolument pas, mon cher TV, c'est lorsque vous dites que la spéculation - c'est d'ailleurs un tort de l'appeler ainsi, elle devrait tout simplement se nommer commerce - ne profite qu'aux riches.
La "spéculation" profitera même à ceux qui n'en font pas usage. Je ne vais pas relancer le débat de prix forts / prix faibles, puisque je crois qu'après quelques mois où ce fut mon cheval de bataille, et celui de Baillant, nos arguments ont fini par porter. Les poitevins étant davantage producteurs que consommateurs, ils ont tout intérêt à voir les prix augmenter, cela leur permettra de s'enrichir plus facilement. Et cela, pour tous dès lors qu'ils sont paysans et qu'ils ont des champs.
Nous avons remplacé "vente" par "transaction" pour une question de bon-sens, il va de soi qu'un acte déstabilisant gravement le marché sera tout aussi gravement puni. Une déstabilisation ne peut être uniquement causée par une vente, cela peut être aussi un achat. Acheter 300 miches de pain sur un marché qui en comporte 600, aucune incidence. Acheter 50 miches de pain sur un marché qui en comporte 50, il y a peut-être là un problème. Cette modification de la coutume empêche que des âmes peu scrupuleuses prennent le contrôle d'un marché."
Elle se tourna ensuite vers Fayom.
"Qui n'a pas intérêt à ce que les prix montent, parce que cela va rogner sur leurs bénéfices ? Les mairies et le conseil comtal. C'est à eux que profitent les prix bas. Mais est-ce bien normal ? Sommes-nous là pour engranger des profits ou pour aider nos administrés à mieux vivre ? Tu dis que la trésorerie de Niort aide à enrayer la surproduction, moi je dis que cette ville a beaucoup d'argent, et qu'on a vu ces derniers mois des marchandises s'entasser de manière désespérante. Peu de Niortais viendront dire le contraire.
Si une mairie se retrouve en pénurie sur certaines denrées, elle importera d'une autre ville du Poitou et revendra sur son propre marché, voilà tout. Plus de circulation des marchandises sur notre territoire, voilà encore un autre avantage !
Effectivement, cela va changer la manière de gérer une mairie, je te l'accorde. Mais nous comptons sur nos maires et leur faisons confiance, ils sauront s'adapter, et ils auront à coeur de le faire en sachant que cela profitera à leurs villageois. Quant aux céréales, oui, il va falloir augmenter les tarifs, et racheter plus cher. Qui s'en plaindra ? Je prendrai ça, personnellement, pour une belle victoire."
Pffiou, pas à dire, sur certains sujets, elle ne savait s'arrêter.
" Deux mots à présent sur le message angevin que nous avons relayé. Deux mots seulement car cela ne mérite pas plus. Il se trouve qu'il y a eu des cas de brigandage avérés sur le noeud de Montreuil-Bellay, qui est, je vous le rappelle, angevin. Elle ne put s'empêcher un sourire en coin. Il n'y a nul lieu d'envoyer des troupes pour "repousser les angevins", ils sont sur leurs terres et ont parfaitement respecté la procédure prévue par le traité de paix. Vicomte, s'il est bon de toujours garder l'Histoire en mémoire, il convient aussi de ne pas ressasser des peurs irraisonnées, et d'aller de l'avant. Le monde change et il faut changer avec, sous peine de rester sur le carreau. Ce que vous ne souhaitez pas, j'en suis sûre." Nouveau sourire malicieux.
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Extraelle de Montignac. Hauts, la tête et le verbe.
"Bonjour à tous, Messires.
Je vais commencer par le décret, si vous le voulez bien, surtout que c'est un projet qui me tient à coeur. Ce qui a motivé la disparition de la notion de spéculation ? Un état des lieux de notre économie, tout simplement. En cette période estivale, on assiste à une nette régression du nombre des denrées, et on respire un peu mieux, il est vrai. Mais vous savez bien qu'il ne s'agit que d'un sursis. Dès l'automne et la fin des multiples retraites, nous allons revenir à la situation de surproduction que nous connaissons bien, désormais.
Les denrées s'entassent, les prix dégringolent... Il y a plusieurs manières de réagir. Nous aurions pu choisir... une grille des prix minimum, par exemple. Je pense que vous avez remarqué que le nouveau conseil, est dans sa grande majorité, enclin à offrir une plus grande liberté, et à supprimer des lois contraignantes qui finalement, ne font que paralyser un système simple d'offre et de demande. L'offre est plus forte que la demande, et ce depuis plusieurs années, en ce cas, la spéculation ne peut qu'être un bienfait, et aider à faire monter les prix sur les marchés. Et là où je ne vous rejoins absolument pas, mon cher TV, c'est lorsque vous dites que la spéculation - c'est d'ailleurs un tort de l'appeler ainsi, elle devrait tout simplement se nommer commerce - ne profite qu'aux riches.
La "spéculation" profitera même à ceux qui n'en font pas usage. Je ne vais pas relancer le débat de prix forts / prix faibles, puisque je crois qu'après quelques mois où ce fut mon cheval de bataille, et celui de Baillant, nos arguments ont fini par porter. Les poitevins étant davantage producteurs que consommateurs, ils ont tout intérêt à voir les prix augmenter, cela leur permettra de s'enrichir plus facilement. Et cela, pour tous dès lors qu'ils sont paysans et qu'ils ont des champs.
Nous avons remplacé "vente" par "transaction" pour une question de bon-sens, il va de soi qu'un acte déstabilisant gravement le marché sera tout aussi gravement puni. Une déstabilisation ne peut être uniquement causée par une vente, cela peut être aussi un achat. Acheter 300 miches de pain sur un marché qui en comporte 600, aucune incidence. Acheter 50 miches de pain sur un marché qui en comporte 50, il y a peut-être là un problème. Cette modification de la coutume empêche que des âmes peu scrupuleuses prennent le contrôle d'un marché."
Elle se tourna ensuite vers Fayom.
"Qui n'a pas intérêt à ce que les prix montent, parce que cela va rogner sur leurs bénéfices ? Les mairies et le conseil comtal. C'est à eux que profitent les prix bas. Mais est-ce bien normal ? Sommes-nous là pour engranger des profits ou pour aider nos administrés à mieux vivre ? Tu dis que la trésorerie de Niort aide à enrayer la surproduction, moi je dis que cette ville a beaucoup d'argent, et qu'on a vu ces derniers mois des marchandises s'entasser de manière désespérante. Peu de Niortais viendront dire le contraire.
Si une mairie se retrouve en pénurie sur certaines denrées, elle importera d'une autre ville du Poitou et revendra sur son propre marché, voilà tout. Plus de circulation des marchandises sur notre territoire, voilà encore un autre avantage !
Effectivement, cela va changer la manière de gérer une mairie, je te l'accorde. Mais nous comptons sur nos maires et leur faisons confiance, ils sauront s'adapter, et ils auront à coeur de le faire en sachant que cela profitera à leurs villageois. Quant aux céréales, oui, il va falloir augmenter les tarifs, et racheter plus cher. Qui s'en plaindra ? Je prendrai ça, personnellement, pour une belle victoire."
Pffiou, pas à dire, sur certains sujets, elle ne savait s'arrêter.
" Deux mots à présent sur le message angevin que nous avons relayé. Deux mots seulement car cela ne mérite pas plus. Il se trouve qu'il y a eu des cas de brigandage avérés sur le noeud de Montreuil-Bellay, qui est, je vous le rappelle, angevin. Elle ne put s'empêcher un sourire en coin. Il n'y a nul lieu d'envoyer des troupes pour "repousser les angevins", ils sont sur leurs terres et ont parfaitement respecté la procédure prévue par le traité de paix. Vicomte, s'il est bon de toujours garder l'Histoire en mémoire, il convient aussi de ne pas ressasser des peurs irraisonnées, et d'aller de l'avant. Le monde change et il faut changer avec, sous peine de rester sur le carreau. Ce que vous ne souhaitez pas, j'en suis sûre." Nouveau sourire malicieux.
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Extraelle de Montignac. Hauts, la tête et le verbe.