Saorii
[Rp privé]
Elle le contemple pensivement. Soupèse. Est-il assez gros, assez lourd ? Il ne faut pas négliger une question aussi importante et risquer d'échouer, à cause d'une caillasse trop gringalette. Elle n'aime pas s'y reprendre à deux fois, et ce n'est pas le moment de commencer.
Étrangement, la brune a eu besoin de revenir sur les rives du Lot, dans le Rouergue de son enfance, pour en terminer là où tout a commencé. Et sa fin sera à l'image des quelques mots qui viennent clore un amour trop vaste pour la dévastée qu'elle est, jetés sur le pli coincé dans son corsage: sans appel, et laconique.
Trahie doublement. Par lui, et par elle-même, qui n'a finalement pas la crânerie de poursuivre, malgré ses promesses béarnaises. Évite de regarder le ruban attaché à son poignet - égoïste, elle l'emmène avec elle, et cette pulsion meurtrière lui cause quelques scrupules. Alors elle garde ses beaux yeux fauves fixés sur la flotte, en bas, et cette changeante a un visage familier. Celui de la douce perfide qui a déjà voulu la séduire une fois, mais que Saorii, en amante difficile, a repoussée. Ce soir, elle n'aspire plus qu'à être prise sauvagement, à succomber toute entière, jusqu'au dernier carré de peau mate.
Lâcheté lascive. Quiétude de la promise ensevelie. Entre un parapet moussu et la brune qui écrase de ses dernières lueurs un jour d'automne moribond, une vagabonde vérifie une dernière fois la solidité du nud autour du gros uf de pierre qu'elle tient dans ses bras, comme l'enfant qu'elle ne portera jamais. Puis de celui qui, à l'autre bout de la corde, enserre son cou gracile. Elle part comme elle est venue, sans bruit.
Juste un pas. L'eau se fond en images mouvantes, des mèches brunes, des vins bleus, des yeux gris.
Puis, plus rien.
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SAO.
Elle le contemple pensivement. Soupèse. Est-il assez gros, assez lourd ? Il ne faut pas négliger une question aussi importante et risquer d'échouer, à cause d'une caillasse trop gringalette. Elle n'aime pas s'y reprendre à deux fois, et ce n'est pas le moment de commencer.
Étrangement, la brune a eu besoin de revenir sur les rives du Lot, dans le Rouergue de son enfance, pour en terminer là où tout a commencé. Et sa fin sera à l'image des quelques mots qui viennent clore un amour trop vaste pour la dévastée qu'elle est, jetés sur le pli coincé dans son corsage: sans appel, et laconique.
Trahie doublement. Par lui, et par elle-même, qui n'a finalement pas la crânerie de poursuivre, malgré ses promesses béarnaises. Évite de regarder le ruban attaché à son poignet - égoïste, elle l'emmène avec elle, et cette pulsion meurtrière lui cause quelques scrupules. Alors elle garde ses beaux yeux fauves fixés sur la flotte, en bas, et cette changeante a un visage familier. Celui de la douce perfide qui a déjà voulu la séduire une fois, mais que Saorii, en amante difficile, a repoussée. Ce soir, elle n'aspire plus qu'à être prise sauvagement, à succomber toute entière, jusqu'au dernier carré de peau mate.
Lâcheté lascive. Quiétude de la promise ensevelie. Entre un parapet moussu et la brune qui écrase de ses dernières lueurs un jour d'automne moribond, une vagabonde vérifie une dernière fois la solidité du nud autour du gros uf de pierre qu'elle tient dans ses bras, comme l'enfant qu'elle ne portera jamais. Puis de celui qui, à l'autre bout de la corde, enserre son cou gracile. Elle part comme elle est venue, sans bruit.
Juste un pas. L'eau se fond en images mouvantes, des mèches brunes, des vins bleus, des yeux gris.
Puis, plus rien.
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SAO.